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Exposition Du 7 avril au 31 juillet 2016 extra fantômes Les vrais, les faux, l'incertain Exposition du 7 avril au 31 juillet 2016 Dossier de pédagogique À l’attention des enseignants, médiateurs, accompagnateurs, éducateurs, animateurs ...

Dossier de pédagogique

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

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Les vrais, les faux, l'incertainExposition du 7 avril

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À l’attention des enseignants, médiateurs, accompagnateurs, éducateurs, animateurs ...

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Ce dossier pédagogique est un outil d’accompagnement pour la préparation à la visite de l’exposition Extra Fantômes.

Il contient une présentation des oeuvres ainsi que des repères historiques, un lexique et des pistes pédagogiques

à développer en groupe.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

sommaire

la Gaîté lyrique p.5

• Présentation

Extra Fantômes p.7

• Le studio Daily tous les jours p.7

• L'exposition Extra Fantômes p.9

I - Les Ténèbres - Mise en scène de la peur p.11II - La Chambre Rouge - L'art de la médusation p.19

III - La Salle de Contrôle - Sous contrôle permanent ? p.23IV - Le Bunker - Resister p.29

• Le mot des commissaires p.37

Préparez votre visite p.38

Autour de l'exposition p.39

Image de couverture :

Photographie : Louis David NajarDesign : Yorgo&Co

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

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Présentation :

La Gaîté lyrique est un ancien théâtre dédié aux arts lyriques créé en 1862, transformé en 2011 en établissement culturel de la Ville de Paris

explorant les cultures à l’ère du numérique.

La programmation de la Gaîté lyrique se décline en thématiques pluridisciplinaires :musiques actuelles, cinéma, jeux vidéo, mode, arts visuels, design et plus encore.

Lieu d’échange et de découverte en plein coeur de Paris, elle est ouverte à tous pour visiter une exposition, écouter un concert, assister à une rencontre, participer à un atelier, découvrir une application sur tablette ou encore jouer

à un jeu vidéo. La Gaîté lyrique explore son temps et le décrypte.

L’équipe des relations aux publics est à votre disposition pour organiser votre venue en groupe.

Retrouvez les propositions de parcours et informations pratiques à la page Venir en groupe.

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Le Studio Daily tous les jours :

Daily tous les jours est un studio basé à Montréal (Qc), cofondé par Mouna Andraos et Melissa Mongiat en 2010.

"À la recherche de nouvelles façons d’interagir et de raconter des histoires dans l’espace public, nous provenons des domaines

du design d’interaction et des environnements narratifs.

Nous créons des expériences collectives grand format.Nos projets réenchantent le quotidien, en stimulant des rencontres,

des conversations et les imaginaires devant tous les possibles. Nous utilisons les moyens de notre temps pour inviter le public

à participer activement à la transformation du monde qui l’entoure. Nous visons à créer une notion de vie commune.

Dans le cadre d’une première invitation par la Gaîté lyrique en 2012 pour son exposition Joue le jeu, nous avions pu rencontrer certains des nombreux fantômes de la

Gaîté lyrique et leur donner un seconde vie en créant Kit Opérett, une installation interactive où le public rejoue collectivement une opérette réinventée.

Pour l’exposition Extra Fantômes, nous avons donc souhaité explorer les recoins les plus sombres du monde numérique, dévoiler des pratiques diverses qui questionnent notre

rapport à la réalité, et nos propres croyances. L’exposition s’étend dans une multitude d’univers, imaginaires ou réels (à chacun de décider), et par le biais desquels nous invitons le public

à reconsidérer le monde qui nous entoure, à déchiffrer certains de ses dessous,et à mieux en reconnaître ses fissures."

dailytouslesjours.com

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Commissariat

Mouna Andraos & Melissa Mongiat Studio Daily tous les jours

Anne-Sophie Bérard Consultante artistique

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

L'exposition :Le développement exponentiel des technologies s’accompagne, paradoxalement,

de la réappropriation de phénomènes magiques, inexpliqués et irrationnels. Pensée comme unparcours immersif, l’exposition Extra Fantômes propose une exploration sensorielle, étrange et poétique des fantômes d’aujourd’hui. Avec ses objets animés, ses machines spectrales,

ses ondes impalpables, ses illusions perceptives et ses existences virtuelles, l’exposition imaginée par les commissaires Mouna Andraos et Melissa Mongiat

du studio Daily tous les jours nous fait perdre nos repères.

