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Egocratie et Démocratie

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DESCRIPTION

Aujourd’hui, l’actualité démontre que la réputation des hommes politiques est fréquemment mise à mal par les nouveaux médias (blogs, réseaux sociaux, vidéos amateurs, etc.). Avec internet et les technologies participatives, le citoyen contemporain a hérité d’un nouveau pouvoir à l’envergure encore insoupçonnée.De scène de théâtre, la démocratie représentative s’est transformée en arène de cirque, où les coulisses sont visibles et les spectateurs bruyants et omniscients. Le manque de réflexion sur l’apport politique d’internet et le dévoiement actuel des outils de participation en ligne appellent une réponse urgente, car c’est le crédit de la fonction de représentant du peuple qui en dépend.Ce problème inédit exige des solutions nouvelles : « citoyens » et « représentants » ont besoin de Nouvelles Technologies Politiques pour échanger et exercer leurs pouvoirs.C’est un nouvel espace civique qui est à conquérir, aussi stimulant que lorsque la démocratie a connu ses premières heures. La réconciliation entre la démocratie – le pouvoir du peuple – et l’égocratie – le pouvoir de chaque individu – est à ce prix !Ce livre constitue le trait d’union entre les sciences politiques et les nouvelles technologies. Dans un style clair et accessible, l’auteur analyse avec rigueur l’impact d’internet sur la démocratie et l’art de gouverner.Il conceptualise des phénomènes sociaux inédits, pose les fondations d’un nouveau champ d’études politiques, et propose un plan d’action qui regroupe les six Nouvelles Technologies Politiques dont nous avons besoin.« À égale distance des imprécations nostalgiques et des prévisions techno-béates, Alban Martin analyse avec lucidité l’impact de l’internet sur le champ démocratique. En décrivant les interactions qui existeront entre les technologies et le débat politique, c’est aussi le portrait d’une société numérique en formation qu’il esquisse. Une lecture utile pour tous ceux qui souhaitent qu’à l’issue de ces évolutions, les mécanismes de décision ne puissent échapper aux citoyens. »Bernard Benhamou,Délégué aux usages de l’internet et coordinateur du portail de services aux citoyens sur mobile, Proxima mobile, ministère de la Recherche et secrétariat d’État à l’Économie numérique.« Alban Martin nous fait comprendre avec talent et conviction comment les nouvelles technologies doivent accompagner une nécessaire redéfinition des mécanismes décisionnels dans la vie politique. »Guillaume Champeau, éditorialiste, fondateur de Numerama.comBiographie : Diplômé d’HEC et maître de conférence associé au Celsa-Paris IV Sorbonne, AlbanMartin enseigne les stratégies de communication sur les médias informatisés. Sonexpertise alimente de nombreux cercles de réflexion, tels que le Social Media ClubFrance et l’Institut Montaigne. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur les modifications liées aux nouvelles technologies dans l’univers de l’économie et de la culture.

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« À égale distance des imprécations nostalgiques et des prévisions techno-béates, Alban Martin analyse avec lucidité l’impact de l’internetsur le champ démocratique. En décrivant les interactions qui existerontentre les technologies et le débat politique, c’est aussi le portrait d’une société numérique en formation qu’il esquisse. Une lecture utile pour tous ceux qui souhaitent qu’à l’issue de ces évolutions, les mécanismes de décision ne puissent échapper aux citoyens. »

Bernard Benhamou,Délégué aux usages de l’internet et coordinateur du portail

de services aux citoyens sur mobile, Proxima mobile, ministère de la Recherche et secrétariat d’État à l’Économie numérique.

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« Alban Martin nous fait comprendre avec talent et conviction comment les nouvelles technologies doivent accompagner une nécessaireredéfinition des mécanismes décisionnels dans la vie politique. »

Guillaume Champeau,éditorialiste, fondateur de Numerama.com

Égocratie et Démocratie

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Copyright © 2010 FYP éditions

Collection Présence / Essai

Une collection dirigée par Philippe Bultez Adams

Édition : Florence Devesa, Séverine David

Photogravure : IGS

Imprimé en France sur les presses de l’imprimerie Chirat.

Cet ouvrage a reçu le soutien du Conseil régional du Limousin et du ministère de la Culture et de la Communication, DRAC du Limousin, avec le concours du Centre régional du livre en Limousin.

f pyéditions

ISBN : 978-2-916571-45-4

© 2010, FYP éditions (France)

[email protected]

Tél. : 05 55 33 27 23

www.fypeditions.com

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f pyéditions

Égocratie et

DémocratieLa nécessité de nouvelles technologies politiques

Alban Martin

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Diplômé d’HEC et maître de conférenceassocié au Celsa-Paris IV Sorbonne, AlbanMartin enseigne les stratégies de commu-nication sur les médias informatisés. Sonexpertise alimente de nombreux cercles deréflexion, tels que le Social Media Club

France et l’Institut Montaigne. Il est également l’auteur deplusieurs ouvrages sur les modifications liées aux nouvellestechnologies dans l’univers de l’économie et de la culture.

Biographie

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SommaireINTRODUCTION 9

CHAPITRE 1

Qu’est-ce que la représentation ? 151- Deux types de démocratie 16

2- Trois formes historiques de représentation 17Le parlementarisme au début de la démocratie française La démocratie des partis jusqu’aux années 1960 et 1970La démocratie du public actuelle

3- Les grandes composantes de la représentation 20Mandat et délégationLa recherche du bien communL’opinion publique et la volonté généraleL’accès à l’espace publicLes conditions d’une représentation optimale

4- La métaphore théâtrale 26Télévision et théâtralitéLes coulisses et l’antichambre du pouvoirUn public anonyme et cachéUne interactivité réduite

5- Les conditions du maintien de l’équilibre 32Un collectif en souffranceLa crainte de la sécuritéLe rôle des sondagesUn dispositif concurrent

CHAPITRE 2

Les difficultés de l’espace public aujourd’hui 391- L’incertitude grandissante du contexte économique, 39

social et technique

2- La pertinence nouvelle de certains citoyens 42La complexité de l’argument d’autoritéL’exemple d’internet comme sujet politique

3- La nouvelle ramification numérique de l’espace public 47Toujours plus de personnes et de sujetsL’apport des médias sociauxDes impacts déjà visibles

