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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19 1 ETUDE SUR « LA TRANSFORMATION NUMERIQUE ET LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE : ENJEUX, DEFIS ET OPPORTUNITES » RAPPORT PROVISOIRE

ETUDE SUR « LA TRANSFORMATION NUMERIQUE ET LA ... · transformation numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités de croissance et d’emplois

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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ETUDE SUR « LA TRANSFORMATION NUMERIQUE ET

LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE EN AFRIQUE

CENTRALE : ENJEUX, DEFIS ET OPPORTUNITES »

RAPPORT PROVISOIRE

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Table des Matières

1. Introduction ............................................................................................................................................... 4

1.1 Contexte de l’étude ............................................................................................................................ 4

1.2 Objectifs du rapport ........................................................................................................................... 5

1.3 Méthodologie de l’étude, plan du rapport et limitations .................................................................... 6

2. Grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et régional ........................................... 7

2.1 A propos de l’économie numérique ................................................................................................... 7

2.2 L’économie numérique au niveau mondial ..................................................................................... 12

2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique ..................................... 12

2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique ...................................... 17

2.3 L’économie numérique au niveau continental ................................................................................. 20

2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de l’Union

Africaine 20

2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en Afrique ....... 24

3. Etats des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale ............................................................... 27

3.1 Infrastructures de communications et services numériques ............................................................ 27

3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques ............................................. 27

3.1.2 Infrastructures de communications électroniques.................................................................... 31

3.2 Politiques nationales et sous régionales ........................................................................................... 33

3.2.1 Au niveau national .................................................................................................................. 33

3.2.2 Au niveau sous régional .......................................................................................................... 36

3.2.3 Impacts de l’économie numérique dans la sous-région ........................................................... 38

4 Opportunités et défis de l’économie numérique pour l’accélération de la diversification économique et

de l’industrialisation dans la sous-région ........................................................................................................ 38

4.1 Opportunités .................................................................................................................................... 38

4.2 Défis ................................................................................................................................................ 48

5 Conclusion et Recommandations ............................................................................................................ 54

5.1 Conclusion ....................................................................................................................................... 54

5.2 Recommandations ........................................................................................................................... 55

Bibliographie ................................................................................................................................................... 57

Glossaire .......................................................................................................................................................... 58

Annexes ........................................................................................................................................................... 60

Annexe 1 : Contribution des TIC à la réalisation des ODD ........................................................................ 60

Annexe 2 : Définition de la terminologie utilisée ........................................................................................ 60

Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique ........................................................................... 62

Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne en

Afrique ......................................................................................................................................................... 62

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Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC ................................................................ 65

Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement dans les pays de la CEEAC et leur capacité ......................... 66

Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe dans les pays de la CEEAC ......................................... 67

Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande ................................... 67

Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès ................................ 68

à internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur .............................................................. 68

Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet par pays de la CEEAC ............................................... 68

Annexe 11 : UNCTAD Indice E-commerce B2C, 2018, Afrique ............................................................... 69

Annexe 12 : Mobile-cellular basket, 2017 ................................................................................................... 71

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1. Introduction

1. De façon unanime, les TIC influencent le développement socioéconomique durable et inclusif

des pays et occupent une place incontournable dans les économies du XXI siècle. La transformation

numérique, permet d’accroître l’apport des TIC dans les différents pans de l’économie et d’améliorer

sa contribution intrinsèque à l’économie, à la création d’emplois directs et indirects et au

développement des ressources humaines, dans la mesure où son énorme potentiel est suffisamment

valorisé, tout en minimisant les risques. Dans le cas spécifique de l’Afrique Centrale, il est question

dans cette étude, de dégager et renforcer le rôle à jouer en synergie par les acteurs majeurs (Etats

membres, secteur privé, Communautés économiques régionales, universités, organisations

internationales, partenaires au développement, les jeunes et les femmes) pour accélérer le processus

de diversification économique et d’industrialisation, afin de tirer davantage profit du numérique et de

s’inscrire dans l’ère de la quatrième révolution industrielle telle que définie par Davos. Telle est la

problématique de cette étude que le Bureau pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique

des Nations Unies pour l’Afrique (BSR-AC/CEA) a décidé de mener au bénéfice des pays de

l’Afrique Centrale.

1.1 Contexte de l’étude

2. L’Afrique est le continent dont la population connait la plus grande croissance démographique

(soit un taux de croissance annuel de 2,5% contre un taux de 1,12% au niveau mondial), avec une

forte proportion de populations jeunes. Selon le rapport « La consommation en Afrique - Le marché

du XXIe siècle » de juin 2015 du cabinet Deloitte1, plus de 200 millions d’Africains, soit plus de 20%

de la population totale, sont âgés de 15 à 24 ans. Il précise que ce chiffre devrait passer à 321 millions

d’ici à 2030 et que les jeunes Africains, soit une grande partie de la classe moyenne émergente,

aspireront à un plus grand choix de produits alimentaires, de produits de consommation et de loisirs

ainsi qu’à une plus grande connectivité. L’Afrique devrait devenir le deuxième marché le plus

important pour les investissements des sociétés européennes des biens de consommation.

3. Cette tendance est davantage importante dans le domaine des TIC. En effet, l’Afrique

subsaharienne enregistre le plus fort taux de croissance en télécommunications mobiles dans le

monde, avec un taux annuel composé (CAGR) de 6,1%, soit un taux de 50% supérieur à la moyenne

mondiale, selon le rapport 2017 de GSMA sur l’économie du secteur mobile de l’Afrique

subsaharienne2,) et cette tendance devrait se poursuivre sur plusieurs années encore. Des pays

africains ont innové et sont devenus leaders dans des domaines spécifiques, à l’instar du Kenya pour

ce qui est du mobile banking avec plus de 2,5 millions de transactions par jour, et une meilleure

lisibilité et traçabilité de ces transactions, facilitant l’accès aux services financiers et la lutte contre la

corruption, entre autres. En outre, l’Afrique a le plus grand taux de progression du nombre de

consommateurs B2C en ligne sur la période 2013 – 2018, soit 82% par rapport à une moyenne

mondiale de 50% sur la même période (Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED

intitulé : Libérer le potentiel du commerce électronique pour les pays en développement3), même si

le pourcentage de la population ayant effectué un achat en ligne reste encore l’un des plus faibles,

1 https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fpc/Documents/secteurs/consumer-business/deloitte_consommation-en-afrique_juin-2015.pdf 2 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download 3 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2015overview_fr.pdf

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soit 7,1%. Ce développement fulgurant des TIC est de nature à contribuer à l’atteinte des ODD, ainsi

qu’affirme Houlin Zhao, Secrétaire Général de l’UIT : « les TIC offrent des possibilités

exceptionnelles pour accélérer les progrès en matière de réalisation des ODD et améliorer la vie des

personnes de façon radicale4 ».

Par ailleurs, la sous-région dispose d’un potentiel en ressources naturelles, matières premières et

terres arables unique en Afrique. Son sous-sol regorge d’importants gisements en minerais utilisés

dans la fabrication de composants électroniques et électriques dont l’industrie a besoin.

4. En dépit des atouts ci-dessus et de nombreuses potentialités dont dispose la sous-région

Afrique Centrale, les Etats qui font partie de cette sous-région, se trouvent, pour la plupart, au peloton

de queue lorsqu’on se réfère à l’indice de développement humain, l’indice mondial de compétitivité

ou l’indice d’intégration régionale en Afrique.

5. Plusieurs pays de la sous-région sont affectés par l’effondrement des cours des principaux

produits de base dont le pétrole et font face à des déséquilibres macroéconomiques importants

marqués par un fléchissement de la croissance. Lors de la 33e session du Comité Intergouvernemental

d’Experts (CIE) d’Afrique Centrale tenue en 2017 à Douala, à travers le Consensus de Douala, un

appel à l’action a été lancé en direction des acteurs majeurs des secteurs public et privé, pour passer

d’un cercle vicieux de l’exportation des matières premières non transformées à un cercle vertueux de

l’ajout de la valeur aux ressources grâce à une diversification et une industrialisation rapides. Cet

appel identifie le manque de financement comme l’un des principaux obstacles à la diversification de

l’économie et à l’industrialisation dans la sous-région. A la 34e session du CIE qui a suivi en 2018 à

N’Djamena, le thème du financement de l’industrialisation a été au cœur des échanges et des

propositions pour des financements innovants ont été formulées.

6. La transformation numérique est un pilier clé des stratégies de diversification économique et

d’industrialisation. En prenant l’exemple du commerce électronique, qui s’appuie sur la chaine

logistique pour son développement, il apparait que l’intégration sous régionale ou encore la zone de

libre-échange continentale africaine (ZLECA) sont des cadres favorables à l’essor de l’économie

numérique. L’avènement de la ZLECA est une des priorités de l’Agenda 2063 pour l’Afrique avec le

numérique qui peut y jouer un rôle de catalyseur.

7. En continuité des thématiques des deux dernières sessions, la 35e et prochaine session du CIE

porte sur le thème « Transformations numériques et diversification économique en Afrique Centrale :

enjeux, défis et opportunités » et va contribuer à l’opérationnalisation du Consensus de Douala. Cette

étude va servir de préparation aux travaux de la prochaine session du CIE et a fait l’objet d’une

mission de consultant.

1.2 Objectifs du rapport

- Objectif général :

8. L’objectif général du rapport est d’identifier les voies et moyens en vue de catalyser la

transformation numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités

de croissance et d’emplois en Afrique Centrale.

4 Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD, ITU Magazine n°3/2017 https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf

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- Objectifs spécifiques :

- Faire un état des lieux sur l’économie numérique en Afrique Centrale ;

- Analyser les facteurs facilitateurs et ceux qui constituent des freins à son expansion et contribuer à

la diversification économique et à l’industrialisation ainsi qu’au processus d’intégration régionale

dans le cadre de la ZLECA ;

- Formuler des recommandations d’actions à mettre en œuvre destinées aux Etats membres, aux

Communautés économiques régionales, aux organisations internationales, au secteur privé, aux

universités et aux bailleurs de fonds.

1.3 Méthodologie de l’étude, plan du rapport et limitations

9. La méthodologie qui a été adoptée pour cette étude comprend essentiellement la recherche

documentaire et de données secondaires disponibles auprès des organisations nationales, sous

régionales, régionales et internationales spécialisées en la matière. Les indicateurs utilisés sont ceux

qui sont consacrés par l’UIT ou la CNUCED dans le cadre de leurs missions respectives.

L’élaboration du rapport a bénéficié d’une interaction constante entre le consultant et les experts du

BSR-AC/CEA.

10. Après avoir présenté les grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et

régional, un état des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale est dressé afin de disposer

d’une bonne connaissance de l’existant. L’analyse de l’existant combinée avec les tendances

générales va permettre de dégager les opportunités et défis pour l’accélération de la diversification

économique et de l’industrialisation dans la sous-région, desquels découleront les conclusions et

recommandations de ce rapport.

Cette étude montre que (Principaux messages) :

11. L’économie numérique se développe rapidement, qu’il s’agisse des biens et services TIC ou

des biens et services fondés sur les TIC et cela se traduit par l’accroissement de leur taux de

pénétration ainsi que par l’importance des entreprises de ce secteur. Les technologies numériques

améliorent l’efficacité et la productivité des entreprises, administrations et organisations qui s’y

adaptent en effectuant leur transformation numérique, en même temps qu’elles facilitent l’inclusion.

Elles entrainent des changements profonds dans la façon de produire, dans la commercialisation et

dans l’organisation du travail et ont permis l’apparition de nouveaux modèles d’affaires disruptifs.

Elles permettent des créations d’emplois, mais aussi des destructions d’emplois qui sont cependant

de faible ampleur.

12. Cette tendance générale qui fait du numérique un catalyseur du développement économique,

vaut également pour l’Afrique Centrale. Sur la base de ses potentialités dans le domaine agricole,

forestier et minier, et en s’appuyant sur une population ayant une forte proportion de jeunes, les pays

de la CEEAC en fonction de leur particularité, ont dans ce rapport, des pistes de solution pour

coordonner leurs actions afin de moderniser leurs exploitations, transformer leurs productions et

passer à une phase d’industrialisation en maitrisant l’usage et le développement des outils

numériques.

13. Ce processus de diversification économique s’appuyant sur le numérique pour la création de

la valeur et des richesses ne peut être opérant que si les faiblesses que ce rapport a identifiées

concernant l’environnement juridique, les ressources humaines, le climat des affaires, les mécanismes

de financement, les infrastructures de TIC et les services numériques où il subsiste un risque de

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décrochage par rapport au large bande, sont corrigées. Une mesure comme faire de l’internet un bien

public est préconisée, parmi d’autres, pour amener le numérique à booster les activités des autres

secteurs et favoriser l’inclusion numérique et financière.

2. Grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et régional

2.1 A propos de l’économie numérique

14. L’économie numérique est mondialement reconnue comme étant un vecteur de croissance, de

productivité et de compétitivité des entreprises, des organisations et des pays. Son caractère

transversal fait qu’elle impacte tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle. Il

importe de définir ce concept pour en circonscrire l’usage par la suite.

Définition de l’économie numérique : il n’en existe pas qui soit universellement reconnue. Nous

donnons ci-après celle de la CNUCED.

15. Selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de l’information5, l’économie

numérique est caractérisée par son champ d’application qui peut être de base, étroit ou large. Les

champs d’application de base et étroit concernent le secteur de la production télématique et englobent

divers services numériques (par exemple, les services des centres d’appel externalisés) et les services

de l’économie des plateformes (par exemple Facebook et Google). Le champ d’application large

comprend l’utilisation de diverses technologies numériques dans l’exécution d’activités telles que

celles menées dans les secteurs des affaires électroniques, du commerce électronique, de

l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Cette définition est illustrée par la figure ci-après.

Figure 1 : Représentation de l’économie numérique

Source : Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de l’information6

16. Toujours selon la CNUCED et extrait du Rapport sur l’investissement dans le monde 2017 :

l’investissement et l’économie numérique7, l’économie numérique est l’application des technologies

numériques fondées sur internet à la production et au commerce des biens et services. Ladite

5 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 6 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 7 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2017_overview_fr.pdf

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production et ledit commerce des biens et services sont subdivisés en deux : la production et le

commerce des biens et services TIC et la production et le commerce des biens et services fondés sur

les TIC.

Encadré 1 : Définition de l’économie numérique telle que contenue dans le « Plan stratégique

Cameroun numérique 2020 »

La figure suivante donne une composition de l’économie numérique qui permet également de

cerner davantage cette notion. Cette illustration en trois cercles concentriques présente une nette

similarité avec la définition portant sur trois dimensions de l’encadré ci-dessus.

Figure 2 : Composition de l’économie numérique

Source : « l’impact de l’économie numérique, revue Sociétal n°1, 2011 ».

L’économie numérique revêt trois dimensions :

La première, qui est qualifiée de cœur de l’économie numérique, repose notamment sur le

développement des infrastructures de communications électroniques fixes et mobiles large bande,

le développement des secteurs de l’informatique et de l’électronique.

La deuxième dimension regroupe les activités dites de la nouvelle économie, qui sont des activités

nées du développement des TIC et qui découlent directement de l’existence du cœur du numérique,

c’est-à-dire des infrastructures large bande et de l’internet. Les plateformes de services en ligne en

font partie.

La troisième dimension porte sur la transformation des secteurs d’activités, des organisations, des

structures et des usages existants par l’intégration des TIC dans les processus de production et la

gestion de la relation client (e-commerce, e-santé, e-éducation, e-Administration, …). C’est ici qu’on

parle de transformation numérique.

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Son importance :

17. Au sein du Système des Nations Unies, la vision en matière de développement de l’économie

numérique au niveau mondial est portée par la Commission «Le large bande au service du

développement durable» créée en mai 2010, qui comprend l’Union internationale des

télécommunications (UIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

(UNESCO) et de hauts dirigeants des secteurs public et privé, ainsi que d’organismes internationaux

et d’organisations qui œuvrent pour le développement. La vision de la Commission est de « connecter

l’autre moitié », partant du fait qu’environ 50% de la population mondiale est d’ores et déjà connectée

sur internet.

Encadré 2 : Les sept cibles de la Vision à l’horizon 2025 de la Commission « Le large bande au service du

développement durable »

Source : Commission « Le large bande au service du développement durable8»

18. L’Union internationale des télécommunications (UIT) qui est l’organisation des Nations

Unies spécialisée dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) a

défini en 2018 sa vision pour : « une société de l'information s'appuyant sur un monde interconnecté,

où les télécommunications/technologies de l'information et de la communication permettent et

accélèrent une croissance et un développement socio-économique écologiquement durables pour

tous ».

19. Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies où la communauté internationale s’est fixée

17 objectifs de développement durable (ODD), plusieurs études ont fait ressortir le rôle crucial à jouer

par les technologies numériques dans l’atteinte de ces ODD. Quelques exemples pratiques sont

8 https://broadbandcommission.org/Documents/Translated%20Documents/Targets/Targets2025%20French.pdf

D’ici 2025, tous les pays devraient disposer d’un plan ou d’une stratégie au niveau national

doté de financements dans le domaine du large bande ou intégrer le large bande dans leurs

définitions de l’accès/du service universel.

D’ici 2025, les services à large bande d’entrée de gamme devraient être rendus

financièrement abordables dans les pays en développement, où ils devront représenter

moins de 2% du revenu national brut mensuel par habitant.

D’ici 2025, le taux de pénétration du large bande/de l’Internet devrait atteindre : a) 75% à

l’échelle mondiale b) 65% dans les pays en développement c) 35% dans les pays les moins

avancés.

D’ici 2025, 60% des jeunes et des adultes devraient avoir acquis un niveau minimum de

maîtrise en matière de compétences numériques durables.

D’ici 2025, 40% de la population mondiale devrait recourir à des services financiers

numériques.

D’ici 2025, l’absence de connexion devrait être deux fois moins importante dans les

microentreprises et les petites et moyennes entreprises.

D’ici 2025, l’égalité entre les hommes et les femmes devrait être atteinte pour

toutes les cibles.

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présentés en annexe pour l’illustrer. Aussi, selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de

l’information9, les TIC, le commerce électronique et d’autres applications numériques peuvent servir

à promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en assurant l’autonomisation des femmes en tant que

chefs d’entreprise et commerçantes (ODD5, cible b), les activités productives, la créativité et

l’innovation, ainsi que la création d’emplois décents. Ils peuvent également stimuler la croissance des

microentreprises et des petites et moyennes entreprises (MPME) et faciliter leur intégration dans le

secteur formel, notamment par l’accès aux services financiers fondés sur les TIC (ODD 8, cible 3). Il

est possible d’utiliser les solutions numériques pour faciliter l’accès des MPME des pays en

développement aux services financiers (paiements en ligne et par téléphone mobile) et aux marchés

(par exemple, en exploitant les possibilités offertes par les marchés virtuels), ainsi que pour permettre

leur intégration aux chaînes de valeur (ODD 9, cible 3). En outre, le commerce électronique va jouer

un rôle de plus en plus important dans la réalisation de l’ODD 17, cible 11 – accroitre les exportations

des pays en développement et doubler la part des pays les moins avancés dans les exportations

mondiales d’ici 2020.

20. Selon le dictionnaire du web10, la transformation numérique désigne le processus qui consiste,

pour une organisation, à intégrer pleinement les technologies digitales dans l’ensemble de ses

activités. Ainsi, la transformation numérique est une démarche continue qui consiste en

l’automatisation, par le biais des TIC, des processus internes (production, ressources humaines,

administration et finance), l’utilisation des TIC pour la dématérialisation de la gestion de la relation

client et la désintermédiation, et la réinvention du modèle économique pour se démarquer de ses

concurrents et disposer d’un avantage compétitif. La transformation numérique est ainsi, et très

souvent, quelque chose de disruptif. A titre d’exemple les plateformes de gestion de la mobilité

urbaine, de la finance (Fintech), des assurances (Insurtech) ou les réseaux sociaux offrant des services

de télécommunications traditionnelles (OTT-Over the top) ont non seulement intégré les TIC dans

l’ensemble de leur processus, mais elles ont innové en mettant en place un modèle économique leur

permettant de devancer les concurrents se trouvant déjà sur le marché. La transformation numérique

des entreprises et des organisations est devenue un enjeu capital. En effet, selon une étude du cabinet

McKinsey effectuée en 2014 intitulée « Accélérer la mutation numérique des entreprises : un

gisement de croissance et de compétitivité pour la France11 », les entreprises qui réussissent leur

mutation numérique ont une augmentation brute potentielle de leur résultat opérationnel de 40% alors

que celles qui ne parviennent pas à s’adapter au numérique courent le risque de voir leur résultat

opérationnel baisser de 20%. Les résultats de cette étude extrapolés dans le contexte africain où

l’arrimage au numérique est plus faible, laissent entrevoir un risque plus grand pour les entreprises

dans leur processus de transformation numérique.

21. La transformation numérique, telle qu’indiquée ci-dessus, ne saurait donc se limiter à

numériser les processus et les outils auparavant utilisés pour faire la même chose que ce que l’on

faisait avant. Il s’agit en effet de re-optimiser l’ensemble du système de production, des offres et de

la relation clientèle en tenant compte des TIC.

22. De manière générale et de plus en plus, la société de l’information est associée à ce qu’il est

convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle ou encore « Industrie 4.0 ». Dans un monde

9 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 10 https://www.1min30.com/dictionnaire-du-web/transformation-digitale-numerique 11https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Locations/Europe%20and%20Middle%20East/France/Our%20Insights/Accelerer%20la%20mutation%20numerique%20des%20entreprises/Rapport_Accelerer_la_mutation_numerique_des_entreprises.ashx

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interconnecté, qui le sera encore davantage dès l’avènement de la technologie mobile 5G, avec en

perspective plus d’abonnements aux télécommunications que d’humains sur la planète, de plus en

plus d’objets connectés (Internet des objets), de gigantesques volumes de données (Big data)

concernant tout (individus, organisations, équipements, services d’éducation ou de santé, etc.) vont

être échangés et traités au moyen de l’intelligence artificielle (IA). C’est l’IA qui est à la base des

systèmes dits intelligents et qui ont donné lieu à des innovations majeures comme la voiture

autonome, la reconnaissance vocale ou la vision intelligente. L’importance des données dans

l’économie numérique est telle qu’elles sont qualifiées de nouvel « or noir » en comparaison au rôle

joué antérieurement par les hydrocarbures dans l’économie.

23. Drivers : Il est tout à fait indiqué d’examiner les facteurs qui sont à la base des progrès

continus que connait le développement de l’économie numérique, à savoir les drivers. Selon le rapport

intitulé « Le Regard : analyse des drivers de l’économie numérique12 » du Cabinet Mawensi Partners,

l’économie numérique de demain est tirée par cinq drivers : le réseau, les usages, l’accès, la régulation

et business model, et l’évolution de l’écosystème. Ces cinq drivers sont interdépendants au travers

d’un processus vertueux qui fait que le développement de l’un entraine celui des autres.

Figure 3. Les cinq drivers de l’économie numérique

Source : « Le Regard, Mawensi Partners, 2013 »

24. Les services et les usages (e-santé, e-éducation, e-gouv, e-sécurité, e-finance, etc.) se

développent grâce aux innovations de l’IA qui devient un enjeu principal de la recherche &

développement de ce 21e siècle, comme l’a été par exemple la recherche spatiale. Cette importance

est telle que les Ministres des TIC et de l’innovation du G7 ont, au cours de leur réunion en 2017,

adopté une déclaration au sujet de l’IA dans laquelle ils ont exprimé une vision de l’IA centrée sur

l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique et se sont engagés à investir dans la

R-D de base et la R-D appliquée précoce en vue de produire des innovations en IA, et soutenir

l’entrepreneuriat en IA.

