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Edda Snorri

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  • Les Eddas (2e dition)traduites de l'ancien

    idiome scandinave parMelle R. Du Puget,...

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Les Eddas (2e dition) traduites de l'ancien idiome scandinave par Melle R. Du Puget,.... 1865.

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  • .BIBLIOTHQUEDU PUGET

    B&&3RES POUR TOUS LES AGES

    (SCIENCE)

    LES EDDAS

  • PARIS, IMPRIMKME JOUAUST, RUE SAINT-HONOR, 3-38

  • BIBLIOTHQUE DU PUGET

    LES EDDASTRADUITES DE

    O/AMCIEN IDIOME SCANDINAVE

    J'AR

    M,lc R. DU PUGETMEMBRE DE L'ACADMIE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE CAEX

    TRADUCTEUR DES OEUVRES DE TCNIER ,DE t/'lllsTORIEN A. HIYXELLK, DE Ml> DUF.HER, ETC., ETC.

    ACTEUR DE LA BIBLIOTHQUE DE LA JEUNESSE

    DEUXIME DITION

    PARISLIBRAIRIE DE L'ASSOCIATION POUR LA PROPAGATION

    ET LA PUBLICATION DES BONS LIVRES

    5, RUE DU 29 JUILLET, 5

    TOUS DROITS RSERVS

    18CJ

  • NOTICE

    SUR LES EDDAS

    Tous les peuples ont eu recours aux dogmes religieuxpour se rendre compte de l'origine de l'Univers et de saconservation, de la mission de l'homme durant sa vie, etde son tat aprs la mort. Les Eddas sont le rsum de lacroyance des Scandinaves paens sur ces divers sujets.

    H y a deux Eddas : la plus ancienne et celle de Saemund-le-Sage, YEdda potique ou rhythmique, contient un assezgrand nombre de pomes, composs diffrentes poquespar les skalds ou poles, sur des sujets mythologiques ethistoriques. L'un de ces pomes, la Prdiction de Wola,offre les traces incontestables d'une origine paenne extr-mement recule.

    L'Edda en prose est d'une date plus rcente. On l'attri-bue Snorre Sturleson, clbre annaliste norwgien (1);mais il est vident que plusieurs crivains ont particip sa

    (1) N en 1178, mort eu 12U.

  • VI

    composition. Suivant toutes les probabilits, le travail deSnorrc Sturleson s'est born une esquisse du voyage deGylfc; la mort ne lui a point permis d'y mettre la derniremain. Ce manuscrit, rest dans la famille de Sturleson, y apris peu peu des accroissements; divers auteurs se sontplu l'augmenter, sans qu'il soit possible de dtermineravec certitude la limite o chacun s'est arrt.

    J'intervertis l'ordre chronologique en publiant d'abordla traduction de l'Edda do Snorre Sturleson : mon but, enagissant ainsi, est de faciliter la lecture de l'Edda potique ;autrement, elle serait devenue trs-fatigante par la multipli-cit des notes dont il aurait fallu accompagner le texte, afinde le rendre intelligible. J'ai mis un soin particulier a con-server, dans ma traduction, la couleur locale et la navetde l'original.

    Les principaux manuscrits des Eddas sont : le CodexRegius ou Edda Royale, le Codex Wonnianus J), VEddad'Upsal (2) et six manuscrits de la Bibliothque royale deStockholm.

    R. Du PUGET.

    (1) Appartient la Bibliothque royale de Copenhague.(2) Donn en 1669 a la Bibliothque de l'Universit d'Upsal par M. le comte

    M. G. de La Gardie, chancelier de Sude.

  • L'EDDA

    DE SNORRE STURLESON

  • AVANT-P'ROPOS

    1. La toute-puissance de Dieu cra dans le commen-cement le ciel, la terre, et tout ce qu'ils contiennent.Dieu fit ensuite deux cratures humaines, Adam et Eve :toutes les races descendent d'eux. Leur postrit devintnombreuse, se rpandit sur la terre, mais les hommesne tardrent point dgnrer. La plupart vivaientsuivant-la chair et mprisaient la parole de Dieu ; aussifurent-ils noys ainsi que leurs animaux, l'exceptionde tous ceux qui taient dans l'arche avec No. Ceux-cirepeuplrent la terre ; mais les hommes, en se multi-pliant, retombrent bientt dans leurs premiers excs.Ils taient presque tous proccups de penses d'or-

    1

  • 2 AVANT-PROPOS.

    gueil et d'avarice, de l'amour desrichesses, et n'obis-saient plus Dieu ; ils en vinrent mme ne plus pro-noncer son nom, et les peivs cessrent de raconter leurs enfants toutes les merveilles qu'il avait faites.Les hommes finirent donc par oublier entirement leurCrateur; peine si quelques rares individus le con-naissaient. Malgr tant d'ingratitude, Dieu n'en con-tinua pas moins rpandre sur eux les dons de la terre,la richesse et les joies qui en sont la suite. Il leurdonna aussi la raison et l'intelligence des chosestem-porelles. Les hommes, en mditant sur ce qu'ilsvoyaient, cherchrent deviner comment il se faisaitque, sous une enveloppe diffrente, la terre, les qua-drupdes, les oiseaux, avaient la mme nature. Si oncreusait un puits sur de hautes montagnes, on y trou-vait de l'eau aussi promptement que dans les vallesles plus profondes. On observait les mmes phno-mnes chez les animaux : leur sang jaillissait avecunegale vivacit de la tte et des pieds. La terre avaitencore une autre proprit : tous les ans elle se cou-vrait de plantes et de fleurs, que la mme anne voyaitcrotre et se fltrir. Une remarque semblable avait tfaite pour les quadrupdes et les oiseaux; leurs poils,leurs plumes, poussaient et tombaient tous les ans.Une troisime proprit de ia- terre, c'est qu'en l'ou-vrant avec la bche on y faisait crotre des vgtaux.Les hommes comparrent donc les montagnes et lespierres aux dents et aux os des cratures; ils pen-

  • AVANT-PROPOS. 3

    srentque, sous diffrents rapports, la terre tait uncorps vivant; qu'elle tait extrmement vieille et trs-vigoureuse. Elle donnait la vie tout, et recevait dansson sein tout ce qui mourait. C'est pourquoi ils luidonnrent un nom, et dirent qu'ils sortaient d'elle. Latradition leur avait appris que, depuis bien dessicles,la marche des corps clestes tait ingale ; qu'il fallait plusieurs d'entre eux plus de temps qu'aux autrespour effectuer leur rvolution : ils en conclurent qu'ildevait y avoir un modrateur des corps clestes, qu'iltait grand, puissant, et dirigeait les astres suivant savolont. -S'il disposait des corps clestes, il existaitavant eux, et devait tre galement le matre de la lu-mire, de la pluie, de la neige, de la grle, des mois-sons, des vents et des temptes. Les hommes igno-raient dans quelle rgion se trouvait son royaume,mais ils n'en croyaient pas moins que cet tre inconnugouvernait toutes choses sur la terre. Afin de pouvoirexprimer leurs ides et les fixer dans la mmoire, ilsles dsignrent par leurs noms personnels. La disper-sion des races et les changements survenus dans leurlangage ont fait subir de nombreuses modifications cette croyance.

    2. No, tant devenu vieux, partagea la terre entreses fils. Cham eut l'occident, Japhet le nord, et Semlemidi. J'expliquerai ceci plus tard, en parlant de la di-vision de la terre. A mesure que les arts naissaient etse dveloppaient, l'orgueil et l'amour des richesses

  • 4 AVANT-PROPOS,t

    augmentaient parmi les hommes; chacun tirait vanitde son talent, de ses dcouvertes, et cette vanit futporte un tel point, que les Africains, descendantsde Cham, dvastrent la partie du monde habite parleurs parents, les descendants de Sem. La terre noleur suffisant plus aprs cette victoire, ils btirent dansla plaine de Sinearune tour de briques.et de pierres,avec l'intention de la faire monter jusqu'au ciel. Cettetour avait dpass la rgion des vents, et les travail-leurs n'en persvraient pas moins dans leur dessein.Dieu, qui voyait l'accroissement journalier de leur or-gueil, pensa qu'il tait temps de l'touffer. Ce Dieuest le Tout-Puissant; il pouvait dtruire la tour en onmoment, mais il prfra, afin de montrer aux hommescombien ils taient faibles, rpandre la confusion dansleur langage. Ils ne se comprenaient plus. Les uns d-truisaient l'ouvrage des autres ; ils finirent par en veniraux mains. Leur entreprise fut manque, et la tourresta inacheve. Les architectes taient au nombre desoixante-douze, et Zoroastre, leur chef, avait ri avantde pleurer lorsqu'il vint au monde. Soixante-douzeidiomes se sont rpandus sur la terre depuis la disper-sion des gants. Une ville clbre fut btie plus tarddans l'endroit o Ton avait commenc la tour, et, ensouvenir de cette dernire, elle fut appele Babylone.Aprs la confusion des langues -, les noms d'hommes etde choses se multiplirent. Zoroastre en eut beaucoup.Il comprit que son orgueil avait t humili, mais cela

  • 1 AVANT-PROPOS. 5

    i ne l'empcha point de rechercher les dignits tempo-'* relies. Il se fit proclamer roi par plusieurs races afri-

    )x eaines. L'idoltrie date de Zoroastre; quand on lui of-! fraitdes sacrifices, il tait appel Baal,et nous lenom- mons Bel. Il avait encore d'autres noms; leur multi-

    | plicit touffa la vrit. On adora des hommes, desj quadrupdes, des oiseaux, l'air, les astres, en un motI toutes les choses terrestres. L'erreur se rpandit surJ la terre ; elle y effaa si compltement la vrit, que| personne, except le peuple hbreu, ne connaissait| Dieu. Mais les hommes ne perdirent point les facultsI qui leur avaient t donnes; ils jugeaient de toutej chose selon la raison humaine, et comprirent que l'u-i nivers avait t cr par une substance quelconque.I 3. La terre tait divise en trois parties. La pre-I mire commenait au sud, se prolongeait vers l'occi-[ dent jusqu' la Mditerrane ; on lui donna le nom d'A-

    frique. Son extrmit mridionale est chaude et brlepar le soleil. La seconde partie s'tendait de l'ouest aunord jusqu' la mer ; elle fut appele Europe ou Ena.Ses contres septentrionales sont si froides, quel'herbe n'y vgte point; personne ne peut les habiter*Au nord, et vers l'orient jusqu'au sud, se trouve l'Asie.Cette partie de la terre doit la plupart de ses attraits la richesse du sol, qui produit de l'or et des pierresprcieuses : c'est le centre du monde. Le paysage ytant plus beau et le terrain de meilleure qualit qu'end'autres pays, la race humaine y fut galement plus

  • 6 AVANT-PROPOS.

    claire, plus forte, plus belle, et toutes les sciencesfleurirent en Asie.

    4. La plus magnifique des villes bties par leshommes, c'est--dire Troie, tait situe prs du centred la terre* dans une contre que nous appelons la

    Turquie. Aucune ne l'galait en tendue, et~,sous beau-coup de rapports, elle avait t construite avec toutPari et la dpense que comportait la richesse dece

    -pays. Elle renfermait dans son enceinte douze

    royaumes subalternes^ et un grandi roi, qui comman-dait tous. Plusieurs nations dpendaient de chaqueroi subalterne. Douze gnraux dfendaient la ville,et leur habilet dans les exercices du corps les plaaitau-dessus de tous les hommes du monde. Cette der-nire assertion prouve cependant quelque contradic-tion de la part des historiens qui ont parl d'eux; maisles hros les plusclbres du Nord ont toujours tenu honneur de descendre des princes de Troie, et lsont mis au mombre de leurs divinits. Dans leur ad-miration pour ces guerriers, ils ont mme remplacOdin par Priam. Ce n'est pas surprenant, puisquePriam descend de Saturne, qui fut pendant longtempsador dans le Nord comme un dieu.