4- Les collectifs se forment plus facilement et rapidement 54La baisse des coûts de création de collectifsUn référentiel euclidien bousculé

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CHAPITRE 3

L’égocratie 611- Un nouveau pouvoir 61

La transition accélérée entre opinion personnelle et opinion « très » publique Une mécanique fondamentalement nouvelleOpinion publique et viralitéUn impact visible et directUn double rééquilibrage

2- Influencer plutôt que prendre le pouvoir 70Influencer efficacement

3- La surveillance comme moyen d’influence 73L’envers du décor devient visibleUne visibilité qui modifie le rôle du public

4- La revendication de transparence 77Panoptisme citoyenL’horizon impossible de la transparence

CHAPITRE 4

La représentation en transition 811- L’exercice de la représentation se modifie 81

L’open dataL’empathieLa microlégiférationLa représentation-spectacleLa temporalité courte

2- Un nouveau lieu d’explicitation de la volonté générale ? 88Une concurrence possible des espaces délibératifs « officiels »La feintise de participation

3- Un bilan de la « démocratie du public » peu valorisant 92InstabilitéSous-efficacité

4- Une représentation théâtrale dans l’arène du cirque 95Le secret est levé

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CHAPITRE 5

Les enseignements de la représentation 101dans le domaine marchand

1- Un champ d’études intéressant à explorer 102Agora, forum et marchéLa parole au centre de la délibération économiqueCe que l’étymologie nous révèle

2- La mécanique de représentation dans l’entreprise 106L’avis du grand public représentéLe client roi par l’intermédiaire de représentantsDes facteurs internes et externes de décisions

3- Une tendance à l’incertitude dans la pratique de la représentation 110Un contexte de décision plus vacillant L’émancipation des clientsUne opinion (très) partagée de manière plus rapideLa démocratisation de l’accès à l’expertise techniqueUne économie non marchande concurrente

4- Un déni potentiel de ces évolutions 116

5- La menace de la révocation ne peut être ignorée 119L’exemple des maisons de disquesL’exemple des secteurs peu concurrentiels ou à faible valeur ajoutéeL’auto-satisfaction non marchande des besoins

6- Les structures innovantes assouplissent leurs mécaniques 125de représentation

Une représentation interactive

7- Les réussites des pionniers contribuent à généraliser 131cette interactivité

Dans la grande consommationChez des poids lourds de la bourse

8- Réelle émancipation de l’individu-client ou coup marketing ? 134Personnalisation et liberté de choixUne maturité acquise sur le long terme

9- Les nécessaires adaptations pour réussir la transition 137La prépondérance de la réputation sur l’imageDe nouvelles fonctions hybrides entre communication et marketing La représentativité n’est pas recherchée

10- Différentes valeurs ajoutées pour différents dispositifs 143contributifsPrédictibilitéCognitionUtilitéAgilitéLégitimitéDes résultats tangibles

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CHAPITRE 6

Nouvelles technologies politiques 1571- Les impératifs d’extension de cette représentation hybride 157au contexte démocratique

Économique et techniqueSocial Politique

2 - Aucune réelle expérience n’a été menée jusqu’à présent 162Une délégitimation aggravéeUne prédictibilité brouillée Une complexification accrueUn apport de connaissance anecdotiqueUn sentiment d’inutilité renforcé

3- Est-ce que les citoyens sont prêts ? 168Objectiver les termes à discuterFaciliter la bonne alchimieLe représentant ne doit pas abdiquerLe risque de durcissement des positionsDes signes encourageants

4- Les nouvelles technologies politiques nécessaires 176pour sortir de l’impasse

Favoriser l’agilitéDévelopper l’utilitéAugmenter la prédictibilitéAméliorer la connaissanceFonder une légitimité accrueEncourager l’adoption de ces technologies par le concours

5 - La nécessité d’une identité numérique civile 199Une discontinuité de citoyennetéL’authentification forte préexistanteL’espace numérique comme point de départ

6 - Une hybridation de la représentation inéluctable 202Des critères de choix incontournablesUn changement possible dans la continuitéUn outillage politique qui s’étendra progressivementC’est le prochain équilibre

CONCLUSION 211

BIBLIOGRAPHIE 217

REMERCIEMENTS 223

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5 février 2010.

Sur mon blog, je rédige un billet de veille intitulé « UnDigg-like1 réalisé par le ministère de l’Économie et desFinances »2. Le ministère vient en effet de sortir un site internet3 permettant à tout un chacun de partager des idéesd’amélioration autour des questions de l’alternance et del’apprentissage. Ce service permet de voter pour lesmeilleures propositions ainsi que de les commenter afin deles enrichir directement.

L’initiative du ministère me semble louable, ressem-blant dans une certaine mesure à des initiatives déjà éprou-vées dans le domaine marchand : le site de la SNCF,« debats.sncf.com », ou bien celui de la RATP, « vous-et-la-ratp.net », pour ne citer que des acteurs publics. Au traversde mon billet, je relève néanmoins quelques points d’amélio-ration qui faciliteraient la navigation de l’internaute et l’ac-tivité citoyenne associée, par exemple :

- L’absence de réponse ou de prise parole de l’administra-tion ailleurs qu’en première page, ce qui laisse présager dela non-lecture des contributions ;

- Le manque d’information sur la manière dont le contenudu site sera réutilisé ;

- L’absence d’engagement de résultat par rapport à ladémarche globale « d’ateliers de l’apprentissage et de l’alter-nance ».

INTRODUCTION

(1) Du nom du site internet Digg donnant la possibilité aux utilisateurs de voter pour une page web intéressante proposéepar un autre utilisateur (www.digg.com).(2) http://tinyurl.com/apprenti(3) http://www.ateliers-apprentissage.emploi.gouv.fr/

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12 février 2010.

Réponse surprise signée par « l’équipe d’animation » dansles commentaires de mon billet. Sur le modèle, encore unefois, du secteur marchand, l’administration française s’estdonc dotée d’animateurs (community manager). Mais dequoi ? De la participation citoyenne ? D’une communautéd’internautes francophones ? Des personnes ou lobbies inté-ressés par le sujet ? Ma critique consiste ici à mettre en avantle peu de conceptualisation concernant un glissement quinous semble pourtant naturel, voire démocratiquement légi-time.