12 https://www.mawenzi-partners.com/publication/Le-Regard-Mawenzi-Partners--5---Drivers-du-num--rique.pdf

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2.2 L’économie numérique au niveau mondial

2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique

25. Telle que précédemment définie, l’économie numérique renvoie à la production et au

commerce des biens et services TIC, ainsi qu’à la production et au commerce des biens fondés sur

les TIC. Dans la chaine des valeurs, les équipementiers télécom et réseaux qui conçoivent et

fabriquent les composants, matériels et logiciels (terminaux, centraux, routeurs, passerelles, répéteur

de transmission, etc.) viennent en premier, suivis par les opérateurs de télécommunications fixes,

mobiles et d’internet, puis les fournisseurs de services et autres plateformes complètent la chaine.

La chaine des valeurs complète de l’économie numérique est jointe en annexe 2.

26. Pour ce qui est des biens TIC, il va être examiné suivant les récentes tendances concernant

les ordinateurs personnels (PC) et les smartphones. Les ordinateurs personnels, toutes catégories

confondues (de bureau ou portables, bureautiques) ont vu leur vente décliner de 3,6 % au troisième

trimestre 2017 (juin à septembre) par rapport à la même période en 2016, selon le cabinet Gartner.

Ainsi, seulement 67 millions d'unités se sont écoulées en 2017, contre 69,5 millions d’unités en 2016.

Il s'agit là du 12e trimestre consécutif de baisse des ventes.

27. Selon le cabinet IDC13, les ventes de Smartphone dans le monde en nombre d’unités, se sont

accrues de manière soutenue, de 2011 à 2016, avant de connaitre un léger ralentissement par la suite.

Il y a lieu de noter que six équipementiers (Samsung, Apple, Huawei, Oppo, Lenovo) seulement

détiennent 75% des parts de marché. Durant toute cette période, le chiffre d’affaire est resté en

constante augmentation, malgré le léger repli, en termes d’unités vendues. En début de la période

considérée, c’est-à-dire en 2011, l’équipementier Nokia était le numéro un mondial, mais il ne figure

plus parmi les leaders du domaine. Samsung a pris la 1ère place depuis 2012, et se démarque de ses

concurrents par les innovations ; la dernière en date étant le smartphone pliable.

Graphique 1 : Evolution des ventes totales de smartphone dans le monde (en millions d’unités) de

2011 à 2018.

Source : Cabinet IDC.

28. Pour ce qui est des services TIC, et notamment des activités de fourniture des services de

télécommunications fixes et mobiles, et d’internet dans le monde, plusieurs indicateurs sont utilisés

13 https://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-ventes-de-mobiles-et-de-smartphones-39789928.htm

0.00

200.00

400.00

600.00

800.00

1,000.00

1,200.00

1,400.00

1,600.00

2 0 1 1 2 0 1 2 2 0 1 3 2 0 1 4 2 0 1 5 2 0 1 6 2 0 1 7 2 0 1 8

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

13

dont le taux de pénétration du téléphone fixe, du téléphone mobile, de la téléphonie mobile large

bande, ainsi que le pourcentage de foyers disposant d’un ordinateur, de foyers ayant un accès internet

à domicile et d’individus utilisant l’internet. De manière générale, le taux de pénétration des

télécommunications fixe décline, alors que celui du mobile et de l’internet est en hausse. Ces taux,

qui constituent en fait des moyennes mondiales, masquent les disparités énormes existant entre les

pays développés et ceux en développement.

Graphique 2 : Evolution de 2011 à 2018 du taux de pénétration du téléphone fixe, mobile, mobile

large bande et d’internet

Source : Extrait de la base de données ICTEYE de l’UIT14

29. Les services fournis au sein de l’écosystème de l’économie numérique sont divers et

variés, et en constituent le principal driver. Les plateformes (e-mail, e-commerce, musique, vidéo,

réseau social, service télécom et informatique) connaissent un essor phénoménal et tirent vers le haut

le développement des réseaux dont elles siphonnent en partie les revenus (OTT). Certaines de ces

plateformes GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont vu leurs chiffres

d’affaires (CA) exploser (326 milliards de dollars US de CA en 2014, soit l’équivalent du PIB du

Danemark, 35è puissance économique mondiale). Elles occupent une position dominante sur le

marché, après avoir racheté leurs concurrents, innové ou développé une politique commerciale

offensive. Elles se retrouvent parmi les dix plus grandes capitalisations boursières et leur croissance

est telle que, leur nombre est passé de deux (au moment où les entreprises pétrolières dominaient) à

six entre 2011 et 2018. Le développement de l’économie numérique est ainsi passé d’un modèle

centré sur les technologies et les réseaux vers un modèle centré sur les services. Le graphique suivant

montre que les principales capitalisations boursières en 2011 étaient constituées de sociétés

pétrolières (Exxon mobil, Petrochina ou Petrobras), mais qu’en 2018, elles ont toutes cédées la place

aux GAFAM.

14 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

-

20.0

40.0

60.0

80.0

100.0

120.0

2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Tau

x

Année

Taux de pénétration dutéléphone fixe

Taux de pénétration dutéléphone mobile

Taux de pénétration dumoblie large bande

Pourcentage de foyers ayantun ordinateur

Pourcentage de foyers ayantun accès internet

Pourcentage de parsonnesutilisant internet

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

14

Graphique 3 : Comparaison du domaine des principales capitalisations boursières entre 2011 et

2018

Source : Magazine FORTUNE via le site web15

30. Pour ce qui est des services fondés sur les TIC, le Rapport sur l’économie de l’information

2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce et développement16 » souligne le manque de

statistiques officielles y relatives.

31. L'e-Government ou l'utilisation des technologies de l'information et de la communication

(TIC) par les administrations publiques pour rendre les services publics accessibles à leurs usagers et

à améliorer leur fonctionnement interne, voire les repenser pour améliorer la transparence ainsi que

la productivité de l'administration et des services rendus aux usagers, est un aspect important pour

apprécier le développement de l’économie numérique. Il s’agit de rendre les informations au sein des

administrations disponibles et accessibles en ligne, de délivrer des services directement en ligne

(obtention d’autorisations et de permis divers tels que le permis de conduire, le permis de bâtir, les

visas ou la déclaration et le paiement des impôts en ligne) ou de rendre ces services des

15 https://www.journaldunet.com/management/direction-generale/1159250-entreprises-les-plus-riches-du-monde/ 16 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

EXXON Mobil

PETROCHINA

APPLE Inc,

INDUSTRIAL&COMMERCIAL BANK of CHINA

PETROBRAS

BHP Billiton

CHINA CONSTRUCTION BANK

ROYAL DUTCH SHELL

CHEVRON Coorp

MICROSOFT

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2011

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

APPLE Inc.

ALPHABET (ex GOOGLE)

MICROSOFT

AMAZON

TENCENT

BERSHIRE HATHAWAY

ALIBABA

FACEBOOK

JPMorgan&Chase

Jonhson&Jonhson

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2018

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

15

administrations publiques accessibles par téléphone mobile. Le graphique ci-après montre que les

administrations publiques ont de plus tendance à utiliser les TIC dans leur relation avec les citoyens.

Graphique 4 : Nombre de pays (sur 100) ayant des sites web, avec des services utilisés, y compris

par les couches vulnérables de la population.

32. Impact : L’économie numérique impacte la vie des citoyens, des entreprises, des

administrations et autres organisations en favorisant le tissage de liens sociaux, en minimisant les

coûts et les délais, en élargissant l’accès aux marchés, et en simplifiant et dématérialisant les

procédures administratives.

33. Au niveau macro-économique, la contribution des TIC et du numérique au PIB permet de

chiffrer leur apport. Des études ont d’ailleurs montré que la croissance du numérique et la croissance

du PIB sont positivement corrélées. De même, avec la réduction des coûts et des délais, on arrive à

accroitre la productivité du travail et la rentabilisation du capital. Pour les pays développés, le secteur

du numérique représente en moyenne 6% du PIB, ainsi que le montre le graphique suivant.

Graphique 5 : Poids du secteur des TIC dans le PIB pour les pays de l’OCDE en 2013

Source : Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE 201517

17 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/perspectives-de-l-economie-numerique-de-l-

ocde_9789264243767-fr#page48

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

16

34. En ce qui concerne les entreprises, l’automatisation des processus et des moyens de production

et de commercialisation accroit leur productivité. Le rapport sur le développement dans le monde

2016 du Groupe de la Banque Mondiale « Les dividendes du numérique18» précise que les

technologies numériques augmentent la productivité du capital humain et la rentabilité dans la quasi-

totalité des secteurs de l’économie. Il illustre cela par l’exemple du Viêt-Nam où les entreprises qui

font le commerce en ligne ont une productivité totale des facteurs supérieure de 3,6 points à celle des

entreprises qui n’en font pas.

35. Pour ce qui est de la création d’entreprises et d’emplois, deux effets sont enregistrés : D’un

côté on observe une création d’emplois et de l’autre leur destruction et redistribution. La création

d’entreprises et d’emplois est entrainée par l’innovation et la disruption qui sont au centre des progrès

de l’économie numérique. Selon le même rapport sur le développement dans le monde 2016 du

Groupe de la Banque Mondiale19, dans les pays en développement, le secteur des TIC n’emploie en

moyenne que 1 % environ de la population active alors que dans les pays de l’OCDE, environ 3 à 5%

des emplois sont dans ce secteur, ce qui est faible en comparaison de leur poids global dans

l’économie. Cependant, une création d’emploi dans le secteur des TIC crée d’autres emplois dans

d’autres secteurs à cause de ses effets multiplicateurs et dynamisant. En outre, de nouvelles

opportunités de création d’entreprises et d’emplois indépendants s’ouvrent rapidement dans

l’économie numérique. Il s’agit très souvent d’emplois de haute technicité nécessaires pour la

conception et la production de solutions logicielles et matérielles adaptées. Pour les pays et régions

disposant d’une main d’œuvre qualifiée et bon marché, l’externalisation (à l’instar des centres

d’appels) est une source de création d’emplois non négligeable.

36. En revanche, la plupart des emplois manuels et les tâches répétitives et routinières (secrétaires

et employés de bureau, techniciens de fabrication ou de réparation, caissières, chauffeurs, gardiens,

etc.) risquent d’être supprimés. La suppression de ce type d’emplois, habituellement peu rémunéré et

exercé par ceux qui disposent de faibles qualifications, pourrait aggraver les inégalités. Bien plus,

grâce aux avancées de l’intelligence artificielle et de la robotique, certaines activités intellectuelles

(traducteur, conseil juridique ou fiscal, etc.) seront automatisées, entrainant aussi des suppressions

d’emplois. Mais, globalement les créations d’emplois pourront largement compenser les pertes si des

dispositions appropriées sont prises, car on assiste moins à une destruction qu’à une redistribution

des emplois, avec beaucoup d’emplois intermédiaires supprimés.

37. Au niveau mondial, la transformation numérique va entrainer des pertes d’emplois, estimées

selon le rapport 2017 du cabinet McKinsey & Co « Jobs lost, jobs gained : workforce transitions in

a time of automation20 » d’ici 2030, soit à 800, 400 ou 10 millions d’emplois, selon que le rythme de

transformation est élevé, moyen ou lent. Malgré ces pertes d’emplois, ce même rapport prévoit qu’il

y aura une croissance de la demande de travail et par conséquent d’emplois nouveaux liée à la

transformation numérique estimée entre 555 millions et 890 millions d’emplois créés, soit des valeurs

largement supérieures au nombre de destruction d’emploi, et quelle que soit l’hypothèse considérée.

18 http://documents.worldbank.org/curated/en/527621468195004729/pdf/102724-WDR-WDR2016Overview-FRENCH-WebResBox-394840B-OUO-9.pdf 19 Idem 20 https://www.mckinsey.com/

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17

38. La figure ci-jointe extraite du Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED

« Numérisation, commerce et développement21 » donne quelques indicateurs de mesure de

l’économie numérique.

Figure 4 : Quelques indicateurs de mesure de l’économie numérique

Source : Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce

et développement » 22

2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique

39. Etant donné que l’ensemble des processus de gestion de l’appareil de production, des

ressources humaines et financières, ainsi que les relations de l’entreprise avec les fournisseurs et les

consommateurs, s’appuie sur l’utilisation des TIC et qu’aucune technologie n’est sûre à 100%, les

21 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 22 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

18

cybermenaces constituent un risque important et les mesures de protection pour y faire face ou la

cybersécurité devraient être implémentées. Les vulnérabilités des technologies numériques peuvent

découler de leur faible robustesse, du non-respect des procédures, de la mauvaise gestion des

incidents, de l’insuffisance de contrôle ou de l’inadaptation des ressources humaines, et donner la

porte ouverte à des cyberattaques. En outre, selon le rapport de l’OCDE publié cette année 2019

« Comment va la vie à l’ère du numérique ? Opportunités et risques de la transformation numérique

pour le bien être des individus23 », les technologies numériques font courir à la société un risque

majeur de creusement des inégalités entre les personnes qui disposent des compétences adéquates

pour les utiliser et celles qui en sont dépourvues. Ce rapport identifie un deuxième type de risque

ayant trait aux problématiques de sécurité liées aux cyber-harcèlements et aux failles de sécurités

numériques.

L’économie numérique est à la base de la 4e révolution industrielle. Comme les trois autres

révolutions qui l’ont précédée, aucun pays ne saurait rester en marge.

40. Les défis de l’économie numérique au niveau mondial sont multiples. Un des premiers défis

est celui de la fracture numérique qui peut être associé soit la disponibilité de l’accès, l’abordabilité

du prix, l’âge, la langue, la bande passante, le genre, le lieu, la disponibilité des contenus ou des

usages utiles. Ainsi, 31% de la population mondiale en 2018 (graphique 2) n’a pas accès au mobile

large bande. La fracture numérique liée à la disponibilité de l’accès va être très prégnante avec

l’arrivée de la téléphonie mobile 5G qui véhicule des débits importants et impose l’utilisation de

backbone à fibre optique. En outre, la 5G permet de transporter plus rapidement un volume

considérable de données, de connecter de manière fiable un très grand nombre de dispositifs et de

traiter de très gros volumes de données en un temps record, et devrait connecter les personnes, les

objets, les données, les applications, les systèmes de transport et les villes dans des environnements

de communications en réseau intelligent. La 5G devrait prendre en charge des applications telles que

les domiciles et bâtiments intelligents, les villes intelligentes, la vidéo 3D, le travail et les jeux dans

le nuage, la chirurgie à distance, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que les communications

massives de machine à machine pour les systèmes d'automatisation industrielle et les voitures

autonomes, autant de services que les réseaux 3G et 4G ont actuellement des difficultés à prendre en

charge.

41. L’innovation est au centre des progrès de l’économie numérique qui repose sur la maitrise des

technologies, l’intelligence artificielle, le big data, l’internet des objets, etc. Le défi ici est celui de

disposer d’une masse critique de ressources humaines bien formées et en permanence renouvelées et

de disposer d’établissements et centres de recherche de pointe.

42. Le secteur du numérique, du fait de la demande en bande passante résultant de l’accroissement

du volume de données, a connu une progression du coût des investissements de 2014 à 2016, de

l’ordre de 4% dans le monde et cette tendance va se maintenir dans les années à venir. Le défi du

financement des infrastructures de communications électroniques et services numériques se pose pour

accompagner les mutations technologiques qui pointent déjà et celles à venir (5G, IA, robotique).

43. Un autre défi et non des moindres est celui lié aux cybermenaces ainsi que de la transparence,

de la confiance et de la sécurité en ligne. L’indice mondial de cybersécurité de l’UIT permet de

23 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/how-s-life-in-the-digital-age/summary/french_9ae7e081-fr#page2

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

19

mesurer les efforts déployés par les états en la matière. La protection de la vie privée et la protection

des données personnelles permettent de renforcer la confiance dans l’utilisation du numérique.

44. Un environnement politique, légal et réglementaire propice est nécessaire et la mise en place

d’un tel environnement est le principal défi dans la mesure où il conditionne les autres. Ce nouvel

environnement devrait prendre en compte le changement de paradigme dans l’écosystème mondial

de l’économie numérique, où on est passé d’un modèle de développement basé sur les technologies

vers un nouveau modèle centré sur les logiciels/applications, services et usages.

Encadré 3 : Le programme e-Rezeki de formation à l’auto entrepreneuriat en Malaisie

Source : ITU news magazine N°3/2017 « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD24 »

24 https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf

Pays d’Asie du sud-est d’une superficie de 329750 km2 pour 31 millions d’habitants, la Malaisie est

classée parmi les meilleurs du monde dans le domaine de l’économie numérique. Le programme e-

Rezeki donne une vue de ce qui est fait là-bas. Il est disponible dans les centres de formation à travers

le pays, et a pour objectif d'aider les personnes qui font partie des 40% de ménages les plus pauvres

dont les revenus mensuels sont inférieurs à 4 000 MYR (environ 950 USD), à compléter leurs revenus

en trouvant un emploi en ligne. Il aide également les personnes qui jusque-là ne disposaient d'aucune

expérience en ligne à acquérir des compétences numériques de base. Il propose trois grands axes de

travail : les micros tâches numériques, telles que l'extraction de données ou la modération de photos ;

les tâches numériques, telles que la fourniture de services commandés en ligne ; et le travail

numérique, tel que celui réalisé par les graphistes ou les assistants virtuels.

En juillet 2017, le programme comptait 23 000 utilisateurs actifs et 150 000 personnes enregistrées

sur la plateforme. Le gouvernement prévoit 200 centres en activité dans tout le pays en fin 2017. En

2016, 17,8% du PIB national malaisien reposait sur l'économie numérique, selon les chiffres du

gouvernement. Il subsiste toutefois une division en matière de développement socioéconomique

entre le milieu urbain et le milieu rural. L'une des mesures prises consiste à faire en sorte que tous les

Malaisiens maîtrisent les TIC et que chaque Malaisien ait au moins accès à l'Internet de base, ainsi que

des connaissances en Internet de base.

Grâce à l'accès à l'Internet et aux actions de formation que proposent les centres Internet ruraux

gérés par l'Etat, les entrepreneurs locaux malaisiens renforcent leur présence en ligne et en récoltent

les bénéfices.

Ces centres de formation sont répartis un peu partout en Malaisie et forment les gens à la recherche

d'emploi en ligne. En 2016, 150 000 utilisateurs enregistrés ont gagné 17 millions MYR (près de 4

millions USD) grâce à ce programme. Sachant qu'une portion considérable des écoliers d'aujourd'hui

va occuper des emplois qu'il faut encore créer, les nouveaux programmes d'acquisition de

compétences numériques tels que celui-ci, seront importants pour préparer la force de travail de

demain.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

20

2.3 L’économie numérique au niveau continental

2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de

l’Union Africaine

45. Pour bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une

force dynamique sur la scène mondiale, l’Union Africaine, a établi des priorités à atteindre dans le

cadre du développement du continent à travers l’Agenda 2063. Cet Agenda fixe les aspirations de

l’Afrique pour 2063 qui sont axées sur 7 points à savoir : une Afrique prospère fondée sur une

croissance inclusive et un développement durable ; un continent intégré, politiquement uni, basé sur

les idéaux du panafricanisme et sur la vision de la renaissance de l’Afrique ; une Afrique où règnent

la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’état de droit ;

une Afrique pacifique et sécurisée ; une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de

valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ; une Afrique où le développement est axé sur les

populations et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ; et une Afrique, en tant

qu’acteur et partenaire fort, unie et influente sur la scène mondiale.

46. Pour l’implémentation de l’Agenda 2063 en s’appuyant sur les technologies numériques,

l’Union Africaine s’est dotée en avril 2015, d’une vision ainsi formulée : « Les TIC : un continent

égal au reste du monde en tant que société de l’information, une économie en ligne intégrée où tous

les gouvernements, les entreprises et les citoyens ont accès à des services de TIC fiables et abordables,

grâce à une augmentation de la pénétration du haut débit, de la connectivité à haut débit de 20 points

de pourcentage et de la fourniture d’accès aux TIC aux enfants dans les écoles, et de capitaux risque

aux jeunes entrepreneurs et innovateurs dans le domaine des TIC25 ».

47. Une autre institution panafricaine, l’Alliance Smart Africa s’est donné pour vision de

« Transformer l’Afrique en un marché numérique unique ». Cette vision repose sur les principes

suivants : placer les TIC au centre de l’agenda national de développement socio-économique ; donner

la priorité au secteur privé, améliorer l’accès aux TIC, en particulier au haut débit ; améliorer la

responsabilité, l’efficacité, et l’ouverture grâce aux TIC et tirer parti des TIC pour promouvoir le

développement durable.

Comme indiqué plus haut, l’économie numérique est reconnue comme ayant un rôle moteur dans

l’atteinte des ODD.

48. L’économie numérique présente de nombreuses opportunités pour l’Afrique. Sur le plan

technologique, le numérique dans les aspects comme la conception et le développement des

applications, l’intelligence artificielle ou le traitement des données à grande échelle (Big data)

demande peu d’investissement en équipements ou matériels, car nécessitant seulement un ordinateur

muni de langages de programmation, et repose essentiellement sur la matière grise, ce qui met les

africains pratiquement au pied d’égalité avec les autres (dans le cas où le déficit qualitatif et

quantitatif en ressources humaines est résorbé) pour le développement de solutions logicielles

innovantes adaptées à leurs besoins. Aussi, de vastes séries de données sur les caractéristiques du sol

peuvent être exploitées afin de déterminer les besoins en engrais, permettant ainsi d'augmenter la

productivité.

25 « Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons » https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/agenda2063f.pdf

Page 21: ETUDE SUR « LA TRANSFORMATION NUMERIQUE ET LA ... · transformation numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités de croissance et d’emplois

ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

21

49. Elle peut permettre d’améliorer sensiblement le ratio recettes publiques / PIB du continent,

donnant ainsi la possibilité de financer de manière adéquate les programmes de développement

nationaux cruciaux. Par exemple, le Rwanda a augmenté la collecte de ses recettes de 6% du PIB en

introduisant la fiscalité électronique et l’Afrique du Sud a utilisé les paiements d’impôts en ligne pour

réduire les coûts de mise en conformité de 22,4% tout en réduisant le délai de conformité à la taxe

sur la valeur ajoutée de 21,8%. Le Kenya est pionnier dans le domaine du mobile money avec son

produit M-Pesa.

Encadré 4 : Vers l’inclusion financière avec le mobile money M-Pesa au Kenya

Source : Article Jeune Afrique « Mobile money : une success story nommée M-Pesa26 »

50. L’Union Africaine dispose d’un portefeuille de projets portant sur l’harmonisation des

politiques et réglementations, ou d’ordre opérationnel. Sur le premier volet, il y a lieu de citer la

26 https://www.jeuneafrique.com/mag/421063/economie/mobile-banking-success-story-nommee-m-pesa/

M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili) est un système de paiement et de transfert d'argent par

téléphone mobile, lancé en 2007 par Safaricom au Kenya. M-Pesa permet aux utilisateurs en possession d'une

carte d'identité ou d'un passeport de déposer, retirer et transférer aisément de l'argent grâce à un téléphone

portable. Ce service s’adosse sur un compte stocké sur leur téléphone portable, et est exploité au moyen de

SMS sécurisé par un numéro d'identification personnel (PIN) et utilisant les codes USSD. Il permet de déposer

et retirer de l’argent, de transférer de l’argent à d'autres clients ou à des personnes non-clientes, de payer des

factures, d’acheter des crédits de communication, de transférer de l’argent entre le service M-Pesa et un

compte bancaire (dans certains pays seulement, dont le Kenya), de faire de l’épargne et d’obtenir des crédits.

