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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef CNEA / Rapport de la 3 ème phase Liste des abréviations ACTA : Aménagement et conservation du territoire agricole API : Approche Participative et Intégrée AFA : Agence Foncière Agricole AVFA : Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole AIC : Association d’intérêts collectifs AEP : Alimentation en eau potable AOC : Appellation d’origine contrôlée BNA : Banque Nationale Agricole BTS : Banque Tunisienne de Solidarité CNEA : Centre National d’Etudes Agricoles CTC : Centre technique des céréales CTV : Cellule Territoriale de Vulgarisation CRA : Centre de Rayonnement Agricole CUPS/CUP : Comité Unique de Pilotage des Stratégies CRDA : Commissariat Régionale au Développement Agricole CSA : Coopérative de services agricoles (actuellement SMSA) CES : Conservation des eaux et du sol COR : Contrats avec des Obligations de Résultats DIMGE : Développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation DT : Dinar Tunisien ESAK : Ecole Supérieure d’Agriculture du Kef ESAM : Ecole Supérieure d’Agriculture de Mograne ESSAS : Exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires FIDA : Fonds international pour le développement agricole FIOP : Financement des investissements et organismes professionnels FOSDAP : Fonds de Développement de l’Agriculture et de la Pêche GDAP/GDA : Groupement de développement de l’agriculture et de la pêche GIC : Groupement d’intérêt collectif GIS : Système d’informations géografiques GTZ : Coopération Technique Allemande Ha : Hectare IRESA : Institution de la recherche et des études scientifiques agricoles

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

Liste des abréviations

ACTA : Aménagement et conservation du territoire agricole

API : Approche Participative et Intégrée

AFA : Agence Foncière Agricole

AVFA : Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole

AIC : Association d’intérêts collectifs

AEP : Alimentation en eau potable

AOC : Appellation d’origine contrôlée

BNA : Banque Nationale Agricole

BTS : Banque Tunisienne de Solidarité

CNEA : Centre National d’Etudes Agricoles

CTC : Centre technique des céréales

CTV : Cellule Territoriale de Vulgarisation

CRA : Centre de Rayonnement Agricole

CUPS/CUP : Comité Unique de Pilotage des Stratégies

CRDA : Commissariat Régionale au Développement Agricole

CSA : Coopérative de services agricoles (actuellement SMSA)

CES : Conservation des eaux et du sol

COR : Contrats avec des Obligations de Résultats

DIMGE : Développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation

DT : Dinar Tunisien

ESAK : Ecole Supérieure d’Agriculture du Kef

ESAM : Ecole Supérieure d’Agriculture de Mograne

ESSAS : Exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires

FIDA : Fonds international pour le développement agricole

FIOP : Financement des investissements et organismes professionnels

FOSDAP : Fonds de Développement de l’Agriculture et de la Pêche

GDAP/GDA : Groupement de développement de l’agriculture et de la pêche

GIC : Groupement d’intérêt collectif

GIS : Système d’informations géografiques

GTZ : Coopération Technique Allemande

Ha : Hectare

IRESA : Institution de la recherche et des études scientifiques agricoles

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

INGREF : Institut national de génie rural, d’eaux et des forêts

INRAT : Institut National de la Recherche Agronomique de Tunis

K. Snane : Kalâat Snane

K. Khasba : Kalâa Khasba

Km : Kilomètre

MARH : Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques

MEDD : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable

m : Mètre

mm : Millimètre

OTD : Office des terres domaniales

ODESYPANO : Office de Développement Sylvo-Pastoral du Nord-Ouest

OEP : Office de l’Elevage et des Pâturages

ONG : Organisation non gouvernementale

OC : Office des céréales

OVOP : Modèle Japonais « Un Village - Un Produit »

PDAI : Projet de Développement Agricole Intégré

PPI : Périmètre Public Irrigué

PACFS : Petite Agriculture à Caractère Social et Familial

PDRI : Programme de développement rural intégré

PV/PA : Production végétale/Production animale

Q/Qx : Quintaux

SAU : Superficie agricole utile

SMSA : Société Mutuelle de Services Agricoles

SMAG : Salaire minimal agricole garanti

SMVDA : Société de mise en valeur et de développement agricole

UCPA : Unité coopérative de production agricole

UTAP : Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche

URAP : Union régional de l’Agriculture et de la Pêche

UGP : Unité de Gestion de Projet

UF : Unité fourragère

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

i

Résumé & conclusions

Contenu de la troisième phase de l’étude

Ce rapport constitue la troisième phase de l’étude stratégique sur le développement durable et

l’agriculture dans le Gouvernorat du Kef et se consacre, conformément aux termes de

référence, à l’élaboration d’un plan d’action prenant en compte à la fois la viabilité

économique et sociale des systèmes de production agricole et les besoins spécifiques de la

durabilité des ressources naturelles et des agro-systèmes. Par ailleurs et tel que proposé dans

la 2ème

phase de cette étude, un ajustement méthodologique basé sur la prise en considération

d’exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires (ESSAS) a permis un meilleur

ciblage du plan d’action.

Le rapport de cette troisième phase comprend trois parties : Une première partie de rappel de

la problématique et des répercussions de la libéralisation des échanges et du changement

climatique, ainsi que des stratégies mises en œuvre pour y faire face. Une seconde partie

portant sur les orientations stratégiques pour un développement agricole durable et une

troisième partie avec le plan d’action et des éléments de sa mise en œuvre.

Rappel de la problématique de durabilité dans le gouvernorat du Kef

Se référant au diagnostic déjà réalisé lors de la 2ème

phase de la présente étude, la

diversification des activités agricoles dans la région du Kef reste encore assez faible avec

toutefois une tendance récente vers l’extension de l’arboriculture et des périmètres irrigués.

L’activité agricole la plus dominante se base sur la pratique extensive des grandes cultures en

sec et de l’élevage ovin.

Les techniques culturales, de faible niveau et peu conservatrices, se matérialisent par une

productivité très moyenne voir médiocre par endroit (les régions Sud et Ouest du gouvernorat)

dans un contexte caractérisé notamment par un manque en vulgarisation, une faible

valorisation des acquis de la recherche, un endettement important des agriculteurs, des

problèmes foncier (dominance de la petite propriété qui peut être non viable et morcellement

des terres) et surtout des comportements où les besoins de l’exploitation agricole sont moins

prioritaires que celles de la famille. Parallèlement, dans la région du Kef (représentative des

zones intérieures de la Tunisie), la faible diversification de l’économie régionale n’a pas

permis de soulager la pression sur le secteur agricole qui constitue quasiment l’unique

alternative en matière de revenu et d’emploi. Actuellement, l’absence d’opportunité d’emploi

se matérialise, surtout pour les jeunes, par un exode rural vers les grandes villes limitrophes.

Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au

niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui

deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. En ce qui concerne les ressources en eau,

les potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles

d’intensification et de diversification de la production agricole.

Le contexte socio-économique dans lequel évoluent les activités agricoles du gouvernorat du

Kef, caractérisé par une certaine dynamique de développement et un besoin pressant

d’amélioration des revenues des agriculteurs par l’exploitation optimale des potentialités

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

ii

agronomiques sans protection suffisante des ressources naturelles, met en évidence les

menaces de durabilité de l’agriculture régionale.

La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se

base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en

œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et

des forêts. Tel que constaté, les efforts de l’Etat étaient soutenables mais n’ont pas enrayé la

dégradation des ressources naturelles et n’ont été que partiellement compatibles avec les

stratégies des agriculteurs : A titre d’exemple, l’absence de concertation se traduit par un

manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion et une

réticence envers les opérations d’entretien même si les ouvrages relèvent de leurs

exploitations agricoles. A ce niveau, la démarche de mise en œuvre des projets d’envergure à

caractère participatif où l’agriculteur a été impliqué depuis la programmation des travaux et

où les actions sont intégrées, constitue un outil plus efficace que les interventions classiques

qui demeurent sectorielles (le programme national).

Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques

de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des

techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre

d’une façon adéquate des stratégies. Le manque de capacités humaines s’aggravera

probablement dans le futur si les départs massifs à la retraite ne sont pas compensés. Du côté

des structures socioprofessionnelles de base (GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité

eu égard à l’objectif pour lequel elles ont été créées et leur position relativement neutre vis-à-

vis du niveau de convergence entre les stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies

d’adaptation des agriculteurs.

A partir de ce constat, la problématique générale du développement durable dans le

gouvernorat du Kef se résume comme suit :

Faible productivité de l’agriculture en sec et en irrigué et climat contraignant ;

Persistance des systèmes de production extensifs et faible innovation technologique

pouvant s’adapter à l’aridité du climat.

Faible diversification de l’économie régionale et forte pression sur l’agriculture ;

Pression et dégradation des ressources naturelles (sols, parcours et forêts) ;

Sous-exploitation des ressources en eau ;

Comportement non conservateur des agriculteurs et contexte socio-économique

contraignant (endettement, fréquence de la petite propriété peu viable,

morcellement…) ;

Faible efficacité du tissu institutionnel et inadaptation de l’approche de planification ;

Faible efficacité des structures de base.

Ce diagnostic a permis en premier lieu de définir globalement la problématique de

développement régionale et en second lieu d’identifier les spécificités en focalisant l’analyse

sur les systèmes agraires présents : Ainsi, les menaces sur la durabilité et les tendances ont été

définies pour les cinq systèmes agraires.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

iii

Les enjeux du forçage économique et climatique

La durabilité de l’agriculture régionale dans le Kef doit faire face aux menaces plus

importantes du futur proche à travers (i) une certaine dégradation de son environnement

écologique suite aux changements climatiques et (ii) à la libéralisation des échanges.

L’agriculture devra donc à la fois résoudre ses contraintes internes et faire face à des

changements en profondeur de son environnement qui sont, pour certains, porteurs de

menaces et de défis. Il s’agit de modifier les pratiques et les choix actuels tout en tenant

compte des conséquences des changements climatiques possibles qui devraient changer

quelques peu les conditions de développement du secteur agricole.

Sur le plan climatique, les changements se traduiraient dans les régions du Nord de la Tunisie

par des élévations des températures annuelles et saisonnières, des baisses de précipitations (les

plus faibles en Tunisie) ainsi qu’une diminution très légère des années extrêmes, mais aussi

par une « stabilité » de la variabilité des précipitations qui est déjà importante au Kef.

L’impact probable de ces changements sur le secteur agricole dans la région se traduirait

globalement par :

Une baisse et une plus grande variabilité de la production agricole (notamment

céréalière) en sec. Cette tendance pourrait être atténuée si des variétés plus

résistantes étaient utilisées pour la recherche.

Une aggravation du problème de l’eau compte tenu de la baisse des précipitations qui

devrait être corrigée par une conception différente de la distribution de l’eau, et le

remplacement des PI actuels par des périmètres à la demande qui envisagent une

utilisation préférentielle pour l’irrigation d’appoint et la recherche d’une plus grande

complémentarité sec/irrigué au sein de l’exploitation.

Une réduction de la production des parcours dans la couverture de besoins du cheptel,

se traduisant par une plus forte dépendance du marché des aliments de bétail en grande

partie importés, une plus forte pression sur les ressources pastorales et leur dégradation

et risque de désaffection envers l’élevage extensif qui occupe une population

importante dans le gouvernorat ;

En plus, et dans les conditions actuelles de marché des aliments de bétail et de la

dépendance du cheptel des aliments achetés, il faut s’attendre à une réduction

importante du cheptel et donc de la remise en cause de l’ensemble des systèmes de

production actuels.

Il devient ainsi urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie cohérente à la fois au

niveau de la région et même au niveau national et programmer les actions à entreprendre sur

le plan institutionnel, agricole et économique, et revoir en particulier les « incitations

économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation foncière, etc.), qui ne semblent

pas palpables au niveau de l’agriculteur et sont rarement perçues comme telles par lui.

Le forçage économique que connaîtra la Tunisie suite à l’ouverture de son économie sur

l’extérieure pourra mettre en difficulté les systèmes de production agricoles les moins

compétitifs. Selon l’étude « stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture et des

écosystèmes aux changements climatiques », publiée en 2007, les effets négatifs se traduiront

par une baisse de 30% des emblavures céréalières au profit de la jachère et une diminution du

PIB agricole de 3% à 4% en 2016 et de 5% à 10% en 2030. Les petites exploitations seraient

les plus touchées par cette ouverture mais aussi celles pratiquant une agriculture extensive et

disposant de structures de production peu équilibrées. Pour le gouvernorat du Kef, la

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

iv

dominance des agro-systèmes extensifs et de la petite propriété montre que la région pourrait

être classée parmi les plus sensibles aux forçages économiques.

Actuellement, les augmentations importantes du prix du pétrole, de la matière première et des

produits céréaliers sur le marché mondial se traduisent par une augmentation continue des

coûts de production. Cette situation a poussé l’Etat Tunisien (importateur net) à consolider la

sécurité alimentaire au niveau des denrées de base : Des incitations ont été accordées au

secteur céréalier moyennant des augmentations importantes des prix qui sont devenus

inférieurs à ceux observés sur le marché mondial offrant une protection à la production

locales contre les importations. A titre d’exemple et au cours de la campagne agricole

2007/2008, les prix à la production du blé dur est passé de 32,8 DT/Q à 40 DT/Q et puis à 55

DT/Q au cours de la même année traduisant une importante augmentation mais ce prix est

resté largement inférieur au prix international qui a dépassé les 80 dollars/Q.

Cette nouvelle réalité, dont la tendance est probablement durable (en liaison avec les

changements structurelles des besoins : Bioénergie et changement des habitudes alimentaires

des pays très peuplés), n’est pas prise en considération dans les études récentes sur le forçage

économique du fait qu’elle est survenue juste avant. Dans ce contexte, les évolutions avancées

en termes de diminution des emblavures céréalières n’est plus valable et doivent être révisées.

L’évaluation de la rentabilité des principales cultures pratiquées montre les dernières révisions

des prix sont favorables à la pratique de la céréaliculture et à l’extension de l’olivier à huile

alors que le coût de revient des fourrages de plus en plus élevé pourrait se traduire par une

diminution de leurs superficies et par un impact négatif sur l’élevage.

Orientations stratégiques et axes de développement

A la lumière des contraintes et des objectifs spécifiques aux systèmes agraires et du diagnostic

global réalisé pour l’ensemble du gouvernorat, le développement agricole et la gestion des

ressources naturelles devraient être basés sur les orientations stratégiques suivantes :

Amélioration de la productivité des activités agricoles : Tenant compte des menaces

climatiques et de la libéralisation des échanges, le secteur agricole actuellement peu

performant est appelé à être compétitif. L’amélioration des rendements est possible

surtout que les pratiques actuelles sont extensives.

Valorisation des ressources en eau largement sous-utilisées (excepté les deux nappes

phréatiques de bled Charène et Bled Abida) : La mobilisation de l’eau constitue un

atout pour diversifier l’agriculture et améliorer ses performances eu égard à certaine

région où l’irrigation a permis un développement spectaculaire des cultures

maraichères et une modernisation dans l’utilisation des facteurs de production.

Préservation des ressources naturelles dégradées : Il s’agit notamment de la ressource

sol qui reste soumis à l’effet néfaste de l’érosion et des pratiques peu conservatrices

qui ont mené à son appauvrissement. En plus de cette ressource, on note la dégradation

continue des parcours et des forêts et la convergence des intérêts individuelles des

agriculteurs – éleveurs (objectif basé sur la mobilisation) et des stratégies publics

(objectif basé sur la sauvegarde).

Renforcement du cadre institutionnel : Cette proposition concerne à la fois le

renforcement des capacités de l’administration et des organisations

socioprofessionnelles. L’objectif recherché étant une meilleure gouvernance des

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

v

ressources naturelles et des filières par l’implication accrue de la population concernée

et la mise en place de structures de concertation et de négociation.

Soutien de l’agriculture dans les régions à climat difficile : La situation socio-

économique se caractérise par une structure productive généralement inadaptée à

l’innovation technique. L’endettement des agriculteurs, la dominance de la petite

propriété peu viable et le morcellement des terres sont autant de contraintes

structurelles que l’administration doit prendre en considération pour l’amélioration de

la productivité de l’activité agricole. Ainsi, des mesures de soutien doivent être

étudiées à travers des encouragements directs (politique de prix adaptée, subventions

spécifiques liées aux régions à climat difficile, système de crédit adapté aux risques et

à l’incertitude des précipitations…) et des encouragements indirects (organisation en

amont en aval des filières…).

Diversification de l’économie régionale : Le gouvernorat du Kef se caractérise par une

faible diversification de son économie régionale qui se répercute par une pression

accrue sur le secteur agricole. Parallèlement, les faibles performances de l’agriculture

du Kef ne permettent pas de réduire l’exode rural et l’ampleur du chômage.

Mise en cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles : Il

s’agit d’apporter des correctifs permettant de concilier entre les besoins de la région et

le contenu des stratégies sectorielles. Ces corrections seront de nature à améliorer les

capacités de résilience des différents écosystèmes.

Mise en place de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau de l’exploitation

agricole : L’objectif étant de compléter les stratégies sectorielles pour que les

interventions en matière de valorisation des ressources naturelles soient bénéfiques et

se traduisent réellement à l’échelle de l’exploitation agricole. Les stratégies doivent

permettre la mise à niveau des exploitations agricoles, la promotion sociale et

financière de l’exploitant, la restructuration foncière, le développement des structures

d’appui étatiques et professionnelles et le financement et le soutien de l’activité

agricole.

En outre, une visite sur le terrain, pour valider ces orientations, a été organisée le 24 et le 25

juin 2008 et a permis de recueillir l’avis d’un certain nombre de techniciens et d’agriculteurs

sur leurs contraintes et leurs vision d’avenir.

Tenant compte des orientations stratégiques, les axes d’un développement durable peuvent

être formulés comme suit :

Axe 1 : Développement du secteur agricole

Axe 2 : Gestion durable des ressources naturelles

Axe 3 : Convergence des stratégies sectorielles et mise à niveau de l’exploitation

agricole et de son environnement économique et social

Axe 4 : Renforcement institutionnel

Axe 5 : Diversification de l’économie locale et régionale

Les préalables à la mise en œuvre des axes d’orientation

Pour la mise en œuvre des axes d’orientation, la classification des groupes-cibles homogènes

par leurs contraintes et leurs solutions vis à vis des menaces a été proposée pour compléter la

démarche se référant aux systèmes agraires. Cette alternative permet de bien définir les

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

vi

stratégies d’adaptation et le plan d’action préconisé. Ainsi, quatre groupes d’exploitations à

solutions et stratégies d’adaptation similaires (ESSAS) sont d’emblée identifiables à partir de

l’analyse de la situation et peuvent être ainsi caractérisés :

Groupe des ESSAS intensificatrices : Il s’agit d’exploitations qui présentent

aujourd’hui des indicateurs de durabilité satisfaisants, mais pour lesquels il reste des

marges de progrès possibles à réaliser dès à présent avant changements climatiques en

vue d’être mieux outillés justement devant ces menaces. L’objectif final est de faire de

ces exploitations des « locomotives » pour le secteur en produisant plus et en

contribuant à la diversification de l’économie régionale (genèse d’activités agricoles,

para-agricoles ou agroalimentaires intéressantes pour le développement durable de la

région et pour contribution à l’allègement de la demande d’emplois agricoles).

Groupe des ESSAS intensifiables : Ce sont les exploitations qui présentent des

indicateurs de durabilité insuffisants aujourd’hui et encore plus après des changements

climatiques éventuels, mais qui pourraient, avec de meilleurs choix technologiques,

une législation et des actions vigoureuses et concertées de l’administration, une

solution à mettre au point pour l’endettement des agriculteurs, des encouragements

bien ciblés, etc. trouver des possibilités d’intensification qui améliorera leur durabilité.

Groupe des ESSAS remodelables : Ce sont les exploitations qui présentent aujourd’hui

des indicateurs de non-durabilité (morcellement excessif, absentéisme, pluriactivité,

taille assez réduite, sols érodées…) et pour lesquels des actions de grande à très grande

envergure seraient nécessaires pour les remodeler et les remettre dans un circuit de

durabilité technique et économique à moyen et long termes. A ce niveau, la réforme

agraire est une solution qui permet d’extraire des lots viables et d’encourager certains

au départ par des incitations à la vente.

Groupe des ESSAS non durables : Ce sont les exploitations qui présentent des

indicateurs de non-durabilité et pour lesquels des actions de très grande envergure

seraient trop coûteuses et non justifiées en ce moment ; c’est le cas d’une grande partie

du système des plaines Ouest et Sud, et de tous les systèmes « remodelables » pour

lesquels il n’y aurait pas eu d’option pour un remodelage organisé à court ou moyen

terme.

Période transitoire pour la mise en œuvre des orientations stratégiques

Les retards enregistrés vers l’orientation du gouvernorat pour un développement durable

justifient la prise en considération d’une période transitoire au cours de laquelle on suppose

notamment :

La réalisation d’un certain nombre d’études de détail des stratégies qui seront

proposées surtout pour hiérarchiser les priorités en fonction des menaces et les

formuler sous forme de projets.

La mobilisation de moyens financiers nationaux publics et privés et la désignation des

maîtres d’œuvres.

Sachant que le budget 2009 (du MARH) est pratiquement bouclé en cette période de

l’année (Août 2008) et réexaminer dès l’achèvement des études, les transferts devront

être effectués de stratégie à stratégie pour démarrer l’application du plan d’action et

préparer, dès 2010 une budgétisation des interventions en fonction de ce plan d’action.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

vii

Un suivi rigoureux sera nécessaire notamment pour les actions de recherche et de

développement.

Mise en cohérence des stratégies sectorielles

Les éléments d’une ébauche de réflexion permettant la mise en cohérence des stratégies

sectorielles de gestion des ressources naturelles, sont les suivants :

Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région : Dans le but d’améliorer

la contribution des forêts dans le bilan fourrager, actuellement très défaillant, il

importe de planter plus d’espèces arbustives fourragères, d’introduire le ressemis en

sous bois et d’utiliser de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu des travaux

mécaniques, pour servir des salaires à la population et lui donner des moyens de

financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent.

Mise en cohérence de la stratégie de CES : Dans la conception et l’exécution de cette

stratégie de CES, il y a lieu de réaliser les interventions de CES après « l’étude du

plan foncier du bassin versant et la réalisation d’un remembrement » de sorte que

l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence d’une exploitation

remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se justifient de

nouveaux investissements.

Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau : L’amélioration de la

productivité de l’agriculture du Kef pourra se faire en privilégiant l’irrigation

d’appoint des grandes cultures plutôt que la création systématique de PPI pour

l’intensification des cultures de rente. Un effort de recherche d’autres systèmes de

distribution et de mobilisation de l’eau à moindre coût unitaire peut compléter

l’approche pour toucher le maximum de demandeurs motivés et les aidera dans la mise

à niveau de leurs exploitations. Les Grandes et Moyennes Exploitations - qui

pourraient disposer d’un appoint d’eau dans ce contexte - seraient mieux à même de

s’orienter vers des assolements céréalier/fourrager (quadriennal, triennal ou biennal)

avec élevage bovin ou ovin très rentables du fait même que l’exploitation, mise à

niveau, peut assurer sur place au troupeau la majeure partie de sa ration alimentaire.

Ainsi, peuvent être réalisés simultanément une plus grande autonomie alimentaire, une

nette amélioration des rendements des cultures et de la production animale, et une

grande réduction des importations de céréales et d’aliments du bétail… Il reste

entendu qu’une optimisation de l’approche, placerait ces interventions après le

remembrement que l’AFA réaliserait dans les exploitations concernées.

Eléments de stratégies de développement de la production

Le développement de la production nécessite des stratégies qui envisagent aussi bien les

aspects techniques tendant vers une optimisation de l’emploi des ressources (facteurs de

production) au sein de l’exploitation que les aspects humains (notamment la promotion

sociale de l’exploitant, organisation de la profession…) et financiers (gestion, crédits,

autofinancement et amélioration de son revenu amélioration du revenu de l’exploitant …) qui

concourent à cette optimisation et sans lesquels l’action risque de n’avoir qu’un impact très

partiel ou sans lendemain. En conséquence, cinq éléments doivent être menés en parallèle et

concerneront successivement :

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

viii

La Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et sa Mise à Niveau : Le développement

de l’agriculture n’a cessé d’être conçu que comme la somme des développements des

différents sous-secteurs de l’agriculture (la céréaliculture, l’arboriculture, les cultures

maraîchères, l’élevage…), oubliant par la même le creuset commun où s’entremêlent

ces activités et les synergies qui pouvaient activer ou opposer les développements

respectifs de ces sous-secteurs, c’est-à-dire qu’on a omis « l’exploitation agricole », où

se réalise le développement. Il s’agit donc de réhabiliter le rôle de l’exploitation

agricole en tant qu’entreprise de base de l’économie agricole et d’essayer de cerner les

principes qui permettraient le démarrage d’un programme de mise à niveau et de

développement… Ce qui implique une approche innovante en matière de recherche,

de développement en fonction des ESSAS (notamment révolution fourragère,

intégration PV/PA et vulgarisation), de gestion de l’exploitation et de la nécessaire

mécanisation, afin de donner une durabilité satisfaisante aux actions à entreprendre

sous l’impact de la double urgence économique et climatique.

La promotion sociale et financière de l’exploitant : L’objectif étant de cibler

l’exploitant agricole comme moteur et moyen du développement de la production par

le biais de l’amélioration du revenu familial qu’il s’agisse d’un revenu garanti par une

meilleure gestion de l’exploitation seule ou d’un revenu provenant d’une pluriactivité

qui peut générer des réinvestissements dans l’agriculture. Il s’agit notamment de :

Trouver une voie pour surmonter l’endettement des petits exploitants et financer

les campagnes agricoles à travers notamment « des projets de crédit supervisés »

pour les ESSAS intensifiables & « la pluriactivité dans toutes sortes de grands

chantiers régionaux » pour les ESSAS remodelables.

Redonner plus d’importance à l’encadrement de l’exploitant pour améliorer sa

technicité & le préparer à son nouveau rôle.

Installer davantage d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme

exploitants, dans la région, ce qui suppose entre-autre la reconversion d’une partie

des exploitants en dehors de l’agriculture pour les ESSAS non durables, et

partiellement pour les ESSAS remodelables.

Favoriser, si possible, à titre pilote pour ce gouvernorat, la promulgation d’une

législation qui permet d’activer la relève des exploitants âgés par des jeunes grâce

à de fortes primes de départs pour les uns et des primes de 1ère

installation pour les

autres.

Faciliter la création d’un réseau de centres de machinisme agricole (de quelques

formes juridiques que ce soit) dirigés par des ingénieurs spécialisés pour la

fourniture de services de location des moyens mécaniques dont l’achat n’est même

plus à la portée des grands agriculteurs.

La restructuration foncière : La contrainte foncière assez fréquente favorise largement

les menaces encourues par l’exploitation. Vu les très faibles progrès faits dans ce sens,

les propositions relatives au niveau régional sont des actions partielles à tester pour

améliorer l’impact des autres axes et leur donner plus d’efficience. La restructuration

doit rechercher les solutions les plus adaptées pour résoudre le problème :

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

ix

des 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha et qui souffrent pour la

plupart de morcellement pour en faire des ESSAS intensificatrices ;

pour les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha et dont une bonne tranche forme des

ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder, elles souffrent également dans la

plupart des cas de morcellement ou d’insuffisance de superficie pour qu’une partie

au moins devienne durable avant l’échéance de 2024 ;

pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha, une partie est formée d’exploitations

irriguées et intensifiables qui pourraient mettre à profit le plan d’action. Le reste,

cultivé en sec, doit être, en partie, remodelé ou mis sur le marché foncier par des

encouragements à déterminer ;

enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha et en dehors de l’irrigué, celles-

ci sont essentiellement des ESSAS non durables. La plus grosse partie est

également à mettre sur le marché foncier par le biais d’encouragements.

Les textes législatifs seraient à formuler et à mettre en application à travers des

mécanismes pour tester la meilleure formule d’intervention. Ils doivent être

suffisamment encourageants pour sortir du cercle vicieux du foncier et lutter contre la

poursuite du découpage des exploitations (favoriser le remembrement, la constitution

d’exploitations durables, l’encouragement au départ des agriculteurs âgés,

l’installation d’ingénieurs-exploitants…). Ainsi, le foncier doit se référer en plus de la

propriété de la terre à la définition de la notion « d’exploitation » qui tient compte de

la question de viabilité (superficie minimale, durée sécurisante pour le fermage…).

Le développement des structures d’appui étatiques et professionnelles : Les structures

d’appui visées sont la recherche et l’enseignement, la vulgarisation et les services à

mettre à la disposition de l’exploitant. L’orientation générale dans le pays étant de

passer des structures créées par l’Etat à des structures professionnelles. Les structures

d’appui à développer concernent :

La recherche et l’enseignement agricoles : Le développement de la recherche devra

notamment intégrer les principaux composants des systèmes agraires présents dans

la région et en examiner régulièrement l’aspect économique (rentabilité). Pour

l’enseignement agricole, une réorientation devra cibler la formation d’ingénieurs à

installer sur des exploitations en liaison avec l’AFA.

La vulgarisation agricole : Avec la décentralisation des CRDA, les CTV et CRA

sont devenues des cellules administratives très peu dotées en moyens humains et

matériels. Actuellement, la volonté de l’Administration de se désister de cette

activité au profit de la profession a été prise sans aucune préparation de celle-ci à

cette tâche et sans un calendrier logique à cette fin, ont fait rendu la vulgarisation

dans la plupart des CTV tout à fait inopérante. en dehors de quelques CTV, dotés

de bons ingénieurs qui ont essayé de maintenir leurs CTV à flot. Face à cette

situation, il y a un besoin urgent de redéfinition du rôle du vulgarisateur et de

l’approche de l’encadrement.

Les services à l’amont et à l’aval de la production : La structuration de la

profession, notamment par la création de structures de services, est un ancien vœu

même sur le plan national qui n’a pas pu être exhaussé. Trois types de

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

x

structurations sont à faire émaner : (i) Structuration à faire émaner de

l’agriculteur : Coopératives, groupements… sont à émaner des agriculteurs avec

l’appui d’une vulgarisation compétente à la condition que les réglementations et

les subventions prévues soient alléchantes, (ii) Structuration à provoquer à travers

l’emploi des jeunes diplômés spécialisés (agences des Offices de l’Etat, de l’OEP,

de coopératives centrales, de CSA, GDA…), et (iii) Structuration par essaimage :

L’OC et les Coopératives centrales possèdent des centres de collecte et

d’approvisionnement en engrais qui pourraient faire l’objet d’un essaimage sous

forme de coopératives ou de sociétés au profit des agriculteurs locaux et de la main

d’œuvre y travaillant.

Le financement et les soutiens financiers : Dans le contexte actuel, les sources de

financement concernées sont les suivantes :

Financement public et bancaire : Il est recommandé de confirmer les formules de

financement bancaires et encouragements publics aux besoins et spécificités

régionales (risques climatiques…) pour trouver entre-autres des remèdes à

l’endettement. Ainsi, il importe de réviser le calendrier de remboursement des

crédits, d’étudier l’opportunité de création d’une banque de proximité peu

exigeante en garanties, de diminuer voir annuler pendant les mauvaises années le

taux d’intérêts, de déterminer la participation de l’Etat dans la couverture des

pertes générées par les menaces climatiques, et de revoir la possibilité d’indexation

des prix des produits de l’élevage par rapport à ceux des céréales…

Financement par la profession : Il est actuellement handicapé par la faiblesse des

moyens de l’agriculteur et devra attendre que le programme de mise à niveau de

l’exploitation soit bien avancé pour qu’il puisse mieux contribuer à un

développement durable de l’exploitation. Le développement d’une « politique

progressive d’encouragement à l’autofinancement » pourrait se faire moyennant

une amélioration du revenu agricole ou du revenu extra-agricole de l’agriculteur :

(i) Amélioration du revenu par une compression des coûts de production par des

actions communes au niveau de groupes d’agriculteurs, l’adoption de technologies

nouvelles, et (ii) Amélioration des capacités d’autofinancement du petit agriculteur

par un revenu extra-agricole surtout dans le Centre et Sud-Ouest du gouvernorat

par une concentration des emplois saisonniers des chantiers ruraux durant les mois

d’août à décembre (financement du démarrage de la campagne agricole).

Plan d’action pour un développement durable

Les axes stratégiques proposés ne peuvent être traduits en actions séparées sous forme d’un

plan d’action sans courir le risque de rester théorique dans l’approche, et de les voir aboutir, à

nouveau, à une dispersion des efforts et au manque de complémentarité entre stratégies qui

caractérise la situation actuelle. Aussi, la complémentarité des actions à prévoir et la volonté

de les faire converger simultanément vers « l’exploitation agricole » nécessiteraient de les

assembler en projets intégrés aux objectifs bien déterminés et à exécuter par des équipes

pluridisciplinaires sous l’égide d’un Comité Unique de Pilotage (CUP). Les idées de projets

intégrés se rapportent aux aspects suivants :

Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation (destiné

essentiellement aux ESSAS intensificatrices) ;

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

xi

Projet pilote de soutien et de financement de l’exploitation intensifiable ;

Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non

durables et de rajeunissement des exploitants ;

Développement des cultures de plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud

du gouvernorat du Kef avec mise en place de projets sur le modèle japonais OVOP

« Un Village - Un Produit » ;

Projet de motivation des exploitants à une utilisation de l’eau en appoint sur

l’exploitation pour une stabilisation minimale de la production ;

Mise en place d’une stratégie de restructuration foncière de l’exploitation ;

Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage -

changements climatiques » adaptée à la région du Kef ; et

Mise en place d’une stratégie de développement des structures d’appui étatiques et

professionnelles.

Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de l’environnement rural.

Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins fourragers et pastoraux de la région.

Intégration de la stratégie de CES dans les actions foncières.

Ces idées de projets qui doivent faire l’objet d’études de faisabilité, doivent être complétées

par des mesures d’accompagnement, notamment au niveau des structures de l’Etat qui devront

en prendre l’initiative, les financer en grande partie et les accompagner jusqu’à réalisation. Ce

plan complémentaire doit inclure notamment : (i) Le recrutement de spécialistes matière et de

vulgarisateurs pour accorder les besoins du CRDA du Kef avec les actions attendues et la

remise en place d’un réseau de relance de la vulgarisation pour les 10 prochaines années et la

préparation de la profession à la relève ; (ii) La réorientation partielle des programmes

d’enseignement à l’ESAK moyennant la création d’une section de formation d’ingénieurs à

installer sur des exploitations ; et (iii) La préparation de textes intérimaires pour le

gouvernorat, et à titre de test définissant :

L’approche à adopter et les moyens à réserver par l’AFA pour favoriser les départs

d’agriculteurs âgés, la reconversion de petits agriculteurs, l’acquisition d’ESSAS non

durables et d’ESSAS remodelables (par achat ou location à long terme) en vu

d’agrandissements à effectuer pour « durabiliser » d’autres ESSAS ;

L’approche à adopter et les moyens à réserver pour l’installation et la densification de la

présence d’ingénieurs-exploitants en liaison avec l’AFA et pour définir les nouvelles

voies à suivre par celle-ci dans la région ; la création d’un projet spécial au sein de

l’agence de l’AFA du Kef, spécifique à cette action pilote pourrait être une solution avant

de prendre des textes qui généralisent l’action au niveau d’autres gouvernorats ;

L’organe qui aura pour charge l’exécution de ces textes : soit une Unité renforcée

spéciale de l’AFA, soit une Société Régionale d’Aménagement Foncier.

Les effets/objectifs attendus du plan d’action

Les effets à attendre du plan d’action dépendent des moyens qui seront consentis, du temps

qui sera consacré pour la réalisation des études de faisabilité et de la date de démarrage du

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

xii

plan d’action. La présente étude s’achevant au courant de l’été 2008, si les crédits pour l’étude

de faisabilité sont prévus pour 2009, elle pourra être réalisée en 2010. Les demandes de

budgets se faisant en 2011, il y a lieu de penser que le démarrage de l’action serait pour la

campagne agricole 2012-2013. Ainsi, les effets possibles sont à espérer à partir de l’an 2024.

En plus des impacts technico-économiques et structurels, la mise en œuvre du Plan d’Action

se traduira notamment par un effet-objectif sur l’amélioration de la structure et de la viabilité

des exploitations agricoles.

Ainsi, parmi les 18.100 exploitations dénombrées au total en 2004, on peut s’attendre aux

résultats suivants :

Pour les 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha, on pourrait atteindre

1.000 exploitations remembrées, effectuant un assolement suffisamment intensif,

intégrant les grandes cultures à l’élevage et dont 10% seraient dirigées par des

ingénieurs-exploitants ayant un grand rayonnement sur la région ; 20% pouvant être

qualifiées d’exploitations réellement intensificatrices ;

Dans les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha, il existe une bonne tranche des ESSAS

intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder par de meilleures techniques, par des

remembrements ou agrandissements de la superficie…, l’effet-objectif à s’assigner, vu

la multiplicité des conditions à réunir dans ces petites exploitations et leur

éparpillement, pourrait être de 1.500 exploitations remodelées en fin de décennie ;

Pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), il s’agira d’abord pour

l’étude de faisabilité de tirer d’exploitations en irrigué qui feraient en grande partie des

ESSAS intensifiables, et pourront mettre à profit le plan d’action proposé. Pour le

reste, cultivé en sec, elles appartiennent, en partie aux ESSAS remodelables et en

partie aux ESSAS non durables ;

Enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors

de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. L’effet-

objectif qu’on propose de s’assigner ne peut dépasser, si on veut être réaliste, 1.500

exploitations remodelées à partir des 11 mille exploitations < 10 ha.

Ainsi, en 2024 le total du nombre d’exploitants tournerait autour de 10 mille exploitations

dont quelques 6.000 auraient reçues des actions au profit d’une mise à niveau et d’une

meilleure durabilité. En contrepartie, une tranche d’exploitants sera reclassée socialement par

la création d’emploi ou par l’indemnisation de retraite.

Conformément à ce qui est déjà mentionné, la démarche suivie pour l’identification des

orientations stratégiques et du plan d’action s’est basée sur les problématiques de durabilité

analysées à l’échelle de chaque agro-système tout en prenant en considération les aspects

globaux relevant de l’échelle régionale (les stratégies sectorielles et de production, l’efficacité

d’intervention de l’administration…). Dans ce contexte, les orientations stratégiques et le plan

d’action déjà présenté sont spécifiés ci-dessous dans le tableau suivant pour chaque agro-

système. Au niveau de ce tableau, il importe de signaler que les mesures d’ordre général qui

concernent notamment la mise en cohérence des stratégies sectorielles et le développement

des structures d’appui étatiques et professionnelles ne sont pas mentionnées car ils concernent

toutes les exploitations agricoles.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

i

Synthèse des orientations stratégiques et du plan d’action par agro-système et tendances des exploitations agricoles

Agro-systèmes Caractérisation des agro-systèmes

Problématique /

Menace sur la

durabilité

Orientations stratégiques Plan d’action Tendances futures

des exploitations

Agro-système I :

Le système agro-

sylvicole de

montagne

- Monoculture céréalière en sec &

Elevage extensif

- Pluies abondantes & Sols riches

- Zones accidentées

- 50 % des exploitant ont un revenu

agricole < SMAG

- Erosion des sols (73%

des superficies)

- Envasement des

ouvrages hydrauliques

(Mellègue)

- Déficit fourrager

- Possibilité de diversification et

d’intensification (mobilisation de l’eau

d’irrigation).

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles.

- Préservation des ressources naturelles

dégradées (CES, parcours et forêts).

- Préservation des ressources naturelles (CES,

parcours et forêts)

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’activité agricole

- Programme de pluriactivité, d’aide et de

financement du groupe des exploitations non

durables (AGR et chantiers ruraux) et de

rajeunissement des exploitants.

- 50% Exploitations

intensificateurs et

exploitations

indentifiables

- 50% Exploitations

Remodelables et

Non durables

Agro-système II :

Système agro-

pastoral des

reliefs collinaires

- Monoculture céréalière en sec &

Elevage extensif

- Zones accidentées

- Absence de ressources en eau

- 70% des exploitations ont une

superficie inférieure à 10 ha

- Exode rural, absentéisme et

endettement important

- La quasi-totalité des exploitations

sont à la limite de la viabilité

- Dégradation des

ressources pastorales et

sylvicoles,

- Erosion importante

(82% des sols),

- Déficit fourrager

- Diversifier l’économie.

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles.

- Préservation des ressources naturelles

dégradées (CES et parcours).

- Préservation des ressources naturelles (CES,

parcours et forêts)

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’activité agricole

- Programme de pluriactivité, d’aide et de

financement du groupe des exploitations non

durables (AGR et chantiers ruraux) et de

rajeunissement des exploitants.

- Développement des cultures de plantes

médicinales et mellifères dans les zones Sud et

Ouest du gouvernorat.

Il s’agit surtout

d’exploitations

remodelages et non

durables

Agro-système

III :

Système agro-

pastoral des glacis

- Polyculture en sec (grandes

cultures + divers) & Elevage

extensif

- Absence de ressources en eau

- Endettement important

- Exode rural assez prononcé

- Erosion importante

(30% des terres)

- Déficit fourrager

- Problème de

transmissibilité de

l’activité agricole (zone

centrale)

- Possibilités de diversification dans les

zones Nord (meilleures conditions

climatiques). Pour la zone centrale,

miser surtout sur la diversification de

l’économie régionale.

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles.

- Préservation des ressources naturelles

dégradées (CES et parcours).

- Préservation des ressources naturelles (CES,

parcours et forêts)

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’activité agricole

- Programme de pluriactivité, d’aide et de

financement du groupe des exploitations non

durables (AGR et chantiers ruraux) et de

rajeunissement des exploitants.

Exploitations

intensifiables

surtout dans les

glacis du Nord et

exploitations

remodelables et

non durables pour

les glacis du Centre

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

ii

Synthèse des orientations stratégiques et du plan d’action par agro-système et tendances des exploitations agricoles

Agro-systèmes Caractérisation des agro-systèmes

Problématique /

Menace sur la

durabilité

Orientations stratégiques Plan d’action Tendances futures

des exploitations

Agro-système

IV.1 :

Système en sec

des hautes plaines

de l’Est

- Monoculture céréalière en sec &

Elevage extensif

- Pratiques culturales ne valorisant

pas le potentiel (sol et

pluviométrie) existant

(rendements très moyens)

- Approvisionnement

continu du sol suite aux

faibles restitutions

- Paquet technologique

peu valorisant

- Possibilités importantes de

diversification et d’intensification

(mobilisation de l’eau d’irrigation)

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles.

- Implication supplémentaire et valorisation des

acquis de la recherche

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’activité agricole

Il s’agit surtout

d’exploitations

intensificatrices et

intensifiables

Agro-système

IV.2 :

Système en sec

des plaines Ouest

et Sud

- Monocultures céréalières en sec &

Elevage extensif

- Zones frontalières

- Dominance de la petite propriété

- Morcellement excessif des terres

- Endettement généralisé

- Exode rural assez prononcé

- Approvisionnement

important des sols

- Déficit fourrager

important

- Diversifier l’économie.

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles.

- Préservation des ressources naturelles

dégradées (CES et parcours).

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’activité agricole

- Programme de pluriactivité, d’aide et de

financement du groupe des exploitations non

durables (AGR et chantiers ruraux) et de

rajeunissement des exploitants.

- Développement des cultures de plantes

médicinales et mellifères.

- 50% Exploitations

remodelables

- 50% Exploitations

non durables

Agro-système V :

Système conduit

en irrigué

- Ressources en eau sous exploitées

- Taux d’intensification de 77% dans

les PPI et 122% au niveau des

puits de surface

- Sous-exploitation des PPI

(absentéisme, faibles moyens

financiers, difficultés de gestion

des GIC…)

- Problème de

compétitivité régionale

- Problème de

commercialisation

- Amélioration de la productivité des

activités agricoles en irrigué.

- Amélioration de la contribution des

cultures irriguées dans la production

agricole.

- Mise à niveau des exploitations agricoles

- Promotion sociale et financière de l’exploitant

- Restructuration foncière

- Soutien de l’aval de l’activité agricole en

irrigué

- Renforcement des GDAP

- Vu les possibilités importantes du Kef en

matière de ressources en eau, étudier la

possibilité d’irrigation d’appoint des céréales

pour stabiliser et augmenter la production et la

productivité des facteurs.

- Instaurer un système de suivi des nappes

souterraines

Exploitations

intensificatrices

Exploitations

intensifiables

Exploitations

remodelables

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

1

Introduction

Selon les termes de référence, l’objectif de la troisième phase de cette l’étude stratégique sur

le développement durable et l’agriculture dans le Gouvernorat du Kef est consacrée à

l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action prenant en compte à la fois la viabilité

économique et sociale des systèmes de production agricole et les besoins spécifiques de la

durabilité des ressources naturelles et des agro-systèmes.

Par ailleurs et partant des résultats de la 2ème

phase de l’étude qui concernait le diagnostic

global de la problématique de développement à l’échelle du gouvernorat et de celui réalisé

pour chaque système agraire en liaison avec les éventuels menaces exogènes pouvant

découler des changements climatiques et économiques, l’objectif prioritaire étant surtout :

(i) La mise à niveau de l’exploitation agricole ; et

(ii) La coordination des stratégies actuelles de gestion des ressources naturelles trop

« sectorialisées » dans le but de les faire converger avec les intérêts des agriculteurs

pour une meilleure prise en charge.

Tenant compte de ce diagnostic, des axes d’orientation stratégiques ont été proposés et

déclinés en plan d’action. Concrètement, ne pouvant être traduits en actions séparées sans

courir le risque de les voir aboutir (comme les stratégies sectorielles existantes) à une

dispersion des efforts très dommageables pour le gouvernorat, les axes d’orientation

stratégiques ont été assemblés en idées de projets intégrés.

Sur le plan méthodologique, ce travail se base sur une approche concertée qui a impliqué

différents acteurs. Ainsi et à l’instar du diagnostic participatif réalisé dans la deuxième phase

du projet et qui a intéressé des agriculteurs relevant des différents agro-systèmes et des

instances institutionnelle régionales, la troisième phase a connu deux niveau de concertation :

Le premier niveau de concertation qui prend en considération les propositions des

responsables régionaux, a été réalisé à l’occasion du travail de restitution au siège du

gouvernorat du Kef en mars 2008 (entre la 2ème

et la 3ème

phase de l’étude).

Le deuxième niveau de concertation, réalisé lors de la 3ème

phase de l’étude (juin

2008), s’est intéressé à un certain nombre d’agriculteurs en vu de vérifier le bien-

fondé de certaines actions envisagées (dans le plan d’action) et d’examiner leur

position et vision du développement agricole.

Le rapport de cette troisième phase comprend trois parties : Une première partie de rappel de

la problématique et des répercussions de la libéralisation des échanges et du changement

climatique, ainsi que des stratégies mises en œuvre pour y faire face. Une seconde partie

portant sur les orientations stratégiques pour un développement agricole durable et une

troisième partie avec le plan d’action et des éléments de sa mise en œuvre.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

2

1. Rappel de la problématique de durabilité de l’agriculture du Kef

1.1. Problématique de la durabilité du secteur agricole

1.1.1. Agriculture extensive et dominance de la petite exploitation

L’agriculture dans la région du Kef est dominée par les spéculations extensives de grandes

cultures et d’élevage avec l’émergence des noyaux d’irrigation encore peu significatifs en

superficie et devant les potentialités en eau. Elle se caractérise aussi par la présence de 18 110

exploitants dont 60% ont moins de 10 ha et 10% ont plus de 50 ha, en cohérence avec

l’orientation extensive de l’agriculture dans la région du Kef. L’éclatement de la propriété,

engendré par le phénomène d’héritage, a été relativement maîtrisé par la dynamique du

marché foncier qui a contribué à la diminution des exploitations de faible taille. La superficie

moyenne par exploitation a légèrement diminué en passant de 22,3 ha en 1994 à 21 ha en

2004. En plus de cette structure basée sur la dominance de la petite exploitation, le

morcellement des terres agricoles reste prépondérant (en moyenne 3,9 parcelle par

exploitation selon les statistiques de l’an 2004) malgré les efforts de l’agence foncière

agricole en matière de remembrement dont les procédures sont lentes.

De par le caractère extensif dominant de l’agriculture dans le gouvernorat du Kef, près de la

moitié des exploitants s’occupent à temps plein de leurs exploitations et environ le quart

s’adonne, en plus, à des activités lucratives non agricoles.

Avec 87% des terres labourables consacrées aux grandes cultures si l’on compte les jachères,

la structure de l’occupation du sol est cohérente avec les potentialités agronomiques de la

région. Cette structure n’a pas connu de changements profonds au cours de la dernière

décennie. Entre les IXème

et Xème

plan on note un léger changement au profit des cultures

fourragères, de l’olivier en sec et des légumes et des fruits en irrigué qui s’explique par la

tendance des producteurs à opter pour des cultures à plus haute valeur commerciale grâce à

l’extension des périmètres irrigués. Ceux-ci ont presque triplé en l’espace de quinze ans.

Analysée sur la campagne 2005/2006, l’occupation du sol montre la prépondérance des

grandes cultures, essentiellement la céréaliculture qui occupe 56% des terres cultivées.

L’olivier et secondairement les arbres fruitiers couvrent 9% et les cultures maraîchères 2%

des terres cultivées. La jachère pratiquée pour des raisons agronomiques ou forcée par des

conditions climatiques occupe généralement 20% à 25% de la superficie labourable.