Les éléments de réponse4 apportés par l’équipe d’anima-tion à mon billet un peu critique soulèvent encore plus dequestions, je cite :

« Sur la question des réponses à apporter directement surla plateforme, nous pensons qu’il est préférable de ne pasrentrer dans le débat pour deux principales raisons :

1. Cela évite le risque de voir la plateforme se transformeren jeu de questions/réponses entre les internautes et le minis-tère ;

2. La vocation de la plateforme reste la valorisation dudébat entre les internautes et leurs propres contributions. »

Le débat doit donc rester clivé entre les internautes quiéchangent ensemble, et l’administration et les représentantsdémocratiques qui discutent entre eux de ce qu’ils voient ouentendent ici ou ailleurs. Il est vrai qu’aucune règle n’encadreles échanges de cette nature entre les citoyens et leurs repré-sentants. Le fait que les internautes ne soient pas forcément

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(4) http://tinyurl.com/apprenti

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des citoyens de nationalité française ne doit pas y être étran-ger5. Tout comme le fait que l’élection au suffrage universeldes représentants du peuple ne comporte aucune mention dece type d’échange, accordant une grande flexibilité dans samise en œuvre, toute personnelle. Dans ce cas, il s’agit de« valoriser le débat entre internautes ». D’autres représentantspeuvent y attribuer une fonction différente. Les internautesdevront à chaque fois la découvrir, puisqu’elle n’est pasexplicitement indiquée.

La suite de la réponse de l’équipe d’animation est égale-ment propice à la critique : « Sur l’engagement du ministère :cette plateforme a pour objectif premier de recueillir les expé-riences et les propositions de chacun, uniquement (vous pou-vez d’ailleurs retrouver régulièrement une synthèse descontributions proposées dans notre zone actualité, qui revientsur les principales suggestions et attentes des contributeurs).Rappelons que toutes les contributions servent à alimenter lestravaux des ateliers, et plus globalement la réflexion préalableau plan d’action concret qui sera proposée par Laurent Wau-quiez ces prochaines semaines. »

Cette initiative est donc adossée à une obligation demoyens, pas de résultats. On peut se demander d’ailleurspourquoi un représentant limiterait-il volontairement lamarge de manœuvre dont il dispose pour trancher un sujet.Mais d’un autre côté, n’est-il pas salutaire que le représentantne s’efface pas derrière ces contributions ? Quel crédit démo-cratique, quelle pertinence doit-on accorder à un dispositifrécoltant des avis non représentatifs par construction ?

INTRODUCTION 11

(5) Un internaute peut éventuellement ne pas avoir le droit de vote (mineurs, étrangers, personnes déchues de ce droit suiteà un démêlé avec la justice, etc.).

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Il est tout à fait recevable que ce dispositif ne serve qu’àalimenter « globalement une réflexion préparatoire ». Mêmesi cela paraît peu ambitieux. Mais sans doute faudrait-il indi-quer clairement aux contributeurs la portée de leurs investis-sements personnels, parfois démesurés ou pétris de fauxespoirs. Le risque est grand de tomber dans le travers d’unedémarche de pure communication politique. Les résultats etmesures annoncés en conclusion du « grand débat sur l’iden-tité nationale », qui a mobilisé beaucoup d’énergies et deressources, montrent que cela n’est jamais bien loin.

En tout cas, ma voix sur le sujet de l’apprentissage a porté,puisque – comme le laisse supposer la réponse personnalisée– j’ai été entendu. Je peux me considérer chanceux de l’émer-gence de ma parole dans un espace public numérique encom-bré et sans repère démocratique. Comble du paradoxe, monavis a été écouté et on y a répondu en dehors de la plateformedévolue à ce sujet. Cette faculté d’influence, consistant àfaire entendre sa voix plus que celle du voisin, dans desespaces où aucun cadre ne régit spécifiquement la relationentre citoyens et représentants, est un embryon de pouvoirpersonnel, une égocratie, qui soulève là encore de nombreuxproblèmes.

Ce qui serait acceptable dans le contexte de la relationclient-entreprise ne l’est pas forcément dans le cadre de larelation entre représentants et citoyens. Il est temps d’aborderpleinement la question, d’autant que le rôle de « représenta-tion » existe dans les deux cas, et permet une comparaisonriche d’enseignements. Cet ouvrage propose de réfléchir auxdifférentes facettes de la fonction de représentant, en utilisanttout d’abord une démarche expérimentale d’observation, puis

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à travers une analyse basée sur les sciences politiques. Denouveaux concepts seront introduits progressivement pourdéfinir un certain nombre de manifestations inédites dans cedomaine. Ce cheminement amènera le lecteur à penser denouvelles technologies politiques, nécessaires à une meilleureentente entre les citoyens et leurs représentants démocra-tiques. Le moment n’a jamais été aussi propice pour réen-chanter la démocratie.

Soyons simplement plus ambitieux !

INTRODUCTION 13

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L’évolution de la démocratie représentative est bien lethème principal de cet ouvrage. Il s’agit tout d’abord d’endéfinir aussi précisément que possible ses caractéristiquespassées et actuelles.

Le fait qu’aucun pays au monde se proclamant démocra-tique ne soit doté des mêmes principes de fonctionnementdu groupe social prouve la variété d’interprétation accordéeà la notion de « démocratie »6. D’où la tendance à l’accom-pagner d’un adjectif, afin de la définir plus précisément :« Comme si [...] la démocratie n’avait de vraie consistancequ’en étant spécifiée “libérale”, “populaire”, “réelle”, “répu-blicaine”, “radicale” ou “socialiste”. »7

Qu’est-ce que la représentation ?

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(6) Entendue comme « pouvoir du peuple », au sens étymologique.(7) Pierre Rosanvallon, La Légitimité démocratique. Impartialité, réflexivité, proximité, Seuil, 2008, p. 357.