La visite de l’exposition débute par une immersion dans le numérique et sa capacité à nous connecter à l’impalpable et à l’occulte, puis c’est vers la réalité fantomatique de notre

existence technologique que nous glissons en explorant les champs invisibles et la surveillance automatisée. Nous découvrons dans la dernière partie de l’exposition

un éventail de stratégies pour devenir fantômes aux yeux des machines.

L'exposition Extra Fantômes sera adaptée et présentée,au Centre Phi à Montréal, au début de l'année 2017.

Scénographie :En recréant des lieux multiples, imaginaires ou réels, la scénographie de l'exposition

Extra Fantômes propose un parcours immersif, où la rencontre avec les oeuvres est à la fois ludique, étrange et poétique. Le visiteur plonge ainsi au sein d’un parcours traversé par des passages secrets,

des univers proches du genre fantastique et des visions nous invitant à questionner le vrai, le faux et l’incertain : miroirs hantés, surveillances invisibles, maisons vivantes, cyborgs de l’occulte,

phénomènes incroyables, machines spectrales et existences virtuelles.

La visite de l’exposition se vit en 4 temps :

1. Les ténèbres et les faux fantômes

Un labyrinthe sombre invoque spectres, hybrides, cyborgs et autres monstres produits par les moyens

de notre époque. Noirceur, passages secrets, environnements fantasmagoriques, cette partie de

l’exposition est une promenade mystérieuse, parsemée d’illusions.

2. La chambre rouge ou l’incertain :bienvenue aux frontières de

l’inexplicable

La chambre rouge est une expérience mystique,où le numérique se mêle aux sciences occultes

pour donner accès à des univers parallèles.Entre les illusions, les spectres de l’imaginaire,les invocations mystiques, les croyances et lescertitudes, les ombres de nous-mêmes ou les

cyborgs de l’au-delà, qui existe vraiment ? Où se situe l’impalpable frontière entre ce qui existe et ce

qui n’existe pas ?

3. La salle de contrôle et les vrais fantômes :

la vie secrète du monde numérique

Les machines envahissent notre quotidiende manière imperceptible : elles occupent leschamps électromagnétiques, wifi, surveillent

notre monde avec leurs optiques et leurs propres systèmes sensoriels. La salle de contrôle est un lieu

où l’on tente de chasser les vrais fantômes du numérique.

4. Le bunker : devenir fantôme

Nous recourrons à des technologies pour nous protéger de champs invisibles, échapper à l’œil robotique...assombrissant les limites entre

fiction et réalité. Nous développons des outils et des techniques pour rééquilibrer le rapport de force et

nous transformer à notre tour en fantômes.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Le parcours et les installations :

I - Les ténèbres:Une mise en scène de la peur

La zone de ténèbres qui débute l’exposition, nous ramène aux peurs primitives de l’obscurité, de l’inconnu, de l’inexplicable et de la mort. Scénographie et installations offrent une mise en scène de la peur :

• une entrée secrète, un espace labyrinthique sombre, un éclairage à la torche électrique.• des œuvres qui nous échappent et qui fluctuent entre apparition

et disparition, visible et invisible, illusion et métamorphose.La thématique du labyrinthe ludique est aussi un clin d'oeil au parc d’attraction

“Planète Magique” qui a occupé le théâtre de la Gaîté lyrique en 1989.

Les œuvres

Untitled (Augmented Hand Series) Golan Levin, Chris Sugrue,Kyle McDonald (USA, 2014)

Projection interactive visuelle.Untitled (Augmented Hand Series) est un logiciel

interactif qui propose, en temps réel, de transformer les mains des visiteurs d’une façon ludique, onirique

et troublante. Le système se base en temps réel sur la position de la main du participant pour

effectuer ces transformations. Certaines modifient structurellement la forme de la main ; d’autres la

dotent d’une nouvelle plasticité ; et d’autres encore lui donnent de l’autonomie, le comportement qui

en résulte étant alors une négociation dynamique entre le visiteur et l’algorithme. En défiant de façon

ludique la perception que nous avons de notreimage, l’installation suscite une connaissance

renforcée de notre propre corps. Une vingtaine de transformations différentes ont été développées.

Metamorphy / Scénocosme : Gregory Lasserre et Anaïs met den

Ancxt (France, 2014)Installation interactive visuelle et sonore.