En ce qui concerne l’élevage, on distingue un système à base d’ovin-caprin tirant profit des

ressources sylvo-pastorales dans le nord du gouvernorat, un système à dominance ovine dans

les délégations du sud du gouvernorat et un système d’élevage associant les ovins et les

bovins de race pure ou locale améliorée au niveau des plaines des périmètres irrigués.

L’importance de l’élevage est reflétée par le nombre d’agriculteurs éleveurs et par sa tendance

à l’augmentation malgré les pertes de cheptel consécutives aux années de sécheresse. En effet,

en l’espace de 16 ans (de 1990 à 2006), l’effectif des bovins, aussi bien de race pure que de

race locale améliorée, a augmenté de 28%, celui des ovins de 22% et des caprins de 7%. Le

bilan fourrager est structurellement déficitaire (en moyenne 22 à 86 millions d’UF) et le taux

de couverture des besoins n’est que de 78%.

Cette région est caractérisée par ses plaines et hauts plateaux consacrés aux grandes cultures

(principalement les céréales), l’importance des forêts et des maquis et de l’élevage ovin

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

3

extensif. Les céréales et les produits de l’élevage sont les principales productions de la région

et contribuent respectivement à hauteur de 29% et 31% de la production régionale.

Les changements opérés durant les deux derniers plans de développement ne témoignent pas

d’une transformation profonde des systèmes agraires qui sont observés depuis des décennies.

Le gouvernorat du Kef demeure une région céréalière et d’élevage ovin extensif et les appris

culturels et sauts technologiques n’ont pas aidé les agriculteurs à se surpasser des traditions.

La moyenne des rendements des céréales, par exemple, a oscillé entre 8 Qx/ha durant le VIème

plan et 17 Qx/ha durant le Xème

plan. On doit noter toutefois l’émergence des systèmes

relativement intensifs, représentés par les périmètres irrigués, l’installation de bovins laitiers,

l’extension de l’olivier, de l’arboriculture fruitière et du maraîchage irrigué qui ont été induits

par les différentes politiques de mobilisation des ressources en eau et d’encouragement à la

pratique d’activités agricoles plus rémunératrices. La politique de protection et de valorisation

des ressources en sol et forestières a eu ses effets positifs par la limitation des pertes en sol,

l’amélioration du taux de couverture végétale par des espèces sylvicoles et pastorales.

1.1.2. Conditions pédoclimatiques aléatoires et contraignantes

Appartenant à la grande région du Haut tell, le gouvernorat du Kef se caractérise par un relief

accidenté et compartimenté avec des hauts plateaux et des plaines alluviales souvent isolés

s’étendant entre les chaînes montagneuses. Entre ces plaines et les versants montagneux en

roches dures, existent des glacis encroûtés constituant des zones de transition très affectées

par l’érosion. L’altitude varie de 700 m à 1200 m pour les montagnes et de 450 m à 600 m

pour les plaines et les plateaux. Les spécificités agro-écologiques de ce relief lui donnent un

caractère particulièrement difficile et contraignant.

Sur le plan climatique, le gouvernorat du Kef appartient en grande partie à l’étage

bioclimatique semi-aride. Toutefois, certaines zones du sud-ouest du gouvernorat font partie

de l’étage bioclimatique aride supérieur et d’autres dans le nord appartiennent à l’étage

subhumide. Dans l’ensemble, il s’agit d’un climat continental à hiver froid et rigoureux avec

des minima parmi les plus basses de la Tunisie. En outre, pendant la période hivernale, les

chutes de neige sont assez fréquentes notamment sur les hauteurs et les gelés et la grêle sont

aussi fréquentes et tardives. Par contre en été, les grandes plaines céréalières sont soumises

aux vents chauds et desséchants (sirocco).

La pluviométrie accuse une variabilité spatiale assez importante. En effet, elle varie de 320

mm au niveau de la zone la moins arrosée située au Centre-ouest du gouvernorat, à 520 mm

au Nord-est.

Ces conditions pédoclimatiques, aléatoires pour la production et contraignantes pour la

diversification, se traduisent par des niveaux de rendements très moyens et en deçà des

moyennes nationales.

1.1.3. Pression sur les ressources naturelles

Quoique les changements dans les systèmes de production et des pratiques agricoles et

d’élevage ne soient pas assez perceptibles, le paysage agraire dans le gouvernorat du Kef subit

certaines mutations en réaction aux orientations et encouragements au développement de

l’agriculture arrêtés par l’Etat. Les réactions les plus manifestes concernent le développement

de l’irrigation, l’intensification des cultures de légumes et d’arbres fruitiers, le développement

de l’élevage bovin laitier et la tendance à l’amélioration des performances des populations

animales locales. Ce comportement des exploitants a été par ailleurs motivé par les besoins

d’améliorer leurs revenus et pour répondre aux besoins financiers croissants de leurs familles,

d’une part, et par une demande en produits alimentaires en augmentation constante en raison

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phase

4

du croit démographique et de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, d’autre part.

Les ressources naturelles étant à la base de toutes les filières agricoles, les performances

atteintes par le secteur agricole dans la région ont eu lieu moyennant une utilisation intense de

ces ressources sans que des précautions suffisantes aient été prises pour assurer leur

durabilité. Les dégâts observés concernent surtout :

Les ressources en sols : Au niveau de ces ressources, les menaces d’érosion sont

favorisées par les pratiques culturales, la nature des sols en place et les phénomènes

climatiques. A noter aussi le faible niveau de restitution de la matière organique et

d’adoption de techniques conservatrices ;

Les ressources sylvicoles et pastorales : Elles sont mises à rudes épreuves de par la

pression de plus en plus importante de l’élevage, de la pratique de culture annuelle sur

des sols inappropriés et des prélèvements excessifs pratiqués par les populations

riveraines ou habitant les espaces forestiers. La dégradation qualitative et quantitative

des ces ressources (terres de cultures, parcours et forêt) se manifeste par l’érosion et la

perte de fertilité des sols, la diminution du couvert végétal et la baisse de sa qualité.

Les ressources en eau : Le gouvernorat du Kef jouit actuellement d’une position

confortable en matière de ressources en eau, avec un excédent transféré naturellement

vers les régions voisines. Toutefois, on doit noter le risque de surexploitation de

certaines nappes phréatiques et surtout l’état de dégradation de certaines

infrastructures hydrauliques (lacs et barrages collinaires envasés et colmatés) qui

auront des effets négatifs sur la durabilité des activités agricoles déjà entreprises par

les agriculteurs exploitant ces ouvrages.

Les pratiques culturales caractérisées par l’emploi fréquent d’outils à disques pour le travail

du sol, la dominance de la monoculture céréalière et l’augmentation spectaculaire des effectifs

des élevages bovin et ovin ont engendré une forte pression sur le couvert végétal et sont à

l’origine de la dégradation des terres et par suite de l’intensification du phénomène de

désertification. Cette situation est d’autant plus grave que le contexte climatique (les pluies

d’automne ont un caractère orageux), la nature du relief ondulé, la nature des substrats,

l’appauvrissement des sols en matière organique, associés à une occupation humaine

relativement ancienne, contribuent à fragiliser le milieu et le prédisposent à l’érosion.

Actuellement, le degré de vulnérabilité des sols à l’érosion est très élevé dans la région :

l’érosion hydrique moyenne à forte concerne 312 mille ha (62% de la superficie du

gouvernorat) et l’érosion éolienne touche 198 mille ha (39% de la superficie du gouvernorat).

Ces deux types d’érosion ont tendance à s’aggraver avec les changements climatiques où les

phénomènes extrêmes (abondance pluviométrique et sécheresse prolongée) seront plus

sévères. Les efforts d’aménagement des bassins versants entrepris depuis plus de deux

décennies ont porté sur le traitement intégral ou en partie de près de 73 mille ha, soit environ

le quart des superficies menacées.

D’autres facteurs de dégradation des sols ont été observés : Il s’agit en premier lieu de

l’appauvrissement du sol en matière organique et dans une moindre mesure de la salinisation

des sols au niveau des périmètres irrigués et de la présence de certaines zones halomorphes

inondables.

L’appauvrissement du sol en matière organique dans le gouvernorat du Kef a été mis en

évidence par les analyses de laboratoire effectuées durant la période 2000 – 2005. Les teneurs

les plus faibles, traduisant un état de dégradation avancé, ont été surtout observées dans les

délégations de Sakiet Sidi Youssef, de Kalâat Snane et de Jérissa. Dans l’ensemble, les

résultats des analyses montrent une pauvreté et un appauvrissement qui forment une menace

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phase

5

importante pour la durabilité des systèmes de production, notamment en cas de changements

climatiques ou d’absence d’adoption d’assolements et d’élevages capables de restituer

davantage de matière organique au sol. Les raisons principales de cette faiblesse de la teneur

en matière organique résident notamment dans :

La non application d’assolements équilibrés et la très faible charge en bétail des grandes

et moyennes exploitations céréalières (faible sinon absence d’intégration des grandes

cultures avec l’élevage),

L’utilisation de la charrue à disques et de l’offset surtout sur les sols léger ou en pente ; à

noter que l’introduction de cette charrue, après avoir été fortement limitée dans les années

80, s’est retrouvée largement présente sur le marché ;

Les emblavements qui envahissent de plus en plus les parcours naturels et qui limitent

leur superficie ;

Le labour dans le sens de la pente qui, à lui seul concerne au Kef quelques 100 mille ha ;

Le surpâturage qui a fortement réduit le couvert végétal, élément important de protection

de sa fertilité ; et

L’apparition de plus en plus remarquée d’éleveurs sans terre.

La pression exercée sur la forêt constitue un risque majeur pour la partie Nord-Ouest du

gouvernorat. La forêt connait une dégradation sévère, due au prélèvement excessif de bois

d’énergie, au défrichement, au surpâturage et à l’exploitation irrationnelle et souvent

anarchique de certaines espèces pour des fins domestiques ou industrielles. Cette dégradation

a des effets directs sur les écosystèmes et sur la diversité biologique. Elle conduit aussi à

terme, à l’appauvrissement et à l’exode des ruraux. La forêt constitue un espace de vie pour

pas moins de 34500 habitants, soit près de 26% de la population rurale du gouvernorat. Les

prélèvements illicites atteignent, pour le bois de chauffage, trois fois le potentiel de

renouvellement du massif forestier. Le défrichement et le déboisement qui ont tendance à

diminuer, ont touché, au cours des trois dernières années, 104 ha et 47 ha respectivement. Le

surpâturage, effectué par un cheptel composé d’environ 105000 têtes de petits ruminants et

1200 têtes bovins est aussi menaçant et devient effectif en années sèches. D’autres formes de

dégradation des ressources sylvicoles sont aussi constatées malgré la vigilance des

responsables concernés : Il s’agit des incendies qui sont de plus en plus maitrisées (moyenne

de 176 ha/an de 1987 à 1996 et 24 ha/an de 1997 à 2006). Les différentes formes de pression

sur la forêt qui joue dans la région un rôle économique, social et écologique important,

risquent de s’amplifier en l’absence de l’organisation des populations usagères,

d’actualisation des PV d’aménagement des massifs les plus importants et aussi faute de

moyens humains et financiers pour leur application.

Pour les ressources en eau, la région du Kef dispose encore d’une bonne marge de manœuvre

puisque le potentiel dont elle dispose est sous-exploité. Quoique partiellement mises à profit

dans la région, ces ressources ont permis de développer un secteur irrigué qui a connu une

importante évolution. En effet, les superficies aménagées sont passées de 2177 ha en 1987 à

13889 ha en 2005 dont 11716 en intensif et 2173 en semi-intensif. Cette superficie est répartie

entre 4151 ha de périmètres publics irrigués (représentés par 2337 ha de PPI, 363 à partir de

Barrage Mallègue, 1030 ha à partir de Barrages collinaires et 341 ha à partir de sources

naturelles) et 9738 ha de périmètres privés. Le diagnostic réalisé fait apparaître les constats

suivants :

Les eaux de surface, actuellement mobilisées par le barrage de Mallègue, 24 barrages

collinaires et 64 lacs collinaires ne sont exploitées qu’à hauteur de 6%. le potentiel qui

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phase

6

reste à mobiliser représente 52% du potentiel total mobilisable en eau de surface. La

région constitue, en outre, un fournisseur d’eau.

Les nappes souterraines sont aussi peu sollicitées, le niveau d’exploitation des nappes

phréatiques est de 87% et celui des nappes profondes de 27,3%. D’ailleurs, le suivi de

la piézométrie de la plupart des nappes souterraines ne signale pas de dangers réels

sauf pour deux nappes phréatiques, Bled Abida et Bled Charène, exploitées à 128% et

160% de leurs potentiels.

Si la pression sur les ressources en eau n’est pas encore déclarée, ces ressources subissent une

autre forme de dégradation, c’est celle de leur qualité. En effet, six nappes phréatiques (sur les

14 exploitées) présentent des teneurs en nitrate relativement élevées à cause de l’usage parfois

excessif des fertilisants.

Les dégâts observés au niveau des ressources naturelles auraient pu être mieux maîtrisés, si

une approche participative impliquant les populations bénéficiaires avait été mise en œuvre.

Durant des décennies, la conception et la mise en œuvre des programmes d’aménagement de

l’espace agricole se faisaient d’une façon unilatérale par l’Administration alors que les

usagers sont appelés à respecter un ensemble de règles qui, souvent, négligent leurs intérêts.

D’application relativement récente, l’approche participative n’est ni bien ancrée dans les

méthodologies d’intervention des gestionnaires de ressources ni appropriée par les utilisateurs

de ces ressources. Les structures mises en place pour la gestion collective, tout en conciliant

les stratégies individuelles et celles des collectivités, ne remplissent généralement pas leurs

fonctions et sont attentistes envers l’Administration.

1.1.4. Contexte socio-économique contraignant

Les aspects socio-économiques les plus significatives du contexte régional, se résument à

travers les faits suivants :

Exploitations agricoles à perspectives limitées : Les contraintes structurelles concernent

notamment l’endettement de la majorité des agriculteurs et la dominance de la petite

propriété extensive, peu diversifiée et conduite en sec qui est de nature à présenter des

problèmes de viabilité économique.

Exode rural et migration vers l’extérieur du gouvernorat du Kef : Ce phénomène qui a été

mis en évidence à travers un solde migratoire négatif (-11842 personnes durant la période

1999-2004), s’est traduit par une diminution de la population en âge actif et plus

particulièrement celle qualifiée ou diplômée. Cette population quitte le gouvernorat à la

recherche d’opportunités d’emploi dans les grandes métropoles côtières.

Taux de chômage assez élevé, estimé à 22,1% en 2004 contre 13,9% au niveau national.

Comparé aux statistiques de l’an 1994, la situation s’est légèrement améliorée. Cette

problématique de l’emploi est accentuée par le recul de l’offre générée par les différentes

branches d’activités agricoles, industrielles et minières dans la région du Kef.

Augmentation des besoins en termes d’emploi en raison de l’accroissement de la

population en âge actif dont le taux est passé de 57,5% en 1994 à 74,4% en 2004.

Epuisement des réserves minières situées au Sud du gouvernorat et détérioration du rôle

économique que jouent les centres de Jérissa et Kalâa El Khasba en tant que pôle de

rayonnement. Dans ces zones, les projets mis en œuvre comme alternative à cette

situation, ne pouvaient pas satisfaire les besoins existants.

Difficulté d’adéquation entre le caractère frontalier de certaines zones relevant des deux

délégations de Sakiet Sidi Youssef et de Kalâat Snane et des besoins de la population en

matière de développement. Dans ce contexte, le développement de ces régions doit tenir

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phase

7

compte de l’existence d’activités parallèles issues de transactions de différentes natures

avec l’Algérie, basées notamment sur les produits et les besoins de l’élevage ovin

(fourrages, mouton, articles artisanaux…) et de la nécessité de la fixation de la population

sur ces lieux en créant les conditions favorables surtout en améliorant l’infrastructure de

base.

Faible complémentarité et intégration à l’intérieure et entre les différentes branches

d’activités économiques limitant surtout les possibilités de diversification des activités de

services (industries de transformation agro-alimentaires).

Faible modernisation des infrastructures de désenclavement pour améliorer d’une part, les

liaisons entre les zones de production et les zones de consommation et constituer d’autre

part, une région attractive pour l’installation de pôles d’activités de nature à dynamiser

davantage l’emploi et améliorer la valeur ajoutée régionale. Cette modernisation des

infrastructures concerne notamment les axes routiers et les voies ferroviaires.

Faible niveau de l’investissement privé qui n’a pas suivi la cadence des réalisations

collectives, issues des divers plans quinquennaux (faible dynamisation du marché de

l’emploi).

Absence d’études sectorielles à l’échelle du gouvernorat du Kef permettant d’identifier

les opportunités d’investissement dans les différentes activités. Ces études sont de nature

à valoriser les acquis collectifs ainsi que les potentialités et le savoir-faire local en

fonction des spécificités des agro-systèmes.

Ces contraintes traduisent la faible diversification de l’économie régionale et la pression qui

pourrait être générée sur l’activité agricole et sur la gestion des ressources naturelles.

Parallèlement, le besoin pressant d’amélioration des revenus des agriculteurs pourra se

traduire par une exploitation minière des potentialités agronomiques sans protection suffisante

des ressources naturelles.

1.1.5. Tissus institutionnel dense mais peu efficace

Encore aujourd’hui et malgré la volonté politique pour une implication plus grande des

organisations professionnelle et de l’action collective, la conception et la mise en œuvre des

programmes d’aménagement de l’espace agricole, continuent d’être approché presque

unilatéralement par l’administration c'est-à-dire le CRDA, la Direction régionale de

L’ODESYPANO et la Direction régionale de l’OEP. Par ailleurs, les unités de gestion de

projet (UGP) mises en place à l’occasion de l’exécution des PDAI (Sud Ouest et Nord-Nord

Est du Kef) ont apporté leur concours dans la mise en œuvre des composantes des projets

considérés, en associant autant que possible les populations bénéficiaires.

Le tissu associatif est représenté par 44 GDA et 9 CSA, en plus de quelques ONG. Les GDA,

constitués par des exploitants des périmètres irrigués, n’ont pas réussi à atteindre les effets

attendus objet de leur existence. D’ailleurs, presque le quart (23%) d’entre eux est en état de

latence et, même les GDA fonctionnels se trouvent incapables de bien servir et gérer les

affaires et les problèmes de leurs adhérents et de bien répondre à leurs finalités. Les CSA ont

pour activités principales la collecte du lait, l’approvisionnement des agriculteurs en intrants

et matériels agricoles et le stockage des produits des adhérents. Le champ d’action de ces

coopératives commence à se rétrécir (la moitié des exploitants du gouvernorat du Kef au

départ et le tiers actuellement) suite au dysfonctionnement de 3 CSA. Ces coopératives sont

en manque de stratégies pouvant dynamiser leur rôle et diversifier leur champ d’activité.

Donc, en dehors des GDA spécialisés dans le domaine de l’eau et des CSA pour les services

de collecte de lait et d’approvisionnement en intrants, les associations forestières, pastorales et

de CES sont quasiment inexistantes au niveau du terrain. La transformation de la volonté

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phase

8

politique de privilégier l’approche participative et de renforcer le rôle des associations, types

GDA ou Société mutuelle de services, est un travail de longue haleine qui nécessite la mise en

place de nouvelles procédures des services techniques et dans le dispositif légal en vigueur et

surtout une adhésion, avec une réelle conviction, des agriculteurs, éleveurs et bénéficiaires de

services. L’interventionnisme des structures de l’Etat y est pour beaucoup dans le manque de

prise en charge de l’auto-développement des populations rurales et du faible dynamisme du

tissu associatif.

Pour l’avenir, aussi bien l’Administration que les exploitants agricoles devraient adopter des

politiques et des comportements qui tiennent compte de la durabilité de l’usage des ressources

naturelles pour que les acquis enregistrés ne deviennent pas éphémères. Ces stratégies

devraient tenir compte, d’ailleurs, des forçages exogènes : celui des changements climatiques

qui se traduiront plus spécialement par la sévérité et la récurrence des facteurs extrêmes

(sécheresse et inondation) et celui de l’ouverture de l’économie et des frontières qui aura un

impact sur la compétitivité des productions de la région et donc sur les revenus des

exploitants.

1.1.6. Conclusion : Problématique générale de la durabilité de l’agriculture

Se référant au diagnostic déjà réalisé lors de la 2ème

phase de la présente étude, la

diversification des activités agricoles dans la région du Kef reste encore assez faible avec

toutefois une tendance récente vers l’extension de l’arboriculture et des périmètres irrigués.

Les techniques culturales, de faible niveau et peu conservatrices, se matérialisent par une

productivité très moyenne voir médiocre par endroit (les régions Sud et Ouest du gouvernorat)

dans un contexte caractérisé notamment par un manque en vulgarisation, une faible

valorisation des acquis de la recherche, un endettement important des agriculteurs, des

problèmes foncier (dominance de la petite propriété qui peut être non viable et morcellement

des terres) et surtout des comportements où les besoins de l’exploitation agricole sont moins

prioritaires que celles de la famille. Parallèlement, dans la région du Kef (représentative des

zones intérieures de la Tunisie), la faible diversification de l’économie régionale n’a pas

permis de soulager la pression sur le secteur agricole qui constitue quasiment l’unique

alternative en matière de revenu et d’emploi. Actuellement, l’absence d’opportunité d’emploi

se matérialise, surtout pour les jeunes, par un exode rural vers les grandes villes limitrophes.

Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au

niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui

deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. En ce qui concerne les ressources en eau,

les potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles

d’intensification et de diversification de la production agricole.

Le contexte socio-économique dans lequel évoluent les activités agricoles du gouvernorat du

Kef, caractérisé par une certaine dynamique de développement et un besoin pressant

d’amélioration des revenues des agriculteurs par l’exploitation optimale des potentialités

agronomiques sans protection suffisante des ressources naturelles, met en évidence les

menaces de durabilité de l’agriculture régionale.

La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se

base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en

œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et

des forêts. Tel que constaté, les efforts de l’Etat étaient soutenus mais n’ont pas enrayé la

dégradation des ressources naturelles et n’ont été que partiellement compatibles avec les

stratégies des agriculteurs : A titre d’exemple, l’absence de concertation se traduit par un

manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion et une

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réticence envers les opérations d’entretien même si les ouvrages relèvent de leurs

exploitations agricoles. A ce niveau, la démarche de mise en œuvre des projets d’envergure à

caractère participatif où l’agriculteur a été impliqué depuis la programmation des travaux et

où les actions sont intégrées, constitue un outil plus efficace que les interventions classiques

qui demeurent sectorielles (le programme national). La mise en œuvre de la planification par

objectifs qui se justifie pleinement, demeure couteuse et nécessite un renforcement important

des capacités humaines et un partenariat entre les services techniques du CRDA et même avec

d’autres acteurs régionaux.

Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques

de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des

techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre

d’une façon adéquate des stratégies. Le manque de capacités humaines s’aggravera

probablement dans le futur si les départs massifs à la retraite ne sont pas compensés. A ce

niveau, et afin de garantir l’efficacité professionnelle requise, l’administration devra

développer des partenariats avec les secteurs associatifs et privés (y compris les organisations

professionnelles et les ONG). Aussi et pour le cas des forêts et parcours, l’Etat doit intervenir

pour réorganiser la gestion durable de ces ressources du fait que les conseils de gestion ou

autres structures de base existantes sont loin d’assurer leur fonction et restent surtout focalisés

sur les procédures d’appropriation des terres collectives. Du côté des structures

socioprofessionnelles de base (GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité eu égard à

l’objectif pour lequel elles ont été créées et leur position relativement neutre vis-à-vis du

niveau de convergence entre les stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies d’adaptation

des agriculteurs.

A partir de ce constat, la problématique générale du développement durable dans le

gouvernorat du Kef se résume comme suit :

Faible productivité de l’agriculture en sec et en irrigué et climat contraignant ;

Persistance des systèmes de production extensifs et faible innovation technologique

pouvant s’adapter à l’aridité du climat.

Faible diversification de l’économie régionale et forte pression sur l’agriculture ;

Pression et dégradation des ressources naturelles (sols, parcours et forêts) ;

Sous-exploitation des ressources en eau ;

Comportement non conservateur des agriculteurs et contexte socio-économique

contraignant (endettement, fréquence de la petite propriété peu viable,

morcellement…) ;

Faible efficacité du tissu institutionnel et inadaptation de l’approche de planification ;

Faible efficacité des structures de base.

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1.2. Menaces sur la durabilité et tendances par système agraire

Dans cette partie, l’on rappelle le diagnostic sur la durabilité pour chaque système agraire. Ce

travail a permis de les caractériser en définissant les systèmes de production dominants, leurs

localisations, les menaces possibles sur la durabilité des ressources naturelles, les contraintes

socio-économiques et la viabilité des exploitations agricoles. Au terme de cette caractérisation

les tendances ont été décrites et représentent les potentialités valorisables et les orientations

entamées par les agriculteurs.

1.2.1. Données sur les systèmes agraires identifiés

Cinq systèmes agraires ont été identifiés en fonction du climat, du relief, du sol, de l’eau, de la

végétation et de la pratique d’élevage. Ils se présentent comme suit :

Système I (en sec) : Le système agro-sylvicole de montagne ;

Système II (en sec) : Le système agro-pastoral des reliefs collinaires ;

Système III (en sec) : Le système agropastoral des glacis ;

Système IV (en sec) : Le système agraire des hautes plaines ;

Système V (en irrigué) : Ce système représente les périmètres irrigués (privés et

publics) disséminés dans le gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du

Sers.

Les agrégats de l’occupation du sol caractérisant les systèmes agraires sont présentés dans le

tableau suivant (les superficies du système V, estimées à 14485 ha, sont dissimulées dans les

autres systèmes).

Tableau 1: Occupation du sol dans les systèmes agraires

Zones agro-

écologiques Sous-unités Céréales Jachère

Marai-

chage Olivier

Arbo

divers Forêt Parcours Inculte Total %

Système I :

Agro-sylvo-

pastoral

35910 11106 1636 699 2757 51181 1946 1828 107063 21%

Zone Nord 32187 9300 1569 697 1800 46944 1248 1482 95227 19%

Zone Sidi

Abdelbasset 3722 1806 68 2 957 4237 698 346 11836 2%

Système II :

Agro-

pastoral des

reliefs

collinaires

34204 16279 565 191 7405 31540 7385 9593 107162 21%

Zone Est 17383 4949 202 184 4026 12774 2658 5931 48107 9%

Zone Ouest &

Sud-Ouest 16822 11330 363 6 3379 18766 4727 3663 59055 12%

Système III :

Système

agro-pastoral

des glacis

31184 6648 937 1303 2002 11937 4643 964 59618 12%

Zone Nord 18362 2853 610 951 470 5640 1663 0 30551 6%

Zone Ouest 3452 1732 105 88 626 4062 1411 232 11708 2%

Zone Centre Est 9369 2063 222 263 907 2235 1568 731 17360 3%

Système IV :

Systèmes des

plaines

Zone Centre &

Est (hautes

plaines)

151929 38451 1229 3293 16838 4049 3990 16953 236732 46%

82128 11493 671 2519 5341 1230 882 4261 108525 21%

Zone Sud &

Ouest 62601 26065 514 544 11180 2819 3077 12509 119310 23%

Zone inondable 7200 892 43 230 317 0 31 183 8898 2%

Total 253228 72484 4366 5486 29001 98708 17964 29339 510575 100%

A ce niveau d’analyse, la problématique de durabilité s’est fait en se référant à la fois aux

systèmes agraires mais aussi aux systèmes de production respectifs. Dans ce qui suit, on

présente une caractérisation sommaire de chaque agro-système qui constitue la base d’analyse

de la durabilité de l’agriculture.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

11

1.2.2. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne »

- Localisation et système de production :

Il s’agit d’un écosystème sylvicole situé au Nord et caractérisé par la présence d’une forêt

naturelle et d’une agriculture de clairières et de collines (zones les plus arrosées du

gouvernorat) combinée avec un élevage extensif.

L’activité végétale, basée surtout sur la monoculture céréalière en sec, est caractérisé par des

rendements plus élevés en liaison avec les pluies abondantes et avec les sols assez riches

issues des actions humaines anciennes de défrichement. En termes de pratiques techniques,

les opérations culturales sont très simplifiées même chez les exploitants disposant de moyens

financiers et de superficies de terres importantes.

- Menaces sur la durabilité :

En ce qui concerne l’érosion, les superficies les plus menacées, dans cet agro-système, sont

estimées à environ 78 mille ha. Les efforts de l’Etat en matière de CES, qui restent en deçà

des besoins, tentent à la fois d’aménager les bassins versants prioritaires mais aussi de

consolider les acquis moyennant l’appui du projet de développement agricole intégré du nord-

est du gouvernorat. Dans ces régions, il importe de signaler l’impact négatif de l’érosion sur

l’appauvrissement de la fertilité des sols par enlèvement continuel de la couche arable (35

mille ha sont des sols rendus superficiels) et de l’envasement des ouvrages hydrauliques en

place (à titre d’exemple, la capacité du barrage de Mellègue a été réduite de 52% depuis la

date de sa création en 1954).

En ce qui concerne les ressources sylvicoles qui s’étendent sur environ 50 mille hectares, ils

subissent surtout la pression du cheptel et la surexploitation du couvert ligneux. A ce niveau,

l’extension des clairières forestières par défrichement est de plus en plus maitrisée.

Sur le plan socio-économique, l’absence d’une agriculture attractive, l’étroitesse des

exploitations agricoles et la rareté des opportunités d’emploi (économie peu diversifiée) se

traduisent par un départ des jeunes ruraux vers les villes limitrophes ce qui pourrait engendrer

un problème de transmissibilité de l’activité agricole. De plus, l’endettement de la majorité

des exploitants agricoles limite l’accès aux crédits et l’œuvre du développement à travers

l’investissement privé.

- Viabilité économique :

L’analyse de la viabilité économique montre que près de la moitié des exploitations dont la

superficie est inférieure à 5 ha ont un revenu inférieur au SMAG : Sachant que l’hectare

moyen rapporte près de 580 dinars, la superficie minimale permettant d’assurer le SMAG est

de 4,7 ha.

- Tendances :

Favorisée par des conditions naturelles relativement clémentes, la tendance de ce système est

orientée vers la diversification et l’intensification des activités agricoles sous l’impulsion des

différents projets de développement. Dans ce sens et tel que constaté lors des visites de

terrain, les initiatives de plantation d’olivier à huile sont assez fréquentes surtout avec

l’amélioration récente de sa rentabilité. Parallèlement, l’abondance des ressources en eaux

sous-exploitées présente réellement un atout certain pour intensifier le système de production

et augmenter la productivité et le revenu issus de l’activité agricole.

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phase

12

Cette tendance sera probablement renforcée par l’entrée en production du périmètre irrigué

Sidi Khiar et ses effets de rayonnement et d’entrainement probables. Toutefois, l’on doit noter

les freins à cette évolution en raison de la hausse des prix du carburant et des matières

premières ou ceux relatifs à l’insuffisance de l’organisation sociale ou des infrastructures en

pistes rurales facilement carrossables en temps pluvieux.

1.2.3. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires »

- Localisation et système de production :

Ce système comprend les zones montagneuses à relief collinaire situées au Centre-est et au

Sud-ouest du gouvernorat. Ces zones accidentées se différencient du premier système par la

vocation pastorale des terres et par une dégradation avancée de la forêt qui est réduite à un

couvert végétal sous forme de maquis. Le système de production en sec et extensif est dominé

par la grande culture plus ou moins associée à l’élevage.

- Menaces sur la durabilité :

Une extension des cultures aux dépens des forêts et des parcours a été constatée, créant des

zones complètement déséquilibrées où l’érosion a dégradé certains espaces de façon

irréversible et a entrainé la présence de sols peu à très peu profonds sur plus de 2/3 de la

superficie : L’érosion hydrique affecte près de 88400 ha (80% de la superficie des zones

collinaires), l’érosion éolienne touche près de 31000 ha et la salinisation 2800 ha.

La dégradation des parcours et leur appropriation pour la mise en culture se traduisent par une

accentuation du déficit fourrager et un recours de plus en plus prononcé au complément

d’alimentation acheté sur le marché. Ce constat se justifie surtout que l’élevage n’est pas

toujours intégré à l’exploitation agricole.

Les aspects socio-économiques sont aussi assez contraignants et se caractérisent par la

dominance de la petite propriété morcelée (70% des exploitations ont une superficie inférieure

à 10 ha) et par la fréquence de l’absentéisme et de l’endettement des agriculteurs.

D’une façon générale, la faible dotation de la région en potentialités naturelles se traduit selon

les déclarations de la population interviewée par des départs massifs des jeunes ruraux vers

les grandes villes à la recherche d’emploi.

- Viabilité économique :

La majorité des exploitations relevant de ce système agraire sont à la limite de la viabilité

économique : Sachant que près de 70% des exploitations ont une taille inférieure à 10 ha et

que le seuil minimal permettant d’assurer le SMAG est de 8 ha, la situation est assez critique

et traduit, pour la plupart des exploitants, une agriculture très sensible aux aléas de son

environnement.

- Tendances :

En l’absence de ressources en eaux souterraines, la principale tendance observée est

l’amélioration du niveau de diversification culturale moyennant des plantations arboricoles

d’olivier à huile.

Pour cette région, la solution immédiate permettant d’assurer la durabilité des ressources

naturelles réside dans la réforme des structures foncières (remembrement), l’amélioration des

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phase

13

parcours naturels, l’organisation de leur exploitation et une meilleure intégration des

aménagements de CES existants dans l’exploitation.

1.2.4. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis »

- Localisation et système de production :

Ce système se confond avec les plateaux, les collines à pente moyenne (jusqu’à 25-30%) et

les micro-plaines. Dans le Nord du gouvernorat, les zones concernées sont celles localisées

entre les zones montagneuses et dans le Centre, l’agro-système III sépare la plaine de

Zaafrane (Le Kef) des deux plaines de Abida (Dahmani) et du Sers.

Ce système en sec a vu augmenter son niveau de diversification surtout avec les petites

extensions récentes (depuis la fin des années 80) de l’arboriculture à base d’olivier à huile.

Actuellement, les principales productions agricoles sont : La céréaliculture (blé dur en

premier lieu et orge en second lieu), les olives à huile et l’élevage ovin extensif (en moyenne

20 brebis par exploitation) et, à un degré moindre les légumineuses. L’élevage bovin reste

essentiellement pratiqué dans les régions du Nord (en moyenne une à deux vaches par

exploitation). La conduite technique, extensive, se matérialise par des itinéraires techniques

relativement sommaires pour toutes les cultures annuelles et des rendements très moyens.

- Menaces sur la durabilité :

Dans ces zones, l’érosion constitue l’un des facteurs de dégradations des ressources en sol :

L’érosion hydrique concerne 54700 ha (près des ¾ de la superficie sont touchés par une

érosion hydrique de forte intensité), l’érosion éolienne menace environ 32 mille ha et la

salinisation touche près de 2400 ha. A l’instar des régions collinaires, les glacis se

caractérisent aussi par la dégradation des parcours et l’accentuation du déficit fourrager.

L’absentéisme chez les grands exploitants et la dominance d’une agriculture pluviale et de

subsistance chez les autres se traduit actuellement par une pluriactivité assez prononcée et

procurant l’essentiel du revenu familial. Ce contexte est de nature à favoriser une agriculture

de plus en plus extensive et aléatoire qui pourrait engendrer des problèmes de successeur dans

les exploitations agricoles et des risques d’exode des jeunes. Ces menaces se justifient surtout

que le mode de faire valoir indirect qui est spécifiquement assez répondu, utilise des pratiques

culturales peu conservatrices : Ce mode concernent près de 35% des exploitations dont la

taille est supérieure à 50 ha.

La tenure foncière reste assez contraignante surtout dans les glacis du Centre du gouvernorat :

Dans ces zones, 90% des exploitations ont une taille inférieure à 10 ha et le problème de

morcellement de la propriété reste assez fréquent. L’endettement des agriculteurs reste assez

prononcé ce qui limite l’accès aux crédits et l’initiative d’investissement.

- Viabilité économique :

En termes de rentabilité, les résultats montrent que les régions du Nord du gouvernorat restent

favorisées même sur des terrains exposés à l’érosion hydrique et que les régions du Centre

sont pour la majorité économiquement non viables ou à la limite de la viabilité.

- Tendances :

Les ressources naturelles de faibles ou de moyennes potentialités n’offrent pas de conditions

favorables à l’intensification de l’agriculture pouvant assurer un revenu décent. Par ailleurs, il

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phase

14

semble que la relève par les jeunes des exploitants agriculteurs, relativement âgés et en

manque d’initiative, ne soit pas garantie du fait qu’ils sont contraints à l’exode faute

d’opportunités. Les possibilités de diversification des activités agricoles, bien qu’assez

limitées, pourraient se poursuivre par les plantations en sec d’olivier à huile. Parallèlement,

les solutions les plus urgentes concernent notamment l’amélioration des structures agraires,

des parcours et la conservation des eaux et des sols.

1.2.5. Agro-système IV : « Le système agraire des hautes plaines »

Vu son importance dans le gouvernorat (46% des superficies), les spécificités identifiées en

terme de différenciations pluviométriques ont été prises en considération et deux sous-

systèmes en sec sont mis en évidence. Il s’agit du sous-système des hautes plaines de l’Est où

la pluviométrie est plus importante (mais plus faible que celle de l’agro-système I) et du sous-

système des plaines de l’Ouest et du Sud. Parallèlement, un autre système moins important a

été identifié et représente les zones affectées par une hydromorphie temporaire.

1.2.5.1. Le sous-système des hautes plaine de l’Est

- Localisation et système de production :

C’est un agro-système constitué par les plaines du Zaafrane, du Sers et de Dahmani avec des

sols généralement lourds, un climat semi-aride inférieur à moyen marqué par l’irrégularité, et

la mauvaise répartition des pluies. Cet agro-système inclut les grands domaines de l’Etat,

actuellement convertis pour la plupart en SMVDA.

Parmi les occupations principales du sol, on distingue en particulier la monoculture céréalière

plus ou moins associée à l’élevage. La culture du blé dur prédomine dans ce système et forme

souvent une monoculture pour un très grand nombre d’agriculteurs. Dans ces plaines, l’olivier

à huile commence à se développer. Sur le plan technique, les opérations culturales sont mal

faites et près de 40% de la superficie assolable semblent rester en jachère.

- Menaces sur la durabilité :

La durabilité de ce type d’agriculture risque de devenir de plus en plus difficile :

Par suite de l’appauvrissement du sol en matière organique et l’apparition de

mauvaises herbes tel que le brome en l’absence d’assolements adéquats ;

Par suite de la vulnérabilité des sols à l’érosion, surtout sous sa forme hydrique, et

aussi à la salinisation ;

Du fait de l’irrégularité des pluies et leur mauvaise répartition, du morcellement et de

la taille réduite des parcelles et des exploitations.

Les rendements relativement moyens issus des pratiques culturales non valorisantes des

potentialités et l’importance de la jachère se traduisent par un manque à gagner important.

Devant cette situation, il est par contre recommandé de pratiquer aussi davantage de cultures

fourragères pour améliorer l’intégration de l’élevage et de légumineuses pour un meilleur

équilibre de l’assolement (autant de spéculations recommandées pour l’amélioration de la

fertilité des sols, pour la réduction des coûts de production et pour la création d’emplois).

Outre ces aspects, il est souvent signalé un faible niveau technique de l’agriculteur, une

contrainte financière insurmontable et un âge avancé des exploitants limitant l’accès aux

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crédits d’investissement. L’absentéisme forme également pour certains qui résident en ville,

une raison suffisante pour éviter des opérations qui leur semblent «supplémentaires».

- Viabilité économique :

Pour la viabilité économique, le problème ne se pose que pour une minorité qui possède de

très faibles superficies : Uniquement 20% des exploitations ont une superficie inférieure à 6,5

ha qui représente le seuil minimal équivalent au SMAG.

- Tendances :

La tendance vers la diversification et l’intensification est possible en liaison avec les

ressources en eau sous-exploitées et avec l’amélioration des techniques de production

(utilisation d’intrants et assolement…). Les tendances actuelles matérialisées par l’expansion

des plantations d’olivier à huile sont bénéfiques mais largement insuffisantes devant les

potentialités existantes.

1.2.5.2. Le sous-système des plaines de l’Ouest et du Sud

- Localisation et système de production :

Ce sous-système correspond aux régions frontalières situées au centre-ouest et aux régions du

Sud du gouvernorat. A dominance aride, ce système se situe à la limite de la vocation

céréalière suite à la faiblesse et à la rareté des précipitations : Ce système correspond aux plus

faibles rendements céréaliers en sec. Ainsi, les pratiques culturales sont très rudimentaires et

les agriculteurs ne supportent généralement pas le risque pour l’épandage d’engrais chimiques

par crainte de sécheresse.

Le système de production dominant est basé sur la céréaliculture et l’élevage du type ovin

extensif. La culture du blé dur laisse de plus en plus place à celle de l’orge dans ce système :

L’orge étant plus adaptée et plus tolérante à la sécheresse et forme souvent la spéculation

principale pour un très grand nombre d’agriculteurs à côté de l’élevage ovin.

- Menaces sur la durabilité :

Malgré les aléas climatiques contraignantes, une extension des zones de cultures aux dépens

des parcours a été constatée nuisant à l’équilibre des sols déjà précaire sur les versants où

l’érosion a dégradé certains espaces de façon irréversible, en plus du fait que ces parcours

perdus n’ont de substitut, pour le bétail et pour le pays, que l’achat d’aliments importés et de

plus en plus chers.

Sur le plan socio-économique, d’autres contraintes aggravent la situation : Il s’agit notamment

du morcellement de la propriété, de la dominance de la petite exploitation, de la faiblesse des

moyens financiers des agriculteurs et de l’endettement de pas moins de 90% d’entre-eux.

- Viabilité économique :

En ce qui concerne la viabilité du point de vue économique, la durabilité de l’agriculture

pluviale dans la région n’est considérée que pour les exploitations de superficie consistante :

Au moins 50% des exploitations ne sont pas économiquement viable. Ce constat découle du

fait que la superficie minimale permettant d’assurer le SMAG est de 16 ha et que 50% des

exploitations ont une taille inférieure à 10 ha. Malgré cette situation critique, ces exploitations

non viables continuent à exister et à produire moyennant des conduites très extensives et à

contribuer tant soit peu à la production de la région. Dans la réalité, l’intégration de la famille

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phase

16

à l’exploitation et le caractère de subsistance se traduisent par une stratégie paysanne

privilégiant le côté social à la viabilité des exploitations. La stratégie d’exploitation familiale

en autosubsistance reste durable en raison aussi de la pluriactivité et de l’économie régionale

profitant des échanges frontaliers avec l’Algérie ; mais la tendance à l’exode reste très

importante chez les jeunes.

- Tendances :

La tendance vers la diversification (plantation d’olivier à huile) et l’intensification est possible

en liaison avec les ressources en eau sous-exploitées et avec l’amélioration des techniques de

production (utilisation d’intrants et assolement…).

La fréquence des petites exploitations familiales, économiquement non viables, représente des

menaces certaines pour la durabilité de cet sous-système et nécessite des mesures spécifiques

initiées à l’instar de l’expérience pilote du financement de la petite agriculture à caractère

familiale et sociale menée dans dix délégations depuis 2003.

1.2.5.3. Le sous-système des zones inondables

- Localisation et système de production :

Ce système couvre environ 9000 ha et concerne certains endroits des plaines du Kef, de

Dahmani et du Sers. Les zones concernées sont appelées « Merjas ».

Le système de production est assez diversifié et comprend la monoculture en sec et la

polyculture en irrigué. Ce niveau montre l’intérêt des agriculteurs en vers cette activité

moyennant les investissements privées mis en place (plantations, puits de surface,

équipements d’irrigation…) et les pratiques culturales assez maîtrisées.

- Menaces sur la durabilité :

Ces Merjas ont fait souvent l’objet de grands travaux de drainage ou de protection des villes

avoisinantes à la fin des années 60 et le début des années 70 ou même à des dates plus

récentes, mais suite au colmatage des drains et aux forts ruissellements des zones

environnantes, des inondations et des problèmes d’hydromorphie se sont manifestés avec plus

d’acuité qu’auparavant. Des études existent au CRDA du Kef en vu de lutter contre l’érosion

qui a causé les ruissellements importants et comblé les drains et l’hydromorphie qui en a

résulté.

En année pluvieuse, des étendues importantes de terres agricoles sont inondées par la

remontée de la nappe superficielle. Cette situation n’autorise pas la pratique régulière des

cultures maraichères d’hiver en raison du risque d’anéantissement des récoltes, en plus des

dégâts causés à certains vergers.

- Viabilité économique :

La viabilité économique des exploitations agricoles relevant de ce système a été évaluée en

comparant les deux situations avant et après remontée de la nappe phréatique traduisant

l’impact de l’hydromorphie. Les résultats des calculs montrent que la viabilité économique est

remise en question du fait que la superficie minimale permettant d’assurer la SMAG a évolué

de 4 ha en situation avant remontée de la nappe à 13 ha avec le problème d’hydromorphie.

Cette évolution se traduit par la des exploitations de plus en plus vulnérables surtout qu’au

moins 70% des fermes ont des superficies inférieures à ce nouveau seuil minimal.

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- Tendances :

Sur la base de l’interview de terrain (zone de Bou Meftah), la persistance de l’hydromorphie

durant ces dernières années s’est traduite par un abandon de la pratique de l’activité agricole

d’au moins 6 agriculteurs qui ont quitté la région.

L’impact économique est ainsi imminent sur le revenu agricole si les travaux d’aménagement

et de réhabilitation des drains existants ne sont pas programmés par le CRDA.

1.2.6. Agro-système V : « Le système agraire en irrigué »

Le secteur irrigué est assez jeune dans le gouvernorat du Kef : Il est passé de 2600 ha en 1987

à 14485 ha aujourd’hui avec un taux d’intensification moyen de 107% (122% pour les

périmètres privés et de 77% pour les PPI). L’objectif assigné à ce secteur étant d’atteindre 20

mille ha à l’horizon 2011 et d’augmenter le taux d’intensification à 130%.

(a) Les sous-systèmes conduits en irrigué :

Actuellement, quatre sous-systèmes en irrigué ont été identifiés en fonction du niveau

d’exploitation des ressources eau et en fonction des pratiques culturales imposées par les

spécificités du milieu naturel. Les principaux sous-systèmes conduits en irrigué sont les

suivants :

Sous-système des nappes phréatiques surexploitées : Selon les statistiques officielles,

les deux nappes surexploitées dans le gouvernorat du Kef correspondent à Bled Abida

dans la plaine de Dahmani et Bled Charène dans la plaine de Zaafrane : Les taux

d’exploitations sont respectivement de 160% et 128%. La solution préconisée par le

CRDA du Kef était la mise en place, depuis la fin des années 90, de périmètres publics

de sauvegarde à l’intérieur des puits de surface dans le but de les soulager. Ces efforts,

qui ont amélioré les potentialités en eau des puits, ont généré une nouvelle pression

suite à l’augmentation de la demande en eau d’irrigation pendant la saison estivale.

Le système de production en irrigué se base essentiellement sur la pratique de cultures

maraichères de saison.

Sous-système des puits de surface du Centre du gouvernorat alimentés par des nappes

sous-exploitées et basés sur la pratique des cultures maraichères de saison ;

Sous-système des puits de surface du Sud du gouvernorat alimentés par des nappes

sous-exploitées et basés sur la pratique des cultures maraichères d’arrière saison ;

Sous-système des PPI implantés sur des nappes profondes encore sous-exploitées.

(b) Les principales menaces sur la durabilité :

Dans l’ensemble, les contraintes identifiées ne concernent pas le potentiel en eau mais restent

axées essentiellement sur des considérations liées à la technicité des irrigants et à la

commercialisation des fruits et légumes. Tel que constaté, on remarque une faible en matière

de restitution

Les contraintes de commercialisation se manifestent comme suit :

Pour les producteurs de tomate, les conditions assez difficiles de paiement imposées

par l’usine de transformation Abida (quelques mois après la livraison de la

production), n’est pas en faveur des petits irrigants à faibles moyens financiers.

Actuellement, l’intégration régionale au niveau de la filière tomate n’est pas assurée

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du fait que l’essentiel des approvisionnements de l’usine de transformation se fait à

partir des gouvernorats limitrophes.

Pour les cultures maraichères, le problème de commercialisation apparait en termes

d’organisation du marché de gros et de compétitivité avec les autres régions. A ce

niveau, le marché de gros du Kef est pratiquement peu intégré à l’agriculture du

gouvernorat (uniquement 10% de l’offre est d’origine locale). Ainsi et contrairement à

ce qu’on pourra supposer sur la structure du marché, l’offre du gouvernorat du Kef en

produits maraîchers dépasse largement la demande mais subit rudement la

concurrence des autres pôles producteurs du pays. Dans la situation actuelle et compte

tenu de l’éloignement de la plupart des périmètres irrigués des marchés de la région et

des grands centres de consommation du pays et du niveau d’atomisation de la

production (rapportée aux producteurs), la négociation des termes de l'échange se fait

très souvent en faveur des commerçants venant de Sidi Bouzid et du Cap Bon qui

parcourent les périmètres.

Parallèlement, on note aussi que l’encadrement reste assez faible devant le manque de

technicité des irrigants. Le faible encadrement technique découle du manque de

l’administration en moyens humains et matériels.

Spécifiquement et selon la source d’irrigation, le constat est le suivant :

Pour les PPI, la sous-exploitation est due notamment aux problèmes de gestion des GIC

pour la couverture des charges de fonctionnement et aux faibles moyens financiers des

petits irrigants. D’autres contraintes non négligeables concernent l’absentéisme et

l’abandon de l’irrigation de certaines parcelles.