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1- Deux types de démocratie

On peut distinguer deux grands types de démocratie : - La démocratie dite directe, où le pouvoir est exercé direc-

tement par les citoyens, qui votent lois et budget. La démo-cratie athénienne du Ve siècle avant Jésus-Christ sert souventd’exemple de mise en pratique de ce modèle, même si seu-lement quelques dizaines de milliers de citoyens libres danstoute la population avaient le droit de constituer le demos (lepeuple) ;

- La démocratie dite indirecte où les citoyens choisissentdes représentants qu’ils chargent d’établir les lois et de lesexécuter. Elle repose sur un mandat représentatif, accordépar les citoyens, avec ou sans intermédiaire. C’est le type dedémocratie le plus répandu, comme en France avec un gou-vernement représentatif élu au suffrage universel.

On note que l’introduction de règles d’inspiration dedémocratie directe au sein d’une démocratie représentativeaboutit à un système hybride dit de « démocratie semi-directe ». C’est dans cette catégorie que l’on pourrait rangerla « démocratie participative », une notion qui sera détailléedans cet ouvrage.

La représentation s’est imposée à l’époque modernecomme la manière la plus pratique d’expression de la volontégénérale. C’est via ses représentants que le peuple accèdeau pouvoir.

Si la volonté générale pouvait être matérialisée à l’échellede la cité athénienne à travers la réunion de tous les citoyenslibres sur une même place à un moment donné, ce mode defonctionnement est impossible pour un territoire comme laFrance.

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Certes, le mode de fonctionnement représentatif fondésur l’élection8, ne respecte plus l’égalité des chances pourl’accession aux plus hautes charges de l’État, car l’élu n’estpas forcément le plus méritant. Mais c’est un mode égalitaire,puisque chaque voix a le même poids dans le décompte desvotes.

2- Trois formes historiques de représentation

Dans la démocratie représentative française, l’équilibredes pouvoirs a varié au cours du temps. Le politologue Ber-nard Manin retrace trois types de gouvernements représen-tatifs idéaux, par lesquels la démocratie française seraitsuccessivement passée : le parlementarisme, puis la démocra-tie des partis, et enfin, le modèle actuel, la démocratie dupublic9. Chaque modèle explicite le poids pris par l’opinionpublique, les critères d’élection des représentants et la margede manœuvre associée, et, enfin, les grandes caractéristiquesde la délibération, productrice de la volonté générale.

Le parlementarisme au début de la démocratie française

Le parlementarisme est à l’origine de la démocratie fran-çaise. L’élection des gouvernants se portait sur le notable quiinspirait confiance grâce à sa personnalité et sa réussite, sou-vent locale. L’élu n’était pas le porte-parole de ses électeurs,mais plutôt leur homme de confiance10, et bénéficiait doncd’une indépendance de décision importante.

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(8) Comme l’explique Bernard Manin, « la procédure élective n’est pas nécessairement méritocratique et ne garantit pas ceque l’on entend en général par égalité des chances », car chaque citoyen a des a priori sur les bonnes qualités qui feront,celui lui, un bon représentant, Principe du gouvernement représentatif, Flammarion, 2008, p. 177. (9) Bernard Manin, op. cit., p. 247 à 303. (10) Le pouvoir des électeurs sur les députés n’était qu’un simple pouvoir de nomination, et l’élu n’était donc pas à leursyeux un commissaire. En revanche, comme le mandat n’était pas synonyme d’abandon de pouvoir par les électeurs,l’opinion publique était caractérisée par une grande liberté – relativement à l’époque. Voir à ce sujet Pierre Rosanvallon, op. cit., p. 143.

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Cette liberté du représentant permettait de vraies délibé-rations et échanges de points de vue au sein du Parlement,avec la possibilité de changer d’opinion. Le parlementarismede la première moitié du XIXe siècle se caractérisait donc parl’absence d’une stricte discipline de vote, et les clivages etregroupements entre députés pouvaient varier en fonctiondes sujets, faisant basculer la majorité d’un côté à l’autre.

La démocratie des partis jusqu’aux années 1960 et 1970

La démocratie des partis, quant à elle, a fait son apparitionau milieu du xixe siècle, et s’est prolongée, selon BernardManin, jusqu’aux années 197011. Accompagnant l’élargis-sement du corps électoral qui provoquait une déperson-nalisation entre électeurs et élus, elle symbolisait le rempla-cement du notable élu par le militant et l’homme d’appareil.En effet, les électeurs choisissaient dorénavant un parti plutôtqu’une personnalité. Cela se traduisait par une stabilité descomportements électoraux, par famille, région ou classesociale. La confiance des électeurs était alors plus accordéepour un sentiment d’appartenance et d’identification à unprogramme politique. L’objet de la confiance est passé de lapersonnalité à une organisation, le parti. Par conséquent, ledéputé lié au parti qui a permis son élection n’est plus librede ses décisions au Parlement.

Les dirigeants du parti demeuraient seuls juges du degréauquel le programme de gouvernance serait réalisé, notam-ment en raison des coalitions nécessaires. La liberté de l’opi-nion publique était marquée par son clivage partisan danstous les domaines : l’information était politiquement orientée,les associations ou organes de presse proches d’un parti. Lerésultat des votes était par conséquent comparable à ce que

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(11) Bernard Manin, op. cit., p. 267.

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les prises de position dans l’espace public laissaient présager.Les séances plénières du Parlement n’étaient plus le lieu dela discussion délibérative : une fois que la position du partiet de son groupe parlementaire avait été fixée, les députés nepouvaient plus modifier leur avis sous l’effet de la discussion.

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(12) Bernard Manin, op. cit., p. 281.(13) Bernard Manin, op. cit., p. 297 à 298.

La démocratie du public actuelle

Depuis quelques décennies, la forme actuelle de démocra-tie représentative correspond, toujours selon Bernard Manin,à ce qu’il nomme la « démocratie du public ». À nouveau, lesélecteurs votent de plus en plus pour une personne plutôt quepour un parti ou un programme. Les partis tendent à devenirun instrument au service d’un leader. L’évolution des tech-niques et outils de communication permet au candidat de sefaire connaître du plus grand nombre sans passer exclusive-ment par des organisations militantes. C’est le règne de l’ex-pert en communication12, avec un électorat qui réagit commeun public assistant à une représentation. Les gouvernantssont élus par le plus grand nombre sur des représentationspolitiques simplifiées et schématiques. En général, les partisne possèdent plus en propre de journaux à grand tirage, etradios et télévisions gardent l’aspect relativement non parti-san qu’ils avaient à l’origine. Il peut donc se produire unenon-concordance entre l’expression de l’opinion publiqueque véhiculent les journalistes ou les sondages, et le vote quien découle. Enfin, la discussion délibérative s’est déplacéepartiellement du Parlement, toujours soumis à la disciplinede vote comme soutien au leader, vers les médias. Les élec-teurs, plus informés et flottants qu’auparavant, constituentun public à toucher en priorité13.

