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LE MAGAZINE GRATUIT OUTDOOR GRATUIT SERVEZ-VOUS LES VOYAGES #33 AUTOMNE 2010 KILIMANDJARO LE TOIT DE L'AFRIQUE D'OUEST EN EST SAHARA LE TASSILI N'ADJJER SOUS LA PLEINE LUNE COREE DU SUD "LOST IN TRANSLATION" À SÉOUL 30 PAGES DE MATOS POUR PARTIR TREKKER L'ESPRIT TRANQUILLE SPECIAL TREK

ESCAPE #33

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Numéro spécial Trek. Escape, le magazine gratuit de l'outdoor et du voyage.

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LE magazinE gratuit outdoor

GRATUITSErVEz-VouS

LES VOYAGES

#33 automnE 2010

KIlImAndjARo LE toit dE L'afriquE d'ouESt En ESt

SAhARA LE taSSiLi n'adjjEr SouS La pLEinE LunE

CoREE dU SUd"LoSt in tranSLation" à SéouL

30 pAGES dE mAToSpoUR pARTIR TREKKER l'ESpRIT TRAnqUIllE

SpECIAl TREK

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ALPINISME TECHNIQUE

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03 L’intro Escape #33

lE GoûT dES AUTRES…

Le voyage devrait être un papier buvard. On devrait revenir imprégné de l’autre, gorgé de l’âme d’un pays. Il reste trop souvent papier glacé sur lequel tout glisse. Car le voyageur ne se frotte plus guère au réel. Il passe, alors qu’il devrait rester… Un peu. Il devrait sentir, humer, partager, s’imprégner, comprendre, s’attarder, rêver. Le voyage devrait

avoir son rythme, une petite musique dissonante de la vitesse quotidienne qui nous porterait préjudice selon la pensée (un peu) alarmiste de Paul Virilio. Au lieu de cela, notre façon de voyager s’apparente trop souvent à un flux, parfois à une fuite en avant, pressé de découvrir, voire d’entasser les découvertes touristiques. « Le plus, ennemi du bien », on dirait les mots d’un vieil instituteur légèrement moralisateur. La vitesse facilite la vidange du sens. La sphère du visiteur ne côtoie qu’en de trop rares moments la vraie sphère du visité. Par « vraie », il faut entendre, celle qui ne se limite pas à des échanges marchands intéressés mais celle qui a trait à l’intimité de la vie quotidienne, celle qui différencie un peuple. Le déplacement en groupe aurait-il dénaturé les vertus du voyage ? Que sont devenues ses valeurs : découverte, compréhension de l’autre, acculturation, ouverture, imprégnation, confrontation à la différence, enseignement ? Peut-être est-on devenu moins curieux ou moins aventurier ? Dans un monde à l’information réticulaire, qui circule à la vitesse de la lumière, le tam-tam du village global résonne, on a le sentiment d’un artefact de connaissance de l’autre. La moindre cérémonie chamanique au plus profond de Bornéo s’étale en prime time sur les chaines TV. L’accès à la connaissance nous a-t-il fait gagner en humanité ? Est-on plus ouvert au monde ? Plus tolérant aux différences ? On devrait revenir changé de chaque voyage, un peu. Reste le voyage à pied. On doit louer les efforts des agences qui doivent composer avec une clientèle de moins en mois sportive, qui veut voir le maximum de choses en un laps de temps étriqué. D’où le recours à des moyens motorisés qui permettent de survoler… justement. Ça peut produire une coupure avec les populations locales. Le voyage à pied est vertueux, c’est le moment privilégié où le temps reprend de l’épaisseur, les distances de la chair, les paysages du souffle, les hommes rencontrés… de la vie. Ce numéro spécial trek s’adresse à celles et ceux capables de s’asseoir sur une pierre et d’arrêter le temps. A cet instant, comme un onguent, le voyage imprègne de sentiments roboratifs.

Franck Oddoux

F. OD

DOUX

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06 I lES nEwSL'actualité montagne, voyage et matos.

14 I lES VoyAGES20 I AmbIAnce hImALAyenne en nOUveLLe-ZéLAnDe Alpinisme du bout du monde.

26 I TrAversée DU KILImAnDjArO Le toit de l'Afrique d'Ouest en est.

32 I TreK DAns Le sAhArA Le Tassili n'Adjjer sous la pleine lune.

40 I DécOUverTe LA cApITALe sUD-cOréenne "Lost in Translation" à la sauce séoul

49 I lE mAToS TREK50 I séLecTIOn D'AccessOIres TreK Tout ce qu'il faut pour partir trekker l'esprit tranquille.

54 I TesTs De chAUssUres TIges mID neuf modèles au banc d'essai.

58 I TesTs De sAcs à DOs 45 L huit backpacks passés au crible.

62 I TesTs De sAcs De cOUchAge huit sacs de couchage entre les mains des testeurs.

66 I l'ESCApE AwARdFocus sur la doudoune The north Face.

ESCAPE LE MAGAZINE GRATUIT OUTDOOR est édité par FREE PRESSESavoie Technolac. 18, ALLÉE DU LAC ST ANDRÉ73 382 LE BOURGET DU LAC CEDEXTél : 00 33 (0)4 79 65 46 10 / Fax : 00 33 (0)4 79 65 46 12Site Internet : freepresse.com

Directeur de publication et de la rédaction :Claude Borrani ([email protected])

Rédacteur en chefFranck Oddoux ([email protected])

Rédaction : Loïc Martin, Christophe Raylat

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PUBLICITÉDirecteur du service commercial et développement : Kamel Beghidja (46 11) [email protected]

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Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées. (art. L.122-4, L.122-5 et L.335-2 du Code de propriété intellectuelle).

04 SommairE Escape #33

photo couverture : c. raylat

pause méritée aprèsl'ascension d'une dune géante en Algérie, sahara. photo : F. Oddoux

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04 SommairE Escape #33

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TéTonS SEnSIblES L ’édition du Runners World US de septembre répond sans détours à

cette question existentielle : pourquoi les tétons des traileurs saignent pendant une longue distance alors que ceux des filles, non ? Le docteur Bright, directeur de Columbus Marathon, a mené l’enquête avec sérieux auprès des mammifères des deux sexes. Réponse : la sueur est composée d’eau, de sel et d’autres minéraux. Lorsque l’eau s’évapore, il ne reste que le sel abrasif sur les tétons qui ont le malheur de se trouver dans une zone de forte sudation. Après quelques heures de course, un t-shirt qui frotte sur le sel agit comme du papier de verre. Comme les hommes transpirent plus que les femmes, l’abrasion provoque un échauffement et des saignements. La solution consiste à se straper les tétons. Les femmes ne sont pourtant pas à l’abris de cette torture sadique surtout si elles courent sans soutien-gorge, ou avec un soutien non adapté ou en coton. Ce bon mister Bright de conclure : la peau des tétons n’est pas capable de devenir naturellement plus épaisse et dure, il ne faut donc pas compter sur l’entraînement pour être immunisé.

porquerolles Trail ChallengeIdée trail : sur l’île de porquerolles s’est couru le premier trail challenge. Une superbe idée de l’organisa-teur Aéria que de tirer profit des paysages magnifiques de l’île. La course s’est déroulée à guichet fermé avec plus de 600 inscrits. Un trail de 24 kilomètres, nerveux à souhait. renseignements : [email protected]

06 nEWS Escape #33

Pages réalisées par Franck Oddoux et Loïc Martin

CEt été, ESCApE étAit à YELLOwStOnE, pArmi LES biSOnS… LA COhAbitAtiOn AVEC LA « wiLdLifE » ESt pArfOiS étOnnAntE, SurtOut En pLEin mOiS d’AOût.

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ThE noRTh FACE ET mIChEllE obAmALes US commencent à réagir alors que les mômes

ricains préfèrent jouer au basket ou au snowboar-der par procuration sur le sofa, play station en main. Les détaillants s’inquiètent de la forte augmentation des jeunes urbains et de la baisse de la population sensible aux sports outdoor. Les 46 milliards de dollars de marché pourraient bien s’en ressentir fortement. Mettre les jeunes au vert, c’est donc une histoire de business et de santé publique. A ce titre, Michelle Oboma est montée au créneau pour annoncer une grande campagne intitulée : let’s move outside. Le but est de développer au maximum les activités dans les parcs, les chemins et les rivières. L’éducation nationale française encore pétrifiée par le drame du Drac ferait bien de s’inspirer de cette piqure salvatrice d’outdoor. En tout cas, aux US, l’industrie prend le relais de la Maison Blanche et développe des initiatives. The North Face annonce 250 000 dollars de bourse pour des programmes permettant aux jeunes d’aller voir ailleurs. Un site internet dédié a été mis en place www.pla-netexplore.com Merrell et Keen s’y mettent aussi en supportant les kids.

127 hours !cet été, au salon professionnel de salt Lake city, escape a pu visionner le trailer du nouveau film de Danny boyle : 127 hours. Le 26 avril 2003 Aron ralston (james Franco), jeune homme de vingt-sept ans, se met en route pour une randonnée dans un parc national de l'Utah. Il est seul et n'a prévenu per-sonne de son excursion. Alpiniste expérimenté, il collectionne les plus beaux sommets de la région. pourtant, au fin fond d'un canyon reculé, l'impensable survient : au-dessus de lui un rocher se détache et bloc son bras contre la paroi. Le voilà pris au piège, menacé de déshydratation et d'hypothermie, en proie à des hallucinations. Il parle à son ex petite amie, sa famille et se demande si les deux filles qu'il a rencontrées dans le canyon juste avant son accident seront les dernières. cinq jours plus tard, comprenant que les secours n'arriveront pas, il va devoir prendre la plus grave décision de son existence : se couper le bras avec un couteau suisse… La sortie du film est prévue en France pour février prochain. Aron parcourt maintenant les Us afin de raconter son histoire. Le trailer se trouve là : http://www.foxsearchlight.com/127hours

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sALOn De sALT LAKe cITymOrAL pLutôt bOn Et AtmOSphèrE (tOujOurS) déCOntrACtéE Au SALOn dES rEtAiLErS dE SALt LAkE CitY. ESCApE A fAit un pASSAGE, juStE LE tEmpS dE VOir LA bOnnE SAnté du buSnESS dE L’OutdOOr Aux uS.

600 000 paires de chaussuresde trail20 % des ventes de chaussures outdoor en France sont des modèles de trail, et le marché selon toutes les prévisions devrait continuer à croitre…

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08 nEWS Escape #33

Millet, deux grosses nouveautés :la grépon et la Brenva gtxMillet enfonce le clou avec deux nouvelles chaussures d’alpinisme nées dans le massif du Mont-Blanc. La Brenva GTX enveloppe bien le pied et procure une belle précision en glace, en mixte. Haute, chaude, on a apprécié son étanchéité et sa robustesse, le pare-pierres étant un must. Semelle rigide cramponable, bien entendu. On aime le soin apporté à la fabrication et la puissance du laçage. L’autre best de Millet, la Brenva, possède une semelle plus souple, très précise pour les évolutions tech-niques en grandes voies (absence de crantage sur la zone des orteils). Elle est également cramponable semi-automatique et compatible toutes lanières. On retrouve le même soin dans la fabrication et le souci de longévité du produit. Millet frappe un grand coup avec deux produits complémentaires 100% alpinisme.

grepon gTX : 735 grammes constatés (taille 42). 250 eurosbrenva gTX : 920 grammes constatés (taille 42) 350 euros

lE TEST ESCApE

dES AwARdS à lA pEllE

J 'ai été étonné du nombre de nou-veaux constructeurs nouvellement

venus. L’offre est aujourd’hui prati-quement illimitée et cela signifie que ce marché est en pleine croissance", saluait Reinhold Messner lors du dernier grand salon européen de l'outdoor à Friedrichshafen en Allemagne. Et à voir le nombre de récompenses remis par le jury composé de professionnels du milieu, on en peut que lui donner raison.

Petzl repart du salon avec deux awards, un pour son accumulateur Core et un pour son mousqueton ultra-léger Ange. The North Face remporte trois récompenses pour ses produits novateurs : deux vestes, le Triumph Anorak et la Verto Jacket, et une chaussure, l'Hydroshock. L'Ultralight Down de Patagonia remporte également un prix, ainsi que le sac à dos Origin Hydratation Pack de Cascade Design. Les cordes d'escalade sont aussi à l'honneur : Béal gagne un award pour son procédé de tressage Unicore, et Millet pour sa corde Absolute Pro. Adidas Eyewear enfin, est justement récompensé pour ses lunettes Terrex. Jolie moisson !

du nouveau pour la SaintélyonLe myThIqUe rAID nOcTUrne qUI reLIe sAInT-éTIenne à LyOn FêTe ceTTe Année sA 57ème éDITIOn. L'OccAsIOn D'InAUgUrer Une nOUveLLe épreUve : Un 44 Km, qUI reLIerA sAInTe cATherIne à LyOn, Avec Un DépArT à mInUIT, cOmme L'épreUve reIne. renDeZ-vOUs Le 5 Décembre !

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le team Salewa au sommet !roger schaeli, Daniel Kopp, et simon gietl, du team alpineXtrem salewa, accompagné de jost von Allmen et du photographe, chef d'expédition et alpiniste Thomas Ulrich, viennent de réaliser la première ascension d'un big wall de 1 325 m situé dans la partie orientale du groenland. La voie s’étend sur 40 longueurs, dont 39 ont pu être gravies en escalade libre ou après travail. « nous sommes restés sans voix au moment de nous retrouver ensemble au sommet, sur une plateforme de quatre mètres carrés », déclarait avec émotion roger schäli. On le comprend.