Pour les puits de surface, le problème se limite dans certains cas à l’absence d’électricité

ou à la présence d’un réseau monophasé. Cette contrainte est surtout observée au niveau

de la nappe de Sers.

(c) Les tendances et les principales orientations :

Au niveau des nappes surexploitées, le CRDA doit impérativement interdire les nouvelles

extensions de puits de surface et encourager davantage l’acquisition d’équipements

d’économie en eau. Parallèlement et au niveau des périmètres de sauvegarde, la forte

demande en eau d’irrigation pendant la saison estivale doit être maîtrisée surtout moyennant

le respect du schéma technique préconisés et une implication plus efficace de la vulgarisation

et des organisations socioprofessionnelles de base.

La durabilité des systèmes relevant des PPI dépendent surtout de la modernisation des réseaux

d’irrigation, du renforcement de l’administration en moyens humains et matériels pour un

meilleur suivi et encadrement technique des irrigants, de l’appui des GIC en difficulté et de

l’organisation des structures commerciales.

Parallèlement à ces orientations, des études sociales approfondies doivent être menées pour

identifier les terres non irriguées ou abandonnées autorisant leur exclusion des PPI. Dans ce

contexte et pour plus d’efficacité, l’administration doit tenir compte des possibilités d’une

mauvaise valorisation des PPI (parcelles équipées mais non irriguées) en étudiant diverses

variantes préconisant un schéma d’aménagement hydraulique à réseau partiellement fixe

pouvant s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer pour passer à une gestion à la

demande, capable d’offrir de l’eau sur un grand rayon pour les exploitants désirant effectuer

des irrigations d’appoint à leurs cultures et particulièrement les céréales.

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1.3. Eléments prospectifs du forçage climatique et économique

Les menaces auxquelles sont confrontés actuellement les systèmes agraires sont dues à des

considérations liées directement à la situation des exploitations agricoles (importance de la

petite propriété, morcellement des terres, endettement, faible moyens financiers des

exploitants…), au niveau de dégradation de l’environnement écologique (érosion, dégradation

de la fertilité des sols, surexploitation des parcours et des forêts…), à l’efficacité du tissu

institutionnel (approche d’intervention de l’administration, encadrement technique, cadre

juridique…) et au niveau de convergence des politiques et des stratégies adoptées aussi bien

par les pouvoirs publics que par l’agriculteur.

Le maintien de cette situation, caractérisée par les lourdes menaces en matière de durabilité de

l’agriculture régionale, ne pourraient qu’aggraver la pression et la dégradation des ressources

naturelles dans les systèmes peu performants. Pour certains exploitants, les échappatoires

trouvées pour améliorer le revenu étant le recours à la pluriactivité ou à l’exode temporaire.

Dans ce contexte, la durabilité de l’agriculture régionale dans le Kef doit faire face aux

menaces plus importantes du futur proche à travers une certaine dégradation de son

environnement écologique suite aux changements climatiques et à la libéralisation des

échanges. L’agriculture devra donc à la fois résoudre ses contraintes internes et faire face à

des changements en profondeur de son environnement qui sont, pour certains, porteurs de

menaces et de défis. Il s’agit de modifier les pratiques et les choix actuels tout en tenant

compte des conséquences des changements climatiques possibles qui devraient changer

quelques peu les conditions de développement du secteur agricole.

L’ensemble des ces changements devraient se traduire par des impacts différents sur les

différents systèmes de production énumérés.

1.3.1. Menaces dues aux changements climatiques

Selon l’étude réalisée par le MARH et la GTZ « Stratégie nationale d’adaptation de

l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques », les projections des

changements climatiques prévoient une variabilité et une saisonnalité prononcées des

éléments climatiques qui caractérisent le cycle climatique naturel de la Tunisie. Les éléments

climatiques verront des situations météorologiques extrêmes constituant autant d’aléas et de

risques supplémentaires pour l’agriculture. Cette étude prévoit notamment que la région du

Nord connaîtra en particulier :

Les élévations de températures annuelles et saisonnières et les baisses de précipitations

les plus faibles ;

Une stabilité de la variabilité des précipitations ; et

De faibles baisses de précipitations ainsi qu’une diminution très légères des années

extrêmes (qu’elles soient très humides ou très sèches).

Ces variations peuvent avoir des impacts plus ou moins importants sur les ressources en eau

disponibles, sur les rendements des productions et sur l’orientation de la production. Mais

c’est l’augmentation de la fréquence des extrêmes et notamment de la succession des années

sèches qui peuvent avoir des impacts importants sur les perspectives et sur les évolutions des

systèmes de production et notamment sur les cultures en sec, les parcours et l’élevage extensif

dont dépend en partie l’alimentation du cheptel. Cette situation remet en cause en partie le

modèle de développement de l’agriculture suivi dans la région basé sur :

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

20

Des corrections à apporter aux superficies des différentes cultures sur la base d’une

carte agricole qui doit être, au préalable corrigée et affinée à une échelle plus

compatible avec ce rôle qu’on cherche à lui donner ;

Une situation foncière des plus difficiles et où prédomine une petite exploitation de

faible durabilité ;

Une tendance à l’augmentation des superficies d’arboriculture, ce qui réduirait

d’autant la superficie des parcours et augmenterait donc la pression sur les ressources

pastorales et la dépendance du cheptel du marché des aliments de bétail en grande

partie importés ;

Certains choix retenus par le XIème

Plan, risquent d’aggraver la pression sur les

ressources naturelles, notamment les ressources en sols dont la fertilité baisse

énormément, les ressources en eau dont l’utilisation devrait être revue et rationalisée

avant toute extension des superficies des périmètres irrigués ;

Il y a aussi l’encouragement des techniques d’économie d’eau qui n’aura qu’un effet

très réduit s’il n’est pas accompagné par une application stricte de productions

rationnelles et conservatrices des ressources en sols.

Ainsi, dans le cas où les tendances déjà observées et les orientations engagées dans le cadre

du XIème

Plan qui confirment ces tendances, les changements climatiques risquent d’aggraver

les menaces qui pèsent sur certains systèmes de production totalement ou partiellement,

notamment au niveau des exploitations les moins intégrées donc les plus fragiles ou dont la

production est faiblement diversifiée. Le XIème

Plan comprend également certaines mesures

de correction en matière de ressources naturelles, mais, il n’est pas certain qu’elles seraient

suffisantes pour corriger la situation actuelle et faire face aux menaces des changements

climatiques.

Les changements climatiques se traduiraient dans la région du Nord par des élévations des

températures annuelles et saisonnières, des baisses de précipitations les plus faibles en Tunisie

(mais quand même à impact certain) ainsi qu’une diminution très légère des années extrêmes

(qu’elles soient très humides ou très sèches), mais aussi par une « stabilité » de la variabilité

des précipitations qui est déjà importante au Kef.

L’impact probable de ces changements sur le secteur agricole dans la région se traduirait

globalement par :

Une baisse et une plus grande variabilité de la production agricole (notamment

céréalière) en sec, sauf si on utilise les années prochaines pour la recherche de variétés

plus résistantes ;

Une plus grande variabilité de la production céréalière en irrigué, sauf si on utilise les

années prochaines pour la recherche de variétés qui valorisent mieux l’irrigation ;

Une plus grande variabilité des autres productions agricoles en irrigué, une plus grande

maîtrise des marchés est alors d’une nécessité absolue ;

Une aggravation du problème de l'eau compte tenu de la baisse des précipitations qui

devrait être corrigée par une conception différente de la distribution de l’eau, et le

remplacement des PI actuels par des périmètres à la demande qui envisagent une

utilisation préférentielle pour l’irrigation d’appoint et la recherche d’une plus grande

complémentarité sec/irrigué au sein de l’exploitation ;

Une réduction de la production des parcours dans la couverture de besoins du cheptel se

traduisant par une plus forte dépendance du marché des aliments de bétail en grande

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

21

partie importés, une plus forte pression sur les ressources pastorales et leur dégradation

et le risque de désaffection envers l’élevage extensif qui occupe une population

importante dans le gouvernorat ;

En plus, et dans les conditions actuelles de marché des aliments de bétail et de la

dépendance du cheptel des aliments achetés, il faut s’attendre à une réduction

importante du cheptel et donc de la remise en cause de l’ensemble des systèmes de

production actuels ;

L’augmentation des températures qui devraient se traduire par une baisse des journées

de froid dans l’année aura un impact sur la floraison de plusieurs espèces fruitières, la

perturbation de leurs cycles végétatifs et une baisse de la production de l’arboriculture

fruitière ;

Par ailleurs, l’augmentation de la succession de d’années successives sèches, devrait

conduire, d’une part, à la réduction globale de la production, mais surtout à la réduction

d’une proportion assez importante des plantations, notamment dans le sud du

gouvernorat ;

Les changements climatiques, en réduisant les ressources en eau disponibles, vont

aggraver la tendance à la surexploitation, inexistante actuellement au Kef et réorienter,

sous la pression, le développement agricole de la région si cette réorientation n’est pas

faite maintenant alors qu’on dispose du temps nécessaire à l’étude et la recherche de

solutions.

Il devient, ainsi, urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie cohérente à la fois au

niveau de la région et même au niveau national et programmer les actions à entreprendre sur

le plan institutionnel, agricole et économique, et revoir en particulier les « incitations

économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation foncière, etc.), qui ne semblent

pas palpables au niveau de l’agriculteur et sont rarement perçues comme telles par lui.

Ces « incitations économiques » devront comprendre et intégrer les motivations du monde

rural, ses difficultés de tous les jours, la faiblesse du revenu de l’agriculteur, et les aléas

climatiques qu’il supporte seul… et qui seront plus importants demain.

La loi de l’offre et de la demande des produits agricoles, si elle doit être revue, ce sera dans le

sens de garantir au pays le maintien et le développement de la production de la région pour

une contribution plus importante à l’économie nationale, toutes les strates de consommateurs

devant y contribuer.

La mise en place d’un système d’information étudié, pour fournir aux responsables les

données qui leur permettraient d’orienter la politique économique du pays dans le sens d’une

meilleure gestion des ressources, est indispensable à cet effet.

1.3.2. Menaces dues à la libéralisation des échanges

L’agriculture dans le gouvernorat du Kef reste encore peu diversifiée et se base

essentiellement sur la pratique d’activités extensives (céréaliculture et élevage ovin) à

rendement très moyen. Parallèlement, l’extension de l’arboriculture et des cultures

maraichères qui reste encore assez limitée devant les importantes ressources en eau encore

peu exploitées, est confrontée à une rude concurrence des autres régions limitrophes. La

problématique régionale, relative au secteur agricole, se définie aussi par des paramètres

intrinsèques aux exploitations tels que l’importance de la petite unité de production, le

morcellement de la propriété, l’endettement…

A côté de ces facteurs, le forçage économique que connaîtra la Tunisie suite à l’ouverture de

son économie sur l’extérieure pourra mettre en difficulté les systèmes de production agricoles

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

22

les moins compétitifs. Il s’agit de la libéralisation des échanges à travers l’élimination des

barrières douanières et l’imposition des prix réels issus des transactions sur le marché

international.

Selon l’étude sur les changements climatiques, les forçages économiques issus de la

libéralisation de l’économie Tunisienne se répercuteront notamment par une baisse de 30%

des emblavures céréalières à l’horizon 2030 et une diminution du revenu agricole. Selon cette

étude, les petites exploitations seraient les plus touchées par cette ouverture mais aussi celles

pratiquant une agriculture extensive et disposant de structures de production peu équilibrées.

L’étude sur la compétitivité du secteur agricole, confirme ce constat en classant le Kef parmi

les gouvernorats les plus sensibles aux forçages économiques.

S’appuyant sur la logique des systèmes agraires identifiés dans la présente étude, les zones qui

pourraient être plus concernées par la diminution des superficies mises en cultures sont ceux

relevant de l’Ouest et du Sud du gouvernorat caractérisées par la faiblesse des précipitations

(rendements bas), l’étroitesse des exploitations (problème de viabilité économique) et par des

sols assez dégradés.

Actuellement, les augmentations importantes du prix du pétrole, de la matière première et des

produits céréaliers sur le marché mondial se traduisent par une augmentation continue des

coûts de production. Cette situation a poussé l’Etat Tunisien (importateur net) à consolider la

sécurité alimentaire au niveau des denrées de base : Des incitations ont été accordées au

secteur céréalier moyennant des augmentations importantes des prix qui sont devenus

inférieurs à ceux observés sur le marché mondial offrant une protection à la production

locales contre les importations. A titre d’exemple et au cours de la campagne agricole

2007/2008, les prix à la production du blé dur est passé de 32,8 DT/Q à 40 DT/Q et puis à 55

DT/Q au cours de la même année traduisant une importante augmentation mais ce prix est

resté largement inférieur au prix international qui a dépassé les 80 dollars/Q.

Cette nouvelle réalité, dont la tendance est probablement durable (en liaison avec les

changements structurelles des besoins : Bioénergie et changement des habitudes alimentaires

des pays très peuplés), n’est pas prise en considération dans les études récentes sur le forçage

économique du fait qu’elle est survenue juste avant. Dans ce contexte, les évolutions avancées

en termes de diminution des emblavures céréalières n’est plus valable et doivent être révisées.

Au niveau de la deuxième phase de la présente étude, des simulations ont été réalisées pour

évaluer l’évolution de la rentabilité des principales cultures pratiquées dans le gouvernorat du

Kef en fonction des évolutions récentes des prix des intrants et des produits. Les résultats

obtenus montrent que les dernières révisions des prix sont favorables à la pratique de la

céréaliculture et à l’extension de l’olivier à huile. La diminution de la rentabilité concerne

plutôt les fourrages en sec dont les perspectives pourront se traduire par une diminution de

leurs superficies et par un impact négatif sur l’élevage.

Dans ce contexte, les dernières incitations accordées au secteur céréalier sont avantageuses et

de nature à inciter les agriculteurs à améliorer davantage les pratiques culturales pour assurer

une meilleure productivité et un revenu plus important. Parallèlement, des stratégies et des

mécanismes de mise en œuvre doivent être définis pour les produits de base (céréales,

élevages…) pour définir leur niveau de compétitivité en fonction des tendances prévisibles

des prix sur le marché international.

1.4. Les stratégies d’adaptation des acteurs

La mobilisation et l’optimisation de l’utilisation des ressources en eau, de la conservation des

eaux et du sol et la protection des ressources pastorales et forestières constituent l’essentiel

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phase

23

des stratégies sectorielles de l’Etat. Tenant compte des menaces et des pressions exercées par

les utilisateurs sur les ressources naturelles, l’objectif prioritaire des stratégies de l’Etat étant

la gestion durable et la sauvegarde des potentialités existantes : La mobilisation des ressources

naturelles est passée de la gestion de l’offre à la gestion de la demande.

A côté de ces stratégies de l’Etat, les utilisateurs (principalement les agriculteurs) mobilisent

les ressources naturelles et mettent en œuvre un schéma technique (le choix du système de

culture et d’élevage, des pratiques agricoles, et de l’affectation de la main d’œuvre

familiale…) permettant de dégager un revenu agricole qui doit satisfaire notamment les

besoins familiaux. En dehors d’une diversification de l’économie régionale, la pression des

exploitations agricoles sur les ressources naturelles devient de plus en plus importante pour

dégager un minimum de revenu. Cette situation risque de s’amplifier surtout avec les récentes

augmentations des prix des intrants et la quasi-stagnation des prix à la production (compte

non tenu des céréales).

Les stratégies de groupe, permettant de jouer le rôle de catalyseur entre l’intérêt public et les

intérêts individuels, restent encore peu dynamiques et loin de véhiculer les directives

stratégiques de l’Etat.

Dans ce qui suit, on présente un rappel des stratégies d’adaptation déjà analysées dans la

deuxième phase de l’étude.

1.4.1. Politiques et stratégies des pouvoirs publics

La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se

base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en

œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et

des forêts et financées presque intégralement sur le budget de l’Etat.

Les objectifs fixés pour la production agricole (l’irrigué, l’arboriculture, les grandes cultures

et l’élevage) restent dépourvues de mécanismes de mise en œuvre (absence de budget propre)

et sont, en majeure partie, concrétisés par un financement privé et un rythme peu maitrisé.

1.4.1.1. La stratégie des ressources en eau

Le gouvernorat du Kef continue à bénéficier d’une situation excédentaire en matière de

gestion des ressources en eau. Selon les dernières statistiques (2007), les ressources globales

en eaux sont estimées à 345 millions de m3 dont 275 millions de m

3 les eaux de surface (80%)

et 70 millions de m3 représentent les eaux souterraines (20%).

Pour les eaux de surface estimées à 275 millions de m3, le taux actuel d’utilisation n’est que

de 48% : Les capacités actuelles se répartissent entre le barrage d’Oued Mellègue (80,5

millions de m3), 24 barrages collinaires (44,9 millions de m

3) et 64 lacs collinaires (5,81

millions de m3).

Pour les eaux souterraines, la mobilisation concerne 88% du potentiel des nappes phréatiques

(25 millions de m3) et seulement 31% du potentiel des nappes profondes (45 millions de m

3).

L’exploitation des eaux souterraines dans le gouvernorat du Kef reste de ce fait largement en

dessous des niveaux potentiels à l’exception de deux nappes phréatiques considérées

surexploitées : Selon les données du CRDA du Kef, les nappes phréatiques de bled Charène et

de bled Abida présentent des taux de mobilisation évalués respectivement, en 2005, à 128%

et 160%. La mise en place de PPI de sauvegarde autour des puits de surface concernés a

permis de soulager la ressource tel que constaté sur le terrain.

Pour les nappes profondes, les utilisations concernent surtout l’alimentation en eau potable et

l’irrigation et dans une moindre mesure l’industrie : Actuellement sur les 195 forages

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

24

existants, 161 sont en service. Pour ces derniers, 52 sont des forages privés (32%), 38 sont

utilisés par la SONEDE (24%), 65 sont gérés par des GDAP (AEP et irrigation : 40%) et 6

mobilisés pour l’industrie (4%). L’examen de la valorisation des PPI montre des problèmes de

gestion au niveau des GDAP qui se traduisent le plus souvent par des taux d’intensification

assez faibles (88%).

Contrairement au constat national où le potentiel en eau est généralement surexploité et qui

traduit une nécessité de gérer la demande, la situation dans le gouvernorat du Kef offre encore

des atouts qui permettent encore la mobilisation de cette ressource rare. Par ailleurs,

l’expérience vécue montre toujours l’opportunité de sauvegarder et de rationaliser la

mobilisation des eaux même dans les gouvernorats excédentaires pour du moins retarder et

modérer les niveaux d’exploitation excessifs dans le futur.

Concrètement, la gestion de la demande reste d’actualité surtout pour les deux nappes

phréatiques de Bled Charène et Bled Abida et nécessite une prise en considération réelle dans

la stratégie régionale qui ne prévoit pas la consolidation des acquis institutionnels :

Consolidation des structures socioprofessionnelles (GDAP) pour mieux gérer l’eau (sur le

plan technique, financier et socio-économique) et mieux valoriser les PPI existant (taux

d’intensification assez faible : 77% contre 122% dans les périmètres privés). A ce niveau, une

attention particulière devrait être accordée au côté social pour éviter les éventuelles sous

utilisations des infrastructures hydrauliques.

Les objectifs globaux de la stratégie régionale inscrits dans le IXème

plan comprennent les

éléments suivants :

Construction de trois barrages : Oued Sarrat (21 millions de m3), Oued Mellègue 2 (70

millions de m3) et Oued Tassa (40 millions de m

3) ;

Etudes et création de forages ;

Extension des superficies irriguées à travers l’aménagement de périmètres publics à

partir de barrages et de forages : L’objectif étant d’atteindre 20 mille ha de périmètres

irrigués actuellement estimés à 14,485 mille ha (72% des objectifs) ;

Réhabilitation et modernisation des PPI existants ;

Optimisation de l’utilisation de l’eau d’irrigation au niveau des exploitations privées

par l’encouragement des exploitants à l’adoption des techniques d’économie d’eau ; et

Augmentation du taux de desserte en eau potable pour atteindre 91,7% à l’horizon

2011 (il est de 82,5% au 31/12/2006).

1.4.1.2. La stratégie de conservation des eaux et du sol

Le gouvernorat du Kef est classé parmi les régions les plus menacées par l’érosion : Selon les

données du CRDA du Kef, la superficie moyennement à fortement érodée est évaluée à

environ 300 mille ha dont 120 mille ha un degré d’érosion assez avancé : Près de 60% des

terres sont menacées par l’érosion ce qui traduit une situation assez critique pour la ressource

sol. Les interventions engagées, depuis la mise en œuvre de la stratégie de CES en 1990, ont

permis d’aménager près de 128 milles ha (CRDA du Kef - avril 2007), ce qui traduit un taux

d’aménagement de l’ordre de 43%. Selon la même source, Il reste donc près de 172 milles ha

à aménager dont 80 milles sont considérés prioritaires vu l’intensité forte de l’érosion qui les

affecte.

En absence d’un suivi sur l’état actuel des aménagements, une partie des superficies traitées

devrait être soit consolidée ou encore réhabilitée si les travaux ont totalement disparus. Dans

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

25

ce sens, le taux d’aménagement est nécessairement plus faible et l’urgence ne se limite pas

uniquement à la protection des terres non aménagées mais aussi à la consolidation des travaux

existants pour garantir leur durabilité. Au cours de la première stratégie, le taux d’entretien et

de sauvegarde des travaux est estimé à 46% de la superficie aménagée alors qu’au cours de la

deuxième stratégie (Décembre 2006), ce taux est de 53%. Ce taux est considéré comme faible

par rapport à l’envergure des travaux réalisés, ceci mettra en cause la fonctionnalité des

ouvrages et l’efficacité des investissements engagés.

Les investissements projetés dans le cadre de l’étude de planification des aménagements CES

ont été évalués à 78,8 millions de dinars correspondants à l’aménagement de 100 mille ha. La

deuxième stratégie de CES (2002-2011) a été dimensionnée pour un montant global de 30,3

millions de dinars, soit 38,5% des besoins prioritaires des investissements pour la réalisation

d’un plan d’action intégré. Ainsi, l’effort de l’Etat en matière de financement des actions de

lutte contre l’érosion doit être davantage renforcé et l’implication des agriculteurs doit aussi

s’élargir pour assurer une couverture plus importante des besoins.

En dehors des projets d’envergure, la programmation et la mise en œuvre de la stratégie

continue à se faire sans implication des agriculteurs, ce qui ne permet pas de prendre en

considération leurs priorités et besoins réels. L’absence de concertation se traduit par un

manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion. L’absence

d’appropriation se traduit une réticence des agriculteurs envers l’entretien des ouvrages, ce

qui les rend vulnérables et non durable. Cette situation est particulièrement alarmante en

absence d’un budget pour l’entretien des interventions ou par l’insuffisance des fonds relatifs

aux travaux de consolidation.

1.4.1.3. La stratégie de développement forestier et pastoral

Selon les résultats du 2ème

inventaire forestier et pastoral réalisé en 2007, les terrains forestiers

s’étendent dans le gouvernorat du Kef sur une superficie de 133 324 ha (26% de la superficie

du gouvernorat). Les formations forestières, dominées par le pin d’Alep, l’eucalyptus,

l’acacia, et le cyprès, s’étalent sur 68744 ha : 37225 ha de couverture très dense (54%) et

15968 ha de couverture dense (23%). Les parcours, couvrant environ 22 mille ha et en

majorité privé, sont de type maquis ou de garrigues.

Les objectifs assignés à la stratégie de développement forestier et pastoral concernent la

réduction du rôle de l’Etat dans la gestion et le développement des ressources sylvo-pastorales

et la diversification et la promotion de structures d’intervention dans le secteur (ONG et

privés). L’intérêt porté au développement régional des forêts et des parcours est justifié aussi

bien par le planificateur dont l’objectif est surtout la sauvegarde du patrimoine que par les

usagers vu l’importance de l’élevage ovin extensif peu intégré à l’exploitation agricole mais

plutôt rattaché aux ressources sylvo-pastorales.

A côté des performances atteintes en matière de mise en œuvre de la 2ème

stratégie (4088 ha

de reboisement et 2204 ha de plantation pastorales durant la période 2002 - 2006), les

insuffisances identifiées concernent surtout l’entretien et la sauvegarde des travaux

anciens et la faible association des populations forestières. Etant donné leur niveau de

développement socio-économique et culturel, ces populations continuent à être fortement

dépendantes de l’utilisation des ressources forestières pour subvenir à leurs besoins (parcours

pour le bétail, bois de chauffage…). Ces prélèvements sont souvent effectués aux dépens de la

pérennité du couvert végétal. Cette situation n’est pas uniquement due à l’action physique des

populations mais elle provient aussi du fait que ces populations ont jusqu’à présent été tenues

à l’écart de la gestion et du développement des ressources forestières. Par ailleurs, les récents

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

26

groupements de développement (GDA Ain Fdhil, GDA Saâdine, GDA Ain Snane, GDA El

Kbouch) créés doivent être consolidés et juridiquement adapté aux activités forestières.

Parallèlement à l’effort produit par la direction des forêts au niveau des terres domaniales et

au terres soumises au régime forestier, l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP) conduit

des actions de sensibilisation et d’encouragement à destination des privés afin d’améliorer la

production des parcours privés par l’introduction du cactus inermes et des arbustes fourragers.

L’intervention de l’arrondissement des forêts et de l’OEP a atteint des résultats assez probants

en termes de superficie traitées, mais malgré ces réalisations importantes en terme physique,

la dégradation semble se poursuivre du fait de l’absence d’une stratégie adaptée au contexte

local et qui prend en considération les spécificités de la région et surtout qui associe les

agriculteurs et les éleveurs à la définition des actions et à leur mise en œuvre. En effet, à

l’exception des interventions de l’OEP qui sont dans l’obligation d’avoir l’adhésion des

propriétaires, celles qui sont réalisées par l’arrondissement forêt n’ont pas encore adopté une

approche participative et donc n’associent pas les intéressés à la mise en œuvre des actions.

1.4.1.4. Les stratégies de développement de la production agricole

Contrairement aux stratégies de ressources naturelles financées presque intégralement sur le

budget de l’Etat, la notion de « stratégies sectorielles de développement de la production

agricole au niveau régional » est plutôt conçue comme un ensemble d’orientations globales et

de « vœux » pour les divers secteurs de la production sans actions précises à mener, avec un

encadrement de plus en plus léger et auxquels seuls certains types d’encouragements sont

prévus avec des investissements mis, en majeure partie, à la charge des « privés ». Les

objectifs globaux prévus pour les principales activités agricoles sont les suivants :

Les grandes cultures : La stratégie régionale de développement des grandes cultures

prévoit en outre de diminuer leur superficie à environ 217 mille ha, soit 23 mille ha de

moins comparés à la moyenne du Xème

plan. Ces 217 mille ha se composent de 179 mille

ha de céréales (dont 7000 ha en irrigué), 10 mille ha de légumineuses et 28 mille ha de

fourrages. Cette orientation vers la baisse est liée à la nécessité de respecter l’aptitude des

sols. Parallèlement à ces orientations, la stratégie prévoit de diminuer les superficies de

la jachère de 72 mille ha actuellement à 49 mille ha pour assurer un assolement équilibré.

Parallèlement, une augmentation de la productivité est prévue pour contrecarrer les

impacts liés à l’objectif relatif à la diminution des superficies : 18 Q/ha contre une

moyenne de 12,2 Q/ha pour les céréales en sec, 50 Q/ha contre une moyenne de 33,8

Q/ha pour les céréales en irrigué, 15 Q/ha contre une moyenne de 8,5 Q/ha pour les

légumineuses et 100 Q/ha contre une moyenne de 60 Q/ha pour les fourrages. A ce

niveau, une révision plus objective des rendements s’impose pour assurer leur

applicabilité compte tenu de l’insuffisance de la vulgarisation agricole et des éventuels

impacts négatifs des changements climatiques possibles.

Le secteur irrigué : L’objectif de la stratégie régionale de développement de l’irrigué

étant de porter la contribution des cultures irriguées à 50% de la valeur de la production

agricole du gouvernorat du Kef à l’horizon 2009. Cette stratégie souligne notamment

l’augmentation des superficies irriguées pour atteindre 20 mille ha à l’horizon 2011,

l’élévation du taux d’intensification de 107% actuellement à 130% et la généralisation de

la technique d’économie en eau pour une meilleure valorisation de la ressource.

L’arboriculture : Selon les objectifs de la stratégie régionale de développement de

l’arboriculture fruitière, les superficies des plantations peuvent encore augmenter de 41

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CNEA / Rapport de la 3ème

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mille hectares (fin 2006) pour atteindre une moyenne de 81 mille ha à l’horizon 2016,

soit le double de ce qui existe actuellement.

L’élevage : La stratégie régionale de développement de l’élevage vise notamment la

préservation et l’amélioration de la productivité du cheptel ovin et caprin ainsi que

l’augmentation du nombre de bovins de race pure et de race croisée en limitant

d’avantage la race locale qui demeure peu productive.

1.4.1.5. Les acquis de la recherche agronomique

Le pôle de recherche du Kef fait partie des 4 pôles de recherche que l’IRESA compte

transformer en centres de recherche financièrement autonomes. En attendant cette réforme, le

pôle du Kef comprend une station de recherche de l’INRAT, L’Ecole Supérieure d’agriculture

du Kef (ESAK) et L’Ecole Supérieure d’agriculture de Mograne (ESAM).

La station de recherche de l’INRAT dispose de 5 chercheurs, 4 techniciens et 1 contractuel.

Son programme de recherche porte surtout sur la création variétale de céréales et de

légumineuses. Les lignées obtenues par les croisements effectués à la station de Béja sont

envoyées au Kef, dès la F3, pour suivi et constat de leur comportement et de leur résistance

aux maladies dans le cadre des essais de lignées non avancées, comme c’est également le cas

pour les lignées qui arrivent d’ICARDA et de CIMMYT.

La station effectue ensuite, pour ces variétés les essais multi-sites pour les lignées avancées

jusqu’à leur évaluation au bout des 10 à 12 années d’essais que comporte la méthodologie

adoptée par l’INRAT dans son travail de sélection. 5 variétés, dont notamment des variétés

d’orge et de lentilles sont en cours de présentation à l’inscription.

Il reste alors la difficulté de leur trouver des multiplicateurs disposant des moyens d’assurer la

multiplication et de supporter de faire face aux nouveaux droits d’obtention imposés par les

nouvelles procédures qui sont devenues longues. Pour le moment, le temps que mettent ces

nouvelles variétés avant leur mise sur le marché est devenue très long et incompatible avec les

objectifs d’une recherche capable de catalyser un développement durable. Une réflexion est

nécessaire pour écourter ces délais et redonner à cette recherche sa compatibilité avec les

réalités du milieu agricole et ses facultés redynamisatrices du développement. Dans

l’ensemble, les résultats de ces recherches ont du mal à parvenir jusqu’aux agriculteurs car il

reste à la fois théoriques et éloignés des vrais problèmes de l’agriculture.

1.4.1.6. Concrétisation des stratégies : XIème plan relatif au gouvernorat du Kef

(i) Les objectifs du XIème

plan

Tel que rapporté dans les documents de préparation du XIème

plan du Kef, les objectifs

stratégiques pour assurer le développement durable reposent sur les éléments suivants :

Diminuer progressivement le taux de chômage en créant de l’emploi : Il s’agit surtout

d’inciter à la création de nouveaux projets privés et d’améliorer l’efficacité de ceux

déjà existants ;

Limiter l’exode rurale et sédentarisation de la population surtout dans les régions du

Sud du gouvernorat et des zones frontalières ;

Donner à la région les impulsions nécessaires pour plus de compétitivité et

d’intégration avec l’environnement national et international ;

Assurer le développement durable tout en gérant la pression sur les ressources

naturelles : Les conserver et les exploiter d’une façon rationnelle.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

28

Augmentation du revenu des ménages et amélioration des conditions de vie.

Pour le volet lié au secteur agricole, les principales orientations en matière de développement

prise en considération lors de l’élaboration du XIème

plan prévoient :

Modernisation de l’agriculture conduite en irrigué moyennant l’amélioration de

l’exploitation des superficies aménagées (les 13 761 ha). A ce niveau, l’objectif étant

de généraliser l’économie en eau et d’améliorer le taux d’intensification des

périmètres irrigués.

Utiliser l’API en tant qu’approche de mise en œuvre des programmes de l’Etat et plus

particulièrement dans les domaines de la CES et des plantations arboricoles.

Mise en place des PPI programmés dans le but d’atteindre, au terme du XIème

plan, une

superficie irrigable de 20 000 ha. A l’instar ce l’orientation précédente, celle-ci

découle aussi de la stratégie régionale de développement du secteur de l’irrigué.

Accélérer le rythme de plantation arboricole et de l’olivier à huile surtout dans le Sud

du gouvernorat et en fonction des aptitudes des sols (carte agricole).

Adopter des mécanismes de financement appropriés pour réussir le programme de

plantation à travers l’instauration d’une ligne de financement spécifique pouvant

satisfaire les besoins de la région (accès au crédit et aux subventions).

Lutter contre l’érosion des terres agricoles sur une superficie de 120 mille hectares

fortement menacées.

Développer les zones forestières et pastorales en augmentant le rythme de plantation et

en assurant la promotion d’activités extra-agricoles (microprojets agricoles et non

agricoles). Dans ces zones, les microprojets auront un double objectif : D’une part

améliorer le revenu des ménages et d’autre part garantir l’adéquation entre l’économie

de l’agriculture familiale et la préservation des ressources écologiques.

Valorisation des acquis de la recherche à travers des programmes d’actions en liaison

avec les spécificités naturelles du gouvernorat du Kef. Les thèmes proposés

concernent surtout le développement de la céréaliculture irriguée dans le Sud du

gouvernorat, amélioration de la conduite alimentaire des ovins et la technique du semi

direct pour préserver la couche arable du sol.

Promouvoir des créneaux innovateurs moyennant la mise en place d’un centre

technique de l’agriculture biologique dont la mission est l’encadrement et la formation

des exploitants de ce domaine.

Mise en place d’une stratégie de développement des viandes rouges.

Encourager l’installation d’industries agro-alimentaires spécialisées dans le lait dans la

transformation de ses sous-produits.

Consolider la place de la femme rurale à travers la promotion des activités artisanales

pour d’une part valoriser les ressources et le savoir faire local et d’autre part créer des

sources de revenu et une dynamique économique supplémentaire.

Dynamiser davantage les organismes socioprofessionnels (CSA, GDA, UTAP,

groupement professionnels…) pour mieux identifier et satisfaire les besoins en matière

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phase

29

d’encadrement dans les diverses activités agricoles : Conduites techniques,

commercialisation et promotion de l’investissement privé.

Consolidation du tissu associatif en améliorant les capacités humaines et matérielles

pour mieux participer à l’œuvre du développement régional.

A côté de ces orientations sectorielles, l’amélioration de la qualité de la vie constitue un

facteur complémentaire important pour assurer la durabilité des acquis. A ce propos, les

documents préparatif du XIème

plan avaient insistés notamment sur la nécessité de :

Consolider les acquis mis en place à partir des diverses interventions de l’Etat.

Suivre l’état de la désertification dans les zones sensibles en faisant recours au GIS

pour un meilleur diagnostic des contraintes et la programmation d’un plan d’actions

intégré selon l’API.

Améliorer des conditions de vie de la population en procédant surtout à

l’électrification et à l’alimentation en eau potable des zones non encore desservies.

Pour l’AEP, l’objectif est d’atteindre un taux de desserte de 86% dans les zones

rurales.

Actualiser le schéma directeur d’aménagement de la région et élaboration d’une

stratégie à long terme visant la maîtrise des extensions urbaines et la protection des

terres agricoles limitrophes. Cette stratégie permettra aussi de constituer des réserves

pour la réalisation de projets de différentes natures (usines, équipements collectifs,

cités…).

(ii) Le contenu du XIème

plan

L’examen du contenu provisoire du XIème plan relatif au gouvernorat du Kef, montre que le

budget retenu pour la réalisation d’actions collectives s’élève à environ 114 millions de dinars

pour la période 2007 -2011, soit 22,8 millions de dinars par an.

Tableau 2: Budget prévisionnel du XIème

plan dans le gouvernorat du Kef

Composante Coût en

millions de

dinars

Importance

relative

Satisfaction

des besoins

régionaux 1. Mobilisation des ressources en eau 76,4 67,2% 26% Barrages (Sarrate, Mallègue supérieur et Eddire) 50,9

Aménagement de PPI à partir des barrages 11,3

Aménagement de PPI à partir des forages 2,7

Réhabilitation de PPI existants 3,2

Etudes et création de forages 0,9

Alimentation en eau potable 7,4

2. Forêts et parcours 13,5 11,9% 21%

3. CES 14,7 12,9% 40%

4. Projets agricoles intégrés 6,9 6,0%

PDAI du Sud du gouvernorat du Kef 1,9 Projet de développement intégré des zones frontalières 5,0

5. Activité élevage 1,9 1,7% 18%

6. Etudes, recherche et vulgarisation 0,3 0,3% 3%

Total budget du XIème plan 113,8 100% 27%

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phase

30

Ce budget représente en moyenne 27% des besoins en investissements estimés à travers les

propositions initiales lors de la discussion du XIème plan (423 millions de dinars). A ce

niveau, le taux de satisfaction le plus important est observé au niveau des composantes liées à

la CES, à la mobilisation des ressources en eau et à préservation des forêts et des parcours, ce

qui traduit l’intérêt porté à la gestion rationnelle des ressources naturelles : Selon les données

présentées dans le tableau ci-dessus, ce taux est respectivement de 40%, 26% et 21%.

Le XIème

plan privilégie en priorité la construction de barrages et la mobilisation des

ressources en eau surtout au profit de l’irrigation dans le secteur agricole : près de 70% des

fonds budgétaires sont réservés à la gestion de cette ressource. L’importance de cette

composante est liée aux potentialités en eau existante et plus particulièrement celles qui

concernent la mobilisation des eaux de surface pour des fins d’intensification agricole et de

protection des villes contre l’inondation (construction de barrages). En seconde position,

viennent les actions de CES et d’aménagement forestier et pastoral. Les actions liées aux

études, à la recherche et à la vulgarisation restent quant à eux à des niveaux assez limités eu

égard aux besoins de la région.

Comparés aux objectifs arrêtés en matière d’approche de mise en œuvre des investissements

et d’amélioration de la productivité de l’activité agricole à travers la mise à profit des acquis

de la recherche, la planification est restée encore fidèle aux anciennes pratiques sectorielles.

Selon les allocations budgétaires, les projets intégrés et participatifs ainsi que les études et la

recherche ne représentent que 6,3% des fonds réservés au XIème

plan.

1.4.2. Stratégies d’adaptation des agriculteurs

Les stratégies individuelles restent peu conservatrices des écosystèmes et traduisent à travers

les diverses pratiques des objectifs axés plutôt sur la maximisation de la mobilisation des

ressources que sur le renforcement de leur durabilité.

Dans ce contexte, l’organisation collective des usagers a été initiée par les pouvoirs publics

pour créer entre-autre un cadre de concertation et de sensibilisation des acteurs pour faire face

aux menaces de durabilité qui peuvent affecter les ressources naturelles et les systèmes

agraires. A ce niveau, ce cadre de concertation, permettant de mieux intégrer les stratégies

sectorielles de l’Etat, est loin d’être atteint surtout que le manque d’efficacité des

organisations de base est enregistré au niveau de la gestion de la mobilisation des ressources.

1.4.2.1. Les dispositions prises individuellement par les agriculteurs

Dans l’ensemble, les dispositions prises individuellement par les agriculteurs pour la

protection de la qualité chimique et physique du sol se présentent comme suit :

Restitution de la matière organique au sol : Il n’y a aucun effort pour améliorer les

assolements par des cultures riches en azote, pas de culture d’engrais vert, pas

d’enfouissement de chaumes et pas d’apport de fumier sauf pour certaines cultures

maraîchères (quand on trouve le fumier qui se fait rare). Seul le pacage des brebis sur

les chaumes donne lieu à une certaine restitution de matière organique. On constate

également que les services de vulgarisation et de développement n’insistent pas du

tout sur cet aspect d’appauvrissement des sols malgré son extrême gravité sous le

climat du Kef et en contradiction avec l’objectif d’amélioration des rendements inscrit

dans la stratégie régionale des grandes cultures.

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Lutte contre l’érosion et entretien des travaux de CES réalisés par l’administration :

Rares sont les prises de conscience individuelles et la position de l’agriculteur a été, en

général, de se tenir sur la réserve ou parfois même de s’opposer quand des travaux

risquent de concerner son « exploitation » même s’il n’en supporte pas les frais.

Labours en courbes de niveau : Seuls, les organismes comme l’OTD ou les SMVDA

et un certain nombre de gros agriculteurs effectuent les labours en courbes de niveau,

le petit agriculteur s’en préoccupe rarement, ce qui, bien entendu, favorise l’érosion.

Conservation de l’humidité du sol : Pour la réalisation précoce des labours (au

printemps), l’adoption de façons culturales sans retournement du sol… qui améliorent

la conservation de l’humidité du sol, on constate un effort certain par quelques gros

agriculteurs qui ont maintenu les techniques du labour de 18 mois, de cultivateurs à

dents…, mais il s’agit d’exploitants qui se sont bien équipés, qui ont de grandes

propriétés et qui louent des parcelles chez des voisins. La masse des petits agriculteurs

s’adresse, quant à elle, à la location du tracteur avec toujours l’idée de dépenser le

moins possible pour la préparation du sol.

1.4.2.2. Les dispositions prises par les agriculteurs organisés en groupes

L’agriculteur du Kef avait des traditions de travail en commun mais, sans pour autant que ces

traditions soient formalisée sous des formes organisées comme celles d’aujourd’hui. Ces

formes avaient leurs mérites et auraient pu moyennant un travail sociologique spécifique

donner lieu à des formes plus modernes : il s’agit de la « Mouaouana », de la « Chorka », de

la « Mougharsa », gestion des parcours par contrat verbal entre les collectivités et leur berger

pour la pâture du troupeau sur les parcours, le creusage et l’entretien collectif des Mgouds

pour l’épandage des eaux de crues…

Ainsi, la dégradation des parcours par exemple ne s’explique pas uniquement par les

raisons d’extension des cultures, des phénomènes d’héritage, etc. Elle provient aussi du fait

que les collectivités qui, dans le passé, géraient et organisaient l’utilisation collective de la

ressource se sont désorganisées depuis abandonnant leurs prérogatives à l’administration.

Et, à l’orée de l’indépendance et pour diverses raisons, cette administration n’a pas cherché

à reprendre avec ces traditions et n’a donc pas pu prendre la relève. Elle n’a pas pu

redynamiser les collectivités, ni les associer à la gestion des parcours, ni rétablir les

traditions de travail en commun. Elle s’est orientée vers la création des UCP, puis des CSA,

des chambres d’agriculture, puis des AIC, puis des GDA…, autant de formes

d’organisations, non négociées avec l’agriculteur avant leurs créations et conçues par les

fonctionnaires de l’administration selon des schémas un peu trop rigides et moins souples

que celles existantes dans les pays développés. Actuellement, le CRDA et les autorités

tentent de créer des GDA à partir des CSA et des AIC existantes ou dans des zones où il

n’y avait pas d’organisations du tout.

Ainsi, les GDA que nous avons rencontrés étaient soit en voie de formation, soit

fraîchement créés, et donc n’ont pas encore pu prendre de dispositions réelles dans ce

domaine nouveau qu’est la conservation des ressources naturelles, la lutte contre

l’érosion ou l’entretien des travaux de CES réalisés par l’administration….et, il est un peu

tôt de parler de contenu ou de portée des dispositions prises par des agriculteurs organisés

en groupes.

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phase

32

1.4.2.3. Degré de prise en compte des incitations économiques

Pour ce qui est des « incitations économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation

foncière, etc.), elles ne semblent pas palpables pour l’agriculteur et ne sont perçues comme

telles par lui.

Ces « incitations économiques » sont conçues également par des ingénieurs-fonctionnaires,

des financiers-responsables du fisc, des banquiers… qui ne comprennent pas toujours les

motivations du monde rural, ses difficultés de tous les jours, la faiblesse du revenu de

l’agriculteur, ni les aléas climatiques qu’il supporte seul…

A titre d’exemple : (1) les fixations des prix aux marchés de gros décidées, pour des produits

qui ne sont pas de première nécessité comme c’est le cas des tomates d’arrière-saison de Ain

Ksiba…, par le Ministère du commerce bouleversent complètement la conception de

l’exploitant de l’équilibre financier de son exploitation qui doit produire simultanément des

fourrages dont les produits se vendent moins chers, qui peut subir des orages de grêles qui

détruisent sa récolte… ou qui est obligé de garder une partie de l’exploitation en jachère pour

la laisser se reposer. La loi de l’offre et de la demande et la volonté de maintien d’un certain

indice des prix sont également faussées pour lui puisqu’on lui refuse une opportunité de

productions hors-saison destinées à des consommateurs aisés capables de les payer et qui n’a

rien à voir avec l’indice des prix , d’où un refus de comprendre ce genre de pénalité qui lui est

infligée. (2) les mesures de type « généralisation de l’exonération de la taxe unique sur

l’assurance » aux différentes compagnies d’assurances n’intéressent qu’une très faible frange

d’agriculteurs qui s’assurent auprès de ces compagnies, mais laisse indifférente la masse des

exploitants.

Cette situation ne provient pas seulement du fait qu’il n’y a pas de système d’information

étudié pour fournir aux responsables les données qui leur permettraient d’orienter la

politique économique du pays dans le sens d’une meilleure gestion des ressources, mais

provient également du fait souvent exprimé par les agriculteurs quand ils affirment à leurs

interlocuteurs de l’administration que les préoccupations des uns et des autres ne sont pas

les mêmes1. Ces « incitations économiques: prix et tarification, subvention … » gagneraient

beaucoup à être mieux étudiés avec la lorgnette de l’agriculteur et en fonction des réalités et

des habitus du monde rural.

Toutefois, il est important de signaler les réponses positives des agriculteurs éleveurs aux

décisions prises par les pouvoirs publics, en particulier en matière d’irrigation et

d’équipement d’économie d’eau, d’intensification de la production laitière, de mécanisation.

Quelques indicateurs, déjà évoqués ci-haut renseignent sur un certain degré de convergence

de ces stratégies publiques avec celles des agriculteurs.

Irrigation et économie d’eau : 2600 ha en 1987 et 14485 en 2007

Equipement d’économie d’eau : 9715 en 2005 et 12656 en 2005.

Arboriculture fruitière : 3762 en 1987 et 9460 en 2005.

Céréales irriguées : 1350 ha en 1995 et 3350 ha en 2005

Vaches laitières de race pure : 2400 en 1991 et 4060en 2006.

Parc de tracteurs : 2450 en 1995 et 23634 en 2005.

« إنتوما في واد و نحنا في واد » 1

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phase

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1.4.3. Efficacité des stratégies d’adaptation

a) Par rapport au contenu et à la portée des dispositions que peut prendre individuellement l’agriculteur

Les stratégies mises en œuvre, sectorielles par excellence, souffrent toutes d’une absence,

dans leur conception, du récipiendaire commun des actions qu’elles mènent sur le terrain

c’est-à-dire « l’exploitation agricole », et de leur ignorance presque magistrale du seul

pouvoir de décision dans cette exploitation : « L’EXPLOITANT AGRICOLE ». Elles restent

insuffisamment coordonnées entre elles, et, leurs actions ne sont que partiellement

compatibles avec les stratégies des agriculteurs et éleveurs.

Durant les dernières années, on a commencé seulement à parler de vulgarisation participative,

de développement participatif…, mais la décision arrive non seulement avec du retard et reste

incomplète du fait qu’elle concerne des actions techniques sans voir pour autant la valeur

ajoutée que ces actions apportent à l’exploitation et les moyens de la valoriser. Concrètement,

on peut dire : sur un bassin versant donné, à quoi sert le traitement en banquettes, par

exemple, d’une parcelle de 2 ha qui s’y trouve, et qui appartient à un agriculteur qui en a 5

autres dispersées à 5 ou 10 km à la ronde et disposées dans tous les sens, le tout faisant 8 ou 9

ha (près de 60% des exploitants ont une superficie inférieure ou égale à 10 ha et que plus de la

moitié ne dispose au plus que de 5 ha) ? Quel système de production peut adopter cet

agriculteur, quelle plus value va lui apporter cette parcelle traitée, comment va-t-il effectuer

les travaux pour cette parcelle et pour les autres, comment va-t-il s’assurer que ses parcelles

ne risquent pas de subir des délits de pacage par les animaux des voisins, comment va-t-il

nourrir ses propres animaux, sera-t-il capable de calculer la charge optimale en animaux, quel

équipement peut-t-il-acquérir et quel temps va-t-il consacrer au travail de cette

« exploitation » source principale du revenu familial ?

Aucune de ces stratégies ne peut l’aider dans ce sens, ni lui garantir de parvenir à un revenu

honorable après un temps donné. En plus, ces stratégies arrivent à un moment où

l’administration a décidé unilatéralement de se retirer et voit ses capacités d’action en termes

de qualification et d’effectif des ses compétences se réduire de plus en plus. Actuellement, un

grand vide d’encadrement s’est établi autour des 18.110 agriculteurs du Kef ; ce vide

s’ajoutant à leur endettement vis à vis de la banque, au renchérissement du coût des intrants,

au vieillissement des variétés de céréales mises à leur disposition, à l’absence sur le marché

des semences de vesces qui pourraient améliorer la qualité des fourrages qu’ils cultivent et,

remplacer en partie les aliments importés.