M-Pesa s'est développé rapidement et, depuis 2010, est devenu le service financier par téléphone portable

ayant le mieux réussi dans les pays en développement. Ce service permet une meilleure lisibilité et traçabilité

des transactions et permet ainsi de lutter efficacement contre la corruption. Il a aussi contribué à réduire la

criminalité dans des sociétés largement basées sur les échanges d'argent liquide.

La croissance du service est devenue phénoménale. En novembre 2014, les transactions de M-Pesa pour les

onze premiers mois de 2014 ont été évaluées à 2 100 milliards KES, en croissance de 28 % par rapport à 2013,

ce qui représente presque la moitié du PIB du pays.

Le succès repose notamment sur le réseau d'agents qui forme un maillage serré de 60 000 petits commerces

pour qui être agent M-Pesa apporte un complément de revenus apprécié.

Depuis le 19 novembre 2014, Safaricom propose une application Android pour M-Pesa.

La pénétration de M-Pesa chez les clients de Safaricom est proche de 90 %. Au troisième trimestre de l’année

2018, 730,2 millions d'opérations et près de 19,6 milliards de dollars ont transité via ce processus dans le pays,

représentant une progression de 19,45 % par rapport à l'année précédente. Cet essor est notamment lié au

taux de pénétration du mobile de l’ordre 100 % et de l'interopérabilité mise en place en avril 2018, permettant

à un client M-Pesa d'envoyer ou de recevoir de l'argent en temps réel sur un compte d’un autre opérateur,

grâce à un accord entre les opérateurs de télécommunication, lequel garantit l'interaction entre les six

plateformes de transfert d'argent mobile que compte le pays.

Une autre explication du succès de M-Pesa repose sur le rôle des régulateurs, qui ont autorisé le lancement du

service, malgré le lobbying intense des banques et d’autres groupes pour l’empêcher. Quand M-Pesa est arrivé,

il n’y avait aucune réglementation sur le transfert d’argent via le téléphone mobile, mais les autorités kényanes

lui ont permis de fonctionner.

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22

Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles

adoptée en juin 2014 à Malabo. S’agissant des projets d’ordre opérationnel, la mise en place de points

d’échanges internet nationaux et régionaux, est réalisée sous la bannière du projet AXIS (African

Internet eXchange System).

51. Cependant, le continent fait face à plusieurs défis. En effet, il est évident que la réussite de

projets dans la société de l’information et du savoir dépend fortement de la qualité des ressources

humaines. Les compétences dans le domaine du numérique sont devenues indispensables. Elles

facilitent la recherche d’emploi, l’intégration dans le milieu professionnel, l’autoapprentissage,

l’apprentissage tout au long de la vie, et l’auto emploi. Les outils TIC sont multiples dans

l’environnement professionnel et social, et changent sans cesse, d’où l’exigence en termes d’avoir

des capacités solides et de pouvoir s’adapter aux nouvelles technologies. L’UIT a classé les

différentes compétences en trois : les compétences opérationnelles pour exploiter les outils

numériques, les compétences de gestion de l’information, les compétences de création de contenus et

sociales. Les compétences les plus pointues s’acquièrent dans les facultés et écoles d’ingénieurs,

lesquelles doivent travailler étroitement avec les centres de recherche pour promouvoir l’innovation.

Le graphique ci-après montre que l’Afrique est la région du monde ayant le moins de compétences

numériques.

Graphique 6 : Pourcentage de la population ayant des compétences numériques dans les différentes

sous-régions du monde, en 2017

Source: UIT « Measuring the information society report, 201827 ».

52. La plupart des pays, quels que soient leurs niveaux de revenus, misent sur les STEM (Science,

Technology, Engineering & Mathematics) et sur la recherche et l’innovation pour stimuler leur

croissance économique durable et favoriser leur développement. Un des indicateurs pour mesurer les

efforts fournis dans ce domaine est la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) qui

correspond aux travaux de recherche et développement (R&D) exécutés sur le territoire national

quelle que soit l'origine des fonds. Une partie est exécutée par les administrations, l'autre par les

entreprises. Cet indicateur prend en compte les dépenses courantes (masse salariale des personnels

de R&D et dépenses de fonctionnement) et les dépenses en capital (achats d'équipements nécessaires

à la réalisation des travaux internes à la R&D et opérations immobilières réalisées dans l'année).

27 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

23

L’UNESCO a publié en 2015 le « Le rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030 28» qui indique

le DIRD en pourcentage du PIB, par pays pour l’année 2011. Nous en avons tiré les valeurs pour

l’Afrique subsaharienne, qui varient de 0,01 à 1,06. Ce rapport souligne le fait que, bien que la part

de l'Afrique subsaharienne dans la population mondiale ait gagné un point de pourcentage entre 2007

et 2013, son PIB n'a augmenté que de 0,3 % et sa dépense brute en R&D (DIRD) n'a progressé que

de 0,1 %. Dans l’Union Européenne, l’objectif est d’avoir un ratio (DIRD/PIB) de 3%.

Tableau 1 : DIRD par pays pour l’année 2011.

Source : « Le rapport de l’UNESO sur la science, vers 203029 » 2015

53. Nous allons aussi illustrer les efforts déployés dans la recherche et développement par le

graphique ci-après qui indique le nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions

d’habitants. Ce graphique montre que le nombre de chercheurs par millions d’habitants en Afrique

Centrale varie de 31 (en RCA) à 350 (au Gabon), soit des valeurs nettement faibles par rapport à celle

du Sénégal (631) ou l’Afrique du Sud (818).

28 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

29 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

24

Graphique 7 : Nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions d’habitants, en 2013 ou

année la plus proche.

Source : « Rapport sur la science, vers 203030 » 2015, UNESCO

54. Pour booster la recherche et l’innovation, plusieurs pays s’appuient sur les pôles

technologiques, ou des smart city, à l’exemple de la Silicon Savannah au Kenya, le pendant africain

de la Silicon Valley qui fait partie de la Konza Technology City (KTC)31. La KTC est un espace de

2000 hectares, situé à 60 km au sud de la capitale Nairobi et a pour objectif de créer 20 000 emplois

en cinq ans et dix fois plus à partir de 2030. Elle devrait être aménagée pour accueillir un véritable

écosystème de startups, d’investisseurs et de chercheurs. Le développement de Konza Technology

City pourrait coûter entre 10 et 14,5 milliards de dollars, dont 5% financés par le Kenya. Le reste sera

à la charge d’acteurs privés, qui loueront les terrains au gouvernement kenyan en contrepartie

d’avantages fiscaux.

Quelques écoles d’ingénieurs (ou universités) et centres de recherche figurent en annexe 4.

2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en

Afrique

55. Dans le domaine de l’économie numérique, il est primordial que les communications,

échanges et transactions soient fluides et sures. Les vitesses de transmissions de données et de

téléchargement des fichiers en Afrique sont les plus bas, comparés aux autres régions du monde.

30 https://fr.unesco.org/Rapport_UNESCO_science/Afrique 31 http://www.konzacity.go.ke/

0100200300400500600700800900

Leso

tho

Rép

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ntr

afri

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e

Gam

bie

Bu

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Togo

Gh

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Bo

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Sén

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l

Afr

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u S

ud

Nombre de chercheurs par millions d'habitants

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

25

Graphique 8 : Evolution, de 2014 à 2016, de la vitesse de téléchargement (download), des

abonnements au fixe et mobile large bande, ainsi que des dépenses en capital, dans les différentes

régions du monde.

Source: « Measuring the information society report32 », 2018, UIT

56. Un autre paramètre de mesure de performance du réseau internet qui demeure le réseau le plus

utilisé est la bande passante internationale dont dispose en moyenne chaque utilisateur pour son trafic,

exprimée en kbits/s par utilisateur internet. Le graphique suivant montre que cette bande passante

internationale est de loin la plus faible en Afrique.

Graphique 8 : Répartition de la bande passante internationale par utilisateur internet pour les

différentes régions du monde, en 2017,

Source: « Measuring the information society report33 » 2018, UIT

32 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf 33 Idem

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

26

57. La sûreté peut être évaluée à partir de l’indice global de cybersécurité qui agrège la robustesse

sur les cinq piliers : légal, technique, organisationnel, de ressources humaines et de coopération. Selon

le rapport 2017 de l’UIT, le score obtenu par la région Afrique sur chacun des cinq piliers est le moins

bon par rapport aux autres régions du monde, même si quelques pays africains (Ile Maurice, Rwanda

et Kenya) sortent du lot et ont des scores tout à fait acceptables.

Tableau 2 : Mesure de l’indice global de cybersécurité dans les régions du monde sur chacun des

cinq piliers.

REGION LEGAL TECHNIQUE ORGANISATIONNEL

RENFORCEMENT

DE CAPACITES COOPERATION

AFRIQUE 0,29 0,18 0,16 0,17 0,25

AMERIQUE 0,4 0,3 0,24 0,28 0,26

ARABE 0,44 0,33 0,27 0,34 0,29

ASIE-

PACIFIQUE 0,43 0,38 0,31 0,34 0,39

CEI 0,58 0,42 0,37 0,38 0,4

EUROPE 0,62 0,61 0,41 0,5 0,47

Source : Rapport « Global cybersecurity index34 » de l’UIT, 2017

58. L’impact positif du numérique à la formation du PIB ou dans la création d’emplois est attesté

par diverses études et cela est valable dans toutes les régions du monde. Dans « Measurig the

information society report » publié par l’UIT en 2018, il est mentionné qu’une étude faite par deux

chercheurs (Katz et Callorda) indique qu’un accroissement de 1% du secteur du numérique entraine

un accroissement du PIB de 0,13%.

59. Pour l’impact sur le PIB, nous allons nous servir des données du secteur du mobile dont les

données sont disponibles. Le graphique ci-après donne la contribution du secteur mobile au PIB en

Afrique subsaharienne.

Graphique 8 : Contribution du secteur mobile au PIB, en Afrique subsaharienne, de 2014 à 2020

Source : Rapports GSMA « L’économie du secteur mobile - Afrique subsaharienne35 36»

34 https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/str/D-STR-GCI.01-2017-R1-PDF-E.pdf 35 https://fr.readkong.com/page/l-economie-mobile-de-l-afrique-subsaharienne-2013-9377219?p=1 36 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

0.00%

1.00%

2.00%

3.00%

4.00%

5.00%

6.00%

7.00%

8.00%

9.00%

10.00%

2014 2015 2016 2017 2018 2020*

2020*: valeur estimée

Secteur mobile/PIB

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

27

3. Etats des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale

3.1 Infrastructures de communications et services numériques

3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques

60. Les services offerts sont regroupés en services de téléphonie fixe et fixe large bande, services

mobiles et mobiles large bande, l’accès à internet et les services numériques.

Le graphique suivant donne le taux de pénétration de la téléphonie fixe et celui de la téléphonie fixe

large bande pour les onze pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont extrêmement bas (de 0 à

4%), et ont une moyenne sous régionale respective de 0.87% et 0,18%. Ces taux sont inférieurs à la

fois à la moyenne africaine et à la moyenne mondiale (de 12,4% pour la téléphonie fixe).

Graphique 9 : Taux de pénétration du fixe et du fixe large bande

Source : Bases de données ICTEYE37 de l’UIT

61. Pour les services de téléphonie mobile et mobile large bande, le graphique ci-après en donne

le taux de pénétration pour les pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont en constante

progression d’une année à l’autre, avec une moyenne sous régionale respective 65,81% et 22,48% et

sont proches de la moyenne africaine et en deçà de la moyenne mondiale (respectivement de 103,6%

et 62%).

62. Pour le large bande, les vitesses de transmission de quelques mégabits (inférieurs à 10) sont

également faibles par rapport à la tendance mondiale (en centaines de mégabits par seconde). Ces

taux de pénétration de la téléphonie mobile ne tiennent pas compte des abonnés ayant plusieurs cartes

SIM, ce qui veut dire qu’il est encore plus bas s’il est calculé seulement pour les abonnés uniques.

37 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép. Démocratique du Congo

Guinée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

MOYENNE CEEAC

Pourcentage (%)

Pay

s d

e la

CEE

AC

Taux de pénétration du fixe Taux de pénétration du fixe large bande

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

28

Graphique 10 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande

Source : Bases de données ICT EYE, UIT38

63. Les tarifs d’interconnexion entre les opérateurs et fournisseurs de services, ou encore tarifs de

gros, influent sur le tarif de l’utilisateur final et peuvent constituer des barrières à l’entrée pour les

fournisseurs de service. Le graphique ci-après donne le tarif d’interconnexion de fixe à mobile et de

mobile à mobile, pour les pays de la CEEAC dont les données sont disponibles. Ils sont extraits d’un

tableau plus général figurant en annexe 4. On peut remarquer que les pays comme le Rwanda et le

Gabon qui ont un tarif d’interconnexion de mobile à mobile bas ont également les meilleurs taux de

pénétration en téléphonie mobile.

Graphique 11 : Tarifs d’interconnexion fixe à mobile et mobile à mobile au sein de la CEEAC.

38 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

0 20 40 60 80 100 120 140

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép. Démocratique du Congo

Gunée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

MOYENNE CEEAC

Pourcentage(%)

Pay

s d

e la

CEE

AC

Taux de pénétration du téléphone mobile

Taux de pénétration du mobile large bande

0 0.1 0.2 0.3 0.4

Angola

Cameroun

Tchad

Congo

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

Tarif ($)

Pay

s d

e la

CEE

AC

Fixe à Mobile

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29

64. Pour apprécier l’accès à internet dans la CEEAC, trois indicateurs sont utilisés : le pourcentage

de la population utilisant internet, celui d’habitations possédant un ordinateur et celui d’habitations

disposant d’un accès internet pour l’année 2017. Ces trois indicateurs sont illustrés par le graphique

suivant. Ils ont des valeurs très inférieures aux moyennes mondiales (respectivement de 48,6%, 46,9%

et 54,5%).

Graphique 12 : Pourcentage d’habitations ayant unordinateur, un accès internet et de la population

utilisant internet, pour l’année 2017.

Source : Bases de données ICT EYE, UIT39

65. Pour tous les pays de la sous-région dont les données sur la répartition du taux de pénétration

de l’internet selon le genre sont disponibles, il existe une fracture numérique40.

Dans l’écosystème de l’économie numérique, les services numériques couvrent tous les domaines et

sont variés. S’agissant de services fondés sur les TIC, peu de statistiques sont disponibles.

66. L’exemple du commerce électronique va être pris pour présenter l’état des lieux actuel en

Afrique Centrale. Le commerce électronique désigne le processus d’achat et de vente de produits et

services par des moyens électroniques tels que les applications mobiles et Internet. Il permet d’acheter

et de vendre des produits sur une échelle globale, vingt-quatre heures par jour sans encourir les mêmes

frais généraux liés à un magasin physique. Il peut être un commerce entre entreprise particuliers

(B2C), d’entreprise à entreprise (B2B) ou de particuliers à particuliers (C2C). Lorsque le commerce

électronique s’effectue au moyen d’appareils mobiles, il est appelé «m-commerce » qui est sous-

ensemble du commerce électronique. Selon le rapport « UNCTAD e-Commerce index 2018 : focus

on Africa41 », en 2016, des pays comme le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord,

39 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/ 40 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx 41 https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tn_unctad_ict4d12_en.pdf?user=46

0 10 20 30 40 50 60

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép.Democratique du Congo

Guinée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

Moyenne CEEAC

MOY MONDIALE

% de la population utilisant internet % d'habitations ayant un accès internet

% d'habitations ayant un ordinateur

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

30

la Chine et la Malaisie ont obtenu de bons résultats en e-Commerce représentant respectivement

7,3%, 6,9% et 6,4% de leur PIB. Une évaluation des performances du e-Commerce basée sur le

pourcentage d’individus ayant accès à internet, le pourcentage de personnes disposant d’un compte

auprès d’établissements financiers, le nombre de serveurs sécurisés et la qualité de la chaine

logistique, permet de calculer l’indice du e-Commerce B2C et de répertorier le Cameroun comme

10ème et le Gabon comme 12ème en Afrique en 2017, sur un total de 44 pays. Sont également classés

le Rwanda (19e), l’Angola (29e), le Congo (38e), le Burundi (40e), la RDC (41e) et le Tchad (43e). Il

en découle que les performances du e-Commerce B2C de plusieurs pays de la CEEAC sont en deçà

de la moyenne. En se basant sur le pourcentage de personnes ayant effectué un achat en ligne en 2017,

le Gabon (avec 6,1% de la population de plus de 15 ans) se classe 6ème en Afrique.

67. Pour donner une vue des prix pratiqués, pour ce qui est de la téléphonie mobile, le rapport

publié par l’UIT « Measuring the information society » en 2018, classe un ensemble de pays du

monde, à partir d’un panier de référence de services mobiles (53mn de communication et 100 SMS)

et son prix pour l’année 2017. Il exprime ce prix en pourcentage du revenu national brut (RNB) par

mois et l’utilise pour effectuer un classement des pays allant de Macao (1er avec 0,10%) au Libéria

(dernier avec 58,14%). Le tableau ci-après en donne un extrait pour les pays de la CEEAC (sauf le

Congo et la Guinée Equatoriale qui n’y figurent pas). On peut constater que tous ces pays figurent au

peloton de queue de ce classement, ce qui indique que les prix dans tous ces pays sont élevés comparés

au niveau de revenu. Par ailleurs, la Commission « Le large bande au service du développement

durable » des Nations Unies a fixé que le prix des communications électroniques devrait être inférieur

à 5% du RNB mensuel en 2015 et 2% en 2025. Rendu en 2019, l’objectif de 2015 est atteint par un

seul pays de la CEEAC.

Tableau 3 : Comparatif des prix de la téléphonie mobile dans les pays de la CEEAC.

PRIX D'UN PANIER DE REFERENCE (51mn, 100S MS) EN 2017

RANG PAYS %RNB $US PPA %Taxe RNB $US

115 Gabon 3,07 16,93 26,63 6,61

136 Angola 5,83 16,18 20,65 5 3,33

146 Rwanda 7,71 4,62 12,65 28 720

149

Sao Tome &

Principe 8,45 12,46 19,97 5 1770

161 Cameroun 12,02 13,62 33,21 19 1360

174 RDC 25,2 9,45 23,66 26 450

176 Burundi 30,03 7,26 18,52 18 290

178 Tchad 36,02 19 18 630

180 RCA 38,48 12,5 19 390

Source: « Measuring the information society report42 » UIT, 2018

68. Avec l’évolution technologique qui a conduit au tout numérique, tous les services offerts

dépendent de la qualité du trafic de données, en termes de rapidité, de délai de transmission et de

latence, et de disponibilité (assurée entre autres par la redondance des liaisons). Dans de nombreux

pays, la (faible) vitesse de l’internet est l’un des principaux problèmes limitant son utilisation.

42 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf

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31

69. En Afrique Centrale, beaucoup des services entrant dans l’écosystème de l’économie

numérique sont inexistants ou embryonnaires. On peut citer la fabrication d’équipements ou le

développement de contenus et solutions TIC ou autres adaptés au contexte et aux besoins locaux.

Au Rwanda, dans le domaine de fabrication et la commercialisation d’équipements, la société MARA

Phones fabrique les smartphones pour le marché de la région.

Au Tchad, la start-up Kouran Djabo a été créée en 2017 pour fournir de l'électricité aux familles les

plus modestes de Ndjamena. Elle met à leur disposition des kits solaires qui leur permettent, à minima,

de s'éclairer et de recharger les téléphones portables, moyennant un abonnement mensuel.

Au Gabon, la start-up Easytech offre des solutions dans le domaine du conseil et de l’intégration

logicielle aux administrations et entreprises depuis 2012.

70. Au Cameroun, concernant l’entreprenariat et l’innovation, plusieurs start-ups ont émergé,

avec parfois une certaine renommée. Parmi ces start-ups, on peut citer, sans être exhaustif :

MBOA Store d'ABEGA MOUSSA, une boutique d’application 100% africaine qui répond à

un souci de patriotisme numérique ;

Kyrio Games, le tout premier jeu vidéo africain développé par le jeune camerounais Olivier

MADIBA,

Drone Africa, un service de drones fabriqués au Cameroun par William ELONG, par un

jeune Camerounais ;

NJORKU de Churchill MAMBE, un moteur de recherche d’emplois ;

GIFTEDMOM de Alain NTEFF, une application de suivi médicale de femmes enceintes ;

WAZAPAY de SHEMBA Samuel NJUKWING, une plateforme de paiement en ligne et

porte-monnaie électronique ;

HImore Medical (Cardiopad) d’Arthur ZANG;

CAYSTY pour l’initiation des jeunes filles aux TIC développée par Arielle KITIO.

71. Les problèmes rencontrés par les startuppeurs vont de l’insuffisance de l’accompagnement

dans le démarrage de leur projet, aux difficultés d’avoir des ressources techniques, en passant par le

manque de financement sans oublier le coût et la qualité de la connexion internet.

3.1.2 Infrastructures de communications électroniques

72. Les infrastructures dans le domaine des télécommunications et TIC, sont constituées

essentiellement de réseaux à fibre optique qui est la dorsale (backbone) servant de support fiable pour

interconnecter les différents nœuds de réseau, utiles à toutes les parties prenantes du secteur, qu’il

s’agisse des opérateurs, des institutions ou des entreprises. Il sera présenté tour à tour les

infrastructures nationales et sous régionales.

73. Pour ce qui est du Cameroun, à titre d’exemple, le réseau de transport national terrestre à fibre

optique dispose d’un linéaire d’environ 12 000 kilomètres. Dix régions sur dix, 52 départements sur

58 et 209 arrondissements sur 360 ont accès à la fibre optique. S’agissant des autres pays, les unités

administratives de premier niveau (région, province ou département selon le cas) ont majoritairement

accès à la fibre optique. Le taux d’accès à la fibre optique baisse pour les unités administratives de

deuxième niveau (départements, province ou district selon le pays) et diminue sensiblement pour les

unités administratives de troisième niveau (arrondissement ou district). Dans tous les cas, l’utilisation

de la fibre optique dans le réseau d’accès (FTTH Fiber To The Home) est extrêmement rare et faible.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

32

74. Pour permettre d'échanger du trafic Internet local dans un territoire donné, les infrastructures

physiques dénommées points d’échange internet (IXP) sont nécessaires. Elles améliorent la qualité

du trafic internet et évitent les coûts supplémentaires importants liés au transport des données sur des

liaisons internationales. Deux pays de la CEEAC, à savoir le Cameroun et le Congo disposent de

deux IXP chacun. Cinq pays (Angola, Burundi, Gabon, RDC et Rwanda) possèdent chacun un IXP.