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LE KiLi aLLEr-rEtour En 7h14 !mAiS VA-t-iL S'ArrêtEr un jOur dE puLVériSEr LES rECOrdS pArtOut Où iL pOSE SES bASkEtS ? LE trèS SYmpAthiquE kiLiAn jOrnEt ViEnt dE réALiSEr L'ASCEnSiOn du kiLimAndjArO En 5h23m50S, Et LA dESCEntE En 1h51m. SOit 7h14 pOur fAirE L'ALLEr-rEtOur ! On rACOntE quE kiLiAn A dû S'ArrêtEr à Cinq rEpriSES durAnt LES dEux CEntS dErniErS mètrES AVAnt LE SOmmEt, pOur rEprEndrE SOn SOuffLE... tOut LE rEStE, iL L'A fAit En COurAnt !

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le dTS Tour 2010 approche !Ça y est, les dates de l'édition 2010 du DTs (Dry Tooling style) ont été annoncées : le 13 novem-bre en haute-savoie, le 27 novembre dans les hautes-Alpes et le 11 décembre en Isère. pourquoi ces dates-là ? "c'est un période creuse au niveau des conditions d'activités en montagne : pas encore de glace pour effectuer de la cascade, météo peu propice à l'escalade et pas assez de neige pour skier convenablement", expliquent les fondateurs de l'association organisatrice DTs, jean-François mercier, jonathan joly et étienne grillot. Plus d'infos sur http://dry.tool.style.free.fr

lE poInT SUR lA CoUpEdU mondE d'ESCAlAdEFin septembre, l'élite mondiale de l'escalade avait rendez-vous

à Puurs en Belgique pour la quatrième étape de la Coupe du monde de difficulté. Si aucun membre de l'équipe de France ne réussit à décrocher un podium en individuel, l'équipe se place à la deuxième place au classement par nation. Gauthier Supper termine à la quatrième place, tandis qu'Alizée Dufraisse se place cinquième. C'est l'Espagnol Ramon Julian Puigbanque et la Coréenne Jain Kim qui remporte cette étape belge. Prochain rendez-vous les 29 et 30 octobre à Huaiji en Chine.

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10 nEWS Escape #33

suunto Core extreMe edition silverL’édition Silver reprend le mécanisme du best seller de Suunto, la Core. Elle sera suivie d’une série limitée Everest qui sort en France à l’automne (cadran rouge). Pendant plusieurs semaines, dans les parcs nationaux américains, nous avons malmené cet ordinateur de poignet, nous avons pris le temps de le comprendre, d'explorer ses moindres menus (pas toujours facile, ils sont nombreux et parfois d’un accès peu logique). Au delà des fonctions traditionnelles (chrono), nous avons apprécié la précision de la boussole et sa simplicité d'utilisation. Ça avait pourtant mal commencé car le manuel est peu précis. A la première utilisation, Il faut se rendre à l'extérieur, montre à plat et tourner sur soi même sur un plan horizontal. La boussole se cale et se trouve prête à l'emploi (on entre tout de même la déclinaison). En balade, la boussole indique un azimuth choisi (et facilement mémorisé), une flèche et l'indication « tourner à gauche » s'affiche. Bien vu aussi l'alarme orage : une sonnerie retenti si une chute de pression de moins de 4 hecto pascal se produit. L'altimètre est un modèle du genre, incrémenté sur un mètre il est précis au possible. Autre superbe fonction pour les photographes : l'heure du lever de soleil par continent, région, ville : très précis. Que lui repro-cher ? Un mode d'emploi encore perfectible, Un (gros) cadran superbe mais encore sujet aux coups, la mise en route parfois intempestive des fonctions avec la manche de la veste (utiliser la touche de verrouillage). Mais en résumé, cette montre légère est parfaitement adaptée aux sports outdoor de montagne.• On aime : Précision, ergonomie, poids light, autonomie, confort du bracelet, étanchéité• On aime moins : Premier réglage de la boussole• Suunto Core Extreme Edition Silver : Altimètre, baromètre, boussole, mesure de dénivelé, profondimètre, commutation automatique altimètre-baromètre, alarme orage, heure lever et coucher soleil, journal altimétrique, thermometer numérique• Prix public : 299 euros

lE TEST ESCApE

UTmb 2010 : lES RéSUlTATSLe dernier week-end d'août, ils étaient près de 2300 trailers

à attendre le coup d'envoi de cette édition 2010. Un édition marquée par le mauvais temps, qui obligera la course à s'arrêter quelques heures, avant de repartir de Courmayeur, selon le tracé de la CCC. La course, toujours sous la pluie et le vent, s’est néanmoins déroulée sans encombre. Dawa Sherpa, en tête au Col du Grand Ferret, finira la course à la onzième place avec un temps de 11:14:19. Julien Chorier finit quatrième en 10:53:45, il est le premier Français du classement. On retrouve devant lui l’Américain Mike Wolfe du team The North Face sur la deuxième marche du podium, et Zigor Iturrieta Ruiz l’Espagnol sur la troisième. Chez les femmes, Néré Martinez Urruzola (Espagne) et Agnès Hervé (France), terminent res-pectivement deuxième et troisième. Les grands vainqueurs de cette édition 2010 sont deux sujets de Sa Majesté, les britanniques Jez Bragg et Lizzy Hawker, du team The North Face. Sans doute ont-ils plus l’habitude du mauvais temps...

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12 nEWS Escape #33

l’opéRATIon "SpoRTIFS ET SolIdAIRES" dE TwInnER ConTInUE

Sportifs amateurs et solidarité : voici la base du programme lancé par Twinner, qui permet à des pratiquants, au travers de leur activité sportive, de supporter

une association caritative. L’opération, qui se poursuit jusqu’au 31 décembre 2010, a rencontré un franc succès. Le réseau de magasins Twinner a déjà apporté son soutien à plusieurs projets, comme celui de Jean-Patrick Bolf lors de la course des "100 kms de Millau", ou plus récemment l’équipe cyclistes des "Ch’tis Globules" aux "24 heures du Mans Vélo".Pour chaque projet, les sportifs présentent l’association qu’ils souhaitent supporter et le défi qu’ils se sont fixés. Le dossier est ensuite évalué par le comité de sélection Twinner, qui décidera de donner ou non son aval pour le projet. Si vous êtes intéressés par ce programme, que vous souhaitez réaliser une per-formance sportive tout en aidant une association qui vous tient à coeur, n’hésitez plus ! Toutes les infos sur www.twinner-sports.com

mXp 2010 : FoCUSSUR l'EXpé "ElEmEnTS 3"

Tout au long de la saison, Escape fera un focus sur une expé lauréate des Millet

Expedition Project. Pour ce numéro, gros plan sur "Elements 3", un projet 100 %

écolo, puisque sans aucun moyen de transport motorisé. Les protagonistes, trois jeunes méde-

cins suisses, Jessika Mermoud, Pierre Merailler et Guénolé Addor, sont partis le 1er octobre pour un voyage de 14 000 km, qui relie leur ville d'origine, Sion, au plus au sommet d'Amérique du Sud, l'Aconcagua. Leur moyen de transport : vélo (1 750 km), voilier (11 500 km) et marche (45 km). Le but de tout ça ? Sensibiliser le public aux problèmes liés à l'utilisation massive des énergies fossiles. L'expé est à suivre en temps réel sur www.element3.ch

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En mai dernier, Sandrine de Choudens est devenue la première française à atteindre le sommet du Makalu sans oxygène. Avec une modestie rare et une conception assez atypique de la hau-

te-montagne, la biochimiste du CNRS de Grenoble a fait tomber un record cinquante-cinq ans quasiment jour pour jour après que Lionel Terray, Jean Cousy et Jean Franco aient foulé pour la première fois eux aussi le cinquième plus haut sommet du monde. Rencontre.

Avec "Moutain 6 - Makalu 2010", c’est le 5ème 8000 que vous tentez. Vous qui n’êtes pas du tout dans l’esprit "14 8000", qu’allez-vous chercher en montagne ? Des vacances ! Je ne suis pas une professionnelle de la montagne, je travaille au CNRS. Partir en montagne, pour moi, c’est avant tout pour me faire plaisir. Alors c’est sûr, il aussi le côté "dépassement de soi", le défi du sommet, qui me plaît. Mais faire les 14 8000 ne représente rien pour moi.

Le Broad Peak, réalisé en 2006, fait 8047 m. Le Makalu en fait 8470. A cette altitude-là, 500 m en plus ça fait une réelle différence ?

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lA pREmIèRE FRAnçAISE AU SommET dU mAKAlUJ’ai un ami himalayiste qui m’avait prévenu de la difficulté liée à cette altitude. Mais curieusement, je me suis sentie mieux que sur certains 8000 moins haut que j’avais pu faire avant ! Il faut dire que l’on s’est très bien acclimaté. Comme nous avons été les premiers cette année, nous avons dû équiper la montagne, du coup on a bien pris notre temps. Je pense que c’est pour ça que ça s’est bien passé.

Comment s’est passée l’ascension ? Vous avez eu de la chance avec la météo ou vous avez dû attendre une fenêtre ? Notre première tentative de sommet a échoué à cause du vent. C’était vraiment violent, je n’arrivais même pas à tenir debout. On est donc redescendu jusqu’au camp de base et on a attendu quatre jours avant de retenter le sommet. Et de le réussir !

Et surtout de le réussir sans oxygène ! Oui, je ne concevais pas de le faire avec. Si je ne m’étais pas senti, j’aurai préféré renoncer plutôt que d’y avoir recours. Question d’éthique.

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Dans ces moments-là, comment vit-on l’attente ? C’est long quatre jours... Ça dépend beaucoup des gens. Après l’échec de la première ten-tative, certains ont reçu un coup au moral. Moi ça ne me pose aucun problème ! J’ai beaucoup lu, j’ai dormi, je me suis reposée... Il faut dire que quand je pars en expé, c’est un rythme à l’opposé de celui de ma vie quotidienne !

Votre passion pour les très hauts sommets et votre travail de biochi-miste, en laboratoire, sembleraient presque contradictoires. Vous le voyez comme ça, ou au contraire comme deux univers finalement assez similaires ? Je travaille sur des systèmes en rapport avec l’oxygène, donc oui il y a des similitudes. Et puis surtout, la montagne comme mon travail, sont deux passions où il faut se donner à fond. Ça prend les tripes et ça va loin dans l’investissement personnel. En mon-tagne, c’est pareil.

Propos recueillis par Loïc Martin

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Treks autour du monde en quatre destinations

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Reportages : Christophe Raylat et Franck Oddoux

LE magazinE gratuit outdoor#33 automnE 2010

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noUVEllE-ZélAndEALpiniSmESAuCE kiwiavec ses dizaines sommets et ses immenses glaciers aux allures himalayennes, l’île du sud de nouvelle-zélande offre un potentiel unique pour un alpinisme qui a su conserver tout son esprit pionnier. petit tour d’horizon à l’occasion d’une aimable randonnée alpine, le Ball pass track, aux abords du mont Cook.

Texte et photos : Christophe Raylat

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Sous nos pieds, un glacier aux allures himalayennes. 30 km de long, un chaos gris interminable qui s’épuise à quelques 800 m d’altitude, alimenté par des statistiques

étourdissantes : 45 m de hauteur de neige cumulée par an. Latitude 45° sud. L’équivalent des Écrins en ce qui concerne la hauteur du soleil, mais la comparaison s’arrête là. A nos cotés des Giant Spaniard, des Mountain Daisy, des Mont Cook Lilys, plantes excentriques et totalement dépaysantes. Nous sommes sur l’éperon Caroline du Mont Cook, exposition nord. Face au soleil de janvier (penser juillet), chaleur accablante. Assis, dégoulinant sur un gros rocher plat, l’organisme un rien secoué, nous tentons de tisser une cohérence au travers la somme des surprises et des découvertes accumulées en moins de 24 heures sur le territoire kiwi. Premier sentiment, celui de la ruralité. Les routes ne sont pas plus grandes que des départementales et toutes bordées d’eucalyptus, les ponts sur les rivières sont à une voie. Le paysage est façonné par une agriculture extensive. Les repères se télescopent, Ecosse, Bretagne, Himalaya ? Ni l’un ni l’autre, ni tous réunis, la Nouvelle-Zélande, comme une petite planète autonome gravitant quelque part aux antipodes, sème sur la route du voyageur une myriade d’indices contradictoires, entre exotisme absolu et terrain familier, comme pour brouiller toute ébauche de pistes.