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Ces trois schémas mettent en lumière plusieurs élémentsstructurants :

- Le fonctionnement démocratique s’ajuste au cours dutemps, mais pas vraiment au rythme des changements deConstitution ;

- Le mécanisme de représentation et de délibération estmouvant ;

- Le citoyen et son bagage de connaissances et d’infor-mations occupent une place centrale dans la manière dontles représentants délibèrent pour produire la volonté générale.« La démocratie contemporaine peut ainsi être comprisecomme la forme politique réunissant, en les acclimatant, eten les développant, les multiples histoires de la liberté, del’émancipation et de l’autonomie qui ont marqué l’expériencehumaine. »14

3- Les grandes composantes de la représentationMandat et délégation

Le vote est une composante importante de la démocratiereprésentative. Les élections démocratiques permettentnotamment de distinguer la personne qui aura la tâche dereprésenter les autres. Les représentants à la tête des pouvoirslégislatifs et exécutifs ne disposent pas de la même formed’autonomie que les juges à la tête du pouvoir judiciaire. Ilsdoivent en permanence s’assurer que leurs actes et leursparoles représentent bien la volonté générale, dans une pers-pective de recherche du bien commun15. Le juge, pour sapart, dispose d’un mandat pour exercer la justice de lamanière la plus autonome possible.

ÉGOCRATIE ET DÉMOCRATIE20

(14) Pierre Rosanvallon, op. cit., p. 357. (15) « La première et la plus importante conséquence des principes ci-devant établis est que la volonté générale peut seulediriger les forces de l’État et selon la fin de son institution, qui est le bien commun », Jean-Jacques Rousseau, Du contratsocial, Livre de poche, 1996, Livre II, p. 61.

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La recherche du bien commun

La prise en compte de facteurs externes (ou exogènes)dans l’exercice du pouvoir fait partie intégrante de la fonctionde représentant. Ces facteurs sont notamment les contexteséconomiques, sociaux et techniques pouvant influencer larédaction de lois par le pouvoir législatif ou dans leur exécu-tion par l’exécutif. Nulle décision ne saurait constituer unereprésentation de la volonté générale si elle n’a pas été miseen regard de ces facteurs externes. Cette prise de hauteur estle gage de décisions tenant compte des enjeux collectifs, etreflète le souci du bien commun, qui est la finalité de ladémocratie représentative.

Pour y parvenir, les représentants disposent notammentde la constitution de commissions parlementaires, d’étudeset d’enquêtes durant de quelques mois à plusieurs années.Elles impliquent souvent, de manière directe ou indirecte,des membres de la société civile : experts, académistes, scien-tifiques ou simples individus proches du sujet. Dans tous lescas, le nombre de personnes qui interviennent est relative-ment limité. Leur production finale sert d’éclairage en vuede décisions à venir.

Un autre moyen utilisé par l’État afin de réduire l’incer-titude, particulièrement liée à l’évolution économique etindustrielle, est l’exercice de planification mis sur pied aulendemain de la seconde guerre mondiale par Jean Monnet.Le Plan a fonctionné pendant une cinquantaine d’années,notamment sous la forme de « réducteur d’incertitudes »16.Il fut piloté par le Commissariat général du Plan, avec l’aidede deux organismes de prévision, l’Institut national de la

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(16) Selon la formule de Pierre Massé, Le Plan ou l’Anti-hasard, J’ai lu, 1966.

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statistique et des études économiques (INSEE) et le Servicedes études économiques et financières du ministère desFinances (SEEF). Leur rôle était de fournir des clés de com-préhension de l’évolution économique et industrielle, àl’échelle nationale et internationale, afin d’orienter les inves-tissements dans les secteurs prioritaires pour la croissance.Ainsi l’État peut-il espérer impacter par ce biais les facteursexternes de manière plus ou moins forte en planifiant leurévolution.

ÉGOCRATIE ET DÉMOCRATIE22

L’opinion publique et la volonté générale

L’opinion publique est également un facteur, interne cettefois-ci (c’est-à-dire endogène), qui influe sur la fonction dereprésentant. La liberté d’expression est garantie en démo-cratie comme moyen de se faire entendre par les représen-tants dans l’intermittence du suffrage universel17. Lessondages, la presse, et toute forme d’association destinée àporter plus loin la voix de certains citoyens ont un impact

17 (17) Bernard Manin, op. cit.

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certain sur les termes des échanges délibératifs18. Enrevanche, il n’existe aucune forme d’obligation de suivre cesvoix, si ce n’est le risque de ne pas être réélu. Dans tous lescas, ce n’est pas dans l’espace public que se passe la délibé-ration démocratique, destinée à aboutir à la volonté générale.Les lieux prévus à cet effet sont l’Assemblée nationale, leSénat et le Conseil constitutionnel19.

L’accès à l’espace public

L’opinion publique circule dans la sphère intermédiaireentre la société civile20 et l’État : l’espace public. C’est lelieu accessible théoriquement à tous les citoyens21, où l’ontrouve les publications (publicare) qui concernent tout lemonde (publicus), et qui sont destinées à être potentiellementdiscutées22. Les médias, au cœur de l’espace public, serventde support à la formation d’opinions et à leur circulation.Leur rôle d’informateur, de filtre et d’agrégateur des diffé-rents courants d’opinions y contribue beaucoup. À cette fin,ils créent et diffusent des sondages, offrent une tribune auxexperts, aux élus ou aux responsables d’organisations repré-sentant un nombre plus ou moins grand de citoyens.

Par ce biais, les hommes politiques, élus ou candidats,ont accès à l’espace public, et contribuent directement ouindirectement à la formation de l’opinion publique.