Quatre autres pays n’ont pas encore d’IXP. Un IXP est destiné à permettre aux opérateurs des

télécommunications, aux fournisseurs d’accès internet et même aux plateformes de contenus

d’échanger leur trafic en local en qualité de membre ou de participant de cet IXP. Le nombre de

participants par IXP est donné dans un tableau joint en annexe 3. Ce nombre varie de 4 à 13 et laisse

entrevoir qu’il existe encore dans chaque pays disposant d’un IXP des fournisseurs d’accès internet

non raccordé à cet équipement.

75. Lorsqu’un IXP permet ou permettra dans l’avenir de raccorder des membres situés dans

d’autres pays, il est appelé point d’échange internet régional (RIXP Regional Internet eXchange

Point). Trois pays de la CEEAC (Congo, Gabon et Rwanda) ont des RIXP. Le Congo et le Gabon ont

d’ailleurs eu l’un après l’autre l’aval de l’Union Africaine pour abriter un point d’échange internet

régional. Cependant, la faible interconnexion directe entre les pays de la CEEAC rend difficile

l’effectivité de mise en fonctionnement d’un point d’échange internet régional car un RIXP sans

liaison d’interconnexion directe peut être comparé à un pont sur un cours d’eau entre des pays voisins

non encore desservis par aucune route.

76. Nous examinons à présent dans les lignes qui suivent les liaisons d’interconnexion directe

entre les pays. Le projet Central Africa Backbone (CAB) est une initiative des chefs d’Etat de

l’Afrique Centrale en 2008 pour l’interconnexion fiable et à haut débit des pays de la sous-région par

fibre optique. Au nombre des résultats attendus figurent la transformation du paysage des

télécommunications dans les pays ; la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre

sans transiter par les câbles sous-marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de

l’internet à haut débit et la dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire

des Etats concernés. A ce jour, trois interconnexions directes de pays sont effectives (Cameroun -

Tchad, Guinée Equatoriale - Cameroun et Congo – Gabon). Il est important de remarquer que

plusieurs travaux d’interconnexion directe sont en cours.

77. Pour écouler leurs communications internationales, tous les pays de la sous-région Afrique

Centrale disposant d’une façade maritime possèdent une ou plusieurs stations d’atterrissement de

câbles sous-marins à fibre optique. Le projet CAB vise également à permettre aux pays de l’hinterland

d’écouler leurs communications internationales par ces mêmes stations d’atterrissement à partir

d’interconnexion directe avec le ou les pays concernés. La liste des stations ou points

d’atterrissement, par pays de la CEEAC, avec éventuellement leur capacité est jointe en annexe 4.

Certains pays possèdent plusieurs points d’atterrissement (le nombre de ces points d’atterrissement

pouvant aller jusqu’à cinq) et le maillage du réseau à fibre optique devrait permettre de basculer le

trafic d’un point à l’autre en cas de problème.

78. Pour la sécurisation des transactions, plusieurs pays (Cameroun, Gabon, Rwanda) ont mis en

place une infrastructure à clé publique. Cette infrastructure est indispensable pour la confiance en

l’économie numérique, en ce sens qu’elle permet de garantir la sécurité des données à travers

l’identification, l’authentification des partenaires dans leurs transactions, l’intégrité et la

confidentialité des données échangées, ainsi que la non répudiation des messages ou transactions. Les

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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opérations bancaires et/ou financières par exemple, peuvent être effectuées en toute confiance sans

risquer d’être infiltrées par les cybercriminels.

Il s’ensuit du développement précédent que la sous-région dispose encore de faibles capacités

en infrastructures large bande à fibre optique, avec un peu de redondance au niveau national,

mais dont l’ossature devant relier les pays entre eux, reste à mettre en place. Il a aussi été établi

que les prix des communications électroniques sont élevés, si on fait la comparaison avec les

autres régions, en tenant compte du revenu national brut mensuel.

79. Les défis à relever sont nombreux. On peut citer l’extension de l’infrastructure de transport et

d’accès à toutes les populations qui est lui-même lié au problème de financement, ainsi que de

l’interconnexion sous régionale. Une autre priorité porte sur l’amélioration permanente de la qualité

de service et d’expérience du consommateur des communications électroniques afin de garantir la

disponibilité des services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dans des environnements où le réseau à

fibre optique fait parfois l’objet de coupure alors que sa redondance n’est pas toujours assurée, ou

même le réseau électrique réseau est peu stable, tout ceci sans occulter les questions qualité propre

de la communication.

3.2 Politiques nationales et sous régionales

3.2.1 Au niveau national

80. Certains pays disposent déjà d’une stratégie de développement de l’économie numérique,

mais d’autres n’en disposent pas encore. Il va être examiné spécifiquement le cas de quelques pays.

Pour ce qui est du Burundi, ce pays dispose d’un plan de développement du large bande dénommé

« Burundi large bande 2025 ». Pour donner corps à la vision du Burundi pour les TIC, son

gouvernement a décidé de définir une politique large bande, qui est l’acheminement de plusieurs

formats (voix, vidéo, texte et données) sur un seul canal via des techniques assurant des vitesses d’au

moins 256 kbit/s, qui servira de trajectoire à tous les acteurs des TIC, reconnaissant ainsi l’importance

socio-économique des services à large bande pour le développement national. Il veut garantir la

disponibilité de l'infrastructure nécessaire pour pouvoir fournir des services de qualité à tous les

citoyens et à des tarifs abordables. Le Burundi est conscient du fait que le haut débit est considéré

comme une denrée de première nécessité au même titre que l’électricité et va avoir un impact sur

l’industrie 4.0 similaire à celui que l’électricité a eu lors de la révolution industrielle. Le plan national

large bande du Burundi a pour objectif général de maximiser les avantages socio-économiques du

large bande aux entreprises et aux citoyens par la disponibilité des services numériques à des prix

abordables. En outre, l’évolution de l’Internet au Burundi est assez lente, les Fournisseurs d’Accès

Internet (FAI) restant implantés uniquement à Bujumbura et dans quelques grandes villes de

l’intérieur du pays, occasionnant ainsi une faible pénétration et la fracture numérique. C’est ainsi que,

tenant compte de ce que les TIC constituent un secteur transversal, générateur de revenus substantiels

et d’emplois et servant de base pour structurer, dynamiser et promouvoir d’autres secteurs comme

l’éducation, la santé, le commerce, l’administration publique, le transport, le tourisme, le

Gouvernement du Burundi a mis en place un Projet d’Infrastructure de Communication (PIC) financé

par la Banque Mondiale, un réseau de transport à fibre optique (Dorsale nationale) couvrant tout le

territoire national. Parmi les principaux acteurs, on peut citer le Ministère de la Jeunesse, des Postes

et des Technologies de l’information, l’Agence de Régulation et de Contrôle des

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

34

Télécommunications, les opérateurs (Econet Leo SA, ONATEL, etc.), les fournisseurs de services et

d’accès internet, etc.

81. Au Cameroun, la Vision à l’horizon 2035 formulée ainsi qu’il suit « Le Cameroun : un pays

émergent, démocratique et uni dans sa diversité » de même que le document de planification

décennale (DSCE - Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi) accorde la priorité, entre

autres, aux TIC et à l’économie numérique. Pour opérationnaliser cette vision dans le secteur de

l’économie numérique, un « Plan stratégique Cameroun 2020 » a été élaboré en 2016. La vision du

plan stratégique est de faire du Cameroun « un pays numérique en 2020 ».

82. Pour rendre concrète cette vision, les choix stratégiques opérés s’articulent autour de huit axes

associés chacun à un objectif stratégique. :

Axe 1 : « Développer les infrastructures large bande », avec pour objectif stratégique de généraliser

l’accès large bande pour les citoyens, les entreprises et les ménages. Différentes actions et initiatives

sont pour une véritable politique d’aménagement numérique du territoire national, par la mise en

place des infrastructures de qualité, garantissant un accès haut débit sur l’ensemble du territoire des

entreprises et des ménages, et la connectivité directe avec les pays de la sous-région Afrique Centrale.

Axe 2 : « Accroître la production et l’offre des contenus numériques » avec pour objectif de disposer

des contenus attractifs développés et hébergés au niveau local.

Axe 3 : « Assurer la transformation numérique de l’administration et des entreprises », avec pour

objectif d’accélérer la transformation numérique de l’administration et des entreprises pour accroître

leur efficacité, transparence, compétitivité et leur productivité.

Axe 4 : « Promouvoir la culture du numérique par la généralisation de l’usage des TIC dans la société

». L’objectif ici est d’améliorer la qualité de vie du citoyen par un meilleur usage du numérique.

Axe 5 : « Renforcer la confiance numérique ». Les actions proposées ici visent notamment la

sécurisation du cyber espace camerounais.

Axe 6 : « Développer une industrie locale du numérique et encourager la recherche et l’innovation ».

Son objectif est de développer au niveau national, des biens et services numériques produits

localement. Les actions et initiatives proposées ici sont celles qui permettent de développer des pôles

d’excellence dans l’innovation en matière du numérique.

Axe 7 : « Assurer le développement du capital humain et le leadership dans le numérique ».

L’illettrisme numérique constitue un frein important à l’avènement de la société de l’information A

cet effet, le renforcement des capacités des ressources humaines est une priorité pour faire du

Cameroun un pays numérique en 2020.

Axe 8 : « Améliorer la gouvernance et l’appui institutionnel » avec pour objectif de créer un

environnement propice à l’essor du numérique pour le développement économique. En effet, la mise

en œuvre des activités transversales telles que l’adaptation du cadre juridique et réglementaire, la

mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre de l’ensemble des projets identifiés à

travers des modes de financement innovants tels que les fonds de capital-risque, sont autant de

facteurs indispensables à l’émergence d’une société de l’information inclusive au Cameroun. Un plan

d’actions prioritaires recense de nombreux projets à exécuter avec une évaluation sommaire de leur

coût.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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83. Quelques valeurs cibles pour mesurer les progrès accomplis ont été fixées. Ainsi, la

contribution au PIB devrait passer de 5 à 10%, le nombre d’emplois directs de 10000 à 50000 et la

contribution annuelle au titre d’impôts et taxes de 136 milliards à 300 milliards de Fcfa.

Parmi les acteurs, pour tenir compte de l’important rôle du capital humain, un accent est mis sur la

formation professionnelle dans les universités et écoles d’ingénieurs ainsi que dans les instituts privés

d’enseignement supérieur.

84. La stratégie d’industrialisation du Cameroun est déclinée dans le Plan directeur

d’industrialisation adoptée en 2017. Ce plan est destiné à asseoir les bases solides pour un

développement industriel intégré et compétitif, cohérent et compatible avec l’énorme potentiel en

ressources du sol et du sous-sol camerounais. Parmi les filières porteuses qui sont ciblées, l’agro-

industrie, l’énergie et le numérique figurent au premier rang. Le Cameroun ambitionne ainsi

d’accroître de 24% contre 13% actuellement, la contribution du secteur industriel dans la formation

du PIB du pays afin d’atteindre les objectifs d’émergence à l’horizon 2035

85. Au Congo, les pouvoirs publics se sont engagés au développement du secteur des

télécommunications et des technologies de l’information et de la communication pour soutenir l’essor

de l’économie numérique. Cet engagement est réaffirmé dans la vision du pays dénommée « La

Marche vers le Développement » dans son point cinq (5) qui stipule : « arrimer le Congo au

développement de l’économie numérique ». Il est question de créer les conditions adéquates afin de

bâtir une véritable société de l’information et du savoir, dans laquelle l’administration,

l’enseignement, la santé, le commerce et bien d’autres services, utilisent les TIC afin de doter le

Congo d’une politique nationale de développement des TIC, axée sur le e-gouvernement, le e-citoyen

et le e-business. Un des défis est la mobilisation des ressources nécessaires pour achever la couverture

nationale en télécommunications, et de donner la possibilité aux congolais de se connecter et, par la

même occasion, de faciliter la création d’applications et des services à valeur ajoutée, qui à n’en point

douter, devraient stimuler la croissance économique, l’emploi et par-dessus tout, le développement.

86. Le gouvernement du Congo se projette de mettre en place un cadre permettant d’assurer la

connexion des usagers au large bande ; de faciliter l’acquisition de l’outil informatique et de rendre

l’utilisation effective des technologies de l’information et de la communication obligatoire au sein

des administrations afin de contribuer à l’amélioration de l’environnement socioéconomique et

d’assurer la croissance durable sur la base d’une société de l’information et du savoir.

87. Des actions comme l’adoption de la politique nationale de développement des technologies

de l’information et de la communication (cyber stratégie), le renforcement des capacités du régulateur

(ARPCE) ou la mise en place effective du Fonds de Service Universel (FSU) comme réponse aux

obligations d’un accès aux services TIC pour tous les citoyens vivant dans des zones géographiques

non économiquement viables ou mal desservies sont prévues.

88. Au Gabon, la stratégie du gouvernement définie dans le Plan stratégique Gabon Emergent

(PSGE) accorde une place de choix à l’économie numérique. Le Plan sectoriel Gabon numérique du

PSGE prévoit de faire du Gabon un pays disposant d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de

son territoire, permettant le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut

qualitatif majeur dans les services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent. Ainsi, la mise

en œuvre du Programme Gabon numérique va entrainer des progrès significatifs dans les domaines

suivants : l’amélioration de l’accès par une plus forte couverture du territoire national, notamment en

zones rurales, l’amélioration de la qualité de service, l’augmentation substantielle du débit

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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d’Internet, la construction d’un Backbone national en fibre optique, les mesures incitatives à la baisse

du prix des terminaux, la mise en place d’un cadre juridique complet sur les TIC, la baisse des coûts

de communication.

89. L’exemple de la politique nationale du Rwanda est donné dans un encadré plus loin, comme

un cas de transformation numérique réussie.

Nous n’avons pas trouvé de données disponibles pour les autres de la CEEAC ne figurant pas dans

cette rubrique.

3.2.2 Au niveau sous régional

90. Le cadre légal et réglementaire au niveau sous régional est défini au sein de la CEEAC à

travers des lois type pour harmoniser les politiques et garantir leur cohérence. Huit lois type dans le

domaine du numérique sont en vigueur et sont ainsi libellées :

Loi type portant cadre Juridique et Institutionnel général du secteur de communications

électroniques Brazzaville novembre 2016 ;

Loi type relative aux régimes d’accès et aux activités de communications électroniques

Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi type relative au service universel et les mécanismes de son financement Brazzaville,

novembre 2016 ;

Loi type relative aux fréquences radioélectriques et aux ressources en numérotation

Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi type relative à l’interconnexion Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi-type relative aux transactions électroniques ;

Loi-type relative à la protection des données à caractère personnel ;

Loi-type portant sur la lutte contre la cybercriminalité dans les Etats Membres de la

CEEAC/CEMAC.

91. Le niveau de transposition de ces lois types dans les législations nationales des onze Etats

membres de la CEEAC reste faible. En fait, il se trouve qu’après la phase d’élaboration des lois

type, il était prévu une deuxième phase pour l’accompagnement et le suivi de leur transcription dans

les lois nationales, mais cette phase n’a pas véritablement démarré.

92. Alors que l’économie numérique repose de plus en plus sur les données (Big data, IA,

etc.), la plupart de pays ne disposent pas de loi sur la protection des données à caractère

personnel.

Au niveau des instances politiques sous régionales, plusieurs projets ont été arrêtés en faveur du

développement et de l’intégration sous régionale. Parmi ceux-ci figurent, le projet Central Africa

Backbone (CAB), le Plan d’Action Consensuel de Déploiement des Infrastructures de

Communications Electroniques de l’Afrique Centrale (PACDICE-AC), l’Accord de coordination des

fréquences aux frontières.

93. En 2008, au terme d’un sommet, les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire

de l’Afrique Centrale avaient décidé de doter la sous-région d’un réseau de télécommunications fiable

à haut débit qui devrait relier, au moyen d’une connexion terrestre à fibre optique, plusieurs pays de

la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale. Au nombre des résultats attendus

figurent la transformation du paysage des télécommunications dans un pays ; la transmission de

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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données d’un pays de la sous-région à un autre sans transiter par les câbles sous-marins

internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de l’internet à haut débit et la dissémination

de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire des Etats concernés. Plus de dix ans

après, les objectifs assignés sont loin d’être atteints.

94. Le PACDICE-AC, adopté en mars 2019, est un programme de renforcement des

infrastructures communautaires large bande des Etats membres et d’interconnexion des

infrastructures large bande entre les Etats membres. Le programme de renforcement des

infrastructures communautaires large bande des Etats membres va combler les chaînons manquants

permettant d’atteindre les dernières chambres d’interconnexion au niveau des frontières des différents

pays et avec le concours de la CEEAC, doit aider les Etats membres concernés à lever les fonds

nécessaires à leur réalisation

95. Le programme d’interconnexion des infrastructures large bande des Etats membres obéit à

trois principes directeurs ; chaque Etat membre doit être interconnecté à chacun de ses voisins par au

moins un câble en fibre optique ; toute liaison d’interconnexion de deux Etats membres utilisant une

infrastructure internationale est une liaison de second choix ; la desserte du plus grand nombre des

citoyens doit être assurée le long du parcours de toute infrastructure d’interconnexion. Ce programme

s’est fixé deux objectifs spécifiques : parachever les interconnexions deux à deux entre les Etats

membres et interconnexion aux CERs voisines (ECOWAS, EAC, SADC) avec deux critères de

choix ; câbles posés entre deux capitales doit traverser autant que faire se peut le plus grand nombre

des localités habitées situées entre les deux Etats et pose des câbles le long des routes, chemins de fer

et infrastructures électriques.

96. La mise en œuvre de ce programme permettra de lever les problèmes suivants : des tarifs de

communications élevés dans la sous-région ; du contournement du trafic de la sous-région vers

d’autres backbones ; de la perte des opportunités liées aux externalités de réseaux ; de la perte des

devises dans la sous-région…

97. Dans le cadre des transactions électroniques, le problème de reconnaissance des certificats

électroniques émis par les infrastructures à clé publique (PKI) de chaque pays, par les autres pays

restreint la sécurisation des transactions au niveau national.

Pour garantir la fluidité du réseau internet et faire en sorte que le trafic national ou sous régional ne

transite pas par des pays non régionaux, un programme de déploiement des points d’échange internet

(IXP) national et régional est déployé sous l’égide de l’Union Africaine.

98. Il existe des accords de coordination et de partage des fréquences radioélectriques dans les

zones frontalières entre certains Etats membres (entre le Cameroun et le Tchad par exemple). Ces

accords comprennent le passage en revue des différentes conditions et possibilités de partage des

canaux dédiés aux opérateurs et fournisseurs de services de communications mobiles. Ils fixent le

cadre et les paramètres du contrôle d’empiètement des réseaux dans les zones frontalières pour

permettre un fonctionnement harmonieux des réseaux, éviter les brouillages réciproques. Ils règlent

le problème de roaming accidentel, notamment lorsque le free roaming n’est pas encore mis en œuvre,

et jettent les bases en vue du partage et de la coordination des fréquences aux frontières des pays pour

une optimisation de la gestion du spectre de fréquences radioélectriques pour l’ensemble des localités

frontalières et l’élaboration d’une cartographie de couverture. De tels accords n’existent pas entre

certains pays.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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Pour ce qui est de l’étendue des marchés, la libre circulation des personnes et des biens (matériels

homologués de TIC par exemple) existe en Afrique Centrale ainsi que la zone de libre-échange

continentale africaine (ZLECA), mais ne sont pas effectivement mises en œuvre.

3.2.3 Impacts de l’économie numérique dans la sous-région

99. Pour indiquer l’impact de l’économie numérique sur le PIB ou les recettes fiscales, il va être

pris en compte seulement le secteur mobile pour lequel les données sont disponibles. Selon le rapport

« L’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne 2017 » de la GSMA43, en 2016, les

technologies et services mobiles ont généré 110 milliards de dollars de valeur économique en Afrique

subsaharienne, soit 7,7% du PIB. La contribution du mobile au PIB devrait passer à 142 milliards de

dollars, soit 8,6% du PIB d’ici 2020 puisque les pays bénéficient d’une amélioration de la productivité

et de l’efficacité apportées par l’augmentation des abonnements aux services mobiles. L’écosystème

du secteur mobile a également permis de soutenir 3,5 millions d’emplois en Afrique subsaharienne

en 2016. Outre l’impact du secteur du mobile sur l’économie et le marché du travail, il apporte

également une contribution importante au secteur public, avec 13 milliards de dollars payés en 2016

sous forme d’impôts.

100. Sur la base de l’état des lieux, des tendances générales dans le domaine de l’économie

numérique et en tenant compte des potentialités des pays de la sous-région, les principales

opportunités pour l’accélération de la diversification économique vont être identifiées par pays ou

groupe de pays selon le cas, ainsi que les défis à relever pour les saisir.

4 Opportunités et défis de l’économie numérique pour l’accélération de la diversification

économique et de l’industrialisation dans la sous-région

4.1 Opportunités

101. Le financement de l’économie numérique se pose, tout comme celui de l’industrialisation ou

autres, et les marchés financiers peuvent en constituer une réponse. En effet, les marchés financiers

constituent une solution pour lever les fonds en vue du financement de l’économie. Les marchés

financiers sont devenus tous électroniques et l’existence d’un socle numérique, de qualité et sécurisé

est déterminant pour un bon fonctionnement d’un marché financier régional. Les marchés financiers

ont ainsi besoin des TIC pour décoller et donnent l’opportunité de lever des fonds en vue du

financement de l’économie en général et des activités de transformation numérique ou

d’industrialisation en particulier.

102. L’’économie numérique est une opportunité pour accroitre la taille de marché de manière

considérable. La taille de marché qui était auparavant associée à la taille d’un pays ou de la

communauté économique à laquelle il appartient, est maintenant sans limite, ou correspond à 50% de

la population mondiale accédant à internet, soit environ 3,8 milliards de personnes. C’est cela qui fait

en sorte que les plus grandes entreprises de nos jours, ce ne sont plus les entreprises pétrolières, mais

celles de ce qui est qualifiée de nouvelles économies reposant sur les plateformes qui accèdent par le

biais de l’internet aux potentiels clients situés dans tous les pays du monde. Plusieurs entreprises de

par le monde en tirent profit. La qualité et robustesse des outils numériques, alliée à un bon capital

43 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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humain peut permettre à la sous-région de bénéficier davantage de l’accès généralisé au marché

qu’offre l’économie numérique.

103. Investir dans l’éducation permet d’apporter les ressources intellectuelles nécessaires à la

recherche et à l’innovation. De même, construire des infrastructures, notamment dans le domaine des

TIC, sert de fondement aux plates-formes en faveur de l’innovation. Tel est, selon OMPI Magazine,

le rôle important que jouent les TIC en faveur de l’innovation.

104. L’économie numérique est une opportunité pour l’Administration pour mieux répondre aux

besoins des populations. En effet le e-Gouvernement présente de nombreux avantages : la

simplification des démarches, l’amélioration de la célérité et de la transparence dans le traitement des

demandes des usagers, la lutte contre la corruption, la réduction des cas de vols à cause du non

maniement des espèces, etc. Les services visés ici sont nombreux et comprennent : la déclaration

d’impôts en ligne, le paiement en ligne des droits et amendes, la création d’entreprise en ligne, la

déclaration et l’obtention en ligne d’actes, permis ou documents divers (acte de naissance, acte de

mariage, carte grise, permis de conduire, carte nationale d’identité, permis de bâtir, visa, etc.).