Les grondements de CaroLine

Ainsi, revenons sur notre éperon, à 1 500 m d’altitude. Acablés de chaleur au milieu d’un jardin exotique, nous dominons de 600 m un glacier colossal, et nous sommes écrasés sous une paroi himalayenne de 2 200 m de haut, la Caroline Face, qui gronde en permanence de ses chutes de séracs. Il manque à cette équation (à priori improbable) un élément qui va bientôt entrer en scène. Un léger voile nuageux, imperceptible, avance du sud ouest, masqué par le sommet du Mont Cook. Nous atteignons un vaste replat au bout duquel attend le refuge Caroline. En quelques secondes, un épais nuage masque le soleil et le vent se lève furieusement. Les premiers flocons nous giflent le visage. Il y a moins de dix minutes, il faisait plus de 30°C sur cet éperon… Au refuge, Erika Beuzenberg, notre guide affiche un sourire satisfait. Tout est en ordre, des provisions pour tenir un siège, un confort douillet avec vue panoramique

sur la Caroline face. « Alors les Froggies, vous avez vu, on ne plaisante pas avec la météo ici ! ». Oui, première leçon (aimable), mais leçon essentielle, qui nous donne l’élément manquant à notre équation kiwi : nous sommes au cœur des 40ème rugissants. Les tempêtes qui frappent l’île du sud naissent en Antarctique et ne sont freinées par aucune terre. La mer de Tasmanie donne ainsi naissance à des coups de tabacs aussi fulgurants que dévastateurs. Erika avait abordé le sujet avant même notre départ, ce matin de Mt Cook Village. Dans son sac, un kit complet de survie comprenant matériel de bivouac et réserves pour quelques jours. « Tous les guides qui partent en montagne emportent avec eux de quoi survivre et être autonome, c’est la règle numéro un ici ». Même pour une randonnée alpine facile comme celle que nous effectuons, les précautions sont dignes d’une petite expédition himalayenne. Grégoire Sauget, guide de haute montagne sorti de l’ENSA, a fait plusieurs saisons de guide en Nouvelle-Zélande : « ce qui frappe immédiatement, c’est la différence culturelle dans l’approche de la montagne. Ici, les refuges et les sentiers sont rares, la montagne n’est pas équipée, ni même « occupée » comme chez nous. Le climat détermine une masse glaciaire importante, qui entraîne des dangers

page précédente : Au pied de la redoutable face caroline du mont cook. 2200 m de glace et de rocher aux allures himalayennes…

ci-contre : Le mont cook(3754 m), aussi appelé Aoraki, plus haut sommet de nouvelle-Zélande. son ascension est difficile et les succès sont rares (environ 50 summiters ar an).

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objectifs souvent plus marqués qu’en France. Mais surtout, celui qui n’a pas vécu une tempête d’altitude ne peut pas imaginer à quoi cela ressemble. Il m'est arrivé de rester 9 jours bloqué avec des clients dans un refuge. J’étais obligé de les encorder pour aller aux toilettes ! J’ai vu un gars, avec un sac de 20kg, se faire soulever de plusieurs mètres pas une bourrasque. Un jour sur le glacier Tasman, après une chute de neige importante, je suis tombé 31 fois dans des pots. » Les histoires de tempêtes effroyables fleurissent les récits de veillées dans les refuges. Il y a celle de ces deux types très expérimentés sur le Mont Aspiring. La tempête se lève, les rafales sont évaluées à 280 km/h à 3 000 m. Plus bas, il tombe 4 m de neige en 4 jours. Au départ, pas de panique, ils s’enterrent et grignotent les provisions. Mais le temps passe et ils prennent soudain conscience que leur abri se recouvre de mètres de neige et prend l’allure inquiétante d’un tombeau. Une partie s’effondre et ils manquent d’étouffer sous le poids de la neige. L’un des deux décide de tenter sa chance. Il sort et rejoint un plateau sur lequel il doit avancer au piolet traction… À l’horizontale ! Il parvient malgré tout à trouver un abri. Après quatre jours, les secours sont à leur recherche, alors qu’il somnole dans son trou de neige, le second grimpeur se sent soudain

Une histoire immédiateLa première trace humaine en nouvelle-Zélande remonte à l’an 950. Le navigateur polynésien Kupe aborde la côte ouest et nomme cette terre inconnue Aotearoa (le pays du long nuage blanc). Kupe repart et il faudra attendre 1300 pour que d’autres pirogues viennent entamer une timide colonisation maorie. Il faut savoir qu’avant ces dates, il n’y avait aucun mammifère en nouvelle-Zélande (à l’exception de deux races de chauve-souris). paradis des oiseaux et d’une végétation endémique incroyablement riche. L’exploration de l’île du sud a conduit les maoris à pénétrer profondément les vallées alpines et à traverser des cols engagés, à la recherche de la précieuse pierre verte qu’ils nommaient pounamu et à la quelle ils attribuaient des qualités médicinales. L’arrivée des premiers occidentaux en 1642 (le hollandais Abel Tasman), puis leur véritable installation sur les deux îles principales (début 19ème) se fit dans un premier temps sur les bordures côtières. Il fallut attendre le milieu du 19ème siècle pour que les régions de hautes montagnes soient explorées. rapidement les regards de conquête se tournèrent vers le point culminant, le mont cook et ses 3 754 m nommé par les maoris, Aoraki. La première tentative sérieuse est à mettre au crédit du guide suisse Ulrich Kaufmann et son compagnon emile boss, accompagnés de leur client, le révérend irlandais William green, en 1882. Ils furent bloqués à quelques mètres du sommet par une violente tempête qui faillit bien leur coûter la vie… La première eut lieu le jour de noël 1894 par une équipe kiwi composée de Tom Fyfe, jack clark et george graham, devançant le célèbre guide italien mathias Zurbriggen et son client anglais edward Fitzgerald. Zurbriggen prendra sa revanche quelques mois plus tard en réalisant l’ascension de l’arête nord-ouest et en atteignant le sommet en solitaire. ces premières marquent le début de l’âge d’or de l’alpinisme kiwi. Avec la création du club alpin néo-zélandais (1891), l’activité se structure rapidement et les sommets tombent les uns après les autres. Après plus d’un siècle d’explorations et de premières, les principaux sommets des Alpes néo-zélandaises demeurent peu gravis par rapport à leurs homologues européens. On compte en effet environ 50 ascensions du mont cook chaque année et encore moins du redoutable mont Tasman, second sommet du pays… Des statistiques qui soulignent que l’esprit pionnier demeure ici encore bien vivace.

oppressé, il est en train de s’asphyxier. Avec l’énergie du désespoir il creuse frénétiquement vers le haut et émerge soudain au milieu d’une étendue étincelante, le grand beau est revenu, les secours ne sont qu’à quelques mètres de lui…

des refuges à L’anCienne

Sur les massifs alpins de l’île du sud, le secours en montagne est géré par les parcs nationaux (DoC – Department of Conservation) qui ont une délégation territoriale de la police. Une équipe spécialisée peut intervenir et mobiliser si nécessaire des moyens privés (hélicoptères notamment). Les demandes d’intervention sont généralement faites depuis les radios des refuges ou par téléphone (via le 111, numéro de la police). Il faut savoir que les refuges ne sont pas gardés, chacun inscrit donc son itinéraire avant de partir et veille au bon déroulement des autres ascensions. Le premier réflexe en arrivant dans un refuge est de contrôler que ceux qui sont partis sont bien revenus (ou qu’ils le seront bientôt). Chaque retour de course est accueilli par un bon thé bien chaud accompagné de savoureux cookies. La faible capacité des refuges (pas plus de 20 places généralement) souligne cette solidarité entre alpiniste. « C’est aussi une

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partie du métier que vous ne connaissez pas en France — explique Erika en touillant une succulente poêlée de petits légumes — une fois revenu au refuge, notre job n’est pas terminé, nous devons faire la cuisine et veiller à la bonne récupération physique de nos clients. » La salle commune de la Caroline hut est douillette comme un ancien refuge de chez nous. Des couchettes autour d’un poêle bien chaud bordent une grande table. Les cuisines ne sont pas toutes équipées de gaz et d’ustensiles, il faut donc prévoir d’être autonome sur ce point. Il est également impératif de réserver. En cas de trop plein, il n’est pas rare de se retrouver à bivouaquer dehors (grâce au matériel de bivouac dont tout alpiniste kiwi ne se sépare jamais). Les refuges sont également équipés d’un élément qui paraît tout à fait étrange à l’alpiniste « froggie » récemment débarqué : un tableau noir et des craies. Nous voici au cœur de la spécificité kiwi. Ici la pratique de l’alpinisme est d’abord un apprentissage de l’autonomie, comme en témoigne Grégoire Sauget. « Alors qu’en France le métier de guide est surtout de « conduire », ici, nous devons « transmettre ». Ceux qui viennent découvrir l’alpinisme (beaucoup d’Australiens en particulier), viennent suivre un "Technical Mountainering Course" (TMC), sorte de stage d’acquisition à l’autonomie. La théorie commence alors au refuge sur le tableau noir. Il arrive même qu’elle dure un peu lorsqu’on est coincé par le mauvais temps… ».Mais c’est sur le terrain que cette approche de la montagne s’exprime totalement. Ainsi, le deuxième jour de notre randonnée alpine sera largement consacré aux techniques de progression, d’assurage et d’arrêt sur neige. Petite nuance anecdotique au passage, les alpinistes kiwis marchent avec la pique tournée vers l’arrière et la panne vers l’avant. Le piolet est ainsi immédiatement en bonne position pour effectuer le fameux « self arrest » en cas de chute. Après deux heures d’exercices nous aurons même droit à des mises en situations croustillantes (mais plausibles) du genre : « je chute la tête en bas, sur le dos, je suis retenu par les pieds, la pente est bien raide et la neige tassée par nos multiples passages, et en plus y a ma copine qui rigole… ». Résultat probant, après cette séance intensive, chacun marche bien solidement sur ses crampons, sûr de son pas et nullement inquiet par la perspective d’une glissade, alors que nous gravissons le Kitiaki Peak, petit satellite d’un Mont Cook. Pendant ces quelques jours de traversée,

nous aurons la chance d’avoir un temps exceptionnel (mise à part la minuscule dépression du premier soir). Mais ici, le beau temps est synonyme d’un autre danger : le soleil. La Nouvelle-Zélande est située dans la zone d’influence du fameux « trou » dans la couche d’ozone, cela signifie que le soleil est beaucoup plus nocif que sous nos latitudes. Ainsi Ewan Patterson, guide de haute montagne, a eu de sérieux problèmes de peau et est aujourd’hui contraint de se protéger totalement. « Je porte des vêtements longs, des gants, et une casquette spéciale avec des rabats qui masquent mon visage. Nous sommes conduits par notre travail à nous exposer à ce soleil dangereux et les médecins nous ont prévenu, c’est se protéger ou risquer le cancer de la peau ! »

guides au top !

Il existe deux diplômes de guides en Nouvelle-Zélande, un pour l’hiver (ski guide) et un pour l’été (climbing guide), ils sont délivrés par la New Zealand Mountain Guides Association (NZMGA), créee en 1974. Pour être reconnu comme guide UIAGM (équivalence depuis 1981), il faut avoir obtenu les deux diplômes. Il n’y a actuellement qu’une trentaine de guides ayant cette équivalence internationale. Pourtant, la renommée de ces montagnards a fait le tour du monde. A commencer par Sir Edmund Hillary, vainqueur de l’Everest dont on continue à croiser l’image, telle une icône sacrée, dans chaque magasin de montagne, dans chaque refuge, sur chaque produit technique… Athol Whymp qui reçut le piolet d’or 1998 (avec Andrew Linblade, Australien) demeure l’un des meilleurs locaux. Il affiche une polyvalence rare avec des performances aussi bien en rocher (8b sur coinceurs) qu’en parois mixtes. D’une manière générale, le fait d’évoluer sur un terrain souvent délicat, avec un état d’esprit « kiwi » porté sur l’autonomie et la débrouillardise, a permis aux grimpeurs néo-zélandais de bien appréhender les autres montagnes du monde (l’Himalaya en particulier). Ainsi Erika Beuzenberg qui nous guide pendant cette rando glaciaire a réussi en 1993 la première hivernale féminine du Fitz Roy en Patagonie : « côté mauvais temps, ce n’était pas pire qu’ici… »Aux antipodes de ces combats hivernaux, nous remontons les pentes douces et ensoleillées du petit glacier Ball, face au majestueux bassin supérieur du glacier Tasman. L’autre versant du Ball Pass nécessite

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de sortir la corde pour quelques minutes. Ici on ne « tente pas le diable » comme dit Erika en souriant. Bientôt, nous rejoindrons les pentes herbeuses de la vallée Hooker, au milieu de ces étranges marguerites géantes, les Mountain Daisy. Il faudra encore six heures avant de franchir le grand pont suspendu qui permet de rejoindre la route. Six heures à admirer ce paysage encore totalement préservé. Vallées immenses, glaciers puissants, sommets ciselés, sans la moindre trace de civilisation. Six heures pour quelques pensée amicales vers ces montagnards généreux. Ici on échange, on se parle très simplement, sans esprit de compétition ni de

quelconque « frime » (que ce soit dans le matériel, les vêtements ou l’inventaire narcissique de ses derniers exploits). On prend le temps aussi de s’asseoir, de tremper ses pieds dans un ruisseau bien frais. Sur cette petite planète de montagnes parfois rudes, perdue au cœur du Pacifique sud, l’homme demeure un nouveau venu. Position modeste qu’il est bon de garder en mémoire au moment de partir à l’autre bout de la planète vivre la plus étonnante des aventures alpines…

P.S. Quelques mois après ce reportage, la guide Erika Beuzenberg s’est

tuée en franchissant le Ball Pass avec deux clients.

La guide erika beuzenberg,l’une des figures de l’alpinisme kiwi avec quelques belles premières à son actif, nous accompagnait lors de ce reportage. elle est malheureusement décédée depuis en montagne.

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SituationLe mont cook se trouve au centre de l’île du sud. D’une manière générale l’île du nord est volcanique et plus peuplée que celle du sud, plus alpine et déserte. L’alpinisme se pratique donc essentiellement sur cette dernière.

meilleure périodenous sommes aux antipodes et il faut donc inver-ser totalement les saisons. La meilleure période pour grimper en nouvelle-Zélande s’étend de début janvier à mi-mars. Les (grandes) vacances scolaires en nouvelle-Zélande commencent fin décembre et durent jusque début février.