    R. Saturne habitait une le de l*archipel nommeCrte; il tait plus grand, plus fort, plus beau que lesautres hommes, et aussi remarquable par son intelli-

    gence que par ses dons extrieurs. Beaucoup d'artslui doivent leur naissance. Son habilet dans la magie

  • AVANT-: PROPOS. 7

    noire tait si grande, qu'il connaissait l'avenir. Saturnedcouvrit les minerais, dont il fit de l'or, ce qui netarda point le rendre puissant. Il prdisait les r-coltes. Ces motifs, et d'autres encore, engagrent lsCretois aie proclamer, roi de leur le ; et lorsljHl l'eutgouverne un peu de temps, l'abondance y futgnrale.L'or tait si commun dans l'le de Crte, que toute lamonnaie tait fabrique avec; ce mtal, et jamais lesCretois n'eurent gmir relativement aux mauvaisesrcoltes. Tous les pays pouvaient donc s'approvision-ner dans leur le. Cette grande habilet de Saturneet les facults extraordinaires qu'il possdait firentpenser qu'il tait dieu. Il en rsulta parmi les Cretoiset les Macdoniens une erreur semblable celle desAssyriens et des Chaldens l'gard de Zoroastre.Lorsque, de son ct, Saturne vit tous les avantagesqu'il procurait au peuple, il se proclama lui-mmedieu, et matre du ciel et de la terre. :

    6. Il mit un jour la voile pour la Grce. Il y avaitdans ce pays une fille de roi dont il tait amoureux;voici comment il s'y prit pour l'enlever. La princessetant sortie avec ses femmes, Saturne se transformaen taureau et se coucha devant elle dans la fort. Labeaut du taureau tait sans gale, et son poil avait lacouleur de l'or. Quand la princesse le vit, elle le ca-ressa ; aussitt Saturne se leva, se dpouilla de saforme de taureau, prit la princesse dans ses bras,l'emporta vers son navire, et remit la voile pour l'le

  • 8 AVANT-PROPOS; Jf

    de Crte. Junon sa femme lui ayant adress des re^ fproches sur son infidlit, Saturne changea la prin- |cesse en gnisse et l'envoya en Orient, prs des bou- |ches du Nil, o il la fit garder par un esclave nomm |Argus. Elle y resta douze mois avant de reprendre sa |premire forme. Saturne fit beaucoup de choses de ce; *

    genre, et de plus extraordinaires encore. Il avait trois Jfils : Jupiter^ NptUneet Pluton G'taieht des hommes )remarquables ; mais Jupiter surpassait ses frres :dl

    *

    aimait les armes, et conquit beaucoup de royautoes.Aussi habile que son pre dans la magie noire, il prit Sdiverses formes d'animaux et fit une foule de choses '

    impossibles pour la nature humaine, sans la facult dese'transformer volont* Devenu redoutable tous les i

    peuples, Jupiter fut ador la place de Thor.7. Saturne fit btir soixante-douze villes en Crte;

    et lorsqu'il se crut affermi dans son royaume, il lepartagea entre ses fils, dont il fit des dieux* Il donn,le ciel Jupiter la terre Neptune, et les rgiorisinf-rieuresPluton.Cett dernire part lui paraissant moinsbonne que les autres, il y ajouta son chien Cerbre i LesGrecs disent qu'Hercule tira Cerbre des rgions in-frieures et l'amena sur la terre* Quoique Saturne etdonn l ciel Jupiter i celui-ci n'eu convoita pasmoins la terre, et il dvasta le royaume de son pre.On prtend qu'il fit prendre et mutiler Saturne; c'estpar de semblables exploits que Jupiter croyait prouversa divinit. Saturne, aprs l'attentat de son fils, s'en-

  • AVANT-PROPOS. 0

    fuit vers l'Italie. Les peuples de ce pays ne travaillaient

    pasi>ils vivaient d'herbes, de glands, habitaient des

    grottes et des cavernes. Lorsque Saturne arriva en

    Italie, changea de nom et se fit appeler Njord, pr-sumant que, moyennant cette prcaution, son fils Ju--

    piter ne Ue trouverait pas facilement. Saturne appritd'abord atix peuples de l'Italie labourer et planterla vigne: le sol tait bon, il donna bientt dfybort^dantes moissons, et Saturne fut proclam roi. Il entraen possession de tous les royaumes de ce pays, o ilfit btir beaucoup de villes*

    8. Jupiter eut un grand nombre de fils; des peuplespuissants descendent d'eux. DardariUs,Hrikoni Tros,Ilus *et Lmdon; pre du grand roi Priam, taientfils de Jupiter. Priam eut aussi beaucoup de fils; l'un

    d?euxy Hector, a t l'homme le plus illustre du monde

    par sa force, sa taille et son habilet guerrire. Leshistorien^ racontent que tous les' Grecs d'Europe etd'Asie se runirent pour attaquer les Tryens ; les

    dieux, qu'ils avaient consulte auparavant^ leur firentcette Rponse :

  • lO AVANT^PROPOS.

    Odin s'enfuit de ce pays vers l'Europe, et prit, ainsi

    que ses compagnons, la qualit de Troyerti tant cenom inspirait de respect. Il dit que Priam avait portle nom d'Odin, et que sa femme s'appelait Frigg*Cette tradition est regarde comme vraie par beau-coup d'historiens; longtemps encore, tous les guer-riers illustres ont prtendu qu'ils descendaient ds

    Troyens. : -

    9. Un roi subalterne de Troie, nomm Munon ouMennon, avait pous une fille de Priam, aprs avoirt lev en Thrace chez le duc Loricus. Quand Munoneut dix ans, il prit les armes de son pre. Sa beauttait si remarquable, qu'en le Voyant parmi les autreshommes, on aurait dit de l'ivoire incrust dans lbois; ses cheveux taient plus brillants que l'or. Adouze ans, il avait toute sa force, et, soulevait dix

    peaux d'ours la fois. Il tua Loricus, sa femme Loraou Glora, et prit possession du royaume de Thrace quenous appelons Thrudhem. Ensuite il parcourut la terr,fit mordre la poussire tous les gants, un dragonmonstrueux et beaucoup d'animaux. Il rencontra en

    Europe une devineresse nomme Sibylle, nous l'appe-lons Sif; il l'pousa. Personne ne connaissait l'originede Sif, mais elle tait la plus belle de toutes les femmes ;ses cheveux taient d'or. Ils eurent pour fils Loride,qui ressemblait son pre, puis Henrede, Vingethor,Vingemer, Moda, Magi, Cespheth, Bedveg, Atra, quenous appelons Annan; Itrman, Heremod, Skjalldunn,

  • AVANT-PROPOS. 11

    que nous appelons Skjoeld, Bjaf, que nous appelonsBjar; Jat, Gudolf, Fiarlef que nous appelons Fridleif.Celui-ci eut un fils nomm Vodinn; nous l'appelonsOdin. C'tait un; homme remarquable par sa sagesse etson habilet. Sa femme portait le nom de Frigida;nous lui donnons celui d Frigg.

    10i Odin avait, ainsi que sa femme, le don de pr-dire l'avenir. Il vit que son nom serait vnr pendantfort longtemps dans le Nord* et mis au-dessus de celuide tous les rois; c'est pourquoi il eut envie de quitterla Turquie. Une grande multitude, compose d'hommeset de femmes de tout ge, le suivit en emportant beau-

    coup d'objets prcieux. Dans tous les pays qu'ils tra-versaient, il n'tait question que d leur magnificence;on les prit donc pour des dieux et non pour deshommes* Ils marchrent sans s'arrter, jusqu' leurarrive dans une contre septentrionale appele au-

    jourd'hui la Saxe. Odin y sjourna et prit possessionde la plus grandepartie de ce pays. Il y tablit trois deses fils pour le gouverner. L'un d'eux, Veggdegg.tait un roi puissant; il rgna sur la Saxe orientale.Son fils fut Vitrgils, dont les fils furent Ritta, pre de

    Hengest, et Sigarr, pre d* Svebdegg, que nous appe-lons Svipdag. Un autre fils d'Odin se nommait Beldegg ;nous lui donnons le nom de Balder. Il possdait le

    pays appel maintenant la Westphalie. Ses fils furentBrand, Frjodigar, que nous appelons Frode, Freovit,Yvigg, Gevis, que nous appelons Gave. Le troisime

  • 12 AVANT-PROPOS.

    fils d'Odin se nommait Sigge; le fils de Sigge fut Ve-rer. Cette race rgna dans l pays auquel on donneaujourd'hui le nom de Frahconie. La maison de Yoel,qui a tant de branches illustres, en est sortie.

    14, Odin continua ensuite sa marche vers le nord,et arriva dans un pays auquel il donna le nom deReid-gotaland. Aprs avoir pris possession de tout ce quitait sa convenance, il y tablit; roi son fils Skjoeld,dont le fils se nommait Fridleif. C'est de lui que des-cendent les rois de Danemark de la dynastie deSkjoeld;Le Reidgotaland porte aujourd'hui le nom deJutland.

    Odirty eh se dirigeant encore plus au nord, vint dansle pay appel maintenant la Sude. Il tait gouvernpar Gylfe (1). Quand ce prince fut prvenu de l'arrivedes hommes d'Asie, connus sous le nom des Ases, ilvint au-devant d'eux, et offrit Odin autant de puis-sance qu'il en voudrait dans son royaume. Un

  • AVANT-PROPOS. 13

    tume de Troie, il tablit douze chefs chargs de rendrela justice suivant les lois de cette ville, auxquelles sescompagnons taient habitus.

    En se dirigeant encore plus vers le nord, Odin attei-gnit la mer; elle l'arrta. Le pays o il se trouvait senomme maintenant la Norwge. Odin lui donna pourroi son fils Soeming. Les rois, les Jarls et autres Nor-wgiens illustres, prtendent tous descendre de lui,comme on le voit dans le discours de Haleygia. MaisOdin emmena avec lui son fils Yngv, qui devint roi deSude. Il est l'auteur de la dynastie laquelle on adonn son nom. Les Ases prirent des femmes dans cepays, et en donnrent leurs fils. Leur nombreuse pos-trit se rpandit en Saxe, dans tout le Nord, et la

    langue des hommes d'Asie devint celle de ces diversescontres. L'orthographe des noms de nos antiques fa-milles permet de conclure qu'ils appartenaient la

    langue introduite parles Ases en Norwge, en Sude,en Danemark et en Saxe.

  • LE VOYAGE DE GYLFE

    I. Gylfe rgnait sur le pays appel maintenant laSude. On raconte que, voulant donner une femmevoyageuse une rcompense, proportionne aux jouis-sances qu'elle lui avait procures, il lui permit deprendre dans son royaume tout le terrain que quatreboeufspourraientaboureren vingt-quatre heures. Cettefemme, nomme,Gfipn, tait del race des Ases. Elleprit donc dans Joetenhcm (1) quatre boeufs, qui taientses fils, avec un gant, et les attela la charrue* Cette

    (1) Plusieurs contres ont t dsignes sous ce nom; mais le Joetenhcm, oupays des gants, dont il s'agit ici, tait situ dans une rgion froide, au nord et l'est d'Asgrd. Le climat, la manire de vivre des habitants de Joetenhcm, etsurtout leurs guerres continuelles avec les Ases, ont donn naissance a une muU

  • 16 LE VOYAGE DE GYLFE.

    charrue entra si profondment dans le sol, qu'Use d-tacha , et les boeufs l'entranrent dans la mer, en se

    dirigeant vers l'Occident ; ils s'arrtrent dans un d-troit o jGfion fixa cette pice de terre, qu'elle nommaSlande. Un lac remplaa le terrain enlev : c'est le M-ler, dont les baies correspondent exactement avec lespromontoires de la Slande. Voici ce que dit cetteoccasion le skld Brag l'ancien :

    xGfion, bien joyeuse, enleva au riche Gylfe le terrain qui devaitagrandir le Dannemark. Les boeufs avaient tant de hte, qu'un nuagede poussire marquait leur trace. Ils avaient entre eux quatre ttes ethuit yeux.

    2. Le roi Gylfe, homme judicieux et sage, tait fortsurpris de voir comme toutes choses russissaient auxAses. Fallait-il l'attribuer leur puissance, ou bienaux dieux qu'ils servaient? Afin de rsoudre cette ques-tion, Gylfe se mit en route pour sgrd ; il partit se-crtement et sous la forme d'un vieillard, dans l'espoirqu'il ne serait pas reconnu. Mais les Ases avaient jedon de deviner l'avenir, et ils taient plus savants queGylfe. Instruits de son voyage, ils firent les prpratiiTsncessaires pour la vision suivante. Lorsque (Gyifeentra dans la ville, il vit un palais tellement lev,

    titude de rcits surprenants mansdes partisans d'Odin. Suivant eux, ls habi-tants de Joetenhcmtaient des tres difformes, des monstres cruels, des dmorshideux, d'une force et d'une taille extraordinaires, des magiciens, des sorciersdel plus mauvaise nature, enfin les ennemis des dieux. Ils menaaient l'aimeentire des Ases des plus grands malheurs, et tes dieux Savaient que ces gantscauseraient leur perte et dtruiraient le monde. , ('r.)