L’absence d’une stratégie de « Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et de Mise à

Niveau » se fait durement ressentir en l’état actuel des choses. Ce qui fait que la durabilité des

ressources naturelles qui sont à la base de l’activité agricole de l’exploitation mais sans une

vision globale de développement durable, risque de devenir de plus en plus problématique.

b) Par rapport au contenu et à la portée des dispositions que peut prendre l’agriculteur « en groupes organisés »

On a vu plus haut que l’administration s’est orientée depuis les années 60 vers la création des

UCPA, puis des CSA, des chambres d’agriculture qu’elle a dissoute par la suite, puis des AIC,

puis des GDA… autant de formes d’organisations conçues par les fonctionnaires de

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phase

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l’administration selon des schémas un peu trop rigides et parfois même moins souples que

celles existantes dans les pays développés.

Les stratégies sectorielles décennales de l’administration prévoient quelquefois la création de

ces groupes en liaison avec les autorités régionales. Actuellement, des GDA sont ainsi créés et

des AIC sont entrain d’être transformés en GDA ; chacun de ces GDA, groupant parfois des

centaines d’adhérents. Les textes de ces GDA leur prévoient une activité très variée qui va de

la gestion d’un point d’eau à l’approvisionnement ou la commercialisation et même à la

fourniture de services mécaniques ou autres ; or ce grand nombre d’adhérents n’a pas les

mêmes centres d’intérêt, ses besoins et ses moyens ne se situent pas toujours à un même

niveau, ce qui rend difficiles la gestion et le succès de ces organisations.

Les changements successifs de formes des groupements montrent bien que le jeu n’a pas été

joué à fond pour chacune de ces formes ni par l’Administration ni par l’agriculteur. A chaque

fois, une grande partie de l’échec est due à une insuffisance d’encadrement et à une

insuffisance de formation de l’encadrement (y compris l’encadrement central pour cette

tâche).

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phase

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2. Orientations stratégiques et axes de développement

2.1. Rappel des propositions de la 2ème

phase de l’étude

Tel que mentionner dans le rapport de la deuxième phase de cette étude, les orientations

stratégiques tiendront compte des trois dimensions de la durabilité (économique, sociale et

environnementale) ainsi que du cadre institutionnel nécessaire à leur mise en œuvre

(réglementation, structures et mécanismes de concertation inter-institutions). Les orientations

proposées portent essentiellement sur :

L’adaptation des pratiques agricoles, au niveau des cultures et de la conduite de

l’élevage, aux impératifs de la préservation des ressources naturelles et de

l’amélioration de la rentabilité des activités agricoles et du revenu des exploitants.

L’objectif étant d’assurer la convergence des stratégies publiques, professionnelle et

individuelles (intégration/cohérence entre stratégies et mesures de concrétisation +

Compatibilité avec les attentes et les capacités des agriculteurs en individuel et en

groupe).

Les mesures techniques correctives et préventives complémentaires aux stratégies

sectorielles déjà mises en œuvre tout en privilégiant les actions urgentes et les

opérations des réhabilitations des travaux réalisés car moins coûteuses.

Les dispositions institutionnelles et organisationnelles régionales et celles en matière

de procédures à mettre en place pour une meilleure coordination entre les différents

intervenants et une meilleure efficacité des actions à entreprendre.

L’implication des usagers dans la conception des programmes des luttes contre la

dégradation des ressources naturelles et la fixation des priorités et leur

responsabilisation quand à la maintenance et au fonctionnement des infrastructures.

La dynamisation et la diversification de l’économie du Kef (typique des régions

intérieures de la Tunisie) pour soulager l’activité agricole qui constitue quasiment

l’unique alternative en matière de production et d’emploi…

Si l’on s’appuie sur les orientations à mettre en œuvre, notre schéma conceptuel devront en

particulier :

Eviter le caractère sectoriel dans leur conception d’ensemble, quitte à le reprendre au

niveau de l’exécution, pour tenir compte en premier lieu du récipiendaire commun des

actions qu’elles ciblent et mènent sur le terrain c’est-à-dire « l’exploitation agricole »

et partir du seul pouvoir de décision dans cette exploitation: l’exploitant agricole.

Les actions devront être compatibles avec les stratégies des agriculteurs et éleveurs.

Les aspects d’encadrement et de vulgarisation devront faire partie intégrante des

actions à prévoir.

Le revenu familial et de l’exploitation devra être le souci constant de l’étude et des

réalisations à programmer.

Ces stratégies arrivant à un moment où l’administration a décidé unilatéralement de se

retirer et réduit ses capacités d’action en termes de qualification et d’effectifs, il y a

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lieu de prévoir un temps transitoire pour préparer l’agriculteur aux difficultés qui

attendent et à son nouveau rôle.

Des solutions sont à trouver pour surmonter les problèmes fonciers et d’endettement

actuels.

Enfin il y a nécessité pour une stratégie de Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et

de sa Mise à Niveau pour un développement durable.

2.2. Orientations stratégiques

L’agriculture dans le gouvernorat du Kef continue à être extensive, peu diversifiée et dominée

par des exploitations de petite taille et endettée. Les analyses de viabilité économique ont

montré que les faiblesses des revenus agricoles concernent tous les systèmes agraires avec

toutefois des degrés différents.

Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au

niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui

deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. Pour ce qui est des ressources en eau, les

potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles

d’intensification et de diversification de la production agricole. Les efforts de l’Etat étaient

soutenables mais n’ont pas enrayé la dégradation des ressources naturelles et n’ont été que

partiellement compatibles avec les stratégies des agriculteurs.

Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques

de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des

techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre

d’une façon adéquate des stratégies. Du côté des structures socioprofessionnelles de base

(GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité eu égard à l’objectif pour lequel elles ont été

créées et leur position relativement neutre vis-à-vis du niveau de convergence entre les

stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies d’adaptation des agriculteurs.

A la lumière des contraintes et des objectifs spécifiques aux systèmes agraires et du diagnostic

global réalisé pour l’ensemble du gouvernorat, le développement agricole et la gestion des

ressources naturelles devraient être basés sur les orientations stratégiques suivantes :

Amélioration de la productivité des activités agricoles : Tenant compte des menaces

climatiques et de la libéralisation des échanges, le secteur agricole actuellement peu

performant est appelé à être compétitif. L’amélioration des rendements est possible

surtout que les pratiques actuelles sont extensives.

Valorisation des ressources en eau largement sous-utilisées (excepté les deux nappes

phréatiques de bled Charène et Bled Abida) : La mobilisation de l’eau constitue un

atout pour diversifier l’agriculture et améliorer ses performances eu égard à certaine

région où l’irrigation a permis un développement spectaculaire des cultures

maraichères et une modernisation dans l’utilisation des facteurs de production.

Préservation les ressources naturelles dégradées : Il s’agit notamment de la ressource

sol qui reste soumis à l’effet néfaste de l’érosion et des pratiques peu conservatrices

qui ont mené à son appauvrissement. En plus de cette ressource, on note la dégradation

continue des parcours et des forêts et la convergence des intérêts individuelles des

agriculteurs – éleveurs (objectif basé sur la mobilisation) et des stratégies publics

(objectif basé sur la sauvegarde).

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phase

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Renforcement du cadre institutionnel : Cette proposition concerne à la fois le

renforcement des capacités de l’administration et des organisations

socioprofessionnelles. L’objectif recherché étant une meilleure gouvernance des

ressources naturelles et des filières par l’implication accrue de la population concernée

et la mise en place de structures de concertation et de négociation.

Soutien de l’agriculture dans les régions à climat difficile : La situation socio-

économique se caractérise par une structure productive généralement inadaptée à

l’innovation technique. L’endettement des agriculteurs, la dominance de la petite

propriété peu viable et le morcellement des terres sont autant de contraintes

structurelles que l’administration doit prendre en considération pour l’amélioration de

la productivité de l’activité agricole. Ainsi, des mesures de soutien doivent être

étudiées à travers des encouragements directs (politique de prix adaptée, subventions

spécifiques liées aux régions à climat difficile, système de crédit adapté aux risques et

à l’incertitude des précipitations…) et des encouragements indirects (organisation en

amont en aval des filières…).

Diversification de l’économie régionale : Le gouvernorat du Kef se caractérise par une

faible diversification de son économie régionale qui se répercute par une pression

accrue sur le secteur agricole. Parallèlement, les faibles performances de l’agriculture

du Kef ne permettent pas de réduire l’exode rural et l’ampleur du chômage.

Mise en cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles : Il

s’agit d’apporter des correctifs permettant de concilier entre les besoins de la région et

le contenu des stratégies sectorielles. Ces corrections seront de nature à améliorer les

capacités de résilience des différents écosystèmes.

Mise en place de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau de l’exploitation

agricole : L’objectif étant de compléter les stratégies sectorielles pour que les

interventions en matière de valorisation des ressources naturelles soient bénéfiques et

se traduisent réellement à l’échelle de l’exploitation agricole. Les stratégies doivent

permettre la mise à niveau des exploitations agricoles, la promotion sociale et

financière de l’exploitant, la restructuration foncière, le développement des structures

d’appui étatiques et professionnelles et le financement et le soutien de l’activité

agricole.

En outre, une visite sur le terrain, pour valider ces orientations, a été organisée le 24 et le 25

juin 2008 et a permis de recueillir l’avis d’un certain nombre de techniciens et d’agriculteurs

sur leurs contraintes et leurs vision d’avenir (annexe n°1).

Ces orientations stratégiques seront traduites par la suite en actions dont certaines concernent

l’activité agricole dans son ensemble et d’autres sont spécifiques à certains systèmes de

production et/ou systèmes agraires. Par ailleurs il est aussi important de signaler que certaines

orientations relèvent des pouvoirs régionaux et des acteurs de la société civile, mais que

d’autres relève de l’échelon national et leur réalisation reste importante et peut conditionner la

réussite de la stratégie en question.

2.3. Axes d’un développement durable et contenu

Tenant compte des orientations stratégiques, les axes d’un développement durable peuvent

être formulés comme suit :

Axe 1 : Développement du secteur agricole

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phase

38

Axe 2 : Gestion durable des ressources naturelles

Axe 3 : Convergence des stratégies sectorielles et mise à niveau de l’exploitation

agricole et de son environnement économique et social

Axe 4 : Renforcement institutionnel

Axe 5 : Diversification de l’économie locale et régionale

2.3.1. Généralités : Capitalisation des expériences passées

La nécessité, pour les services de conception, de tirer la leçon de l’expérience passée qui s’est

caractérisée, entre autres, par :

La dispersion des efforts et l’absence de recherche de complémentarité entre les

différentes stratégies mises en présence.

L’absence d’une stratégie de production et de développement d’une agriculture intégrée

ou durable qui prévoient de moyens concrets d’action en fonction d’un timing déterminé.

Une priorité donnée parfois à des actions à « caractère social », à moyen & long termes et

à impact différé (voire peu sûr) au détriment d’actions à court terme et à « impact

économique certain » : ex. travaux de CES sur les pentes pour éviter leur érosion

hydrique avec une absence de programmes sur les plaines les plus riches à fort potentiel

productif et objet d’une érosion « chimique » qui réduit continuellement la fertilité de

leurs sols…. Or, si la priorité au « caractère social » est compréhensible, il n’en reste

pas moins difficile de comprendre l’absence d’adoption d’actions à plus grand impact

sur la production et l’allocation de moyens équivalents à ces travaux de CES.

Une priorité donnée parfois à des actions dites de « mobilisation de ressources

naturelles » : ex. création d’une infrastructure de périmètres irrigués mais réduction, en

parallèle, du nombre et des moyens de vulgarisation qui permettent la valorisation de ces

périmètres, alors que c’est la vulgarisation qui, avec les moyens financiers, permet de

valoriser ces lourds investissements.

Des contacts insuffisants entre les organismes de recherche (pôle & ESAK notamment) et

le CRDA.

Des contacts insuffisants au sein du CRDA entre les arrondissements qui exécutent divers

projets sectoriels et avec diverses autorités qui interviennent dans des études qui intègrent

le domaine agricole (ex. projet de lutte contre la désertification).

Des contacts qui sont actuellement très insuffisants, entre les organismes de recherche, le

CRDA et les services centraux du Ministère, devront être renforcés, par les moyens les

plus rapides, pour leur permettre de préparer - d’un commun accord - les programmes de

recherche, de vulgarisation des acquis les plus pertinents et concevoir les budgets annuels

indispensables à la réalisation des objectifs fixés par ces programmes; et surtout pour

préparer un avenir cohérent pour la lutte contre les menaces annoncées.

Enfin, dans la situation passée, on constate une absence de toute obligation de résultats

dans les actions entreprises par les agents de l’Etat quelque soit l’activité qui leur est

confiée. Pour l’avenir, il est recommandé que, dans le cadre des nécessaires

renforcements de l’encadrement qui devront se faire, les contrats de recrutements

prennent la forme de Contrats avec des Obligations de Résultats « COR », où il sera exigé

des jeunes recrues des résultats précis et qui leur donnent des avantages en contre partie

en guise d’encouragements en cas d’obtention de ces résultats dans des délais

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

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acceptables. Ces délais devront être déterminés et contrôlés régulièrement par un comité

unique de pilotage des stratégies sectorielles (CUPS) dont on parlera plus bas ; de même

qu’on donnera plus de précisions sur les « COR » que nous suggérons.

2.3.2. Intensification de la recherche et ciblage de thèmes plus pointus

Mettre en place pour les diverses institutions implantées dans la région, et pour les 10

prochaines années, une stratégie de recherche pluridisciplinaire axée sur les problèmes de la

région, les contraintes du milieu physique et les systèmes agraires en place. Elle devra

intégrer les productions végétales, l’élevage et les aspects de changements climatiques les

plus plausibles compte tenu des particularités de la région ; et prenant en compte notamment

les problématiques et thèmes ci-après :

Thèmes de recherches pour le Nord du gouvernorat :

En grandes cultures :

o Recherche de variétés tardives adaptées au climat du gouvernorat (à l’instar

du Chili qui est encore cultivé à Ain Ksiba à la satisfaction des agriculteurs),

cette « tardivité » formant un atout pour la région par rapport au reste du

pays.

o Introduction de nouveaux germoplasmes de variétés de céréales résistantes au

froid hivernal du Kef et en même temps aux maladies et parasites qui risquent

de se développer sous changements climatiques ; il en va de même pour les

fourrages et légumineuses adaptées aux hivers froids qui caractérisent la

région.

o Introductions de variétés valorisant au mieux l’eau pour les grandes cultures

dans les périmètres d’irrigation.

o Recherche de rotations « techniquement » et « économiquement » acceptables

par l’agriculteur.

o Recherche d’itinéraires techniques conservateurs de la fertilité des sols moins

coûteux et adaptés aux différentes régions et aux différents sols (semis

direct…).

o Suivi des maladies fongiques et des parasites qui peuvent apparaître sur les

grandes cultures suite aux changements climatiques.

En horticulture : Recherche de l’impact de changements climatiques sur

l’arboriculture existante et recherche de variétés d’arbres fruitiers et de cultures

maraîchères qui s’adaptent aux hivers froids, à la tardivité de la région et aux

changements climatiques au point de vue physiologique et au point de vue

résistance.

Aspects structurels : Développer des programmes de recherche séparés pour la

petite et la grande exploitation.

Aspects climatiques : L’installation d’un réseau de stations météorologiques plus

dense et plus régulier est urgente pour suivre l’évolution de la situation.

Thèmes de recherche pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :

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Reprendre le programme d’introduction du médicago et de l’élevage ovin lié au

médicago.

Poursuivre & approfondir les travaux sur les plantes médicinales et mellifères.

Thèmes de recherches prioritaires pour la production animale :

Amélioration des performances des races ovines locales,

Réintroduction de bovins de races plus rustiques adaptées aux différentes régions,

la race Holstein devant être réservée aux exploitations les mieux dotées en

productions fourragères et en cadres zootechniciens.

2.3.3. Développement du secteur agricole

Les principales actions susceptibles d’amorcer le développement du secteur agricole sont

présentées comme suit :

Compte tenu de l’absence actuelle d’une stratégie de développement de la production,

la stratégie découlant du plan d’action devra prévoir des moyens matériels et

financiers concrets en fonction des objectifs de cette phase. La priorité qui était

donnée jusqu’à présent par les pouvoirs publics à des actions « à caractère social » à

moyen & long termes dont l’impact est différé laissant de côté des actions à court

terme dont l’impact économique est certain comme cité précédemment, se doit d’être

donnée, à l’avenir à une stratégie de développement d’une agriculture intégrée ou

durable et de production…. Ce qui ne contredit en rien une priorité aux actions à

« caractère social ». Il n’est plus, donc, permis de ne pas inclure et de ne pas donner

priorité, c’est-à-dire des moyens matériels et financiers concrets, à des actions à plus

grand impact sur la production.

Dans l’établissement des programmes de vulgarisation, il est nécessaire de prendre en

compte les résultats de la recherche existants les plus pertinents comme point de

départ, même si ces résultats datent de quelques années ou s’ils n’avaient pas été mis à

profit jusqu’à présent dans la région. Ainsi et en plus des résultats qu’auraient obtenus

l’ESAK & le Pôle de recherche du Kef, quatre travaux méritent notamment d’être mis

à profit dans ce but, il s’agit de :

Les résultats obtenus à la ferme modèle de Frétissa de Mateur avec la coopération

belge, résultats extrapolables pour la zone subhumide et les hautes plaines du Kef2.

Les résultats obtenus par l’INRAT & l’INRA/France à Zaghouan par le projet

« pour une approche régionale du développement agricole : Céréaliculture et

Dynamique des Systèmes Agraires en Tunisie » qui, entre autres, s’attache à une

nouvelle approche en matière de financement de l’agriculture dans le semi-aride et

à la nécessité d’introduire une approche du système « exploitation-famille » dans

l’exploitation de petite taille, souvent économiquement non viable au Kef3.

2 : Source : rapport final du projet Ferme modèle de Frétissa – Produire plus de grain et de lait en Afrique du

Nord. Cette proposition s’inspire de l’examen des résultats économiques, des conclusions et des

recommandations après 13 campagnes d’expérimentation (1969/70 à 1983/84) sous l’égide de la Faculté des

sciences agronomiques de Gembloux. 3 : Source : Annales de l’institut national de la recherche agronomique de Tunisie – Numéro spécial Vol.64 -

1991. Rapport du projet : « Pour une approche régionale du développement agricole : Céréaliculture et

dynamique des systèmes agraires en Tunisie ».

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Les résultats du « Projet de développement de la petite & moyenne exploitation

dans les gouvernorats du Kef & Siliana pour l’établissement du médicago » &

financé par le FIDA4 et extrapolables pour la zone Sud et Sud-Ouest du Kef.

La thèse de Doctorat en Sciences Agronomiques soutenue à l’Institut National

Agronomique de Tunisie : « Etudes ethnobotanique et melissopalynologique de la

flore du Sud-Ouest du Kef » par Ben Haj Jilani - Février 2008. Cette thèse ouvrant

des horizons nouveaux en matière agricole pour le Sud-Ouest du Kef avec

développement d’une petite industrialisation et des possibilités d’exportation

dignes d’être intégrés dans ces propositions d’axes stratégiques.

Les résultats qu’auraient obtenus l’ESAK & le Pôle de recherche du Kef.

Donner une priorité dans le temps, dans l’espace et pour les investissements aux

actions à fort impact économique sur la production à court terme tout en mettant à la

disposition de l’exploitant plusieurs modèles opératoires de développement parmi

lesquels il peut choisir selon ses objectifs, ses contraintes et ses besoins réels.

La nécessité d’éveiller l’intérêt de l’agriculteur dès le début de l’action et donner une

priorité dans le temps et dans l’espace à des actions « de choc » à fort impact

économique sur la production à court terme tout en mettant à la disposition de

l’exploitant des encouragements économiques et financiers palpables ainsi que

plusieurs modèles opérationnels de développement parmi lesquels il peut choisir selon

ses objectifs, ses contraintes et ses besoins réels.

2.3.4. Amélioration de l’approche de l’administration

L’amélioration de l’approche d’intervention de l’administration est détaillée à travers les

points suivants :

La loi des cadres du CRDA n’étant pas adaptée aux besoins de l’activité menée

actuellement par celui-ci et se caractérisant par l’absence totale parfois de certaines

spécialités, risque de gêner encore plus ses activités futures et notamment celles

prescrites dans le cadre de cette étude avec la recherche continuelle d’une

complémentarité entre les stratégies existantes sur le terrain. Une révision de cette loi

des cadres est indispensable. Le recrutement d’agronomes, de zootechniciens, de

spécialistes de protection des végétaux (phytopathologie & entomologie) et

d’ingénieurs et de techniciens vulgarisateurs… revêt une importance extrême pour les

prochaines années.

Revoir l’approche de l’administration (le CRDA notamment et ses tutelles financières

et techniques) pour qu’elle adapte les moyens humains & financiers aux objectifs

fixés afin de parvenir :

A une adéquation entre les objectifs de développement de l’exploitation agricole

(= l’entreprise de production) et les différentes stratégies sectorielles financées sur

le budget ;

4 : Rapport du projet FIDA : Développement des petites & moyennes exploitations pour l’introduction du medic

dans le gouvernorat du Kef et de Siliana. Objectifs du projet, résumé et conclusion de la Mission de supervision

de novembre - décembre 1986.

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A éviter de réduire ses effectifs au moment où elle se fixe des objectifs élevés dans

le cadre de stratégies de production de céréales, de plantations fruitières, de

production animale… ou bien pour des périmètres irrigués qu’elle crée, non

seulement sans demander de moyens… mais en ne remplaçant pas les

vulgarisateurs qui partent à la retraite alors que c’est le seul moyen qu’elle a pour

réussir ces actions ;

A réussir la création de GDA en étudiant au préalable les centres d’intérêt qui

poussent les agriculteurs à s’unir & effectuer des actions en commun.

Organiser la transition dans les actions dans le temps, dans l’espace et pour le

financement.

Instaurer un pilotage unique pour coordonner les actions des stratégies existantes et

celles proposées. Pour assurer une synchronisation des actions inter-stratégies et

instaurer une synergie intra-stratégies (en faisant agir en parallèle les différents

acteurs : Administration, profession, exploitants, structures d’appui…) de sorte à

éviter au mieux les possibles « facteurs limitant » ; il est nécessaire de créer un Comité

Unique de Pilotage des Stratégies « CUPS » pour l’ensemble des stratégies

sectorielles,

Entrainer le staff du CRDA au « travail en équipe » entre les arrondissements

techniques pour rechercher une complémentarité entre les stratégies ainsi qu’entre les

spécialistes du CRDA et ceux de la recherche.

Charger le « CUPS » de préparer à l’intention des ingénieurs à recruter, des modèles

de Contrats de recrutement avec Obligations de Résultats « COR », précisant les

résultats attendus des contractuels, les avantages à leur allouer en cas d’obtention des

résultats, les délais impartis... Ces délais devant être contrôlés régulièrement par le

« CUPS ». Les normes de résultats attendus resteraient probablement discutables

durant les 1ères

années ; mais au vu de leur suivi, elles seront perfectionnées au fur et à

mesure de l’avancement de l’expérience, et deviendront ainsi un outil de mesure

précieux pour les progrès accomplis à travers le temps.

Prévoir les moyens humains, financiers et réglementaires nécessaires à l’adoption de

l’approche et à sa bonne exécution.

2.3.5. Chronologie des actions

Les retards enregistrés vers l’orientation du gouvernorat pour un développement durable qui

ressortent des précédentes analyses justifient la prise en considération d’une période

transitoire qui permet de « rattraper ces retards » tout en se préparant à une période de

« changements climatiques actifs » pour lesquelles des actions encore plus énergiques et

préparées à temps seront à envisager. On pense que cette période transitoire pourrait être

évaluée à une dizaine d’années.

Compte tenu du nombre d’actions à mener et des intervenants, il y a lieu de veiller à organiser

la transition dans toutes les actions en bien planifiant les phases dans le temps, dans l’espace

et en matière de financement entre le budget de l’Etat et les prises en charge progressives que

devra assurer la profession ou les individus notamment pour éviter toute erreur d’appréciation

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CNEA / Rapport de la 3ème

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par ex. l’erreur actuelle de mise en veilleuse de la vulgarisation étatique (par non

remplacement des vulgarisateurs) et la prise en charge supposée par une vulgarisation

professionnelle qui n’a pas encore vu le jour.

Il y a lieu d’agir simultanément sur 3 niveaux de temps :

Rattraper les retards enregistrés et prendre en considération la nécessité d’une période

transitoire (d’une dizaine d’années au moins) ;

Organiser la transition des actions dans le temps, dans l’espace et pour le

financement ;

Se préparer aux changements climatiques.

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3. Eléments de mise en œuvre des axes d’orientation

Les orientations stratégiques énumérées ci-haut seront traduites sur le terrain par des actions

qui pourraient donner au Gouvernorat du Kef un véritable rôle pilote pour les gouvernorats

avoisinants. Les systèmes agraires identifiés sont en effet représentatifs de l’ensemble des

gouvernorats du Nord-Ouest et en partie de ceux du Centre-Est, ce qui fait que les actions qui

seront proposées par l’ingénieur conseil peuvent en faire un Gouvernorat pilote et former un

test en « grandeur nature » extrapolable par la suite à ces gouvernorats. Ainsi :

Le système agro-sylvicole de montagnes du Nord du Kef (Agro-système I) se retrouve

en grande partie au Nord de Jendouba et de Béja ;

Le système agro-pastoral des reliefs collinaires (Agro-système II) se retrouve en partie

à Béja ;

Le système agro-pastoral des glacis (Agro-système III) se retrouve à l’Ouest du

gouvernorat de Jendouba et au Nord de Siliana ;

Le système agraire des hautes plaines (Agro-système IV) se retrouve dans la partie

Ouest du Gouvernorat de Béja pour ce qui est des hautes plaines de Zaafrane, le Kef et

le Sers ; alors que le système de Ksour, Kalâa Khasba… se retrouve aussi bien au Sud

de Siliana qu’au Nord de Kasserine ;

Le système irrigué (Agro-système V) représentant les périmètres d’irrigation

disséminés dans le gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du Sers se

retrouve à Kasserine, au Gouvernorat de Siliana et au sud de Béja (Goubellat…).

Ce qui formera un atout supplémentaire aux autorités régionales qui auraient à négocier les

budgets annuels et pluriannuels avec les instances financières nationales ou internationales

pour défendre leurs demandes.

Une fois la problématique de non durabilité appréhendée et la plan d’action établi, la mise en

œuvre de ces orientations suppose notamment :

La réalisation d’un certain nombre d’études de détail des stratégies qui seront

proposées surtout pour hiérarchiser les priorités en fonction des menaces et les

formuler sous forme de projets à présenter aux sources de financement et à la

budgétisation ; les actions à impact économique rapide nous semblant prioritaires.

La mobilisation de moyens financiers nationaux publics et privés et la désignation des

maîtres d’œuvres.

Sachant que le budget 2009 (du MARH) est pratiquement bouclé en cette période de

l’année (Août 2008) et réexaminer dès l’achèvement des études, les transferts devront

être effectués de stratégie à stratégie pour démarrer l’application du plan d’action et

préparer, dès 2010 une budgétisation des interventions en fonction de ce plan d’action.

Un suivi rigoureux sera nécessaire notamment pour les actions de recherche et de

développement.

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A ce niveau et avant de présenter les éléments de mise en œuvre des orientations stratégiques,

l’étude aura à définir les aspects méthodologiques complémentaires à l’approche systèmes

agraires.

L’approche proposée dans les termes de référence se base sur les notions de systèmes agraires

et de système de production qui permettent de mieux cibler les interventions pour un

développement durable. Cette approche permet certes de regrouper les exploitations agricoles

selon les menaces sur les ressources naturelles mais les solutions à apporter, pour chaque

système agraire, restent variables et risquent de diluer la problématique du développement.

Dans la pratique, le ciblage basé sur les systèmes agraires présente des hétérogénéités liées

surtout à la viabilité des exploitations et à l’importance des potentialités naturelles qui

constituent des critères importants dans les décisions d’investissement et d’adoption des

technologies performantes. Sur cette base et partant des systèmes agraires identifiés, la prise

en considération des exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires (ESSAS)

est une condition nécessaire pour plus de précisions dans l’évaluation des perspectives de

développement dans le gouvernorat du Kef.

Par la suite, les éléments de mises en œuvre des axes de développement seront d’une part

calés par rapport à niveau stratégique partant de la mise en cohérence des stratégies

sectorielles et la définition de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau des exploitations

et d’autre part en définissant les recommandations pour chaque systèmes agraires et des

objectifs spécifiques à chaque ESSAS.

3.1. Ajustement méthodologique : Ciblage des exploitations à orientations

similaires

Le ciblage des exploitations à orientations similaires est nécessaire du fait que les systèmes

agraires identifiés présentent des hétérogénéités quant aux solutions à apporter aux

exploitations dont les stratégies futures peuvent varier. En effet et à l’échelle d’un même

système agraire, la taille représente un indicateur assez significatif de différenciation entre les

exploitations non durables et celles ayant des marges et des perspectives d’amélioration.

Les agro-systèmes qui ont pu être identifiés dans la 2ème

phase de l’étude montrent de grandes

similitudes entre eux dans la problématique de la non durabilité de l’agriculture du

gouvernorat, sauf sur le plan climatique qui varie beaucoup d’un système à l’autre, de même

qu’ils montrent des marges de progrès certains que l’agriculture du gouvernorat n’a pu réalisé

jusqu’à présent.

Ainsi, on peut dire qu’en plus de la climatologie, la problématique de la durabilité (ou non

durabilité) dans sa forme actuelle et les principales menaces aux agro-systèmes et leur

synergie avec les ressources naturelles employées par l’agriculteur résulte de nombreux

indicateurs qui apparaissent sur le plan agro-écologique (disponibilité des ressources,

spécifications des sols, choix technologiques, érosion chimique, érosion hydrique…),

économique (coûts de production, coûts des équipements, prix de l’énergie, prix des intrants,

difficultés de commercialisation, prix des produits agricoles et revenu de l’exploitant au sein

de chaque système …), structurel (situation foncière, taille de l’exploitation, morcellement…)

et financier (endettement, faiblesse des moyens humains et financiers de l’agriculteur, crédit,

autofinancement, encadrement).

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Les axes stratégiques de durabilité de l’agriculture du Kef doivent à la fois résoudre ces

contraintes, qu’on retrouve et qui se recoupent dans les différents systèmes, et leur apporter

les changements en profondeur nécessaires pour remédier à sa problématique interne, et, en

même temps, faire face aux importantes menaces à travers la dégradation de l’environnement

agro-écologique suite aux changements climatiques.

D’où l’intérêt, dans l’élaboration des orientations stratégiques, de concevoir ces orientations

non pas contrainte par contrainte et système par système, mais plutôt en dégageant des

groupes-cibles assez homogènes pour leurs contraintes et pour leurs solutions vis à vis des

menaces ; c’est-à-dire élaborer des orientations stratégiques selon 2 possibilités :

soit selon les menaces qui régissent actuellement chaque système…., au risque de voir

les solutions se multiplier et diverger d’un système à l’autre du fait des nombreuses

contraintes qu’il subit; la problématique de la durabilité, par voie de conséquence, se

verra diluée dans une infinité d’orientations et de mesures à prendre…,

soit selon les possibilités techniques et économiques d’améliorations que renferment

les exploitations utilisatrices des ressources de chaque système tout en tenant compte

des menaces. Ceci permettra de faire ressortir des groupes d’exploitations à solutions

et stratégies d’adaptation similaires dans les divers systèmes qu’on dénommera dans

l’étude des groupes d’ESSAS.

Cette seconde alternative forme la meilleure approche pour définir aussi bien les orientations

à recommander, que les stratégies d’adaptation et qu’un plan d’action.

Quatre groupes d’ESSAS sont d’emblée identifiables à partir de l’analyse de la situation et

peuvent être ainsi caractérisés :

1. Le groupe des ESSAS intensificatrices ;

2. Le groupe des ESSAS intensifiables ;

3. Le groupe des ESSAS remodelables ; et

4. Le groupe des ESSAS non durables.

Nous adopterons donc cette approche par groupes d’exploitations à solutions et stratégies

d’adaptation similaires (ESSAS) d’égal potentiel dans la suite de l’étude.

3.1.1. Le groupe des ESSAS intensificatrices

Il s’agit du groupe d’exploitations à solutions et stratégies d’adaptation similaires dans les

différents systèmes et sous-systèmes qui présentent aujourd’hui des indicateurs de durabilité

satisfaisants, mais pour lesquels il reste des marges de progrès possibles à réaliser dès à

présent avant changements climatiques en vue d’être mieux outillés justement devant ces

menaces.

L’objectif final est de faire de ces ESSAS des « locomotives » pour le secteur, c’est-à-dire des

exploitations qui peuvent produire plus et générer en même temps des activités agricoles,

para-agricoles ou agroalimentaires intéressantes pour le développement durable de la région et

pour contribuer à alléger la demande régionale d’emplois agricoles. Cette demande d’emplois

agricoles devant, à son tour et en toute logique, se réduire dans le temps pour laisser place à

une mécanisation plus étudiée, capable de comprimer les coûts de production. Dans cette

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phase

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catégorie, on peut classer notamment et moyennant des actions techniques, économiques ou

financières pour les améliorer, une partie des exploitations des systèmes dénommés:

Système des hautes plaines,

Système irrigué dont notamment le sous-système de K. Khasba et SK2,

Presque tous les systèmes adoptés par les exploitations de taille grande ou moyenne

(surtout celles en faire valoir direct ; les exploitations constituées en grande partie de

parcelles louées font plutôt partie du groupe des ESSAS intensifiables).

3.1.2. Le groupe des ESSAS intensifiables

Ce sont les systèmes et sous-systèmes qui présentent des indicateurs de durabilité insuffisants

aujourd’hui et encore plus après des changements climatiques éventuels, mais qui pourraient,

avec de meilleurs choix technologiques, une législation et des actions vigoureuses et

concertées de l’administration, une solution à mettre au point pour l’endettement des

agriculteurs, des encouragements bien ciblés, etc. trouver des possibilités d’intensification qui

améliorera leur durabilité. C’est le cas du :

Système agro-sylvo-pastoral du Nord

Système des reliefs collinaires Est

Système des glacis Nord

Sous-système d’agriculture intégrée sec/irrigué de Sidi A. Essalah

Système irrigué / Sous-système de Abida et périmètres similaires

3.1.3. Le groupe des ESSAS remodelables

Dans les différents systèmes et sous-systèmes qui présentent aujourd’hui des indicateurs de

non-durabilité, le groupe des ESSAS remodelables est représenté par les exploitations sujettes

à des menaces et pour lesquels des actions de grande à très grande envergure seraient

nécessaires pour les remodeler et les remettre dans un circuit de durabilité technique et

économique à moyen et long termes.

Il s’agit en fait d’exploitations occupant des situations extrêmes : Trop morcelées, trop

petites, occupant des sols érodés ou en cours d’érosion…, dont les ayant-droits sont souvent

absents pour des raisons de pluriactivité (ou autres) et dont la situation ne peut être améliorée

que par une réforme agraire qui essaiera, d’une part, d’extraire des lots viables à partir de ces

agrégats au profit des exploitants les mieux motivés et des jeunes dynamiques parmi la

population existante ; et d’autre part, d’encourager les autres au départ par des incitations à la

vente au profit des descendants ou des voisins, par des possibilités de reconversion, dans

l’agriculture ou en dehors de l’agriculture…. Ces possibilités n’existant pas toujours, seraient

à créer parfois de toutes pièces.

Il serait prétentieux et irraisonnable, de la part de l’ingénieur-conseil, de penser à proposer un

remodelage de l’ensemble des exploitations concernées aujourd’hui. Ce sont plutôt des

action-pilotes et des actions-tests qui peuvent être imaginées et proposées s’il y a une volonté

de financer et d’encadrer ce genre d’intervention. Les terres domaniales, pouvant dans

certaines situations, contribuer à la solution du problème.

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Dans le cas contraire, le remodelage devra attendre de longues années. La situation

pourrissant davantage, une prise de conscience suffisante parmi les populations concernées

permettrait alors une réanimation du marché foncier pour que ventes, achats des terrains, et

donc, reprise des investissements aient lieu dans le bon sens. La menace des changements

climatiques aurait sans doute aggravé les défis à surmonter…. Cette seconde hypothèse

demanderait nécessairement beaucoup plus de temps, et c’est ce qui nous a amené à faire ces

propositions. Les systèmes les plus concernés par ces ESSAS remodelables sont ceux qui

souffrent le plus de contraintes pédoclimatiques ou topographiques extrêmes tels :

Le système des reliefs collinaires Ouest & Sud-Ouest ;

Le système des glacis Ouest ;

Le système des glacis Centre-Est ;

Le système des plaines Ouest et Sud avec en particulier le sous-système de Kalâat

Snane (El Felta) ;

Dans le système irrigué c’est le sous-système d’El Ksour - Ain Ksiba et une partie du

sous-système des périmètres publics irrigués. Il s’agit des exploitants qui disposent de

parcelles éparpillées : Les unes sous régime pluvial et d’autres irriguées mais sans

intégration entre elles, et pour lesquelles, il est souhaitable de profiter de l’approche

des programmes de remodelage.

3.1.4. Le groupe des ESSAS non durables

Ce sont les systèmes et sous-systèmes qui présentent des indicateurs de non-durabilité et pour

lesquels des actions de très grande envergure seraient trop coûteuses et non justifiées en ce

moment ; c’est le cas d’une grande partie du système des plaines Ouest et Sud, et de tous les

systèmes « remodelables » pour lesquels il n’y aurait pas eu d’option pour un remodelage

organisé à court ou moyen terme.

3.2. Correctifs de mise en cohérence des stratégies sectorielles

Dans ce qui suit, on présente les éléments d’une ébauche de réflexion permettant la mise en

cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles.

3.2.1. Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région

Dans la conception de cette stratégie, il y a lieu d’introduire 3 idées nouvelles dans ses

priorités d’action qui viendront compléter la panoplie d’actions qu’on proposera par la suite

pour les stratégies de production et ce, dans le but d’améliorer la contribution des forêts dans

le bilan fourrager, actuellement très défaillant, à savoir :

Revoir le choix des espèces utilisées pour le reboisement et baser l’action sur des

reboisements comportant au moins 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors

de l’acacia dont les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour

améliorer l’alimentation animale…,

Introduire des techniques de ressemis, en sous bois, d’espèces fourragères et pastorales

herbacées de bonne valeur fourragère simultanément avec les programmes de

reboisement…,

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Utiliser seulement de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu des travaux

mécaniques, pour servir des salaires à la population et lui donner des moyens de

financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent.

3.2.2. Mise en cohérence de la stratégie de CES

Dans la conception et l’exécution de cette stratégie de CES, il y a lieu de réaliser les

interventions de CES après « l’étude du plan foncier du bassin versant et la réalisation d’un

remembrement » de sorte que l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence

d’une exploitation remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se

justifient de nouveaux investissements.

3.2.3. Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau

La pluviométrie irrégulière, et souvent insuffisante, qu’on retrouve dans les différents

systèmes agraires du gouvernorat invite à la recherche d’une approche qui permette une

meilleure adéquation entre les rotations, l’intégration de l’élevage, les facteurs de production

et les besoins en eau des cultures ou de l’exploitation ; d’où nécessité de voir pour chaque cas

les possibilités d’apporter un complément d’eau à ces systèmes sous régime pluvial partout où

cela est possible et partout où l’exploitant le demande.

La stratégie de l’eau, dans l’avenir, au lieu de rechercher systématiquement les possibilités de

créer des périmètres irrigués nouveaux quand il existe une ressource en eau, devra intégrer

dans sa conception :

des systèmes de distribution « à la demande » des eaux mobilisées dans des ouvrages

(barrages, lacs collinaires…) pour permettre aux agriculteurs avoisinants de bénéficier

de l’eau à la demande, soit pour pouvoir donner des irrigations d’appoint à un certain

nombre de parcelles, optimiser l’alimentation des cultures en eau et introduire un

facteur de stabilisation de la production de l’exploitation ; soit conduire une de leurs

parcelles en irrigué (par ex. pour le besoin en verdure du cheptel)… et permettre une

intégration rationnelle de l’élevage souhaitable pour l’amélioration de la productivité

des grandes cultures et de l’exploitation globalement.

Un encouragement systématique à l’exploitation des nappes existantes dans les

exploitations conduites en régime pluvial, et toujours dans le même but.

Tous types de récupération des eaux de ruissellement pour les cultures… au sein de

l’exploitation.

L’élément essentiel à introduire dans l’approche étant de rompre avec cette bicéphalie (sec

irrigué) et de développer toute opportunité de correction de la pluviométrie par l’irrigation,

chaque fois qu’il est possible d’adopter cet élément de Mise à Niveau : Les exploitations qui

recherchent un meilleur pilotage de leurs productions profiteraient d’un type de semi-

intensification qui assurerait aux exploitants une stabilisation minimale de leur revenu, un

genre de « Revenu Minimum Garanti malgré les Aléas ».

Un effort de recherche d’autres systèmes de distribution et de mobilisation de l’eau à moindre

coût unitaire peut compléter l’approche pour toucher le maximum de demandeurs motivés et

les aidera dans la mise à niveau de leurs exploitations. Les Grandes et Moyennes

Exploitations - qui pourraient disposer d’un appoint d’eau dans ce contexte - seraient mieux à

même de s’orienter vers des assolements céréalier/fourrager (quadriennal, triennal ou biennal)

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avec élevage bovin ou ovin très rentables du fait même que l’exploitation, mise à niveau, peut

assurer sur place au troupeau la majeure partie de sa ration alimentaire. Ainsi, peuvent être

réalisés simultanément une plus grande autonomie alimentaire, une nette amélioration des

rendements des cultures et de la production animale, et une grande réduction des importations

de céréales et d’aliments du bétail… Il reste entendu qu’une optimisation de l’approche,

placerait ces interventions après le remembrement que l’AFA réaliserait dans les exploitations

concernées.

3.3. Eléments de stratégies de développement de la production

3.3.1. Principes de base

Les stratégies de développement de la production à mettre en place (1) s’inspireront des

acquis certains de la recherche dans ses aspects techniques et économiques pour tout ce qui

est développement, (2) présentent des propositions de solutions et d’actions pour tout ce qui a

un caractère social et (3) suggère, au vu de l’expérience passée, des action de structuration de

la profession à partir de la base avec un soutien de l’administration au démarrage et un lâcher

progressif au vu des résultats. On fera notamment la distinction entre :

des actions qui ciblent l’essor de l’exploitation économiquement viable et dont la

durabilité peut être acquise ou améliorée dès le court terme,

des actions à caractère structurel ou administratif qui sont de nature à améliorer et

pérenniser les actions proposées pour les 10 prochaines années au titre d’un rattrapage

des retards et qui serviront de préparation aux défis climatiques attendus par la suite.

des actions à caractère social qui ciblent les exploitations peu viables et non durables.

La disparition progressive et l’absorption de ces exploitations avec le départ ou la

reconversion des exploitants sont prévisibles à moyen terme. La prise en main de ces

actions par les autorités régionales est souhaitable, si celles-ci s’organisent pour une

coordination en profondeur et minutieuse des transformations complexes qu’aura à

subir le milieu rural surtout que ce milieu a été fortement urbanisé, et que cette

transformation risque d’être accompagnée d’un exode de jeunes et d’un certain

abandon de terres qui aggravent les menaces découlant de ces changements du fait de

la campagne déficitaire 2007-2008.

3.3.2. Stratégies de réhabilitation et l’exploitation agricole et de sa mise à niveau

pour un développement durable

Le développement à proprement parler de la production nécessite des stratégies qui

envisagent aussi bien les aspects techniques tendant vers une optimisation de l’emploi des

ressources (facteurs de production) au sein de l’exploitation que les aspects humains

(notamment la promotion sociale de l’exploitant, organisation de la profession…) et

financiers (gestion, crédits, autofinancement et amélioration de son revenu amélioration du

revenu de l’exploitant …) qui concourent à cette optimisation et sans lesquels l’action risque

de n’avoir qu’un impact très partiel ou sans lendemain.

En conséquence, on traitera ci-après de 5 volets qui doivent être menées en parallèle ; elles

concerneront successivement :

La Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et sa Mise à Niveau,

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La promotion sociale et financière de l’exploitant,

La restructuration foncière,

Le développement des structures d’appui étatiques et professionnelles, et

Le financement et les soutiens financiers.

3.3.2.1. Volet 1 : « La réhabilitation et la mise à niveau de l’exploitation agricole »

Durant ces dernières décennies, le développement de l’agriculture n’a cessé d’être conçu dans

le gouvernorat du Kef, que comme la somme des développements des différents sous-secteurs

de l’agriculture (la céréaliculture, l’arboriculture, les cultures maraîchères, l’élevage…),

oubliant par la même le creuset commun où s’entremêlent ces activités et les synergies qui

pouvaient activer ou opposer les développements respectifs de ces sous-secteurs, c’est-à-dire

qu’on a omis l’entreprise, « = l’Exploitation agricole », où se réalise le développement.

Un seul exemple peut montrer jusqu’à quel point cette approche est discutable : Pour le Nord

de la Tunisie, on n’a pas cessé de fixer des objectifs d’occupation du sol par les céréales à 800

ou 850 mille ha/an, alors que cette superficie n’avait cessée d’être grignotée par

l’arboriculture (274 748 ha ont été plantés entre 1986 et 2005) et par les périmètres irrigués

créés (208 085 ha jusqu’en 2005) soit 482 813 ha prélevés pour ces spéculations.

Il s’agit donc de réhabiliter le rôle de l’exploitation agricole en tant qu’entreprise de base de

l’économie agricole et d’essayer de cerner les principes qui permettraient le démarrage d’un

programme de mise à niveau et de développement… Ce qui implique une approche innovante

en matière de recherche, de développement (notamment révolution fourragère, intégration

PV/PA et vulgarisation), de gestion de l’exploitation et de la nécessaire mécanisation, afin de

donner une durabilité satisfaisante aux actions à entreprendre sous l’impact de la double

urgence économique et climatique. Il y aura lieu en particulier de :

Orienter les programmes de recherche en fonction des strates d’exploitations à mettre

à niveau dans la région ;

Adopter des programmes de recherche multidisciplinaires « agriculture - élevage -

changements climatiques et économiques » adaptée à la région ;

Recruter des chercheurs pour les maladies fongiques et les parasites qui vont

augmenter avec les changements climatiques ;

Adopter des programmes de développement basés sur l’adoption d’assolements

équilibrés aux conditions du climat et du sol et intégrant les productions végétales et

les productions animales ;

Corriger l’option de diversification par l’arboriculture (y compris l’olivier) pour ne

conserver que les plantations rationnellement faites et gêner le moins possible le

développement des grandes cultures et de l’élevage ;

Sélectionner les groupes d’ESSAS où on peut recommander l’application de résultats

pertinents de la recherche sur la base de projets qui ont été performants à différents

niveaux dans la bonne gouvernance et la bonne gestion : à l’instar des projets « Ferme

Frétissa », « INRAT sur systèmes agraires », « FIDA pour médicago » ou de la « thèse

sur flore du Sud Ouest du Kef ».

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Favoriser une réorientation des investissements hydrauliques vers l’irrigation

d’appoint qui doit être développée partout où elle peut améliorer et stabiliser la

production des exploitations conduites en régime pluvial, et ce, notamment en lieu et

place de la création de PPI ou des investissements en économie d’eau.

3.3.2.2. Volet 2 : « La promotion sociale et financière de l’exploitant »

Ce volet, doit cibler l’exploitant agricole comme moteur et moyen du développement de la

production par le biais de l’amélioration du revenu familial qu’il s’agisse d’un revenu garanti

par une meilleure gestion de l’exploitation seule ou d’un revenu provenant d’une pluriactivité

qui peut générer des réinvestissements dans l’agriculture.

Il y aura lieu en particulier de :

Trouver une voie pour surmonter l’endettement des petits exploitants à travers

notamment « des projets de crédit supervisés » pour les ESSAS intensifiables & « la

pluriactivité dans toutes sortes de grands chantiers régionaux » pour les ESSAS

remodelables. Cette approche visant à trouver des moyens de financer les campagnes

et les investissements nécessaires aux grandes cultures et à l’élevage sans recours à un

crédit contraignant que l’exploitation reconnue non solvable ne peut supporter.

Redonner plus d’importance à l’encadrement de l’exploitant pour améliorer sa

technicité & le préparer à son nouveau rôle.

Installer davantage d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme

exploitants, dans la région, ce qui suppose entre-autre pour ce gouvernorat pilote, de

favoriser progressivement la reconversion d’une partie des exploitants en dehors de

l’agriculture pour les ESSAS non durables, et partiellement pour les ESSAS

remodelables.

Pousser les exploitants actuels à encourager les jeunes membres de leur famille à

recevoir une formation diplômante en agriculture et à s’intégrer dans le secteur.

Favoriser, si possible, à titre pilote pour ce gouvernorat, la promulgation d’une

législation qui permet d’activer la relève des exploitants âgés par des jeunes grâce à de

fortes primes de départs pour les uns et des primes de 1ère

installation pour les autres.

Faciliter la création d’un réseau de centres de machinisme agricole (de quelques

formes juridiques que ce soit) dirigés par des ingénieurs spécialisés pour la fourniture

de services de location des moyens mécaniques dont l’achat n’est même plus à la

portée des grands agriculteurs.

3.3.2.3. Volet 3 : « La restructuration foncière »

La contrainte foncière amplement évoquée dans l’étude favorise largement les menaces

encourues par l’exploitation, et malgré qu’elle relève dans la plupart des cas, de décisions au

niveau national, et vu les très faibles progrès faits dans ce sens, on essayera d’orienter le

niveau régional vers des actions partielles à tester pour améliorer l’impact des autres axes et

leur donner plus d’efficience.