Avec qui partir ?• L’agence Stages Expéditions est la seule agence française à proposer des séjours complets de

découverte avec randonnées glaciaires et ascen-sions faciles (le ball pass décrit dans cet article, et dépose hélicoptère au Franz joseph glacier pour diverses ascensions). Au final un véritable voyage d’alpinisme très accessible. Alpinisme en nouvelle-Zélande, 17 jours, 4490 € (aérien et déposes hélico comprises). renseignement sur www.stagexpe.com.L’agence propose également une expédition pour l’ascension du mont cook (ascension difficile, moins de 50 réussites par an). Devis sur demande à www.stagexpe.com.Tel. 04 50 55 94 26

• L’agence Nouvelle-Zélande Voyages est spécia-lisée sur la destination et propose beaucoup de formules à la carte (mais pas d’alpinisme, hélas).renseignements sur www.nzvoyages.com

Informations complémentairessur Internet (en anglais)• Le site des guides kiwis, très complet : www.nzmga.co.nz• Le site du club alpin néo-zélandais, beaucoup d’informations pratiques et possibilité de com-mander les guides et les cartes. beaucoup de liens intéressants. www.alpineclub.org.nz• Le site du Departement Of Conservation, beau-coup d’infos locales et toutes les coordonnées pour réserver les refuges. www.doc.govt.nz

bibliographieTopos guides• Au vent des Iles, Nouvelle-Zélande. Aotearoa, Le pays au long nuage blanc. cet ouvrage nous propose de partir à la découverte du passé de la nouvelle-Zélande, en comprendre les paysages et

l'organisation de l'espace actuel, en approcher la société dans ses composantes sociales et culturelles. editions Au vent des Iles, 47 €• New Zealand South Island travel guideLa bible du voyageur dans l’île du sud de nouvelle Zélande, en anglais (18 €). malheureusement il n’existe plus d’édition française du guide Lonely palnet sur la nouvelle-Zélande. • The Aoraki Mount Cook Guidebook par Alex palman. Le topo le plus complet sur le massif du mont cook, à commander sur le site http://alpineclub.org.nz (15 $)

noUVEllE-ZElAndEpratiquepratique

sur le Kaitiaki peak (2222 m) près du ball pass, au loin le grand bassin glaciaire de mont Tasman.

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Retrouvez le nouveau s i te www.escape-magazine.com

en l igne f in octobre

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L’après-midi est chaude et humide. Sitôt quittées la piste chaotique et les dernières maisons de bois, la forêt nous enlace et nous avale en quelques mètres. Les odeurs se télescopent. Odeurs de

jungle humide, parfums de fleurs mêlés de tourbe à l’ombre d’arbres immenses dépassant allègrement les trente mètres de haut, comme le Dea kilimandsa. Le murmure de la forêt ponctué du cri un peu étrange des singes Colob Guereza rythme la marche silencieuse de ces premières heures sur le Kili. Nous remontons lentement la voie lemosho, sur le flanc ouest du massif. Le premier camp est vite atteint et les tentes sont dressées sur une petite clairière à 2 650 m. Demain, nous laisserons derrière nous la forêt équatoriale après quelques heures de marche pour découvrir les zones de bruyères. Les traces d’incendies récents sont encore visibles. Notre guide Prosper Kamili est un peu perplexe. « Depuis cinq ans que cette route a été tracée, le paysage a totalement changé. Il y avait autrefois à la sortie de la forêt une zone de bruyères géantes qui a presque totalement disparu à cause d’incendies répétés qui sont très difficiles à maîtriser. Leur origine vient certainement des habitants des villages qui viennent enfumer les essaims d’abeilles pour récolter le miel. Eux rétorquent que ce sont les feux des touristes qui provoquent ces incendies. Mais

cela fait des années que les réchauds au kérosène ont totalement remplacé le bois dans les campements... ».Sur la crête de Shira, aux alentours de Johnsell Point, les hautes bruyères ont survécu aux incendies de ces dernières années. Tout en bas, on peut lire la courbure de la montagne lorsque ses premières pentes quittent la plaine.

Le KiLimandjaro est une îLe

L’idée s’impose comme une évidence au fur et à mesure que l’on s’élève sur ses flancs. Seul le mont Mérou émerge de cet infini, comme une île voisine, un repère familier qui nous indique l’échelle. L’insularité de ce massif ne se situe pas seulement dans son isolement géographique. Le Kilimandjaro forme un système complexe qui fédère de grands équilibres écologiques, économiques et culturels. Les trois volcans qui forment le massif (d’ouest en est, le Shira, le Kibo et le Mawenzi) sont un formidable réservoir d’eau qui permet aux tribus Chagas d’entretenir des cultures parfois opulentes de maïs, café, cacao, bananes ou avocats, ainsi que de grandes exploitations de bois (mélèzes, pins, eucalyptus)… Venus des plaines du Kenya, les Chagas se sont implantés sur les flancs du Kili qu’ils ont défriché jusqu’aux abords de la forêt équatoriale, vers 2 500 m d’altitude. C’est à la

KIlImAndjARoLA hAutE trAVErSéELe Kilimandjaro se résume trop souvent aux 5 895 m fatidiques du uhuru peak. C’est oublier que le toit de l’afrique est d’abord un massif complexe dont l’environnement est aussi riche que varié. Effectuer une traversée ouest-est du Kili, hors de sentiers battus et avec bivouac dans le cratère, permet de prendre la mesure de cette richesse.

en haut : en quittant le camp de shira 2 (3900 m), montée vers le camp moir (4200 m), face à nous le versant ouest du Kilimandjaro avec la voie d’Arrow glacier, la plus intéressante pour gravir la montagne.

en bas : promenade près des derniers vestiges de glacier dans le cratère du Kilimandjaro.

Texte et photos :Christophe Raylat

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limite supérieure de cette ceinture forestière qu’ont été fixées les limites du Kilimanjaro National Park (appelé Kinapa), lors de sa création en 1973. James Kabibara est responsable du secteur écologie, il insiste toujours sur la complexité de préserver un espace sans entraver son développement économique. « La pression des cultivateurs est de plus en plus forte, ils veulent développer leurs champs au détriment de la forêt. C’est pourquoi les limites du parc tendent aujourd’hui à englober la forêt équatoriale afin de la protéger. Dans le même temps, il est important que les agriculteurs comprennent que leur patrimoine naturel est pour eux source de richesse. L’immense attrait touristique de la montagne nécessite sa protection. Nous devons gérer ce flux de quelques 4 000 touristes qui entrent dans le parc chaque année. Dans chaque camp il y a un garde du parc qui contrôle et enregistre les autorisations. Relié par radio avec les autres postes, il sert également de centre de secours prêt à intervenir en cas de problème. Notre rôle est également de veiller à ce que les sentiers restent propres et bien entretenus et nous avons depuis peu des équipes de nettoyage qui sillonnent les différentes voies d’ascension… »

Choisir sa voie

Ces voies demeurent peu nombreuses et une majorité de trekkeurs se concentrent sur les deux plus fréquentées (la Marangu et la Machame), avec des sens de montée et de descente imposés. Pour cette ascension, nous

avons la chance de pouvoir suivre un itinéraire plus original qui permet de traverser le massif d’ouest en est. Une première partie sur la voie Lemosho jusqu’à Lava Tower où nous empruntons la montée directe par le versant ouest d’Arrow Glacier. Une nuit dans le cratère et descente sur le versant Est pour rejoindre Barafu, puis la Selle entre Kibo et Mawenzi avant de descendre par la voie Rongaï, plein nord. Un itinéraire en traversée qui aurait pu être encore plus complet et grandiose si nous avions obtenu les autorisations de descendre par le grand Barranco au pied du Mawenzi. Mais cette descente n’est pas entretenue et les autorités ne veulent pas prendre le risque d’avoir à intervenir sur ces zones difficiles d’accès pour secourir des trekkeurs en perdition. Eric Christin, fondateur de l’agence Nature Discovery a passé une vingtaine d’années au pied du Kili, il comprend la position du Kinapa sur la gestion des voies d’accès. « Autrefois, le Kili était gravi par des montagnards, aujourd’hui on voit arriver des candidats au sommet qui n’ont parfois jamais marché sur un sentier. Le parc ne peut pas se permettre de laisser les gens faire n’importe quoi sinon il passera son temps à faire du secours. »

un repère CuLtureL

Au pied des crêtes de Shira, le plateau remonte lentement vers les contreforts du Kibo. C’est un univers jalonné de lobélies où les trekkeurs sont encore rares et où l’on peut croiser des élans de Derby, des chacals et même des hyènes et des éléphants. Le camp de Shira 2 à 3 700 m marque le pied du Kibo. Un journée d’acclimatation tranquille vers Moir Hut (4 000 m) où trône un crâne d’éléphant et une journée de montée vers le camp de Lava Tower (4 908 m) nous conduisent à pied d’œuvre. Les nuages qui se sont inexorablement accrochés au cours de l’après-midi nous enferment au pied de l’impressionnante Western Breach. Goulottes de glaces et ressauts sombres qui se perdent dans le gris des brumes. Par la timide ouverture de la tente chacun cherche l’itinéraire de la nuit prochaine. Cet éperon ? Ce névé ? Il y a quelque chose d’héroïque dans cette ascension, au sens le plus humain du terme. Et même si cela peut faire sourire les montagnards purs et durs pour qui le Kili reste un gros tas de cailloux disgracieux, il n’en demeure pas moins que cette montagne-là est unique au monde. Peut-être parce qu’elle est la plus accessible des « grandes montagnes », un absolu à la portée de

Kilimandjaro : aspect et histoire6 octobre 1889. hans mayer devient le premier homme au sommet du Kilimandjaro, le plus haut du continent africain. Le Kili forme un massif volca-nique endormi qui regroupe trois cra-tères : shira (3 900 m) le plus vieux, mawenzi (5 150 m) à l'est et Kibo (5 895 m) le plus haut... rebaptisé en 1962 Uhuru peak, "pic liberté" en swahili, symbole de la nouvelle indé-pendance du pays. Le sommet de Kibo est orné d'une caldeira d'environ 2,5 km de diamètre parsemée de cratères et de cônes dont le principal entoure un cratère d'environ 800 m. si le volcan est endormi depuis très longtemps, il règne sur Kibo une faible activité volca-nique (fumerolles et traces de souffre) qui donne les signes d'un volcan bien vivant. Depuis 1973, la zone au-dessus des 2 700 m d'altitude a été déclarée parc national du Kilimandjaro alors que la ceinture extérieure, entre 1 800 et 2 700 m, appartient à la réserve forestière depuis 1921.

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(presque) tous et un repère culturel inscrit dans nos histoires personnelles, entre Hemingway et Walt Disney. Espoirs et craintes conduisent donc les premiers pas hésitants au cœur de la nuit. La voie d’Arrow Glacier est certainement la plus intéressante pour gravir le Kili. Alors que les montées de Marangu et Machame se font sur des éboulis poussiéreux définitivement rébarbatifs, le Western Breach se gravit par un versant raide où l’on rejoint un petit éperon bordé de grandes goulottes de glace. Si la neige est abondante une paire de crampons peut-être nécessaire, mais la pente reste raisonnable et les risques de chutes peu importants. En revanche, les premières lueurs du jour nous font découvrir un paysage inoubliable. Notre île est maintenant suspendue en plein ciel. Au loin, tout petit, le mont Mérou n’est plus qu’un maigre récif. A nos pieds, le plateau de Shira et les pentes s’enfuient vers la plaine ondulant dans

une brume incertaine, 4 000 m plus bas. Le rythme est lent et chacun vit « son Kili ». Les derniers mètres sous le cratère se font dans l’impatience du soleil qui nous frappe soudain. En une seconde le paysage s’ouvre et la lumière nous inonde. A quelques mètres le glacier de Furtwangler ressemble à une œuvre de l’artiste Miro. Cette glace blanche posée sur un sable ocre est d’une bouleversante délicatesse. Une glace qui autrefois couvrait la presque totalité du cratère et dont l’inexorable disparition résume la lente (et planétaire) agonie d’une nature asservie.

gaffe aux séjours trop Courts...

Au pied de la pente sommitale, où certains d’entre nous reviendront pour bivouaquer, nous buvons un thé rapide. Le vent peut bien nous fouetter en bourrasque, le sommet est tout prêt… Une pente

page de gauche : Dans le cratère du Kili, à 5750 m, le glacier de Furtwangler est posé sur le sable. D’après les dernières études son espérance de vie serait d’environ 30 ans.

ci-dessus : en sortant de la Western breach, le glacier de Furtwangler offre le spectacle étonnant de la glace posée sur le sable et les roches volcaniques.

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de neige facile et la crête qui s’avance. Une arête si large et presque horizontale. La neige a disparu, la poussière et les minuscules pierres noires crissent sous les chaussures. Cet instant qui s’avance est rare et précieux. Et puis tout s’arrête. Le grand panneau de bois « congratulations you are now at Uhuru Peak, Tanzania, 5 895 m ». Sommet du Kili donc. Photos, poignées de main, paroles et larmes, silences et recueillements, prendre aussi le temps des regards perdus sur l’océan continental vers lequel il nous faut maintenant redescendre.Avant, les plus motivés et les mieux acclimatés pourront bivouaquer près du glaclier de Furtwangler à 5 730 m. L’occasion d’aller contempler le cratère du Ash Pit et de vivre l’un des plus époustouflants lever de soleil que l’on puisse imaginer depuis l’Eastern Icefield et ses glaces ciselées qui captent les premiers rayons du soleil. Silence et contemplation, même notre guide Prosper est sous le charme. Bien qu’il ne compte plus ses ascensions du Kili, c’est la première fois qu’il vient sur ce glacier au petit matin. La longue descente par le versant nord sur la voie Rongaï reste peuplée des émotions vécues ces derniers jours. C’est aussi un retour vers l’oxygène, la chaleur et la vie. L’acclimatation sur le Kili demeure le point crucial. La généralisation des séjours courts conduit les agences à programmer le sommet sur 6 à 7 jours. Du coup les 5 896 m sont souvent atteints dans un état plus ou moins avancé de mal aigu des montagnes. Pour Thomas Holden qui dirige aujourd’hui l’agence Nature Discovery ces ascensions express sont un non-sens. « Faire l’ascension en aller-retour par la Coca Cola Route (Marangu) ne présente guère d’intérêt si ce n’est fouler le sommet et redescendre au plus vite. C’est vraiment dommage de ne garder que cette vision réductrice de la montagne. Le massif du Kilimandjaro présente des milieux naturels incroyablement diversifiés et riches. On peut ainsi partir pour 11 ou 12 jours sur la montagne, en faire le tour et découvrir sa diversité. L’ascension est alors bien plus facile et agréable parce que les clients sont biens acclimatés et qu’ils ont apprivoisé la montagne. Le Northern Circuit qui contourne le Kibo par le nord est notamment un itinéraire parfait pour s’acclimater et découvrir un autre visage du Kilimandjaro… ».Au village de Rongai, l’arrivée se fait de façon éparpillée. Chacun pose son sac sur l’herbe et retire les chaussures de marche. Les porteurs s’affairent

pour trier le matériel collectif. Un ultime déjeuner sous un soleil de plomb, en bordure d’un Kili désormais invisible. Le voyage s’achève donc ici, sur les rivages d’une montagne qui ressemble à une île, aux glaciers condamnés et au sommet mille fois mouillé de petites larmes d’aventuriers amateurs, de ses héros ordinaires si merveilleusement humains qui un jour avaient rêvé du Kili.