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(18) Dominique Rousseau (dir.), La Démocratie continue, Bruylant L.G.D.J., 1992, p. 10. (19) Dominique Rousseau indique bien que le « Conseil se trouve placé dans la situation de pouvoir dire à ces derniers [lesélus du peuple] que leur volonté, exprimée dans le contenu d’une loi n’est pas, le cas échéant, celle du peuple ». (20) La société civile est définie par Dominique Colas comme « la vie sociale organisée selon sa propre logique, notammentassociative, qui assurerait la dynamique économique, culturelle et politique » : Dominique Colas dans l’article intitulé« Société civile », PUF, 1992, cité par Dominique Wolton, Internet et après ?, Flammarion, 2000, p. 230. (21) Dans le sens où tous les citoyens peuvent théoriquement lire les informations situées dans l’espace public, mais sansforcément pouvoir tous produire de l’information en retour pour l’espace public. (22) Dominique Wolton, op. cit., p. 222.

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Les conditions d’une représentation optimale

Pour parvenir à produire une volonté la plus « générale »possible, les représentants élus par le peuple doivent bénéfi-cier d’un temps suffisamment long pour :

- Incorporer le plus globalement possible l’environnementexterne, qui n’est parfois pas bien appréhendé par l’opinionpublique23 ;

- Connaître l’opinion publique pour y trouver ce qui pour-rait former la future volonté générale à exprimer et promou-voir ;

- Inclure de multiples formes de délibération pour que lavolonté générale se constitue à partir des points de vue dechacun ;

- Disposer d’une certaine stabilité : les institutions donts’est doté l’État sont lentes à agir et à produire des résultatsvisibles par les citoyens, à l’échelle de la vie d’un individu.Il y a ainsi crise de la démocratie lorsque les gouvernementschangent « rapidement » à l’échelle de la temporalité repré-sentative, c’est-à-dire qu’ils ne restent pas suffisammentlongtemps au pouvoir pour traduire en acte et en résultats lavolonté du peuple.

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(23) Potentiellement en raison d’une asymétrie de l’information : l’État dispose d’un accès privilégié aux données nationaleset locales, certaines n’étant pas publiques.

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La valse ministérielle sous la IVe République24, où lesgouvernements restaient en place moins d’un an, a été consi-dérée comme une crise de la démocratie, la volonté généraledevenant stérile en matière de résultat, tant législatif qu’exé-cutif.

Donc, le mécanisme de représentation, entendu commela manière de révéler la volonté générale, fonctionne le plusefficacement possible lorsque trois éléments sont optimisés :

- Les facteurs externes sont tous prévisibles, c’est-à-direque tous les effets et impacts ultérieurs sont inclus dans laproduction de la volonté générale ;

- L’espace public véhicule une opinion publique la plusconforme possible à la réalité, afin de s’en servir commebase de la volonté générale ;

- Les représentants disposent d’un temps suffisammentétendu devant eux afin de former la volonté générale vial’exercice long de la délibération, et de la confrontation despoints de vue et interprétation des facteurs internes etexternes.

Mais comment ces éléments sont-ils appréhendés dans lesystème représentatif actuel, qualifié au début de cet ouvragede « démocratie du public » ? De quelle autonomie les repré-sentants disposent-ils au quotidien ? Quelle place est accor-dée à l’expression de l’opinion publique dans l’intermittencedu suffrage universel ?

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(24) Avec vingt-quatre gouvernements entre 1946 et 1958.

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4- La métaphore théâtrale

Le schéma de « démocratie du public », orchestrée parun gouvernement et un Parlement de représentants, peut êtredécrit en utilisant la symbolique de la représentation théâ-trale25. L’influence grandissante des conseillers en commu-nication qui maîtrisent l’art d’être sous les feux desprojecteurs, celui de planter un décor propice à renforcer lacrédibilité d’un message ou d’un élu, laisse à penser que lascène n’est pas qu’une simple métaphore pour décrire lareprésentation.

Dans le théâtre à l’italienne, toute l’action se passe surles planches, dans un décor mêlant symboles et mise en scèneréglée au millimètre afin d’éblouir ou de faciliter l’adhésionà la scène.

On peut déjà faire une première analogie. Historiquement,le pouvoir a toujours su se parer d’attraits visibles, afin d’af-firmer ou réaffirmer de manière symbolique son ampleur26

« pour s’imposer et en imposer, le pouvoir liait alors desmodes spectaculaires, mais épisodiques d’affirmation effec-tive de son autorité avec une capacité permanente de repré-sentation de cette autorité[...] »27.

Télévision et théâtralité

L’utilisation des technologies médiatiques depuis lesannées 1960-1970 par les représentants alimente égalementcette analogie de la scène :

ÉGOCRATIE ET DÉMOCRATIE26

(25) Le théâtre a d’ailleurs trouvé une inspiration sans fin, dès son origine, dans la mise en scène des dirigeants ou de leurs jeux de pouvoir. (26) Pour Georges Balandier, « tout pouvoir politique obtient finalement la subordination par le moyen de la théâtralité », Le Pouvoir sur scènes, Balland, 1980, p. 23, cité par Pierre Rosanvallon, La Contre-démocratie, Seuil, 2006, p. 240. (27) Pierre Rosanvallon, La Contre-démocratie, p. 316.

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- La télévision est le média de la théâtralité par excellence.Les postures d’émission et de réception des messages poli-tiques sont calquées sur le modèle de la scène et de sesacteurs (présence de décor, mise en scène, maquillage, écran,discours unidirectionnel) ;

- C’est un outil de storytelling28, permettant de raconterune histoire qui se déroulerait sous les yeux des téléspecta-teurs ;

- La position asymétrique29 entre l’émetteur et le récepteurdu message recrée le transfert de pouvoir lié au suffrage uni-versel. Plus les téléspectateurs sont nombreux, plus l’intérêtpour le représentant est élevé. La mesure de l’audience pour-rait être associée à un référendum. Ce média s’accorde doncbien avec l’imaginaire du pouvoir représentatif, car passer àla télévision aux heures de grande écoute est réservé à unpetit nombre qui peut alors s’adresser à la plus grande mul-titude ;

- Les médias traditionnels hiérarchisent l’espace public.En donnant la parole à certains plutôt qu’à d’autres – ce quicorrespond bien au fait que les représentants sont censés êtreceux dont la voix porte le plus –, la télévision occupe uneposition centrale dans l’espace public qu’elle contribue à for-mer et à alimenter.