  • LE VOYAGE DE GYLFE, 17

    qu'on en distinguait peine le fate ; le toit tait cou-vert de boucliers dors. Le skald Thjodolf dit qu'il enest de mme pour Walhall.

    a Des hommes pensifs (ils avaient t tus coups de pierres) por-taient sur leur dos les toits des salles d'din. t>

    Gylfe vit dans le vestibule de ce palais un hommequi jouait avec de petits glaives > et si adroitement,que sept de ces glaives taient constamment en l'air.Cet homme s'informa du nom du voyageur, et Gylferpondit qu'il s'appelait Ganglere, qu'il venait de loinet demandait l'hospitalit pour la nuit ; de plus, il d-sirait savoir qui appartenait ce palais. Au roi, r-pliqua l'homme aux petits glaives; je vais te conduireprs de lui, afin que tu puisses lui demander toi-mmeson nom. Ganglere suivit donc cet homme, et aussi-tt ls portes se fermrent derrire lui. Il vit dans cepalais beaucoup d'hommes ; ces derniers taient diff-remment occups: les uns se livraient divers exer-cices, les autres buvaient ou combattaient. Gangleradirigeait ses regards de

    1tous 6ts; mais la plupartdes choses qu'il voyait lui paraissaient incroyables, et ils'cria:

    N'avance pas sans examiner les moindres coins, car tu no saisdans lequel so tiennent tes ennemis.

    Ganglere vit trois trnes placs diffrents dgrs; unhomme tait assis sur chacun de ces trnes. Il s'informa

  • 18 LE VOVAGE DE GYLFE.

    du nom de ces princes, et son introducteur lui rpon-dit que l'homme assis sur le trne infrieur tait le roi,et se nommait Har (1) ; le second s'appclait.Jafnhar (2),et celui qui occupait le trne suprieur, Thridi(3), Harquestionna Ganglere surle motif deson voyage, et ajoutaque les vivres lui seraient fournis avec autant d'abon-dance qu' tous les habitants de,son .palais., Ganglererpondit qu'il dsirait savoir avant tout s'il\\y avaitdans ce lieu un homme trs-savant. Har rpliqua quesous ce rapport il aurait sujet d'tre content, moinsqu'il ne ft plus habile qu'eux;

    Et maintenant, tiens-toi debout pour m'interrogr. Celui qui r

    pond doit tre assis.

    3. Ganglere commena de la sorte : Quel est le plusgrand et le plus Ag,des dieux ? Har rpondit : Dansnotre langue, on l'appelle Allfader (4); il avait dousenoms dans l'antique Asgrd. Allfader, Ilerjan, ^ikarou Hnikar, Nikuz ou Hnikud,:F.ioln'cr,Osike> Orii,Bi-flid ou Bliflinde, Svidor, Svidrer,yidar, Jalg ou Jalk. O est Dieu? demanda Ganglere, quel est son pou-voir? qu'a-t-il fait de grand?- Har rpondit : Il gou-verne son empire, et vivra ternellement ; il est le matrede toutes choses tant grandes que petites. Jafnharajoutt II a cr le ciel, la terre, l'air, et tout ce cj'ilscontiennent.Thridi, prenant la parole, dit : Ce qu'il

    (i) Le sublime.(2) Ingal du sublime. (3) Le troisime, (Tr.)(4) C'est-a-dire le Pire de tout. . (Tr.)

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 19

    a fait de plus important, c'est l'homme; l'esprit qu'illui a donn ne meurt pas, mme lorsque son corpsest rduit en terreau, ou en cendres par lesfeu* Les

    justes vivront et habiteront avec-lui dans Gimle ouYingolf; les mchants, au contraire seront livrs Hel, puis envoys Niflhem, le neuvime mondeinfrieur. Ganglere demanda : Avantdecrer le cielet la terre, que faisait Dieu? Har rpondit: Il taitalors chez les Hrimthursars (1).

    4. Ganglere demanda: Quelle est l'origine de l'uni-vers, qu'y avait-il avant sa cration?- Har rpondit:Voici ce qu'on trouve ce sujet dans la prdiction deWol:

    ; Lorsque rien n'existait, ni lo sable, ni la mer, ni les vagues fra-

    ches, le matin appartenait au temps. Il n'y avait alors ni la terre nile ciel, mais seulement l'abme de iGinnung, et point d'herbe.

    Jafnhardit: Niflhem fut cr bien longtemps avantla terre ; au centre se trouv un puits appel Hver-gelmer. Les fleuves suivants en sortent: l Svdel, leGunndra, le Fioerni, le Fimbul, le Thul, la Sied et leHred, la Sylg et FYlg, le Vig, le Leipter et l Goell, quiest le plus rapproch des cltures de l'habitation deHeh * Thridi ajouta : Avant la cration de Niflhem,il y avait dj au Midi un monde appel Muspelhem; ilest resplendissant de clart et si chaud, que les tran-gers ne peuvent y demeurer. Surtur habite la limite do

    (1) L'un des noms donnsaux gants. (Tr.)

  • 20 LE VOYAGE DE GYLFE.

    Muspelhem, la garde lui en est confie ; il tient un longglaive la main; A la fin du monde, il marchera enavant, 5combattra les dieux les vaincra tous, et d-truira la terre par le feu. Voici ce que dit Woia :

    a Surlur vient du Sud; il porto une torche scintillante ; son ghivorpand do l'clat, mme sur le soleil des dieux. Les montagnes de gra-nit craquent, les gants chancellent, les hommes se rendent auprs deHol, et lo ciel s'croule.

    5. Ganglere demanda encore : Que se passa-t-il avantla cration de l'espce humaine? Har rpondit :Lorsque les fleuves, dsigns sous le nom d'Eliy-gor (!), se furent tellement loigns de leur source queleur courant empoisonn en lut dessch comme desscories, ils se congelrent; Cette glace s'arrta, se dur-cit, et les tourbillons de neige produits par le venin,se rpandant sur la glace, devinrent du givre. Lescouches de givre s'accumulrent les unes sur W au-tres dans l'abme de Ginnung. Jafnhar ajouta: Lebord septentrional de cet abme se couvrit d'un im-mense amas de

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 21

    chauds. L'abme de Ginnung tait aussi lger que l'airle plus pur. La chaleur, avanant toujours davantage,atteignit les glaces, les fondit, et forma des gouttesd'eau, La puissance de celui qui envoyait la chaleurleur donna la vie ; il en rsulta une forme humaine quifut nomme Ymer; les Hrimthursars l'appellent QErgelmer.; c'est l'auteur de leur rac, comme il est ditdans le chant de Voluspa:

    Toutes les devineresses descendent de Vidolf, tous lesdeyjns deVilmeid, tous les magiciens de Swarthoefde, tous les gantsd'YmeiS t ^v- --:.-

  • 22 L. VOYAGE DE GYLFE.

    rentes races des Hrimtbursars; nous appelons Ynjerle plus ancien ^o ces gants>

    6. Ganglere demanda: O se tenait Ymer> et de quoivivait-il? ^-^lia^r rpondit : La glace tant fonce etl'eau coule, une vache appele Odhumla s'approcha^Quatre rivires de lait coulaient de ses nmmeles : cefut la nourriture d'Ymer. ^ rangiet-e ^emnda : ftpquoi vivait la vache ? Har rpondit : Elle lchaJHespierres salines couvertes de givre. Le premier jourqu'Odhumla lcha les pierres, il en sprtitdcs cheveux ;la tte parut le second jour. et le troisime jour unhomme tout entier; son nom f\U Bure. Il tait beau,grand et fort; il eut un fils appel Bcprr : celui-ci semaria avec une femme nomme Bctsla, qui tait filledu gant Boeelthorn. Ils eurent trois fils : Olin, Vileet V. Nous croyons qu'Odin et ses frres gouvernentle ciel et la terre. Nous donnons le nom d'Odin anmatre de l'univers, parce que ce nom est celui du

    plus grand homme que nous connaissions, l fatit queles hommes l'appellent ainsi.

    7. Ganglere demanda : Commentes trois frres s'ac-commodrent-ils ensemble? lequel d'entre eux fut le

    plus puissant?Har rpondit : Les fils de Boerr ayanttu le gant Ymer, le sang sortit de sa blessure avecune telle abondance, que les vainqueurs y noyrenttoute la race des Hrimthursars, l'exceptipn d'un seul :il s'chappa avec les gens de sa maison ; les gants lenomment Bergelmer. Il monta dans un bateau avec sa

  • LE VOYAGE OE GYLFE. 23

    femme, ce qui le sauva, Les nouvelles races des Hrim-thursavs descendent d'eux, comme on le voit dans lepassage suivant :

    Bercjmer naquit plusieurs milliers d'annes avant la cration deIn terre ; mon plus ancien souvenir est la fuite en bateau de ce savantgaiit,

    8. Ganglere demanda : Puisque, suivant toi, les filsdcBoerr sont des dieux, dis-moi ce qu'ils firent.-r Harrpondit : C'est long raconter. Ils portrent d'abordle corps a^ymer $\\ piilieu de l'abme de Ginnung, et enfirent la terre ; sonsang deyinUamretles lacs ; la terrefut t\\\e avec sa chair ; les montagnes furent faites avecses os, les pierres avec ses dents et ceux de ses os quiavaient t briss. Jafnhar ajouta : l'Ocan a t faitavec le sang de ses"blessures; ltplupart des hommespensent qu'on ne peut franchir'lcetlimite. Thridiajouta : Les fils do'Bo&ri*ayant,pris le* crne d'Ymer,en firent le ciel, et relevrent au-dessus de la terresur quatre angles saillUts'^'supports chacun par unnain. Voici leurs noms : CSlstrv Vestre, Nordre etSoedre (1). Ils prirent. Wsut.les tincelles volantesqui s'chappaient de Muspelhem, et les placrent dansle ciel immense, dessus et dessous, pour clairer leciel et la terre. Ils donnrent aussi une place tous lesfeux lancs par les clairs; ls uns furent fixs au ciel,les autres restrent mobiles sous la vote,cleste, et les

    (1) Orient, Occident, Nord et Sud. (Tr.)

  • H LE VOYAGE DE GYLFE.

    fils de Bqerr tracrent la rout que les astres devaientparcourir. Suivant les skalds antiques, ces astresservent compter les jours et les annes. On trouvedans Wola ce qui suit:

    Lo soleil ne savait ou se placer, la lune ignorait le pouvoir dontelle tait doue, et les toiles taient incertaines sur la position qu'ellesdevaient occuper.

    Ganglere dit : Ce que vous m'apprenez est remar-quable ; voil bien del besogne acheve et admirable-ment excute. Quelle forme a la terre? Har r-pondit : Elle est ronde, et le profond Ocan l'environne.Les fils de Boerr permirent aux gants d'habiter le ri-vage ; mais ils levrent un rempart autour de la terrepour la dfendre contre les entreprises de ces gants ;ils se servirent pour cela des sourcils d'Ymer, et ap-pelrent ce rempart Midgrd ; ils prirent aussi la cer-velle d'Ymer, la jetrent en l'air, et en firent desnuages. Il est dit:

    La terre fut cre avec la chair d'Ymer ; avec son sang on fit lamer, avec ses os les montagnes, avec ses cheveux les arbres, et leciel avec son crno. Les dieux propices construisirent Midgrd.avecses sourcils, pour protger les enfants des hommes. Les pesantsnuages furent crs avec sa cervelle,

    9. Ganglere dit: Les fils de Boerront fait de grandeschoses en crant le ciel et la terre, en assignant une

    place aux corps clestes. Mais d'o viennent les hommes

    qui habitent la terre? Har rpondit : Les fils deBoerr allrent sur le rivage de la mer ; ils y trouvrent

  • LE VOYAGE DE CYLFE. 20

    deux arbres ; ils les prirent et en firent deux tres hu-mains, Odin leur dortnal-me et la vie, Vile la raison,et V le visage, la pwole, l'oue et la Vue, Us leurdonnrent aussi des vtements et des noms ; l'hommefut appel Ask et la femme Embla. C'est d'eux quedescendent les enfants des hommes. Il leur fut permisde btir et d'habiter dans l'enceinte do Midgrd. Lesfils d'Odin levrent aussi une ville pour leur usageparticulier an centre de la terre* et l'appelrent Asgrd;

    '

    nous lnlj donnons le nom de Troie ; c'est l que de-meuraient les dieux. Beaucoup d'vnements et dechoses se passrent sUr la terre et dans l ciel; Il y adans Asgrd une place appele Hlidskjalf;! lorsque Odins'y assied^ son regard embrasse tbut; l'uhiveri; toutesles actions ds hommes, et il comprend tout ce qu'ilvoit. Sa femme se nomme'Frigg, fille de Fjoergvin. LesAses sont leurs enfants ; ils ontpeupl l'ancienne Asgrdet les pays qui en dpendaient. Cette race est celle desdieux ; c'est pourquoi on donne Odin le nom d'Allfa-der, ou pre de tout. Il est en effet le pre des dieux,des hommes et de tous les objets crs par sa puis-sance. La terre tait sa fille et sa femme ; il et d'elleson premier fils, Asa-Thor, qui tait dou d'une vi-gueur et d'une force invincibles.