Itinéraires et fréquentationIl existe 7 voies au total qui partent du bas de la montagne, mais pour le dernier jour d’ascension (le plus long et le plus difficile) seules 3 voies sont répertoriées.La marangu et la machame sont sur le versant est et sont très fréquentées. elles se présentent sous la forme de pentes d’éboulis assez désagréables à remonter. elles sont enfin saturées et les départs au milieu de la nuit ressemblent à des chenilles proces-sionnaires. La Western breach (ou voie d’Arrow glacier) est située sur le versant ouest, elle est un peu plus raide mais beaucoup plus esthétique que les deux autres, elle est également moins fréquentée. enfin, le parc impose des sens de montée et descente sur certaines voies. La réglementation du « Kilimanjaro national park » ne permet pas de choisir son itinéraire à sa guise et au dernier moment. La voie de descente est toujours imposée en fonction de celle que l’on a choisie à la montée, afin de connaître le nombre et la position des trekkeurs en cours d’ascension. Aussi, ceux qui auront choisi de gravir le Kili par l’Ouest et le sud (voies machame, Lemosho, Umbwe, shira) prendront obligatoirement la voie mweka à la descente. Les trekkeurs qui auront atteint le sommet par le nord et l’est (voies rongaï et marangu, dite « voie normale ») emprunteront la voie marangu à la descente.machame et marangu sont les deux voies d’ascension les plus courantes (respectivement 6/7 jours et 5/6 jours minimum). La machame, plus engagée et sauvage, se parcourt en un jour de plus depuis la forêt jusqu’aux laves volcaniques et au glacier, permet-tant une étape sur le plateau de shira et donc davantage de temps pour s’acclimater. La marangu, plus populaire, est aussi la plus courue ! Les voies parallèles shira et Lemosho (5 à 8 jours) rejoignent la voie machame après le plateau de shira, à 3 900 mètres. La voie rongaï (5/6 jours) débute à la frontière kenyane et rejoint, sur sa fin, la voie normale. enfin, la voie Umbwe (5/6 jours) est la plus ardue, traversant la jungle sur toute sa première partie. Les « circuit sud » et « circuit nord », situés en moyenne à 4 000 mètres d’altitude, font l’objet de randonnées très intéressantes (en rallongeant le trek) autour du sommet. A la descente, la voie marangu ne présente pas de difficulté particulière tandis que la mweka, plus pentue et sportive, reste interdite à la montée.

De gauche à droite : Le versant ouest du Kilimandjaro, moins fréquenté. Les forêts au pied de la voie rongaï et un acacia, l'arbre symbole de la Tanzanie.

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meilleure périodeLe climat tropical, très chaud sur la côte tan-zanienne, reste tempéré sur les hauts plateaux. et de plus en plus frais en prenant de l’altitude, au cours de l’ascension : attention aux nuits qui peuvent être très froides. La saison sèche s’étend de mai à octobre, suivie d’une courte période de pluies entre novembre et décembre, puis des grandes chaleurs de décembre à février. La vraie saison des pluies prend le relais de mars à début mai. Les périodes les plus stables correspondent donc aux plus chaudes et sèches : de décembre à mars et juillet à mi-octobre.

Avec qui partir ?• L’agence Stages Exépéditions est la seule agence française à proposer la grande traversée du Kilimandjaro par la Western breach avec bivouac dans le cratère. cet itinéraire est certaine-

ment l’un des plus spectaculaires sur la montagne. La haute traversée du Kili, 12 jours, à partir de 2550 e (compter environ 650 e de droits d’en-trée dans le parc national en plus). Infos sur www.stagexpe.com, tél: 04 50 55 94 26.• Stages Expéditions propose également un itinéraire très original avec une ascension du mont Kenya en acclimatation puis une ascension du Kili par son versant nord (en rejoignant la Western breach). ces deux programmes ont l’avantage de se dérouler loin des foules des voies normales. Toutefois, l’agence propose également une ascen-sion par la voie machame (à partir de 1740 e). Informations complètes sur www.stagexpe.com, tel. 04 50 55 94 26.• L’agence Allibert propose un grand voyage au Kilimandjaro avec ascension du mont Kenya, puis du Kili et enfin la visite des grands parks, 22 jours, 3545 e. Informations sur www.allibert-trekking.com

portageLe portage se fait uniquement par des porteurs, rassemblés autour de l'association Anp, chargée de la réglementation à ce niveau (car de nom-breux abus ont été observés). Les règles fixent entre 15 et 18 kilos la charge maximale pour chaque porteur (hors affaires personnelles), ce qui leur permet d'arriver en avance pour préparer le campement et le dîner. compter deux porteurs par trekkeur.

A lireguides• Kenya et Tanzanie, guide evasion, éd. hachette Tourisme, 264 pages, 14.50 e.• Tanzanie et Zanzibar Lonely planet, présente un chapitre importrant sur le Kili. (23 e)• En anglais : Kilimanjaro, a trekking guide to Africa’s highest mountain, henri stedman, éd. Trailblazer, 224 pages, 25,50 e

• Trekking in East Africa, guide Lonely planet, 288 pages, 25 e

Livres• Kilimandjaro la grande traversée, editions glénat, ch.raylat, 30eAu travers d’un récit au jour le jour et d'encadrés thématiques, ce livre prend le temps de raconter la réalité d'une montagne pas comme les autres. Une réalité environnementale, culturelle et humaine. Un DvD présentant le film de cette expédition est offert avec le livre.• Les neiges du Kilimandjaro et autres nouvelles, ernest hemingway, éd. gallimard, 2001, 12 e.• Vers les montagnes de la lune, henri morton stanley, éd. phébus, 1993, 250 pages, 19,67 e.

Tous ces livres peuvent être commandés en ligne sur le site www.gaia-store.com

KIlImAndjARopratiquepratique

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djAnETfOOL mOOndAnS LE SAhArAL’idée est belle : marcher dans le désert, de nuit, pendant la pleine lune. Le tassili n’ajjer, dans le Sahara central, offre des paysages sublimes, de sable et de rock. Sous les étoiles, la méharée a repris le chemin des touaregs qui pendant des siècles progressaient dans l’obscurité. un superbe voyage. parce que les nuits peuvent être plus belles que les jours. Texte et photos : Franck Oddoux

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arrivée du pays du Petit Prince, en Airbus. Atterrissage à Orly. Ciel plombé. Gris acide. Le blues du retour se chasse avec le MP3, le volume

sans doute plus fort que recommandé. C’est Damien Saez qui s’y colle, son corrosif « J’accuse » vient de sortir dans les bacs. Il a fait le voyage dans le désert et retrouve des watts au moment du débarquement. Le carrousel se met à tourner, crachant les valises. Le stress dont on avait oublié jusqu’à l’existence fait son retour de flamme. C’est la grande bousculade pour extirper en premier sa valise, quitte à piétiner allègrement son voisin. Quelques noms d’oiseaux volent. L’humanité dans toute sa splendeur. Ils vont finir par nous bousiller la sérénité ramenée de l’océan de sable. La chanson de Saez, « Pilule », prend un relief particulier, ses mots sont des coups de projecteur cru. Des lyrics qui auront ponctué ce trip algérien. Chaque voyage a sa bande son.

Djanet, hiver 2010. La nuit est douce, l’air promène des effluves de printemps. Le passage du rude hiver européen à la chaleur du désert est presque brutal. Les tongs ouvertes font oublier instantanément les chaussures de ski rigides. Le programme du trek a été concocté aux petits oignons, il s’agit de faire une grande virée en autonomie, avec des chameaux, pendant plus d’une semaine. Mais plutôt que de suer sang et eau, la ruse consiste à marcher de nuit, l’organisateur prévoyant s’étant enquis que notre venue coïncidait avec la pleine lune. Première nuit sous la tente, dans la banlieue de sable de Djanet l’oasis, une entrée en matière non violente, un sas avant le désert. Et déjà, le ciel étoilé et des histoires de méharées. Progresser de nuit ? Les avantages sont énormes. Les grosses chaleurs sont évidemment évitées et les paysages prennent une autre dimension. Contrairement à ce que le béotien peut imaginer,

« Je me lève et Je prends des pilules pour dormir.Je prends le métro dans la meute Je rêve de partir dans des pays où il fait chaud à l'autre bout du monde, loin de ce boulot qui me tue et qui creuse ma tombe.Je me lève et Je prends des pilules pour dormir.les Jours se ressemblent et putain que c'est triste à mourir quand on a rien pour soi, que le chèque de fin d'mois, la télé, le canapé et le crédit à payer. »

préparation du bivouac dans la Forêt de pierres. rassemblement des chameaux.

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cette partie de désert possède des reliefs somptueux. La platitude n’appartient pas au Tassili N’Ajjer. Dans l’obscurité, les formes des reliefs montagneux prennent quasiment vie. Fatigue ou vagabondage de l’esprit, les pics s’animent pour se muer en animaux fantastiques plus ou moins sympathiques. Nomade Aventure a eu la belle idée de réactiver la coutume ancestrale des caravanes qui profitaient de l’obscurité pour couvrir le maximum de chemin.

Il faut compter sur les touaregs pour décrypter la voute céleste, ils doivent avoir bac + 5 en étoiles. La tête en l’air, on oublie la pesanteur. Ces hommes nomades savent parler simplement de leur univers. Les choses de la vie sont épicées par leur poésie, leurs légendes et petites histoires en forme de paraboles. On admire, on envie leur apparent détachement et leur sérénité. La grande roue céleste tourne, pourquoi s’en faire ? C’est finalement ce que l’on se dit, le corps renversé, imprimé dans le sable frais, le regard rivé sur une galaxie identifiée par le guide. Les touaregs sont dans le présent, jamais devant leurs chaussures, poussés par le stress. Un voyage de ce type remet bien entendu les pendules à l’heure. On oublie jusqu’à l’existence même de la clepsydre. Le temps reprend de l’épaisseur, voire, peut-être du sens. La marche est rythmée par les chameaux et tous les gestes quotidiens, simples mais cruciaux. On commence par fixer les bâts sur le dos des animaux. C’est toujours un spectacle. Chaque chamelier charge avec une précision parfois maniaque sa bête. Elle est précieuse, il faut la ménager, c’est sa richesse, son outil de travail, même si l’expression est malvenue, un chameau étant beaucoup plus que ça pour les hommes du désert. Il est des lieux où l’on se sent plus en vie. Les voyages à la cime sont d’évidence régénérateurs. Dans ce bout

« J'ai des amis, J'ai des amours, Je connais pas leur nom on surfe tous au gré des toiles, sûr qu'on est pris dedans, sûr qu'on est rien de rien, que du vide, que du vent, sûr qu'on est rien, rien, que des morts, que des morts vivants.Je rêve un Jour de rencontrer les filles de miami et les stations s'enchaînent moi Je sors à vitry dans les couloirs du métro Je crache sur les murs mais la nation me guette, mais la nation me guette.Je suis un homme mort, coincé entre quatre murs ».

« Je vais les rues, Je vais les lieux où on ne m'attend pas, ceux que Je croise au fond des yeux non, ne me voient pas.Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien, des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins.Je fais le mort, Je fais le fier, Je fais celui qui existe mais dans l'ombre du miroir Je ne vois que du triste.parano dans les rues putain Je parle seul, toxico au pognon Je vais droit au cercueil en or s'il vous plaît Je voudrais qu'on m'inhume mais J'ai les moyens que de la fosse commune. »

de Sahara, on s’imprègne aussi de moments de grâce. Dans le genre, l’Adaïk et la Forêt de Pierres sont des moments forts. Ces sculptures de roches labyrinthiques sont un véritable labo photo. C’est beau. Pas besoin d’en rajouter. Nous avons pu errer entre les piliers de rochers à la tombée du soleil, les pieds dans le sable fin, blanc. Blancheur contre pierre chocolat, clairs obscurs. Non loin de ces monolithes, à condition de grimper

en haut : moment de plénitude avec vue sur le plateau du Tassili…

A droite, préparation du pain et cuisson dans le sable avec la chaleur des braises.