L’usage de la télévision dans le domaine politique estmême homothétique avec l’ampleur de la représentation. Plusun élu représente un nombre potentiellement élevé de per-sonnes, plus il a de chances de passer à une heure de grandeécoute, dans un média national ou une émission grand public.

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(28) Le storytelling consiste littéralement « à raconter une histoire », en narrant des faits de manière illustrée et bien souventen les enjolivant pour mieux faire passer des points de vue. Voir à ce sujet Christian Salmon, Storytelling, la machine àfabriquer des histoires et à formater les esprits, La Découverte, 2008. (29) En termes numéraire et de faculté d’énonciation.

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La concordance entre audience télévisuelle et nombre decitoyens représentés semble effective : le grand public de latélévision est l’équivalent du grand public de la « démocratiedu public », établi et maintenu par le suffrage universel30.

Les coulisses et l’antichambre du pouvoir

L’analogie entre la représentation politique et théâtralepeut se poursuivre avec les coulisses. Pour Bernard Girard31,le théâtre à l’italienne donne aux comédiens une arrière-scène où cacher la machinerie, les changements de décor, detoilettes, etc. Il y a un espace du regard, supporté par undécor, qui est un espace d’illusion, une représentation trom-peuse de la réalité. Et une arrière-scène masquée, où se passeune multitude de choses cachées.

La correspondance avec le fonctionnement politique oudiplomatique, rythmé par des moments officiels et des ins-tants privés, des tractations à l’abri des regards en vue deprises de position publiques, est assez frappante.

Dans cet espace de clair-obscur se tient également le trai-tement des données techniques, sociales et économiques parles représentants. L’asymétrie dans l’information ainsi entre-tenue, renforcée par le flou relatif pesant sur les méthodes decalculs de certaines statistiques ou chiffres publics, limite lapotentielle remise en question de l’apparence de réalité pro-duite sur scène.

L’« antichambre du pouvoir » renvoie également à l’idéede coulisses, particulièrement à propos ces derniers temps :

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(30) Pour Dominique Wolton, « les médias de masse sont dans l’ordre de la culture et de la communication le correspondant de la question du nombre apparue avec la démocratie de masse et le suffrage universel ou, pour le dire autrement, le grand public des médias de masse est l’équivalent, dans l’ordre de la culture, du suffrageuniversel dans celui de la politique », Internet et après ?, op. cit., p. 32. (31) Journaliste, conférencier, auteur de plusieurs livres sur le management et ses théories, Bernard Girard est observateurdes nouvelles technologies depuis plus de vingt ans, et a produit de riches écrits sur l’interactivité. Il est également l’auteurde la première enquête francophone approfondie sur le net (CAPA, 1995). Son analyse sur l’interactivité est consignée dans un article intitulé « L’interactivité », consultable en ligne (www.bernardgirard.com/Faust/interactivite.html).

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les conseillers du président de la République ont vu leur rôles’étendre au cours des dernières décennies, et sont situés auplus près du bureau présidentiel, au même étage, favorisantl’imaginaire des « bruits de couloir ».

Le fait que la plupart de ces conseillers n’aient pas passél’épreuve du suffrage universel32, ne peut qu’abonder dans cesens.

Un public anonyme et caché

La place du public dans le théâtre à l’italienne est assezrévélatrice du rôle qui lui est dévolu. Les spectateurs sontlégèrement en contrebas, ce qui les oblige à lever les yeuxpour voir la scène, et les place symboliquement sur un plandifférent de celui des acteurs.

En outre, le rideau et les lumières établissent une distance,car la scène est violemment éclairée et la salle est plongéedans le noir. Le public est totalement passif33, anonymisé parl’obscurité la plus complète, n’ayant pas de rôle à jouer pen-dant la représentation. Toute forme de discussion pendant lareprésentation est ressentie comme inappropriée, et l’inté-gralité de l’attention des spectateurs est tournée vers ce quise passe sur la scène.

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(32) Car l’épreuve du suffrage universel oblige à une relative mise en lumière des opinions et de la personnalité. (33) Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, La Fabrique, 2008, p. 8 à 13.

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À l’intérieur de l’espace de délibération que constituel’Assemblée nationale, le public semble être accessoire,comme si pouvoir y assister était considéré comme unefaveur. C’est d’autant plus frappant si l’on compare cela avecla place dévolue au public dans une salle de tribunal, le« théâtre de justice » selon Jeremy Bentham34. À l’Assembléenationale, les citoyens se placent tout au fond, dans le dosdes députés, hors de portée de vue, et parfois avec une visi-bilité limitée des orateurs. Le nombre de places ne dépasseguère la centaine, et bien que public, l’accès à l’Assembléenationale se fait principalement sur invitation du député. Parcet aspect logistique, la médiation du représentant restenécessaire pour assister à ces instants démocratiques.

Le pouvoir judiciaire réserve les premières loges aupublic. L’organisation des salles d’audience tente de refléterle sentiment d’une justice rendue de manière démocratique,pour le peuple : « Les plans des salles d’audience mention-nent ainsi un “emplacement réservé au peuple », marquantbien que le but est d’inclure les citoyens dans un espace judi-ciaire qui participe à sa façon de l’expression de la volontégénérale. »35

Une interactivité réduite

Au théâtre, le public ne s’exprime habituellement quesous forme d’applaudissements plus ou moins approbateursà la fin de la représentation, ou, par intermittence, en réactionau jeu d’acteurs. L’analogie avec l’épreuve électorale en finde mandat, chargée de juger si le bilan d’un candidat ou deson successeur désigné est suffisamment bon pour une(ré)élection, est encore une fois assez saisissante.

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(34) Jeremy Bentham, Rationale of Judicial Evidence, cité par Pierre Rosanvallon, La Contre-démocratie, op. cit., p. 241. (35) Op. cit., p. 241 à 242.

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Dans tous les cas, les acteurs savent exactement par expé-rience à quel moment une réaction du public est possible,sous forme d’éclats de rire, de sourires, ou de pleurs. Endehors de ces moments prévisibles, ils n’attendent ou n’an-ticipent pas de réaction. En comparaison, la maîtrise del’agenda politique et médiatique par les hommes politiquescontemporains est étroitement corrélée à l’art de prévoir lesréactions des électeurs. Les sondages sont un outil particu-lièrement utilisé depuis quelques décennies afin de tester despositions, déclarations, ou simples humeurs36.