Cette œuvre sensorielle joue avec l’ambiguité entre des espaces réels et virtuels, matérialisés par une

combinaison de projection et de miroir. La réalité se déforme. Le visiteur est invité à explorer la surface

du tissu pour dévoiler ces espaces et découvrir une autre réalité.

Spectres Malte Martin (Allemagne, 2014)

Installation interactive graphique et numérique.Dispositif permettant un insolite face à face avec

son propre fantôme, le visiteur se contemple et voit se dérober son visage sous des formes

graphiques produisant l’apparition d’une silhouette fantomatique, d’un spectre à la beauté difforme.

Fantômes de Poche Collectif Daily tous les jours

(Canada, 2016)

Vidéoclips et dispositif Palm Top Theater.Roi Carotte, Jupiter et Luis Mariano, célèbres

habitants passés du Théâtre de la Gaîté,reprennent vie dans ces murs grâce à de petits théatres portatifs conçus pour nos téléphones

intelligents. Le dispositif Palm Top Theater utilise une technique conçue il y a plus d’un siècle et demi

par le scientifique britannique Henry Pepper pour faire apparaitre des fantômes

et illusions improbables.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Focus sur une œuvre: Métamorphy de Scénocosme

L’interactivité : le fonctionnement de l’installation

Les spectateurs sont invités à toucher et à explorer la profondeur du voile semi transparentde l’installation. Cette peau symbolique possède une élasticité qui s’inscrit dans le processus de

la métamorphose : elle se déforme lorsque le spectateur la touche et reprend sa rigidité lorsqu’il la relâche. Chaque appui de la main en révèle des

profondeurs différentes. L’exploration de ses différentes couches révèle l’intimité d’un univers

imaginaire. Les matières visuelles et sonores évoquent des univers profonds, méditatifs,

à travers des substances organiques, liquides ou incandescentes. Les gestes des spectateurs sur le voile permettent de modifier ces effets visuels

et sonores en temps réel. Ils varient en fonction de l’emplacement et de la profondeur de l’appui et se

superposent au reflet visible dans le miroir. Une caméra 3D fait face au spectateur pour capturer

ses gestes à travers la déformation du tissu. L’image 3D est traitée et analysée en temps réel de manière logicielle. Métamorphy crée une ambiguïté

entre un espace physique réel, un espace virtuel matérialisé par le reflet d’un vrai miroir, et un second espace virtuel généré par les vidéo projections d’un

dispositif numérique. Dans cette création sensorielle, les reflets réels se confondent avec les images

virtuelles, donnant l’illusion d’une réalité déformée.

Une version contemporaine du mythe de Narcisse dans l'art

Rappel du mythe de Narcisse d'après Les Métamorphoses d'Ovide :

Narcisse, trop imbu de lui-même, ne voit pas l'amour que lui portent les nymphes et tout particulièrement

Echo. Celle-ci finira par dépérir d'amour et il ne restera d'elle que sa voix, répétant les sons

qu'elle entend à l’infini. Un jour, alors que Narcisse s'abreuvait dans les eaux d'une source,

il vit son reflet et en tomba éperdument amoureux. Il appela vainement le beau jeune homme se trouvant en face de lui, n'obtenant aucune réponse de l'être qu'il aimait, finit par se consumer d'amour pour un être qu'il ne pouvait étreindre. À l'emplacement de son corps, on trouva une magnifique fleur blanche

au cœur couleur jaune safran.

La Caravage, Narcisse , 1598

Salvador Dali, La métamorphose de Narcisse, 1937

Scénocosme, Metamorphy, 2015

La perspective en peinture, dans le sens illusionniste du terme, est une technique permettant

de donner l'illusion de la profondeur sur un plan en 2D par des jeux de matières, de couleurs

et de formes.

Le mapping vidéo est une technique qui consiste à projeter des animations visuelles sur des

objets ou des reliefs à l'aide d'un vidéoprojecteur. Dans les deux cas, il s’agit donc de jouer sur les

illusions entre 2D/3D mais ce qui était suggéré en peinture devient dans l’installation Metamorphy

une expérience dans laquelle le spectateur prend littéralement la place de Narcisse

troublé par sa propre image.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Repères historiquesPeur et société : le besoin de croire et d'avoir peur ?

Les technologies au service de l’époque.