    10. Ncerve ou Narfve, tel est le nom d'un gant quihabitait Joetenhem. Il avait une fille appeleNatt; con-formment son;origine, elle tait noire et sombre.Elle se maria d'abord avec un homme appelNaglfare,

  • 2l> LE VOYAGE DE GYLFE.

    et eut un fils nomm QEd ; puiselle pousa Auar, dontelle eut une fille appele Jprd, A lft fin elle ppssda^Delling, dp la race des Ases ; leur fils fut Pag ; il taitlumineux et beau comme son pre. Odin prit Natt et

    Dag son 01s, leur donna deux chevaux, deuxhaquets,et les plaa au ciel pour faire le tpur de la terre envingt-quatre heures. Natt s'avana la premire avecHrimfaxe, son cheval; il rpand tous les matins l'-cume de son mors sur la terre : c'est la rose, Le che-val de Dag se nomme Skenfaxe ; l'air et la terre sontclairs par sa crinire (1).

    11. Ganglere demanda : Comment Odin dirige-t-il lacourse du soleil? Har rpondit : Un homme appelMundelfcere avait deux enfants tellement beaux qu'ilnomma son fils Lune et sa fille Soleil; il maria cette der-nire un homme appel Glen. Les dieux, irrits detant d'orgueil, enlevrent les enfants de Mundelfoere, lesplacrent au ciel et chargrent la jeune femme de con-duire les chevaux du char du soleil; ce dernier avait tfait avec les tincelles qui s'levaient de Muspelhem; ildevait.clairer le ciel. Voici le nom des chevaux dusoleil : Arvaker et Alsvider. Les dieux mirent sous leurs

    paules deux soufflets destins les rafrachir; quel-ques skalds donnent le nom d'Isarnkol ,ces soufflets.Lune fut charge de conduire l'astre dont il avait prisle nom, et enleva de la terre, au moment o ils s'loi-

    gnaient de la fontaine de Byrger, deux enfants appels(1) Xaft, la nuit. Dag, le jour. Jord, la terre. (Tr.)

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 7

    BU et Hjuke; ils portent sur leurs paules un seaunomm Soeg, et une selle appele Simul. Leur pre estVidfinn, et ils suivent toujours la lune, comme on peutle voir de la terre.

    12, Ganglere dit : Le soleil court avec vitesse commeVil avait peur; il ne pourrait mettre plus de hte s'ilcraignait pour son existence. Har rpondit ; Cetteclrit ne doit surprendre personne, car l'ennemi dusoleil n'est pas loin ; le seul moyen de lui chapper,c'est de fuir promptement. ~ Ci^pgere demanda :Quelles sont ls causes de cette inquitude du soleil?-~ Har rpondit : Deux loups. Skoell, l'un d'eux, suit lesoleil, qui apprhende trs-fort d'tre atteint; l'autreloup le prcde : il s'appelle Hat, fils de HrodVitur;son dessein est de prendre la lune; il y russira lafin.-A Ganglere demanda : Quelle est l'origine de cesloups? - Ha? rpondit : Une gante habite l'orientde Midgni dans la fort de Jrnyid ; les gantes quiont fix leur demeure dans cette fort sont dsignessous le nom; d^ Jernvidjr. La vieille gante donnala vie

    -beaucoupf de fils, tous gants avec formede loup. Ceux dont je Viens de parler descndentdecette riiCel^dnt le plus puissant se nomm, dit-bu,Mnegrmi; il se nourrit d la vie des mourants ; il a-virt la lime^ et asperger^ eri mfrie ?temps le ciel etVWde sahg} le soleil etfperdrsbn clat, et les ventsm^ifont^tousbtsV Voici ce qu'on trouve dans la

    prdiction d{Wblai^:!

  • 28 LE VOYAGE DE GYLFE. *

    La vieille habito l'orient, dans la fort de fer; ello y donne lavie des enfants qui sont loups. L'un d'eux'avalera la, lune en em-pruntant une forme magique,il e pourrit de la yje dfe mourants etasperge la terro de sang rouge. L'clat du soleil s'obscurcira, etTannesuivante tous les vents gmiront. Me comprenez-vous? >>

    13. Ganglere demanda : Quel chemin faut-il prendrepour aller de la terre au ciel? Har rpxmdjtfn spu-rriant: Tu ne m'adresses-pas,cette fois uUe;questionraisonnable. N'as-tu pas ou dire que les dieux ont faitun pont pour unird

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 29

    eut lieu dans un endroit appel Idavallen, qui est aucentre d'Asgrd. La premire[chos qu'ils tirent, ce futd'lyer n temple o!il y avait des siges pour: douzed'fiitreieux et un trne ppur,Odin C'est le plusgr^ndet4$ plus magnifique difice qui ait t construit surla terre ; l'intrieur et l'extrieur sont couverts de pla-quescd'or : les hommes; lui ont? donn; le nomdeGladsfrenH Ls magistrats firent b^tir un autre templeo il y a des autels pour les desses : il est fort beau ;on l'appelle Vingolf. Ils* firent ensuite un tre, et y fa-briqurent un marteau, des tenailles et une enclume,dont ils se servirent pour faire des outils ncessaires ;puis ils travaillrent la pierre, le bois, les mtaux etl'or en si grande abondance, que tous leurs ustensilesde [mnage, taient fdft ,c;emtal., 'gst ppurqupi cettepoque est appele l'ge d'or; mais l'arrive .des fem-mes de Joetenhemlefit:dispar.atrc, Les dieux, .ayantpris place sur leurs trnes, entrrent en dlibration, etse rappelrent que Jcs nains s'agitaient dans je terre.audes entrailles de la terre comme les vers dans la chair.Ils avaient t les premiers subir une transformationet prendre.yie dans la-chair d'Ymer ; ils taient autre-fois des,.yers. Les;dsieux,dcidrent de leur donner laraison etja forme humaine; mais,}es.nains n'en:rsi-dent pas?moins dans la; terre;et les pjprres.; Mjoedso-gner et Duren sont des nains Voici ce;que dit Wola :

    a Les dieux augustes s'assirent sUPlrV trnes et dlibrrent surla cration ds nains avec les os et* le sang'bouillonnant du gant. Il

  • 30 LE VOYAGE DE GYLFE,

    en rsulta beaucoup de formes humaines ; ce sont les nains qui habi-tent dans la terre, comme Duren lo raconte.

    Voici les noms que Voeluspa leur donne ; Nye, Nide,Nordre et Soedre; Gstre ot Vestre, Althjof, Dvalinn,Nar> Nainn, Nipingi Dainn, Bifur, Bafur, Boemboer,Nore, Ore, OnaiyOinn, Mjoedvitner, Vig et Gandalf,Virtdalf, Thorin, File et Kile, Fundinn, Vale, Thror,Throinn, Theck, Litr, Viter, Nyr, Nyrad, Reck, Rad-svider. Ces nains habitent dans la terre, et les suivantsdans les pierres : Droeporer, Delgthvare, Hcerr, Hug-stare, Hledolf, Gloinn, Dore, Ore, Duf, Andvare, Hepte,File, Harr, Siar. Mais ces nains allrent de Svaringshoeg Jernvallen dans OErvang ; les Lovrs proviennentd'eux. Voici les noms de ces derniers : Skirver, Virver,Skafid, Ai, Alf, Inge, Eikinskjalde, Fal, Froste, Fider,Gennar.

    15. Ganglere demanda : Quelle est la ^premire^etla plus sainte place suivant les dieux ?Har rpondit:C'est auprs du frne Yggdrasel ; les dieux s'y assem-blent tous les jours. Ganglere demanda : Que dit-on au sujet de ce frne? Jafnhar rpliqua : Ygg-drasel est le plus grand et le plus beau ^le tous les ar

    bres; ses rameaux s'tendent sur tout l'univers et s'-lvent au-dessus du ciel. Il est?soutenu par trois ra-cines qui se prolongent fort loin : l'une d'elles s'tendvers les Ases; la seconde vers les Hrimthursrs, jus-qu' l'endroit o tait autrefois l'abme de Ginnung;la troisime atteint Niflhem, o Nidhoegg la ronge par

  • LE VOYAGEDE GYLFE. 3!

    le bout prs du puits Hvergclmer; mais en dessousdo la racine qui touche nux Hrimthursrs se trouvele puits de Mimer; la Raison et la Sagesse y sont ca-ches. Mimer est ulein de science^ parce qu'il boit del'eau de ce puits dans la coupe Gjallar. Odin vint unjour eH ce lieu, et demanda une gorge de cette eau;il rie put l'obtenir qu'aprs avoir mis son oeil engage.Wola dit ce sujet : r %

    Je sais, Odin, o tu as cachton ceil, c'est dans 16puits limpidede 'MimeraMirtir boit tous lesmalins l'hydromel dans l gaged'Odin.Meiomprene^vos? \. . ; t ! : - - i

    L troisime racine du frne Yggdrsel atteint leciel,' elle abrit une fontaine d'une saintet particu-lire ; c'est l foritaiii d'Urd; ls dieux se runissentprs d'elle pour tenir'leur cour-de justice. Ils s'y ren-dent tpus les jours cheval, en passant par Boefroest,qu'on appelle aussi le pont des ;Ases, Voici les nomsd leurs chevaux : Sleipner, c'est le meilleur de tous ;il a huit pieds, et appartient Odin ; Glad est le se-cond, Gyller le troisime, Gler le quatrime, Skeidbri-mer le cinquime, Silfrintopp le sixime, Siner le sep-time, Gils le huitime, Falhofner le neuvime, Gull-topp le dixime, Lsettfot le onzime. Le cheval deBcder a t brl avec lui. Thorse rend l'assemble pied, ettraverse la nage les fleuves suivants :

    a Thor passetous les jours la nage le Kroemt,l'OErmtet les deuxKerloeger,pour se rendre l'assembleprsdu frneYggdrsel, car lepont des Asesest en feu et les saintes eaux se gonflent.

  • 32 LE YOYAGE DE GYLFE.

    16. Ganglere demanda ; Est?ce vritablement dm.-feuqui brle sur ce pont? --Har rpondit ; La couleurrouge de l'arcen.rciel estdu feu. Les Hrimthursrs etlesgants des montagnes escaladeraient le ciel sfils pou**valent passer par le pont des Ases quand ils le veulent,On trouve dans le ciel beaucoup d'endroits agrablesque les dieux protgent. Il y a sous le frne iYggdrasel, et prs de la fontaine d'Urd, un trs?beVdi)9c^d'o; l'on voit sortir trois vierges nommes Uri, Vpdande et Skuld. Ces vierges disposent de la viedetopsles hommes; ce senties Nomes, Il y a plusieurs sortesde Nornes : celles qui assistent la naissance deshommes pour leur donner la vie sont de race,divine ;il y en a de la race des alfes et de la race des nui as fcomme il est dit dans ce passage :

    Toutes les bornes n'ont pas, je crois, la mme origine. Les unessont de la famille des Ases, les autres de la race des alfes; quelques-unes sont filles do Dvalinn.

    Ganglere dit : Si la destine des hommes dpenddes Nornes, il faut convenir qu'elles y apportent,unegrande varit; les uns vivent dans l'abondance et lesrichesses, les autres sont heureux et clbres ; il y ena qui vivent longtemps, d'autres peu de jours. ; itarrpondit : Les Nornes d'origine cleste,donnent, lebonheur; quand les hommes tombent dans l'infortune,c'est aux mchantes Nornes qu'il faut l'attribuer.