105. Il est établi que le numérique peut avoir une contribution appréciable dans l’atteinte des

objectifs de développement économique, social et culturel. Par exemple, les questions de santé

comme celles de l’éducation, qui constituent la trame des ODD n°2 et n°3, peuvent en partie être

réglées grâce à l’apport du numérique. De même, tous les pays de la sous-région ont dans leur agenda

l’ambition de développer le secteur des services (tourisme, commerce, activités financières), bref le

secteur tertiaire dans son ensemble, et le numérique va être très utile pour cela.

Les domaines prioritaires identifiés et présentés ci-après sont choisis en fonction de la disponibilité

des intrants et matières premières, des perspectives d’écoulement de la production sur le marché

national, régional ou international et du potentiel en termes de création ou de transformation de

l’emploi.

106. En Afrique Centrale, le secteur agricole apparait comme un secteur avec des perspectives

favorables en termes de diversification économique et le numérique va pouvoir aider à saisir les

opportunités de croissance dans le domaine agricole et de l’agro-industrie. En effet, les besoins en

matière agricole sont nombreux et croissants, les terres arables sont plus ou moins abondantes et le

numérique peut avoir une contribution à apporter dans les différentes phases de production et de

commercialisation. Dans la phase de production, le numérique peut contribuer à une meilleure

sélection des intrants adaptés au sol, à mieux surveiller l’évolution des cultures, contrôler l’irrigation

ou apporter le traitement phytosanitaire approprié. Ainsi, des applications croisent les données

satellitaires et informations communiquées par les exploitants agricoles pour identifier les variétés

les mieux adaptées aux conditions locales de sol et de climat, ainsi que les traitements phytosanitaires

les plus indiqués. Des capteurs plantés dans le sol peuvent renseigner en temps réel sur la croissance

des semis et détecter rapidement des anomalies, comme par exemple des déviations par rapport aux

paramètres habituels de qualité des sols.

107. Dans la phase de commercialisation, le numérique permet d’assurer le marketing, la vente (y

compris à distance), la livraison (GPS) et le paiement.

Trois problèmes majeurs, à savoir l’insuffisance des quantités produites, la faible transformation

locale et le vieillissement des producteurs sont ainsi identifiés et doivent être adressés. Le numérique

est une opportunité pour apporter des solutions à ces problèmes notamment en motivant les jeunes à

s’intéresser à l’activité agricole.

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40

En raison de son image traditionnelle, le secteur agricole n’est pas d’emblée associé aux technologies

numériques. Or l’usage de ces innovations se répand rapidement dans tous les domaines, y compris,

celui de l’agriculture.

108. Dans un autre domaine, celui des machines agricoles, l’intégration de dispositifs numériques

permet d’optimiser leur utilisation. En diagnostiquant tôt des défaillances mécaniques ou en

formulant des conseils adaptés à chaque utilisateur, le coût de fonctionnement des machines peut être

réduit. Enfin, pour ce qui est de la commercialisation, l’accès aux informations relatives aux marchés,

aux demandes des fournisseurs et au prix, permet d’écouler rapidement la production au meilleur prix

tout en optimisant la gestion du stockage et des transports. Aussi, avec l’entrée en vigueur prochaine

de la zone de libre-échange économique africaine, les possibilités d’écoulement des produits se

trouvent décuplées. La sous-région dispose d’une start-up de fabrication de drones pouvant être

utilisés pour la surveillance de la production agricole.

Encadré 5 : L’utilisation de drones en Tunisie dans le domaine agricole

Source : Article Webmanagercenter, avril 201944

109. Dans le domaine forestier, le bassin du Congo qui couvre le Cameroun, la République

centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée

équatoriale est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne. Il couvre plus de

deux millions de km². Il connait une surexploitation du bois et la déforestation est importante. Les

dégâts sont écologiques avec une diminution de la biodiversité mais les conséquences sont aussi

économiques avec la perte de ressources financières, liée à une faible transformation, voire une

absence de transformation.

Le numérique est un outil puissant pour une gestion optimale des ressources forestières et la création

de la valeur par la transformation. L’exemple du Gabon est assez édifiant. Récemment, le ministère

chargé des Forêts a annoncé la mise en place d’un système national de surveillance satellitaire des

forêts. L’objectif de ce dispositif de surveillance est de prévenir les activités susceptibles de porter

atteinte à l’intégrité forestière, mais surtout de veiller à l’exploitation rationnelle de la forêt.

44 https://www.webmanagercenter.com/2019/04/08/433405/tunisie-des-drones-agricoles-pour-sidi-bouzid/

L’exemple de la Tunisie qui utilise des drones pour améliorer la productivité agricole est assez

édifiant. En effet, en Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD), le ministère tunisien de

l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’agence gouvernementale sud-

coréenne Busan Techno Park a signé, le 8 avril 2019 à Tunis, un accord tripartite prévoyant le

déploiement, dès la fin avril, de drones dans des projets agricoles de la région de Sidi Bouzid, au

centre du pays. Ce projet pilote a été initié par la Banque qui, par le biais du fonds de coopération

économique Corée-Afrique (KOAFEC), a organisé le transfert de technologies pour l’utilisation des

drones. Cet accord a pour objectif de soutenir le gouvernement tunisien dans sa politique visant à

améliorer la productivité agricole. Par la mise en fonction de drones, ce projet permettra de fournir

rapidement des informations clés susceptibles d’optimiser l’utilisation des systèmes d’irrigation et

des engrais, de détecter de manière précoce les maladies qui affectent la production agricole, et

d’améliorer, par l’actualisation des données statistiques, la prise de décision durant les différentes

phases du projet. Un centre d’excellence régional sera créé en Tunisie pour partager cette

expérience à d’autres pays africain.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

41

110. Cette surveillance améliorée permettra d’assurer le respect des dispositions légales prévues

par le Code forestier en République gabonaise relatives à l’élaboration et au suivi des plans

d’aménagement, pour une gestion durable des forêts au Gabon.

Le système facilitera l’exploitation rationnelle de la forêt, la faune sauvage et des ressources. En

outre, l’outil de surveillance satellitaire va permettre de cartographier les paysages, en particulier la

forêt. Mais aussi, de surveiller la déforestation ou la (re) végétalisation des zones exploitées.

111. Dans le domaine des services financiers, la technologie numérique a transformé de fonds en

comble les activités. Le service financier numérique le plus porteur dans les pays en développement,

en Afrique et dans la CEEAC est le mobile money. Le mobile money permet aux gens de recevoir,

garder et dépenser de l’argent en utilisant un téléphone portable. Il est appelé parfois portefeuille

mobile où on utilise le nom propre au fournisseur du service tel que mPesa, EcoCash, GCash, Tigo

Pesa, MTN mobile money, Orange money, EU mobile money, etc. Chaque utilisateur du mobile

money a un numéro de compte unique et ce numéro est identique au numéro de téléphone portable.

En utilisant le menu ou l’application du portefeuille mobile sur leur téléphone portable, les utilisateurs

peuvent transférer des fonds à quelqu’un ou payer des sociétés comme des magasins ou des

restaurants, ou retirer de l’argent de leur portefeuille mobile auprès des agences dans leur pays. Les

portefeuilles mobiles sont une alternative populaire aux espèces et aux banques parce qu’ils sont

faciles à utiliser, sécurisés et on peut les utiliser partout où il y a un signal de téléphone portable.

112. Les possibilités de croissance du mobile money restent énormes. Selon un rapport de la

GSMA, 40% de la population adulte utilisaient le mobile money en 2016, pour un taux de pénétration

de la téléphonie mobile de l’ordre de 65% dans la CEEAC. Si on prend en compte le fait que ce taux

de pénétration pourra atteindre 90% dans les prochaines années et dans l’hypothèse d’une adoption

toujours forte du mobile money par les populations et les acteurs économiques (comparable à ce qui

est observé au Kenya où 90 % des abonnés à la téléphonie mobile utilisent le M-pesa), une simple

extrapolation montre que le pourcentage de la population utilisant le mobile money va être autour de

81%. Le mobile money va donc continuer à avoir une croissance phénoménale. Ce qui augure

également de belles perspectives pour la fintech.

113. Contraction de finance et technologie, le terme fintech est utilisé pour décrire des entreprises

innovantes, plutôt jeunes, utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l'intelligence

artificielle, etc., pour fournir des services financiers de façon plus efficace et moins chère. Il s'agit

généralement de startups, même si des acteurs historiques du paiement ou du logiciel bancaire se

présentent parfois sous ce terme.

114. Selon le cabinet KPMG, les fintechs ont connu une explosion en 2015 avec des montants

investis par les fonds de capital-risque dans les startups du secteur de 47 milliards de dollars cette

année-là. Ils prennent dans certains cas la forme de néo banque, avec la possibilité d’avoir un

compte bancaire ouvert sur internet et sans agence physique. Les néo banques 100% digitales, sans

agence, proposent un compte et une carte de paiement à bas coûts ou disposent d’applications de

paiement de gestion des finances personnelles ainsi que des outils de gestion de patrimoine ou

d'investissement automatisé. Certains proposent des services financiers aux entreprises, PME ou

grands comptes, par exemple le transfert de devises en ligne ou l'affacturage dématérialisé.

115. D’autres, à l'image des plateformes de financement participatif, mettent en relation des

porteurs de projets, créateurs, commerçants, PME, et des investisseurs, particuliers ou

professionnels (crowdfunding en dons avec ou sans récompenses, crowdlending prêts aux PME, ou

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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crowdequity pour financement en capital). Les Insurtech dans le domaine de l’assurance offrent les

services de comparateur, d'assurance collaborative, ou d'assurance santé 100% digitale.

116. Il y a lieu de remarquer que l’innovation est au cœur des activités des fintech. Constatant

que les services financiers mobiles money ne sont pas interopérables, la start-up WeCashUp dont

le fondateur est Cédric Atangana, a développé une passerelle de paiement mobile universelle pour

l’Afrique. Selon Cédric Atangana, l’Afrique compte plus de 155 formats de paiement mobile. Avant

l’arrivée d’une application comme WeCashUp, les e-commerçants devaient intégrer ces multiples

plateformes en fonction des demandes clients. Une passerelle universelle comme WeCcashUp facilite

grandement les paiements électroniques, grâce à l’intégration d’une API (interface de dialogue), qui

connectera le commerçant au bon standard de paiement. En dehors des e-commerçants, WeCashUp

travaille avec des banques, et des acteurs de la microfinance.

117. Toujours concernant les services financiers, la cryptomonnaie, une forme de monnaie

virtuelle, ne cesse de croître dans le monde, y compris en Afrique et certains économistes estiment

que cette innovation révolutionnaire a toutes ses chances sur le continent.

La cryptomonnaie ne connaît pas de frontières puisqu’elle dépend d’Internet : les transactions sont

enregistrées dans une base de données distribuée appelée « chaîne de blocs » (blockchain), soit un

ensemble d’ordinateurs connectés qui génèrent un registre en temps réel. La particularité de la

cryptomonnaie réside dans le fait qu’elle n’est pas encore réglementée par les États et ne passe par

aucun intermédiaire. Les transactions se font sur le Web et peuvent donc avoir lieu n’importe où dans

le monde. Parmi les principales marques mondiales de cryptomonnaies, on compte Bitcoin, Litecoin,

XRP, Dash, Lisk et Monero, mais Bitcoin arrive en tête en Afrique. Les cryptomonnaies pourraient

devenir le nouveau mode de transaction financière à l’ère numérique. D’ici à 2020, il y aura, en

Afrique, 725 millions d’utilisateurs de téléphone portable, selon la GSMA et davantage d’Africains

seront ainsi en mesure d’entrer dans l’univers de la cryptomonnaie. Les gouvernements ne

réglementent pas actuellement les cryptomonnaies et cela favorise sans doute leur croissance. Le fait

que les utilisateurs de cryptomonnaies puissent envoyer de l’argent partout où une connexion Internet

est disponible à peu de frais et sans l’interférence d’un tiers est un avantage que la plupart de monnaie

n’offre pas.

118. Les voitures autonomes de demain utilisent les outils numériques pour leur pilotage. De

même, pour une meilleure protection de l’environnement, les voitures de demain vont voir leur

moteur thermique remplacé par des moteurs électriques avec des batteries électriques. Ces batteries

électriques sont fabriquées à partir du cobalt, minerai dont regorge abondamment la RDC. Les

batteries des smartphones sont également fabriquées à partir du cobalt et en tenant compte de la

croissance prévue pour la téléphonie mobile large bande, cela préfigure de beaux jours pour l’avenir

de l’utilisation du cobalt dans l’industrie. En effet, 40 % du cobalt produit dans le monde est utilisé

dans les batteries pour smartphones et celles pour voitures électriques. Selon une étude commanditée

par Glencore, le nombre de ces véhicules devrait dépasser les 30 millions d'ici à 2030, la production

du minerai devrait, pour satisfaire les besoins, augmenter de 314 000 tonnes, soit plus de 300 % par

rapport au niveau de 2016. Dans le seul secteur des batteries, la demande mondiale de cobalt a triplé

depuis 2011 et devrait continuer sur cette voie. Elle passerait de 46 000 tonnes en 2017 à environ

190 000 tonnes d'ici 2026, selon l'analyste du secteur par Benchmark Mineral Intelligence.

119. La RDC produit environ 60% du cobalt mondial et possèderait 50% des réserves de ce métal.

La production de cobalt en RDC est duale. Elle provient de grands groupes mais aussi d'une multitude

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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de producteurs artisanaux, employant quelque 200 000 personnes, ce qui pose le problème

d’exploitation judicieuse et de sécurité pour ces personnes.

120. Dans un premier temps, l’utilisation des outils numériques pourrait optimiser la gestion des

différents sites d’extraction du minerai, assurer la traçabilité de la production, en maitriser les

quantités et renforcer la sécurité dans les différents sites. Mais c’est surtout l’industrialisation pour

produire des produits semi finis, voire finis qui peut permettre de créer davantage de valeurs. Le

numérique est un puissant outil d’optimisation, de suivi de la chaine de production et d’automatisation

de ses différents processus. Une opportunité que la RDC devrait saisir.

121. Un autre minerai très précieux du fait de son utilisation dans l’industrie électronique, le coltan

fait partie de ces produits très convoités, qui font l’attrait, de quelques régions d’Afrique Centrale et

surtout de la RDC. Le terme coltan est employé pour désigner colombite-tantalite, minerai de couleur

noire ou brun rouge dont on extrait le niobium et le tantale. C’est ce dernier qui fait toute l’utilité du

coltan. En effet, de par sa résistance à la chaleur et la corrosion, le tantale produit à partir du coltan

est très recherché dans la fabrication de certains composants électroniques comme les condensateurs

d’ordinateurs et de téléphones portables. Selon les estimations, le secteur de l’électronique

monopoliserait 60 à 80% du marché du tantale. Son utilisation s’étend aux missiles, fusées ou encore

les avions. On l’utilise dans la composition d’alliages de cobalt et de nickel dans l’aéronautique et la

fabrication des réacteurs. Les ressources mondiales de coltan sont réparties dans de nombreux pays,

en particulier l’Australie, le Brésil, la Chine, le Canada, l’Espagne et la RDC. La RDC abrite les plus

importantes réserves de ce minerai, soit de 60% à 80% des réserves mondiales connues

122. La RDC n’est cependant pas le seul pays de la sous-région riche en coltan. Le Rwanda voisin

peut également produire du coltan, notamment dans la région de Gatumba. Très souvent,

l’exploitation du coltan se fait de manière sauvage et entraine des effets néfastes sur l’écosystème

local, notamment la faune, la flore et sur la vie quotidienne des communautés locales. Depuis 2012,

plusieurs actions ont été entreprises en vue de rationaliser l’exploitation du coltan. Le Burundi, le

Rwanda, et surtout la RDC, ont lancé des projets de traçabilité pour s’assurer que les minerais ne

proviennent pas de zones de conflits. Les outils numériques s’avèrent très utiles et efficaces pour la

surveillance des sites et assurer la qualité et la traçabilité du coltan. L’industrialisation avec des outils

numériques d’automatisation des processus de production et de gestion va dans un premier temps, au

moins avec des produits semi finis, permettre de bénéficier davantage de richesse par la création de

la valeur.

123. Les Centres d’appels et de manière générale les prestations de services à distance sont des

opportunités découlant des progrès enregistrés par les technologies numériques, si ces technologies

sont de qualité et si les pays ou zones de délocalisation possèdent une main d’œuvre bien formée et

que le coût de la vie est bas et par conséquent les salaires peu élevés.

124. Un centre d'appel (ou call center) est un ensemble de moyens, humains, immobiliers, mobiliers

et techniques, qui permet de prendre en charge la relation à distance entre une entreprise et son marché

(clientèle). Il est le plus souvent concrétisé par un ou plusieurs espace(s) de bureaux où sont

distribuées les communications électroniques telles que les appels téléphoniques, les emails et autre

messagerie. Ces appels peuvent être qualifiés d'entrants, lorsqu'ils sont reçus par les conseillers

clientèle du centre, ou à l'inverse de sortants lorsqu'ils sont émis par eux. De nombreuses entreprises

font appel aux centres d'appels principalement pour leurs relations externes mais aussi pour optimiser

leurs interactions internes. C'est le cas des centres d'assistance (help desks) internes qui dépannent à

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distance les employés, c'est le cas aussi des plateformes créées pour renseigner les salariés sur leurs

carrière, leurs droits et leurs obligations. Le nombre des centres d’appels croît de façon exponentielle.

125. De nombreuses entreprises industrielles ou de services offrent aujourd’hui à leurs clients un

service d’accès à distance par téléphone. Différentes organisations du travail sont possibles :

collaborateurs chez le client en délégation de personnel, en télétravail et, majoritairement, dans des

centres d'appels à proximité géographique ou délocalisés dans des pays où le coût de la main-d’œuvre

est moins élevé. Lorsque les équipes de conseillers clientèle sont réparties sur plusieurs centres ou à

leur domicile, on parle de centre d'appels virtuels. Les centres sont au cœur de la relation client de

beaucoup d'entreprises aujourd’hui. La qualité du service rendu au client et la diminution du coût de

ce service sont un des sujets récurrents des centres d'appels. Fréquemment le service est externalisé

chez des prestataires de services qui traitent les appels de plusieurs commanditaires.

126. Certaines entreprises ont fait le choix de l’externalisation. Les entreprises délèguent le

traitement des appels entrants aux centres d’appels en raison de ses nombreux avantages : la

suppression des investissements sur des standards téléphoniques, l’adaptation qu’offrent les centres

d’appels face à toutes les situations nouvelles ou imprévues en mettant à disposition des équipes

formées et ce en très peu de temps, la régulation du fonctionnement des services client en particulier

à certaines heures : soirées, nuits, week-ends...Plusieurs secteurs font recours aux centres d’appels :

les fournisseurs d’accès internet, les opérateurs de télécoms, les opérateurs d'électricité, les banques,

etc. La plupart des pays de la CEEAC ont des potentialités pour saisir les opportunités de

délocalisation des centres d’appels des états d’Europe ou d’Amérique sur leur territoire pour créer

des richesses et d’emplois au profit des jeunes qui maitrisent mieux les technologies numériques et

les langues parlées dans ces pays.

127. Plus particulièrement l’Angola et le Cameroun ont des spécificités de nature à leur permettre

d’accroitre l’installation des centres d’appels dans leurs pays respectifs. En effet l’Angola dispose de

liaisons internationales directes sur les continents européen et américain. Vu l’importance

économique des pays lusophones (Brésil, Portugal), cela constitue une niche à exploiter pour offrir

des prestations de centre d’appel. De même, le Cameroun possède comme l’Angola des liaisons

d’interconnexion directe avec l’Europe et l’Amérique. Ce qui donne de nombreuses opportunités pour

ce pays ayant le français et l’anglais comme langues officielles, ce qui constitue un avantage pour

héberger des centres d’appels gérant la relation clientèle avec les entreprises de ces deux continents.

128. Le secteur numérique est en constante et perpétuelle évolution et prend de plus en plus

d’importance du fait des incidences positives qu’il a sur tous les autres secteurs. Désormais c’est la

maitrise du numérique qui donne la possibilité de contrôler les autres secteurs. Puisqu’il s’agit d’une

économie de l’information et du savoir, toute la puissance est dans l’immatériel, l’intangible, les

données et surtout l’intelligence artificielle et la richesse qui y est contenue.

129. Le numérique a aussi apporté un modèle économique de rupture où l’accent est mis sur l’usage

optimal d’un service plutôt que la possession du matériel permettant d’en avoir accès. C’est ainsi que

la tendance pour les particuliers comme pour les entreprises d’utiliser les ressources informatiques

matérielles ou logicielles, sans les posséder se développe de plus en plus et constitue ce qui est

désormais appelé cloud computing. Ces équipements matériels, logiciel et réseau sont hébergés par

les data centers.

130. Le Cloud Computing est un terme général employé pour désigner la fourniture de ressources

et de services à la demande par internet. Il se rapporte au stockage et à l’accès aux données par

l’intermédiaire d’internet plutôt que via le disque dur d’un ordinateur. Il s’oppose ainsi à la notion de

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stockage local, consistant à entreposer des données ou à lancer des programmes depuis le disque dur.

On distingue le cloud public, le cloud privé et le cloud hybride. Les services de Cloud public sont

fournis par un tiers, par l’intermédiaire d’internet. Ces services sont vendus sur demande

généralement dans la minute ou l’heure qui suit la requête. Les clients payent uniquement pour les

cycles d’utilisation des serveurs, le stockage ou la bande passante qu’ils consomment. Les principaux

fournisseurs de Cloud public sont Amazon Web Services, Microsoft Azure, IBM et Google Compute

Engine. Les utilisateurs de services de Cloud public n’ont pas besoin d’investir dans le matériel, les

logiciels, ou les infrastructures qui sont gérées par les fournisseurs. Un Cloud privé est une

infrastructure entièrement dédiée à une entreprise unique, pouvant être gérée en interne ou par un

tiers, et hébergée en interne ou en externe. Ce modèle offre une versatilité aux entreprises, tout en

préservant la gestion, le contrôle et la sécurité. Les avantages sont l’accès en self-service à l’interface

de contrôle, permettant à l’équipe informatique un approvisionnement rapide, et l’allocation ou la

livraison de ressources informatiques à la demande. De même, la gestion des ressources est

automatisée, aussi bien pour le stockage ou l’analyse. De même, la sécurité et la gouvernance sont

conçues sur mesure pour les besoins spécifiques de l’entreprise.

131. Le Cloud Hybride est le croisement entre le Cloud public et le Cloud privé. Les entreprises

peuvent par exemple effectuer des tâches très importantes ou des applications sensibles sur le Cloud

privé, et utiliser le Cloud public pour les tâches nécessitant une scalabilité des ressources. L’objectif

du Cloud hybride est de créer un environnement unifié, automatisé et scalable tirant avantage des

infrastructures de Cloud public tout en maintenant un contrôle total sur les données.

132. Le cloud computing est en plein essor. Le grand public utilise de plus en plus de services

cloud, notamment pour le streaming vidéo, la recherche internet ou encore les réseaux sociaux. De

leur côté, les entreprises utilisent de plus en plus d’outils cloud pour leur gestion de ressources, la

collaboration et l’analyse de données. Cette utilisation des applications cloud va aller croissant de

même que le développement des Data Centers. Également, l’essor de l’Internet, des objets,

l’apparition des voitures autonomes, l’accroissement des smart cities, ou encore la prolifération des

appareils connectés pour la santé vont aussi augmenter la demande en Data Centers.