À travers les époques, les artistes s'emparent des technologies les plus modernes et abouties, de la pierre taillée à la sculpture 3D, pour «raconter» les peurs les plus fondamentales. La peur de la mort

est exprimée dans les représentations humaines à travers ces exemples, parcourant l’histoire de l’art.

Dessin rupestre à la grotte Chauvet en Ardèche

Association son et image dans l’artrupestre de la préhistoire (-30 000 ans)

Les hommes du paléolithique ne choisissaient pas au hasard les parois où ils peignaient des

mammouths, des aurochs, des cerfs, des chevaux... La plupart des peintures rupestres ont été

exécutées là où la cavité amplifie l'intensité et la durée des sons, favorisant l’écho.

Les grottes constituent un univers sonore tout à fait extraordinaire. «Il est illusoire de comprendre le sens de l'art pariétal en le limitant à l'aspect visuel», souligne Iegor Reznikoff, mathématicien, philosophe

des sciences et spécialiste de l'art vocal ancien. Pour lui, il n'est pas concevable de regarder les

peintures rupestres comme de simples scènes de chasse. Quand elles étaient éclairées à la torche, les voix leur donnaient «une signification rituelle, voire chamanique», une véritable mise en scène

de leurs peurs.

Photographie spirite (par anonyme)

La photographie spirite, médium et spectres aux débuts de la photographie

(fin du XIXe siècle)

La photographie à vocation spirite, définie comme figurant la trace de "l'atmosphère fluidique

de l'homme vibrant à sa périphérie comme la manifestation extracutanée de sa force intime

et personnelle", a été très à la mode à partir des années 1890. Les résultats photographiques sont extrêmement intéressants, révélant des

images fantomatiques qui trouveront leur plus belle expression dans les épreuves futuristes

d’Anton Giulio Bragaglia en 1913 ou dans certaines photographies du peintre Edvard Munch et de

l'écrivain, peintre et photographe August Strindberg. Dans ce type d'oeuvres, l’artiste cherche à faire apparaître ce que l'oeil humain ne peut pas voir.

Il peut s'agir d'apparitions, de prétendues radiations qui émanent du corps du sujet, ou, comme

ici, de mouvements fantômes. La technique de surimpression des épreuves photographiques

produit ces spectres.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Faces (2014) de Catherine Ikam et Louis Fléri

Les Digital Diaries de Catherine Ikam et Louis Fléri, artistes contemporains

Depuis les années 80, Catherine Ikam revisite les archétypes de notre société

à travers le prisme des technologies : Identité III , créée en 1980 au Centre Pompidou, est une des

pièces fondatrices de l’art vidéo en France.L’irruption du numérique, du "temps réel", et de son

cortège de leurres la conduiront à inventer avec Louis Fléri des environnements et des personnages

virtuels, sculptant des espaces mentaux en perpétuelle évolution. Influencés par Philip K. Dick, et très proche de Nam June Paik, auquel Catherine

Ikam rend un hommage avec une vidéo inédite Piano Pieces (2006), Catherine Ikam et Louis Fléri s’intéressent aux relations ambiguës qui existent

entre la réalité et l’apparence au travers d’artefacts porteurs de sens. Le dispositif Elle (1999), doté d’un

modèle de comportement autonome, détecte par un laser la présence du visiteur qui sera reçu par

des sourires ou au contraire est fui. En l’absence de visiteur, Elle développe une vie propre qui s’enrichit

de la mémoire des événements précédents. Dans Identité III, chaque visiteur, filmé sous de multiples

angles par des caméras équipées de focales différentes, affronte en direct son image éclatée sur 9 moniteurs. Dans Digital Diaries , il évolue dans une

base de données projetée en relief, dans laquelle il peut s’orienter en temps réel. En humanisant le

numérique et en numérisant le vivant, Catherine Ikam et Louis Fléri ne cherchent pas

la virtuosité technologique et les prouesses techniques dont sont capables ces personnages artificiels mais l’émotion qu’ils éveillent en nous.

Le spectateur est un élément essentiel de chacune de ces installations, dont le regard et l’intervention

définissent la perspective des œuvres.

Source : Maison Européenne de la Photographie

Photogramme de Nosferatu de W. Murnau

Le genre du fantastique :

se dit d'une oeuvre littéraire, artistique ou cinématographique qui transgresse le réel en se

référant au rêve, au surnaturel, à la magie, à l'épouvante ou à la science-fiction.