    17. Ganglere demanda : Connat-on encore d'autres

  • f,E VOYAGE DE GYLKE. 3$

    particularits remarquables sur le frne Yggdrciscl?rr-. Har rpondit : Oui, et en grand nombre. Un aiglevit dans son feuillage, il est fort instruit ; il a nte les

    yeux un porvier appel Vcederfoelner, Un cureitil ,nomm Ratatcesh, monte et descend le long d'Yfg-gdrsel, et cherche h exciter la discord entre l'aigleetNidboegg; quatre cerfs tournent autour d'Yggdraselet mangent les extrmits de ses branches; ils senom-ment Daim, Dvalen, Dunneyr et Durathor. Mais il y atant de serpents dans Hvergelmer, prs de Nidhoeggr,qu'il est impossible de les compter. Il est dit ici :

    a Le Trne Yggdrsel endure plus de souffrances qu'on no peut le

    supposer. Le cerf mord ses branches, et Nidhoegg ronge ses racines.

    Et dans un autre endroit il est dit :

    a II y a plus de serpents sous le frne Yggdrsel qu'un fou igno-ran-tne pourrait l'imaginer. Goerin et Moenn sont les fils de Grufvitner.Grbak et Grskin, Ofaer et Svafner, rongeront ternellement, je crois,les rameaux d'Vggdrasel,

    r

    Les Nornes qui demeurent prs de la fontaine d'Urd

    y puisent, dit-on, de l'eau tous les matins, et ramas-sent de la terre glaise sur ses bords : elles arrosen tavec ce mlange le frne Yggdrsel, pour emp^het;ses ranieaux de se fltrir. L'eau de cette fontaine atant de vertu, qu'elle blanchit l'instant tout ce qu'ony jette. Il est dit :

    3

  • 34 LE VOYAGE DE GYLFE.

    Je connais un frne, arbre lev et saint, Yggdrsel est son nom.On l'arrose avec de la terre glaise blanche; c'est ce qui produit larose dans esvallons. Son feuillage, toujours vert, onibrage la ton- taine d'Urd.

    La rose qui tombe de ce frne sur la terre est ap-pele pluie de miel j c'est la nourriture des abeilles.Deux oiseaux sont nourris dans la fontaine d'Urd: ilsse nomment cygnes; toute l'espce de ce nom provientd'eux.

    17i Ganglere dit : Tu m'as donn de prcieux ren-seignements sur le ciel ; mais quels sont, aprs la fon-taine d'Urd, les autres endroits clbres qu'on y trouve? Har rpondit : Ilssontnombreix. Je citerai d'abordAilhem; c'est la demeure des alfes lumineux. Les alfesnoirs habitent dans la terre. S'ils diffrent des pre-miers par l'extrieur, ils en diffrent bien davantageencore par leurs oeuvres. Les alfes lumineux sont plusbeaux que le soleil, les alfes tnbreux plus noirs quelapoix, Un autre endroit du ciel se nomme Bridablick;c'est le plus magnifique de tous. Glitner est une habi-tation cleste dont les murailles et les colonnes sontd'or; le toit est couvert en argent. Il y a aussi, l'ex-trmit du ciel, une montagne appele Himingbjoerg;elle est l'extrmit du ciel, l'endroit o le pontde Boefrost se runit au ciel. On y voit une grandehabitation nomme Valaskjalf; elle appartient Odin.Les dieux l'ont btie et couverte en argent pur. Danscet difice, on trouve le trne Hlidskalf, d'o Odin

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 3B

    embrasse d'un regard tout!l'univers. A l'extrmit m-ridionale du monde;est un palais magnifique appelGimle et plus resplendissant que le soleil; il survivra la destruction du ciel et de la terrei Les justes l'ha-biteront pendant toute l'ternit. comme ledit la strophe suivante :

    Hroesvelgest le nom d'un gant qui est assis l'extrmit du cielsous la forme d'un aigle. Le battement de ses ailes produit, dit-on, lovent qui souffle*sur tous les hommes. \

  • 36 LE VOYAGE DE GYLFK.

    19. Ganglere demanda: Pourquoi l't est-il chaudet l'hiver froid? - Har rpondit : Un homme instruitne devrait pas faire cette question, laquelle chacun

    peut rpondre. Mais puisque tu es seul assez ignorantpour la produire, je t'apprendrai ce que tout le mondedoit savoir. Svasad est le pre de l't; celui de l'hi-ver est appel Vindloneou Viridsvalv il est fils de Va-sad; ses descendants furent cruels et froids de coeur,l'hiver a leur caractre.

    20. Ganglere demanda : Quels sont, parmi les Ases,ceux que les hommes doivent adorer? Har rpon-dit: Les Ases divins sont au nombre de douze; lessesses leur sont gales en saintet et en puissance. Thridi ajouta: Odin est le premier et le plus anciendes'Ases; il rgne sur toutes choses, et ls autresdieux le servent comme des enfants soignent leur pre vSa femme est Frigg ; elle connat les secrets de l'av^nir des hommes et ne les rvle personne, commeOdin le dit luwnmd dans cette strophe o il s'adresseaLoke, l'un des Ases:

    Tu os furieux et insens, Loke; ne saurais-tu te contenir? Friggconnat, je crois, toutes les destines; mais elle en garde le secret.

    On donne Odin le nom d'Allfadr, pre de tout,parce qu'il est le pre des dieux, et celui de Vlfader,pre des prdestins, parce que les guerriers qui suc-combent sur les champs de bataille sont ses lus. Ilsont des places Wnlhall et Vingolf, o ils portent le

  • LE VOYAGE DE GVU B. 37'

    nom d'Einherjars. Odin s'appelle encore Hangagud,le pre des pendus; Haptagud, le dieu des dieux; Kar-*'

    magud, le dieudes fardeaux. Il se donna encore d'au-tres noms quand il vint chez le roi Geirroed.

    Je m'appelle Grimer, Herjan, lljelmboere et Gangrador, Thudr,Udcr, Helblinde et Har, Sader, Svipall, Sanngatal, llerieit, llnfar,Biloy^, Balevg Boelverk, Fjrclner, Grimner, Glapsvider, Sidhoeller,Sidskoegg, Sigfader, Hnikad, Thecker, Thrid.j, Alifader, Atrider, Osk^Orne, Jafnhar, Biflinde, Goendlcr, llarbrd, Svidurr, Svidrer, Jalk,Kjalar, Vidurr, Thor, Yggcr, thunder, Vakor, Skilving, Vafvd,llroplatyr, Goeter.

    Ganglere dit : Vous donnez beaucoup de noms Odin; une instruction fort tendue serait ncessaire,je crois, pour connatre les vnements auxquels ilsdoiycrit leurorigine.' Har rpondit:Il faudrait tre,-en effet, trs-svnt pour en donner une explica-tion atisfaisante; mais on peut prsumer aussi qu'ils'sont le rsultat des efforts que les divers peuples de'la terre ont faits pour approprier le nom d'Odin leur

    langage, afin que chacun put le prier et l'invoquerdans son idiome particulier. On peut aussi chercher la

    signification de plusieurs dcs noms dans les voyagesd'Odin, dont les antiques sagas nous ont conserv lesouvenir. Tu ne saurais avoir la prtention d'tre un

    savant, si tu ignors les exploits remarquables d'Odin.21. Ganglere demanda: Quels sont les noms des

    autres Ases? Que font ces dieux, ou, pour mieux dire,qu'ont-ils fait de grand? Har rpondit: Thor est le

  • 38 LE VOYAGE DE GYLFE.

    premier des Ases aprs Odin ; on l'appelle encore Asa-Thor et Ok-Thor; c'est le plus fort ds dieux et deshommes. Il rgne dans le royaume de Thrudvng; son

    palais se nomme Bilskirner ; il contient cinq cent qua-rante chambres; c'est le plus va3te difice lev par lamain des hommes. Il est dit dans lepome dGrimner :

    a Cinq cents chambres et quarante en sus se trouvent, je crois,dans Bilskirner. De toute' les maisons dont je connais les toits, cellede mon fils me paratt la plus grande.

    Thor a deux boucs, Tanngnjother et Tanngriser ; ilstranent son char, c'est pourquoi cet Ase est appelOk-Thor (1). Il possde aussi trois objets prcieux :le marteau Mjoellner, connu des Hrimthursrs et desgants de montagne, car il a bris bien desttesparmieux; puis le ceinturon de la force; quand Thor le serreautour de ses reins, il double sa vigueur divine ; enfindes gantelets de fer, dont il ne peut se passer pour te-nir le manche de son marteau. Mais il n'est pas un sa-vant capable d'numrer tous les exploits de Thor, Je

    pourrais t'en raconter un si grand nombre, qu'unejourne ne suffirait pas pour te dire tout ce que je saissur ce sujet,.

    22. Ganglere dit,: Parle-moi des autres Ases. r-Har continua : Le second fils d'Odin est Balder; il y a

    beaucoup de bien dire sur son compte y c'est le meil-leur des Ases, ils en font tous l'loge. Le corps de' (4) C'est-iidire qui va en voituw, (tr.)

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 39

    Balder est si beau, si lumineux qu'il rpand la lu-mire autour de lui. Il y a une plante que l'on compareaux sourcils de ce dieu ; c'est la plus blanche de toutesles fleurs; juge par l de la beaut du corps et des che-veux de Balder. Il est le plus sage, le plus loquent,le plus clment des Ases; ses arrts sont irrvocables.Il habite un endroit du ciel appel Breidablick; rien

    d'impur ne peut y entrer, comme il est dit ici :

    Balder a construit sa demeure Breidablick; cette contre estcelle o il y a, je crois, le moins de souillure.

    23. Le troisime des Ases se nomme Njoerd; l'en-droit qu'il habite dans le ciel est appel Noatun. Il estle matre des vents> il apaise l'Ocan et le feu ; on l'in-

    voque sur mer et la pche. Njoerd est si riche, sipuissant, qu'il peut donner de la fortune et le superflu ceux qui lui en font la demand. Il a t lev

    Vanahem; mais les Vanns le donnrent en otage aux

    dieux, et reurent en change un homme appel Hs-ner. Njoerd devint le mdiateur de la rconciliationentre les dieux et les Vannes. Skade, sa femme, estfille du gant Thjasse ; eiio voulait habiter avec sonpre, c'est--dire dans les montagnes de Thrymhem, et

    Njoerd sur le rivage de la mer. Ils convinrent donc depasser neuf nuits Thrymhem et trois NoalUn. Mais

    lorsque Njoerd revint des montagnes, il chanta, ce quisuit:

    Je me suis ennuy dans les montagnes, o, cepondant, jo n'ai pass

  • 40 LE VOYAGE DE GYLFE.

    que peu de temps * seulement neuf nuits. Les hurlements des loupsm'ont paru affreux, compars au chant du cygne.

    EtSkade chanta de son ct :

    u Les cris lamentables des oiseaux m'empchaient de dormir sur lerivage de la mer. La mouette, qui vient de l'Ocan, me rveillait touslesmalins.

    Skade s'en fut alors dans les montagnes, et fit btir Thrymhem. Elle court beaucoup en raquettes sur laneige; et tue des animaux avec son arc. On l'appellela desse des raquettes; le skald dit :

    Thjasse, l'informe gant, hpHlo Thrymhem; Skade, la Gancelumineuse de Njoerd, rside mai; -)Yl

  • LE VOYAGE OE GYLFE. 41

    siges de sa salle. Une moiti des hommes tus lui appartient, le resteest Odin.

    Sesrymner, la salle des festins de Freya, est vasteet belle : quand la desse sort, on atelle deux chats son char. Elle est favorable ceux qui l'invoquent;elle aime les chants d'amour; les amants font bien del'adorer.

    25, Ganglere dit: Ces Ases me semblent fort impor-tants connaitre. Il n'est pas donnant que vous soyezsi puissants car vous saVz le dieu qu'il faut invoquerdans chaque circonstance. Y a-tr-il encore d'autresdieux?^ Har rpondit : Tyr est le plus hardi et le pluscourageux des Ases; la victoire dpend de lui, aussiles guerriers Ont-ils soin de l'invoquer. Quand unhomme surpasse tous les autres en courage, on ditqu'il est vaillant comme Tyr. Cet Ase a tant de sagesseque l'on dit encore d'un homme remarquable sous cerapport: Il est sage comme Tyr. Il a donn une preuvede sa hardiesse lorsque les 'Ases parvinrent, en em-

    ployant la ruse, attacher le loup Fenris avec unechane appele Gleipiicr. Feriris refustv d'essayer cettechane tant que l'un des Ases n'aurait pas mis unemain dans sa gueule. Tyr eut seul ce courage, et lesAses n'ayant pas voulu dchaner Fenris, il coupa d'uncoup de dent la main de Tyr, la place appele aujour-d'hui, en mmoire de cet vnement, le Joint-du-Loup.Tyr est donc manchot; cependant les hommes ne le

  • 42 LE VOYAGE DE GYLFE.

    considrent pas comme un pacificateur parmi leshommes.