En particulier, cette restructuration doit rechercher les solutions les plus adaptées pour

résoudre le problème :

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des 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha et couvrant 212.000 ha qui

souffrent dans la plupart des cas de morcellement pour en faire des exploitations

réellement intensificatrices ;

pour les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha qui couvrent 122.300 ha et dont une bonne

tranche forme des ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder, elles souffrent

également dans la plupart des cas de morcellement ou d’insuffisance de superficie

pour qu’une partie au moins devienne durable avant l’échéance de 2024 ;

pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), une partie est formée

d’exploitations irriguées et intensifiables qui pourraient mettre à profit le plan

d’action. Le reste – cultivé en sec – doit être, en partie, remodelé ou mis sur le marché

foncier par des encouragements à déterminer dans le cadre de cette idée de projet pour

permettre le remodelage souhaitable ;

enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors

de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. La plus

grosse partie est également à mettre sur le marché foncier par des encouragements à

déterminer dans le cadre de cette idée de projet pour permettre le remodelage

souhaitable.

Aussi les textes qui seraient à prendre pour tester la meilleure formule d’intervention et donc

doivent être suffisamment encourageants pour sortir du cercle vicieux du foncier. Ils doivent

avoir pour objectifs non seulement de lutter contre la poursuite du découpage des

exploitations mais également de favoriser le remembrement, la constitution d’exploitations

durables, l’encouragement au départ des agriculteurs âgés, l’installation d’ingénieurs-

exploitants… d’une part, et d’autre part, il doivent s’attaquer à la définition de la notion

« d’exploitation » qui ne doit pas être forcément basée sur la propriété de la terre, mais qui

pourrait intégrer des terres en fermage ou en location sous une forme sécurisante pour un

certain temps à l’exploitant…

3.3.2.4. Volet 4 : « Le développement des structures d'appui étatiques et professionnelles »

Les structures d’appui visées dans ce paragraphe sont la recherche et l’enseignement, la

vulgarisation et les services à mettre à la disposition de l’exploitant. L’orientation générale

dans le pays étant de passer des structures créées par l’Etat à des structures professionnelles,

on traitera donc ci-après, pour ce qui est du Kef, de la recherche, de la vulgarisation et des

services d’appui, et on essaiera de voir pour chaque type de structure ce qui est étatique et

professionnel, et dans quelles conditions la stratégie peut préparer le passage de l’un à l’autre.

3.3.2.4.1. La recherche et l’enseignement agricoles comme structures d’appui

Appelée à jouer un rôle fondamental dans le développement de la région pour réussir les

objectifs de la période transitoire et pour préparer le secteur à ces changements, la nouvelle

stratégie à mettre en place pour le développement de la recherche devra notamment intégrer

les principaux composants des systèmes agraires présents dans la région, et en examiner

régulièrement l’aspect économique (rentabilité) : Soit les productions végétales dont

notamment les grandes cultures, l’élevage ovin d’abord et ensuite bovin, et enfin les

changements climatiques attendus. Alors que pour l’enseignement agricole, on peut dire

seulement qu’une réorientation est nécessaire et devra cibler la formation d’ingénieurs à

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installer sur des exploitations en liaison avec l’AFA et les nouvelles voies que celle-ci devra

mettre en place pour faire évoluer le nombre d’ingénieurs-exploitants installés dans la région.

Ainsi, l’ESAK et l’AFA sont-ils invités à préparer et installer en nombre suffisant des

ingénieurs-exploitants, alors qu’un programme décennal de recherche devra être préparé,

financé et voir le jour avant la période de transition. Il devra inclure notamment :

Pour le Nord du gouvernorat :

L’introduction de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés d’espèces

résistantes de grandes cultures adaptées aux hivers froids,

L’introduction de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés valorisant

l’irrigation,

La recherche de rotations riches en protéines et de développement du ley-farming

avec réintroduction du médicago,

La recherche d’itinéraires techniques plus économes en énergie et en intrants,

La recherche en génie rural de systèmes de mobilisation et de distribution de l’eau

moins onéreux,

L’adoption de programmes différenciés pour la petite et la grande exploitation ;

La mise en place d’un réseau plus dense pour les relevés météorologiques.

Pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :

La poursuite des travaux sur les plantes médicinales et mellifères, et

La mise en place d’un programme de recherche sur les parcours, espèces, écotypes

locaux et techniques d’exploitation.

Pour la production animale : L’absence d’un programme de sélection ovine est très

préjudiciable pour la région, et forme un défi à relever au plus vite pour l’amélioration

de l’adaptabilité et de la productivité du cheptel. Ainsi, on propose :

D’envisager la réintroduction du mérinos et d’établir un programme de recherche

et de croisements avec les races « queues fines »,

D’établir un programme de recherche sur l’alimentation bovine à partir de

composants locaux pour réduire les coûts de production, et

De doter, la recherche, de zootechniciens et de véritables spécialistes-matière en

élevage.

Ainsi, donc, la stratégie proposée pour la recherche reste essentiellement étatique durant la

période transitoire, et certainement bien après à l’exception du CTC qui a un rôle à jouer au

niveau du Kef. L’intéressement de la profession doit donc se faire à 2 niveaux :

Niveau 1 : Il y a lieu de prévoir la constitution (ou la révision de la composition) d’un

conseil régional de la recherche et d’y intégrer - en plus des représentants des

différentes institutions de recherche et des élus locaux - des agriculteurs (grands et

petits) des différents systèmes agraires identifiés et quelques sages nationaux ou

régionaux (anciens responsables de l’agriculture qui connaissent bien les problèmes de

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la région) ; Ces 2 types de membres nouveaux étant sélectionnés pour leurs

compétences individuelles.

Niveau 2 : Comme il faut redonner au CTC son caractère professionnel initial et de

structure d’adaptation des variétés et technologies nouvelles, gérée par la profession et

pour répondre aux soucis exprimés par la profession, le soutien à lui accorder ne doit

pas être sous forme de personnel administratif mais seulement financier pour couvrir

la totalité de son programme au début mais en allant crescendo peut être complètement

pris en charge par la profession au bout d’un délai logique avec les moyens de la

profession.

3.3.2.4.2. La vulgarisation agricole en tant que structure d’appui

La vulgarisation forme, avec la recherche, un outil fondamental pour communiquer tout

message à l’agriculteur. Par la création d’un réseau de CTV proche de l’exploitation, les

pouvoirs publics avaient ciblé, dans les années 70 de transmettre notamment le message

technique destiné à améliorer le rendement et la productivité des cultures. Dans les années 80,

la création de l’AVFA, et des CRA au sein de ces CTV, visait, en plus l’introduction de tous

autres messages de production animale, financiers, de pêche… et structurels ; mais, dans la

pratique et avec la décentralisation des CRDA, les CTV et CRA sont devenues des cellules

administratives, dans lesquelles l’occupation du « poste fonctionnel » et les tâches de

collectes de données avaient plus d’importance que la transmission de messages…

La situation s’est aggravée par la grande réduction des recrutements de cadres et les départs à

la retraite d’un grand nombre de vulgarisateurs, au point que certaines CTV et CRA ont été

fermés. L’absence de renouvellement de l’équipement, le contingentement du carburant et des

autres moyens de travail, la masse du travail administratif, le nombre de réunions…, auxquels

ces cellules sont aujourd’hui contraintes, ont entraîné un affaiblissement des services de

vulgarisation durant les décennies 90 et 2000.

La volonté de l’Administration qui est apparue entre-temps, de se désister de cette activité au

profit de la profession a été prise sans aucune préparation de celle-ci à cette tâche, et sans un

calendrier logique à cette fin, ont fait rendu la vulgarisation tout à fait inopérante en dehors de

quelques CTV, dotés de bons ingénieurs qui ont essayé de maintenir leurs CTV à flot.

Actuellement, il y a un besoin urgent de redéfinition du rôle du vulgarisateur (notamment

pour des thèmes nouveaux tels : encourager l’agrandissement & le remembrement de

l’exploitation, encourager le rajeunissement des exploitants & l’habitat sur place, réactiver le

marché foncier pour parvenir à ces deux fins, favoriser le dialogue et le travail en commun

entre agriculteurs comme 1ère

étape à la structuration de la profession…) et de l’approche de

la vulgarisation (conception, préparation et transmission du message…).

Il y a donc lieu de proposer les principes qui devront régir les solutions à tester au niveau du

gouvernorat pilote du Kef, et qui seront présentés dans le plan d’action, pour :

Redéfinir des rôles durant la période transitoire et réactiver la fonction

« vulgarisation » ;

Redéfinir l’approche de la vulgarisation (conception, préparation et transmission du

message…) ;

Préparer entre-temps la profession à ses nouvelles tâches ;

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Prévoir un calendrier pour les étapes à suivre pour tous les acteurs concernés, en

parallèle avec les actions prévues ;

Prévoir une assistance financière importante pour la période transitoire en attendant

que l’ensemble des réformes ait lieu avant cette prise en charge ; et

Tenir compte du fait que ce genre d’activité ne peut être du ressort de l’URAP et que

de nouveaux acteurs sont indispensables.

3.3.2.4.3. Les services à l’amont et à l’aval de la production

La structuration de la profession, notamment par la création de structures de services, est un

ancien vœu même sur le plan national. Il n’a pu être exhaussé à ce jour. Les raisons

principales de ce retard, tels qu’on a pu les observer sur le terrain, reviennent à :

La rigidité des textes promulgués à cet effet, qui définissaient des modèles souvent

inadaptés aux vœux et aux centres d’intérêt des exploitants (car préparés en l’absence

de ceux-ci et sans dialogue préalable), et des taux d’autofinancement élevés par

rapport à leurs capacités,

La cadence trop rapide avec laquelle ces textes étaient modifiés,

L’absence d’une approche sur la façon de les présenter à l’agriculteur pour le

convaincre de leur utilité,

Une insuffisance de l’aide financière et humaine prévues, incompatibles avec le rôle

énorme qu’on cherche à leur donner et pour un décollage réel du système,

L’absence d’une liaison fonctionnelle entre la volonté de structuration de la profession

et les Offices de l’Etat et les anciennes coopératives centrales héritées de la

colonisation, qui pourraient, par un « essaimage » organisé, créer bon nombre de ces

structures,

L’absence d’une liaison fonctionnelle entre la volonté de structuration de la profession

et les programmes d’emploi et d’intégration des jeunes diplômés, et

La situation foncière des exploitations qui ne milite pas en faveur de toute

intensification ou structuration.

Toutefois et dans l’état actuel des choses, on ne peut plus raisonner seulement pour des

structures émanant des agriculteurs, mais également, de structures à caractère commercial

privées (notamment pour les travaux mécaniques pour surmonter les difficultés actuelles de

faire faire à temps les travaux « de bonne qualité » exigés par les cultures), même si cela doit

se traduire par une élévation des coûts de production, problème auquel on aura à s’attaquer

par ailleurs.

La présente stratégie traitera de 3 types de structuration (celle à faire émaner de l’agriculteur,

celle pouvant être provoquée pour l’emploi des jeunes diplômés spécialisés et celle émanant

d’organismes publics ou parapublics existants) :

Structuration à faire émaner de l’agriculteur :

Arriver à convaincre l’agriculteur de la nécessité de se doter de structures (coopératives,

groupements ou sociétés...) qui émanent de lui…, où il doit s’intégrer…, y prendre un

rôle actif… fait partie des tâches d’une vulgarisation compétente, à la condition que les

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

57

réglementations et les subventions prévues soient alléchantes. Pour ce, il faudrait que

les textes promulgués soient préparés, après un dialogue préalable avec les exploitants

concernés, adaptés à leurs vœux et à leurs centres d’intérêt, qu’ils prévoient des taux

d’autofinancement plus faibles, en rapport avec leurs capacités financières réelles et,

enfin que ces textes ne soient pas modifiés trop rapidement.

Par ailleurs, l’approche - pour la création de cette structure - ne doit pas s’appuyer

seulement sur le bénévolat du bureau de la coopérative ou du groupement à créer…, mais

également sur des employés à motiver et à intéresser aux résultats de cette structure ; elle-

même, conçue comme une autre entreprise qui doit rendre compte de ses résultats.

En résumé, s’agissant donc de développer « l’esprit professionnel » dans le milieu

agricole où les notions de mutualité se sont perdus en vu de favoriser, ensuite, la création

de structures de base qui rencontrent l’intérêt et l’adhésion des exploitants…,

l’Administration qui a pour tâche de préparer et de défendre ces textes auprès des

pouvoirs publics, doit prévoir des mesures en conséquence qui allèchent réellement

l’agriculteur, c’est-à-dire des mesures d’encouragements financières, motivantes, directes

et non pas des mesures de non-imposition ou de défiscalisation… dont l’agriculteur ne

perçoit pas l’impact. Les services de vulgarisation devant agir par la suite dans le même

sens pour convaincre et attirer l’agriculteur vers l’adoption de ces textes et leur mise en

pratique.

C’est un travail à la chaîne, structuré, bien préparé qui doit prévaloir chez tous les

maillons de cette chaîne.

L’installation en nombre d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme

exploitants peut beaucoup aider à cette transformation des esprits ; ces diplômés

formeront le premier tissu de cadres capables d’engager la région sur de meilleures voies,

et rayonneront là où ils seront installés par la création de ces structures de base, et ensuite

par l’agrégation de ces structures en entités responsables de la profession pour aboutir

enfin à la formation d’une pyramide professionnelle : groupements professionnels,

chambres d’agriculture…

Structuration à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés :

Il existe actuellement quelques structures de services de diverses natures (agences des

Offices de l’Etat, de l’OEP, de coopératives centrales, de CSA, GDA…) dont l’existence

remonte à diverses périodes de l’histoire contemporaine du Kef. Il n’y a pas lieu, pour le

moment, de les remettre en cause pour proposer d’autres standards d’organisation….

Mais, compte tenu de l’insuffisance du matériel agricole dans la région, sa vétusté et la

nécessité de le remplacer par un matériel mieux adapté aux besoins du secteur, moins

énergivore et qui réduit les pertes après récolte…, et en attendant que des structures entre

agriculteurs puissent voir le jour, il est indispensable que du matériel soit acquis et mis en

service ; ce qui est difficile car ce matériel coûte cher, et les banques demandent des

garanties importantes pour financer son acquisition.

La solution résiderait dans l’intégration des diplômés de l’Ecole de machinisme de

Medjez El Bab dans une politique d’équipement & de mécanisation adaptés à la région.

Ce qui apportera à la région équipements et emplois et le développement d’un modèle de

structures d’appui privées fiables, car mises entre les mains d’experts…. Il s’agira donc

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

58

d’engager ces jeunes sur cette voie et de préparer une approche avec la BTS pour les

aider à s’installer rapidement.

Structuration par essaimage :

L’Office des céréales (OC) et les Coopératives centrales (et peut-être certains autres

Offices) possèdent certaines structures (centres de collecte et d’approvisionnement en

engrais notamment) qui pourraient faire l’objet d’un essaimage sous forme de

coopératives ou de sociétés au profit des agriculteurs locaux et de la main d’œuvre y

travaillant. L’opération sera faite par cession à un groupe d’agriculteurs de la localité

avec un ou deux ingénieurs sous forme d’un crédit payable selon des modalités

acceptables. La gestion sera sous le contrôle de l’Office ou de la coopérative-mère

jusqu’à règlement entier du prix d’achat. La Société ou Coopérative-Essaim sera alors

capable d’assumer ses responsabilités grâce aux ingénieurs qui font partie des

actionnaires ou des adhérents.

Le CRDA pourra lancer à cet effet une étude de faisabilité pour déterminer le potentiel

possible de groupements coopératifs, privés et ceux à essaimer qui peuvent être créés,

l’emploi que peut engendrer l’approche pour les diplômés, ainsi que les financements à

mobiliser sur le fonds 21/21 et sur les autres ressources pour les différents modèles qui

seront retenus, comme il aura un rôle de base pour passer, avec tact, aux actes.

3.3.2.5. Volet 5 : « Le financement et les soutiens financiers »

Les axes d’orientation relatifs au développement, que nous venons d’énumérer, sont destinés

à faire parvenir l’agriculture du gouvernorat à une mise à niveau qui peut lui permettre de se

préparer aux menaces économiques et climatiques comme annoncé précédemment. Leur

adoption pour la réalisation du plan d’action, que nous présenterons plus bas, exige la

mobilisation de moyens humains et financiers importants, et qui forment une condition

fondamentale sans laquelle ces orientations et ces stratégies ne risquent pas de voir le jour.

Pour ce faire, 3 ressources sont envisagées et recommandées dans le contexte actuel : (i) Le

financement public, (ii) Le financement par la profession, et (iii) Le financement bancaire

(type BNA).

3.3.2.5.1. Financement public et bancaire

Le contexte régional, national et international de la production agricole nécessite une prise en

main urgente de la situation sur la façon dont peut être financé tel ou tel programme ou pour

parvenir à tel ou tel objectif. Il ne permet plus de s’accommoder d’encouragements décidés

instantanément au gré de conjonctures régionales, mondiales économiques ou climatiques peu

maîtrisables… Ce genre de mesures conjoncturelles risquant même de provoquer un certain

attentisme chez l’agriculteur et une hypothèque de l’avenir (dans l’espoir d’obtention de

nouvelles mesures plus alléchantes !). Il importe donc que l’agriculteur sache sur quelles

bases il doit travailler à long terme et ce qu’il peut attendre d’une approche donnée pour

établir ses programmes et engager l’avenir de son exploitation.

Il y a donc lieu de mettre en place une approche réfléchie, calculée, définitive et compatible

avec les réorientations qu’on s’assigne pour la période transitoire.

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phase

59

Quatre questions se posent alors quant au mode de financement futur, compte tenu de

l’expérience passée et actuelle avec le système bancaire existant :

Est-ce que les rapports de l’agriculteur avec les banques durant les années passées sont

satisfaisants ? Si oui, pourquoi donc cette situation exacerbée d’endettement des

agriculteurs, et d’un nombre incommensurable d’agriculteurs dits « non solvables » ?

Est-ce que les taux d’intérêts et les délais de remboursement appliqués sont

compatibles avec les conditions de l’agriculture tunisienne ? ou même

méditerranéenne ?

Que peut attendre l’agriculture - et l’agriculteur du Kef qui veut bien suivre nos axes

d’orientation - des banques de la place dans l’avenir en l’absence d’un changement

d’attitude ? Dans la situation actuelle des conditions imposées par celles-ci…, dans la

situation d’endettement où ils se trouvent…, et après l’année sèche qui vient de

s’écouler et qui risquent de se solder par de nouveaux rééchelonnements…?

Est-ce que le contexte actuel de prix et de climat justifie le principe de subventionner

l’agriculture au Kef ?

Les réponses à ces questions étant évidentes, puisque décrites tout le long de cette étude ; on

pense qu’il y a lieu de reconsidérer l’approche en matière de financement et

d’encouragements pour le Kef afin de pouvoir bâtir un plan de travail aux résultats certains, et

en application des orientations présentées. Pour ce, l’orientation en la matière peut-être

dégagée comme suit :

i. L’approche des banques est basée sur les garanties matérielles fournies par l’agriculteur,

sans la « recherche » d’un coefficient de confiance dans ses compétences ou qualités

personnelles de gestionnaire : soit une tendance qui peut être qualifiée de rigide et sans

aucune « personnalisation ».

L’agriculteur, quant à lui, a besoin, plutôt, d’une banque qui l’escorte dans son aventure

continuelle avec des éléments naturels capricieux et des conditions économiques

fluctuantes, d’une banque qui travaille dans le sens d’un intérêt national bien compris…

D’où une difficulté fondamentale d’approche sur laquelle ne peut se fonder le programme

ambitieux aux objectifs précis envisagé par l’étude.

Une alternative peut être alors formulée au vu du fait que les principes qui ont prévalus

dans la création de la BTS semblent plus proches de ce que conçoit l’agriculteur, et, qui

pourraient aller dans le sens des orientations souhaitées ; il est proposé la création d’une

banque régionale sur des bases similaires de la BTS qui centraliserait sur place tous les

financements nécessaires au développement du gouvernorat (agricoles et non

agricoles), y compris les projets qui seront financés sur le Budget de l’Etat.

ii. La banque aura ainsi à satisfaire les besoins en investissements et en trésorerie de

l’agriculteur raisonnablement et selon des calendriers bien établis.

Ces calendriers seront à établir en plein accord avec le CRDA, les associations et une

élite d’agriculteurs avertis ; et ce, pour les « ESSAS intensificatrices et intensifiables »

qu’on peut qualifier - dans la terminologie actuelle - d’exploitations proches de la

solvabilité.

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60

En contre partie, l’agriculteur doit signer et s’engager selon un cahier des charges sur des

programmes de travail et d’investissements bien précis et d’appliquer les directives

techniques d’un business/plan préparé avec le CRDA et la banque.

Les autres ESSAS ne pourraient être justiciables de crédit du fait même de leur non

durabilité et devraient bénéficier d’aides et de subventions comme mentionné plus bas.

iii. Les risques et menaces encourus par l’agriculteur étant très importants, les cycles de

sécheresse et d’inondations étant élevés ; il importe que la collectivité nationale les

supporte avec l’agriculteur.

Pour ce, il est proposé que les taux d’intérêts de ces crédits soient remplacés, pour

l’agriculture, par une juste rémunération de la banque pour le travail accompli à prélever

sur le budget de l’Etat ;

Par ailleurs, les délais de remboursement appliqués doivent être révisés et rendus plus

compatibles avec les dates et la durée réelle de la récolte.

iv. En matière de prix à la production, il serait difficile d’isoler des actions pour

l’agriculture du Kef. Les orientations vont, au niveau national, dans le sens de :

Généraliser les encouragements donnés, et à donner, à la céréaliculture à

l’ensemble des grandes cultures.

Indexer les prix des produits de l’élevage sur ceux des céréales et créer un

parallélisme dans le développement des 2 spéculations.

v. En matière d’investissements :

Orienter, durant la période transitoire, une partie des investissements publics vers

la production et ce, compte tenu du pouvoir d’investissement actuel de

l’agriculteur et de l’expérience passée.

Cette orientation pouvant se faire à travers la formulation de projets bien

ciblés pour réaliser les actions recommandées notamment pour les idées de projets

N° 1 à 5 présentées dans la suite de l’étude.

A signaler toutefois, que, compte tenu des performances que ces projets doivent

accomplir, il est souhaitable que les études et la réalisation soient effectuées en

coopération avec des pays et des experts qui ont une expérience en la matière.

Donner une priorité aux actions à court terme et à impact rapide en plus des

encouragements financiers.

Donner une priorité à l’investissement en mécanisation, et avec une plus grande

participation du secteur public.

La faiblesse des montants affectés à la mécanisation agricole (2,993 MD pour le IXème

plan et 4,552 MD pour le Xème

plan pour toute la Tunisie) ayant une conséquence directe

sur la préparation des sols qui est mal exécutée, et qui se répercute sur les rendements

obtenus, aussi y a-t-il lieu pour le Kef, d’orienter davantage d’investissements pour cette

mécanisation, et de prévoir des encouragements spécifiques aux structures de

mécanisation à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés en

machinisme recommandées ci-dessus.

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61

vi. En matière de subvention :

Les risques et menaces encourus par les ESSAS remodelables et les ESSAS non durables

étant les mêmes que pour les autres les ESSAS, les cycles de sécheresse et d’inondations

étant élevés ; il importe que la collectivité nationale supporte ces risques avec

l’agriculteur. Ce soutien pourra s’exprimer par des subventions étudiées et orientées

vers :

Les ESSAS remodelables sous forme d’aides au financement des campagnes

agricoles. Ce moyen garantira en même temps une productivité minimale aux

terres ainsi occupées;

Les ESSAS non durables pour les accompagner, durant une période à déterminer,

vers :

Une intensification ou une reconversion organisées pour les jeunes ou,

Un système de retraite pour les plus âgés,

Moyennant dans les deux cas, la cession de l’exploitation pour son recyclage

économique vers les ESSAS remodelables.

3.3.2.5.2. Le financement par la profession

Durant les 2 dernières décennies, les Plans successifs ont laissé le financement des

investissements agricoles à la charge du « privé » et orientés les investissements publics vers

la mobilisation des ressources (eau, forêt et CES). Ce financement du développement dit

« privé » a été, en fait, légué en grande partie (sauf pour quelques SMVDA) au crédit bancaire

(investissements et crédits de campagne) ; mais le privé c’est-à-dire la profession n’a pu que

très peu financer, faute de revenu ré-investissable suffisant.

Actuellement et avec l’endettement très lourd de l’exploitant agricole (y compris dans les

SMVDA) qui s’est créé, et la très faible récolte 2007-2008, il sera encore plus difficile de

relancer de façon significative le développement agricole et le financement des campagnes

par le « privé » ! Les solutions que pourraient envisager les pouvoirs publics (l’étude se

faisant en juillet-août 2008, avant donc la prise de ce genre de mesure) vont probablement

s’étager entre l’effacement de la dette ou des intérêts bancaires… et des rééchelonnements de

cette dette… ; et sauf éventuellement une approche nouvelle pour la campagne 2008-2009, le

financement de cette nouvelle campagne risque de ne pas se faire dans les conditions

qu’imposent les menaces climatiques et économiques, le « privé » souffrant à nouveau d’une

absence de revenu et encore plus de liquidité.

En conséquence et, quelques soient les décisions conjoncturelles qui seront prises, le

développement d’une « politique progressive d’encouragement à l’autofinancement » pourrait

se faire moyennant une amélioration du revenu agricole ou du revenu extra-agricole de

l’agriculteur. Dans la crainte que l’absence de revenu et l’endettement n’aboutissent - non

seulement - à une baisse des investissements mais aussi au bon pilotage d’une démarche

novatrice et intensificatrice des campagnes de grandes cultures, différentes solutions peuvent

être envisagées.

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62

Pour l’avenir, et en tout cas, durant la phase transitoire, il y a lieu de voir sur quelle base

pourrait être conçu et encouragé le financement « privé », c’est-à-dire le financement par la

profession, pour sortir du cercle vicieux.

La démarche proposée comporte 2 types de solutions mais n’exclut pas d’autres éventuelles :

Amélioration du revenu par une compression progressive mais relativement rapide des

coûts de production :

Au niveau de tous les systèmes agraires étudiés et de toutes les tailles d’exploitations, il a

pu être constaté que la notion de compression des coûts de production, se traduit, au

niveau des faits chez l’agriculteur, par la suppression de certains travaux, par l’utilisation

de moins d’intrants, de la non-irrigation (pour ceux qui en ont en la possibilité), par

l’utilisation de semences de basse qualité…, autant d’attitudes négatives envers des

postes de dépenses, certainement chers, mais indispensables pour l’amélioration des

rendements et du revenu.

Il faut donc parvenir à une action de compression des coûts de la mécanisation et des

intrants autrement que par ces attitudes, et cela ne pourra se faire que par des actions

communes au niveau de groupes d’agriculteurs, d’achats groupés à travers les

coopératives, les GDA, Sociétés mutuelles… qui peuvent acquérir ces produits parfois

jusqu’à 50% moins cher en passant de l’achat au détail à l’achat en gros, et en

économisant en même temps des devises.

La densification des investissements en « machines agricoles adaptées, économes en

énergie et aux performances élevées », l’adoption de technologies nouvelles (tels la

réduction du nombre de passages du tracteur par le groupage de différentes machines lors

d’un seul passage ou le semis direct…) sont tributaires de l’installation d’ingénieurs

machinistes dans la région, en attendant les structures émanant des agriculteurs, et

peuvent entraîner des compressions importantes de coûts pour les agriculteurs de toutes

catégories.

Amélioration des capacités d’autofinancement du petit agriculteur par un revenu extra-

agricole :

La pluriactivité a été souvent source de financement de la campagne pour le petit

agriculteur comme l’élevage ovin a souvent constitué une ressource pour sa trésorerie. En

partant donc de la situation actuelle d’endettement aigu et de cette approche traditionnelle

de disposer d’une trésorerie « à portée de main », la stratégie propose l’amélioration des

capacités d’autofinancement de l’exploitant surtout dans le Centre et Sud-Ouest du

gouvernorat par une concentration des emplois saisonniers durant les mois d’Août à

Décembre et, en particulier, avec un ciblage des petits exploitants. Ceci va induire

indirectement un autofinancement des campagnes de grandes cultures sans risque de

générer de nouveaux endettements… et la région en profitera par suite des retombées de

la production qui en découlera. Les arrondissements des forêts, de l’ACTA, des Travaux

publics, les projets de PDRI et notamment les autorités régionales dans le cadre des

Projets Présidentiels et des grands projets de la région, pourront concentrer une partie de

ces chantiers sur cette cible en liaison avec le CRDA qui doit concentrer les efforts de

vulgarisation sur le bon emploi agricole de ce revenu supplémentaire.

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phase

63

Pour le petit élevage ovin, le crédit en espèces ou en nature, avec en parallèle un

programme de formation pour les bergers, aideront beaucoup à la création de cette

ressource de trésorerie traditionnelle.

La mise en place de ces 2 actions sera grandement facilitée par les propositions qui sont

faites tout le long de l’étude pour réhabiliter l’exploitation et intensifier la structuration

du secteur.

En résumé, le financement par la profession est actuellement handicapé par la faiblesse des

moyens de l’agriculteur et devra attendre que le programme de mise à niveau de l’exploitation

soit bien avancé pour qu’il puisse mieux contribuer à un développement durable de

l’exploitation.

3.3.2.5.3. Le financement bancaire (type BNA)

Comme vu dans le paragraphe précédent et comme cela ressort de certaines études, les

conditions du financement bancaire ne semblent pas adaptées aux conditions climatiques et

foncières du Kef, et notamment aux conditions des étages semi-arides et arides qui présentent

beaucoup d’aléas, et pénalisent en conséquence, le revenu de l’agriculteur.

Bien entendu, ce type de crédit pourra rester à côté des autres modes de financement

proposés, mais ses conditions devront être profondément réexaminés, sous l’angle de l’intérêt

national plus que sous l’angle de l’orthodoxie bancaire ; sinon toute l’approche bancaire est

vouée à un surplus d’endettement et à de plus en plus d’agriculteurs « non solvables ».

3.4. Recommandations générales à l’échelle des systèmes agraires

A l’échelle des systèmes agraires, la problématique de développement a été examinée sous

l’angle des dimensions techniques, structurelles et économiques de la durabilité.

Ce niveau permet certes d’identifier et de cibler en détail les éléments de mise en œuvre des

axes de développement mais reste à l’écart de certaines propositions spécifiques en liaison

notamment avec la viabilité des exploitations.

Dans ce qui suit on présente un récapitulatif des stratégies d’actions qui a été formulé à partir

des analyses opérée pour chaque système agraire dont le principe renvoie à l’identification

pour chaque menace de durabilité de recommandations ciblées. Le détail de ces analyses est

mentionné en annexe.

3.4.1. Stratégies d’actions par rapport à la dimension structurelle de la durabilité

Pour cette dimension structurelle, les principales contraintes se rapportent aux problèmes de

transmissibilité de l’activité agricole, à une structure agraire contraignante, à la faible

pluviométrie, à la position en retrait de la vulgarisation et à la participation très réduite des

agriculteurs aux organisations professionnelles. Ces contraintes sont classées par système et

sous-système agraire.

Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre

structurel.

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phase

64

Tableau n°3 : Recommandations conséquentes aux contraintes structurelles

systèmes

agraires Principales problématiques Recommandations

I, II & III

Problème de transmissibilité :

Manque d’opportunités locales

d’emploi des jeunes ce qui pourrait

engendrer dans le futur des

problèmes de successeurs. Ce fait

est probablement plus prononcé

dans l’agro-système III en raison de

l’importance de l’absentéisme des

agriculteurs et du mode de faire

valoir indirect (35% des

exploitations).

- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les

jeunes des activités génératrices de revenus et des possibilités

d’emploi en dehors de l’agriculture.

- Diversifier l’économie régionale

- Soutenir le coût de transport pour encourager l’installation

d’industries dans la région.

- Inciter à l’installation de projets d’écotourisme.

- Améliorer les conditions de vie dans la région.

- Mise au point d’une réglementation interdisant la non

exploitation des terres (par exemple paiement d’une taxe de non

exploitation…).

- Prendre les dispositions incitatrice nécessaires permettant de

modifier les effets négatifs du mode de faire valoir indirect vers

un développement durable pour justifier tout investissement et

maintenir la fertilité des sols (location de longue durée…).

I, II, III &

IV.2

Structure des exploitations

agricoles contraignante :

Dominance de la petite propriété et

morcellement des terres.

- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et

pour assurer un revenu minimal (la superficie minimale doit être

déterminée en fonction des ressources disponibles).

- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement,

subvention…).

- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement

en sec des terres.

II, III

(glacis du

Centre),

IV.1 & IV.2

Faible pluviométrie qui limite

l’intensification des systèmes de

production.

Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés

résistantes et capables de se développées dans les conditions de

faible pluviométrie. La banque de gènes créer récemment pourrait

apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du

patrimoine ancestral.

I, II, III,

IV.1, IV.2,

IV.3 & V

Faibles moyens humains et

matériels alloués à la

vulgarisation ayant un impact

négatif sur la diffusion de la

technologie et sur l’encadrement

technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et

matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes

de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la

profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.

I, II, III,

IV.1, IV.2,

IV.3 & V

Faible participation des

agriculteurs aux organisations

professionnelles : Adhésion faible

aux CSA, absence d’organisation

de base pour la gestion des parcours

forestiers…

Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des

moyens financiers limités, la stratégie de groupe pour acheter ou

gérer en commun (à travers les formes existantes de SMSA et de

GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.

Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et

l’implication de la population forestière pour préserver les

ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de

promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de

concilier entre les besoins et la nécessité de la sauvegarde des

ressources (pour leur durabilité).

3.4.2. Stratégies d’actions par rapport à la dimension économique de la durabilité

Pour cette dimension économique, les principales contraintes se rapportent à la faible

diversification de l’économie régionale, à l’endettement de la majorité des exploitations, aux

problèmes de viabilité qui assez fréquent, aux contraintes de commercialisation de la

production de fruits et de légumes et à la sous-exploitation des PPI.

Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre

économique.

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65

Tableau n°4 : Recommandations conséquentes aux contraintes économiques

systèmes

agraires Principales problématiques Recommandations

II

Arrêt de l’exploitation des

ressources minières : Augmentation

de la pression sur le secteur agricole.

Encourager la diversification de l’économie régionale :

Subventions à l’installation de pôles industriels et aux coûts de

transport.

I, II, III,

IV.2 & V

Autonomie financière réduite : La

majorité des exploitations sont

endettées (surtout les agro-systèmes

I, II et III) et manque de moyens

financiers (surtout l’agro-système V)

- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas

pour identifier les capacités individuelles de remboursement.

- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la

limite de la viabilité économique, des mesures d’appui doivent

être initiés à l’instar des crédits de proximité (Associations,

ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à

caractère familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en

nature.

- Assurer le suivi lors de l’utilisation du crédit et l’encadrement

nécessaire.

- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité

est difficile du fait que leur persistance est liée à leur stratégie

d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une réforme

agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie

minimale.

- Pour inciter les agriculteurs à investir, les primes

d’intéressement (liées aux régions intérieures du pays :

actuellement fixées par le code des investissements à 8%) doit

être appliquées.

I, II, III,

IV.2 &

IV.3

Problème de viabilité pour une

bonne partie des exploitations et

recours à la pluriactivité.

On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu

moyennant la disparition des exploitations concernées à travers le

marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance de ce type

d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques

extensives et la stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette

stratégie ne permet probablement pas d’assurer l’améliorer de la

productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.

V

Problèmes de commercialisation

des fruits et des légumes :

Pour la tomate de saison, les

conditions assez difficiles de

paiement imposées par l’usine de

transformation Abida (quelques

mois après la livraison de la

production), n’est pas en faveur

des petits irrigants à faibles

moyens financiers. Actuellement,

l’essentiel des tomates

transformées proviennent des

gouvernorats limitrophes.

Pour les cultures maraichères, le

problème de commercialisation

apparait en termes d’organisation

du marché de gros et de

compétitivité avec les autres

régions. A ce niveau, uniquement

10% de l’offre dans le marché de

gros du Kef est d’origine locale

malgré que cette dernière couvre

largement la demande.

Le problème de commercialisation de fruits et de légumes relatif

au irrigant du Kef traduit un manque de compétitivité par rapport

aux autres régions limitrophes et qui ont plus d’expérience dans

le domaine de la conduites des cultures en irrigué.

A l’échelle du marché de gros du Kef, une meilleure organisation

des transactions et des relations entres les intermédiaires et les

irrigants s’impose pour soutenir la production locale.

V

Sous-exploitation des PPI :

Existence de parcelles équipées mais

non irriguées et difficultés de gestion

des GDAP pour la couverture des

- Procéder à des études techniques et socio-économiques pour

identifier pour chaque PPI un plan de développement mettant

en cohérence les études antérieures et les pratiques et

comportements actuels. L’objectif étant de définir les

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

66

systèmes

agraires Principales problématiques Recommandations

frais de fonctionnement (faibles

moyens financiers des petits

irrigants).

contraintes limitant le taux d’intensification au cas par cas pour

permettre au CRDA du Kef d’apporter les solutions

nécessaires.

- des études sociales doivent identifier les terres non irriguées ou

abandonnées autorisant leur exclusion des PPI.

- Pour les nouveaux PPI, étudier diverses variantes préconisant

un schéma hydraulique à réseau partiellement fixe pouvant

s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer.

- Subventionner l’eau d’irrigation destinée aux céréales pour

encourager leur pratique dans les PPI (sécurité alimentaire).

- Modernisation du réseau d’irrigation au niveau de certain PPI.

3.4.3. Stratégies d’actions par rapport à la dimension technique de la durabilité

Pour cette dimension technique, les principales contraintes se rapportent surtout au caractère

extensif des systèmes de productions, à l’érosion des terres agricoles, à l’appauvrissement du

sol en matière organique, aux problèmes d’aptitudes culturales, à l’envasement des ouvrages

hydrauliques, à la surexploitation des ressources sylvicoles et pastorales, à la non intégration

de l’élevage qui accuse un déficit fourrager et aux problèmes d’hydromorphie.

Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre

technique.

Tableau n°5 : Recommandations conséquentes aux contraintes techniques

systèmes

agraires Principales problématiques Recommandations

II & III

Absence de ressources en eau

souterraines, ce qui limite davantage

les possibilités de modernisation de

l’agriculture.

Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources

disponibles tout en les sauvegardant (CES, amélioration pastorale,

mobilisation des eaux de surface, équilibre de l’assolement,

intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des

plantations…).

I, II, III,

IV.2 & V

Système de production extensif basé sur :

- La monoculture céréalière ;

- Des pratiques culturales précaires

(faible niveau technique des

agriculteurs) ; et

- Des rendements faibles

- L’amélioration de la productivité des cultures en sec doit se

faire moyennant une utilisation plus importante en intrants.

- Stratégies de développement de la production agricole

dépourvues de moyens financiers et de mécanismes de mise en

œuvre.

- La recherche agricole doit s’adapter davantage aux exigences

de l’agriculture en liaison avec les changements climatiques qui

imposent des variétés plus résistantes.

- Des mécanismes concrets doivent être mis en œuvre pour

mettre à profit les acquis de la recherche.

I, II & III

Erosion importante des terres :

73% des terres sont menacées par

l’érosion.

L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages

existants et l’adoption par les agriculteurs des pratiques

conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La

conception doit être conçue exploitation par exploitation.

I

Envasement des ouvrages

hydrauliques : La capacité du

barrage de Mellègue a été réduite de

52% depuis la date de sa création en

1954.

L’aménagement intégré des bassins versants est nécessaire pour

éviter l’envasement rapide des barrages et des retenus collinaires

qui sont coûteux et qui permettent de mobiliser le potentiel

important des eaux de surface.

De plus, le dimensionnement d’un barrage doit tenir compte aussi

de son aval pour favoriser son exploitation. A ce niveau,

l’administration doit étudier la possibilité d’autres types de

mobilisation autre que les retenues importantes en liaison avec le

problème de valorisation.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

67

systèmes

agraires Principales problématiques Recommandations

IV.1, IV.2

& V

Appauvrissement du sol en matière

organique Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de

matière organique (fumier) de nature à améliorer la fertilité du

sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est recommandée.

Lutter contre les mauvaises herbes en faisant recours au

traitement chimique adéquat.

II, III &

IV.2

Problème d’aptitude culturale :

Extension des terres agricoles aux

dépens des parcours.

Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours

collectifs qui pourraient être apurés. L’existant se limite aux

parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un

problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration

pastorale sur ce type de terres pour bien les valoriser et pour

améliorer le bilan fourrager déficitaire.

I, II, III &

IV.2

Surexploitation des ressources

sylvicoles et pastorales : Pression du

cheptel sur les parcours et

prélèvement continu du bois de

chauffe par la population locale.

- La stratégie de développement forestier et pastoral doit

s’adapter aux exigences des régions et focaliser les efforts sur

l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la pression

du cheptel.

- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies

sectorielles en misant, comme objectif principal, sur les

plantations fourragères.

- Impliquer autant que possible la population usagères des

parcours et des forêts pour bien les gérer et assurer leur

durabilité.

- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant

le suivi pour sauvegarder l’état des parcours privés amélioré.

I, II, III &

IV.2

Elevage non intégré à l’exploitation

et déficit fourrager : La conduite

alimentaire se base sur les sous-

produits des céréales, les parcours

forestiers et les broussailles.

- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers

de l’élevage pour mieux maitriser le coût.

- Mettre au point une stratégie de développement des cultures

fourragères de nature à encourager sa pratique dans le but de

diminuer les quantités importées de mais, d’orge et de tourteau

de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des

flambées incontrôlables.

- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité

alimentaire.

IV.3

Problèmes d’hydromorphie :

- Anéantissement des récoltes et

dégâts souvent irrémédiables des

vergers.

- Absence d’entretien des travaux

existants (réseau de drainage

colmaté).

- Abandon de l’activité agricole par

quelques agriculteurs

- Réserver un budget pour l’entretien annuel du réseau

d’assainissement et étudier les possibilités d’implication des

agriculteurs concernés pour participer à ce type d’action

(moyennant la formule groupement de développement).

- Exécuter le contenu des études réalisées par le CRDA pour

lutter contre l’érosion et réhabiliter le réseau d’assainissement

existant en allouant le budget requis.

3.5. Objectifs de développement spécifiques aux ESSAS

La situation de l’agriculture ayant cumulé ces retards, les objectifs qu’on peut fixer pour cet

ensemble de stratégies relatives à son développement et à sa durabilité dépendent des moyens

qu’on mettra en branle pour les atteindre. Néanmoins, sachant les nouveaux défis qui se

posent aujourd’hui à l’économie agricole, on pense que ces objectifs ne sauraient être que

volontaristes et que les moyens mobilisés seraient en conséquence.

A ce niveau d’analyse, les objectifs de développent seront définis par groupe d’exploitation à

solutions et stratégies d’adaptation similaires.

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phase

68

3.5.1. Groupe des systèmes intensificateurs

Avec ce groupe des ESSAS intensificatrices, groupe d’agriculteurs sensé être formé par

l’élite des professionnels, le contact à travers les services de vulgarisation a toujours été

difficile. Comme tout groupe d’élite, il se considère, à juste titre parfois, au-dessus des

messages vulgarisés par ces services et ne se laisserait convaincre que par des innovations

extrêmement rentables. Mais dans les faits, et vu qu’il s’agit d’exploitants qui gèrent des

superficies importantes, qu’ils ne résident pas sur leurs exploitations, c’est la monoculture

céréalière qui prime chez eux, ils y appliquent souvent tout le paquet technologique connu :

Engrais, désherbage, traitements… et parfois une bonne préparation du sol ! Il s’agit donc

« d’une agriculture minière » qui se solde souvent par des sols épuisés et deviennent sensibles

aux diverses menaces qui se profilent à l’horizon…

Pour impliquer ces agriculteurs et compter sur eux dans ces nouveaux objectifs, il faut adopter

une approche différente qui leur rapporte « gros », qu’il faudra répéter pendant quelques

années pour les en convaincre progressivement… D’où nécessité de mettre dans le circuit des

vulgarisateurs avertis et des soutiens alléchants… En fait, il faut reconnaître que le message

sera contraignant et qu’il demande un effort de présence à ce groupe auquel peu parmi eux

sont habitués : Il s’agira de prôner des actions d’intensification agricole permettant une plus

grande productivité, des spéculations nouvelles à entreprendre, des spéculations anciennes

auxquelles il faut revenir, des équipements à acquérir, des technologies à adopter, un

développement en amont ou en aval de la production permettant de comprimer les coûts de

production ou encore de garantir l’écoulement de la production par une transformation du

produit sur l’exploitation ou dans la région….

Ces objectifs ne ciblent pas, à chaque fois, tous les exploitants mais devront être intégrés dans

les messages à adresser à ces exploitants et à les faire valoir progressivement auprès d’eux,

selon les priorités qui s’imposent à chaque exploitation (y compris les fermes domaniales et

SMVDA).

3.5.1.1. Les objectifs techniques

Les objectifs techniques relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :

Adopter des assolements équilibrés en fonction des conditions de la climatologie et du

sol. Et tout en laissant beaucoup de souplesse à l’exploitant de choisir ses cultures et

ses élevages, les assolements à recommander devront – au gré de l’exploitant - être

notamment du type :

Quadriennal au Nord en zones totalisant 450 à 500 mm : Légumineuse (fève,

fèverole, pois chiche, petit pois) / blé dur et (ou) blé tendre / céréale secondaire

(avoine, orge, triticale) / fourrage (vesce et avoine, orge-pois fourrager, bersim,

vesce…) / intégré à un élevage bovin suivi d’ovins ramasse-miettes; des prairies

devant occuper en parallèle les parcelles pentues (notamment sulla…) de

l’exploitation.

Triennal dans les zones totalisant 400 à 450 mm : Légumineuse (fève, fèverole,

pois chiche, petit pois) / blé dur / céréale secondaire (orges, avoine, triticale) -

fourrage (vesce et avoine, orge-pois, bersim, vesce…) intégré à des élevages

bovins & ovins. Des prairies devant également occuper en parallèle les parcelles

pentues (notamment sulla…) de l’exploitation.

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phase

69

Biennal dans les zones de 350 à 400 mm (Kef Est, Sers, Dahmani) : Blé dur /

médicago + élevage ovin ou lentilles/ blé dur.

Biennal dans les zones < 350 mm : Orge / jachère (ou peut-être médicago dans

certaines micro-zone) + élevage ovin.

Quadriennal dans les périmètres irrigués (à revoir toutefois au cas par cas en

fonction du sol et de la technicité des exploitants) : 2 soles de cultures maraîchères

incluant des légumineuses – 1 sole de blé dur – 1 sole de fourrage ; le tout intégré à

un élevage bovin.

En parallèle, et pour lutter contre le développement d’un grand nombre de plantes

impalatables et des refus de parcours, les cultures de luzerne, de sulla… devront

occuper les parcelles les moins fertiles ; et des prairies de cultures fourragères

résistantes à l’hydromorphie (fétuque notamment) devront être également

vulgarisées pour occuper les bas-fonds dans toutes les exploitations.

Pousser à une intégration maximale des productions végétales et animales

pratiquement au sein de chaque exploitation, mais avec présentation d’un choix de

modèles pour l’exploitant selon ses besoins et ses désirs.

Revoir les pratiques culturales et remplacer le matériel agricole vétuste tout en

optimisant les puissances des tracteurs et les attachements à acquérir (les services de la

recherche devant s’entendre - entre temps - sur la place du semis direct dans les

pratiques à vulgariser).

Introduire l’irrigation d’appoint ou l’irrigation totale - selon le cas - dans l’exploitation

conduite en régime pluvial chaque fois que les ressources hydrauliques le permettent.

3.5.1.2. Les objectifs économiques

Les objectifs économiques relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :

Réduire au maximum les besoins du cheptel en aliments de provenance extérieure à la

ferme ou importés.

Réduire la tendance de l’administration d’effectuer des investissements nouveaux en

équipements hydrauliques (bassins, conduites…) à chaque fois que des insuffisances

en ressources d’eau apparaissent dans les périmètres irrigués; revoir plutôt les

assolements pratiqués, les types d’élevage adoptés et l’équilibre entre cultures d’hiver

et cultures d’été.

Cibler la création de Centres de Gestion et de Coopératives ou Sociétés pilotes de

matériel agricole pour donner des exemples de structures qui comblent des vides

énormes existant actuellement dans la région.

Etudier les possibilités d’intégration verticale pour réduire les coûts de production,

notamment en aval de la production par des industries de transformation et de

conservation et de stockage des productions excédentaires.

3.5.1.3. Les objectifs structurels

Les objectifs structurels relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :

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phase

70

Favoriser le dialogue et le travail en commun entre agriculteurs et aider à la création

formelle de groupes homogènes, premier jalon de la structuration de la profession et

de son organisation ; ces créations devant émaner de leurs souhaits pour réussir.

Prévoir des moyens concrets humains, financiers et réglementaires qui favorisent

l’adoption de l’approche.

Impliquer et consolider la Recherche et la Vulgarisation par des programmes adaptés à

ces objectifs «nationaux et locaux» et ceux des agriculteurs. Cette consolidation se

traduisant par la consolidation des moyens humains, et l’acquisition des moyens

matériels et l’adoption du travail en équipes.

S’inquiéter régulièrement de la relève au niveau de l’exploitation et pousser les

exploitants à encourager les jeunes membres de leur famille à recevoir une formation

agricole.