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une immense dune ventrue, on peut s’offrir une vue incroyable sur le plateau du Tassili et le pic de Tiska. On le dit à 100 kilomètres plus au sud, difficile de se rentre compte de l’échelle. Et toujours les touaregs, avec nous, adaptés, à l’aise dans cet environnement qui peut être hostile. La journée, impossible de marcher, l’air vibrionnant est affligeant. Seule solution, se terrer au pied des rochers en faisant bien attention au préalable de ne pas poser ses fesses sur un reptile venu, lui aussi, trouver un peu d’ombre. Inutile de lutter quand les températures dépassent haut la main les 40 degrés. Abdication. C’est le temps du thé, cérémonie utile et chargée de sens, trois verres les uns après les autres pour être dans les clous avec la tradition. A l’écart, les braises brûlantes du feu ont fait du sable un four. La pate

« amphétamine sous lexomil, extasie sous valium, l'héroïne de mes nuits des acides dans les chewing-gums. des cachets pour maman, des antidépressiants. du viagra pour les vieux et des calmants pour les enfants.neuroleptiques touJours, sûr qu'on cherche le Jour où nous verrons lumière dans tant de contre-Jours. société c'est perdu nos amours sous tranquillisants qui sommeillent dans les cœurs des métros de perdants.dis quand viendra le Jour où nous retrouverons flamme ? »

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à pain s’y glisse et commence à cuir, c’est d’une simplicité déconcertante, et ça marche. Quand la lumière se fera moins mordante, on ira découvrir les gravures millénaires (on parle de 3000 ans avant JC) sur le site archéologique de Teghargarht. On voit sur le rocher une belle vache stylisée qui pleure. La tradition orale a retenu que son chagrin vient du tarissement d’une source. On la comprend. L’arrivée incongrue d’un 4X4 casse un peu la magie du moment. Il faut reprendre notre route dans le parc national, il faut s’y réfugier pour continuer notre méharée, loin de la civilisation motorisée.

Merci à Damien Saez, l’auteur de l’album « J’accuse », textes au cordeau et atmosphère décapante. Chez tous les bons disquaires. http://www.damiensaez.com

S’offrir le Sahara au clair de lune avec nomade Aventurenomade Aventure propose ce magnifique trek dans le sahara central, région de Djanet, le Tassili n’Ajjer. 9 jours de trek dont 6 à pied. Départs garantis à partir de 4 personnes. Il faut compter pour chaque étape 5 à 6 heures de marche par jour. portage par chameaux. Oasis, palmeraies, dunes, oueds… la grande évasion. pour tout renseignement et contact : http://www.nomade-aventure.com

jeune Touareg originaire de Djanet. comme ses chameaux, lui arrive t-il de boire ?

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VoyAGESEnSIblEà SéoUlSéoul, capitale de la Corée du Sud, est l’une des quatre plus grandes villes au monde. Son vaillant cœur asiatique est en mou-vement nuit et jour. L’énergie dégagée est particulière, à la fois liquide et canalisée. grâce à la marche, on peut caresser cette ville intrigante et belle. temples, architec-ture, design, gastronomie, histoire… Les occasions de la comprendre sont multiples. mais elle sait rester un peu sauvage, cultu-rellement distante : c’est tout son charme de fille asiatique. Texte et photos : Franck Oddoux

trEk urbAin

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faire tourner le planisphère, l’arrêter en mettant le doigt dessus et se payer un pays. Jouer le luxe du « pas chiche ! » et atomiser son empreinte

carbone avec un billet d’avion… Vieux mythe rêveur. L’impulsion du voyage ne naît jamais comme ça, au hasard. Corée du Sud. Appelons-la, Korea, car un peu américanisée. Divisée, elle aspire à être indivisible. On ne se lève jamais le matin en décidant d’aller voir l’empire du Matin-Calme. On y va pour y retrouver un cœur, se perdre, où se rafistoler l’âme façon « Lost in Translation ». Sur le papier, la Corée n’a pourtant rien à voir avec le Japon. Sur place, dans le tumulte de Séoul la capitale, le parallèle avec Tokyo est vite fait. Une publicité lumineuse géante, perchée sur l’immeuble d’en face, baigne la chambre d’hôtel d’une lumière orange. Les corps, trempés d’amour se lovent dans les draps froissés. Dans l’air : Danger Mouse and Sparklehorse fredonnent « Everytime I’m with you ». Les bruits de la rue filtrent, mais surtout le flot de véhicules sous

la pluie. L’influence maritime est prégnante, l’été, une chaleur humide plombe la ville. C’est la période des milliers d’ombrelles, écrans à soleil et à pluie. C’est aussi une façon pour les belles Coréennes de préserver la pâleur de leurs visages. Les poupées ne doivent jamais vieillir. Des gants de soie peuvent compléter la panoplie. L’hiver, malgré la mer à quelques encablures, un froid de gueux peut cingler les joues des passants. D’antiques photos en noir et blanc montrent le fleuve Han gelé ; petit air de Canada frileux.

La totaLité et La marge…

Pourquoi « Lost in Translation » ? Parce que tout ressemble à chez nous mais tout diffère, finement mais sûrement. L’atmosphère a un « je ne sais quoi » d’exotique, de décalé, différent. Ça ne saute pas aux yeux de prime abord mais les Coréens gèrent l’espace de façon différente. Tout est affaire de fluidité. Dans le métro, personne ne se touche, ne s’effleure. Chacun reste

modernité et tradition, mêlés.A gauche, la célèbre fausse piscine du national museum of contemporary Art. A droite, un des nombreux temples de séoul où l’on reconstitue des mariages princiers.

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sagement dans sa bulle en respectant l’espace vital de l’autre, sans aucune intrusion. On monte et on descend des rames en faisant gentiment la queue. A aucun moment on peut avoir un sentiment de stress lié à un mouvement de foule. C’est confortable et complètement surréaliste pour un européen et à plus forte raison pour un parisien habitué aux troupeaux énervés de Paname. On note aussi une politesse toute asiatique mâtinée dans certains cas de timidité. Dans la rue, jamais un mot plus haut que l’autre, on règle les tensions dans la discrétion, tout est affaire de paraître et de respect. Ne jamais perdre la face, surtout. Autre point fort de Séoul, c’est la propreté incroyable de la ville. On pourrait marcher pieds nus dans le métro, sur les « trottoirs-sou-neuf ». Tous les espaces publics sont briqués, on peut s’y voir dedans. Allons plus loin dans l’intimité. La civilisation par le petit bout de la lorgnette : la Corée est sans doute avec le Japon, le champion du monde des toilettes. Elles sont élevées au rang de Rolls Royce. Ainsi, de série, on

a : siège chauffant, pupitre électronique pour gérer le nettoyage, la puissance du jet qui lave les fesses (voire le visage si on se loupe !), séchage et parfois même une petite musique pour masquer certains bruits indélicats. Bref, tous ces détails s’ajoutent pour créer une atmosphère agréable, de cohabitation humaine dans cette ville peuplée de plusieurs millions d’habitants. Les Séoulites savent vivre et déclinent l’idée que le hasard n’a pas grand place dans la vie urbaine. Pour un marcheur découvreur, c’est extrêmement confortable car les déambulations ne sont jamais sujettes à des coups fourrés. La capitale s’offre à lui simplement et facilement, dans toute sa beauté, sa modernité inspirée.

eCran pLat ou gong ?

On s’en aperçoit seulement lorsque l’on ouvre son antique encyclopédie : Séoul est, avec presque 23 millions d’habitants (agglomération d’Incheon comprise), la quatrième mégalopole du monde derrière Tokyo, Mexico et Sao Paulo. La ville a su, en effet, trouver un équilibre entre modernité et tradition. Avouons, cette phrase sonne creux, et pourtant, comment exprimer ce contraste incroyable entre les buildings et les temples bouddhistes pelotonnés aux pieds des géants d’acier et de béton ? Le quartier du Coex est un lieu improbable. C’est un mall comme aiment à les arpenter les citoyens désœuvrés ou avides d’espaces commerciaux

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orphelins de sens. Si l’on n’y prêtait pas attention, ce temple de la consommation dissimulerait presque deux joyaux de quiétude, de recueillement et de spiritualité : le Samneung Park et surtout le Bongeunsa Temple. Il suffit de franchir la rue pour oublier l’asservissement de la carte bancaire. D’abord, ici, la verdure reprend ses droits. Les arbres à l’ADN asiatique pourraient ombrager un nouveau bouddha. Le gong des moines fait vibrer l’air qui oublie pour un instant l’haleine chargée de la ville. Les Séoulites en costume viennent s’y recueillir, prier de manière naturelle, sans contrition. Les vieux temples en bois, magnifiques, colorés, sont l’inverse des églises repoussoirs glacées. On y entre et sort pour alléger sa condition, curieux manège constitué de business men, de gens de la rue. Séoul n’a pas oublié ses racines. Elle a les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Pourtant, elle aurait pu perdre son âme. Car, dans l’incroyable élan de reconstruction d’après guerre, elle s’est lancée dans une course à la modernité effrénée, en s’inspirant, parfois en copiant, les recettes du miracle économique japonais. Il suffit de lever le nez pour voir qu’une marque comme Samsung pilote le pays. Ce conglomérat détient quasi 10% du PIB. Impossible de lui échapper : téléphones, écrans plats, mais aussi véhicules, travaux publics et les fameux chantiers navals de l’île de Geoje (au sud, en face de Pusan) qui assurent la production de pétroliers, méthaniers, porte-conteneurs. Ses 19 000 salariés dévoués bottent les fesses de nos constructeurs de bateaux français ; le savoir-faire change de mains et migre sur le dos de la petite planète. Dans Séoul, pas de doute, l’emprise de l’électronique est bien réelle. Les gadgets sont partout y compris dans le métro où des sortes d’iphones géants, tactiles, permettent

de retrouver son chemin sur des cartes que l’on fait glisser sensuellement du bout des doigts. Mais au détour d’une rue, on trouve de petits marchés où des mamies édentées et courbées, vendent quasiment au sol des poissons et autres bestioles étranges. De petites carrioles montées sur des roues à gros rayons se faufilent entre la foule compacte…

CiCatriCes…

Comment arriver à comprendre tous ces gens, à se faufiler dans leur univers mental, faire partie de leur vie et du groupe ? Il y a d’abord la langue, cheval de Troie pour s’imprégner de leur culture. C’est la première page du mystère. Si l’alphabet est particulièrement élégant, il n’en reste pas moins totalement sybillin. Une page d’écriture, un panneau indicateur laissent perplexe. Subitement la distance avec les Séoulites grandi. Commander un plat dans un restaurant relève de l’énigme. Le serveur est toujours extrêmement patient et cordial mais c’est la grande loterie pour savoir ce qui va arriver au final dans l’assiette ! Pour un court séjour, on pare au plus pressé et l’on s’arme de quelques mots de secours : « annyong Haseyo » pour dire bonjour, « aahn nyung hee ke se yo » en guise d’au revoir et « saranghi », « je t’aime » pour conter fleurette. L’usage de l’anglais n’est pas forcément répandu, c’est peut-être tant mieux, la distance est donc importante et les Séoulites restent précieusement mystérieux. L’histoire permet aussi de mieux comprendre ce peuple fier et travailleur. La Corée a joué bien malgré elle le rôle d’une pièce de puzzle dans le cruel échiquier entre le bloc de l’est et les USA. Juin 1950, le général communiste Kim Il-Sung franchi le 38ème parallèle en envahisseur, c’est le début d’un nouvel étalement de la bêtise humaine. Trois ans plus tard l’addition est terrible : 4 millions de morts, des pays exsangues, des

ci-contre, belle trekkeuse à pusan… A droite, les templesde séoul accueillent tout un chacun dans une ambiance décontractée.

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milliers d’orphelins, c’est la guerre de Corée. Il faut reconstruire, serrer les dents et se retrousser les manches. Aujourd’hui, les traces du conflit ne sont pas visibles au grand jour, l’énergie d’un peuple est passée par là. Mais à quelques kilomètres de Séoul, il faut absolument aller visiter la Demilitarized Zone (DMZ) la mal nommée. C’est sans doute l’endroit au monde le plus militarisé, justement. Sur 238 kilomètres de long et 4 de large, la DMZ sépare le nord du sud, sorte de réminiscence dépassée de l’ex Rideau de Fer allemand. Plus d’un million d’hommes en armes sont massés de part et d’autre de cette ligne de discorde. On peut pénétrer les tunnels creusés sous cette zone par la Corée du Nord afin d’envahir son voisin. Un ingénieux système de détection mis au point par les ingénieurs du sud permet de les repérer et de les neutraliser. Impossible aussi de ne pas coller son œil aux nombreuses longues vues pointées vers le nord. Le spectacle est saisissant : forêts dévastées, absence de tout mouvement de population, façades de villages en trompe l’œil afin de faire croire au sud que l’on vit richement dans le nord… Bref, se joue sur cette frontière un jeu surréaliste et malsain qui risque un jour de dégénérer.

séouL’s feeLing

On repart de Séoul avec un sentiment étrange, celui d’avoir touché du doigt un peuple altier, riche d’histoire, de succès économiques et porteur aussi d’une blessure de guerre pas si ancienne. Cette ville a

un charme fou distillé par l’essaimage de ses multiples temples et sa passion du design. Les belles lignes, les formes confortables à l’œil sont toujours présentes, soit en filigrane, soit très appuyées dans l’architecture. Il y a bien entendu le National Museum of Contemporay Art et son artéfact de piscine au potiron géant : unique. Difficile de faire l’impasse sur la grimpette de l’incontournable et totémique Séoul Tower. Sur les berges du fleuve Han qui sépare la ville en deux, il suffit de s’asseoir et se laisser gagner par l’ambiance vintage des lieux : on est quelque part, nulle part, dans une bande dessinée, coincé entre le béton stylisé et cette eau enjambée par des ponts démesurés, cannibales. Séoul ne se livre pas comme ça. On l’approche par petite touche, une sorte d’effeuillage. C’est un beau voyage sensible, délicat qui demande des sens subtils, sincères. On ne repart pas de cette capitale en pensant avoir compris mais plutôt en ayant caressé ce qu’il reste à découvrir, encore. L’avion redécolle d’Inchéon, l’aéroport tentaculaire, et on se dit que l’univers des Séoulites, comme un produit à assimilation lente, marque le voyageur. Séoul ne peut s’oublier.