    26. Brage est le nom d'un autre Ase, remarquablepar sa sagesse, son loquence et la facilit de son lo-cution; c'est un matre en posie. Sa femme se nommeIduna; elle conserve dans une bote des pommes dontles dieux se nourrissent quand ils se sentent vieillir ;elles leur rendent la jeunesse; il en sera de mme jus-qu' Ragnaroecker. Ganglere dit : Il est essentiel pourles dieux qu'Iduna veille avec soin sur ce dpt; Har rpliqua en souriant: Ils ont manqu se trouverfort mal de leur confiance dans Iduna. Je pourrais teraconter cette histoire ; mais il faut auparavant que jete dise le nom des autres dieux.

    27. Il y en a un appel Heimdall ; on le nomme aussil'Asc blanc; il est saint et puissant. Neuf vierges, quitaient soeurs, le mirent au monde. On lui donne en-core les noms de Hallinskide et de Gyllentnne, dentsd'or, parce que ses dents taient de ce mtal Soncheval s'appelle Guldtopp. Heimdall habite Himmels-

    bjoerg, prs de Boefroest; il est la sentinelle des dieux.Assis sur la limite du ciel, il veille ce que l pont nesoit pas envahi par les gants des montagnes. Il luifaut moins de sommeil qu' un oiseau, et sa vue estaussi longue de nuit que de jour ; il voit les objets aunedistance de cent milles (1), entend crotre l'herbe surla terre et la laine sur les brebis Des sons plus forts

    (1) Deux cent cinquante lieues. (Ti\)

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 43

    ne lui chappent pas davantage. Il a une trompe ap-pele Gjallar; quand il en sonne, tous les mondes l'en-tendent. Le glaive de Heimdall se nomme Hfvudet,comme il est dit ici.

    L'habitation do Heimdall porte, dit-on, lo nom do Himmelsbjoerg.La sentinelle des dieux boit gaiement l'hydromel dans cette maison, orgne une douce chaleur.

    Heimdall dit ailleurs de lui-mme :

    Je suis l'enfant de neuf mres ; je suis le fus M neuf soeurs.

    28. L'un des Ascs se nomme Hoeder; il est aveugle,mais trs-fort. Les dieux voudraient peut-tre l'ou-blier; mais le souvenir de ses actions est trop profon-dment grav dans leur mmoire et dans celle deshommes.

    29. Un autre Ase se nomme Vidarr ; C'est l'Ase si-lencieux. L'un de ses souliers est trs-pais. Vidarrest le plus fort aprs Thor; il est trs-utile aux dieuxdans les aventures dangereuses.

    30; AleouVale, fils d'Odin et de Rind, est vaillantdans le combat et bon archer.

    3i Uller est fils de Sif et beau-fils de Thor; il estsi habile tire? de l'arc et court si bien en raquette,que personne ne peut rivaliser avec lui L'extrieurd'UUer est agrable* ses manires sont martiales : il estbon de l'invoquer dans les combats singuliers.

  • 44 LE VOYAGE Mi GYLFK.

    .32 Forscte est fils de Balder et de Nan.na, fille de

    Nep. Il possde dans le ciel une salle appele Glitner.Ceux qui Viennent Je trouver dans leurs diffrends s'enretournent rconcilis. Les dieux et. les hommes; ne.,connaissent pas de meilleur tribunal.

    Glitner est lo nom d'une salle soutenue par des piliers d'or et cou-verte en argent. Forseto y passe la plus grande partie do son temps ' r : '-' '

    :,-'-::v'' ;..-

    Wabairpdssde, je crois, cinq cents portes'et quarante encore.Huit cents EinbEerjar pevehtsbttir de front par chacune de sesportos,- quand ils vont combattre le loup. >> / Thor; maisqutetimit de mon, gant?% SkrymerSe baissa pour^ramassersbnvgantv et Thor vjt que ic'tait la maison o il avaitpass la nuit; le btiment extrieur tait* le?police du

    gant Skryme? demanda Thor s'il voulait l'admettredans sa compagnie 5 ce dernier y consentit. Le gantouvrit alors son bissac et se disposa djeuner ; Thoret ses compagnons firent de mme. Skrymer proposaensuite de mettre les provisions de voyage en commun>

  • LE VOYAGE DE,GYLFE. 63

    et le tout fut enferm dans un sac qu'il prit sur le dos.Skrymer marchait le premier etfaisait de grands pas ;le soir il chercha un- gite sous un immense chne etdit Thor J( Je.vais dormir prenez le-bissac et sou-pez| iaprs quoi Skrymer s'endormit? et ronfla fortesmentThor'ayant? pris leibissacv *voulut l'ouvrir etchose incroyable,ah ne put en dfaire un seul noeud>psundesboutsde ruban ne voulut cder. Quand Thorvit qu-il lui .tait impossible d'ouvrir le; bissa,la;co-lrets'emparade lui, il saisit son marteau, fit Un pasversla place o Skrymer dormait* et le frappa la tte.Le gant se rveilla, et demanda, si une feillei d'arbretait tombe sur sa figure, si ses compagnons avaientsoupeet s'ils taient prts, se coucherThorrponsdit qu'ils ?allaient ;se livreraurepos En effet ils seplacrent sous un autre chne et je suis forc d'avouerqu'ils ne s'endormirent pas sans crainte Vers minuit'Thor entendit Skrynier ronfler avec Une !telle force que la fort en^rptentit; Alors il se leva s'approcha delui, leva prornptment son marteau..et le frappa au mitlieu duicrne; le marteau luirparut profondment eh";fonc dans larttede Skrymer qui s'veilla et dit Un gland serait-il tomb sur ma figure ? Y a>t-il dunouveau, ^Thor ?;>{Thor recula vivement ot rponditqu'il venait)de s'veiller,, qu?ll tait; minuit et encoretemps de dormir Thor pensa que s'il pouvait donnerun troisime coup, legahtne reverrait/jamais le jour;,il attendit donc le momehtoiY Skrymer serait de nju-

  • 64 LE VOYAGE DE GYLFE.

    veau endormi*: Un peu avant le jour, il reooinul quele gant dormait profondment; il se leva, marcha verslui, et le frappa la tempe avec tantde forc que le mar-teau enfonajsqu'aumanche.SkrymerselevpissaJlamain sur sa joue et dit : Des oiseaux se seraientlsperchs dan ce chne au-dessus de moi ? il m'a semblque de l fiente tait tombe des arbres\\i ou bien te se-rais-tu rveill, /Thor? IL est temps de se lverACtdes'habiller; quoique npusme soyonspas fortilignsdu chteau

    ,d'Utgrd> Vous avek dit entre vous que jene Vous paraissais^ point; de petite taille i mais'Vousverrez des hommes bien autrement grands que moi, sivous arriver *Utgrd Je veux Vous donnride'bonsconseils ce sujet. Ayez de l'humilit; car ls courti-sans de Loke d'Utgrd; n'endureront pas l'orgueil dejouvenceaux de votrp sorte; Si vousine voulez pointprofiter de mesavis, retournez sur vos pa> c'est ceque vous aurez de mieux ^mire.i Maissi Votfstvoulzcontinuer .votre voyaglitirez l'rient;jev| au nbrdivers les montagnes quo Vous voyez. i Skrymer prit en*suite le bissaoi sur son- dos etcntra dans lft>forU Onignore si ls Asosldsirrentd l revoir sain et sauf*

    46 Thr continua de marcher avec sescompagnonsjusqu' midi Ils dcouvrirent alors dans une grandeplaine un chteau si ley, qu'on en distinguait peine le faite; et s'avancrent de ce ct;iune grilleferme entourait le chteau 1Thor s'approcha de cettegrille, mais il ne put l'ouvrir; c'est pourquoi il fut

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 68

    oblig, ainsi que sescompagnons de se glisser entrles barreaux pour, bntrer dans le chteau; Ayanttrouv la porte ouverte, ils entrrent et virent \ungrnhombre d'hommesdont'^plupart taient d'unetaille tys-ileveassisrsur/ des bancsLs fvoyageursse;prsentrent ensuite dvant 10 roi; Lok d'UtgrdetlessalrenteA pein sMLdaigniEtleur accorder unregard fil Mit en souriant ;:;cQuand ls houvees vien-nent df loin/? il est difficile de ls avoirs vridiqusSuisse abus par une vision eri^prenant cet hfatitpour OkeThi*? tu es p^eUNtr^ plus grand'que1tu nele parais1Gnip^nous quels exploits ts-vbusprpare? Pour tre SOffort;parmi ' nous il.'

  • 66 LE VOYAGE DE GYLFEi

    Alors Lolc/d?lItgrdfdemnda;: uQue sait faire cejeune honim e? JThjalf rpondit : J'essayerai ;delutter la course avec telle personne que^vousjd-signerez. ^IiOkid'Utgrd;dit ti* C'est bonr^tu doistre|fbrtfhabile- la;coiirse.pOyt\,oser;entreprendreUne^par^itl; lutt.: /Kousinllons: tOmettre ;d^preuvede suites!J40k df%r*elevait sprtit la/grandeplaine Mt;ts*^gr^ff!^delltiter^veotfhjalfiEs, ^sdeuxnotirrutsiflr^ntunpremier^ tbutfj*mais ftuge prit >tellement d'avancequ'arriv a,uibut ilatUmayor^h|a^gr&dit i ft II ^veux iggier la-partie, Cependant je imty tajlounge4ue?hos^'aVo& ucb^quetoi* >)pDtdsigftlatatnautrebu>;maislor^uoljugeyaimtarriv; ^hjalft^ tait encore^dfflcheM ar>irit*okc drtJigpcl

  • LE VOYAGE DE GYLFB. 67

    chteau,.appela son chanson et lui ordonna d'apportter la coupe dont les courtisans avaient coutume de seservir. L'chanson obit l'instant, et remit la coupeThor^liokeJ d-Utgrddit4lrs : Vider cette couped'un *traitv c'est ce que nous; appelons ;bien boire*Quelqus^uhsta^nous n'est ssefc mauvais buveur pour ne point la vi-der en' trois^ ^Thbr regarda la coupe et u la trouvapas^tr|)grnti >pudique) passablement longue^ depied; Ayante sdift il ^approcla, de sa bouche, et butbeauctipy pensant qu'il i la ; viderait; ?la fin, n'enpouvatttlplUs,*il ta kcoup tde ses lvres> et ne futpas mcliorment surpris en Voyatit qu'elle tait pres-que ssi^ piwe qu'auptonti tLoke d^Ujgdrd dit :Tu abien bu; muis pas Urop cependant* Jamais jene me srail figur q's-^hr ne pourrait boifeda-vntag^Je suis certain que tti videras cltecup ausdcdtfdUlit; w-^'Th^ ridrirpondlt psHlrt^dohala ep^ sa bdUch avec i'iititioi ?&la videra etbut deUbulS sforces\mai 16rsqu'il?lr^rdvillui parut que soit contciu Vkit mini baiss que lapremire foie j cependant on^pbuvit l porter mainte-nant sans CMittdrd^mrien rpandre terri Lke d'Ut-grd dit in Cbmmnt te trovcs-tu,^riior? Ne te mnagepBj prsente Je crois que tu Videras la coupe cettefois; niais si tu n'es pas plus habile sous d'autrsrap-portsj tu li seMs pus Un-grand homme parmi nouscomme parmi ls ss. Th^v en entendant ces pa-

  • 68 LE VOYAGE DE GYLFE.