Réfléchir et élaborer les mesures réglementaires permettant l’adoption ou

l’encouragement de ces actions.

3.5.2. Groupe des systèmes intensifiables

Les principales menaces qu’on rencontre dans ces exploitations et qu’on doit prendre en

compte dans la détermination des objectifs à adopter sont de natures différentes, et varient

d’un système agraire où se localisent les exploitations à l’autre. Elles portent, comme pour le

groupe des ESSAS intensificatrices sur des aspects techniques, économiques (ou financiers)

ou structurels. Les objectifs devront donc porter également sur ces aspects là.

3.5.2.1. Les objectifs techniques

Les objectifs que nous avons recensés s’adressent aussi bien :

Aux exploitations qui souffrent d’une trop grande extensification ou d’un déséquilibre

entre les productions végétales et animales : Monoculture céréalière, jachères

importantes sans travaux préparatoires, sols épuisés, cultures fourragères insuffisantes

pour l’alimentation du cheptel…

Aux exploitations qui souffrent d’une superficie qui ne permet pas leur viabilité : taille

respectable mais insuffisante pour assurer un revenu minimal à l’exploitant,

morcellement qui interdit l’intensification….

Aux exploitations qui, tout en disposant d’une superficie convenable, souffrent de

difficultés pour assurer une mécanisation selon les besoins, de difficultés

d’approvisionnement ou de commercialisation de la production….

Pour ces différents cas de figures, les objectifs à déterminer vont rejoindre ceux déjà proposés

plus haut pour le groupe des ESSAS intensificatrices, mais en les traitant davantage au cas

par cas, ce qui suppose une densité plus forte d’encadrement et une méthodologie de travail

adaptée. Il s’agira en particulier de :

Adopter des assolements équilibrés en fonction des conditions de la climatologie et du

sol. Le choix des cultures, des élevages, et des assolements les plus productifs

possibles devront inclure notamment:

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

71

La production de semences sélectionnées de légumineuses (vesce, féveroles…), de

céréales secondaires (avoine, triticale…), cette production étant insuffisante

actuellement dans la région et pour laquelle la demande ira crescendo avec les

assolements à vulgariser;

De l’engraissement de jeunes ovins ou bovins qui ne pourront être maintenus sur

les grosses exploitations, chez qui l’intensification proposée va introduire déjà une

panoplie de tâches nouvelles;

Des productions sans sol (ex. élevage apicole…) ;

Pousser à une intégration maximale des productions végétales et animales au sein de

chaque exploitation, mais en axant l’effort sur les spéculations précitées;

Améliorer la qualité du sol par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de

matière organique végétale et animale,

Introduire l’irrigation d’appoint sur le plus de cultures possibles pour stabiliser la

production annuelle de l’exploitation, si les ressources hydrauliques le permettent;

Essayer d’acquérir un minimum de matériel agricole en vue de donner une autonomie

à l’exploitation pour certains travaux, maximiser leur impact sur la production et

consolider le revenu de l’exploitant par des recettes provenant de la demande des

voisins en matériel.

3.5.2.2. Les objectifs économiques

Les objectifs économiques seront essentiellement concentrés sur :

La réduction maximale des coûts de production grâce à l’adoption du semis direct,

quand il est possible,

L’appel à un « crédit supervisé », évitant le retour à l’endettement de l’exploitant et lié

au conseil technique pour les opérations à exécuter,

La réduction au maximum des besoins du cheptel en aliments de provenance

extérieure à la ferme ou importés,

L’obtention des meilleurs prix possibles pour les produits de la ferme,

La réduction autant que faire se peut, de la tendance de l’administration qui supervise

l’action à recourir le moins possible à la solution des problèmes d’insuffisance d’eau

par des investissements nouveaux en équipements hydrauliques (bassins, conduites…)

à chaque fois que des insuffisances en ressources d’eau apparaissent dans les

périmètres irrigués; et ce par un plus grand recours à l’étude et des recommandations

sur les assolements pratiqués, les types d’élevage adoptés et l’équilibre entre cultures

d’hiver et cultures d’été ;

La création de groupements, coopératives ou sociétés de services… dans la limite des

besoins et des centres d’intérêts des agriculteurs concernés ; ces créations devant

émaner de leurs souhaits pour réussir.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

72

3.5.2.3. Les objectifs structurels

La prévision des moyens concrets humains (vulgarisateurs) et financiers

(fonctionnement) qui favorisent l’adoption de l’approche ;

L’intégration de ces exploitations dans les priorités de l’Agence Foncière Agricole

pour lutter contre le morcellement et procéder le plus rapidement possible à leur

remembrement.

3.5.3. Groupe des systèmes remodelables

S’agissant de zones climatiquement et topographiquement difficiles et menacées, les objectifs

vont cibler, en un premier temps, c’est-à-dire durant la période transitoire, des actions

conservatrices pour le milieu et pour les ressources naturelles…, mais tout en gardant dans

l’esprit la nécessité de mener ces actions au sein « d’exploitations » identifiées ou en cours

d’identification. Par la suite, il sera envisagé un passage progressif à des actions de

développement à proprement parler dès que des exploitations viables commencent à émerger.

Pour initier une action de remodelage sur ce type d’exploitations, on propose en particulier

d’adopter les objectifs suivants.

3.5.3.1. Les objectifs techniques

Les objectifs techniques relatifs aux ESSAS remodelables sont les suivants :

Comme pour les autres groupes d’exploitations, il importe de baser l’approche sur

l’adoption d’assolements appropriés en fonction des conditions de la climatologie et

du sol. Les systèmes agraires devront être corrigés dans le sens de comporter :

Davantage de légumineuses alimentaires et fourragères, davantage de fourrages

riches en protéines (vesce-avoine, orge-pois, sulla, luzerne…) ;

Des assolements triennaux ou biennaux selon les régions, et du blé dur ou orge/

médicago avec un élevage ovin dans les zones les moins pluvieuses ;

Des élevages intégrés aux productions végétales et calibrés sur la production

fourragère de l’exploitation.

Réhabiliter la vocation « parcours » dans les esprits et dans les pratiques, ce vocable

ayant été trop pris pendant longtemps dans un sens quelque peu péjoratif pour

exprimer « un genre d’exploitation d’un espace peu compatible avec les possibilités

de modernisation de l’agriculture » et de ce fait, aucune précaution n’a été prise pour

défendre efficacement les parcours, d’où la situation quasi généralisée aujourd’hui des

parcours qui ont été engloutis… dans les sols dits « labourables », même si leur

production reste négligeable. Cette réhabilitation devant être conçue non pas,

forcément, comme un abandon définitif de la mise en culture, mais comme un recours

plutôt à diverses formes de productions fourragères en fonction du pédo-climat, et

exploitables par une charge prédéterminée et contrôlée de cheptel. Cette réhabilitation

se fera sous différents aspects allant du ressemis en écotypes locaux adaptés, aux

plantations d’arbustes fourragers soumis à des techniques d’exploitation arrêtées d’un

commun accord avec la recherche… au semis sous forme de prairies pour de longues

périodes de 8 à 10 ans pour régénérer les sols, quitte à les soumettre, par la suite, à des

rotations compatibles avec le climat de la région (blé/jachère pâturée, blé/médicago,

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

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orge/médicago, prairie de médicago, céréale sous labour de 18 mois…), ou à des

rotations à mettre au point avec la recherche comme par exemple des rotations de

plantes aromatiques ou mellifères avec du médicago….

introduire dans les habitudes de l’exploitant la fauche régulière des refus et des plantes

impalatables qui occupent actuellement aussi bien parcours que les «terres cultivées»

et qui forment un concurrent peu souhaitable aux espèces végétales exploitables ;

adopter des assolements rénovateurs du sol sur une période de 8 à 10 ans en fonction

des conditions de la climatologie et du sol, et comportant notamment des luzernes, du

sulla…. Ces cultures fourragères devant être soumises à des programmes

d’exploitation scientifiquement établis et dont il faut convaincre préalablement les

exploitants.

ne conserver que de légères charges en cheptel ; un encouragement vers une

pluriactivité des exploitants devra leur permettre de trouver d’autres moyens de vivre

(ex. élevage apicole, élevage de lapins…) et les dissuader de tout surpâturage nocif ou

excessif;

3.5.3.2. Les objectifs économiques

Les objectifs économiques seront essentiellement concentrés sur :

les moyens à mettre en œuvre pour assurer un revenu temporaire à la population ciblée

durant la période d’intervention pour les encourager à se soumettre aux impératifs

recommandés pour le succès du remodelage souhaité,

favoriser le fonctionnement du marché foncier et faciliter la tâche entre acquéreurs et

vendeurs,

la mise en place d’un système de crédit sans intérêt adapté aux opérations à exécuter,

l’obtention des meilleurs prix possibles pour les productions envisagées par

l’exploitation à cours terme pour aider les exploitants à soutenir l’effort qui leur est

demandé, donc nécessité de promouvoir les groupements, sociétés, coopératives…

d’approvisionnement et d’écoulement dans la limite des besoins exprimés et des

centres d’intérêts des agriculteurs concernés ; ces créations devant émaner

obligatoirement de leurs désirs pour réussir.

3.5.3.3. Les objectifs structurels

Il s’agit du remodelage des exploitations en exploitations viables et de commencer un

encouragement « organisé » au départ des exploitants âgés « en tout honneur » et moyennant

un « moyen de subsistance acceptable » ou à la reconversion dans un autre métier pour

d’autres.

3.5.4. Groupe des systèmes non durables

Les objectifs seraient du même ordre que pour les groupe des ESSAS remodelables, mais

compte tenu des problèmes sociaux et financiers nécessaires ; même le démarrage d’actions

de remembrement devra être très léger et seulement à moyen terme, quand les résultats du

groupe des ESSAS remodelables commenceront à inspirer confiance et que de nouvelles

perspectives d’emplois pour les jeunes deviennent évidentes.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

74

Pour l’immédiat, c’est sur des actions à caractère social que pourront s’orienter les objectifs.

Des études pédologiques, notamment, pourront aider à reconnaître les sols aux meilleurs

potentiels pour certaines espèces arboricoles, aromatiques ou médicinales… qui pourraient

générer des revenus acceptables même sur de petites superficies (en sec ou en irrigué).

Cependant, on peut, dans l’état actuel des choses être sûr des résultats, et un projet de

recherche-développement devra concevoir, étudier et expérimenter au préalable toute solution

qui pourrait être conçue dans cette perspective

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4. Plan d’action et effets attendus

La position géographique du Gouvernorat du Kef et les systèmes agraires identifiés sont

représentatifs de l’ensemble des gouvernorats du Nord Ouest et en partie des gouvernorats du

Centre Est, ce qui fait que les actions qui sont proposées ci-après peuvent en faire un

Gouvernorat pilote pour ces gouvernorats et former un test en «grandeur nature»

extrapolable par la suite pour ces gouvernorats. Ainsi :

Le système agro-sylvicole de montagnes du Nord du Kef se retrouve en grande partie

au Nord de Jendouba et de Béja ;

Le système agro-pastoral des reliefs collinaires se retrouve en partie à Béja ;

Le système agropastoral des glacis se retrouve à l’Ouest du gouvernorat de Jendouba

et au Nord de Siliana ;

Le système agraire des hautes plaines se retrouve dans al partie Ouest du Gouvernorat

de Béja pour ce qui est des hautes plaines de Zaafrane, le Kef et le Sers; alors le

système de ksour, Kalâa Khasba… se retrouve aussi bien au Sud de Siliana qu’au

Nord de Kasserine ;

Enfin, le système irrigué représentant les périmètres d’irrigation disséminés dans le

gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du Sers se retrouve à Kasserine,

au Sud du Gouvernorat de Siliana et celui de Béja (Goubellat…).

Ceci formera un atout supplémentaire, en plus des menaces économiques et climatiques, pour

les autorités et responsables régionaux qui auraient à négocier les budgets annuels et

pluriannuels avec les instances financières et bailleurs de fonds nationaux ou internationaux

pour défendre leurs demandes budgétaires.

Les axes stratégiques proposés plus haut pour les différents systèmes ne peuvent être traduits

en actions séparées sous forme d’un plan d’action sans courir le risque de rester théorique

dans l’approche, et de les voir aboutir, à nouveau, à une dispersion des efforts et au manque

de complémentarité entre stratégies qui caractérise la situation actuelle. Aussi, la

complémentarité des actions à prévoir et la volonté de les faire converger simultanément vers

« L’exploitation agricole » nécessiteraient de les assembler en projets intégrés aux objectifs

bien déterminés & à exécuter par des équipes pluridisciplinaires sous l’égide du Comité

Unique de Pilotage « CUP » annoncé plus haut.

Il est toutefois bien précisé qu’au niveau de la présente étude, on ne peut que donner les

grandes lignes de ces projets, et que des études de détail sont à prévoir avant de passer à

l’action.

Nous proposons ci-après un plan d’action sous forme d’idées de projets pour la mise en place

des stratégies de développement à adopter. Ces idées de projets constituent, à notre avis le

noyau de l’action à mener mais ne sont pas limitatives, et peuvent être éventuellement

complétées par d’autres projets.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

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4.1. Idées de projets pour un plan d’action

4.1.1. Idée de Projet n°1 : Développement intégré de la moyenne et de la grande

exploitation « DIMGE »

Le premier objectif au niveau du groupe des « ESSAS » intensificatrices étant d’en faire un

groupe de tête grâce auquel on peut essayer d’introduire rapidement des progrès durant cette

période de conjoncture mondiale difficile et d’en faire un moteur de durabilité, chaque fois

que cela est possible soit par une intensification horizontale PV/PA, une compression des

coûts soit par une intégration verticale en générant des activités de transformation, de

services… dans la région, soit en intégrant verticalement et horizontalement à la fois.

Les actions menées par l’Etat jusqu’ici étaient notamment concentrées sur la petite

exploitation pour des raisons sociales, très justifiées d’ailleurs. Mais actuellement, et compte

tenu de la rareté des produits céréaliers, fourragers et animaux au niveau national et mondial,

et, l’augmentation de leurs cours, il est indispensable d’orienter également des actions vers la

moyenne & la grande exploitation où l’exploitant est plus perméable à une vulgarisation plus

pertinente comme elle est proposée ici et en faire, dans l’avenir le « noyau dur du

Développement Régional ». Le langage et les moyens à adopter dans ce projet devant être

sensiblement différents de ceux poursuivis jusqu’à présent avec la petite exploitation. En

retour, l’impact de ces actions sur la production, sur la vie rurale et sur l’émergence d’une

véritable profession sera conséquent, si aux niveaux politique et administratif on donne le

temps nécessaire à cette mutation de se faire.

Sur le plan physique, les objectifs de ce projet comportent une somme d’actions à inscrire

dans ce projet pour aboutir concrètement à une formule pratique pour initier un programme de

développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation « DIMGE» ; ce projet

comportera notamment :

La sélection progressive d’exploitations moyennes & grandes à encadrer, notamment

au niveau du système agraire des hautes plaines. Cet encadrement devant porter sur le

plan technique (amélioration et intensification des technologies adoptées…),

économique (initiation et formation à un suivi comptable et financier de l’exploitation

en partant toutefois de l’approche présente de l’exploitant pour la gestion de sa

trésorerie) et professionnel (conviction progressive de la nécessité du travail en petits

groupes homogènes informels à « formaliser » par la suite en accord avec les

adhérents…).

La recherche des motivations, des objectifs, des règles de fonctionnement et des

tendances des exploitants selon les tenures foncières adoptées de leurs exploitations (le

propriétaire et le locataire ayant des motivations différentes…) et dans les systèmes

existants.

Cette recherche permettra une bonne compréhension des raisons qui régissent ces

exploitants et d’établir ainsi des « diagnostics individuels » ciblant l’introduction

d’une plus grande intégration dans leurs systèmes agraires respectifs (de production

végétale et animale), en vue d’en faire des systèmes plus intensifs et inspirés des

résultats de recherche réussis et tout en les adaptant aux nouvelles conditions

économiques et climatiques et aux moyens des agriculteurs.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

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Sur un plan pratique, ces deux points devront aboutir notamment à la création de

« Centres de gestion » qui pourraient suivre et conseiller chacun de ces gros ou

moyens exploitants sur la façon d’améliorer les points faibles de son exploitation sur

la base des résultats obtenus par l’ensemble des adhérents.

La mise en place d’une vulgarisation efficiente dans laquelle l’agriculteur aura

confiance et acceptera de « prendre en charge financièrement à moyen terme ».

La mise en place d’un réseau de parcelles de références qui fourniront « au système de

vulgarisation » progressivement un référentiel régionalisé, précis et qui donnera plus

de pertinence aux conseils à vulgariser.

La création de structures de vulgarisation professionnelle autonomes à une échéance

de 7 à 10 ans pour prendre la relève de l’Etat.

Le recrutement et la formation rapide d’ingénieurs de l’administration pour encadrer

cette action.

Ce genre de projet, développé dans le gouvernorat de Bizerte par la Direction Générale de la

Production Végétale en coopération avec le gouvernement français et la Chambre

d’agriculture Rhône-Alpes sur la base des résultats technico-économiques de la « Ferme

modèle de Frétissa », a connu beaucoup de succès auprès des agriculteurs de Bizerte.

Aussi, on pense qu’il a toutes les chances, surtout s’il est réalisé en coopération avec un pays

ami qui pourrait contribuer par des experts où la Tunisie a peu d’expérience dans ce

domaine.

4.1.2. Idée de Projet n°2 : Projet pilote de soutien et de financement de

l’exploitation intensifiable

Le premier objectif au niveau du groupe des « ESSAS » intensifiables et du groupe des

« ESSAS » remodelables étant d’en faire des groupes qui donnent une chance à ces

exploitations de faire « le saut en avant » nécessaire pour atteindre une durabilité qui leur

permet de se défendre contre la double urgence économique et climatique.

Et comme il est irraisonnable de proposer un remodelage de l’ensemble des exploitations

concernées aujourd’hui, ce sont plutôt des actions-tests qui doivent être entreprises dans le

cadre de ce projet.

Il s’agit donc de faire rapprocher le groupe des « ESSAS » intensifiables sur le plan

économique notamment en augmentant le revenu de l’agriculteur, et ce, qu’il s’agisse :

d’exploitations trop extensives par rapport à leur potentiel technique ;

d’exploitations caractérisées par un déséquilibre entre les productions végétales et les

productions animales : monoculture céréalière, jachères importantes non travaillées ;

d’exploitations aux sols épuisés ;

d’exploitations à superficie insuffisante qui ne permet pas sa viabilité pour assurer un

revenu minimal à l’exploitant ;

d’exploitations dont le morcellement interdit toute intensification….,

d’exploitations qui, tout en disposant d’une superficie convenable, souffrent de

difficultés pour assurer une mécanisation selon les besoins ou qui a des difficultés

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d’approvisionnement ou de commercialisation de la production…. et qui se traduisent

par un surcoût de la production.

Pour le groupe des « ESSAS » remodelables, ce sont les exploitations d’une taille acceptable

mais qui sont morcelées qu’il faut cibler, un certain nombre de parcelles domaniales peuvent

être affectées pour améliorer soit la taille soit le morcellement pour améliorer la situation de

certaines exploitations et contribuer à la solution de leurs problèmes.

Contrairement à l’idée de Projet n°1, ce genre de projet n’a pas eu de précédent du même

type, aussi est-il proposé de le réaliser à moins grande échelle et à titre pilote pendant les 2 ou

3 premières années pour apprécier les difficultés éventuelles avant de le généraliser à

l’ensemble du gouvernorat.

Sur le plan physique, les interventions de ce projet va comporter une somme d’actions tout

comme pour le précédent projet de développement intégré de la moyenne & de la grande

exploitation « DIMGE» pour ce qui est des aspects techniques, mais avec des améliorations

foncières quand elles sont nécessaires (exploitation d’une ressource d’eau pour introduire de

l’irrigation, travaux de CES, de lutte contre l’hydromorphie, de ressemis de parcours ou de

parcelles trop pentues…) ; ce projet comportera notamment :

La sélection de 4 à 5 exploitations-pilotes présentant ces caractéristiques dans chacun

des systèmes agraires identifiés où sera testée cette approche d’actions intégrées

menant à une productivité et un revenu satisfaisants.

L’encadrement devant porter sur le plan technique (amélioration et intensification des

technologies adoptées…), économique (bénéfice d’un crédit supervisé si possible,

initiation et formation à un suivi comptable et financier de l’exploitation …), et

professionnel (conviction progressive de la nécessité du travail en petits groupes

homogènes informels à «formaliser» par la suite en accord avec les adhérents…).

Toutefois les encadreurs devront tenir compte de l’approche pratiquée par l’exploitant

pour la gestion de sa trésorerie sans chercher à lui forcer la main pour contacter des

crédits.

De même qu’ils devront bien étudier les motivations, les objectifs, les règles de

fonctionnement et les tendances des différents exploitants qui sont différentes selon les

tenures foncières de leurs exploitations (le propriétaire et le locataire ayant des

motivations différentes…) avant de formuler ou de proposer d’autres approches. Cette

recherche permettra une bonne compréhension des raisons qui prédominent chez

l’exploitant en vue d’établir des « diagnostics individuels » ciblant l’introduction

d’une plus grande intégration dans les systèmes agraires respectifs et d’induire des

systèmes plus intensifs inspirés des résultats de la recherche tout en les adaptant aux

nouvelles conditions économiques et climatiques et aux moyens de l’agriculteur.

En vu d’agir rapidement sur le revenu de l’exploitant et obtenir son adhésion aux

objectifs du projet, introduire progressivement des productions qui s’écoulent

facilement et aux prix rémunérateurs (ex. semences de nouvelles variétés de

légumineuses de vesce et de féveroles…, de céréales secondaires d’avoine et de

triticale…). Ces productions étant insuffisantes actuellement dans la région et pour

laquelle la demande ira crescendo avec les assolements à vulgariser ; introduire

également l’engraissement de jeunes ovins ou bovins, de l’élevage apicole…

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Introduire l’irrigation d’appoint sur le plus de cultures possibles pour stabiliser la

production annuelle de l’exploitation, si les ressources hydrauliques le permettent.

Améliorer la qualité du sol par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de

matière organique végétale et animale.

La mise en place d’un réseau de parcelles de références qui fourniront « au système de

vulgarisation » progressivement un référentiel pour ce genre d’exploitation est

également souhaitable dans ce projet.

Sur le plan économique une forte action est à trouver pour la réduction maximale des

coûts de production : ex. adoption du semis direct, groupage de certains travaux,

valorisation des produits de la ferme, quand cela est possible, équilibrer cultures

d’hiver et cultures d’été dans les périmètres irrigués.

La création de Coopératives ou Sociétés de services… dans la limite des besoins et des

centres d’intérêts des agriculteurs concernés.

Le maintien du contact entre ces exploitations et l’Agence Foncière Agricole pour le

remembrement de leurs exploitations.

Bien entendu, le projet devra bénéficier d’une juste appréciation des besoins en vulgarisateurs

et en moyens pour réussir ces actions, en ayant dans l’esprit que le rayonnement dans la

région de ce projet et son extension dans l’espace, sont liés à sa réussite auprès du premier

groupe pris en charge.

4.1.3. Idée de Projet n°3 : Programme de pluriactivité, d’aide et de financement

du groupe des exploitations non durables et de rajeunissement des

exploitants

Cette idée de projet est proposée pour le soutien temporaire et le financement du groupe des

exploitations non durables, dégager les plus dynamiques et les engager dans un processus de

développement plus durable.

Elle s’inspire :

des résultats obtenus à Zaghouan par la coopération INRAT/INRA France dans le

cadre du projet « Pour une approche régionale du Développement agricole :

Céréaliculture et Dynamique des systèmes agraires en Tunisie » qui avait analysé,

entre autres, le rôle de la pluriactivité dans le financement de l’agriculture du semi-

aride qui est, pour l’exploitation de petite taille, souvent familiale et économiquement

non viable.

de l’évaluation du projet pilote de Financement de la Petite Agriculture à Caractère

Social et Familial (PACFS) lancé en 1999 et qui visait les petits agriculteurs

moyennant un montage institutionnel et une coordination assez compliqués entre les

mécanismes de financement existants (BTS), les associations de microcrédit, le

FOSDAP et une liaison financement (crédit/subvention/don) et la formation / l’appui

technique / la consolidation de la propriété par aménagement foncier (Org. de

financement/AVFA/AFA/CRDA/organisations professionnelles/autorités locales).

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Cette récente expérience de (PACFS), menée dans 10 délégations de 10 gouvernorats

différents, dont le Kef ne fait pas partie, mais dont une évaluation récente effectuée par le

CNEA fait ressortir diverses observations qui méritent d’être prises en compte dans la

formulation de cette idée de projet tout en évitant la répétition des mêmes erreurs.

Cette idée de projet, s’inspire des résultats des deux projets mais introduit toutefois trois

modifications de taille dans l’approche par :

Un remplacement du crédit, les lourdes procédures qu’il implique et l’endettement qui

en a résulté avec un blocage du développement des exploitations concernées…, par un

travail rémunéré au sein de chantiers nationaux ou régionaux n’acceptant que les « très

petits exploitants » aux exploitations non viables.

En fait il s’agit du même type de bénéficiaires que pour le PACFS seulement avec une

élimination du recours au crédit par des exploitations réputées non viables mais tout en

maintenant les subventions annuelles qui parachèvent le financement des campagnes

et l’adoption des innovations souhaitées.

L’engagement d’un dialogue entre le bénéficiaire (employé dans le chantier) et un

vulgarisateur pour l’aider au bon emploi d’une partie de ce nouveau revenu pour le

financement de ses campagnes agricoles.

Eviter le problème de l’endettement, et, injecter des moyens pour favoriser, au sein du

groupe des exploitations non durables, les plus motivés, à relancer leurs agricultures

et améliorer sa durabilité, et engager les moins motivés à se désister, au profit des

premiers, de leurs terres moyennant finances.

Il s’agit donc d’initier un programme durable et répétitif de bonne gouvernance, de mise à

niveau et de développement d’un processus d’appui au groupe des « ESSAS » non durables

sur le plan économique pour en extraire des exploitations « durabilisées » d’une part, et

d’éclaircissage progressif et local des exploitations en surnombre non durables à travers la

création de possibilités de pluriactivité, d’autre part.

Ci-après les grandes lignes d’actions proposées :

Le principe de cette action est d’orienter la politique de l’emploi dans les chantiers de telle

sorte que, en lieu et place du recrutement actuel « tous horizons », on effectue un recrutement

sélectif des petits agriculteurs disposant d’ESSAS remodelables ou non durables. L’objectif

étant d’aider, à moyen terme, l’exploitant-ouvrier ainsi recruté d’obtenir un complément de

revenu par cette pluriactivité, de l’assister dans son ré-emploi sur son exploitation, et de

parvenir après un temps donné à faire évoluer cette exploitation vers une exploitation durable

et devenir éventuellement créatrice d’emploi…

Il est peut-être difficile aux autorités régionales d’accepter ce principe d’emblée, aussi est-il

proposé de ne l’accepter que sur quelques chantiers, d’effectuer un bon suivi, et de voir si la

formule peut aboutir à une résorption graduelle du nombre de chômeurs et à leur

réimplantation sur leurs terres grâce à un remodelage et une intensification.

Le point de départ de cette action comporte donc que, dans le cadre de la

programmation annuelle des chantiers nationaux ou régionaux pour le reboisement, les

travaux publics, les grands projets d’infrastructure (comme les grands projets dont on

parle actuellement : usine de câbles, cimenterie de Dahmani, projets agréés lors de la

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journée de partenariat interrégional du 25 0ctobre 2007), projets de lutte contre le

chômage ou autres …, il soit réservé une partie de ces chantiers à des agriculteurs du

groupe des exploitations non durables que nous appellerons des « exploitants-

ouvriers », préalablement listés par les services de l’agriculture dont on connaît la

consistance exacte de l’exploitation et qu’on destine à une action qu’on appellera

« amélioration du revenu ré-investissable ».

Chantiers et exploitations devant faire partie du projet géré comme une entité unique

et qui bénéficie des services d’un vulgarisateur-développeur préparé à conseiller et

guider les « exploitants-ouvriers » les plus motivés dans l’orientation de leurs

exploitations vers une meilleure durabilité.

De même, ce vulgarisateur doit être préparé à engager le dialogue avec les exploitants

les moins motivés à se désister de leurs exploitations au profit des premiers soit

moyennant ventes, soit moyennant des locations sur de longues périodes (9 à 18 ans).

L’étude de faisabilité aura à définir un processus de sensibilisation aux fins projetées

par le projet et éviter toute amalgame chez les uns ou les autres ; de même qu’elle aura

à établir un cadre organisationnel formel et définir des modalités opérationnelles et le

rôle des différents acteurs pour la bonne exécution du projet ; une responsabilisation et

une grande autonomie de décision devant être données au responsable local ou

régional du projet sous l’autorité du chef de projet.

Le FOSDAP ou une ligne spéciale sont à intégrer dans le projet pour l’octroi des aides

annuelles en espèces ou en nature ; ces aides, prévues comme un mécanisme de

financement orienté vers les catégories les plus défavorisées, dont le revenu

d’exploitation n’excède pas 1000 dinars, forment un aspect social important

notamment quand le chantier productif ne peut assurer de revenu sur toute l’année. Un

suivi régulier doit mesurer l’impact de ces aides et dégager des rapports

aide/revenu/financement pour la campagne en question en vu de les exploiter pour

l’amélioration constante de l’approche.

L’aide et une partie de la rémunération doivent, préférentiellement, être regroupées

avec la demande de travaux agricoles aussi bien pour les cultures en sec, qu’irrigué ou

semi-irriguées en accord avec le vulgarisateur, de même que les coopératives de

services, groupements … doivent être obligatoirement impliquées dans le programme.

Elles doivent être toujours prêtes pour intervenir pour l’approvisionnement, la

commercialisation des produits…

4.1.4. Idée de Projet n°4 : Développement des cultures de plantes médicinales et

mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en place de

projets sur le modèle japonais OVOP « Un Village - Un Produit »

En février 2008, une thèse de Doctorat a été soutenue à l’Institut National Agronomique de

Tunisie sur la flore du Sud et de l’Ouest du Kef ouvrant des horizons nouveaux en matière de

développement agricole et même agro-industriel pour le Sud et l’Ouest de ce gouvernorat,

intégrés dans ces propositions d’axes stratégiques.

En effet, dotées d’une richesse floristique et d’une diversification naturelles, le Sud et l’Ouest

du Kef, non seulement n’exploitent pas ce patrimoine qui se trouve aujourd’hui menacé par

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CNEA / Rapport de la 3ème

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suite de la pratique du surpâturage et de la mise en culture effectuée par la population dès

qu’il y a un peu de pluie dans ces régions, avec parfois même l’extinction de certaines espèces

qui possèdent des propriétés médicinales, aromatiques ou mellifères avantageuses pour ces

régions considérées parmi les plus pauvres du gouvernorat, comme il a pu être constaté tout le

long de la présente étude.

Le pollen qui entre dans la composition des miels analysés (dans le cadre de la thèse) a, en

outre, montré que cette flore est riche, diversifiée et montre qu’elle est principalement

spontanée. De même, et parmi le grand nombre de formes de pollens identifiées, il est

remarquable de constater l’abondance de l’espèce connue dans sous le nom commun arabe de

harmel (Peganum harmala L.), comme il est à remarquer que certaines plantes sont à la fois

médicinales et mellifères. Les miels produits à partir notamment du harmel, du romarin, du

thym, d’Om Erroubia s’étaient révélées caractéristiques de cette région du Sud et de l’Ouest

du Kef comme elles étaient connues traditionnellement par leurs vertus médicinales.

L’analyse et l’étude des propriétés physico-chimiques de 5 espèces ont permis, en outre, de

vérifier que les paramètres contrôlés répondent aux normes de la Directive Européenne et du

Codex Alimentarius pour l’appellation « miel » et sont conformes à ce qui est attendu pour

des miels de haute qualité en Europe, d’où d’éventuelles possibilités d’exportation non

négligeables sur ces pays et peut-être même sous des appellations d’origine contrôlées (AOC).

Mais, actuellement, la végétation spontanée et la végétation agricole réunies de ces régions ne

présentent pas un pâturage satisfaisant, équilibré et suffisamment étalé sur le plus grand

nombre de mois dans l’année aux abeilles, pour concevoir la création « d’exploitations

apicoles durables hors sol » qui permettraient de résorber une partie des « ESSAS »

remodelables et des « ESSAS » non durables alors que l’intérêt pour ces créneaux

prometteurs est certain, et, notamment pour quelques plantes médicinales et mellifères. L’idée

du projet n°4 est d’autant plus défendable, dans le cadre de la double urgence économique et

climatique, que ces créneaux s’avèrent prometteurs et que le développement de ces espèces et

leur transformation mérite de voir le jour, et formerait même le déclic pour le développement

de la région en général, et pour introduire une nouvelle vision de la notion de « produits de

terroir », élaborer des programmes de développement durable et engager en même temps des

recherches appliquées en particulier.

Cette idée de projet vise donc le développement de la culture de plantes médicinales telles que

le harmel, le romarin, le thym, Om Erroubia, Coridothymus capitatus et Ormenis africana, en

vue d’assurer une production agricole importante et régulière, de créer un nouveau créneau

d’emplois pour les jeunes diplômés d’écoles d’agriculture (et pour toute autre main d’œuvre),

améliorer les revenus des très petits exploitants, leur procurer des ressources financières,

apporter « l’amélioration du revenu ré-investissable » aux « ESSAS » remodelables comme

déjà avancé dans l’idée de projet n°3 ; et enfin de développer sur place la transformation plus

ou moins poussées de cette production agricole « spéciale » comme l’extraction des principes

actifs, des arômes ou des huiles essentielles…

Les grandes lignes d’actions proposées comportent :

Au départ l’action comporte la sélection de 5 délégations où on rencontre la flore

décrite ci-dessus dans le Sud et l’Ouest du Kef et où on peut opter pour ces

propositions d’axes stratégiques comme l’un des moteurs du développement : par

exemple Sakiet Sidi Youssef, Tajerouine, K. Snane, K. Khasba, Jérissa.

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Ensuite il y a lieu de définir pour chaque délégation, une des 5 espèces déjà étudiées

sur laquelle sera focalisée l’action à entamer, et procéder au recrutement de

l’encadrement du projet. Cet encadrement devant être de préférence originaire de la

région, et recevoir un complément de formation technique, agro-industrielle et

économique, dans le cadre du projet.

Sélectionner une dizaine d’exploitations-pilotes parmi les « ESSAS » remodelables ou

non durables décrites plus haut pour démarrer l’action durant les 3 premières années,

au vu desquelles 5 autres exploitations nouvelles seront introduites chaque année dans

le projet, le démarrage de l’action serait par la création d’une pépinière pour l’espèce

envisagée et d’un petit rucher aux fins d’initier l’exploitant « à se faire la main » en

matière d’élevage apicole.

L’encadrement devra porter sur le plan technique, économique, et professionnel.

Les encadreurs devront être bien informés que l’objectif du projet est d’encadrer ces

exploitants pour :

Créer des entreprises durables à partir d’«ESSAS» remodelables ou non durables

au bout d’un temps à déterminer,

Améliorer les productions fourragères de l’exploitant et calibrer son élevage en

fonction de cette production fourragère, le principe étant de ne pas bouleverser tout

en même temps, et de garder un minimum de revenu à l’exploitant en attendant les

améliorations qui vont suivre,

Préparer l’exploitation aux innovations-objectifs du projet soit:

o la culture d’une plante médicinale ou mellifère, recherche d’une alternance

de cette culture avec une jachère ou une culture fourragère (à déterminer

avec l’ESAK qui sera partie prenante dans le projet) ;

o un élevage apicole ; et

o une production de miel de qualité.

Introduction progressive de la notion de «produits de terroir», en vue de la mise en

place de projets sur le modèle japonais « Un Village, Un Produit » OVOP pour la

délégation concernée ; une coopération entre ce projet et ceux qui fonctionnent

déjà sur ce modèle au sein du gouvernorat ou dans un gouvernorat avoisinant est

souhaitable.

Engager l’AFA et les Autorités régionales, dès la 2ème ou 3ème

année du projet, à

favoriser les départs des agriculteurs âgés ou non intéressés par l’agriculture (on

expliquera par ailleurs comment l’ingénieur conseil conçoit ces départs organisé) et à

chercher à installer des diplômés de l’agriculture dans la région sur ces terres ou sur

des terres domaniales dans le but d’étendre l’action et créer des pôles de rayonnement

qui prendront la suite de l’administration qui devra se retirer à la fin de la période

transitoires.

Engager dès la 8ème

année, les procédures pour l’obtention des labels « appellation

d’origine contrôlée (AOC) » qui constituera une garantie de qualité liée au terroir ;

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certifiera la traçabilité du produit et aidera dans l’obtention de meilleures

performances en matière d’exportation ;

Développer davantage et progressivement l’approche OVOP « Un Village - Un

Produit » aussi bien sur le plan production que sur le plan commercialisation.

4.1.5. Idée de Projet n°5 : Projet de motivation des exploitants à une utilisation

de l’eau en appoint sur l’exploitation pour une stabilisation minimale de la

production

Le gouvernorat du Kef étant caractérisé d’une part par l’irrégularité de la pluie, et par la sous-

exploitation de certains aquifères, d’autre part ; ce qui le rend très sensible aux moindres

sécheresses et donne à la production agricole un caractère en dents de scie fort néfaste au

revenu de l’agriculteur ; alors qu’on a vu - lors de campagnes très sèches comme celle de

l’année en cours (2007/2008) - de l’eau rester inutilisée dans des barrages collinaires (ou qui

est tout simplement dans le sol pour absence d’un puits et d’équipement d’irrigation) alors

que des parcelles limitrophes se desséchaient par suite de l’absence de pluie.

Cette situation étant essentiellement due à la conception, qui sévit chez certains, qu’il existe 2

types distincts d’agricultures : le pluvial et l’irrigué, et en fonction de quoi, on crée un

périmètre irrigué dès qu’il y a une ressource d’eau à mobiliser.

Cette idée de projet vise, pour transcender cette approche, d’encourager toutes les possibilités

d’apporter un complément d’eau aux cultures conduites sous régime pluvial partout où cela

est possible et partout où cela est demandé en jouant soit sur les systèmes de distribution des

eaux mobilisées dans des ouvrages, soit sur l’encouragement à une exploitation des nappes,

soit à des types de récupération des eaux de ruissellement pour les cultures… au sein de

l’exploitation. Donc aussi bien le concepteur que l’agriculteur sont invités à rompre cette

bicéphalie (sec-irrigué) et de développer toute opportunité de correction de la pluviométrie

chaque fois que possible.

Les grandes lignes d’actions proposées comportent :

Après étude des différentes nappes existantes dans le gouvernorat (en sachant bien que

plusieurs études existent déjà) et des exploitations en régime pluvial qui occupent

leurs territoires, une projection doit se faite sur le nombre de puits ou de sondages, les

débits moyens souhaitables, et donc définir les « ambitions éventuelles en eau »

possibles pour chaque exploitation.

Les exploitants de ce territoire (= zone dans la nappe occupe le sol ou le sous-sol)

seront encouragés à réfléchir ou étudier, s’ils le désirent, à faire évoluer leurs

exploitations en adoptant une certaine semi-intensification permettant de faire évoluer

le revenu de l’agriculteur vers un minimum garanti annuel même en cas d’aléas

climatiques.

La semi-intensification pour laquelle l’agriculteur devra se prononcer, s’il souhaite s’y

engager, restant un concept très souple, pouvant être par ex. l’adoption d’une irrigation

d’appoint d’un certain nombre de parcelles consommant un volume moyen annuel

d’eau défini (cas d’un système où on tient à avoir une production minimale de chaque

culture pour les besoins du producteur et du cheptel), ou l’irrigation en plein d’une

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

85

parcelle déterminée (cas d’une production de vert régulière pour un cheptel laitier ou

cas d’un multiplicateur de semences qui veut s’assurer un minimum annuel)… ;

Dans le cas où l’exploitation ciblant cette semi-intensification peut le faire à partir

d’un barrage (ou d’un sondage public à très haut débit) une liaison contractuelle peut

être conçue avec le gestionnaire de la ressource, sachant bien que ce genre de

demandeurs motivés est très important pour les pouvoirs publics qui cherchent à

stabiliser la production et à gagner les défis économiques et climatiques ;

Dans le cas où l’exploitation ciblant cette semi-intensification ne demande qu’une

autorisation de creusage et d’équipement de puits ou de sondage, la prise en

considération par les pouvoirs publics devrait l’encourager par une subvention qui va

être d’autant plus élevée que les problèmes des cours du pétrole, donc du coût de

production (surtout pour les céréales et l’alimentation du bétail….) vont se

perpétuer….

Cette approche de complémentarité sec/irrigué avec une semi-intensification et une

stabilisation de la production, qui devrait progressivement remplacer la création

systématique de nouveaux périmètres publics irrigués, et devant les problèmes

d’augmentation des coûts des ouvrages et installations hydrauliques et donc des coûts

de production va supposer - pour compenser ces augmentations de coûts - un effort de

la part des services de l’hydraulique et de la Recherche de Génie Rural - pour trouver

d’autres systèmes de mobilisation et de distribution de l’eau à un coût unitaire moindre

pour pouvoir toucher et encourager le maximum de demandeurs motivés possibles.

Une collaboration étroite est à établir entre le projet et la Recherche en Génie Rural ;

Enfin, il serait inutile de le redire que, comme pour les autres actions, la transmission

de messages complets et convaincant ne peut se faire que par une vulgarisation étoffée

et bien compétente dont il faut prévoir le recrutement.

4.1.6. Idée de Projet n°6 : Mise en place d’une stratégie de restructuration

foncière de l’exploitation

L’élaboration d’une stratégie de restructuration foncière commence par une étude à réaliser en

partant de la situation foncière des exploitations au Kef qui se caractérise en 2004 par les

points de faiblesses suivants :

Sur les 18.100 exploitations dénombrées, il y a seulement 1.800 qui ont une taille

supérieure à 50 ha et 5.700 exploitations qui ont entre 10 et 50 ha et qui ont donc une

chance d’être durables en régime pluvial, alors que sur le reste seules les exploitations

irriguées peuvent être durables.

Le morcellement des terres agricoles du gouvernorat est important avec une moyenne

de 3,9 parcelles par exploitation en 2004 contre 3,6 en 1994.

Les efforts de l’agence foncière agricole (AFA) en matière de remembrement n’ont

permis que de couvrir environ 20.000 hectares de terres conduites en sec et localisée

notamment dans les plaines du Kef, Zouaouine, El Marja et Sidi Mtir.

Que malgré les efforts importants de cette agence, dont l’action ne consiste que dans le

regroupement des parcelles d’un même propriétaire et sans pouvoir sur la taille et la

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

86

durabilité de l’exploitation pour la rendre tant soit peu durable, ne peut être vouées

qu’à l’échec, comme ces interventions ci-après :

à El Houdh (Tajerouine) : à partir de 310 exploitations d’une moyenne de 7,68

ha/exploitation et composées de 1.118 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en

325 exploitations d’une moyenne de 7,32 ha/exploitation et composées de 583

parcelles ;

à Oued Zen (Sakiet Sidi Youssef) : à partir de 155 exploitations d’une moyenne de

1,38 ha/exploitation et composées de 539 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en

155 exploitations d’une moyenne de 1,36 ha/exploitation et composées de 425

parcelles ;

à Oued Souani (Kef Est) : à partir de 113 exploitations d’une moyenne de 7,09

ha/exploitation et composées de 470 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en 113

exploitations d’une moyenne de 7,00 ha/exploitation et composées de 224

parcelles.

Après cet effort très important de l’AFA sur ces petites exploitations, et en matière de

durabilité comme en matière économique, il n’en reste pas moins de 3 questions qui se

posent :

Quel est le revenu que peuvent assurer ces exploitations de 1,36 à 7,32 ha et assure-t-il

la durabilité de l’exploitation ?

Qu’adviendra-t-il de ces exploitations après le décès des exploitants pour la plupart

âgés en matière d’héritage ? ne seraient-elles pas encore une fois découpées ?

Est-ce que les textes qui régissent l’activité de l’AFA lui permettent d’aboutir à la

constitution d’exploitations durables pour répondre aux défis économique et

climatique ?

La réponse globale à ces questions a probablement un caractère national. Aussi, pour

détourner cette difficulté, il est proposé d’essayer de tester au Kef, pris comme gouvernorat

pilote pour cette action, une solution « locale », dont l’impact pourrait être extrapolé par la

suite à une échelle nationale.

Cette étude proposée, devra être suivie de l’adoption de textes réglementant les procédures,

les organes d’intervention (probablement l’AFA ou un projet spécial au sein de l’AFA) et les

financements appropriés conformément à l’étude.

La stratégie ainsi préparée par cette étude et les textes qui vont en découler va être mise en

application au Kef, toujours dans le cadre de cette même idée de projet.

Donc, en plus de l’étude et des textes, des moyens financiers et humains sont à mettre en

place pour démarrer l’action durant la période transitoire et réaliser les actions foncières

indispensables à :

L’adoption et la réalisation des idées de projets présentées ci-haut avec leurs

différentes composantes dans le gouvernorat, même si elles supposent un recours à des

financements extérieurs. Un financement extérieur est même souhaitable pour faire

bénéficier le gouvernorat de l’expertise et de la coopération de pays amis qui ont une

expérience en la matière.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

87

La poursuite des actions de l’AFA dans les zones déjà déterminées par le CRDA

comme zones prioritaires.

Engager l’AFA et les Autorités régionales, dès la 2ème

ou la 3ème

année du projet, à

favoriser les départs des agriculteurs âgés ou non intéressés par l’agriculture (on

expliquera par ailleurs comment l’ingénieur conseil conçoit ces départs organisés) et à

chercher à installer des diplômés de l’agriculture dans la région sur ces terres ou sur

des terres domaniales dans le but d’étendre l’action et créer des pôles de rayonnement

qui prendront la suite de l’administration qui devra se retirer à la fin de la période

transitoire.

Mettre en place une équipe spéciale suffisamment dotée en moyens matériels et

humains pour assurer une intervention rapide dans les plaines riches au niveau de

l’idée de Projet n°1 « DIMGE » et au niveau l’idée de Projet n°5 proposées ci-haut

par suite du fort impact qu’elles peuvent avoir sur la production et sur l’emploi pour la

décongestion des « ESSAS » non durables, et ce, à côté de la poursuite des actions de

l’AFA.

4.1.7. Idée de Projet n°7 : Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée

« agriculture - élevage - changements climatiques » adaptée à la région du

Kef

Compte tenu des changements en cours et ceux attendus, la recherche est appelée à jouer un

rôle fondamental dans le développement de la région durant la période transitoire pour

préparer le secteur à ces changements.

Dans ce sens, nous proposons un projet de recherche intégrée pour les différents composants

des systèmes agraires : agriculture – élevage - changements climatiques adaptés à la région.

Ci-après, les principaux thèmes et démarches à inclure dans ce projet, et à adapter, en liaison

avec le « CUPS » au fur et à mesure des résultats obtenus :

a. Thèmes de recherches pour le Nord du gouvernorat :

Agronomiques :

1. Introduction urgente de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés de

céréales, de fourrages et de légumineuses adaptées aux hivers froids qui

caractérisent la région ;

2. Introduction urgente de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés

valorisant au mieux l’eau pour les périmètres d’irrigation avec des objectifs de

rendements très élevés (au-delà de 100 Qx/ha) ;

3. Recherche de rotations alliant le «technique» à l’«économique» valorisantes du rôle

des protéagineux et des fourrages riches en protéines ;

Relance d’un programme de recherche – accompagnement sur le ley-farming

australien pour le développement de la rotation médicago/blé et médicago/orge avec

introduction de nouvelles variétés et semences australiennes (les rares parcelles encore

existantes de médicago n’ont pas vu de renouvellement de leurs semences depuis plus

de 10 ans). Le pôle de recherche du Kef a présenté un projet dans ce sens depuis un

certain temps, un ré-examen de ce projet, sa mise à jour et son financement sont

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

88

nécessaires. Dans le réexamen de ce projet, un volet consistant doit y être introduit

pour la vulgarisation de cette technologie très adaptée au gouvernorat, avec un objectif

de réalisation d’au moins 500 ha/an de semis nouveau de médicago et les moyens pour

y parvenir.

4. Recherche d’itinéraires techniques de conservation de la fertilité des sols, moins

énergivores, moins coûteux et adaptables aux différents systèmes agraires et aux

différents sols (semis direct, réduction des temps de travaux…) ; et

5. Recherche en génie rural : pour pallier aux problèmes d’augmentation des coûts des

installations hydrauliques et leur impact sur les coûts de production, le pôle de

recherche, qui ne dispose pas d’ingénieur en génie rural, est appelé à sous-traiter avec

l’INGREF ou l’Institut des Zones Arides – un programme sur les systèmes de

mobilisation et de distribution de l’eau, à un coût unitaire moindre pour encourager le

maximum de céréaliers/fourragers à l’irrigation et à la semi-intensification.

Economiques :

L’application des résultats de recherche étant différente entre les grands et les petits

agriculteurs, il y a lieu de développer des programmes différenciés, dès leur

conception, pour la petite et la grande exploitation ;

Le pôle de recherche, ne disposant pas d’agro-économiste, il est indiqué de soumettre

les résultats techniques de la recherche (du pôle ou du CRDA) à un agro-économiste

pour les assortir d’éléments de coûts de revient avant de les communiquer aux

vulgarisateurs.