Ces œuvres jouent avec le dédoublement de la personnalité, les recherches sur l'inconscient décrit par la psychanalyse autour de l'inquiétante

étrangeté du moi.

Références cinématographiques :

• Mélies, La clownesse fantôme, 1902• Friedrich W. Murnau, Nosferatu, une symphonie de la terreur, 1922

• Henrik Galeen, L'Étudiant de Prague• Victor Fleming, Docteur Jekyll

et M. Hyde, 1941.•Tim Burton, Vincent, 1982, film d'animation.

• Hayao Myazaki, Le voyage de Chihiro, 2001, film d'animation.

•Keïchi Kara, Miss Hokusai, 2015, film d'animation.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Pour aller plus loin(se) faire peur

• À tout âge - La peur au Cinéma

La représentation de la peur est traduite par différentes images ou symboles projetés

dans l'imaginaire collectif : tombes, maison hantée, pendus, monstres, tempêtes… En utilisant

ces références, le cinéma de genre (fantastique, suspense, horreur…) nourrit fortement cet imaginaire.

Aborder en groupe la question de la représentation de la peur au cinéma permet de reconnaître les

éléments utilisés par le réalisateur pour mettre en scène la peur : qualité de la lumière et intensité

des ombres, leur multiplication, la déformation et l'agrandissement des images projetées, l'impression qu'elles produisent en laissant place à la suggestion

plutôt que de tout montrer … L’analyse de la bande son d’une séquence de film, permet de mesurer

l’importance de l’ambiance sonore dans cette mise en scène de l’effroi.

Arts Plastiques

• Pour les 8/10 ans - Cycle 3 - Piège à fantômes

Matériel : carton, papiers (couleurs, de soir, crépon…), fils, colle, outils graphiques.

Transformer une boîte en carton en piège à cauchemars et à fantômes. Exorciser les peurs,

chasser ses propres fantômes et jouer à se faire peur. Piège à rêves, ou boîte à cauchemars...

avoir peur de l’invisible.

Arts Plastiques

• Pour les 11/14 ans - Faîtes nous peur ! Un décor à faire se dresser les cheveux

sur la tête

Matériel : Lampes de poche, matériaux et objets divers.

À partir du programme d'Arts Plastiques et du thème « l'objet et l'oeuvre », fabriquer un décor en deux ou trois dimensions, en utilisant le détournement

des symboles narratifs, poétiques, sensibles et imaginaires.

Philosophie

• À partir de 17 ans - Terminale Science et magie :

le vrai, le faux et l’incertain

Ancrage culturel : Thomas Kuhn, philosophe et auteur de La structure des révolutions scientifiques

(1962), interroge la science et la magie à travers la notion d’hypothèse, chasse un paradigme par un autre, rend relatif les critères dits objectifs et déplace donc sans cesse les limites du vrai et du faux. Pour illustrer ce basculement, il emprunte

entre autres l’exemple du dessin du canard-lapin rendu célèbre par les commentaires du philosophe

allemand Wittgenstein en 1900.

• Discussion : Science et magie, mêmes fondements ?

Selon le regard posé sur ce dessin, on y reconnaît alternativement le profil d’un canard ou d’un lapin.

Thomas Kuhn transpose ce phénomène à la science. À un instant, correspondant à un état particulier

des croyances sociales porteuses d’un point de vue sur la nature, le scientifique a une représentation

théorique particulière du monde. Celle-ci change dès que le point de vue se modifie car on ne peut plus

revenir en arrière. La science et la magie obéissent elles au même processus infini de mise en échec

d'hypothèses par d'autres hypothèses ?

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Autour des œuvresArts Plastiques

Autour de l’oeuvre Untitled (Augmented Hand Series) de Golan Levin, Chris Sugrue et Kyle Mc Donald, voici quelques pistes utilisant la transformation des formes de la main

à travers la création d’ombres chinoises.

Pour les 6/8 ans - Cycle 2Utiliser la technique de l’ombre chinoise puis tracer

des formes sur un supportà partir de ces ombres.

Ancrage culturel Selon Pline L'Ancien, dans l’ouvrage

Histoire Naturelle datant de 1469, l’origine du dessin serait attribué à Dibutade, fille d’un potier de Sicyone ou de Corinthe traçant au charbon de bois le

contour de l'ombre de son bien aimé.