    rles, saisit la coupe avec colre, l'approcha de sabouche, et fit d'incroyables efforts pour la vider, sans

    pouvoir y parvenir; il la rendit et ne voulut pas boire

    davantage* Le contenu de la coupe avait cependant unpeu baiss*; Lke d'ytgrd dit s. Nous Voyotisi claire-ment que ta puissance est bien infrieure ta ftionsm,e>jYeux-tu tenter; une autre preuve? ,~ Jtyconsens,:rpliqua Thorj mais la manire dont je viensde boire n'aurait poiut mrit le mpris chez les Ases.Quelle preuve me propsez-yous;? * Loke d'Utgrddit : Quelques jeunes gens pensent qu'il serait dignede toi de chercher enlever mon chat de terre Jen'aurais pas os faire cette proposition sa-Thor, sije n'avais pas reconnu combien son habilet est inf-rieure sa renomme. Dans ce moment, un chatgris, extraordinairement grand,, accourut. Thor sVvana le prit par-dessous le ventre et le souleva; mais mesure qu'il levait la main, le. chat arrondissait ledos, et le rsultat de tous ses efforts fut de faire leverun peu l'une de. ses pattes. Thor perdit donc encorecette partie* Loke d'Utgrd reprit : Cette preuve s'esttermine comme je m'y attendais. Mon chat est trs-grand >et Thor est petit en comparaison des hpmmesqui sont iciv >>-^ tfhor dit alors : Malgr 6e quevous appelez ma petitesse j'invite l'un de VOUS lut-ter avec moiloiir je suis en colre maintenant* >-Loke d'Utgrd rpondit eu,se tournant vers le banc : Toutes les personnes que je vois ici regarderaient

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 69

    comme un badnage de lutter avec toi. Puis il ajouta:Faisons appeler la vieille Elle, ma nourrice; Thores-

    sayera ses forces contr cette femme, s'il le veut. Ellea vaincu des hommes qui paraissaient plus vigoureuxque lui; .*?*Une vieille femme entra dans la salle, etLbk d'Utgrd lui dit de lutter avec sa-Thor^ Pluscelui-ci faisait Ul'efforts, jslus Elle ;tenait ferme, etaussitt quelle (commena; donner-ds crocsreri-jambes^iThor hanjcela; et d rudes secousses s'ensui-vireiit ; il n tarda point tomber sur un ge^o* Loke

    d'Utgrd s'avana en invitant les combattants cesserleur lutte, et il ajouta que Thor renonait sans doute mesurer ses forces avec d'autres personnes de lacour. La nuit approchait : Loke d'Utgrd dsigna des

    gites pour Thor et ses compagnons; ils y restrent

    jusqu'au lendemain et furent bien traits.47. Le matiji;Suivant, dlsque le jour parut, Thor et

    ses compagnons se levrent; ils s'habillrent et se

    disposrent se retirer, de suite. Loke d'Utgrd sur-vint alors, fit avancer une tabl bien garnie de vivreset de boissons. Au moment de se sphrer de Thor, il luidemanda ce qu?il pensait de son voyage et s'il recon-naissait qu'il avait trouv quelqu'un plus fortque liiLThor rpondit Je ne puis rien dire, sinon que mon

    expditioii m'a valu beaucoup de honte. Vous allez metraitrl homme sans considration, ce qui me causeun grand dpit* - Loke d'Utgrd rpondit : Je tedirai la Vrit, maintenant que tu es sorti de mon

  • t70 LE VOYAGE DE GYLF,

    chteau o tu ne: rentreras; jamais si cela dpend demoi, et o ; tu noterais jamais venu si j'avais su com-bien tu es fort et puissant* Tu : as, manqu de nous

    plonger dans un? grand malheur. Toutes tes aventuresde eesjours passs n'ont t quedesvisions produitespari mon art* Legant que; tmssrencoritri dans la fo-rrt^c'tait;moi; lorsquertu voulusidftouer la cordedu bissac,; c'tait un bercle.de fer auquel Savais donncette form; c'est pourqoiv tui n'as puotfouvrirt Tum'as frapp, ensuite de trois coups^de marteau ; le pre-

    mier fut le plus faible^;; cependant il m'aurait ;tu sij'avais t:atteint.Tu as-Vu prside)mon chteau

  • LE VOYAGE DE GVLFE. 71

    monchat, et, en vrit, nous fmes tous fort effrayslorsque l'une des patteo de cet animal abandonna le

    plancher ; ce n'tait pas un chat b;e tu soulevais, maisle serpent de Midgrdj dont-le corps entoure la terre.A peine s'il fut assez long pour ;tenirr; la terre par satte et sa queue et tu le soulevas une telle hauteur,qu'il touchait presque au ciel*

  • 72 LE VOYAGE DE GYLFE*

    s'est-il jamais veng de son aventure ?-?-Har rpondit :Les plus ignorants savent combien il s'est indemnisds humiliations qu'il avait prouves* 11ne resta paslongtemps au logis et partit avec tant de hte qu'ilnefiit;accompgnni par sestboucs nipr ses;com^pgtions; il cnjamba;Midjjrd sbu la formejd'un jeunehomme et arriva uni soir; chez logeant Hy meH ojbilpassalia inurft Hyher; se* leva; ria>ppintiduJjour^s'habilla et se disposa rincr^sur Ja mer avec Pihten-rtioi de pcher; Thor se leva galement s'habilla bienvite^ et demanda au gant la^prmission -de l'acconWpagner* Hymer; rpondit qu'un homme petit etjeunecomme lulfttjpouvait tre d*aucune utilit, et ajouta : Tuserasfgel sijB rame aussi loinst si nibn absencese^prolong, autant que M ccoutume t. Thor rpliquaqu'il sVijtamer surfer? et ptait pas bertain^ lequelde?H^ntbr^burdeli?mnifosterait:l' prftiertl'envi deretourner^ lerre^ St/colVvstenfimnia?^eiif iinitempsfibhtre^l gantset; peu ste^Mluti^U'ilmsluifit a Pirtstnt gotefrsbn marteau; maisl se contintvoulant tettr ses forces l'preuve d'une autre ^ma*nireii Thoi 4demanda ensuite i Hymerb tait leUrappt pourra pche* Logeant lui dit d'en?chercher.Thor alla donc vers un troupeau de bo3uf qui appar-tenait ?*Hymer^ choist le plue beauqui se?nbmniaitHiminbribter lui arracha la tteet l'emporta Vers lrivage* Hymer avait dj pouss la barque dans l'eau*.Thor y entrai s'assit?sur le banc derrire prit deux

  • LE VOVAGE DE GYLFB. 73

    rams^ et rama avec tant 1de force; que Hymer trouvaqu'on faisait bdnie route. Le gant ramait aussi sur Parvant, la barque avanait donc trs-.vite. Hymer annonaqu'ils taient arrivs dps l'endroit o il avait l'habitudedJpcher ; mais Thor rpondit qu'ilvavait envie de,ramer?beaucoup plus;lbhgtemps;et ils firent encore unbout de chemin. Alors Hymer dit qu'ils s'taient telle-ment avancs qu'on ne pouvait s'arrter en cet endroit cause; du serpent de Midgrd. ?Thor\ voulut rmerencore unpde temps^ erqui dplut Hymer*Thbrleva enfin les rames,^prpara une ligne trs*forte etpourvue d'uni hameon analogue*Il yl attacha la ttede bbef la jeta dans la tner; ello;alla au fottd.}s-surnittt ie serpenti de Midgrd ne fut pas moins at^trap bette fois q Tlior ne l'avait t chez Lbke dUtgrdi^ib ouvrit la gueule pour; saisie la tt deboeu^tPhameonlui entra dans la mchoire. Lorsquele serpent s'entaprutril tira* si vivement* que lesdeux poings db Thor se heurtrent contre le bord-dubtUv Tlfor se mit aldrs rt^colre prit sa force di*vine et appuya ses pieds si fortement contre l barqueque ses deux jambes passrent traverst s'arrtrentun fond ; de la mer; U tira, ensuite l serpent sur bordi C'tait un spectacle effrayant de voir les yeux dThor s'gtodir en)regardant le sarpent et celui-cilancer SbnvenhOh dit que le gant Hymer changea dcouleur et plit d'effroi lorsqu'il vit le serpent et Peaupntrer dans le bateau ; mais au moment o Thor prit

  • 74 LE VOYAGE DE GYLFE.

    son marteau et le leva pour frapper Hymer. saisit soncouteau et coupa la ligne. Le serpent plongea donc denouveau dans la mr. Thor lana il est vrai, son mar*teau aprs lui, et l'on raconte qu'il l'atteignit la tte;mais il est probable que le serpent vit encore. Thor,aprs avqifc dohn un coup de poing au gant quitomba la renverse par-dessus le bord et les jambesen Pair revint gu vers le continent.

    49i Gctnglere demanda : Y a-t-il encore d'autreschoses remarquables raconter au sujet des Ases?Thor a fait un magnifique exploit durant ce voyage.^-Har rpondit ; Je pourrais assurment te dire beau-coup de choses bien plus importantes pour les Ases.Voici le commencement de ces relations : Balder leBon avait ds rves pnibles ; ils lui annonaient quesa vie tait eu danger ; lorsqu'il les raconta aux Ases,ceux-ci dlibrrent entre

    .eux, et rsolurent dedemander en faveur de Balder des garanties contretout danger* Frigg fit prter serment au feu, Peau;au fer, toutes espces de mtaux aux pierres laterr aux arbres aux maladies aux animaux auxoiseaux tous les poissons et aux serpents de nefaire aucun mal Balder Ces prcautions ayant tprises la connaissance de tons les Ases imaginrent,pour s*amuser* de placer Balder au milieu d Passem*-bl, de tirer des flches contre lui> de le frapper delui tancer des pierres; mais rien ne lui faisait mal, cequi fut trouv fort honorable pour lui.; QuandvLke,

  • 1E VOYAGE DE CYLFE. 78

    fils de )Lo3fo3i vit ceci, il en prouva du chagrin etse rendit auprs de Frigg, Fensal sous la forme d'unefemme. Frigg demanda a cette femme si elle savait a

    quoi les Ases s'occupaient dans leur assemble* Tous

    attaquent Balder dt pette: fonime mais rien ne luifait mal*j> Alors Friggf rpliqua : ; Ni les armes niles plantes n peuvent/lui nuire car j'ai fait prterserment a toutes ?choses..;,- La \ femme/ demanda ; Tontes les/choses cres ont-?elles jur d'pargnerBalder? Frigg rpondit : A l'orient de WalhUiestune bouture appele Mistelten; elle m'a paru trop jeunepour lui faire prter serment* La femme se retiramais Lbke dracina Mistelten et se rendita l'assem?bleiHcedersetnaitPextrmit du cercle parce qu'iltait aVeuglet Lokb lui dit .'i

  • 76 LE VOYAGE\DEUYLFE;

    n'tait permis personne de se livrer ce sentiment cause de la saintet du lieu. Lorsque les Ases revin-rent eux-mmes, leurs sanglots clatrent avec tantde Violence,,qu'ils ne purent exprimer autrement.leurdouleur. Odin fut bien plus affect qu'eux- encore dece malheur, car il apprciait parfaitement tout ledommage que les Ases prouveraient de la mort deBalder. Quand les dieux furent, un peuremis de leurmotion, Frigg demanda lequel des: Ases voudraitacqurir sa bienveillance en se rendant cheval dansle monde, infrieur, pour chercher Balder et .offrir; Hel une: ranon '} afin qu'elle lui permit de revenir Asgrd? HermodleCourageux

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 77

    avec une telle vigueur, que les roulettes places des-sous firent feu, et toute la terra trembla. A cette vue,la colre s'empara de Thor ; il saisit son marteau, etbrisa la tte de Hyrrocken avant que les dieux eussenteu le temps d'intercder en sa faveur. On porta ensuitele corps de Balder sur le vaisseau. Quand sa femme,Nanna, fille de.Nep, vit ces apprts, elle en prouvatant de douleur, que son coeur se brisa. Son corps fut

    plac sur le bcher ct de celui de Balder Thor,debout prs du bcher, le bnit avec son marteau, etun nain appel Lit gambadant devant lui, il le lanad'un coup de pied dans le bcher, de sorte que cenainfut aussi brl. Toutes sortes d'individus assis-trent aux funrailles de Balder* On y vit Odin et sescorbeaux,,Frigg et les Valkyries( Frey tait dans unchar auquel on avait attel le porc appel Gyllenborsteou Sjidrugtanne. Heimdall montait Gulltopp, et Fryatait dans son char attel de chats. Des.Hrimthursars,des gants de montagnes, et-une foule d'antres per-sonnes se pressrent autour du bcher, Odin y jetal'anneau Droepner; depuis lors, toutes les neuvimesnuits huit anneaux du mme' poids tombent deDroepner. Le cheval de Balder et tout son quipementfurent aussi placs sur le bcher.