133. Les services offerts par le cloud computing sont divisés en trois catégories : l’infrastructure

en tant que service (IaaS), la plateforme en tant que service (PaaS) et le logiciel en tant que service

(SaaS). Les fournisseurs d’Infrastructures en tant que Service, proposent un stockage sur serveur

virtuel, mais également des applications laissant les utilisateurs transférer leurs charges de travail vers

des machines virtuelles. Il peut s’agir des serveurs, des réseaux, de l’espace de stockage ou des

espaces au sein de Data Centers. Les utilisateurs disposent d’une capacité de stockage allouée. Ils

peuvent ensuite démarrer, arrêter ou configurer la machine virtuelle et le stockage selon leurs désirs.

Les infrastructures fournies peuvent être petites, moyennes, grandes ou très grandes pour s’adapter

aux différents besoins. Ce type de solutions est également scalable et flexible, et s’adapte à la charge

de travail.

134. Les Plateformes en tant que services sont des environnements Cloud offrant tout le nécessaire

pour le cycle de vie complet d’applications Cloud, du développement à la livraison. Elles permettent

de s’émanciper de l’achat et de la maintenance du matériel, des logiciels, et de l’hébergement. Les

fournisseurs de Plateformes en tant que Services quant à eux hébergent les outils de développements

sur leurs infrastructures. Les utilisateurs peuvent accéder à ces outils par l’intermédiaire des

applications, des portails web ou des logiciels dédiés. Ce modèle est utilisé pour le développement

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général de logiciels et de nombreux fournisseurs hébergent également le logiciel une fois qu’il est

développé.

135. Les Logiciels en tant que service sont des applications basées sur le Cloud, lancées depuis des

ordinateurs distants détenus et gérés par des fournisseurs par l’intermédiaire du Cloud. Ce modèle

repose sur la distribution d’applications logicielles par internet.

Les limites de l’utilisation du cloud c’est qu’il faut faire confiance à un tiers pour la conservation de

données sensibles. Pour certaines personnes, le stockage local utilisé pendant les dernières décennies

demeure aujourd’hui supérieur au Cloud Computing. Ces personnes considèrent qu’un disque dur

permet de garder les données et les programmes physiquement proches, autorisant un accès rapide et

simplifié pour les utilisateurs de l’ordinateur ou du réseau local. Aussi, pour en limiter les

inconvénients le développement de data centers nationaux devrait être encouragé.

136. Le cloud présente plusieurs avantages. Il permet aux particuliers comme aux entreprises

d’acheter des ressources informatiques sous la forme de service, de la même manière que l’on

consomme de l’électricité, sans avoir à installer et entretenir des infrastructures informatiques en

interne. Les autres avantages sont l’approvisionnement en libre-service, l’élasticité, et le paiement

à l’utilisation. L’approvisionnement en libre-service permet aux utilisateurs finaux d’accéder à

n’importe quelle ressource informatique à la demande. L’élasticité offre l’opportunité d’augmenter

ou de réduire la consommation de ressources en fonction des besoins de l’entreprise. Enfin, le

paiement à l’utilisation autorise à ne payer que pour les ressources consommées. En outre, le cloud

réduit les coûts d’accès aux ressources informatiques, notamment pour les petites entreprises et les

utilisateurs à faible revenu, comme c’est majoritairement le cas dans la sous-région. Le cloud

constitue ainsi une opportunité pour les pays de la CEEAC d’accéder dans de meilleures conditions

de qualité et de coût aux ressources matérielles et logicielles dont ils pourraient avoir besoin.

137. L’intelligence artificielle (IA), du fait qu’elle permet à des machines et logiciels d’aider à la

résolution de problèmes complexes de la vie et est au cœur des progrès accomplis dans l’industrie ou

les services, constitue un enjeu stratégique capital. D’ailleurs elle figure au rang des priorités en

matière de recherche, d’innovation et de coopération de beaucoup de pays, en particulier ceux

développés. A tel point où elle a constitué le thème principal de la réunion des ministres des TIC et

de l’Industrie du G7 à Turin en 2017. L’IA comprend un ensemble de technologies complexes et

puissantes qui toucheront, voire transformeront, tous les secteurs et toutes les industries, et qui

aideront la société à résoudre certains de ses problèmes les plus épineux. En outre, les technologies

de l’IA apporteront vraisemblablement d’importants gains de productivité. Les innovations dans les

technologies de l’IA pourraient créer de nouvelles sources de croissance économique. Pour réaliser

le vaste potentiel des technologies de l’IA, il faudra des investissements judicieux dans

l’entrepreneuriat, l’éducation et le marché du travail, de façon à promouvoir les compétences et les

connaissances utiles aux emplois de l’avenir et à s’adapter aux changements dans la demande de

compétences. Conscients de tout cela, les ministres des pays du G7 ont exprimé une vision de l’IA

centrée sur l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique. Ils ont mis l’accent sur

l’interdépendance entre la croissance économique suscitée par l’innovation en IA, l’augmentation de

la confiance envers l’IA et de l’adoption de l’IA, et la promotion de l’inclusivité dans le

développement et le déploiement de l’IA. Ils ont compris que des innovations en IA induites par le

marché produiront des effets positifs dans tous les pays, dans des domaines vitaux comme la santé,

l’environnement, le transport, le secteur manufacturier, l’agriculture, la sécurité et la gouvernance.

Ces gains seront réalisés grâce à des politiques qui encouragent l’entrepreneuriat en matière de

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technologies de l’IA, qui préparent la population à des changements dans la société et dans la

demande sur le marché du travail, y compris les segments de la population qui risquent d’être laissés

pour compte, ainsi que des politiques qui créent des environnements de marché ouvert et équitable, y

compris en favorisant et en protégeant la libre circulation de l’information.

138. Pour réaliser des progrès dans chacun de ces domaines inter reliés, les membres du G7

s’attacheront à investir dans la Recherche Développement (R&D) de base et la R&D appliquée en

vue de produire des innovations en IA, et soutenir l’entrepreneuriat en IA. Plus apte que l'homme à

faire ressortir des tendances des données, l'IA permet aux entreprises d'exploiter un maximum

d'informations.

139. Il existe au moins un avantage réel à l’essor rapide de l’intelligence artificielle, c’est que cela

ne nécessite pas le déploiement d’infrastructures particulières. L’absence de serveurs peut facilement

être compensée par l’accès au cloud computing. Ceci permet aux pays africains en général et à ceux

de la CEEAC, de bénéficier d’une nouvelle possibilité et pas des moindres de leapfrogging.

Désormais, les jeunes développeurs peuvent, partout sur le continent, innover sur des applications

simples et apporter des solutions nouvelles. L’IA va permettre aux pays de répondre à des

problématiques de développement qui leur sont propres et donc n’intéressent pas d’autres, notamment

sur des questions de santé, de gestion de l’espace urbain et rural. Il va seulement falloir adresser les

contraintes liées au développement de talents de haut niveau.

140. Si nul ne conteste les vertus de l’intelligence artificielle sur la transformation digitale et la

dématérialisation des services publics, il convient de rappeler que certains penseurs éclairés ont pointé

les inquiétudes que font naître les modèles commerciaux, le capitalisme de surveillance et

l’exploitation fondée sur les données.

141. On note d’abord, avec la croissance du marché du numérique, l’émergence de tissu

entrepreneurial dynamique et plutôt jeune. C’est une nouveauté sur un continent où la carrière de

fonctionnaire avait longtemps été perçue comme la plus souhaitable, et cette nouvelle génération de

« start-uppers » peut donc être perçue comme le symbole des changements de mentalité permis par

le numérique. Par ailleurs, l’IA et le numérique sont un secteur d’opportunité pour les jeunes africains

car la barrière d’entrée en termes de coût d’investissement initial est relativement basse, ce qui permet

d’entrer sur le marché sans forcément lever des financements importants.

142. On peut notamment citer l’agriculture à titre d’exemple où l’intelligence artificielle peut

contribuer à une optimisation et rationalisation de la production sur le continent.

Avec une population constituée à 75% de moins de 25 ans, l’Afrique a également des besoins

spécifiques en termes d’éducation et de formation, ce à quoi l’IA permettrait de répondre. En effet,

en rendant possible un suivi robotisé et personnalisé des élèves, l’IA pourra optimiser les potentialités

dans des pays où le manque de financements publics crée des classes surpeuplées, atteignant parfois

jusqu’à 100 élèves pour un professeur.

143. Enfin, l’IA devrait donner à l’Afrique les moyens d’exploiter ses propres données, alors que

celles-ci sont déjà convoitées par les plus grandes multinationales. L’extrême rareté des data analystes

en Afrique faisant de sa data une réserve largement inutilisée ; le machine learning et ses modèles

prédictifs permettront de traiter celle-ci de façon automatisée, en limitant le recours aux ressources

humaines.

Comme on le voit, l’IA est une technologie à saisir pour le progrès des pays et ceux qui ne

suivent pas cette évolution n’auront pas une indépendance numérique.

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144. Dans le domaine du numérique, l’internet des objets est en pleine expansion. L’internet des

objets caractérise des objets physiques connectés ayant leur propre identité numérique et capables de

communiquer les uns avec les autres. Ce réseau crée en quelque sorte une passerelle entre le monde

physique et le monde virtuel. Il permet l'identification numérique directe et normalisée (adresse IP,

protocoles smtp, http...) d'un objet physique grâce à un système de communication sans fil. Les objets

connectés produisent de grandes quantités de données dont le stockage et l’analyse fait partie

intégrante du big data. Ses applications sont multiples. En logistique, il peut s'agir de capteurs qui

servent à la traçabilité des biens pour la gestion des stocks et les acheminements. Dans le domaine de

l'environnement, il est question de capteurs surveillant la qualité de l'air, la température, le niveau

sonore, l'état d'un bâtiment, etc. En domotique, l'Internet des objets renvoie aux appareils

électroménagers communicants, aux capteurs divers (thermostat, détecteurs de fumée, de présence...),

aux compteurs intelligents et systèmes de sécurité connectés. Dans le domaine de la santé et du bien-

être, il renvoie aux montres connectées, aux bracelets connectés et d'autres capteurs surveillant

différents paramètres. L’internet des objets constitue une opportunité pour les industries et

entreprises de tous les secteurs. Les industries manufacturières vont y trouver des solutions qui

prennent en charge les opérations de fabrication et la gestion des actifs de production. Les industries

des transports s’en serviront pour la gestion de la flotte et le suivi du fret. Les concessionnaires des

services publics quant à eux vont investir dans les réseaux intelligents pour l'électricité, l’eau tandis

que dans le secteur de la construction les bâtiments intelligents seront de plus en plus d’usage.

145. Dans la plupart des pays de la sous-région, une franche de la population rencontre d’énormes

difficultés à accéder aux services sociaux de base, faute d’acte d’état civil ou de pièce d’identité.

Pour celles des populations disposant de tels éléments, il subsiste des difficultés de sécurisation et

de traçabilité. L’identification numérique est une opportunité pour pallier ces faiblesses. La

délivrance de carte d’identité numérique va donner la possibilité d’effectuer tout type de transaction

sociale, administrative ou économique de manière fiable. Elle va surtout permettre une meilleure

intégration des populations marginalisées ou défavorisée.

4.2 Défis

146. Les nombreuses opportunités identifiées devraient être saisies afin d’accélérer le

développement économique et social par la création d’emplois et de richesse, l’amélioration du bien-

être des populations et la réduction des inégalités. Pour répondre à cet objectif de développement et

en tenant compte à la fois de la situation actuelle des pays de la CEEAC et du taux de croissance de

la population, il est établi que la diversification économique et l’industrialisation sont la meilleure

réponse, l’économie basée sur les matières premières ayant montré ses limites. Pour ce qui est du

secteur numérique, la diversification et l’industrialisation ont davantage d’impacts dans la mesure où,

ce secteur est transversal et touche tous les autres. Un ensemble de situations défavorables entravant

la transformation numérique et diversification économique qui empêchent de saisir les opportunités

ci-dessus évoquées, ont été exposées. On peut citer notamment :

- L’inexistence d’une formulation de vision de haut niveau relative à l’économie

numérique ou une vision non actualisée lorsqu’elle existe, de même pour ce qui est de

la stratégie de développement de l’économie numérique ;

- La faible cohérence des politiques nationales avec celle de développement de

l’économie numérique ;

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- La faible harmonisation des politiques nationales dans le domaine de l’économie

numérique ;

- L’inadaptation du cadre légal, réglementaire et institutionnel ;

- Le faible développement des services à valeur ajoutée, des contenus et solutions

adaptés au contexte local et aux besoins spécifiques ;

- Le faible appui des politiques publiques au développement du secteur privé

national de l’économie numérique ;

- La faiblesse d’une synergie d’action entre le secteur public, le secteur privé, les

instituts de formation et de recherche intervenant dans le domaine de l’économie

numérique ;

- Les difficultés de mobilisation des financements ;

- L’inadaptation quantitative et qualitative des ressources humaines ;

- L’insuffisance qualitative et quantitative des infrastructures nationales et sous –

régionales, couplée avec le coût élevé des communications ;

- La faiblesse des systèmes d’identification qui ne couvre pas l’ensemble de la

population, qui est peu fiable et qui limite l’accès des populations aux services

numériques.

147. Trouver des solutions appropriées à ces situations défavorables et anticiper sur les besoins

futurs constituent des défis à relever sur divers plans pour permettre à l’économie numérique de jouer

pleinement son rôle dans le processus de diversification et d’industrialisation.

Sur le plan politique, et d’une manière générale, la stabilité, la paix et la cohésion nationale sont des

gages, voire des préalables au développement de n’importe quel secteur. Sans stabilité politique,

même un programme bien conçu et bien exécuté est voué à l’échec. Les gouvernements de la région

devraient donc s’efforcer de réduire les incidences des crises politiques en améliorant la gouvernance

politique et économique, par exemple. L’intégration politique, au niveau sous régional ou régional,

est également un facteur favorable au développement économique. La non libre circulation des biens

et des personnes en Afrique Centrale, contrairement aux autres sous-régions, constitue donc un frein

pour les activités économiques.

148. Au niveau politique et spécifiquement pour ce qui est du secteur numérique :

- La vision et les stratégies nationales de développement, au plus haut niveau, devrait accorder une

place de choix à l’économie numérique.

- Il en va de même pour ce qui est des stratégies à l’échelle sous régionale. Il a été dit et redit, le

développement de l’Afrique et de la CEEAC passe par l’industrialisation. Les politiques de

développement de l’économie numérique et d’industrialisation doivent être inter reliées pour créer

des synergies en vue de la mise en place des pôles technologique TIC ou incluant les TIC par exemple.

Il est bon de disposer d’un plan stratégique en matière d’industrialisation qui accorde une priorité au

volet économie numérique. L’économie numérique, encore appelée économie de l’information et du

savoir, repose sur les capacités de toutes les populations à être en mesure d’utiliser les outils

numériques, et surtout de maitriser ces technologies pour développer des solutions innovantes

répondant à leurs besoins. Ceci implique la nécessité d’une politique de formation généralisée d’une

part, et pointue d’autre part, laquelle politique de formation devrait figurer dans les stratégies de

l’éducation, de l’économie numérique et d’industrialisation.

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149. S’agissant du cadre légal, réglementaire et institutionnel, la nature agile, évolutive,

changeante et globalisée de l’économie numérique impose une adaptation permanente des normes

juridiques et un renforcement de la collaboration sous régionale, régionale et internationale.

-Une plus forte intégration au niveau de l’Afrique Centrale est de nature à accélérer les échanges

commerciaux et à stimuler le développement des services numériques. L’état des lieux a montré

l’inadaptation du cadre réglementaire qui se traduit par la non existence de lois nationales dans

plusieurs pays (A l’instar du Cameroun et de la RCA) sur la protection des données à caractère

personnel, si on ne prend que ce cas.

-Sur le plan institutionnel, l’Administration devrait prêcher par l’exemple en étant une référence en

matière d’offres de services numériques. La transformation numérique de l’Administration devrait

être effective et complète et permettre l’expansion du e-Gouvernement au bénéfice des populations

et des entreprises.

-Le renforcement des capacités techniques et humaines des régulateurs est nécessaire pour la mesure

et le contrôle de la qualité de services ainsi que pour une tarification adéquate des services. Il est à

observer que le marché de la sous-région est envahi par des terminaux de qualité douteuse et des

efforts devront être faits par les régulateurs pour maitriser la situation, en procédant à leur

homologation.

-Par ailleurs, les opérateurs historiques qui offrent les services de communications électroniques fixes

ont vu leurs parcs d’abonnés décroitre sensiblement, alors que la tendance générale dans le secteur

est à la hausse, ce qui montre leur inadaptation structurelle. Le défi ici est celui de la restructuration

des opérateurs historiques pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle.

Aussi, les préoccupations en matière de cybersécurité obligent à doter les états d’institutions de

gestion, de contrôle et de réponse à de telles préoccupations.

150. Le secteur de l’économie numérique est à la fois très agile et évolutif. Le défi de l’instauration

de cadre de concertation afin de s’y adapter est très prégnant. A côté des institutions publiques et

privées, un cadre de dialogue entre le Gouvernement, le secteur privé, les milieux universitaires et les

milieux financiers pourrait s’instaurer au sein d’une sorte de Conseil de partenariat pour débattre des

perspectives et des freins qui entravent l’expansion des activités.

151. Relativement au secteur privé et au climat des affaires, les gouvernements de la région

font face aux défis liés à l’ampleur des incertitudes qui entourent l’investissement, et freinent ainsi le

développement des entreprises et l’entreprenariat. Dans cette perspective, il est essentiel pour les pays

de la région, qui trônent pour la plupart au bas du classement du « Doing business » pour diverses

raisons, d’envisager très sérieusement de s’attaquer aux freins à l’attractivité de la destination Afrique

Centrale.

152. Dans l’écosystème de l’économie numérique de la sous-région, en dehors des opérateurs et

fournisseurs de services de télécommunications et TIC et services financiers mobiles, les autres

éléments sont manquants ou embryonnaires. Il s’agit de la fabrication des terminaux et équipements,

de l’édition des logiciels ou de la fourniture des services à valeur ajoutée. Des mesures incitatives

d’ordre administratif ou fiscal peuvent amener à faire à ce que ces activités encore en veilleuse

puissent décoller.

153. S’agissant des investissements et des financements, la promotion du développement de

l’économie numérique, si l’on veut étendre la couverture et rendre l’accès et les services numériques

disponibles partout et pour tous, exige des efforts colossaux. La mobilisation de ressources afin de

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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financer les investissements dans les domaines prioritaires identifiés doit prendre en compte toutes

les possibilités existantes ou futures et les adapter à chaque type de structure. Les pays de la région

ont souvent tendance à mettre l’accent sur l’allocation des ressources plutôt que sur la mobilisation

des ressources dans la conduite des politiques de développement. Ils devraient accorder davantage

d’attention à la mobilisation des ressources et renforcer cette mobilisation en favorisant l’épargne

intérieure, par l’emprunt auprès des institutions de financement du développement. Aussi, les modèles

de financement basés sur le partenariat public privé sont de plus en plus utilisés dans le secteur de

l’économie numérique et devraient être davantage explorés.

154. Le financement participatif (crowdfunding) est un créneau où les start-ups interviennent pour

sa mise en œuvre. Ce mode de financement est également utilisé beaucoup par les start-ups. Les pays

devraient fixer les lignes directrices concernant ce type de financement. Il en est de même pour ce

qui est des cryptomonnaies.

155. En ce qui concerne le capital humain, le contexte actuel de la mondialisation qui s’exprime

avec force dans le domaine de l’économie numérique, rend caduque le modèle traditionnel de

développement où on pouvait transposer dans les pays de la sous-région des solutions éprouvées

ailleurs et oblige à adopter, dans la mesure du possible, des stratégies qui reposent, sur le

développement des produits différenciés très innovants, ou des produits de niche à forte intensité

technologique. Ceci suppose la disponibilité d’une masse critique de ressources humaines hautement

qualifiées. Ainsi, le problème de développement des ressources humaines à tous les niveaux et plus

spécialement au niveau des formations universitaires et professionnelles se pose avec acuité. Il en est

de même des centres de recherche et des pôles technologiques qui sont les lieux par excellence où se

développe l’innovation. L’état des lieux a relevé l’énorme carence de la région en structures

spécialisées de formation de haut niveau et centres de recherche et le très faible niveau de produits de

moyenne ou haute technologie issus de la région.

Dans un contexte où l’innovation et les capacités techniques et technologiques sont des facteurs

importants dans la compétitivité, les pays d’Afrique Centrale se doivent d’investir massivement dans

la formation du capital humain.

156. Pour ce qui est des infrastructures, de la couverture et des coûts d’accès, la connectivité

a un rôle central à jouer dans l'édification de la société de l'information. Un accès universel,

ubiquitaire, équitable et financièrement abordable aux infrastructures et aux services numériques

constitue l'un des défis de la société de l'information et devrait être l'un des objectifs de tous ceux qui

participent à son édification. L’infrastructure comprend également l'accès à l'énergie et aux services

postaux, qui sont indispensables pour l’activation des équipements et les aspects logistiques liés à la

distribution des produits et biens dans le cadre des transactions électroniques. Par ailleurs, l’atteinte

des objectifs définis dans les différents engagements internationaux (Plan stratégique de l’UIT pour

la période 2020-2023 et ODD9-industrie, innovation et infrastructure) et les orientations nationales

(plan national stratégique de développement de l’économie numérique) demandent de formaliser le

cadre devant favoriser ou permettre de satisfaire les exigences de la société de l’information. Il s’agit

de relever les défis de la convergence multidimensionnelle (plate-forme d’offre de services

multimédia), de l’infrastructure large bande et de la confiance aux services de communications

électroniques.

157. Il est bien connu que les infrastructures de quantité suffisante et de bonne qualité (transports,

électricité ou communications électroniques), sont des conditions préalables au développement de

n’importe quel secteur économique. Dans le domaine de l’économie numérique, ceci est tellement

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vrai que les infrastructures de communications électroniques sont appelées cœur de l’économie

numérique, en raison de son importance et de son rôle dans la bonne marche des autres composantes

de l’économie numérique.

158. L’état des lieux a mis en exergue d’énormes défis à relever en ce qui concerne les

infrastructures. Dans chacun des pays de la CEEAC, il faudra encore déployer des infrastructures,

notamment à fibre optique, pour pouvoir offrir les services large bande dont les utilisateurs ont besoin.

Ces infrastructures devront être posées de façon à assurer la redondance et être en mesure de

fonctionner même s’il y a des coupures et donc être résilientes. Des efforts devraient être faits pour

la baisse substantielle des coûts, car il ne faut pas perdre de vue le fait que dans cette sous-région les

prix sont les plus élevés du monde, lorsqu’on les rapporte au revenu national brut mensuel. Il est aussi

utile de rappeler qu’une enquête de l’UIT a montré que les principales raisons qui amènent les gens

à ne pas utiliser internet sont la vitesse (débit pas suffisant et prix élevé). L’interconnexion sous

régionale devrait continuer d’être une priorité et l’accent mis sur les aspects opérationnels, l’état des

lieux ayant relevé que depuis dix ans par exemple que le projet CAB fonctionne, il s’est appesanti

surtout sur les aspects réglementaire et institutionnel. Cette interconnexion régionale est d’une

importance vitale car les points d’échange internet régionaux ne peuvent jouer leur plein effet qui s’il

y a interconnexion directe entre les pays. En outre, l’interconnexion sous régionale est une motivation

supplémentaire pour la mise en œuvre du free roaming car les communications entre deux pays de la

sous-région n’auront plus à emprunter des réseaux tiers qui induisent des charges supplémentaires.