Séoul pratique• La monnaie est le won. Le coût de la vie est à peu près identique à celui de la France. 100 euros = 150 000 wons.• Les palais (palaces) sont nombreux et magnifiques : gyeongbokgung ou changdeok-gung, construit en 1405, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.• Gastronomie. Viande ou poisson, la nourriture à séoul est excellente. Il faut goûter le Kimchi, un mélange de piments et de légumes fermentés (chou), il accompagne la majorité des plats. • Lignes aériennes. Des vols réguliers partent de paris, puis Amsterdam et Inchéon Airport. Un train ou des bus (très peu chers) permettent d’atteindre facilement le centre ville.

séoul et ses 23 millions d’habitants offrent de vrais moments de quiétude avec ses parcs et ses lieux de prière.

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#31 printEmpS 2010

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EXpéLA StrAtéGiEdE L’ESCArGOt

#30 printEmpS 2010

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49 matoS Escape #33

matoSTREKp.50 ACCESSoIRES SéLECtion dES indiSpEnSaBLESpour LE trEK

p.54 TESTS ChAUSSURESnEuf pairES dE ChauSSurES tigE midau BanC d'ESSai

p.58 TESTS SACS à doShuit modèLES dE SaC à doS dE 45 LitrES Et pLuS

p.62 TESTS SACSdE CoUChAGEhuit SaCS tEStéS pour SaVoirLEquEL VouS ConViEnt LE miEux

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50 matoS Escape #33

tout le nécessaire à avoir dans son sac à dos avant de partir trekker à l'autre bout du monde... comme à côté de chez soi. Sélection : Loïc Martin

ShoppInG TREKLES indiSpEnSAbLES

TImEX / E-ALtimEtErLa seule montre-altimètre à aiguilles. La E-Altimeter vous suivra dans tous vos voyages, de -120 à 7600 m d'altitude ! Prix public conseillé : à partir de 199 euros

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Avec ses 430 g tout compris (cartouche de gaz, réchaud et

casserole), l'Eta Express se révélera

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ARVA / trOuSSE dE SECOurSSon petit format (15 x 15 x 5 cm) permet d'avoir tout le nécessaire sur soi en cas de petit bobo. Vendue vide ou garnie de produit Hartmann.Prix public conseillé : 12,95 euros (vide), 21,95 euros (garnie)

lowE AlpInE / rOLL up wASh bAGCette trousse de toilette minimaliste permet d'emporter avec soi tout le nécessaire. Pratique, elle se replie sur elle-même et peut se suspendre.Prix public conseillé : 20 euros

lowE AlpInE / diAmOnd jACkEt Avec ses 405 g, cette veste a sa place au fond de votre sac, pour parer aux éventuels changements météo en un clin d'oeil. (Le modèle présenté est la veste femme. Existe aussi en homme)Prix public conseillé : 135 euros

hUSKy / brEtCette tente deux places de la gamme Extrême Lite pèse seulement 2,5 kg. Elle est vendue avec un kit de réparation, un sac de compression, le filet de rangement et une moustiquaire. Retrouvez le produit sur www.trekkeur.com.Prix public conseillé : 139,90 euros

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TSl / VAnOiSECompte-tenu de son faible poids et de sa

poignée longue, le Vanoise est un choix de premier ordre pour les

treks et randonnées. Prix public conseillé :

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mIZUno / mid LAYEr jACkEtÀ portée pendant l'effort, cette veste légère coupe-vent est également déperlante et respirante. Prix public conseillé : 150 euros

ThE noRTh FACEnSE trACtiOn muLEUn chausson confortable et chaud, idéal une fois arrivé au refuge ou au bivouac. La semelle renforcée permet de les porter en extérieur si besoin.Prix public conseillé : 49 euros

SIGG / GOurdEUne gourde c'est bien, une gourde

"design", c'est mieux !

Prix public conseillé : 20 euros

pATAGonIA / dOwn SwEAtEr SpECiAL EditiOnAttention, édition limitée ! Extrêmement légère (283 g !), cette veste est garnie en duvet d'oie, pour une chaleur maximale et un encombrement minimum. Prix public conseillé : 280 euros

CAmp / xEnOnUn bâton de marche, c'est bien, mais un peu encombrant quand on en n'a pas besoin... Problème résolu avec ce modèle trois brins.Prix public conseillé : 60 euros

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52 matoS Escape #33

puBL

iCit

E

ShoppInG TREKLES indiSpEnSAbLES

VAUdE / AStrO iiL'intensité de la lumière de cette lampe à gaz est ajustable. Elle est livré avec une boîte robuste pour le transport. Prix public conseillé : 50 euros

mIllET / bALtOrOUne petite polaire parfaite pour les soirées

un peu fraîches. Conçue en Polartec, elle se décline en plusieurs coloris.

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SEA To SUmmIT / tEk tOwELUn classique bien connu des voyageurs et trekkeurs. Serviette en microfibre très absorbante, qui sèche rapidement. Prix public conseillé : à partir de 9,95 euros

pETZl / frOntALE tikkA 2La meilleure amie du trekkeur... Pour la marche de nuit, ou pour bouquiner dans la tente avant de s'endormir.Prix public conseillé : 25 euros

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Les chaussures de trek ont enregistré de belles évolutions. plus légères, souples, confortables, respirantes, elles s’adaptent à nos pieds (et non l’inverse). une sélection/test pour choisir son modèle avec la plus grande attention.

Par Franck Oddoux

TESTS ChAUSSURES TREKtiGES middLE

54 tEStS mAtOS Escape #33

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55 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 570 GrAmmES pRIX 139,90 EurOS poIdS 480 GrAmmES pRIX 115 EurOS poIdS 695 GrAmmES pRIX 149 EurOS

i mIllETi hikE up mid GtxLe test Cette chaussure Millet bien réalisée brille par son grand confort, sa souplesse. Ce n’est jamais le pied qui s’adapte à elle mais elle qui sait rester discrète. Son fit est très bon, à la fois précis et agréable. On aime le laçage qui descend très bas et maintien fermement tout le dessus du pied. Les œillets en cuir pourraient glisser un peu mieux, il faut accompagner le lacet avec les doigts pour obtenir un serrage efficace. Le déroulé de la semelle est bon, pas trop dur ni trop souple. L’accroche satisfaisante pour un usage trek. Bref, une chaussure qui se fait oublier, parfaite pour marcher longtemps.

C’est tOP confortC’est MOINs BIeN Œillets raides

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i lAFUmAi xmOtiOn mid OtLe test Cette Lafuma Mid est de conception classique, en croûte de cuir. Robuste, elle joue la carte du confort avec notamment des découpes autour des malléoles. Son volume est plutôt important, le pied vit bien. Légère (480 grammes), elle convient pour la marche mais aussi d’autres activités de montagne. Polyvalente, on note sa semelle un peu dure de prime abord, pourtant son accroche reste bonne sur terrain humide. Elle arbore un look classique et reste respirante. Le contact intérieur du pied est « ferme », on n’a pas la douceur que l’on peut rencontrer chez certains autres modèles.

C’est tOP LégèretéC’est MOINs BIeN Intérieur spartiate

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i TECnICAi trEk prO GtxLe test Testée longuement en toutes conditions, montagne et sable, on peut affirmer que cette Tecnica est l’une des meilleures chaussures de cette catégorie. On a cherché pendant longtemps un point négatif. Au chapitre de la technicité : RAS. On aurait pu l’attaquer sur son look, là encore, elle ne souffre pas la critique. La construction est soignée, le laçage parfait, l’étanchéité incroyable, le confort de haute facture, la semelle excellente en toutes conditions, les renforts très présents. C’est une chaussure incontournable, robuste et intelligente dans sa conception (amorti bien dosé, déroulé du pied souple), parfait pour le trek. Rien à rajouter.

C’est tOP Toutes les qualités de la chaussure de trek concentrées en un seul modèleC’est MOINs BIeN rAs

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

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56 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 725 GrAmmES pRIX 199 EurOS poIdS 677 GrAmmES pRIX 120 EurOS poIdS 590 GrAmmES pRIX 150 EurOS

i SAlEwAi biSOn trEk LGtxLe test Pas de doute possible, cette Salewa Bison Trek GTX est du même tonneau que la Tecnica. La qualité de finition est élevée, l’étanchéité indiscutable, le confort général très étudié (très bonne languette). Le laçage avec le système de blocage 3D est l’un des meilleurs de la catégorie. C’est une chaussure relativement rigide, plus ferme dans son contact au sol que les autres. Très précise et plutôt fine sur l’avant du pied. C’est du sérieux, du solide. On aime le pare-pierres indestructible.

C’est tOP étanchéité, solidité, laçageC’est MOINs BIeN poids qui commence à se faire sentir

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i ColUmbIAi mEn’S GOrGE mid Omni-tEChLe test Extrêmement souple dans la zone de la cheville, cette Columbia autorise une grande mobilité de l’articulation. L’appui au sol est très équilibré, on ne perçoit aucune dérive de pronation grâce à une mousse dense. Son nubuck au fil du temps épouse la forme du pied et on obtient des pantoufles (dans le bon sens du terme). On aime le serrage du haut du lacet mais un peu moins le bas où les œillets bloquent un peu la manœuvre. C’est une chaussure très agréable, que l’on oublie au cours de la marche. Elle offre aussi une grande polyvalence d’utilisation, comme la via ferrata par exemple.

C’est tOP souplesseC’est MOINs BIeN Œillets

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i SAlomoni ExpLOrEr GtxLe test Salomon a réussi à produire une chaussure de trek très légère, mais qui conserve un maintien et surtout une assise au sol excellente. En terrain tourmenté, l’amorti du talon s’avère très confortable. Autre très gros point fort, le système de serrage et surtout le blocage du lacet au sommet du cou-de-pied. Rien ne bouge. Certains testeurs ont utilisé cette chaussure pour faire du parapente, apparemment, le mix entre souplesse et maintien de cheville correspond bien à la pratique. La semelle est accrocheuse en terrain boueux et le pare-pierres efficace. Une très bonne chaussure légère, confortable, qui diminue la fatigue.

C’est tOP LégèretéC’est MOINs BIeN rAs

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

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57 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 460 GrAmmES pRIX 129 EurOS poIdS 840 GrAmmES pRIX 219 EurOS poIdS 880 GrAmmES pRIX 219 EurOS

i ThE noRTh FACEi hEdGEhOG mid GtxLe test Légère, la Hedgehog Mid GTX permet de crapahuter sans fatigue. Son mesh lui apporte une bonne ventilation dans les ambiances chaudes. La membrane Gore-Tex empêche le sable de pénétrer à l’intérieur (c’est souvent le problème du mesh). On a apprécié son amorti en talon qui filtre beaucoup et le mordant de la semelle Vibram. Rien à signaler de particulier au niveau du laçage : le serrage est très performant. A noter, le volume sur l’avant convient plutôt à des pieds fins (même si la chaussure se détend un peu à l’usage)

C’est tOP Accroche semelle, légèretéC’est MOINs BIeN Léger tassement de la mousse en

talon (pronation)

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i hAnwAGi AtLAS GtxLe test Attention : haut de gamme. La marque Hanwag a choisi un cuir nubuck de grande qualité (2,8 mm) pour équiper sa prestigieuse Atlas GTX destinée à la grande randonnée. Extrêmement résistante, étanche, elle est équipée d’un enrobage caoutchouc qui la protège des cailloux. Très confortable malgré la hauteur de la tige et son cuir qui peut paraître de prime abord raide, l’Atlas n’est pas un carcan. Le serrage des lacets monté sur roulement à billes est un must. La semelle est cramponnable pour la traversée de petits névés. Une superbe réalisation qui ne bouge pas dans le temps.

C’est tOP qualité finition. solidité. etanchéité. cramponnableC’est MOINs BIeN Le poids

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

i ZAmbERlAni LhASALe test Avec le modèle Lhassa de Zamberlan, on se trouve indéniablement dans le haut de gamme. Difficile de faire mieux en terme de qualité de fabrication et de finition. Les ajustements de chaque pièce, les collages sont incroyablement précis. Le cuir est à la fois souple et résistant, il procure tenue ferme mais sans points durs. Le laçage est très efficace et le pare-pierre un must du genre. Reste la semelle qui elle aussi n’a posé aucun problème, y compris sur calcaire mouillé.

C’est tOP Laçage, qualité généraleC’est MOINs BIeN rAs

quALité SEmELLE EffiCACité LAçAGE

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58 unE VErtiCALE Escape #33

plusieurs semaines de test sous des latitudes variées ont permis de se faire une idée sur les meilleurs sacs de trek. portage, praticité, solidité, poids… Verdict des équipes d’Escape.

Par Franck Oddoux

TESTS SACS à doS TREK45 LitrES

58 tEStS mAtOS Escape #33

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59 tEStS mAtOS Escape #33

pRIX 179 EurOS pRIX 199 EurOS pRIX 269 EurOS

i GREGoRyi z 55Le test La marque Gregory ne cesse de prouver qu’il n’est pas besoin d’usines à gaz pour assurer un bon portage. Le Z 55 est un sac léger, au dos très technique mais épuré. C’est light, respirant et agréable à porter à condition de bien régler la hauteur des bretelles (sinon le gros rembourrage lombaire se trouve mal placé). Une fois la position trouvée, c’est du bonheur. L’insert plastique disposé dans le dos est semi-rigide, il épouse un peu les mouvements. Le sac possède de nombreux accès rapides (zips étanches) au volume central. On a adoré les sangles qui coulissent au doigt… Et à l’œil.