    Voici.ce qu'on raconte du voyage de Hermod. Ilchevaucha durant neuf nuits et neuf jours, dans desvalles sombres et profondes et ne vit la lumire qu'enarrivant auprs, d'une rivire appele Gjall et en pas-

  • 78 LE VOYAGE DE GVLFE*

    sant sur le pont Gjllar, qui est pavd'or luisant. Mod-gunn,:1a vierge charge de la garde de ce pont, de-manda Hermod quel tait sson nom*sa naissance, et

    ajouta que le jour -prcdent, Cinq bandes d'hommesmorts avaient pass sur Gjallar : it Mais tu fais ajbuta-t-elle, autant de bruit toi squl qu'eux tous ensemble ; tun'as point lacbuleur des morts;

    2comment se fait-il quetu suives la,mme route? Hermod rpliqua : Je'merends chez Hel pour chercher Balder; ne Paarais4u

    point vu* dans ces environs? Modgunn lui dit queBalder* aVait pas cheval sur Gjllar; mais* que laroute conduisant chez'Hel tait plus basse et plus aunord.'Hermod continua d'avancer etattignit enfin laclture du domaine de Hel* Alors il descendit de: che-val/ serra davantage lassangle, se remit^en selletdonna de l'peron sa monture. Slipner s'lar^a avectant de vigueur, qu'il passa de beaucoup par-de.ssus laclture. Hermod chevaucha ensuite Vers le palais des-cendit de cheval, et vit son frre Balder assis la pre-mire place; Hermod passa*la nuit dans Ce lieu* Lelendemain matin, il demanda Hel la permission d'em-mener Balder et lui peignit la douleur qui rgnaitparmi les Ases. Hel rpondit i' Nous allons voirmaintenant si Balder est aussi aim qu'on le prtend.Si toutes choses tant vivantes que mortes; le pleurent,il'lui sera permis de retourner chez ls ASes;

    1mais si

    quelqu'un 'excuse et refuse de pleurer ilrcstera avecmoi . Hermod se leva pour partir ; Balder l'accompagna

  • LE VOYAGE DEGYLFE 79

    hors-du palais, et envoya, comme souvenir Odinl'anneau* Droepner.Nanna y joignit pour Frigg quel-ques bijoux, et un anneau d'or pour Fulla. Hermodretourna Asgrd, o il raconta tout ce qu'il avait vuet entendu.

    Les Ases.envoyrent des messagers partout, eninvitant chacun pleurer afin de racheter Balder dela puissance de Hel. Les hommes,' les animaux,, laterre',:Jes pierres-, les arbres, pleurrent Balder; .lesmtaux firent de mme: tu as d les voir pleurer quandils passent'du froid au chaud. Les messagers, aprsavoir rempli leur commission, retournaient chez eux,lorsqu'ils rencontrrent dans une grotte une ganteappele Thoeck; ils la prirent de pleurer pour tirerBalder du pouvoir de Hel, mais la gante rpondit :

    ** ' > *.

    '* , >

    T^oek plcuro la mort,do Balder avec des yeux secs. Cet so nom'a caus de joio ni durant sa vie, ni par sa mort', quo Hel garde saprbio!

    * '

    Il est facile de deviner que Thoeck tait Loke, fils.deLoefoequia occasionn tant de maux aux Ases.

    SO* Ganglere dit : Cette action de Loke. est trs-mauvaise ; il cause d'abord la mort de Balder puis il

    empche sa dlivrance* N'-t-il pas t puni de ce m-fait ? Har rpondit : Sans doute, et il Papaye d'unemanire qui ne s'effacera de longtemps de sa mmoire*Quand Loke vit les, dieux fort irrits contre lui ils'enfuit et se cacha dans une crevasse de rocher o il

  • $0 LE VOYAGE DE QYLFE>

    btit une maison avec quatre.portes, afin de voir, de

    louR.cts ce qui se passait. Souvent pendant le jour,il prenait la forme d'un saumon, et. se cachait.dans, laehute d'ea de Frananger, o il cherchait^ deviner laruse que les Ases pourraient employer pour le prendredans cet endroit. Une. fois, tant dans sa maison, il

    prit du lin et du fil, en. fabriqua un filet comme on a

    appris depuis ! les faire; le feu brlait devant lui*Loke vit dans ce moment que les Ases n'taient pasloin : Odin avait dcouvert de Hlidskjalf l'endroit oitil se tenait cach. Loke se.leva de suite et courut versla chute d'eau, aprs avoir, eu la prcaution de jeter, lefilet dans le feu. Quand les Ases arrivrent auprs dela maison, Qvaser, le plus sage* des dieux,, entra lepremier; en voyant 1^ filet, il comprit que ce devaittre un instrument de pche > et le fit remarquer, auxAses. Us prirent donc du lin du fil et en firent un filetd'aprs celui qu'ils virent sur, le feu* Leur besogneacheve, ils allrent vers la rivire, et jetrent le filetdans, la chute d'eau* Thor le tenait par un bout, et lereste des Ases le tenaient par l'autre;.ils tirrent tous la fois. Loke s'chappa en glissant entre deuxpierres, le filet passa donc par-dessus.lui; cependantles Ases remarqurent qu'il y avait l quelque chosede vivant. Ils allrent une seconde fois, vers lachute d'eau, jetrent le filet et y attachrent un objetsi pesant, que rien ne pouvait s'chapper par-dessous* 1

    Loke se retira devant le filet, et voyant que Pembou-

  • LE VOYAGE;DE GYLFE. 81

    chure de la rivire tait proche, il rentra dans la chuted'eau en sautant par-dessus le.filet; les Ases surent

    donc.de;quel ct Loke avait dirig sa course.1Us re-

    montrent une'seconde fois vers la ascade se parta-grent en deux bandes (Thor marchait dans le fleuve),et s'avancrent ainsi du ct del mr.Lke n vit

    plus que deux moyens d'chapper ce danger: soit ense jetant dans la mer au risque d'y; prir, soit, enessayant des sauter, une seconde foisi par-dessus lefilet. H se dcida pour ce,dernier moyen;, mis'Thortendit la main pour le saisir, le prit, et comme co sau-mon glissait entre ses doigts * il ne put le bien .tenir

    que par la queue; c'est pourquoi* cette espce de pois-son a la queue pointue*, Loke fut donc pris sans aucunecondition* Les Ases le menrent dans une grotte, oils dressrent trois dalles dans, lesquelles ils firenttrois trous* Ensuite ils prirent les fils, de Lok. Valeet Nare ou Narve ; donnrent Vale la forme d'un loup,aprs;quoi il dchira soa frre Narve, dont les intes-tins servirent aux Ases pour attacher Lok au-dessusdes trois dalles. L'une d'elles tait sous ses paules,la seconde sous ses reins, et la troisime sous ses

    genoux; les.liens se sont transforms en fer. Skade

    suspendit au-dessus un serpent venimeux, dont le venintombe goutte goutte sur le visage de Loke; Sigyn,sa femme est assise auprs de lui et tient un bassinsous le serpent. Quand le bassin est plein, elle le vide ;le venin tombe dans l'intervalle sur l figur de Loke,

    6

  • 82 LE VOYAGE DE GYLFfi.

    ce qui l'agite tellement que la terre entire trembl;c'est ce que les hommesappellent un tremblement cleterre. Loke restera attachjusqu' Ragnaroecker., 51* Alors Gangleredemanda: Queraconte-t-on^sur

    Ragnaroecker?je^'enai pas'entendu parler aupara-vant. Hr.rpondit : On rapporte1 ce sujet beau-coup de chosesfort importantes. Il y aura d'abord unhiver appldiiver de Fimbul ; la neige tombera danstoutes les directions, nue gele trs-rigoureuse et desvents piquants feront disparatre la chaleur du soleil.Cethiverssecomposerade trois hivers pareils, qui sesuccderont1sans t'; mais auparavantil y aura troishivers durant lesquels le monde entier sera livr laguerre, et lesangrpanduavecuneextrmeabondance.Les frres se-tueront par avarice, et-il'n'y aura pasmmede mnagemententre ks pres et leurs enfants*Woladit: . 5 '

    ^

    ,* '

    , a Les frres combattront l'un contre l'autre et so tueront;* les neveuxet les nices oublieront les liens dujsang Les temps seront durs. 11,yaura un ge de hache, un ge de glaive. Les boucliers seront Tendus.Il yia\ira un ge de tempte,' un ge do meurtre, avant que lo mondefinisse. * * i , '

    ' .

    ''.'"'

    Alors, pour le malheur des hommesle loup quipoursuit le soleil l'avalera ; le second loup saisira lalune et causera aussi beaucoup' de dommage. -Lestoiles .tomberont du ciel, la terre tremblera, ls ar-bresserontdracinslesmontagnescrouleront toutes

  • LE VOYAGE DE GYLFE. &3

    les chanes^ tous ls; liens- seront! rompus$ et le loupFnris sera en libert. L'Ocan sortira d ses limitesicar; le;serpent de Midgrd^era? pris* de la rage desgantsi attentera de se jeter sur la continent; L vais-seau Nagelfarc sera dbarrass de ses entraves. Il estconstruit avec les ongles des hommes morts, ce qu'ilest bon de savoir; car si'un homme meurt sans avoirles ongles coups, il hte l construction de ce na-vire : les dieux et les hommes doivent dsirer qu'ilne soit pas achev de sitt. Mais dans ce dsastre,Nagelfare sera flot; c'est le gant Hymer qui le gou-verne. Le loUp s'avancera la gueule bante; sa,m-choire suprieure touchera au ciel et sa mchoire inf-rieure la terre; si Pespace ne lui manquait pas, ilouvrirait la gueule encore davantage. Le feu lui sor-tira par les yeux et les narines. Le serpent de Midgrdlanceratant de venin qu'il en infectera Pair et POcan ;il sera fort redoutable, et se tiendra ct de Fenris*Pendant ce fracas, le ciel se fendra, et les fils deMuspell cri sortiront cheval; conduits par Surtur quiest prcd et suivi par un feu dvorant. Son glaive estadmirable et brillant comme le soleil. Quand les fils deMuspell passeront sur Btfroast, ce pont croulera; puisils avanceront dans1la plaine deVigrid o se rendrontaussi le serpent do Midgrd et le loup Fends* Lokes'y trouvera galement ainsi que Hrymer et tous lesHrimthursars ; toute la suite de Hl sera avec Loke.Les fils de Muspell ont un ordre de bataille qui leur

  • 8;\ LE, VOYAGE PE.GYLFEj

    est particulier. La plaine deVigrid a, cent milles (1)d'tendue sur. chaque face. ,

    Quand ceci arrivera, Heimdall selveraet donnerade la trompe de toute sa force; les dieux se rveillerontet tiendront conseil. Odin sera cheval auprs du puitsde la sagesse pour demander un bon avis Mimer.. Lefrne Yggdrasel tremblera, tout-sera. Oans l'effroi auciel et sur la terre. Les Ases et les.Einhoerjars s'arme-ront et s'avanceront dans la plaine; leur tte che-vauchera Odin avec un casque d'or, sajolie cotte demailles, et Gugner son javelot : c'est ainsi qu'il mar-chera contre Fenris Thor combattra auprs d'Odinsans pouvoir le secourir car le serpent de Midgrdlui donnera del besogne* Frey luttera contre Surtur,et il y aura l un rude combat qui se terminera par lamort de Frey, vnement qu'il aurait vit s*il n'et

    point donn son bon glaive Skirner* Garni, le chienattach au banc de rocher de Gnpa brisera aussi sachane; il occasionnera le plus grand malheur; encombattant avec Tyr ils se .tueront mutuellement.Thor aura lagloire de vaincre le serpent de Midgrd;mais peine se sera-t-il loign de neuf pas, qu'iltombera mort empoisonn par le venin que:le:ser-pent aura lanc contre lui. Fenris avalera .Odin;Yidarr se prcipitera alors contre ce loup, et placeraun pied sur sa mchoire infrieure. Ce pied est chauss

    (1) C'est-fc-dtre deux cent cinquante les, le intile'su

  • LE VOYAGE DE GYLFE. 8t>

    d'un soulier fabriqu avec toutes les lanires de cuir

    rognes de la pointe et du talon des souliers, et runiesde toute antiquit* C'est pourquoi ceux qui veulentvenir en aide aux Ases ne doivent pas manquer de

    jeter ces lanires. D'une main ,Vidarr saisira la mchoiresuprieure de Fnrisetlui dchirera, la gueule. Lokecombattra contre Heimdall, ils se tueront tous deux.Surtur lancera ensuite du feu sur la terre et brlera lemonde. Voici ce ique dit Wola :

    R Heimdall souffle avec force dans sa trompe, qu'il tient trs-haute,Odin parle avec Mimer; le saint frne Vggdrasel tremble; c