Climatiques :

Lors de la réalisation de la présente étude, il a été remarqué que la région dispose d’un

réseau de relevés climatiques très réduit, un réseau plus dense et plus régulier est

souhaitable ;

Avec le facteur climatique qui prend de l’ampleur et risque de plus en plus d’être

contraignant, la recherche agronomique, hydraulique et économique ont tout intérêt à

introduire des hypothèses de sécheresses prolongées ou des inondations aussi bien au

niveau des protocoles d’essais qu’au niveau de l’analyse des résultats.

b. Thèmes de recherches pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :

poursuivre & approfondir les travaux sur les plantes médicinales et mellifères

mettre en place un programme de recherche sur les parcours, les espèces et écotypes

les plus adaptés, les techniques de ressemis et d’exploitation.

c. Thèmes de recherches pour la production animale : Etablir un programme de

sélection des différentes races ovines de « queues fines » : Tadmit, Oued Jelal….(aucun

programme n’existe dans ce sens même à l’échelle nationale). Il s’agit notamment de :

Amélioration de ces races, et notamment par une réintroduction de la race mérinos.

Etablir un programme de recherche sur l’alimentation bovine à partir de composants

locaux (fourrages verts, fanés, déchets agricoles et industriels, graines de féveroles…)

pour l’établissement de rations avec les produits de la ferme, et réduire les coûts de

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

89

production qui ont augmenté par suite de l’importation et la fabrication d’aliments

concentrés consommateurs d’énergie.

Le recrutement d’un zootechnicien, au moins, est indispensable pour ce programme et

pour doter cette région d’élevage d’un véritable spécialiste-matière en élevage.

4.1.8. Idée de Projet n°8 : Mise en place d’une stratégie de développement des

structures d’appui étatiques et professionnelles

A. Objectifs recherchés

Cette idée de projet de mise en place d’une stratégie de développement des structures

d’appui étatiques et professionnelles pour le Kef couvre 3 volets : la recherche, la

vulgarisation et les services à mettre à la disposition de l’exploitant.

Pour chaque type de structure étatique et professionnel, et pour des raisons de hiérarchisation

des urgences, on commencera par les services et en terminera par la recherche tout en

essayant de signaler les conditions de création de ces structures et de leur passage de la

structure d’appui étatique à la structure professionnelle. La structuration de la profession est

un ancien vœu même sur le plan national qui n’a pu être exhaussé à ce jour pour les raisons,

comme on l’a détaillé plus haut, d’une part de rigidité des textes promulgués à cet effet et la

cadence avec laquelle ces textes et le type de structure sont modifiés ; et d’autre part l’absence

d’une approche sur la façon de les présenter à l’agriculteur pour le convaincre de leur utilité et

l’aide financière et humaine à lui apporter pour faire décoller le système.

La Mise en place, aujourd’hui, d’une stratégie de développement des structures d’appui

étatiques et professionnelles pour le Kef, ne peut plus dans l’état actuel des choses, être

raisonnée seulement pour des structures émanant des agriculteurs, mais également, de

structures à caractère commercial privées (notamment pour les travaux mécaniques pour

surmonter les difficultés actuelles de faire faire à temps les travaux « de bonne qualité »

exigés par les cultures), même si cela doit se traduire par une élévation apparente des coûts de

production ; problème qu’on devra dépasser par des itinéraires techniques mieux finis. Cette

idée de projet, conformément à la stratégie conçue plus haut, devra essayer d’encourager en

parallèle les 3 types de structuration sus-mentionnées. Ci-après, les principales approches et

démarches à inclure dans la mise en place de la stratégie au fur et à mesure des résultats

obtenus :

i. Volet « Structures de services » :

Structuration à faire émaner de l’agriculteur : Il s’agit là d’une action prioritaire dans

l’activité de la vulgarisation et qui doit faire l’objet d’un suivi méticuleux de

l’arrondissement FIOP, encore faut-il qu’au préalable :

Un réseau de vulgarisateurs étoffé soit mis en place et reçoit la formation

nécessaire ;

Dialoguer avec les agriculteurs pour essayer de développer un esprit professionnel

dans le milieu et dégager des groupes homogènes ayant les mêmes centres

d’intérêts ; en partant du principe que la structuration de la profession, quoique

urgente, doit être progressive et non dictée par en haut, mais provenir de la base ;

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

90

Convaincre ces groupes de la nécessité de se doter de structures conformes à leurs

centres d’intérêts, y prendre un rôle actif, et profiter des réglementations et

subventions prévues ;

Prévoir les budgets nécessaires, demander les financements et subventions prévus

pour recruter les employés (diplômés du supérieur de préférence) et les intéresser à

la structure ;

Les faire profiter à temps de toutes les mesures d’encouragements financières, et

les attirer vers l’adoption des textes et des pratiques pour lesquelles la structure a

été créée ;

Chercher, simultanément à favoriser l’installation en nombre d’ingénieurs

diplômés des Ecoles d’Agriculture comme exploitants et, intéresser à la structure

ceux qui sont déjà en place pour faire partie des dirigeants de la profession.

Structuration à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés :

Maintenir et encourager les structures de services existantes ;

Engager un dialogue avec les jeunes diplômés de l’Ecole de machinisme de

Medjez El Bab en vu de les intéresser à se créer un « projet d’emploi privé » dans

l’équipement et la mécanisation de la région (création d’un centre de location de

matériel ou de vente ou de réparation…) ;

S’employer à les convaincre que la rationalisation et l’intensification des

différents systèmes impliquent des choix de mécanisation qui devra répondre à

des impératifs de coûts, de qualité, de rapidité d’intervention et d’organisation

précis.

Qu’ils doivent bien choisir une mécanisation adaptée au développement du

secteur et à la durabilité des systèmes surtout en matière de : puissances des

tracteurs, choix des attachements, adaptation aux conditions pédologiques,

topographiques et climatiques de la région, réduction de la consommation

d’énergie à l’ha, réduction des pertes au champ pour les moissonneuses

batteuses.

Préparer une approche avec la BTS pour les aider à s’installer rapidement ;

Faire de même avec des diplômés du commerce pour créer des centres

d’approvisionnement ou de collecte…

Structuration des services par essaimage : Détecter avec l’Office des céréales et les

Coopératives centrales, les opportunités d’essaimage au profit d’un groupe

d’agriculteurs d’une localité donnée avec un ou deux ingénieurs sous forme d’un

crédit payable et des modalités acceptables en liaison avec la BTS.

ii. Volet « Structuration de la vulgarisation » :

L’idée à examiner et à développer couvre des propositions de solutions à tester au niveau du

gouvernorat du Kef, en tant que gouvernorat pilote, pour permettre à la vulgarisation de

reprendre un rôle actif dans le développement agricole durable et d’aider à la réalisation des

diverses idées de projets présentées dans ce document. Pour ce, il est proposé de :

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

91

Vu les conséquences de la tendance actuelle de laisser s’éteindre la vulgarisation

« étatique » en limitant ses moyens humains et matériels, pour passer à une

vulgarisation « professionnelle » qui, dans l’état actuel de l’agriculteur, ne peut être

que dans l’incapacité de se doter des moyens nécessaires pour en prendre la

responsabilité ; il est indispensable de réactiver temporairement la fonction

« vulgarisation » étatique (malgré ses défauts) et de la renforcer durant la période

transitoire, et, de concevoir en parallèle une meilleure approche pour tracer les

perspectives de création et de financement de cette « vulgarisation professionnelle »

ainsi que le passage progressif de l’une à l’autre.

L’approche de la vulgarisation (conception, préparation et transmission du message…)

doit être redéfinie, sachant bien que les thèmes anciens, conçus au coup par coup,

d’apport d’un peu plus d’engrais ou de désherber… , ne peuvent être de mise et de

s’orienter vers les véritables problèmes que ressent l’exploitation : âge avancé de

l’exploitant et succession possible ou impossible, exiguïté de l’exploitation, rentabilité

des différentes spéculations, indexage des prix des produits animaux sur les prix des

produits céréaliers, baisse de la fertilité des sols, coûts élevés de la mécanisation,

salaire et revenu de l’exploitant, adaptation des résultats de la recherche à la structure

de l’exploitation, possibilités de maîtrise de l’effet climatique annuel et pluriannuel,

approche bancaire pour le financement complètement inadaptée avec le contexte de

l’agriculture et de l’agriculteur…

L’identification de l’URAP, et donc de l’UTAP à la « profession », est à revoir ; car si

celles-ci représentent les agriculteurs, en tant que syndicat, elles ne peuvent être leur

organe de développement, de vulgarisation, de réforme foncière… ; il est donc

indispensable d’initier les agriculteurs, c’est-à-dire la véritable profession à

s’organiser à la base, volontairement, suivant leurs centres d’intérêt réels, à

subventionner fortement ces structures de bases pour leur permettre de recruter des

spécialistes et travailler leurs intérêts qui sont différents de ceux du consommateur ou

du fonctionnaire et de se rassembler au sein de Chambres d’agriculture, comme pour

l’Industrie ou le Commerce….

Cette tâche de préparation et de soutien de la profession à ses nouvelles responsabilités

ne peut être conçue, légiférée, financée et réalisée que par l’Administration et en

particulier par la vulgarisation officielle et en dialoguant avec quelques bons

agriculteurs et des connaisseurs du monde rural qui peuvent servir de références.

Ces travaux préparatoires devront aboutir à un calendrier qui définit les étapes à suivre

pour tous les acteurs concernés, en parallèle avec les actions prévues que notre étude

ne permet pas de mettre à un niveau national, peuvent être étudiés, simplifiés (étude de

faisabilité) et testés au niveau du gouvernorat.

Enfin, cette idée de projet, une fois acceptée et traduite dans la pratique {y compris la

remise en activité d’un réseau provisoire de relance de la vulgarisation (CTV & CRA)

pour les 10 prochaines années et préparation de la profession à la relève}, devra

disposer des moyens et subsides sur toute la période d’action et éviter les à-coups qui

perturbent toute action qui se veut continue.

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phase

92

iii. Volet « Structure de la recherche » :

Le volet « Structures de la recherche » ayant été traité avec l’idée de Projet n°7 : Mise en

place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage - changements

climatiques » adaptée à la région du Kef, il n’y a pas lieu d’en reparler ici.

B. Perspectives actuelles en rapport avec la mise en œuvre de la stratégie de

développement des structures d’appui étatiques et professionnelles

La création future d’une technopole dans le Nord-Ouest de la Tunisie (dont le site principale

serait à Jendouba) en tant que moteur de développement et d’innovation, aura les prérogatives

nécessaires pour la mise en œuvre de la stratégie de développement des structures d’appui

étatiques et professionnelles.

Actuellement, la technopole qui sera proposée pour étude, aura principalement à contribuer à

la réalisation des objectifs stratégiques suivants :

Renforcer les liens entre la recherche, la formation, le développement et les activités

économiques en vue d’améliorer la capacité compétitive des entreprises et des produits

et services de tous les secteurs économiques présents ou à développer dans la région

du Nord-Ouest,

Appuyer et encourager l’innovation en suscitant son développement au sein des

entreprises existantes, en favorisant l’incubation et la création d’entreprises

innovantes, notamment par la valorisation des acquis de la recherche, en soutenant et

stimulant les projets innovants et en promouvant l’esprit d’entreprise et la culture

technologique,

Favoriser l’investissement direct en partenariat avec des firmes étrangères intéressées

aux ressources et potentialités du Nord-Ouest, et

De manière générale, stimuler et contribuer à la création de nouvelles opportunités

d’emploi, tout en veillant à une bonne adéquation entre la demande et la formation,

notamment pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

Son domaine d’intervention touche à toutes les structures intervenantes des différents secteurs

économiques. Cette large couverture permettra d’assurer d’une part l’optimisation du

partenariat entre les acteurs et d’autre part l’élargissement des domaines d’activités agricoles

à travers leur intégration à l’industrie agro-alimentaire encore rudimentaire dans le

gouvernorat du Kef. Outre ces éléments stratégiques qui relèvent de la technopole, la

diversification de l’économie régionale aura nécessairement des avantages certains en matière

d’appui au financement du secteur agricole et en matière d’atténuation des pressions sur les

ressources naturelles.

4.1.9. Idée de Projet n°9 : Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de

l’environnement rural

Cette idée de projet de mise en place d’une stratégie de sauvegarde de l’environnement rural

pour le Kef, notamment pour la teneur en nitrates des nappes, couvre 2 volets : (i) Les études

et la recherche d’une part et (ii) Les actions de terrain d’autre part.

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phase

93

(i) Volet études et recherche :

Dans le document de l’étude présenté en phase 2, il avait été précisé que d’après l’annuaire de

la qualité des eaux souterraines de la Tunisie publié par le BIRH-DGRE, toutes les nappes

profondes avaient montré de teneurs en nitrates dans les normes de potabilité ou même

inférieure, et que par contre, les nappes phréatiques présentent des valeurs en NO3 plus

élevées que celles des nappes profondes résultant de l’utilisation des engrais chimiques

conformément au tableau ci-après :

Tableau n°6 : Qualité des nappes phréatiques dans le gouvernorat du Kef

Nappe Salinité Nitrates

Plaine du Kef Caractérisée par des zones à salinité forte au

Centre et au Sud Ouest de la plaine

Teneur assez élevée et variable suivant les saisons et

les années due à l’utilisation des produits fertilisants

en années pluvieuses

Bled Charène Caractérisée par une eau de bonne qualité

inférieure à 2 g/l reflétant la nature

lithologique du réservoir sable argileux

Moins chargée en nitrate que celle de la plaine du

Kef. La teneur est variable en fonction de l’utilisation

des produits fertilisants en années pluvieuses

Sers Caractérisée par une eau de bonne qualité

reflétant la nature lithologique des reliefs

constituants le bassin versant

Teneur assez élevée et variable suivant les saisons et

les années due à l’utilisation des produits fertilisants

en années pluvieuses. En 2003, cette teneur a varié de

28,5 à 219 mg/l

Zouarine Bonne qualité Teneur moyennement élevée et variable suivant les

saisons et les années due à l’utilisation des produits

fertilisants en années pluvieuses. En 2003, cette

teneur a varié de 0,62 à 122 mg/l

Sra Ouertaine Bonne qualité La teneur en nitrates est plus élevée que la norme de

potabilité.

Ouled

Boughanem

La teneur en nitrates reste dans la norme de potabilité.

Le maximum observé est de l’ordre de 63 mg/l.

Bled Abida Bonne qualité La teneur en nitrates est élevée au Nord Ouest de la

plaine (Ramlia) et moyennement chargée au Sud Est.

Cette teneur est variable en fonction de l’utilisation

des produits fertilisants en années pluvieuses

Les petites

structures

La teneur est plus élevée en années pluvieuses et varie

de 47 à 130 mg/l.

Kalâat

Khasba

Appelée fossé d’effondrement, la nature

lithologique du réservoir est formée par des

graviers, sables et argiles donnant une

qualité d’eau variable mais toujours

inférieure à 3,5 g/l

La teneur en nitrates reste toujours dans la norme de

potabilité.

Les teneurs énoncées dans ce tableau appellent les commentaires suivants :

Si dans les plaines de Bled Charène et du Sers, il existe des superficies assez

importantes qui sont irriguées et qui expliquent la « teneur assez élevée et variable

suivant les saisons et les années due à l’utilisation des produits fertilisants en années

pluvieuses », par contre dans la plaine du Kef où les superficies relativement réduites de

l’irrigué rendent l’explication plus difficile, et que davantage de suivi est nécessaire ;

A Bled Abida, la teneur variable constatée peut être causée effectivement par

l’utilisation des produits fertilisants en années pluvieuses

Cette idée de projet implique, pour ce volet, un suivi régulier de ces nappes mais aussi une

analyse régulière des sols des périmètres irrigués en vu de la détermination des apports azotés

annuels à effectuer en fonction de la teneur du sol et de l’eau d’irrigation et des besoins des

cultures et ainsi éviter tout accroissement de la teneur de la nappe en nitrates.

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phase

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Cette idée de projet se complète avec l’Idée de Projet n°4 « Développement des cultures de

plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en

place de projets sur le modèle: Un Village - Un Produit » qui vise des recherches

approfondies et un développement de ces espèces spontanées de plantes, une extension de

leurs culture et, donc une réduction des superficies céréalières faites dans des zones non

appropriées.

(ii) Volet Action de terrain :

Dans tous les cas de figure cette idée de projet implique bien entendu un suivi, mais et

surtout une action à caractère agronomique d’encouragement aux assolements bien équilibrés.

La forte teneur en nitrates des nappes provenant des sols cultivés, il importe qu’on fasse

évoluer les itinéraires techniques adoptés pour ces cultures, basées sur des apports intensifs en

engrais chimiques, vers des itinéraires où l’apport azoté aux cultures se fasse davantage par

des voies organiques que chimiques. Or au Kef, si on reconnaît que la superficie occupée par

des sols en pente est importante et que les grands programmes de lutte pour la conservation de

ces terres, on relève par contre que les systèmes de cultures pratiqués même dans ces plaines

du Kef, de Bled Charène, du Sers ou de Bled Abida connaissent des chutes de rendements,

justement suite à l’épuisement de leurs réserves organo-minérales et la véritable érosion

chimio-organique engendrée par le choix inconscient de ces systèmes et l’intensification des

opérations culturales.

L’absence de restitution de matière organique et d’actions menées contre ce phénomène

forme à la fois un inconvénient majeur pour l’amélioration des rendements des cultures, et

contribue à la pollution des nappes par l’infiltration de certaines quantités de nitrates.

L’adoption d’assolements enrichissants pour le sol par l’introduction de légumineuses et de

fourrages est nécessaire et donne plus d’importance aux idées de projets n°1(Développement

intégré de la moyenne et de la grande exploitation et n°2 (Projet pilote de soutien et de

financement de l’exploitation intensifiable) qui de fait doivent insister sur l’introduction de ce

genre de rotations. De même, l’encouragement du ley-farming de type australien avec un

assolement blé-medic dans les zones les moins arrosées du gouvernorat réduira encore plus

l’infiltration des nitrates.

Par ailleurs, comparés aux périmètres collectifs, la situation des puits de surface du

gouvernorat se caractérisent par une intensification culturale élevée et se traduit par des

extensions des superficies irrigables souvent non maitrisées ; ceci concerne en particulier

les nappes de la plaine de Kalâa El Khasba, de Bled Abida, de la plaine du Kef et de Bled

Charène. Cette intensification se concrétise surtout par une extension des cultures d’été

grandes consommatrices de nitrates. Dans ces cas, il faut que les projets ne contournent pas

la difficulté par de nouvelles mobilisations de ressources en eau, mais doivent contrecarrer

cette solution de facilité et orienter les systèmes de production vers une plus grande

alternance de cultures d’hiver avec les cultures d’été.

4.1.10. Idée de Projet n°10 : Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins

fourragers et pastoraux de la région

La pression exercée actuellement sur la forêt constitue un risque majeur pour la partie Nord-

Ouest du gouvernorat. La forêt connait une dégradation sévère, due au prélèvement excessif

de bois d’énergie, au défrichement, à l’exploitation irrationnelle et souvent anarchique de

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phase

95

certaines espèces pour des fins domestiques ou industrielles, et au surpâturage... Cette

dégradation a des effets indirects qui peut conduire à terme à l’appauvrissement et à l’exode

des ruraux. La forêt constitue un espace de vie pour pas moins de 34500 habitants, soit près de

26% de la population rurale du gouvernorat. Le surpâturage est effectué par un cheptel

composé d’environ 105.000 têtes de petits ruminants et 1.200 têtes bovins est considéré

maintenant comme menaçant et devient plus effectif en années sèches.

Les différentes formes de pression sur la forêt qui joue dans la région un rôle économique,

social et écologique important, risquent de s’amplifier en l’absence de l’organisation des

populations usagères et d’aménagement des massifs les plus importants.

Cette Idée de Projet forme l’ébauche d’une réflexion à inaugurer avant le démarrage du

projet et durant la préparation de son étude de faisabilité. Le but étant de permettre la mise

en cohérence de la stratégie des forêts avec les besoins fourragers et pastoraux du cheptel de

la région. Comme cela déjà été dit, les formes de pression sur la forêt risquant de s’amplifier

en l’absence d’aménagement des massifs les plus importants et de l’organisation des

populations usagères, 3 idées nouvelles sont à introduire dans les priorités d’action des forêts

et viendront compléter la panoplie d’actions déjà proposée pour les stratégies de production

dans le but d’améliorer la contribution des forêts dans le bilan fourrager, actuellement très

défaillant.

La stratégie des forêts et les études de faisabilité qui devront préparer les nouvelles

stratégies, devront comporter dans l’avenir 3 volets techniquement et financièrement

distincts. Chacun de ces volets sera entamé par un programme de recherche dans la mesure

où la technique à utiliser n’est pas connue.

A. Volet 1 : Revoir le choix des espèces utilisées pour le reboisement et baser l’action sur

des reboisements comportant au moins 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors

de l’acacia dont les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour améliorer

l’alimentation animale…,

A.1. La recherche : Malgré qu’il est doté d’une richesse floristique et d’une

diversification naturelle importantes, le Kef, non seulement n’exploite pas ce patrimoine

qui se trouve aujourd’hui menacé par suite de cette pratique du surpâturage et de la mise

en culture effectuée par la population dès qu’il y a un peu de pluie dans la région au

risque même de l’extinction de certaines espèces qui peuvent avoir une valeur fourragère

et environnementale certaines.

Et alors qu’actuellement, on ignore si la végétation spontanée réunie dans ces forêts

pourrait présenter un jour un pâturage satisfaisant, équilibré ou suffisamment étalé dans

l’année, un programme de recherches appliquées sur les espèces et écotypes palatables

doit être mis en place et engagé pour étudier la végétation arborée, arborescente ou

herbacée (comme le scolyme d’Espagne « bouholiba » ou le trèfle rouge du Dyr…) …

pour dégager celles qui peuvent avoir une valeur fourragère pour le cheptel et faire partie

des programmes de reboisement et autres. L’idée du projet n°10 est d’autant plus

défendable, dans le cadre de la double urgence économique et climatique, que ces

créneaux s’avèrent prometteurs et que le développement de ces espèces et écotypes

formerait un jour la base du développement de types d’élevages montagnards organisés

autour de productions animales de terroir et permettre d’élaborer des programmes de

développement durable.

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A.2. Développement d’une économie montagnarde incluant un élevage rationnel : En

attendant les résultats de ces recherches qui vont prendre le temps qu’il faut et à condition

qu’on leur réserve les moyens humains et financier au sein de cette stratégie des forêts,

un programme de développement d’une économie montagnarde incluant un élevage

rationnel pourrait être entamé, mais non improvisé. Il devra engager des zootechniciens et

des pastoralistes, leur prévoir un complément de formation par des stages dans des zones

comme le Massif Central en France ou le Jura en France ou en Suisse ou les Pré-Alpes en

Italie…pour maîtriser l’approche et les facteurs de réussite des habitants de ces zones…

pour mettre en place des exploitations s’inspirant de ces modèles et démarrer l’action

avec des races bovines rustiques importées de ces régions (comme la tarentaise ou la

brune des Alpes) et des races ovines locales pour lesquelles un travail de sélection sera

entamé. Le reboisement qui devra entre temps se continuer, inclura dans le choix des

espèces utilisées 40 ou 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors de l’acacia dont

les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour améliorer provisoirement

l’alimentation animale du cheptel existant, et pour être étudié pour le cheptel rustique à

introduire…

B. Volet 2 : Le volet 2 devra, selon la même approche en matière de recherche et de développement, introduire des techniques de ressemis, en sous bois, d’espèces fourragères et pastorales herbacées de bonne valeur fourragère simultanément avec les programmes de reboisement…,

C. Volet 3 : Le volet 3 formera la base de l’Idée de Projet n°3 (Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non durables et de

rajeunissement des exploitants) déjà présenté, qui par une utilisation de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu de faire appel aux travaux mécaniques, permettra de servir des salaires à la population et lui donner des moyens de financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent dans ces zones.

4.1.11. Idée de Projet n°11 : Intégration de la stratégie de CES dans les actions

foncières

Dans la conception de la stratégie de CES, il y a lieu de dégager deux profils d’exploitants

chez qui les interventions de CES doivent se faire.

i) D’une part réserver une partie de la stratégie des CES à des zones ou des groupes qu’on

appellera « zones ou groupes prioritaires » et qui sont :

les zones incluses dans les programmes d’intervention de l’AFA pour la réalisation

d’un remembrement effectuer une « étude des travaux de CES nécessaires dans les

zones incluses dans les programmes d’intervention de l’AFA pour la réalisation d’un

remembrement »,

Le groupe des «ESSAS» intensificatrices éligibles à l’Idée de Projet n°1 pour le

« Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation »,

Le groupe des «ESSAS» intensifiables et du groupe des «ESSAS» remodelables à qui

on veut donner une chance de faire «le saut en avant» nécessaire pour atteindre une

durabilité qui leur permet de se défendre contre la double urgence économique et

climatique, et éligibles à l’Idée de Projet n°2 (Projet pilote de soutien et de

financement de l’exploitation intensifiable) où les exploitations ont une superficie

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insuffisante pour parvenir à la viabilité et les exploitations dont le morcellement

interdit toute intensification…

ii) D’autre part réserver une partie de la stratégie à« étude du plan foncier du bassin versant

et la de sorte que l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence d’une

exploitation remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se

justifient de nouveaux investissements.

4.2. Plan d’action complémentaire

Ces idées de projets qui doivent faire l’objet d’études de faisabilité, se doivent d’être

complétées par des mesures d’accompagnement, notamment au niveau des structures de l’Etat

qui devront en prendre l’initiative, les financer en grande partie et les accompagner jusqu’à

réalisation.

Ce plan complémentaire ou mesures d’accompagnement, qui doit être pris en compte dans ces

études de faisabilité, doit inclure obligatoirement :

Le recrutement d’ingénieurs agronomes, de zootechniciens et de vulgarisateurs pour

accorder les besoins du CRDA avec les actions attendues et la remise en place d’un

réseau de relance de la vulgarisation (CTV & CRA) pour les 10 prochaines années et

la préparation de la profession à la relève ;

La préparation de textes intérimaires pour le gouvernorat, et à titre de test définissant :

L’approche à adopter et les moyens à réserver par l’AFA pour favoriser les départs

d’agriculteurs âgés, la reconversion de petits agriculteurs, l’acquisition d’ESSAS

non durables et d’ESSAS remodelables (par achat ou location à long terme) en vu

d’agrandissements à effectuer pour « durabiliser » d’autres ESSAS ;

L’approche à adopter et les moyens à réserver pour l’installation et la densification

de la présence d’ingénieurs-exploitants en liaison avec l’AFA et pour définir les

nouvelles voies à suivre par celle-ci dans la région ; la création d’un projet spécial

au sein de l’agence de l’AFA du Kef, spécifique à cette action pilote pourrait être

une solution avant de prendre des textes qui généralisent l’action au niveau

d’autres gouvernorats ;

L’organe qui aura pour charge l’exécution de ces textes : soit une Unité renforcée

spéciale de l’AFA, soit une Société Régionale d’Aménagement Foncier.

Au niveau de l’enseignement à l’ESAK, une réorientation partielle des programmes

est nécessaire pour créer une section de « formation d’ingénieurs à installer sur des

exploitations ».

4.3. Les effets attendus

4.3.1. Horizon des effets attendus

Pour diagnostiquer, les effets attendus, il faut qu’il soit déterminé au préalable les dates

auxquelles seront achevées les études de faisabilité des différentes idées de projets

présentées ; et les dates et volumes des actions qui seront entreprises.

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La présente étude s’achevant au courant de l’été 2008, si les crédits pour l’étude de faisabilité

sont prévus pour 2009, elle pourra être réalisée au courant 2009, sinon en 2010. Les demandes

de budgets se faisant en 2011, il y a lieu de penser que le démarrage de l’action serait pour la

campagne agricole 2012-2013 et les effets sont donc à attendre pour 2022-2023.

Cependant, la mauvaise récolte 2007-2008 qui est en cours, donc le faible revenu (ou

l’absence de revenu) de l’agriculteur, et l’endettement supplémentaire qui en résulteront pour

l’agriculteur, conjugués avec la montée des prix du carburant, du matériel agricole, des

aliments du bétail, des intrants et des salaires représentent déjà une difficulté immense pour le

démarrage de la campagne 2008-2009…, ce qui milite en faveur d’une intervention rapide du

budget de l’Etat pour améliorer la situation et les difficultés que rencontrera cette prochaine

campagne. Ce nouvel endettement venant à s’ajouter à l’endettement pré-existant qui est déjà

très élevé.

Compte tenu de ces impondérables, nous présentons ci-après, dans quels créneaux pourraient

se situer les effets possibles à attendre en 2024 pour surmonter ces menaces en grande partie

endogènes et pour lesquels, il n’y a pas eu de mesures d’ampleur suffisante en temps utile,

mais aussi exogènes qui résultent du double défi climatique et économique qui forme un

tournant pour l’agriculture du Kef aussi bien que pour l’agriculture nationale et mondiale.

4.3.2. Les effets-objectifs conditionnés par la mise en œuvre du plan d’action

Les effets à attendre d’un travail qui vise ces objectifs et à partir de la réalisation de ce plan

global d’action dépend des moyens qui seront consentis pour les entreprendre, du temps qui

sera consacré pour la réalisation du projet (une phase transitoire de 10 ans étant proposée)

et des études de faisabilité qui seront entreprises pour quantifier chaque objectif et les moyens

à lui impartir, et enfin de la date de démarrage du plan d’action. En sachant bien que la

pérennité de l’activité agricole impose la préservation des ressources naturelles de la

dégradation, et des cadres bien précis, ce qui nécessite l’implication de tous les partenaires.

Les usagers d’une même ressource, que sont les agriculteurs, devraient - sous l’initiative, la

supervision et le contrôle de l’administration - parvenir à définir et respecter des règles

d’exploitation harmonieuse de la ressource et assurer sa maintenance et le fonctionnement des

infrastructures collectives y afférentes initiées par les pouvoirs publics.

Toutefois, au vu de la situation foncière des exploitations citée plus haut en 2004, on pourrait

tenter, sur la base d’une application correcte du Plan d’Action proposé, la mise en place

de moyens suffisants par les pouvoirs publics sur le plan financier et sur le plan humain,

et compte tenu de la prudence routinière de l’exploitant qui attend de voir d’abord les

résultats chez son voisin, d’évaluer pour 2024 l’effet qui serait plutôt un « effet-objectif » à

s’assigner pour vaincre au mieux les menaces attendues :

i. Le premier effet-objectif serait déjà atteint par le passage de l’approche par secteur à une

approche centrée sur l’outil de production qu’est l’entreprise de production

(=l’exploitation agricole) comme entité à mettre à niveau pour parvenir à mettre en branle

le développement et la durabilité du secteur ;

ii. Et, simultanément, l’approche prend en compte l’entrepreneur, réel pouvoir de décision

au niveau de cette exploitation, qu’est l’exploitant par un ciblage de son revenu qui lui

permet dans le sens de la durabilité de son exploitation ;

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99

iii. Parmi les 18.100 exploitations dénombrées au total en 2004, on peut s’attendre aux

résultats suivants :

Pour les 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha (couvrant 212.000

ha), on pourrait atteindre 1.000 exploitations remembrées (couvrant 100.000 ha),

effectuant un assolement suffisamment intensif, intégrant les grandes cultures à

l’élevage et dont 10% seraient dirigées par des ingénieurs-exploitants, ayant un grand

rayonnement sur la région ; 20% pouvant être qualifiées d’exploitations réellement

intensificatrices ;

Dans les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha (couvrant 122.300 ha), il existe une bonne

tranche des ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder par de meilleures

techniques, par des remembrements ou agrandissements de la superficie…, l’effet-

objectif à s’assigner, vu la multiplicité des conditions à réunir dans ces petites

exploitations et leur éparpillement, pourrait être de 1.500 exploitations remodelées en

fin de décennie ;

Pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), il s’agira d’abord pour

l’étude de faisabilité de tirer d’exploitations en irrigué qui feraient en grande partie des

ESSAS intensifiables, et pourront mettre à profit le plan d’action proposé. Pour le

reste – cultivé en sec – elles appartiennent, en partie aux ESSAS remodelables et en

partie aux ESSAS non durables ;

Enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors

de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. L’effet-

objectif qu’on propose de s’assigner ne peut dépasser, si on veut être réaliste, 1.500

exploitations remodelées à partir des 11 mille exploitations < 10 ha.

iv. Cette approche nous amène à extraire du lot des 18.100 exploitations du gouvernorat :

5.000 à 6.000 exploitations (1.000 de plus de 50 ha + 1.500 de 10 à 50 ha + un nombre

important d’exploitations irriguées viables à déterminer + 1.500 exploitations

remodelées) qui vont être concernées par le plan d’action et de mise à niveau,

auxquels vont s’ajouter

800 autres exploitations de plus de 50 ha, et qui feraient partie de programmes

ultérieurs et,

3.000 réfractaires de taille entre 10 et 50 ha, sachant que tous les agriculteurs de cette

strate d’exploitations ne pouvaient être touchés simultanément durant la phase

transitoire.

Ainsi, en 2024 le total du nombre d’exploitants tournerait autour de 10.000

exploitations dont quelques 6.000 auraient reçues des actions au profit d’une mise

à niveau et d’une meilleure durabilité. La structuration de la profession qui se

serait faite dans ce laps de temps permettra d’aborder, avec plus de facilité et une

grande expérience certaine, la décennie suivante.

v. En contrepartie, et sur les 18.100 exploitants agricoles de 2004 ; on va se retrouver

chaque année avec une tranche d’exploitants à « reclasser » socialement par création

d’emploi ou indemnisation de retraite. Le nombre de ces exploitants à « reclasser » sera

au total, sur les 10 ans, de :

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Pour la taille supérieure à 50 ha : il n’y aurait pas d’exploitants-demandeurs

d’emplois ;

Pour la taille de 10 à 50 ha : avec les 1.500 exploitants bénéficiant de remodelage, il

resterait 3.000 réfractaires à toutes interventions durant cette période, et 1.200 seraient

favorables à une reconversion et seraient donc demandeurs d’emplois ;

Pour la taille < 10 ha :

Il va être falloir défalquer, encadrer et encourager les 1.500 exploitants

bénéficiaires d’un remodelage,

Comme on pourrait estimer et défalquer un nombre de 5.000 pluriactifs qui vont se

maintenir par leurs propres moyens,

Il resterait donc 1.900 exploitants parmi les plus âgés à encourager au départ. Il

s’agira notamment de les satisfaire par un régime de « retraite » ou de « rente

viagère » dont une partie serait à prendre en charge par le « repreneur » de

l’ESSAS remodelée.

Les procédures et formules de calculs des pensions ou retraites seraient à définir

dans les textes de restructuration foncière proposée plus haut.

Cette approche débouchera sur un total de demandeurs d’emplois s’élevant à :

1.200 parmi les exploitants de 10 à 50 ha candidats à une reconversion par vente

de leurs terres ; et

1.900 exploitants âgés à encourager au départ mais auxquels

950 (soit 50% de leurs fils aînés qui seraient aussi demandeurs d’emplois

également au départ de leurs parents), et qu’il faudrait satisfaire pour être réaliste.

Soit : 4.050 emplois nouveaux à créer sur 10 ans et à destiner à cette

restructuration foncière.

L’opération peut paraître compliquée, mais soigneusement menée, elle ne peut

que générer une plus grande durabilité de l’agriculture (sans créer de mouvements

sociaux puisque tout sera fait sur la base du volontariat), et formera un moyen de

lutte efficace contre les menaces objets de cette étude.

vi. Le morcellement des terres agricoles va pouvoir être jugulé et entrer dans un cycle de

réduction progressive ;

vii. Le revenu de l’exploitant va évoluer vers une stabilisation, et sa contribution aux

financements de ses campagnes et à ses investissements va s’accroître ;

viii. La succession de l’exploitant âgé ne sera plus soumise à un morcellement.

4.3.3. Effets techniques attendus à l’horizon 2024

Sur le plan technique, les effets attendus à l’horizon 2024, sont :

Implantations dans le gouvernorat d’ESSAS « locomotives » pour le secteur pouvant

produire plus, générer des activités agricoles, para-agricoles ou agroalimentaires

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101

intéressantes pour le développement durable de la région et contribuer à l’allégement

de la demande régionale d’emplois agricoles ;

Adoption d’assolements plus équilibrés en fonction des conditions de la climatologie

et du sol. Ces assolements incluant davantage de légumineuses et de fourrages ;

Création de prairies dont l’entretien est peu énergivore ; par implantation de luzerne,

de sulla… sur les parcelles les moins fertiles en vu d’améliorer leurs sols ;

Développement des prairies de cultures fourragères résistantes à l’hydromorphie,

notamment de la fétuque ;

Développement de la culture du médicago également peu énergivore et adapté aux

zones les plus pauvres de la région ;

Amélioration des sols par un meilleur équilibre et intégration maximale des

productions végétales et animales au sein de l’exploitation, et selon des modèles variés

répondant aux besoins de l’exploitant ; en plus d’une amélioration de la qualité du sol

par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de matière organique végétale et

animale ;

Introduction de cultures plus spécialisées (production de semences sélectionnées de

graminées et de légumineuses, engraissement de jeunes ovins ou bovins, productions

sans sol [élevage apicole] pour créer une complémentarité entre les différentes tailles

d’exploitations et favoriser l’emploi…) ;

Remplacement du matériel agricole vétuste - chez l’agriculteur et dans des structures

spécialisées - tout en optimisant les puissances des tracteurs et les attachements à

acquérir selon les normes techniques ;

Introduction de l’irrigation d’appoint ou l’irrigation totale – selon le cas - dans

l’exploitation conduite en régime pluvial chaque fois que les ressources hydrauliques

le permettent ;

la réduction maximale des coûts de production grâce à l’adoption d’une mécanisation

plus adaptée (semis direct…) chaque fois que cela est possible ;

Pour les zones sud et ouest, réhabilitation de la vocation «parcours» dans les esprits et

dans les pratiques.

4.3.4. Effets économiques attendus à l’horizon 2024

Sur le plan économique, les effets attendus à l’horizon 2024, sont :

Appel à de nouvelles formes de financement, évitant le retour à l’endettement de

l’exploitant et en liant davantage le financement au conseil technique et à

l’amélioration du revenu ;

Orientation partielle de la pluriactivité pour assurer un revenu temporaire à la

population ciblée pour les encourager à se soumettre aux impératifs recommandés

pour une meilleure durabilité de l’entreprise ;

Réduction maximale des besoins du cheptel en aliments de provenance étrangère ou

extérieure à la ferme ;

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Réduction de la tendance de l’administration d’effectuer des investissements nouveaux

en équipements hydrauliques (bassins, conduites…) à chaque fois que des

insuffisances en ressources d’eau apparaissent dans les périmètres irrigués ; et un

meilleur équilibre dans l’exploitation des ressources naturelles par des assolements

plus adaptés, des élevages qui consomment les produits de l’exploitation et une

recherche d’un plus grand équilibre entre cultures d’hiver et cultures d’été au profit

d’un Emploi plus stable… ;

Création de structures professionnelles à la base : Centres de Gestion, Coopératives ou

Sociétés pilotes de matériel agricole pour donner des exemples de structures qui

comblent des vides énormes existant actuellement dans la région ;

Essaimage à partir de structures étatiques et création d’autres modèles de structures

professionnelles;

Obtention de meilleurs prix possibles pour les produits de la ferme à travers ces

structures et à travers l’organisation par OVOP ;

Assurer à la région une mécanisation adaptée, ainsi que des structures

d’approvisionnement ou de commercialisation de la production privés et coopératifs

selon les besoins et selon l’évolution du milieu rural….

Création de possibilités d’intégration verticale pour réduire les coûts de production,

notamment en aval de la production par des industries de transformation et de

conservation et de stockage des productions excédentaires…

4.3.5. Effets structurels attendus à l’horizon 2024

Les effets attendus, à l’horizon 2024, sur le plan structurel sont :

Intégration et renforcement des activités de l’Agence Foncière Agricole au cœur du

plan d’action pour lutter contre les problèmes fonciers qui inhibent l’activité agricole,

meilleur fonctionnement du marché foncier et facilitation de la tâche entre acquéreurs

et vendeurs. Les terres domaniales, pouvant dans certaines situations, contribuer à la

solution des problèmes existants ;

Remodelage et aménagement du paysage agricole en exploitations viables et durables

et encouragement « organisé » au départ des exploitants âgés « en tout honneur »

moyennant des « moyens de subsistance acceptables » ou la reconversion dans

d’autres métiers ;

Développement du dialogue et du travail en commun entre agriculteurs en les

poussant, par la création informelle de groupes homogènes - premier jalon de la

structuration de la profession et de son organisation selon leurs souhaits - vers la

création formelle des structures qui leur seront utiles. On remplacera ainsi, par

exemple dans le domaine de l’eau, la dynamique de création des associations qui est

dictée par un choix politique qui s’inscrit dans le cadre du désengagement progressif

de l’Etat (CRDA) des missions de gestion des points des périmètres irrigués, par une

conviction à laquelle adhéreraient progressivement, les usagers des PPI de façon

volontaire ;

Formation des cadres de l’Administration à la prévision simultanée d’objectifs d’une

part, et des voies et moyens pour les réaliser d’autre part ;

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phase

103

Implication et consolidation de la Recherche et de la Vulgarisation par des

programmes adaptés aux objectifs «nationaux et locaux» déterminés en accord selon

les besoins des agriculteurs;

Une introduction régulière du problème de la relève au niveau de l’exploitation en

poussant les exploitants à encourager les jeunes membres de leur famille à recevoir

une formation agricole.

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phase

104

5. Conclusions

La présente étude s’est attaquée à l’établissement d’un diagnostic global concernant l’impact

éventuel des menaces exogènes pouvant découler des changements climatiques et

économiques attendus sur le gouvernorat du Kef. Mais ce diagnostic a dégagé un grand

nombre de menaces endogènes auxquels il faut s’attaquer en premier pour les surmonter dans

une première phase (transitoire) de mise à niveau de l’exploitation agricole, de coordination

des stratégies actuelles trop « sectorialisées » et de la préparer ainsi aux menaces exogènes.

A cet effet des axes d’orientation stratégiques ont été proposés, et ne pouvant être traduits en

actions séparées sans courir le risque de les voir aboutir - comme les stratégies sectorielles

existantes - à une dispersion des efforts très dommageable pour le gouvernorat ; ils ont été

refondus dans un plan d’action et assemblés en idées de projets intégrés, avec des objectifs

bien déterminés et à exécuter par des équipes pluridisciplinaires sous l’égide d’un Comité

Unique de Pilotage des Stratégies « CUPS ».

Etant bien précisé qu’au niveau de la présente étude, on ne peut que donner les grandes lignes

de ces projets, et que des études de détail sont à prévoir avant de passer à l’action ; il est

important de signaler que vu les retards accumulés par le passé, la stratégie présentée peut

sembler contraignante. Mais, on ne saurait retarder encore les échéances pour mener une

action énergique, sans que l’exploitation et l’exploitant agricoles ne finissent par disparaître et

laisser la place toute grande ouverte à de plus en plus d’importation ruineuse pour l’économie

agricole de la région.

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phase

105

ANNEXES

Annexe N° I : Compte rendu de la visite de terrain

du 24 et du 25 juin 2008

Annexe N° II : Problématiques et recommandations par

système agraire

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Annexe N° I

I. Compte rendu de données qualitatives recueillies sur le terrain et

relatives aux pratiques abandonnées par les agriculteurs en vu de

vérifier le bien-fondé de certaines actions que l’ingénieur conseil

envisage de recommander dans le Plan d’action, et avis des

agriculteurs sur leur vision du développement agricole

(lors des visites et discussions du 24 et 25 Juin 2008)

*****

Avant l’élaboration de ce rapport final, l’ingénieur-conseil a estimé nécessaire

d’effectuer quelques contacts avec des agriculteurs d’élite, pour vérifier le bien-fondé

de certaines actions qu’il pense recommander de façon particulière dans le Plan

d’action. Il s’agit notamment d’actions à caractères agronomiques souvent bien

établies mais abandonnées par les agriculteurs suite à des négligences ou à une

absence de suite dans les idées de la part de certains cadres de l’Administration. Des

visites ont été effectuées, à cet effet, sur le terrain des visites du 24 et 25 Juin 2008, et

mixées avec des discussions approfondies avec certains cadres de l’Administration

(notamment Forêts, CES, Recherche, Hydraulique).Dans notre Plan d’Action, il a été

en particulier des éléments évoqués dans cette annexe.

*****

Données recueillies auprès de M. Moncef Ben Abdallah Fadhloun, agriculteur exploitant

80 ha de sols argileux et profonds à Kef – Est (J. Dyr) et sous une pluviométrie de 400

mm :

Assolement suivi :

40 ha de Blé dur, Blé tendre et Orge ;

40 ha de féveroles, fèves et coriandre mais dont 10 ha sont laissés en jachère pâturée.

La jachère est pâturée en moyenne par 70 brebis (avec un complément de 500g d’orge/jour),

les agneaux sont vendus jeunes à 120 à 150 D/pièce.

Semences : l’agriculteur utilise 160 à 180 kg/ha pour le BD, 150 à 170 kg/ha pour le BT et

160kg/ha pour l’orge.

Engrais : pour les céréales : 150 kg/ha de DAP + 100 kh/ha d’ammonitre ou ANS.

Désherbage : utilise le Topic + le Granstar pour un coût de 50 D/ha.

Tracteur : un tracteur de 90 cv a été acheté en 2001 et utilisé pour l’essentiel des travaux,

Préparation du sol en Septembre: un passage de canadienne (1h/ha) et un passage d’offset

(1h/ha).

Le Blé dur, le Blé tendre et l’Orge sont récoltées à la moissonneuse batteuse de location

contre un prélèvement de 10% par l’entrepreneur.

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phase

107

La féverole, les fèves et le coriandre sont battus par une batteuse fixe appartenant à

l’agriculteur.

Rendements moyens obtenus : 20 à à 40 qx de blés et 30 à 60 qx pour l’orge ; auxquels

s’ajoutent 30 balles de peille / ha.

L’agriculteur se plaint de :

l’octroi des crédits en retard,

du taux d’intérêt élevé des crédits,

la plus grande fréquence des maladies cryptogamiques (rouille et septoriose) et du

coût des traitements phytosanitaires,

du coût élevé des équipements en cas d’introduction d’assolements plus intensifs.

L’agriculteur est pour des actions de remembrement mais pense qu’un travail de vulgarisation

assidu est nécessaire pour convaincre ses voisins.

Données recueillies auprès de M. Rafik Kaddour, agriculteur de pointe à Ebba Ksour

sous une pluviométrie régulièrement enregistrée par lui de 350 à 380 mm :

Assolement suivi :

Blé dur, blé tendre, avoine, orge : 60% environ selon la disposition des parcelles ;

Féveroles, vesces : 40% environ.

Elevage : ovins et chevaux de course.

Le fumier est totalement restitué au sol.

L’agriculteur s’est doté d’un ordinateur sur lequel il enregistre l’ensemble des données

techniques et économiques relatives à son exploitation. Parmi ces données, il nous a confié, à

notre demande, les éléments ci-après :

Coût de production calculé par le producteur : Le point mort est de 16 qx/ha pour les céréales

pour couvrir l’ensemble des charges avant les augmentations de cette année. La mécanisation

rentre pour 50% des charges à l’ha ; il faut dire que la mécanisation de cette exploitation est

bien conçue. L’agriculteur a adopté les techniques des travaux du sol sans retournement avec :

1 déchaumage en été au cover-crop, 1 passage de « Cultivi », espèce de sous soleuse importée

d’Italie tous les 4 ans ; 4 à 7 passages de cultivateur/an pour la préparation du lit de

semences ; hersage avant semis suivi d’un roulage.

L’agriculteur est un multiplicateur de la COSEM.

Les doses employées en SM2 sont de :

158 kg pour le blé dur Karim,

150 Kg pour le blé tendre Salammbo,

120 kg pour l’avoine,

90 à 98 kg pour l’orge

200 kg pour le foin de vesce avoine dont 60% d’avoine.

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phase

108

Les rendements obtenus sont satisfaisants, exception faite de cette année qui a été très peu

pluvieuse. Sa moyenne calculée est de :

Blé dur : 16,5 qx/ha,

Blé tendre : 18,2 qx/ha,

Orge : 22 qx/ha,

Avoine : 15 qx/ha,

Féveroles : 8 à 10 qx/ha mais une partie est retournée comme engrais vert.

Observations de l’agriculteur sur les dernières années d’exploitation et sur la situation

présente :

La notion de «gros agriculteurs» est à revoir du fait des partages successoraux, et

surtout du fait de l’érosion du revenu de l’agriculteur suite aux bas prix intérieurs des

céréales, et de l’augmentation des coûts de production,

Le nombre de petits grains et le taux de casse sont entrain d’augmenter dans la

production malgré le bon réglage de la moissonneuse batteuse,

Dégénérescence observée sur les rendements obtenus,

Absence de création de variétés nouvelles par la recherche,

Les semences contiennent du brome qu’il élimine grâce à un séparateur,

Il a un très faible refus auprès de la COSEM,

Le coût de la mécanisation devient inquiétant du fait du coût des machines qu’il

n’arrive pas à renouveler et du coût du carburant,

L’agriculteur pense que l’introduction du médicago serait bénéfique pour ses voisins

qui ne cultivent pas de légumineuses et de vesce-avoine comme lui,

Grâce à la pratique de l’assolement pour lequel il a opté, la teneur de ses sols en

matière organique est passée chez lui de 1,20 1,90 à 2,85 actuellement par suite de ses

pratiques,

Par contre, il n’est pas d’accord avec l’introduction du semis direct, par suite des

risques de pollution par les désherbages préalables nécessaires,

Pour l’adhésion à des structures professionnelles, son adhésion à la COSEM semble

lui donner un mauvais exemple sur les problèmes de gestion de pareilles structures,

il est d’accord pour l’introduction de l’irrigation d’appoint des céréales, mais pense

qu’il y a une incompatibilité entre les coûts que risquent d’atteindre ces irrigations et

les rendements des variétés actuelles.