Aussi, pour tenir compte de la tendance mondiale qui est à l’utilisation du cloud computing, la

construction de data centers nationaux ainsi que des infrastructures de sécurisation des transactions

va assurer la souveraineté numérique des pays et susciter la confiance dans l’utilisation des outils

numériques, dans un contexte où les cybermenaces vont croissant.

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Encadré 6 : Un exemple de transformation numérique réussie : le cas du Rwanda

Source : « Smart Rwanda Master Plan, 2015-202045

45 http://www.minecofin.gov.rw/fileadmin/templates/documents/sector_strategic_plan/ICT_SSP__SMART_Rwanda_Master_Plan_.pdf

Le Rwanda, petit pays de l’hinterland d’une superficie de 26 340 km2 et une population de 11 millions 900 mille

habitants a connu des épreuves difficiles il y a 25 ans, ce qui ne l’a pas empêché d’être désormais cité en référence

au niveau africain dans le domaine de l’économie numérique. Le pays s’est doté d’une boussole « Vision 2020 » et

d’un plan directeur de développement « Smart Rwanda master plan 2015-2020 ». L’un des principaux objectifs de

Vision 2020 est de transformer une économie agricole en une économie de l’information et du savoir d’ici à 2020.

Parmi les cibles visées par le plan directeur, on peut citer :

Self-Service 24-heures dans l’Administration. – Tous les services gouvernementaux devront être en ligne

en 2018 ;

Cashless et Paperless dans l’Administration. – Toutes les transactions financières dans l’Administration

devront être effectuées électroniquement, notamment via le mobile à partir de 2018 ;

Obtenir des gains d’efficacité d’une valeur de 50 millions US$ ;

Au moins un milliard de US$1 en termes d’opportunités pour le secteur privé – Ceci est une valeur estimée

du coût des projets à réaliser suivant le modèle PPP ;

La contribution de SMART Rwanda au PIB portée à 10% - L’accès large bande et les projets d’infrastructure

TIC constituent un terreau pour la croissance économique ;

Création de 100 000 emplois directs découlant des investissements prévus par le plan directeur SMART

Rwanda Master Plan – Un environnement favorable aux investissements privés va être mis en place et

permettre la création d’emplois, l’amélioration de la productivité et la compétitivité, le tout ayant pour

support l’innovation technologique.

Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants. Les recettes fiscales du Rwanda recueillies pour l’exercice

financier 2016/2017 ont atteint un nouveau record de 1.103 milliards RWF bruts (1,3 milliards de dollars) par

rapport à un objectif de 1.094,3 milliards RWF (1 milliard de dollars). Cela représente une augmentation de 10

millions d’USD au-dessus de l’objectif fixé. Dans le même temps, la collecte des recettes fiscales a progressé de 5,4

milliards RWF (6,5 millions de dollars). Les impôts ont affiché une croissance de 10,2% au cours de l’exercice 2016/17

par rapport à la performance de 2015-2016, ce qui représente une augmentation nominale de 100,2 milliards RWF

(119 millions de dollars).

Sur le plan de la formation, l’accent est mis sur le numérique, de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur.

S’agissant du primaire, le projet One Laptop per Child, un partenariat entre deux ONG américaines dont le but est de

mettre des ordinateurs à bas prix entre les mains des jeunes les plus pauvres de la planète est fonctionnel. Ainsi,

OLPC a distribué plus de 200.000 ordinateurs portables à plus de 400 écoles réparties dans tout le Rwanda, ce qui

place le pays à la troisième place du projet, derrière le Pérou et l'Uruguay, en termes d'appareils fournis.

Pour ce qui est de la création d’entreprises et l’accompagnement des start-ups, l’'un des projets phares mis en place

dans ce cadre est le kLab, soit knowledge laboratory ou laboratoire de la connaissance. C’est un espace collaboratif

unique permettant à des jeunes entrepreneurs et autres ingénieurs d'accéder à du WiFi gratuit, de participer à des

ateliers et des conférences, de se mesurer entre eux lors de hackathons, ou tout simplement d'échanger des astuces

de code. Ce centre s’appuie sur l'expérience de 21 mentors, disponibles pour développer des idées en germe ou offrir

des conseils commerciaux à toute nouvelle entreprise projetant de percer dans le secteur technologique. Le centre

klab fonctionne en association avec le campus de recherche, de l'Université Carnegie Mellon qui est un centre

d’excellence de l’UIT dans le domaine de la formation.

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5 Conclusion et Recommandations

5.1 Conclusion

159. La plupart des pays de la CEEAC ont donné une place de choix aux TIC et à l’économie

numérique dans leur vision et leur politique de développement à long et moyen terme. Dans certains

pays, cette vision est déclinée dans des stratégies nationales de développement de l’économie

numérique telles que préconisée au niveau international et au niveau continental, mais dont

l’échéance est soit déjà arrivée, soit devrait l’être sous peu. Dans d’autres pays, ces stratégies ne sont

pas disponibles ou au mieux, sont encore en chantier.

160. A partir d’exemples et de cas concrets, nous avons montré que les outils numériques sont un

catalyseur du développement sur lequel l’Afrique Centrale devrait s’appuyer pour sa diversification

économique et son industrialisation. Bien que les outils numériques renvoient à la technologie, le

développement de l’économie numérique ne se joue pas seulement sur le terrain technologique et les

conditions pour son expansion sont des facteurs indispensables à la transformation et la diversification

économique par l’industrialisation, ce que le rapport de la banque mondiale de 2016 a qualifié de

compléments analogiques du numérique. Une revue de cet environnement a permis de conclure que

son adaptation est nécessaire ainsi que le renforcement de l’harmonisation au niveau sous régional.

161. La révolution numérique apporte un nouveau modèle d’organisation de l’activité économique

avec des outils pour transformer les processus de production, de gestion et de commercialisation par

l’accès non restreint aux marchés et la simplification des procédures de tous ordres. Les Etats ne

devraient pas être en reste et ont à procéder ou parachever leur transformation numérique en vue de

l’avènement du e-Gouvernement afin de mieux fournir les services publics à la population et aux

entreprises dans les meilleures conditions d’efficacité, de transparence et de coût. Dans cette

mouvance, bien que la transformation numérique soit une question transversale (Etat, secteur privé,

organisations), celle de l’Etat devrait servir d’exemple.

162. Le développement des infrastructures de télécommunications fixes est très faible d’une part

et connait une stagnation, voire une régression dans la plupart des pays du monde. Les pays de la

CEEAC avaient par le passé un retard considérable lorsque les communications étaient

principalement fixes. Depuis l’avènement des communications électroniques mobiles, des progrès

notables sont enregistrés dans beaucoup de pays, y compris ceux de la CEEAC, ce qui a permis de

résorber en partie leur retard (leapfrogging). Toutefois, l’économie numérique s’appuyant désormais

sur les réseaux haut débit ou large bande, le risque de creusement du retard est réel, si l’on tient

compte du faible développement des réseaux à fibre optique à partir desquels les services haut débit

actuels (4G pour le mobile ou FTTH pour le fixe) ou futurs (5G pour le mobile) vont s’interconnecter.

D’où la nécessité d’investir dans le développement de ces réseaux.

163. La diversification économique pourra bénéficier de la croissance phénoménale des services

financiers numériques tels que le mobile money. En effet, de 2016 à 2020, le pourcentage de la

population adulte utilisant le mobile money en Afrique subsaharienne va passer de 40% à environ

81%, soit plus du double. Il s’agit d’une opportunité contribuant grandement à l’atteinte de l’objectif

de l’inclusion financière. Cependant, les populations des couches défavorisées qui ne sont pas

touchées par les services numériques, sont souvent les mêmes qui n’accèdent pas aux services

d’identification (exemple services d’état civil) et l’identification numérique peut être une solution

pour généraliser les services d’identification, tout en les rendant davantage fiables.

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164. Les mutations technologiques, notamment le passage de la 4G à la 5G dans le domaine des

communications électroniques mobiles couplées au besoin du maillage national des pays par des

backbone à fibre optique et d’interconnexion directe des pays entre eux, imposent des efforts énormes

à faire en matière d’infrastructure, y compris les data centers et les équipements dédiés à la

sécurisation. Ces infrastructures sont d’autant plus importantes que les plateformes de services

numériques ne peuvent fonctionner sans elles. En dehors des ressources humaines, les infrastructures

sont le maillon essentiel de la chaine de développement des services numériques. Dans le cadre du

développement des infrastructures, l’immensité de la tâche est telle que toutes les possibilités doivent

être explorées, y compris la recherche de partenariat multipartite public privé ou le concours des

bailleurs de fonds, en réinventant les procédés et mécanismes de fonctionnement. Ce d’autant plus

que l’exemple du projet CAB mis sur pied il y a plus de dix ans avec le concours des bailleurs de

fonds, n’a pas à ce jour abouti à beaucoup de résultats concrets et tangibles.

165. Dans l’ensemble de la chaine des valeurs, des infrastructures aux services numériques et autres

services à valeur ajoutée, en passant par les applications développées par les start-ups, la

problématique du financement se pose et devrait être adressée en tenant compte des particularités. La

question du financement participatif et des cryptomonnaies méritent une réflexion.

5.2 Recommandations

166. Les recommandations formulées ci-après découlent des messages provenant des conclusions

ci-dessus et s’adressent tour à tour aux Etats, aux Communautés Economiques Régionales, aux

organisations internationales, au secteur privé, aux universités et grandes écoles, et aux bailleurs de

fonds. Elles visent à mieux tirer profit de l’économie numérique pour répondre aux défis de la sous-

région, dont celui de la transformation, de la diversification et de l’industrialisation.

Aux Etats membres

Elaborer et/ou actualiser les stratégies nationales de développement de l’économie numérique

en veillant à une cohérence et une synergie avec les politiques d’industrialisation et de

diversification.

Actualiser le cadre réglementaire et de régulation en tenant compte des nouveaux services

numériques centrés sur les plateformes et les données.

Procéder à la transposition des normes juridiques sous régionales (lois type sur l’économie

numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection

des données à caractère personnel) ou internationales dans les législations nationales.

Poursuivre, parachever et/ou faire évoluer la transformation numérique de l’Administration

pour offrir des services publics de qualité, avec célérité et dans des conditions de transparence

aux populations et aux entreprises et faciliter la transformation numérique du secteur privé,

en prenant en compte les gains énormes apportés par les technologies nouvelles et d’avenir

(cloud computing, intelligence artificielle).

Promouvoir la formation, la recherche et l’innovation, notamment dans le domaine des

technologies et services numériques, à travers des centres de recherche ou des pôles

technologiques (technopoles ou cyberpark, à l’instar de la Kigali Innovation City du Rwanda),

afin d’accompagner le développement des entreprises et de l’entreprenariat.

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56

Mettre en place un système d’identité numérique, en s’appuyant sur les initiatives régionales

existantes à l’instar de celle de la CEA, afin de prendre en compte toutes les couches de la

population et faciliter les transactions électroniques.

Prendre des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal, à l’instar de la mise en place

de zones économiques préférentielles, en faveur des entreprises à forte valeur technologique

ou numérique pour accélérer le développement de la production manufacturière (agro-

industries ou industries minières) et bénéficier des avantages combinés de l’économie

numérique et de la zone de libre-échange continentale.

Envisager des mesures spéciales pour accroitre l’inclusion numérique, et corrélativement

l’inclusion financière.

Explorer toutes possibilités (renforcement de la régulation, rôle de la concurrence,

partenariats, financements innovants) à exploiter pour le développement des infrastructures

large bande (fibre optique, 4G et 5G), l’augmentation de la connectivité nationale et sous

régionale, l’amélioration de la qualité de service, le renforcement de la confiance dans l’usage

des outils numériques (gage de la souveraineté numérique), afin de rendre la sous-région

davantage attractive aux investisseurs.

Prendre toute mesure appropriée pour faire de l’accès internet (considéré comme un bien

public –Wifi dans les espaces publics) un droit inaliénable au même titre que l’accès à l’eau,

aux soins de santé ou à la sécurité afin de permettre à l’ensemble de la population de bénéficier

des atouts du numérique.

Mettre en place des politiques, stratégies et mesures visant à réduire les tarifs nationaux et

d’itinérance (free roaming) des services numériques afin de les rendre abordables, y compris

aux couches les plus défavorisées.

Aux Communautés Economiques Régionales

Poursuivre l’harmonisation du cadre réglementaire sous régional en tenant compte des

nouveaux services numériques centrés sur les plateformes et les données.

Accompagner les Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous

régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine

sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou internationales dans

les législations nationales.

A l’instar du label « Made in Central Africa », institué lors de la réunion du CIE de 2017 pour

encourager la production au sein de la CEEAC, envisager d’instituer un autre label pour mettre

en valeur et/ou récompenser, les initiatives ayant un fort impact sur l’inclusion numérique.

Aux Organisations internationales,

Apporter un appui à l’élaboration et/ou l’actualisation des stratégies nationales de

développement de l’économie numérique.

Donner une assistance aux Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous

régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine

sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou internationales dans

les législations nationales.

Continuer de soutenir ou étendre leur appui aux projets de développement des ressources

humaines de la région ainsi qu’aux initiatives visant à réduire la fracture numérique,

notamment à travers des programmes STEM.

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Accompagner les Etats membres dans la mise en place de système d’identité numérique qui

s’avèrera incontournable à l’avenir.

Elaborer un guide de bonnes pratiques concernant les financements innovants (financement

participatif ou autres et les monnaies virtuelles) qui va orienter les choix y relatifs.

Au secteur privé,

Engager ou poursuivre leur transformation numérique afin de pérenniser et développer leurs

activités, faute de quoi les entreprises qui n’auront pas opéré leur transformation numérique

risquent de disparaitre.

Saisir les immenses opportunités offertes par les technologies numériques pour développer de

nouveaux produits et services, et pour réaliser des projets d’industrialisation et bénéficier des

avantages combinés de l’économie numérique et de la Zone de libre-échange continentale.

Aux universités et grandes écoles,

Mettre en place des curricula de formation dans le domaine des technologies numériques

d’avenir et développer des partenariats, notamment avec le secteur privé, pour mener des

recherches et apporter des réponses aux problématiques liées à l’environnement économique

et social.

Se mettre en réseau afin de mutualiser les ressources et développer une spécialisation

thématique de pointe par pays qui permette le développement de compétences dans

l’ensemble des pays de la sous-région.

Aux bailleurs de fonds

Tenir compte de l’insuccès de certains projets conduits dans la sous-région, à l’exemple du

projet CAB et aider à les réorienter pour qu’ils aient un meilleur impact sur le terrain.

Contribuer aux financements du développement de l’économie numérique en proposant des

solutions adaptées en tenant compte de son agilité et de son évolutivité, ainsi que de la

spécificité des acteurs des différents segments de marché.

Instaurer ou accroitre les partenariats avec les écoles d’ingénieurs, universités et centres de

recherche pour soutenir le développement des ressources humaines de qualité, principal

moteur de développement des technologies numériques.

Bibliographie

1. Analyse des drivers de l’économie numérique, Mawenzi Partners, mars 2013

2. Annuaire statistique des télécommunications et TIC au Cameroun, édition 2017, MINPOSTEL-

INS

3. Atlas, mapping mining and SDGs

4. Global cybersecurity index 2017, ITU

5. ICT4SDG : Leveraging technology to achieve the global goals

6. Information economy report 2017 : digitalization, trade and development, UNCTAD

7. Innovating in a the digital economy, Global Information technology report 2016, World

Economic Forum

8. Global competitivity index, World Economic Forum, 2017-2018

9. Global information technology report 2016, World Economic Forum

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58

10. ITU News magazine, n° 3/2017, intitulé « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD »

11. L’économie du secteur mobile, Afrique subsaharienne 2017, GSMA

12. Measuring the information society report, ITU publication 2018

13. Observatoire annuel 2017 du marché des communications électroniques au Cameroun, ART

14. OMPI Magazine : les TIC et l’innovation, septembre 2013

15. Plan stratégique Cameroun numérique 2020

16. Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED « Libérer le potentiel du

commerce électronique pour les pays en développement »

17. Rapport sur le développement dans le monde : Les dividendes du numérique, par la Banque

Mondiale, 2016

18. United Nations e-Government survey 2018

19. UNCTAD B2C E-commerce Index 2018, focus on Africa

Glossaire

AXIS : African Internet eXchange System

B2C : Business to Consumer

BSR-AC : Bureau Sous-Régional Afrique Centrale

CAGR : Compound Annual Grow Rate ou Taux de croissance annuel composé en français

CEA : Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale

CER : Communauté Economique Régionale :

CIE : Commission Intergouvernementale d’Experts

CIS : Community of Independant States

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

DIRD : Dépense Intérieure de Recherche et de Développement

EAC : East African Community

ECOWAS :Economic Community of West African States

GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft

GND : Gestion Numérique des Droits

GSMA : Global System for Mobile communication Association

IXP : Internet eXchange Point

LDC : Low Development Contries

M2M : Machine to Machine

MPME :Micro, Petites et Moyennes Entreprises

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques

ODD : Objectif de Développement Durable

OS : Operating System

OTT : Over The Top

PIB : Produit Intérieur Brut

PKI : Public Key Infrastructure

PPA : Parité du Pouvoir d’Achat

RDC : Réseau de Diffusion de Contenus

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59

RNB : Revenu National Brut

SADC :Southern african Development Community

STEM : Science, Technology, Engineering and Mathemathics

TIC : Technologies de l’Information et de la Communication

UIT : Union Internationale des Télécommunications

UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

WEF :World Economic Forum

ZLECA : Zone de Libre Echange Continentale Africaine

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

60

Annexes

Annexe 1 : Contribution des TIC à la réalisation des ODD

Annexe 2 : Définition de la terminologie utilisée

5G : Technologie de communications mobiles, avec des débits de données plus rapides (de l’ordre

des gigabits par seconde), une connectivité fiable, un temps de latence ultra faible, une meilleure

efficacité énergétique, une sécurité accrue et autorisant un nombre très important de personnes et de

dispositifs connectés

Backbone : Cœur de réseau englobant les nœuds de réseau et les artères de transmission

Big data : Importants volumes de données de différente nature, accessibles rapidement, traités et

transmis à grande vitesse et dont l’analyse permet de tirer des informations utiles dans de très

nombreux domaines tels que le comportement des consommateurs, l’épidémiologie, la lutte contre la

criminalité, etc.

Blockchain : Bases de données distribuées contenant les listes de toutes les transactions entre

utilisateurs réalisées depuis leur mise en route. Chaque liste de transaction est contenue dans un bloc

qui est lié au suivant, formant une chaine. Le champ d’application des blockchains est très étendu et

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

61

ils peuvent remplacer la plupart des tiers de confiance centralisés (métiers de la banque, notaires,

cadastres, etc.)

Cloud computing : Utilisation de serveurs distants accessibles par internet pour stocker, accéder à

ou traiter l’information, depuis plusieurs postes de travail de type varié (ordinateur, smartphone), en

lieu et place de la station de travail de l’utilisateur.

Cryptomonnaie : Monnaie électronique pouvant s’échanger de pair à pair sur une blockchain ou un

réseau décentralisé ou registre distribué et dont l’implémentation se base sur les principes de la

cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même

Datacenter : Bâtiment sécurisé qui héberge des applications informatiques ou des équipements de

communication. Il est équipé de salles qui suivent des normes strictes (électricité, température,

humidité, contrôle d’accès, etc.) pour préserver la durée de vie des équipements.

Fintech : ce sont des entreprises, généralement des start-up, qui évoluent dans le secteur de

l’innovation technologique applicable aux services financiers et bancaires. Leur champ d’actions

s’étend du financement alternatif des entreprises jusqu’au paiement en ligne, en passant par la gestion

d’épargne, le prêt, les agrégateurs de comptes bancaires, etc. Leur but : offrir aux clients des services

de meilleure qualité et moins coûteux. Les FinTech ont donc une approche disruptive de l’univers de

la banque, de la finance et de l’assurance.

Imprimante 3D : machine destinée à la fabrication de pièces en 3 dimensions par dépôt de couches

successives de matière fondue (plastique, métal, nourriture, etc.) et permettant de produire des objets

réels.

Industrie 4.0 : nouvelle génération d’usines connectées, robotisées et intelligentes pour la fabrication

de produits uniques et personnalisés, adaptés au besoin de chaque client

Insurtech : entreprises s'appuyant fortement sur des activités technologiques pour créer de la valeur

sur les produits en assurance automobile, habitation, épargne‐vie et autres garanties professionnelles

et conquérir des parts de marché sur le marché de l'assurance.

Intelligence Artificielle (IA) : Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour permettre

à des machines, et plus particulièrement à des systèmes informatiques, de simuler les processus

cognitifs humains. Ces processus comprennent l'apprentissage (acquisition d'informations et de règles

liées à leur utilisation), le raisonnement (application des règles pour parvenir à des conclusions

approximatives ou précises) et l'autocorrection. Les applications spécifiques de l'IA sont notamment

les systèmes experts, la reconnaissance vocale et la vision artificielle

Internet des objets : Réseau d’objets connectés au moyen de l’internet ou toute autre infrastructure

des TIC, permettant les échanges d’informations et de données provenant de dispositifs présents dans

le monde réel et issus de la vie quotidienne (montres, appareils électroménager et de domotique…)

ou dans le monde virtuel

Internet eXchange Point (IXP) : infrastructure physique qui permet d'échanger du trafic Internet

local dans un territoire donné. Cela améliore la qualité du trafic internet et évite les coûts

supplémentaires importants liés au transport des données hors du territoire, du pays ou du continent.

Large bande : synonyme de haut débit

Machine to Machine (M2M) : communication entre deux machines ou plus et nécessitant peu

d'intervention humaine directe, voire aucune

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

62

OTT : applications et services qui sont accessibles par internet et qui s’appuient sur le réseau des

opérateurs de télécoms tout en étant indépendants de ceux-ci, et pour fournir concurremment des

services de voix et de messagerie entre autres.

Start-up : jeune entreprise, généralement du secteur technologique, promise à une croissante forte et

rapide, et ayant réalisé au moins un tour de financement extérieur

STEM : Science, technology, engineering & mathematics

Très haut débit : Débit supérieur à quelques dizaines de mégabits par seconde (Mbps). Pour l’Union

Européenne c’est 30 Mbps.

Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique

Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne

en Afrique N° Pays Principales Ecoles Titres délivrés Centres de recherche Certification

Cours en ligne

1 Angola Universidade Catolica de Angola Licence professionnelle

2 Burundi Université du Burundi Master

Doctorat

3 Cameroun Ecole Nationale Supérieure des

Postes, Télécoms et TIC

(SUP’PTIC)

-Licence professionnelle/

Ingénieurs de travaux

-Master/Ingénieurs de

conception

Doctorat

Cisco

CCNP

CCNA

4 Ecole Nationale Supérieure

Polytechnique de Yaoundé

Master/Ingénieurs de

conception

Doctorat

Cisco

CCNP

CCNA

5 Institut Polytechnique de Maroua Master

6 Faculté de Génie Industriel de

Douala

Licence

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

63

Master

Doctorat

7 Institut Africain d’Informatique

(IAI)

Licence professionnelle

Master

8 Département Informatique et

Réseaux des Facultés des

Sciences de chacune des huit

Universités d’Etat

Licence

Master

Doctorat

9 Ecole Supérieure Inter-Etat

Cameroun Congo de formation

des TIC (Campus à Sangmélima et

Campus à Ouesso)

Ingénieurs

10 Gabon Institut Africain d’Informatique Ingénieur de conception

11 Ghana Ghana Technology University

College

Bachelor of science travaux

Master

12 Accra Institute of Technology Licence professionnelle

Master

Doctorat

13 Nigeria Digital Bridge Institute Master

Doctorat

E-learning

14 Cote d’Ivoire Ecole Supérieure Africaine des TIC

(ESATIC)

Ingénieur

Master

Doctorat

E-learning

Cisco CCNA

Microsoft IT

Academy

15

16

Kenya

African Advanced Level

Telecommunications Institute

(AFRALTI)

Mount Kenya University

Engineer

Master

Bachelor

Master

Certificate

Diploma

Cisco & IT

CCNA security

Huawei

CISCO

CCNA

E-learning

17 Technical University of Kenya Diploma

Bachelor

Centre de recherche en

science, ingénierie,

technologie,

entreprenariat

E-learning

18 Strathmore University Bachelor

Master

Diploma

10 centres de recherche E-learning

19 South Africa Centre for learning Telkom Master Cisco

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

64

Doctorat CCNA

20 Rwanda University of Rwanda, College of

Science and Technology (URCST)

Licence professionnelle

Maîtrise

Doctorat

E-learning

21 Kigali Independant University

(ULK)

Bachelor

Master

E-learning

22 Carnegie Mellon University Engineer

Master

23 Adventist University of Central

Africa

Bachelor

Master

E-learning

24 Tchad Université Emi Koussi Licence

Master

25 Sénégal Universités Cheikh Anta Diop de

Dakar :

Ecole Supérieure Polytechnique

de Dakar

Diplôme Supérieur de

Technologie (DST)

Licences professionnelles

Diplôme d’Ingénieur

Technologue (DIT)

Diplôme d’Ingénieur de

Conception (DIC)

Masters

Doctorat

Laboratoire

d'Informatique, Réseaux

et Télécommunications

26 ESMT Licence professionnelle

Ingénieurs des Travaux

Masters professionnels

Doctorat

laboratoire e-INOV ESMT VSAT

CCN- Equipement

Alcatel-Lucent

Fibre optique

NSOFT

Cours en ligne

27 Institut supérieur de

Formation/Management

Ingénierie et Technologie

Licence professionnelle

Masters professionnels

Cours en ligne

IT Pro

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Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC

ITU Résultats - enquête 2018 ITU/BDT Classification: Afrique

Pays Tarif d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Local

Tarif d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Simple Transit

Tarif- d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Double Transit

Tarif- d’interconnexion sur d’autres réseaux fixes: Local

Tarif- d’interconnexion sur d’autres Réseaux fixes: Simple Transit

Tarif- d’interconnexion sur d’autres réseaux fixess: Double Transit

Tarif- d’interconnexion aux réseaux mobiles: de fixe à Mobile

Tarif- d’interconnexion aux réseaux mobiles de mobile à Mobile

Bien vouloir indiquer le site web où les tariffs d’interconnexion sont disponibles.

Angola 0.02 0.60E-2 0.01 0.03 0.60E-2 0.01 0.03 0.03

Burundi 0.02

Cameroun 0.05 0.02 0 0 0 0 0.05 0.05 www.art.cm

Rép.Centrafricaine

Tchad 0.11² 0.11² 0.28² 0.35² 0.06² www.otrt.org mais sur ce site les tarifs d'interconnexion ne sont pas publiés²

Congo 0.07 0.05 0.05 www.arpce.cg

Rep.Dem du Congo 0.03 non operationnel

Guinée Equatoriale

Gabon 0.02 0.86E-2 0.02 0.02 www.arcep.ga

Rwanda 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.01 www.rura.rw

Sao Tome & Principe 0.04¹ 0.06¹

Année: 2018

¹2017. ²2012. ³2015. ⁴2014. ⁵2011. ⁶2016.

Source: ITU World Tariff Policies Database

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Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement dans les pays de la CEEAC et leur capacité

Point d'atterrissement n°1

Point d'atterrissement n°2 Point d'atterrissement n°3 Point d'atterrissement n°4

Point d'atterrissement n°5

Point d'atterrissement n°6

Pays Nom Capacité (Gbps) Nom

Capacité (Gbps) Nom

Capacité (Gbps) Nom

Capacité (Gbps) Nom

Capacité (Gbps) Nom

Capacité (Gbps)

Capacité totale (Gbps)

Angola SAT3 ACE SACS

WACS (en cours)

Burundi

Cameroon SAT3 80 WACS 280

NCSCS (MAIN ONE) 40 SAIL 2800

ACE(en cours) 48,9 3200

Rép. Centrafricaine

Tchad

Congo WACS

Rép.Démocratique du Congo

WACS ACE

Guinée Equatoriale

CEIBA-1 ACE CEIBA-2 40 SAIL (en cours)

Gabon SAT3 12,5 ACE

Rwanda

Sao Tome & Principe

ACE

SACS : South Atlantic Cable System Luanda - Fortaleea 6300 km

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Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe dans les pays de la CEEAC

Taux de pénétration du téléphone fixe large bande

Taux de pénétration du téléphone fixe

Pays ISO 2017 2017

Angola AGO 0,3 0.54

Burundi BDI 0 0.22

Cameroun CMR 0,1 3.68

Rep.Centrafricaine CAF 0 0.04

Tchad TCD 0,1 0.07

Congo COG 0 0.32

Rep. Démocratique du Congo

COD 0 0

Guinée Equatoriale GNQ 0,3 0.88

Gabon GAB 0,6 1.05

Rwanda RWA 0 0.10

Sao Tomé & Principe STP 0,6 2.73

Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database

ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande Taux de pénétration

de la téléphonie mobile large bande

Taux de pénétration de la téléphonie mobile

Région Pays 2017 2017

Afrique Angola 14,6 44,73

Afrique Burundi 12,6 54,5

Afrique Cameroun 17,7 83,71

Afrique Rép.Centrafricaine 4,7 25,23

Afrique Tchad 22,6 42,66

Afrique Congo 5,9 96,11

Afrique Rép. Démocratique du Congo 16,2 43,49

Afrique Guinée Equatoriale 0 44,66

Afrique Gabon 84 131,51

Afrique Rwanda 35 72,24

Afrique Sao Tomé & Principe 34 85,14

MOYENNE CEEAC 22,48 65,82

MOY MONDIALE 62,00 103,60

Source: ITU World Tariff Policies Database

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Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès

à internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur Pourcentage de foyers

ayant un ordinateur Pourcentage de foyers ayant un accès internet

Pourcentage de personnes utilisant internet

Pays ISO 2017 2017 2017

Angola AGO 11.89 11.30 14.34

Burundi BDI 3.24 3.32 5.59

Cameroun CMR 16.90 21.70 23.20

Rép. Centrafricaine CAF 2.91 3.03 4.34

Tchad TCD 3.30 3.44 6.50

Congo COG 5.73 2.97 8.65

Rép. Démocratique du Congo

COD 3.11 3.20 8.62

Guinée Equatoriale GNQ 15.76 9.27 26.24

Gabon GAB 34.66 40.98 50.32

Rwanda RWA 2.50 9.30 21.77

Sao Tomé & Principe STP 16.72 19.63 29.93

Source : TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database

Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet par pays de la CEEAC

Pays (Nom IXP) ISO 2017 Nombre de

membres 2017 Provenance

Angola (ANG-IX) AGO 1 13 Burundi (BDIXP) BDI 1 11 ICT-Eye TP

Cameroun CMR 2 8 ICT-Eye TP Rép. Centrafricaine. CAF 0

Tchad TCD 0 Congo (CGIX) COG 2 4 ICT-Eye TP

Rép.Démocratique du Congo(KINIX) COD 1 10 ICT-Eye TP

Guinée Equatoriale GNQ 0

Gabon (GAB-IX) GAB 1 6 Rwanda (RINEX) RWA 1 7 Sao Tomé & Principe STP 0

Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database

ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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Annexe 11 : UNCTAD Indice E-commerce B2C, 2018, Afrique

Pays

%

d’individus

utilisant Internet

(2017 ou

plus récent)

%

d’individus

ayant un compte

(15+, 2017

ou plus

récent)

Serveurs

Internet sécurisés

(normalisés

) (2017)

UPU

fiabilité

de la poste score

(2017 ou

plus

récent)

Valeur Indice

(2017)

Variation de

l’indice (2016-17)

Rang

Mondial

1 Maurice 55 90 56 66 66.9 -7.2 55

2 Nigeria 42 40 52 85 54.7 5.5 75

3 Afrique du Sud 59 69 83 0 52.9 -1.9 77

4 Tunisie 56 37 51 63 51.7 2.1 79

5 Maroc 62 29 54 59 50.9 NA 81

6 Ghana 39 58 45 53 48.8 7.6 85

7 Kenya 39 82 37 27 46.2 3.7 89

8 Ouganda 17 59 31 58 41.5 -3.2 99

9 Botswana 47 51 41 26 41.4 0.1 100

10 Cameroun 23 35 25 78 40.3 3.6 101

11 Namibie 31 81 46 0 39.5 -4.9 103

12 Gabon 62 59 34 0 38.9 5.1 104

13 Libye 20 66 64 0 37.6 NA 107

14 Sénégal 46 42 24 34 36.8 4.5 108

15 Zimbabwe 31 55 34 26 36.7 1.2 109

16 Tanzanie 25 47 32 42 36.5 8.0 110

17 Algérie 43 43 41 18 36.3 0.5 111

18 Egypte 45 33 36 23 34.4 2.3 113

19 Rwanda 20 50 31 30 32.7 -5.1 116

20 Djibouti 13 12 32 20 30.2 13.5 119

21 Togo 12 45 19 41 29.6 -2.3 121

22 Swaziland 29 29 36 23 29.0 1.8 122

23 Soudan 28 15 12 59 28.7 14.7 123

24 Côte d'Ivoire 44 41 25 0 27.6 -10.6 124

25 Lesotho 27 46 31 4 27.2 1.3 126

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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26 Zambie 24 46 38 0 27.0 2.4 127

27 Madagascar 10 18 20 54 25.6 -4.2 129

28 Mali 11 35 23 25 23.9 -0.6 131

29 Angola 13 29 26 26 23.9 -4.7 132

30 Burkina Faso 16 43 12 22 23.4 1.8 133

31 Malawi 11 34 26 18 22.3 2.2 134

32 Mozambique 18 42 23 0 20.8 NA 137

33 Bénin 12 38 18 11 20.1 4.7 138

34 Mauritanie 18 21 18 21 19.6 0.3 139

35 Ethiopie 15 35 4 17 17.8 -0.4 141

36 Sierra Leone 12 20 11 20 15.9 -0.9 143

37 Liberia 7 36 12 7 15.6 -2.1 144

38 Congo 8 26 19 3 14.3 -2.7 145

39 Comores 8 22 20 0 12.5 -7.5 146

40 Burundi 5 7 19 15 11.8 1.8 147

41 R. D. du Congo 6 26 14 0 11.7 -1.0 148

42 Guinée 10 23 10 2 11.4 -0.9 149

43 Tchad 5 22 2 0 7.4 0.7 150

44 Niger 10 16 0 0 6.6 2.4 151

Source : UNCTAD.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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Annexe 12 : Mobile-cellular basket, 2017

Rank Economy

Mobile-cellular basket

Tax rate

included

(%) GNI p.c., USD,

2017

as % of GNI p.c. USD PPP$

1 Macao, China* 0.10 5.65 6.97 0 65,130

2 Hong Kong, China 0.15 5.73 6.93 0 46,310

3 Singapore 0.17 7.92 9.32 7 54,530

4 Austria 0.17 6.63 6.89 20 45,440

5 United Arab Emirates 0.19 6.10 7.99 0 39,130

6 Estonia 0.22 3.38 4.95 20 18,190

7 Slovenia 0.24 4.45 5.86 22 22,000

8 Lithuania 0.26 3.27 5.64 21 15,200

9 Sweden 0.26 11.58 10.33 25 52,590

10 Iceland 0.27 13.84 9.16 24 60,830

11 Norway 0.28 17.66 13.91 25 75,990

12 Sri Lanka 0.30 0.94 2.84 50 3,840

13 Finland 0.30 11.22 10.23 24 44,580

14 Germany 0.31 11.26 12.02 19 43,490

15 Iran (Islamic Republic of) 0.34 1.53 4.26 9 5,400

16 Cyprus 0.35 6.91 8.72 19 23,719

17 Qatar 0.36 18.40 23.73 0 61,070

18 Brunei Darussalam 0.36 9.00 15.69 0 29,600

19 Luxembourg 0.40 23.18 20.43 17 70,260

20 China 0.40 2.91 5.11 0 8,690

21 Costa Rica 0.45 4.11 6.26 13 11,040

22 Switzerland 0.45 30.21 21.04 8 80,560

23 United Kingdom 0.46 15.44 14.96 20 40,530

24 Latvia 0.46 5.62 8.67 21 14,740

25 Ireland 0.49 22.54 20.09 23 55,290

26 Australia 0.54 22.99 18.71 10 51,360

27 Kuwait 0.54 14.14 21.82 0 31,430

28 New Zealand 0.55 17.95 15.41 15 38,970

29 Italy 0.56 14.54 15.96 22 31,020

30 Russian Federation 0.58 4.45 10.44 18 9,232

31 Bahrain 0.59 10.00 16.33 0 20,240

32 Mauritius 0.61 5.13 9.10 15 10,140

33 Croatia 0.64 6.60 11.00 25 12,430

34 Egypt 0.68 1.70 11.01 23 3,010

35 Romania 0.68 5.63 12.04 19 9,970

36 Malaysia 0.70 5.63 14.59 6 9,650

37 Kazakhstan 0.70 4.63 13.27 12 7,890

38 Maldives 0.71 5.67 7.30 6 9,570

39 Canada 0.74 26.39 25.27 13 42,870

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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40 Netherlands 0.74 28.47 28.29 21 46,180

41 Oman 0.75 9.00 17.36 0 14,440

42 Bahamas 0.77 18.79 16.46 8 29,170

43 Denmark 0.78 35.89 28.13 25 55,220

44 Malta 0.83 16.55 22.47 18 23,810

45 Japan 0.84 26.96 28.22 8 38,550

46 Saudi Arabia 0.84 14.13 27.38 0 20,080

47 Mongolia 0.86 2.36 6.81 10 3,290

48 Poland 0.87 9.19 18.46 23 12,710

49 Belgium 0.88 30.72 31.07 21 41,790

50 Turkmenistan 0.88 4.89 15 6,650

51 United States 0.90 43.55 43.55 9 58,270

52 Mexico 0.91 6.51 12.18 19 8,610

53 Armenia 0.91 3.04 7.46 20 4,000

54 Belarus 0.92 4.06 16.16 25 5,280

55 Greece 0.92 13.93 18.27 39 18,090

56 Tunisia 0.93 2.72 7.94 24 3,500

57 Spain 0.94 21.28 25.64 21 27,180

58 Azerbaijan 0.94 3.20 14.54 18 4,080

59 Bhutan 0.97 2.19 6.40 5 2,720

60 Slovakia 0.99 13.64 22.12 20 16,610

61 Portugal 1.02 16.84 22.11 23 19,820

62 Andorra** 1.02 31.49 36,987

63 France 1.08 34.20 34.96 20 37,970

64 Seychelles 1.09 12.94 20.45 15 14,180

65 Czech Republic 1.10 16.61 27.19 21 18,160

66 Chile 1.10 12.48 17.79 19 13,610

67 Israel 1.13 35.13 28.62 17 37,270

68 Libya 1.15 6.29 0 6,540

69 Jordan 1.16 3.83 8.20 46 3,980

70 Sudan 1.23 2..43 35 2,379

71 Korea (Rep. of) 1.23 29.10 32.77 10 28,380

72 India 1.24 1.88 6.12 18 1,820

73 Panama 1.24 13.59 23.02 7 13,100

74 Namibia 1.28 4.90 10.35 15 4,600

75 Hungary 1.28 13.74 25.25 27 12,870

76 Trinidad and Tobago 1.29 16.46 19.68 13 15,350

77 Uruguay 1.39 17.64 21.59 22 15,250

78 Bangladesh 1.39 1.71 4.31 21 1,470

79 Uzbekistan 1.39 2.30 20 1,980

80 Georgia 1.47 4.65 13.71 21 3,790

81 Jamaica 1.56 6.16 9.88 25 4,750

82 Thailand 1.57 7.79 20.62 7 5,960

83 Brazil 1.58 11.28 16.40 40 8,580

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

73

84 Botswana 1.61 9.13 18.04 12 6,820

85 Myanmar 1.61 1.60 6.38 5 1,190

86 Montenegro 1.61 9.86 20.05 19 7,350

87 Paraguay 1.82 5.94 12.85 10 3,920

88 South Africa 1.84 8.33 17.68 14 5,430

89 Albania 1.87 6.72 14.36 20 4,320

90 Saint Kitts and Nevis 1.88 25.10 32..85 16,030

91 South Sudan* 1.94 0.63 4.66 13 390

92 Argentina 1.99 21.68 21 13,040

93 Ghana 2.03 2.51 7.79 24 1,490

94 Indonesia 2.03 5.99 16.09 10 3,540

95 Kenya 2.11 2.53 5.62 26 1,440

96 Peru 2.15 10.71 20.13 18 5,970

97 Pakistan 2.19 2.88 9.46 32 1,580

98 Lebanon 2.32 16.07 26.66 10 8,310

99 Ukraine 2.34 4.65 20.92 20 2,388

100 Dominican Rep. 2.40 13.27 28.36 30 6,630

101 Nauru 2.43 20.71 15 10,220

102 Algeria 2.47 8.15 23.56 19 3,960

103 Viet Nam 2.52 4.56 11.25 10 2,170

104 Antigua and Barbuda 2.55 30.12 37.17 15 14,170

105 Turkey 2.56 23.30 52.99 43 10,930

106 Suriname 2.61 13.11 30.23 8 6,020

107 Barbados 2.64 34.15 27.84 18 15,540

108 The Former Yugoslav Rep. of Macedonia

2.64 10.73 25.49 18 4,880

109 Colombia 2.72 13.23 28.48 23 5,830

110 Bosnia and Herzegovina 2.80 11.53 24.88 17 4,940

111 Tonga 2.81 9.39 12.72 15 4,010

112 Iraq 2.84 11.30 22.10 0 4,770

113 Philippines 2.96 9.02 23.02 12 3,660

114 Grenada 2.96 23.77 31.94 15 9,650

115 Gabon 3.07 16.93 26.63 6,610

116 Ecuador 3.07 15.09 24.87 12 5,890

117 Samoa 3.14 10.74 14.62 15 4,100

118 Serbia 3.34 14.41 31.34 20 5,180

119 Lao P.D.R. 3.53 6.67 17.16 10 2,270

120 Guyana 3.60 13.38 21.07 14 4,460

121 Tajikistan 3.61 2.98 10.92 23 990

122 Saint Lucia 3.77 27.56 35.35 15 8,780

123 Nepal (Republic of) 3.91 2.58 7.35 24 790

124 Bolivia (Plurinational State of)

3.96 10.32 20.77 13 3,130

125 Dominica 3.99 23.24 31.87 15 6,990

126 Bulgaria 4.00 25.84 60.39 20 7,760

127 Moldova 4.06 7.37 19.90 20 2,180

128 Fiji 4.25 17.61 28.34 9 4,970

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129 Kyrgyzstan 4.26 4.01 13.34 17 1,130

130 Ethiopia 4.73 2.91 7.38 15 740

131 Saint Vincent and the Grenadines

4.73 27.54 38.26 2 6,990

132 Morocco 4.77 11.37 26.22 20 2,863

133 Nigeria 4.87 8.45 20.90 5 2,080

134 El Salvador 5.27 15.63 30.35 18 3,560

135 Marshall Islands 5.56 22.22 0 4,800

136 Angola 5.83 16.18 20.65 5 3,330

137 Micronesia 5.89 17.63 0 3,590

138 Palestine 5.90 15.63 22.10 16 3,180

139 Cambodia 6.68 6.85 16.88 10 1,230

140 Guinea 6.90 4.71 10.78 11 820

141 Kiribati 6.96 16.12 2,780

142 Zambia 7.04 7.63 19.38 34 1,300

143 Yemen* 7.23 6.21 5 1,030

144 Honduras 7.49 14.05 28.08 15 2,250

145 Belize 7.56 27.68 48.57 13 4,390

146 Rwanda 7.71 4.62 12.65 28 720

147 Lesotho 7.81 8.33 23.76 5 1,280

148 Mozambique 8.32 2.91 9.53 17 420

149 Sao Tome and Principe 8.45 12.46 19.97 5 1,770

150 Solomon Islands 8.92 14.26 14.35 10 1,920

151 Vanuatu 9.19 22.35 20.46 13 2,920

152 Haiti 9.30 5.89 13.46 10 760

153 Guatemala 9.34 31.61 53.42 12 4,060

154 Timor-Leste 9.41 14.04 21..50 1,790

155 Afghanistan 10.09 4.79 15.69 0 570

156 Cabo Verde 10.33 25.74 55.09 15 2,990

157 Papua New Guinea 10.65 21.39 26.08 10 2,410

158 Uganda 10.96 5.48 16.39 18 600

159 Côte d'Ivoire 11.21 14.38 35.60 18 1,540

160 Djibouti 11.32 17.73 30.13 10 1,880

161 Cameroon 12.02 13.62 33.21 19 1,360

162 Benin 12.37 8.25 21.49 18 800

163 Sierra Leone 15.14 6.43 20.60 15 510

164 Madagascar 15.32 5.11 17.72 20 400

165 Senegal 15.62 12.37 30.60 23 950

166 Tanzania 15.89 11.99 33.01 33 905

167 Nicaragua 16.03 28.44 75.95 15 2,130

168 Comoros 16.46 10.43 0 760

169 Zimbabwe 17.72 13.44 26.48 25 910

170 Mauritania 19.11 17.52 45.96 18 1,100

171 Burkina Faso 19.49 9.91 26.41 18 610

172 Mali 19.60 12.58 33.46 18 770

173 Togo 20.15 10.24 25.50 18 610

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174 Dem. Rep. of the Congo 25.20 9.45 23.66 26 450

175 Malawi 27.39 7.30 25.74 17 320

176 Burundi 30.03 7.26 18.52 18 290

177 Guinea-Bissau 31.46 17.30 41.28 17 660

178 Chad 36.20 19.00 18 630

179 Niger 36.82 11.05 29.12 360

180 Central African Rep. 38.48 12.50 19 390

181 Liberia 58.14 18.41 23.37 14 380

Syrian Arab Republic*** 2..57 0 -

Somalia*** 3.54 10 -

San Marino*** 14.57 16.77 0 -

Cuba*** 21.46 0 -

Liechtenstein*** 27.59 8 -

Monaco*** 28.16 20 -

Source: ITU. GNI p.c. and PPP$ values are based on World Bank data.

Note: Palestine is not an ITU Member State; the status of Palestine in ITU is the subject of Resolution 99 (Rev. Dubai, 2018) of the

ITU Plenipotentiary Conference.

* Data correspond to the GNI p.c. (Atlas method) in 2016.

** Data correspond to the GNI p.c. in 2016, sourced from the United Nations Statistics Division (UNSD).

*** Country not ranked because data on GNI p.c. are not available.