Éléments préparatoiresRechercher des expressions autour de la main :

se faire prendre la main dans le sac ou dans un pot de miel, prendre sur le fait, sortir quelque chose

de son chapeau ...

Ombres chinoises

Références artistiques

Christian Boltanski, Théâtres d'ombres, 1984. Photographie de l’installation

Michel Ocelot, Princes et princesses, film d'animation en théâtre d'ombres

(papier découpé). Photogramme.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Autour de l'oeuvre Spectres de Malte Martin, et la représentation de l’effroi.Spectres s’inspire de la tradition picturale et graphique de la représentation du cri et de la peur.

Mettons en perspective la transcription graphique du visage à travers le numérique chez Malte Martin avec des représentations plus traditionnelles de l’histoire de l’art.

Visages de la peur en arts plastiques

Franz Xaver Messerschmidt, une des 69 « têtes de caractère », 1775. Sculpture en métal

(alliage d’étain et de plomb) et en albâtre.

Arnulf Rainer, Messerschmidt Series, 1976–77. Photographies peintes.

Edvard Munch, Le cri, 1893 . Peinture. (détail)

Francis Bacon, Portrait du Pape Innocent X. (détail)1953. Peinture.

Brassaï, graffiti de la Série IX, Images primitives (1935-50). Photographie. (détail)

Malte Martin, Spectres. Photographie de la projection.

Voir aussi le Catalogue d'exposition Visages de l'effroi, violence et fantastique de David à Delacroix.

Editions Liénart en référence aux formes françaises du romantisme fantastique.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Lexique et mots clés

Extra : préfixe, du latin extra, en dehors, exprimant l'extériorité (extraterrestre), ou du français

extraordinaire, donnant à un adjectif une valeur superlative ou intensive (extrafin, extralucide).

Fantôme :apparition, vision ou illusion interprétée comme une manifestation surnaturelle d'une personne

décédée. Les fantômes sont également appelés revenants, spectres ou, plus rarement, ombres.

Le nom fantôme dérive du grec ancien φάντασμα, transcrit en phantasma en latin. Il a été ensuite

repris d'une version méridionale fantauma, pour se fixer en fantosme au XIIe siècle, puis ultérieurement

en fantôme par transposition classique du s en ^. Ses origines sont identiques à celles de fantasme.

Il désigne initialement une illusion avant de prendre, en 1165, son sens courant actuel.

Installation : disposition de matériaux et d’éléments divers

dans un espace sous la forme d'une œuvre d'art; mode d'expression artistique apparue

au troisième tiers du XX° siècle.

Mapping vidéo : technologie multimédia permettant de projeter de

la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer des images de grande taille sur des structures en

relief, tels des monuments, ou de recréer des univers à 360°.

Spectre : apparition fantastique et effrayante d'un mort : croire aux spectres / littéraire. Personne hâve

et maigre. Représentation effrayante d'une idée, d'un événement menaçant : agiter le spectre de la guerre / Bactériologie. Ensemble des souches

bactériennes sensibles à un antibiotique / phonétique. Représentation graphique à deux

dimensions (amplitude et fréquences) des composants acoustiques d'un son / physique. Ensemble des radiations monochromatiques

résultant de la décomposition d'une lumière ou, plus généralement, d'un rayonnement complexe;

Ensemble des radiations émises, absorbées, diffusées, par un élément, une espèce chimique,

dans des conditions déterminées.

Magie : ensemble de croyances et de pratiques reposant

sur l'idée qu'il existe des puissances cachées dans la nature, qu'il s'agit de concilier ou de conjurer,

pour s'attirer un bien ou susciter un malheur, visant ainsi à une efficacité matérielle. Puissance

de séduction, d'illusion, charme séducteur : La magie d’une oeuvre d’art.

Occulte : caché, secret, mystérieux. Science occulte :

doctrine et pratiques dont les adeptes font mystère. La magie, la sorcellerie, la divination, l’évocation

des morts, l’astrologie, l’alchimie sont des sciences occultes.

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II - La Chambre Rouge: L'art de la médusation

Le numérique donne accès à des univers parallèles. Entre les illusions, les invocations mystiques, les croyances et les certitudes, les ombres de nous-mêmes ou les cyborgs de l’au-delà,

qui existe vraiment ? La chambre rouge est un univers surréel se référant au cinéma, une expérience contemplative et interactive aux frontières de l’inexplicable.