Enfin, il pense que l’augmentation des prix des céréales, cette année à 55 45 et 40D/ql

d’orge n’a pas d’impact sur l’agriculteur du Kef du fait de l’absence de récolte

2007/2008. Sachant qu’on est dans une période de décroissance pour l’agriculture, il

est très insuffisant pour l’avenir ; par ailleurs, il y a lieu de résoudre correctement le

problème de l’endettement et du financement de la campagne 2008/2009.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

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Données recueillies auprès de la SMVDA Mabrouka, agriculteur au Sers :

La SMVDA est dirigée par M. Kamel Ben Chadli agriculteur qui a une propriété voisine et

membre de l’UTAP. Lors de la visite, il était absent, et les données ci-dessous nous ont été

communiquées par un gérant qui ne semblait pas être bien au courant. Les données sont donc

à prendre sous certaines réserves, on n’a utilisé que celles qui nous ont semblées dignes de

foi.

Dans cette exploitation la pluviométrie de cette année a atteint 256 mm, alors que la

pluviométrie moyenne enregistrée à la proche station de Lorbeus est de 450 mm. (à noter qu’il

y a pas mal de contradiction dans les données pluviométriques évoquées par les uns et les

autres dans ce gouvernorat.

La SMVDA applique, à titre expérimental, pour la 3ème

année consécutive la technique du

semis direct sur 296 ha, et le semis conventionnel sur 375 ha.

Assolements pratiqués :

Assolement 1 :

Féveroles

Orge, avoine & triticale

Assolement 2 :

Jachère

Orge, avoine

Assolement 3:

Medicago

Orge

Les rendements des céréales sont de 28 qx/ha d’orge sous semis direct et de 27 qx/ha sous

semis conventionnel.

L’assolement 3 est appliqué sur 400 ha environ et permet, avec une complémentation,

d’entretenir un troupeau de 1000 brebis de races queues fines et Thibar :

Le troupeau est introduit sur les prairies de médicago de Mars à Juin ;

L’agnelage a lieu en Août, le taux de fertilité semble faible,

en Septembre, il pâture les chaumes ; ensuite d’Octobre à Février, il est affouragé avec

du foin ou de la paille traitée et de l’ensilage de triticale à volonté ;

Un complément d’orge est servi /jour à raison de 200 à 450 gr /tête,

Données diverses recueillies auprès de quelques techniciens du CRDA :

Le coût de production à l’hectare avoisine au minimum une production de 12 qx/ha.

Les traitements fongiques deviennent fréquents avec les variétés actuelles, et grèvent le coût

de production.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

110

Les pertes après récoltes deviennent importantes par suite de l’état du matériel disponible

dans la région. Une législation limitant l’âge des moissonneuses batteuses est nécessaire.

Les visites des vulgarisateurs sont très irrégulières par suite du manque de véhicule et de

carburant ; l’Office de l’élevage est mieux doté en moyens.

L’ODESYPANO est mieux doté pour encadrer sa zone d’impact

Sur les parcours, on constate une augmentation des plantes impalatables suite au déséquilibre

entre la charge et le potentiel de ces parcours.

Les textes ne permettent pas de donner des crédits aux groupements

L’organisation d’une pluriactivité autour des projets des forêts et des « périmètres pastoraux »

aide au maintien des usagers et habitants des forêts.

Le reboisement et les programmes de plantations se font à base de pin d’Alep, d’acacia et

d’Atriplex.

N B : Il y a une grande réticence des responsables des forêts à l’introduction de davantage

d’espèces fourragères dans leurs programmes.

Réponses du Pôle de Recherche Développement Agricole du NO :

Pour compléter les éléments recueillis lors des visites et discussions du 24 et 25 Juin 2008, et

comparer les « idées d’actions » que le consultant envisage, il remit les questions écrites

suivantes au Pôle de Recherche Développement Agricole du Nord Ouest. Ci-après les

questions et les réponses reçues :

Les assolements recommandés pour les différentes conditions (pluviométrie et

sols) du Kef ?

Les assolements recommandés pour les conditions du gouvernorat du Kef :

La zone du semi aride supérieur : pluviométrie 400 à 500mm (région de Nebeur,

Touiref, Sakiet) :

Légumineuses à graine (fèves féveroles, pois chiche, petit pois) – céréale

Légumineuses fourragères (sulla, pois fourrager, bersim, vesce) – céréale.

La zone du semi aride inférieur : pluviométrie 300 à 400mm (région du Kef-Est, Sers,

Dahmani) :

Légumineuses à graine (lentille) – céréale,

Légumineuses fourragères (médic avec ressemis, vesce, sulla de Sousse) – céréale.

Quelles sont les meilleures têtes d’assolement pour le Kef ?

Les meilleures têtes d’assolement pour le Kef sont :

Légumineuses à graines : fèves féveroles, pois chiche, petit pois, lentille, médic,

vesce.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

111

Légumineuses fourragères : sulla, pois fourrager, bersim, médic, vesce.

Les variétés céréalières et fourragères actuelles sont elles adaptées à la tardivité

du Kef ?

Les changements climatiques sont très variables d’une année à une autre et d’une saison à une

autre au sein de la même année, ce qui rend la réponse à cette question assez délicate. Peut-

être que ces variétés sont plus ou moins adaptées, ce qui mérite de le vérifier avec des essais

précis.

Faut-il de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés tardives de

céréales pour le Kef ?

Oui, il est nécessaire voire indispensable de développer un programme d’amélioration

génétique des céréales et de fourrage spécifique à la région du Kef et éviter de généraliser la

culture des variétés actuelles quelque soit la région en Tunisie.

Faut-il de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés irriguées de

céréales pour le Kef ?

Il est absolument nécessaire de mettre au point un programme d’amélioration génétique pour

développer de nouvelles variétés de céréales et de fourrages irriguées dont le potentiel

génétique répond significativement à l’irrigation.

Quelles cultures fourragères annuelles et pérennes à recommander pour le Kef ?

Les cultures annuelles sont telles que : le bersim, le pois fourrager, la vesce, la luzerne

annuelle (medic), le sulla de Sousse (Hedysarum carnosum) qui est une espèce annuelle.

Les cultures pérennes sont telles que : la Sulla d’Italie (Hedysarum coronarium) comme

culture bisannuelle, la luzerne cultivée et la fétuque dans certaines zones.

Votre avis sur le medicago ? Faut-il le relancer ?

Le médicago est un excellent système de culture qui a fait preuve de sa réussite en Australie

mais aussi en Tunisie, en Algérie, au Maroc et dans de nombreux pays du Moyen Orient. Ce

système de ley-farming Médic/Céréale n’a pas réussi chez les petits et moyens agriculteurs à

cause du manque de compétence et de conscience et de vision agronomique de ce système et

ses intérêts à long terme. On peut le relancer mais toutefois, il faut l’adapter au niveau

intellectuel de nos petits et moyens agriculteurs. Dans ce sens, j’ai soumis il y a un certain

temps une proposition de recherche accompagnement sur ce système adapté aux agriculteurs

tunisiens qui attend le financement. L’équipe de recherche au Kef peut faire la différence dans

ce domaine.

Que pensez- vous des assolements longs (8 et 10 ans) pour améliorer la qualité

des sols ?

Ces assolements sont assez longs et ont besoin de persévérance, de suivi et de continuité pour

voir les résultats positifs et les améliorations certaines de la qualité des sols et des rendements.

Aux USA certains assolements à long terme continuent à être suivis et évalués pour 10 ans à

l’Etat de Missouri.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

112

Quel est votre avis sur le Centre Technique des Céréales (CTC) et sur ses

réalisations

Le CTC est une structure de liaison entre la recherche et les agriculteurs. Il a fait preuve de

son efficacité dans la réalisation des tâches qui lui ont été confiées. Actuellement, il a établi la

carte de distribution des variétés de céréales, le paquet technologique de la culture des

céréales, la carte de distribution des maladies des céréales, les normes de fertilisation P et N

des céréales, le réglage des machines agricoles et la carte de distribution des mauvaises herbes

en plus de l’organisation des sessions de formation des techniciens et des agriculteurs et

l’organisation des journées d’information au profit des techniciens et des agriculteurs. Je crois

qu’en dix ans ces réalisations sont louables et doivent être encouragées et consolidées.

Quel est votre avis sur le semis direct ?

Le semis direct est un système de gestion des ressources naturelles qui respecte toutes les

composantes du milieu et qui vise la durabilité du milieu et es facteurs de production. C’est

l’agriculture de conservation pour ceux qui sont conscients de la conservation de nos

ressources naturelles. Le semis direct a fait sa preuve et son efficacité dans de nombreux pays

développés. Les premiers résultats des essais de semis direct en Tunisie sont encourageants

malgré les conditions dans lesquelles il a été réalisé. Le fait que de nombreux agriculteurs et

SLVDA ont adopté ce système de culture démontre de son intérêt certain. Il faut donner

l’attention qu’il faut au semis direct dans de nombreuses régions en Tunisie particulièrement

au moment où le prix du carburant (travail du sol) est devenu une charge lourde dans le coût

de production et les labours fréquents n’ont fait qu’aggraver l’érosion des sols.

Que pensez-vous des plantations de vigne à El Felta et à Kalaâ El Khasba ?

Ces plantations sont conformes à la carte agricole et à la vocation des sols dans ces régions.

C’est une expérience très intéressante avec des revenus garantis. Il faut vulgariser et

multiplier cette expérience dans d’autres régions similaires.

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CNEA / Rapport de la 3ème

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Annexe N° II

Problématiques et recommandations par système agraire (compte tenu des

dimensions de la durabilité)

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phase

114

1. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne »

1.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »

Structurelle

Problème de transmissibilité : Manque

d’opportunités locales d’emploi des

jeunes ce qui pourrait engendrer dans le

futur des problèmes de successeurs.

- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités

génératrices de revenus.

- Diversifier l’économie régionale

- Soutenir le coût de transport pour encourager l’installation d’industries dans la région.

- Inciter à l’installation de projets d’écotourisme.

- Améliorer les conditions de vie dans la région.

- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres (par exemple

paiement d’une taxe de non exploitation…).

Structurelle

Structure des exploitations agricoles

contraignante : Dominance de la petite

propriété (80% des exploitations ont une

taille inférieure à 10 ha) et morcellement

des terres.

- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu

minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources

disponibles).

- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).

- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.

Economique

Autonomie financière réduite : La

majorité des exploitations sont endettées.

- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités

individuelles de remboursement.

- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité

économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité

(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère

familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.

- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur

persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une

réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

115

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »

Economique

Problème de viabilité pour la moitié des

exploitations et recours à la pluriactivité :

La superficie minimale permettant de

garantir le SMAG est de 4,7 ha.

On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des

exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance

de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la

stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer

l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.

Technique

Système de production extensif basé sur

la monoculture céréalière et des pratiques

culturales très simplifiées malgré les

conditions pédoclimatiques favorables.

L’amélioration de la productivité des cultures en sec doit se faire moyennant une utilisation

plus importante en intrants. Les conditions pédoclimatiques favorables représentent des

facteurs de facilitation du nouveau paquet technique.

Technique

Erosion importante des terres : 73%

des terres sont menacées par l’érosion.

L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les

agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La

conception doit être conçue exploitation par exploitation.

Technique

Envasement des ouvrages

hydrauliques : La capacité du barrage de

Mellègue a été réduite de 52% depuis la

date de sa création en 1954.

L’aménagement intégré des bassins versants est nécessaire pour éviter l’envasement rapide

des barrages et des retenus collinaires qui sont coûteux et qui permettent de mobiliser le

potentiel important des eaux de surface.

De plus, le dimensionnement d’un barrage doit tenir compte aussi de son aval pour

favoriser son exploitation. A ce niveau, l’administration doit étudier la possibilité d’autres

types de mobilisation autre que les retenues importantes en liaison avec le problème de

valorisation.

Technique

Surexploitation des ressources

sylvicoles : (i) Pression du cheptel sur les

parcours forestiers surtout avec

l’augmentation des prix des aliments de

bétail et du coût de production des

fourrages et (ii) Prélèvement continu du

bois de chauffe par la population locale

- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des

régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la

pression du cheptel.

- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme

objectif principal, sur les plantations fourragères.

- Impliquer autant que possible la population usagères des parcours et des forêts pour bien

les gérer et assurer leur durabilité.

- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder

l’état des parcours privés amélioré.

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phase

116

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »

Technique

Elevage non intégré à l’exploitation et

déficit fourrager : La conduite

alimentaire se base sur les sous-produits

des céréales, les parcours forestiers et les

broussailles.

- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux

maitriser le coût.

- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à

encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et

de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées

incontrôlables.

- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.

Structurelle

Faible participation des agriculteurs

aux organisations professionnelles :

Adhésion faible aux CSA, absence

d’organisation de base pour la gestion des

parcours forestiers…

Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la

stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de

SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.

Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population

forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de

promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins

et la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).

Technique

Productivité très moyenne : Les

rendements moyens des céréales sont dus

aux conditions pédoclimatiques

favorables qu’aux pratiques culturales.

- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers

et de mécanismes de mise en œuvre.

- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les

changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.

- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la

recherche.

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels

alloués à la vulgarisation ayant un

impact négatif sur la diffusion de la

technologie et sur l’encadrement

technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

117

1.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système I »

Conditions bioclimatiques favorables à l’intensification :

Les rendements céréaliers en sec sont relativement

acceptables mais peuvent être davantage améliorés en liaison

avec les pratiques culturales très sommaires et non valorisantes

du milieu.

Valoriser les conditions climatiques favorables en optimisant la productivité à

travers l’utilisation des variétés performantes et l’intensification accrue en

intrants.

Possibilités importantes de diversification de la

production : Arboriculture en extension, pratique des céréales

(blé et orge), du fourrage, des légumineuses et de l’élevage

ovin et bovin.

- Procéder à des plantations arboricoles pour augmenter la diversification de la

production et retenir le sol soumis à l’érosion.

- Introduire davantage de légumineuses et surtout celles utilisables pour l’élevage

en substitution aux importations (féverole).

Sous-exploitation des ressources en eau souterraines et

superficielles

Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la création de

PPI (production stable et rendements performants)

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

118

2. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires »

2.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »

Economique

Arrêt de l’exploitation des ressources

minières : Augmentation de la pression

sur le secteur agricole.

Encourager la diversification de l’économie régionale : Subventions à l’installation de pôles

industriels et aux coûts de transport.

Structurelle

Problème de transmissibilité : Manque

d’opportunités locales d’emploi des

jeunes et exode important. Cet espace

répulsif pourrait engendrer des problèmes

de succession dans les exploitations

agricoles.

- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités

génératrices de revenus.

- Améliorer les conditions de vie dans la région.

- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres.

Structurelle

Structure des exploitations agricoles

contraignante : Dominance de la petite

propriété (près de 70% des exploitations

ont une taille inférieure à 10 ha) et

morcellement des terres.

- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu

minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources

disponibles).

- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).

- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.

Economique

Autonomie financière réduite : La

majorité des exploitations sont endettées.

- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités

individuelles de remboursement.

- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité

économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité

(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère

familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.

- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur

persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une

réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.

Economique

Problème de viabilité pour près de 70%

des exploitations. L’absentéisme et le

recours à la pluriactivité sont fréquents.

On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des

exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance

de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la

stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

119

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »

l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.

Structurelle

Faible pluviométrie qui limite

l’intensification des systèmes de

production.

Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et capables de

se développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de gènes créer

récemment pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du

patrimoine ancestral.

Technique

Erosion importante et parfois

irréversible : 80% des zones collinaires

sont menacées par l’érosion.

L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les

agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La

conception doit être conçue exploitation par exploitation.

Technique

Problème d’aptitude culturale :

Extension des cultures aux dépens des

forêts et des parcours créant des espaces

déséquilibrés.

Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient être

apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un

problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale sur ce type de

terres pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager déficitaire.

Technique

Dégradation des ressources pastorales

et sylvicoles : (i) L’appropriation des

terres de parcours se traduit par une

accentuation du déficit fourrager et (ii)

Forêt réduite à un maquis.

- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des

régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la

pression du cheptel.

- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme

objectif principal, sur les plantations fourragères.

- Impliquer autant que possible la population usagères des parcours forestiers pour bien les

gérer et assurer leur durabilité.

- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder

l’état des parcours privés amélioré.

Technique

Elevage non intégré à l’exploitation et

déficit fourrager : La conduite

alimentaire se base sur les sous-produits

des céréales, les parcours et les

broussailles.

- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux

maitriser le coût.

- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à

encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et

de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées

incontrôlables.

- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.

Structurelle Participation quasi-absente des

agriculteurs aux organisations

Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la

stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

120

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »

professionnelles : Pas de CSA

fonctionnelles et absence d’organisation

de base pour la gestion des parcours …

SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.

Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population

forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de

promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins

et la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).

Technique

Productivité faible : Pratiques culturales

précaires (système de production

extensif) se traduisent par une faible

productivité (rendements bas)

- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers

et de mécanismes de mise en œuvre.

- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les

changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.

- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la

recherche.

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels

alloués à la vulgarisation ayant un

impact négatif sur la diffusion de la

technologie et sur l’encadrement

technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

Technique

Absence de ressources en eau

souterraines, ce qui limite davantage les

possibilités de modernisation de

l’agriculture.

Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources disponibles tout en les

sauvegardant (CES, amélioration pastorale, mobilisation des eaux de surface, équilibre de

l’assolement, intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des

plantations…).

2.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système II »

Possibilités de diversification de la production à l’instar de la

récente extension de l’arboriculture à base d’olivier à huile.

Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production

Possibilités de stockage et de mobilisation des eaux

superficielles

Création de retenues collinaires pour l’irrigation d’appoint qui est de nature

à inciter pour une meilleure conduite technique générant une productivité

plus importante.

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

121

3. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis »

3.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »

Structurelle

Problème de transmissibilité : Ce

problème est dû notamment au manque

d’opportunités locales d’emploi des

jeunes, à l’exode rural important, à la

dominance des exploitations de

subsistance et à l’absentéisme pour

celles de taille moyenne à consistante

(35% sont actuellement conduites en

mode de faire valoir indirect).

- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités

génératrices de revenus.

- Améliorer les conditions de vie dans la région.

- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres.

- Vu l’importance du mode de faire valoir indirect et dans le souci de préserver la fertilité du

sol, des mesures incitatrice doit être testées (location longue durée…).

Structurelle

Structure des exploitations agricoles

contraignante : Dominance de la petite

propriété (près de 90% des

exploitations ont une taille inférieure à

10 ha) et morcellement des terres.

- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu

minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources disponibles).

- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).

- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.

Economique

Autonomie financière réduite : La

majorité des exploitations sont

endettées.

- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités

individuelles de remboursement.

- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité

économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité

(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère familiale

et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.

- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur

persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une

réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.

Economique

Problème de viabilité qui concerne

surtout les exploitations relevant des

glacis du Centre (près de 90% des

fermes contre 30% dans les glacis du

On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des

exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance de

ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la

stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

122

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »

Nord). L’absentéisme et le recours à la

pluriactivité sont alors fréquents.

l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire et/ou des mesures

pour le mode de faire valoir avec une durée de location consistante permettant d’opter pour

des stratégies de développement et de sauvegarder la fertilité des sols.

Structurelle

Faible pluviométrie dans les glacis du

Centre qui limite l’intensification des

systèmes de production.

Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et capables de se

développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de gènes créer récemment

pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du patrimoine

ancestral.

Technique

Erosion importante : Les 3/4 des

terres sont menacées par l’érosion.

L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les

agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La

conception doit être conçue exploitation par exploitation.

Technique

Problème d’aptitude culturale :

Extension des cultures aux dépens des

parcours créant des espaces

déséquilibrés.

Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient être

apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un

problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale sur ce type de terres

pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager déficitaire.

Technique

Dégradation des ressources

pastorales : L’appropriation des terres

de parcours se traduit par une

accentuation du déficit fourrager.

- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des régions

et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours pour alléger la pression du cheptel.

- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme objectif

principal, sur les plantations fourragères.

- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder

l’état des parcours privés amélioré.

Technique

Elevage non intégré à l’exploitation

et déficit fourrager : La conduite

alimentaire se base sur les sous-

produits des céréales, les parcours et les

broussailles.

- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux

maitriser le coût.

- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à

encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et de

tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées incontrôlables.

- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.

Technique

Productivité faible : Les pratiques

culturales sont précaires (système de

production extensif) et se traduisent en

générale par une faible productivité

- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers et

de mécanismes de mise en œuvre.

- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les

changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

123

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »

(rendements bas). Dans les glacis du

Nord, Les conditions climatiques assez

favorables occultent les pratiques

culturales sommaires vu que les

rendements sont meilleurs.

- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la recherche.

Structurelle

Participation quasi-absente des

agriculteurs aux organisations

professionnelles : Pas de CSA

fonctionnelles …

Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la

stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de

SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.

Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population

forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de

promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins et

la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels

alloués à la vulgarisation ayant un

impact négatif sur la diffusion de la

technologie et sur l’encadrement

technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

Structurelle

Absence de ressources en eau

souterraines, ce qui limite davantage

les possibilités de modernisation de

l’agriculture.

Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources disponibles tout en les

sauvegardant (CES, amélioration pastorale, mobilisation des eaux de surface, équilibre de

l’assolement, intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des plantations…).

3.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système III »

Possibilités de diversification de la production à l’instar de la récente

extension de l’arboriculture à base d’olivier à huile.

Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production

Possibilités de stockage et de mobilisation des eaux superficielles Création de retenues collinaires pour l’irrigation d’appoint qui est de

nature à inciter pour une meilleure conduite technique générant une

productivité plus importante.

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

124

4. Agro-système IV.1 : « Le sous-système des hautes plaines de l’Est »

4.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.1 »

Structurelle

Climat peu valorisant du potentiel sol (plaine) : Climat

semi-aride marqué par l’irrégularité et la mauvaise

répartition des pluies.

Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés

résistantes et capables de se développées dans les conditions de faible

pluviométrie. La banque de gènes créer récemment pourrait apportait

une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du patrimoine

ancestral.

Technique

Appauvrissement du sol en matière organique et

apparition de mauvaises herbes (brome) suite aux

pratiques culturales sommaires.

Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière

organique (fumier) de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi,

l’intégration de l’élevage est recommandée.

Lutter contre les mauvaises herbes en faisant recours au traitement

chimique adéquat.

Technique

Elevage moyennement intégré à l’exploitation

agricole : Vu que le troupeau est généralement de taille

peu consistante, la conduite alimentaire se base sur les

sous-produits des céréales et les fourrages. La principale

activité étant les grandes cultures.

Consolider davantage l’élevage dans le but d’assurer son intégration

et d’utiliser le fumier produit pour améliorer la fertilité du sol.

Technique

Importance de la jachère (40% des terres) qui traduit un

manque à gagner important (Blé/Jachère).

L’assolement triennal qui est recommandé, est plus valorisant

(céréales, fourrages et légumineuse).

Structurelle

Structure des exploitations moins contraignante

comparée aux autres systèmes : Dominance de

l’exploitation de taille moyenne (40% ont moins de 10 ha,

50% ont entre 10 et 50 ha et 10% > 50 ha). Le

morcellement des terres existe.

Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en

sec des terres.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

125

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.1 »

Economique

Autonomie financière moins problématique :

L’endettement des exploitants existe mais d’une façon

moins prononcée que les autres régions du Kef. Les

problèmes financiers pour le démarrage des campagnes

agricoles concernent notamment les exploitations de petite

taille. En ce qui concerne l’investissement, même les gros

exploitants ne disposent pas de moyens suffisants.

- Pour certaines exploitations de petites tailles, des mesures d’appui

doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité (Associations,

ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère

familiale et social. Ces crédits à couts termes peuvent alloués en

nature.

- Pour les crédits d’investissements, les primes d’intéressement (liées

aux régions intérieures du pays : actuellement fixées par le code des

investissements à 8%) doit être appliquées.

Technique

Productivité moyenne : Les pratiques culturales sont

meilleures comparées aux autres régions mais peuvent être

davantage améliorées.

- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues

de moyens financiers et de mécanismes de mise en œuvre.

- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de

l’agriculture en liaison avec les changements climatiques qui

imposent des variétés plus résistantes.

- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les

acquis de la recherche.

Structurelle

La participation aux organisations professionnelles qui

reste à un niveau faible, est plus importante que les autres

régions (les potentialités plus favorables génèrent une

demande consistante en intrants qui justifie l’actuel

fonctionnement des coopératives de services agricoles).

La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est

pratiquement absente. L’actuel fonctionnement des SMSA est surtout

lié à la demande en intrants en liaison avec les besoins plus

importants.

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels alloués à la

vulgarisation ayant un impact négatif sur la diffusion de

la technologie et sur l’encadrement technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et

matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de

vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la

profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.

Page 142: Etude stratégique sur « le développement durable et ... · Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats ... Coopérative de services

Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

126

4.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système IV.1 »

Conditions bioclimatiques favorables à l’intensification : Les

rendements céréaliers en sec sont relativement acceptables mais

peuvent être davantage améliorés en liaison avec les pratiques

culturales très sommaires et non valorisantes du milieu.

Valoriser les conditions climatiques favorables en optimisant la

productivité à travers l’utilisation des variétés performantes et

l’intensification accrue en intrants.

Sous-exploitation des ressources en eau souterraines et

superficielles

Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la

création de PPI (production stable et rendements performants)

Possibilités importantes de diversification de la

production (arboriculture, légumineuses et cultures maraichères…).

- Procéder à des plantations arboricoles pour augmenter la

diversification de la production.

- Introduire davantage de légumineuses et surtout celles

utilisables pour l’élevage en substitution aux importations

(féverole).

Page 143: Etude stratégique sur « le développement durable et ... · Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats ... Coopérative de services

Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

127

5. Agro-système IV.2 : « Le sous-système des plaines du Sud et de l’Ouest »

5.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »

Structurelle

Climat très contraignant à la limite

de la vocation céréalière : Faiblesse

et rareté des précipitations (les plus

bas rendements de la région).

Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et

capables de se développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de

gènes créer récemment pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration

génétique du patrimoine ancestral.

Structurelle

Structure des exploitations

contraignante : Dominance de la

petite propriété (50% ont moins de 10

ha, 40% ont entre 10 et 50 ha et 10%

> 50 ha). Le morcellement excessif

des terres est assez fréquent.

- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu

minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources

disponibles).

- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).

- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.

Economique

Problème de viabilité pour plus de la

moitié des exploitations : La

superficie minimale permettant de

garantir le SMAG est de 16 ha.

On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition

des exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la

persistance de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques

extensives et la stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet

probablement pas d’assurer l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la

réforme agraire.

Technique

Productivité très basse : Les

pratiques culturales sont très

sommaires et se traduisent par des

rendements dérisoires.

- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens

financiers et de mécanismes de mise en œuvre.

- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison

avec les changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.

- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la

recherche.

Economique

La diversification de l’économie

locale (échanges frontaliers)

contribue au maintient d’une bonne

partie des exploitations agricoles qui

ne sont pas viables.

La lutte contre l’exode au niveau des zones reculées et frontalières est nécessaire pour

l’occupation de l’espace et sa valorisation. La diversification de l’économie locale

constitue une solution pour maintenir la population. A côté des échanges frontaliers

qui doivent être contrôlés dans la mesure du possible, la pluriactivité est vivement

recommandée pour améliorer le niveau de vie.

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

128

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »

Economique

Autonomie financière médiocre :

Faiblesse des moyens financiers et

endettement de près de 90% des

exploitants. Les décisions

présidentielles en matière de

rééchelonnement et d’assainissement

des intérêts de retards ne constituent

pas une réelle solution pour soutenir

les exploitations peu viables dans les

conditions climatiques difficiles.

- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les

capacités individuelles de remboursement.

- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité

économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de

proximité (Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à

caractère familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.

- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que

leur persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la

pluriactivité. Une réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie

minimale.

Technique

Erosion et appauvrissement du sol

en matière organique : Absence de

restitution des éléments nutritifs aux

sols (perte de fertilité).

L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et

l’adoption par les agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour

lutter contre l’érosion. La conception doit être conçue exploitation par exploitation.

Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière organique

(fumier) de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est

recommandée.

Technique

Extension des zones de cultures aux

dépens de parcours : Accentuation

du déficit fourrager.

Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient

être apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et

posant un problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale

sur ce type de terres pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager

déficitaire.

Technique

Elevage non intégré à l’exploitation

agricole : La conduite alimentaire se

base sur les jachères, les chaumes et

les parcours dégradés.

- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour

mieux maitriser le coût.

- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à

encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais,

d’orge et de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des

flambées incontrôlables.

- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

129

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »

Technique

Dégradation des ressources

pastorales : La surexploitation des

parcours et leur appropriation se

traduisent par une accentuation du

déficit fourrager.

- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des

régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours pour alléger la

pression du cheptel.

- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme

objectif principal, sur les plantations fourragères.

- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour

sauvegarder l’état des parcours privés amélioré.

Structurelle

La participation aux organisations

professionnelles est très faible en

liaison avec les pratiques précaires.

Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers

limités, la stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes

existantes de SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de

fonctionnement.

Structurelle

Faibles moyens humains et

matériels alloués à la vulgarisation

malgré les faibles performances de

l’activité agricole.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

5.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientation « Agro-système IV.2 »

Possibilités de diversification de la production en

sec : Arboriculture rustique

Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production

Sous-exploitation des ressources en eau souterraines. Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la création de

PPI (production stable et rendements performants)

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

130

6. Agro-système IV.3 : « Le sous-système des plaines inondables : Merjas »

6.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.3 »

Technique

Des étendues importantes sont inondées pendant les

années pluvieuses : Anéantissement des récoltes et

dégâts souvent irrémédiables des vergers.

Donner la priorité pour l’assainissement des réseaux de drainage

existants et qui sont colmatés.

Technique

Absence d’entretien des travaux existants : Certaines

zones hydromorphes ont été aménagées depuis les

années 70 par un système de drainage actuellement

colmaté.

Réserver un budget pour l’entretien annuel du réseau

d’assainissement et étudier les possibilités d’implication des

agriculteurs concernés pour participer à ce type d’action (moyennant

la formule groupement de développement).

Technique

Abandon de l’activité agricole par quelques

agriculteurs suite à l’inondation de leurs exploitations

au cours des dernières années.

Créer un fonds de soutien en faveur des petits exploitants dépourvus

de moyens financiers et/ou inciter les moyens et les gros agriculteurs

à assurer leur production contre les inondations.

Economique

Problème de viabilité suite à l’hydromorphie : La

superficie minimale permettant de garantir le SMAG

évolue de 4 ha en situation avant remontée de la nappe à

13 ha en situation avec hydromorphie. Ce constat

montre qu’au moins 70% des fermes deviennent

vulnérables et à la limite de la viabilité.

La persistance de l’hydromorphie dans les zones de bas fonds

nécessite une révision par les agriculteurs concernés de leur stratégie

de mise en valeur. Dans ces zones à haut risque d’inondation, les

plantations arboricoles sont à exclure et les grandes cultures à base

de fourrages sont plutôt recommandées pour assurer la conduite d’un

troupeau d’élevage.

Technique

Productivité moyenne : Les pratiques culturales sont

meilleures comparées aux autres régions mais peuvent

être davantage améliorées.

Dans les conditions où les risques d’hydromorphie sont élevés, les

pratiques culturales tendent à une utilisation de plus en plus

extensive en intrants. Ce comportement conservateur ne permet

cependant pas de valoriser les potentialités en sol qui sont assez

riches (zones d’accumulation).

L’aménagement de ces zones permettra d’ajuster la gestion du risque

vers une stratégie plus intensificatrice en intrants. Plus d’efficacité,

cet objectif doit être pris en charge par la vulgarisation agricole.

Structurelle

La participation aux organisations professionnelles

qui reste à un niveau faible, est plus importante que les

autres régions (les potentialités plus favorables génèrent

La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est

pratiquement absente. L’actuel fonctionnement des SMSA est

surtout lié à la demande en intrants en liaison avec les besoins plus

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

131

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.3 »

une demande consistante en intrants qui justifie l’actuel

fonctionnement des coopératives de services agricoles).

importants.

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels alloués à la

vulgarisation ayant un impact négatif sur la diffusion de

la technologie et sur l’encadrement technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et

matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes

de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la

profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.

6.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientation « Agro-système IV.3 »

Production assez diversifiée et système de production

relativement intensif (polyculture en sec et en irrigué).

Continuer avec cette orientation à condition que des travaux

d’assainissement et de drainage soient réalisés.

La fertilité du sol est bonne et les apports d’engrais chimiques

sont relativement corrects.

Ressources à valoriser davantage à travers l’intensification.

Des études ont été réalisées par le CRDA du Kef en vu de lutter

contre l’érosion qui a causée les importants ruissellements et le

colmatage des drains.

Exécuter le contenu des études en allouant le budget requis.

Sous-exploitation des ressources en eau souterraines. Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la

création de PPI (production stable et rendements performants)

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phase

132

7. Agro-système V : « Le système irrigué »

7.1. Principales contraintes au développement

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »

Technique

- Taux d’intensification insuffisant surtout

au niveau des PPI (77% contre 122% dans

les périmètres privés)

- Sous-exploitation des PPI : Existence de

parcelles équipées mais non irriguées et

difficultés de gestion des GDAP pour la

couverture des frais de fonctionnement

(faibles moyens financiers des petits

irrigants).

- Procéder à des études techniques et socio-économiques pour identifier pour chaque

PPI un plan de développement mettant en cohérence les études antérieures et les

pratiques et comportements actuels. L’objectif étant de définir les contraintes limitant

le taux d’intensification au cas par cas pour permettre au CRDA du Kef d’apporter les

solutions nécessaires.

- des études sociales doivent identifier les terres non irriguées ou abandonnées

autorisant leur exclusion des PPI.

- Pour les nouveaux PPI, étudier diverses variantes préconisant un schéma hydraulique

à réseau partiellement fixe pouvant s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer.

- Subventionner l’eau d’irrigation destinée aux céréales pour encourager leur pratique

dans les PPI (sécurité alimentaire).

- Modernisation du réseau d’irrigation au niveau de certain PPI.

Technique

Existence de deux nappes phréatiques

surexploitées : Il s’agit de Bled Abida dans la

plaine de Dahmani et Bled Charène dans la

plaine de Zaafrane (Les taux d’exploitations

sont respectivement de 160% et 128%). La

solution préconisée par le CRDA du Kef était

la mise en place, depuis la fin des années 90,

de périmètres publics de sauvegarde à

l’intérieur des puits de surface. Ces efforts qui

ont amélioré les potentialités en eau des puits,

ont par contre généré une nouvelle pression

suite à l’augmentation de la demande en eau

d’irrigation pendant la saison estivale.

L’installation de périmètres de sauvegarde à l’intérieure des puits de surface est une

bonne solution pour continuer d’une façon durable avec l’intensification agricoles

surtout que les nappes profondes sont sous-exploitées et la volonté des agriculteurs

d’optimiser la mobilisation de l’eau existe. Pour ce type d’irrigants, la gestion de la

demande en eau s’impose du faite que les besoins sont de plus en plus élevés et

peuvent ne pas être satisfaits. La proposition du CRDA qui préconise la construction

d’un 2ème

bassin de stockage, pourrait entrainer de nouvelles augmentations dans la

superficie des tomates et engendrer une demande supplémentaire en eau bien

supérieure aux disponibilités. La solution la plus recommandée serait d’envisager,

parallèlement un programme de vulgarisation permettant le respect des assolements

et la généralisation de l’économie en eau.

Au niveau de ces nappes surexploitées, le CRDA doit impérativement interdire les

nouvelles extensions de puits de surface et encourager davantage l’acquisition

d’équipements d’économie en eau.

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phase

133

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »

Economique

Manque de moyens financiers chez une

bonne partie des irrigants : Cette contrainte

concerne aussi bien les PPI que les puits de

surface.

- Pour les exploitations irriguées de petites tailles, l’accès aux crédits à des taux

d’intérêts bonifiés pourrait les inciter à mieux financer le démarrage et l’entretien des

cultures. Afin d’assurer que ces crédits sont utilisés à leur fin, il est nécessaire de

procéder à un suivi régulier des agriculteurs bénéficiaires et de les allouer en nature.

Pour simplifier l’application de ce système, il faudrait étudier la possibilité

d’intervention d’organismes financiers de proximité (associations locales de

développement implantées au niveau de certaines délégations, les ONG …).

- Assurer l’encadrement nécessaire pour une meilleure utilisation des crédits supervisés.

Economique

Absence d’électricité pour certain puits de

surface et utilisation du réseau monophasé

pour d’autre (nappe de Sers). Ceci se

traduit par un coût de pompage élevé surtout

pour les premiers.

Electrification des puits de surface par un réseau triphasé permettant l’utilisation de

groupes de pompage adaptés (HMT et coût d’énergie).

Technique

Faible technicité des irrigants :

Techniques cultures moyennement

intensive en intrants et se traduisant par

une basse productivité.

Absence d’un encadrement suffisant

pour orienter et aider les irrigants à choisir

les solutions techniques et économiques.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Augmenter la fréquence et la consistance de l’encadrement technique dans les

périmètres irrigués.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

Technique

Dégradation de la fertilité des sols :

Absence d’une restitution normale de matière

organique au sol par suite du manque énorme

de fumier dans la région. Ce manque, constaté

depuis 1997, résulte de la forte diminution de

l’effectif des bovins suite à la maladie de la

vache folle.

Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière organique (fumier)

de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est

recommandée.

Améliorer l’encadrement technique des irrigants pour une meilleure utilisation

d’intrants permettant de satisfaire les besoins des cultures et de restituer au sol les

éléments nutritifs.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

134

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »

Economique

Problèmes de commercialisation des fruits

et des légumes :

Pour la tomate de saison, les conditions

assez difficiles de paiement imposées par

l’usine de transformation Abida

(quelques mois après la livraison de la

production), n’est pas en faveur des

petits irrigants à faibles moyens

financiers. Actuellement, l’essentiel des

tomates transformées proviennent des

gouvernorats limitrophes.

Pour les cultures maraichères, le

problème de commercialisation apparait

en termes d’organisation du marché de

gros et de compétitivité avec les autres

régions. A ce niveau, uniquement 10%

de l’offre dans le marché de gros du Kef

est d’origine locale malgré que cette

dernière couvre largement la demande.

Le problème de commercialisation de fruits et de légumes relatif au irrigant du Kef

traduit un manque de compétitivité par rapport aux autres régions limitrophes et qui ont

plus d’expérience dans le domaine de la conduites des cultures en irrigué.

A l’échelle du marché de gros du Kef, une meilleure organisation des transactions et des

relations entres les intermédiaires et les irrigants s’impose pour soutenir la production

locale.

Structurelle

La participation aux organisations

professionnelles est nettement plus

importante que les autres régions en liaison

avec la gestion de l’eau d’irrigation (GDAP

dans les PPI de sauvegarde) et la demande

d’intrants pour les cultures maraichères qui

justifie le fonctionnement des coopératives de

services agricoles (la coopérative de Sehl

Ezzouarine pour la zone de Abida, la

coopérative de Ennajeh pour la zone de

Tajerouine…).

La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est pratiquement absente.

L’actuel fonctionnement des SMSA est surtout lié à la demande en intrants en liaison

avec les besoins plus importants.

L’activité en irrigué dans le gouvernorat du Kef est jeune et en pleine expansion. Ce fait

montre la nécessité d’agir en commun pour plus d’efficacité : La commercialisation des

fruits et des légumes qui connait d’énormes difficultés (manque de concurrence)

pourrait constituer une activité pratique des certaines SMSA.

Appui aux GDAP en difficulté et mise au point d’un système de suivi au niveau de

chaque groupement permettant d’identifier au moment opportun les contraintes qui

s’imposent. Cet outil permettra au CRDA d’intervenir pour garantir la valorisation des

investissements hydrauliques existants.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

135

Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »

Structurelle

Faibles moyens humains et matériels

alloués à la vulgarisation ayant un impact

négatif sur la diffusion de la technologie et

sur l’encadrement technique.

- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.

- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.

- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la

vulgarisation à travers les conseils de gestion.

7.2. Potentialités existantes

Potentiel / Possibilités Orientation « Agro-système V »

Possibilités importantes de valorisation des eaux :

- Eau de surface mobilisée à 48% et exploitée à 6%

- Nappes phréatiques exploitées à 87%

- Nappes profondes exploitées à 27%

Valoriser le potentiel existant tout en le sauvegardant (niveau maximal

d’exploitation, ouvrage de recharge, suivi des nappes…) : Les objectifs du

XIème plan prévoient d’augmenter les superficies irriguées de 14485 ha à 20

mille ha à l’horizon 2011.

Veiller à valoriser les PPI existants : L’objectif est d’atteindre un taux

d’intensification de 130%.

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

SOMMAIRE

Liste des abréviations _________________________________________________ i

Résumé & conclusions _________________________________________________ i

Introduction _________________________________________________________ 1

1. Rappel de la problématique de durabilité de l’agriculture du Kef _________ 2

1.1. Problématique de la durabilité du secteur agricole _______________________________ 2

1.1.1. Agriculture extensive et dominance de la petite exploitation ____________________ 2

1.1.2. Conditions pédoclimatiques aléatoires et contraignantes _______________________ 3

1.1.3. Pression sur les ressources naturelles ______________________________________ 3

1.1.4. Contexte socio-économique contraignant ___________________________________ 6

1.1.5. Tissus institutionnel dense mais peu efficace _________________________________ 7

1.1.6. Conclusion : Problématique générale de la durabilité de l’agriculture _____________ 8

1.2. Menaces sur la durabilité et tendances par système agraire _______________________ 10

1.2.1. Données sur les systèmes agraires identifiés ________________________________ 10

1.2.2. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne » ___________________ 11

1.2.3. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires » _____________ 12

1.2.4. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis » ______________________ 13

1.2.5. Agro-système IV : « Le système agraire des hautes plaines » ___________________ 14

1.2.5.1. Le sous-système des hautes plaine de l’Est _____________________________________ 14

1.2.5.2. Le sous-système des plaines de l’Ouest et du Sud _______________________________ 15

1.2.5.3. Le sous-système des zones inondables ________________________________________ 16

1.2.6. Agro-système V : « Le système agraire en irrigué » ___________________________ 17

1.3. Eléments prospectifs du forçage climatique et économique _______________________ 19

1.3.1. Menaces dues aux changements climatiques ________________________________ 19

1.3.2. Menaces dues à la libéralisation des échanges ______________________________ 21

1.4. Les stratégies d’adaptation des acteurs _______________________________________ 22

1.4.1. Politiques et stratégies des pouvoirs publics ________________________________ 23

1.4.1.1. La stratégie des ressources en eau ___________________________________________ 23

1.4.1.2. La stratégie de conservation des eaux et du sol _________________________________ 24

1.4.1.3. La stratégie de développement forestier et pastoral _____________________________ 25

1.4.1.4. Les stratégies de développement de la production agricole _______________________ 26

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

1.4.1.5. Les acquis de la recherche agronomique ______________________________________ 27

1.4.1.6. Concrétisation des stratégies : XIème plan relatif au gouvernorat du Kef ______________ 27

1.4.2. Stratégies d’adaptation des agriculteurs ___________________________________ 30

1.4.2.1. Les dispositions prises individuellement par les agriculteurs _______________________ 30

1.4.2.2. Les dispositions prises par les agriculteurs organisés en groupes ___________________ 31

1.4.2.3. Degré de prise en compte des incitations économiques __________________________ 32

1.4.3. Efficacité des stratégies d’adaptation ______________________________________ 33

2. Orientations stratégiques et axes de développement __________________ 35

2.1. Rappel des propositions de la 2ème phase de l’étude _____________________________ 35

2.2. Orientations stratégiques ___________________________________________________ 36

2.3. Axes d’un développement durable et contenu __________________________________ 37

2.3.1. Généralités : Capitalisation des expériences passées __________________________ 38

2.3.2. Intensification de la recherche et ciblage de thèmes plus pointus _______________ 39

2.3.3. Développement du secteur agricole _______________________________________ 40

2.3.4. Amélioration de l’approche de l’administration ______________________________ 41

2.3.5. Chronologie des actions ________________________________________________ 42

3. Eléments de mise en œuvre des axes d’orientation ____________________ 44

3.1. Ajustement méthodologique : Ciblage des exploitations à orientations similaires _____ 45

3.1.1. Le groupe des ESSAS intensificatrices ______________________________________ 46

3.1.2. Le groupe des ESSAS intensifiables ________________________________________ 47

3.1.3. Le groupe des ESSAS remodelables _______________________________________ 47

3.1.4. Le groupe des ESSAS non durables ________________________________________ 48

3.2. Correctifs de mise en cohérence des stratégies sectorielles _______________________ 48

3.2.1. Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région __________________ 48

3.2.2. Mise en cohérence de la stratégie de CES __________________________________ 49

3.2.3. Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau __________________ 49

3.3. Eléments de stratégies de développement de la production _______________________ 50

3.3.1. Principes de base ______________________________________________________ 50

3.3.2. Stratégies de réhabilitation et l’exploitation agricole et de sa mise à niveau pour un développement durable ____________________________________________________ 50

3.3.2.1. Volet 1 : « La réhabilitation et la mise à niveau de l’exploitation agricole » ___________ 51

3.3.2.2. Volet 2 : « La promotion sociale et financière de l’exploitant » _____________________ 52

3.3.2.3. Volet 3 : « La restructuration foncière » _______________________________________ 52

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CNEA / Rapport de la 3ème

phase

3.3.2.4. Volet 4 : « Le développement des structures d'appui étatiques et professionnelles » ___ 53

3.3.2.4.1. La recherche et l’enseignement agricoles comme structures d’appui __________ 53

3.3.2.4.2. La vulgarisation agricole en tant que structure d’appui _____________________ 55

3.3.2.4.3. Les services à l’amont et à l’aval de la production __________________________ 56

3.3.2.5. Volet 5 : « Le financement et les soutiens financiers » ____________________________ 58

3.3.2.5.1. Financement public et bancaire ________________________________________ 58

3.3.2.5.2. Le financement par la profession _______________________________________ 61

3.3.2.5.3. Le financement bancaire (type BNA) ____________________________________ 63

3.4. Recommandations générales à l’échelle des systèmes agraires ____________________ 63

3.4.1. Stratégies d’actions par rapport à la dimension structurelle de la durabilité _______ 63

3.4.2. Stratégies d’actions par rapport à la dimension économique de la durabilité ______ 64

3.4.3. Stratégies d’actions par rapport à la dimension technique de la durabilité ________ 66

3.5. Objectifs de développement spécifiques aux ESSAS ______________________________ 67

3.5.1. Groupe des systèmes intensificateurs _____________________________________ 68

3.5.1.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 68

3.5.1.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 69

3.5.1.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 69

3.5.2. Groupe des systèmes intensifiables _______________________________________ 70

3.5.2.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 70

3.5.2.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 71

3.5.2.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 72

3.5.3. Groupe des systèmes remodelables _______________________________________ 72

3.5.3.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 72

3.5.3.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 73

3.5.3.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 73

3.5.4. Groupe des systèmes non durables _______________________________________ 73

4. Plan d’action et effets attendus ___________________________________ 75

4.1. Idées de projets pour un plan d’action ________________________________________ 76

4.1.1. Idée de Projet n°1 : Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation « DIMGE » _______________________________________________________ 76

4.1.2. Idée de Projet n°2 : Projet pilote de soutien et de financement de l’exploitation intensifiable ________________________________________________________________ 77

4.1.3. Idée de Projet n°3 : Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non durables et de rajeunissement des exploitants ____________ 79

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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef

CNEA / Rapport de la 3ème

phase

4.1.4. Idée de Projet n°4 : Développement des cultures de plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en place de projets sur le modèle japonais OVOP « Un Village - Un Produit » _______________________________ 81

4.1.5. Idée de Projet n°5 : Projet de motivation des exploitants à une utilisation de l’eau en appoint sur l’exploitation pour une stabilisation minimale de la production ______ 84

4.1.6. Idée de Projet n°6 : Mise en place d’une stratégie de restructuration foncière de l’exploitation _______________________________________________________________ 85

4.1.7. Idée de Projet n°7 : Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage - changements climatiques » adaptée à la région du Kef __________ 87

4.1.8. Idée de Projet n°8 : Mise en place d’une stratégie de développement des structures d’appui étatiques et professionnelles ___________________________________ 89

4.1.9. Idée de Projet n°9 : Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de

l’environnement rural ________________________________________________________ 92

4.1.10. Idée de Projet n°10 : Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins fourragers

et pastoraux de la région ______________________________________________________ 94

4.1.11. Idée de Projet n°11 : Intégration de la stratégie de CES dans les actions foncières ___ 96

4.2. Plan d’action complémentaire _______________________________________________ 97

4.3. Les effets attendus ________________________________________________________ 97

4.3.1. Horizon des effets attendus _____________________________________________ 97

4.3.2. Les effets-objectifs conditionnés par la mise en œuvre du plan d’action __________ 98

4.3.3. Effets techniques attendus à l’horizon 2024 _______________________________100

4.3.4. Effets économiques attendus à l’horizon 2024 _____________________________101

4.3.5. Effets structurels attendus à l’horizon 2024 ________________________________102

5. Conclusions __________________________________________________ 104

ANNEXES