Dans le système de « démocratie du public », la liberté,l’émancipation et l’autonomie de l’individu-citoyen dans lavie politique se voient accorder une place marginale. Lereprésentant a le premier rôle, tout en ayant l’initiative de lamise en scène, comme l’explique Bernard Manin : « Lereprésentant est un acteur qui prend l’initiative de proposerun principe de partage. Il cherche à découvrir les clivagesde l’électorat et porte certains d’entre eux sur la scènepublique. Il met ainsi en scène et fait accéder à la clarté dela conscience publique tel ou tel clivage social : il représentedans la mesure où il donne présence à un clivage non évidentde la société. »37

Cependant, si ce système s’est imposé naturellement38

comme mode de fonctionnement autour des années 1960-1970, c’est qu’il y a eu une concordance d’aspirations à lafois du corps social et du corps représentatif. Mais comment,depuis lors, cet équilibre est-il maintenu et vécu, à la fois parles représentants et par les représentés ?

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(36) En 2008, par exemple, selon le journal Le Monde, l’Élysée a dépensé 3,281 millions d’euros en sondage, au rythme d’un sondage tous les deux jours. (37) Bernard Manin, op. cit., p. 290. (38) Dans le sens d’auto-ajustement non initié par une changement constitutionnel.

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Remerciements

Ce livre est tout d’abord le point de rencontre de nombreuses écolesde pensée, que j’ai tenu à mentionner aussi finement que possible dansla bibliographie et dans le texte. Cet essai se veut donc une preuve tan-gible que la confrontation de plusieurs visions très différentes contribuegrandement à faire évoluer les connaissances sur un sujet.

Nombreuses sont les personnes à avoir accordé du temps pour relirece travail, parfois au stade d’ébauche, et partagé leurs impressions despécialistes ou de citoyens : merci donc à Valérie Patrin-Leclère, CapucineLepicard, Ninon Bardet, Damien Duchêné, David Attias, Stephan-ÉloïseGras, Nicolas Gannay, Guillaume Champeau, et Violaine Denys.

Certaines de ces idées sont nées de simples échanges d’opinions,grâce à des amis et une famille qui se sont maintes fois rendus disponiblespour moi : Antoine Scemama, Laurence Allard, Olivier Blondeau, TanguyMorlier, Jean-Gabriel Bliek, Guillaume Desnoës, Ludovic Penet, Améliede Ronseray, Stéphane Sireau, Philippe Axel, Charles Douangvichith,François Thill, Éric Walter, Dominique Cardon ainsi que Prime, Jocelyneet Élodie Martin.

Les membres du Social Media Club et de ReadWriteWeb m’ont quantà eux apporté des exemples qui ont servi à maintes occasions de repères,lorsque la pensée théorique risquait de se perdre au loin. Merci égalementà mes étudiants du CELSA dont la curiosité et l’enthousiasme pour cessujets ont grandement nourri ma motivation ; et à mon éditeur et PhilippeBultez Adams pour m’avoir activement épaulé et rendu ce projet concret.

Enfin, je dédie cet ouvrage à Clémentine et à mon fils, afin qu’il sesouvienne sa vie durant que son père aura fait tout son possible pourqu’il vive dans un monde meilleur, encore longtemps.

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Achevé d’imprimer en octobre 2010

Imprimé en France sur les presses de l’imprimerie Chirat

Dépôt légal : octobre 2010

ISBN : 978-2-916571-45-4

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ISBN 978-2-916571-45-4

Collection Présence / Essai - ISSN 1969-6094Sciences politiques / Questions de société / Communication / Médias

www.fypeditions.com19,50 € TTCCouverture : détails du timbre-poste Marianne, © La Poste et Yves Beaujard.

Aujourd’hui, l’actualité démontre que la réputation des hommes politiques est fréquemment mise à mal par les nouveaux médias (blogs, réseaux sociaux,vidéos amateurs, etc.). Avec internet et les technologies participatives, le citoyencontemporain a hérité d’un nouveau pouvoir à l’envergure encore insoupçonnée.De scène de théâtre, la démocratie représentative s’est transformée en arène de cirque, où les coulisses sont visibles et les spectateurs bruyants et omniscients. Le manque de réflexion sur l’apport politique d’internet et ledévoiement actuel des outils de participation en ligne appellent une réponseurgente, car c’est le crédit de la fonction de représentant du peuple qui endépend. Ce problème inédit exige des solutions nouvelles : « citoyens » et « représentants » ont besoin de Nouvelles Technologies Politiques pouréchanger et exercer leurs pouvoirs.C’est un nouvel espace civique qui est à conquérir, aussi stimulant quelorsque la démocratie a connu ses premières heures. La réconciliation entre la démocratie – le pouvoir du peuple – et l’égocratie – le pouvoir de chaqueindividu – est à ce prix !Ce livre constitue le trait d’union entre les sciences politiques et lesnouvelles technologies. Dans un style clair et accessible, l’auteur analyse avec rigueur l’impact d’internet sur la démocratie et l’art de gouverner. Il conceptualise des phénomènes sociaux inédits, pose les fondations d’unnouveau champ d’études politiques, et propose un plan d’action qui regroupe les six Nouvelles Technologies Politiques dont nous avons besoin.

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Égocratie et

DémocratieLa nécessité de nouvelles technologies politiques

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« [...] En décrivant les interactions qui existeront entre les technologies et le débatpolitique, c’est aussi le portrait d’une société numérique en formation qu’Alban Martin esquisse. Une lecture utile pour tous ceux qui souhaitent que les mécanismes de décision ne puissent échapper aux citoyens. »

Bernard Benhamou, Délégué aux usages de l’internet, ministère de la Recherche et secrétariat d’État à l’Économie numérique.

Diplômé d’HEC et maître de conférence associé au Celsa-Paris IV Sorbonne,Alban Martin est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les modifications liées aux nouvelles technologies dans l’univers de l’économie et de la culture. Son expertise alimente de nombreux cercles de réflexion, tels que le SocialMedia Club France et l’Institut Montaigne.

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