C’est tOP qualité du dos, légèretéC’est MOINs BIeN rAs

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

i KARRImoRi CArACAL 45-55Le test Avec son armature métallique, c’est du béton ! On peut le charger au maximum, on a essayé, rien ne bouge ! Pour autant, le dos reste respirant car fortement ajouré entre les mousses de confort. Ces mousses sont d’ailleurs étonnantes par leur volume. La ceinture ventrale est également impressionnante par sa largeur et son épaisseur. Le sac ne possède pas d’accès secondaire au volume principal. Il est particulièrement recommandable pour les lourdes charges, c’est sa spécialité.

C’est tOP Dos très étudié pour le portage lourdC’est MOINs BIeN pas d’accès secondaire au volume central

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

i ThE noRTh FACE i primErO 60Le test Ce sac a sans doute été mis au point aux Etats-Unis car il semble bien adapté à l’outdoor américain qui nécessite beaucoup de portage et l’accès à de gros volumes (60 litres). Dans cet esprit, le Primero 60 est très efficace car il mixe une armature métallique (mais qui reste souple) et un dos mousse préformé réglable. On obtient un portage que l’on peut qualifier de « fluide » malgré la charge : le dos n’est jamais bloqué en position rigide. La mousse employée est très bonne car elle reste efficace avec le temps (elle ne se tasse pas). Avec 60 litres, ce The North Face est tout désigné pour les bivouacs lointains. Un sac solide, efficace et quasi étanche.

C’est tOP volume disponible, qualité des moussesC’est MOINs BIeN Le poids

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

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60 tEStS mAtOS Escape #33

pRIX 100 EurOS pRIX 180 EurOS pRIX 75 EurOS

i mIllETi OdYSSéE 45Le test L’Odyssée 45 est un sac très abouti, cohérent. Toutes les solutions techniques retenues ont été éprouvées. Il n’y a donc pas de surprise ni d’esbroufe marketing. On en a pour son argent, et ça marche. Le dos semi-rigide remplit parfaitement sa fonction. Tous les rembourrages sont douillets. Les sangles coulissent sans problème et la ceinture ventrale ajourée est à la fois light et confortable. L’Odyssée est aussi un sac polyvalent qui peut être utilisé pour un raid à ski, il est muni d’un système de portage des skis. Un best-seller multi-usages.

C’est tOP cohérence du sac à dos. C’est MOINs BIeN rAs

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

i lowE AlpInEi nAnOn 50 Le test La philosophie de ce sac Lowe Alpine Nanon 50 tranche avec celle des autres sacs de cette sélection. C’est en effet un volume de 30 litres avec une extension à 50. Le surplus de litrage devant être utilisé pour un dépannage ou des circonstances exceptionnelles. C’est donc un modèle deux en un qui possède une architecture de sac très léger. On note ses sangles minimalistes et des matériaux light. Pour autant, son portage est très bon et la tenue de la ceinture ventrale excellente.

C’est tOP LégèretéC’est MOINs BIeN mousse des bretelles à pleine charge

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

i hUSKyi SuburbAn 45Le test Le sac Suburban de Husky affiche sa polyvalence. Les porte-matériel latéraux permettent aussi une utilisation « raid à skis ». On note également les attaches type « piolet ». Son dos semi-rigide est confortable, les bretelles assez fines et la ceinture ventrale largement proportionnée. Son poids est un peu élevé mais l’équipement est du genre complet, ceci expliquant sans doute cela. La très bonne idée de ce sac ? Le "rain cover" disposé sur le sommet du sac : très facile à mettre en place dans le sens haut-bas (plus facile que de tirer de bas en haut). Reste le prix : 75 euros ! Comment faire mieux ?

C’est tOP Le prix. rain cover sur le sommet du sac à dosC’est MOINs BIeN Le poids

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

Page 61: ESCAPE #33

pRIX 210 EurOS

i bERGAnSi rASk 50Le test Attention, c’est du sérieux, quand les Norvégiens sortent un sac de trek, ça donne le Rask 50. Chaque détail est méticuleusement pensé, ce n’est pas toujours fun mais c’est 100 % efficace. C’est le seul sac de cette catégorie à proposer un portage avec armatures métalliques qui viennent reposer en partie sur la ceinture ventrale. Les très lourdes charges sont alors très bien réparties, y compris sur le bassin. Le contact du dos est un peu ferme, il faut bien prendre le temps de régler la hauteur. On note l’excellent rembourrage des bretelles. Un très bon sac d’aventurier.

C’est tOP portage des lourdes chargesC’est MOINs BIeN relative raideur du dos

COnfOrt brEtELLES COnfOrt du dOS StAbiLité En pOrtAGE

puBL

iCit

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62 unE VErtiCALE Escape #33

Comment choisir son sac de couchage de trek ? quel poids ? duvet ou synthétique ? quelle zone de confort ? Escape a testé sur le terrain les meilleurs produits du marché. Verdict.

Par Franck Oddoux

TESTS SACS dE CoUChAGE

62 tEStS mAtOS Escape #33

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63 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 1065 GrAmmES pRIX 319 EurOS poIdS 1200 GrAmmES pRIX 199 EurOS

moUnTAIn EqUIpmEnTxErO 550Le test Superbe sac de couchage proposé par Mountain Equipment dont le savoir faire n’est plus à prouver. Il est garni de duvet d’oie (à 93% annonce le fabricant !). Très chaud (+15° à -10°), confortable car très douillet, il permet d’affronter la plupart des situations en trek. On aime le système de collerette qui se ferme par velcro et surtout les arrêts de serrage des cordons. Ces derniers sont en plastique plat : quand on dort la tête dessus, c’est moins douloureux que des systèmes cylindriques, il fallait y penser. Un très beau sac avec cinq compartiments au niveau des pieds (38 au total).

C’est tOP rapport légèreté/chaleurC’est MOINs BIeN Très belle couleur mais salissante

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

ThE noRTh FACEkiLO bAG 600Le test Le serrage par cordon de la tête est particulièrement fûté et ne possède aucune pièce plastique qui peut provoquer un inconfort pendant le sommeil. Le zip central est de grande qualité et coulisse en un éclair. On aime sa coupe, les panneaux ont une découpe et un assemblage qui favorisent le confort. Par exemple, les coutures latérales sont au niveau du sol. Le duvet d’oie (800) remplit bien sa mission lors des premiers frimas. La construction est soignée et les matériaux nobles. La doublure est très soyeuse. Un best-seller à un prix tout à fait équilibré.

C’est tOP matériaux, qualité de fabrication, serrage capucheC’est MOINs BIeN rAs

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

poIdS 990 GrAmmES pRIX 89,90 EurOS

hUSKyESpACE -6Le test Le sac de couchage Husky Espace -6 joue la carte du prix serré, et c'est réussi. Il s’agit d’un sac au garnissage synthétique, donc moins sensible à l’humidité que le duvet mais moins chaud en théorie. Nous avons beaucoup aimé les petits picots anti-glisse disposés dans le dos. Ils évitent de jouer à la savonnette toute la nuit sur le matelas gonflable. Une très bonne idée. Volumineux, confortable, étanche au niveau du cou (double système de serrage), il est indiqué pour le trek estival.

C’est tOP Le prix, le système anti-glisse disposé dans le dosC’est MOINs BIeN grosseur des systèmes de serrage

des cordons

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

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poIdS 1800 GrAmmES pRIX 199 EurOS

nAnoKAirLOCk -5Le test Le Nanok est constitué d’un mélange de duvet et de synthétique. Le duvet se trouve sous le sac alors que le synthétique a été disposé dessus. On obtient un poids un peu plus élevé que la moyenne, mais l’isolation thermique est bonne, en atteste une nuit sous tente à l’automne. On note que toute la construction a été réalisée sans couture pour éviter les ponts froids. L’enveloppement de la tête est particulièrement épais, on croirait presque un oreiller. Le double zip latéral remplit bien ses fonctions et ne coince pas. Sa zone de confort se situe à partir de zéro et au-dessus.

C’est tOP enveloppement de la têteC’est MOINs BIeN Le poids

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

64 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 735 GrAmmES pRIX 299,57 EurOS

moUnTAIn hARdwEARphAntOm 32 SupErLiGht dOwnLe test Le Phantom 32 Superlight Down est réalisé en duvet, ce qui explique sa légèreté et sa bonne protection thermique (zone de confort : zéro). Nous l’avons essayé à l’automne sous tente, il a été tout à fait suffisant. Comme tout sac en duvet, il faut cependant veiller à le protéger de l’humidité (pas toujours évident). Il joue la carte de la légèreté, on retrouve donc un simple système d’enveloppement de la tête, des velcros minimalistes. En revanche, c’est le sac qui prend le moins de place de toute la sélection. Depuis sa première sortie, le Phantom est toujours à portée de main, prêt à partir en reportage grâce à son excellent rapport poids/chaleur/encombrement.

C’est tOP LégèretéC’est MOINs BIeN Zips qui demandent parfois de l’attention pour coulisser

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

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poIdS 1220 GrAmmES pRIX 190 EurOS

lAFUmAwArm’n LiGht 1000 Le test Avec des valeurs de +6° à -14°, le sac Lafuma Warm’n Light 1000 couvre le spectre de températures rencontrées dans la plupart des treks. Garni de duvet d’oie (blanche précise monsieur Lafuma !), il est en effet chaud mais peu léger. Sur le terrain, nous avons apprécié le col doublé de polaire de la collerette interne. Traité déperlant, nous avons noté que la poussière d’eau glissait dessus (jusqu’à un certain point). Un sac sarcophage de conception classique, efficace, bien cintré au niveau des pieds et large en haut (les gros gabarits s’y sentiront très bien).

C’est tOP chaleur, confort de la capucheC’est MOINs BIeN Le poids

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

65 tEStS mAtOS Escape #33

poIdS 1400 GrAmmES pRIX 134,90 EurOS

mIllET CAmp rEGLe test Avec une base de duvet de canard, le sac Millet Camp REG propose des prestations élevées tout en gardant un prix serré (134 euros) ou comment avoir un produit de marque sans se ruiner. Nous avons aimé le double compartiment pour les pieds et le fait que ce sac puisse s’ouvrir entièrement pour être transformé en couette. Sa conception classique fait de lui une valeur sûre, tout est à sa place, L’enveloppement de la tête est douillet et la fermeture aisée grâce à un zip latéral qui ne se bloque pas. Magnifique couleur burnt-orange.

C’est tOP possibilité de le transformer en couette ! Le prix. C’est MOINs BIeN rAs

quALité dES zipS EnVELOppEmEnt dE LA têtE

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66 ESCapE AwArd Escape #33

L a doudoune, dans les années 85 a été clouée au pilori par l’inénarrable Cardis. La technicité du film alu semblait bien supérieure à celui du duvet de nos bons vieux canards. trente ans

plus tard, c’est la vengeance de la bête à plume : les palmidés reviennent sur le devant de la scène. a force de travailler l’étanchéité, on avait un peu négligé l’isolation. ne pas être humide, certes, mais de là à avoir froid… Les marques déclinent donc une large offre de veste chaudes.

Chez Escape, on aime à reprendre le terme américain de « puffy » jacket, c’est parlant. Elles sont garnies de ouate, de primaloft, ou comme c’est

le cas pour cette Crimpstastic de the north face, de duvet 800. Elle n’est pas trop épaisse pour respecter les mouvements et éventuellement se

glisser sous une couche de protection. Son gros point fort, c’est le stretch en polartec qui apporte encore plus de confort et d’aisance. Légère (pesée

à 500 grammes), elle est compressible. Son look sport ne reste pas ridicule pour l’après ski ou la vie de tous les jours. multi-saisons, multi-activités, cette doudoune est de tous les bons coups outdoor.

Prix public : 219 euros

CrimpStAStiCpAr thE nOrth fACE

lA plUmE,lA ChAlEUR,

lE STylE

Page 67: ESCAPE #33

Les magasins labellisés adhèrent à la charte des magasins «montagne authentique» Le magasin est présent dans sa station depuis de nombreuses années.

C’est un acteur local très actif, animé par des personnalités fortes et compétentes.

Il est dirigé par des pratiquants passionnés des sports de montagne.

Les produits sélectionnés par le magasin font l’objet de la plus grande attention. Ils correspondent à des critères techniques rigoureux et à un rapport optimum technique/prix/compétitivité.

Il bénéfi cie des produits et de la communication «Sélection du Comité Montagne».

Le magasin participe aux programmes de fi délisation de clientèle.

Le magasin est engagé dans le programme d’Eco-Comportement.

La qualité du service est une priorité absolue et la satisfaction du client, un objectif permanent.

Eco-Comportement TwinnerTwinner est engagé dans une démarche d’Eco-comportement

visant à réduire l’impact de ses activités sur notre environnement. Nous recyclons nos skis et nos snowboards

usagés. Nous utilisons des produits biodégradables et écologiques (sacs, produits de traitement, fart…).

Le Comité MontagneIl est constitué de professionnels ayant une parfaite connaissance des pratiques liées à la montagne.Ils ont sélectionné pour vous les produits les plus pertinents et les plus adaptés à votre pratique, se singularisant par leur technicité, leur performance ou leur rapport qualité-prix.

Le Comité MontagneIl est constitué de professionnels ayant une parfaite connaissance des pratiques liées à la montagne.Ils ont sélectionné pour vous les produits les plus pertinents et les plus adaptés à votre pratique, se singularisant par leur technicité, leur performance ou leur rapport qualité-prix.

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