Les œuvresLe naturel surnaturel ...

Kyklos / Charlotte Charbonnel (France, 2015)

Sculpture et projection vidéo.Kyklos reproduit l’oeil d’un cyclone, mouvement

perpétuel hypnotique. L’oeuvre sculpte l’eau par la vitesse de formation d’un tourbillon. Dans ce circuit

fermé d’aspiration et d’expiration, l’eau jaillit et s’écoule créant un équilibre de niveau et un siphon sans fin. Ce tourbillon redonne vie aux légendes de

rivières hantées par les fantômes du passé.

Tentative de déchiffrer les morts ...

Oui Ja / Mathieu Schmitt (France, 2013)

Sculpture cinétique.Cet appareil interprète les signaux radio captés

sur la fréquence Jurgenson (1485kHz), fréquence sur laquelle Friedrich Jurgenson, peintre et cinéaste

suédois, aurait détecté le plus de messages de personnes disparues. Le bras de Oui Ja pivote et indique aléatoirement une lettre, un chiffre,

“oui”, “non” ou “au revoir”.

De l’autre côté du miroir ...

All the universe is full of the lives of perfect creatures / Karolina Sobecka

(USA, 2012)

Miroir interactif.S’animant lors du passage des visiteurs, le miroir

créé par l’artiste leur permet de voir dans leur reflet, surgir la tête d’un animal qui imite les mouvements

de leurs visages. Se met en place un jeu d’action / réaction entre le visiteur et l’animal qui entrent

instinctivement en contact. L’artiste utilise les possibilités offertes par le design interactif pour

explorer et réinterpréter les relations des humains aux animaux et aux machines entre empathie,

défiance et identification. Elle nous fait réfléchir à ce reflet étrange qui vient habiter le nôtre et dont nous

aurions peut-être beaucoup à apprendre.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

La maison respire ...Seventeen/ Nils Völker

(Allemagne, 2013)

Installation cinétique.À l’occasion d’Extra Fantômes, Nils Völker présente

une nouvelle version de Seventeen, pensée spécifiquement pour l’exposition. Comme tous les

travaux de l’artiste, la pièce joue du nombre et de la répétition des modules qui la composent, ainsi que du choix de matériaux ordinaires (ici, le papier). Son

titre laisse l’interprétation de l’œuvre libre et ouverte au public ; certains pourraient même y voir des

fantômes. Nils Völker aime assembler et transformer des objets du quotidien en compositions mouvantes

qu’il soumet à de constantes variations. D’une grande simplicité, ses installations

s’apparentent à des phénomènes naturels orchestrés ou à des respirations chorégraphiées.

Seventeen prend vie grâce à un script informatique, exécuté sur le logiciel Arduino, qui contrôle la lumière et le (dé)gonflement grâce à de petits

ventilateurs placés dans chacun des dix-sept sacs.

Quelqu’un essaie peut-être de vous contacter...Frank’s spirit box/ Frank Sumption

(USA, 2002)

Cette spirit box ou ghost box, disponible sur le marché pour tous les chasseurs de fantômes,

s’inspire des plans de l’inventeur Frank Sumption pour capter en temps réel les voix de l’au-delà sur

nos fréquences radio.

Focus sur l’œuvre : All the Universe is full of Lives of

Perfect Creatures de Karolina Sobecka

Charles Lebrun, Tête d'aigle, 1690

À travers le miroir interactif de l’œuvre de K. Sobecka, apparaît une tête d'animal qui mime le visiteur en

train de se regarder. L'effet qui en résulte nous invite à nous regarder autrement et à rentrer en

communication non-verbale avec notre reflet et son mouvement. Il s'agit certes de reconnaître la part

instinctive et animale en nous mais aussi de réfléchir au mécanisme neurologique en jeu dans le fait de se regarder dans un miroir. Combien de fois peut-on surprendre son reflet affichant malgré

nous une expression - voire une grimace - se rapprochant d'un miroir ? L’artiste s'est intéressée à ces mécanismes en neuroscience avant de réaliser

son œuvre traduite par l'idée selon laquelle "l’univers est empli des vies de créatures parfaites". Le miroir ne donne pas un pur reflet de soi mais un

amalgame entre le soi et une créature animale.

L'œuvre fait appel à la fois à la connaissance de soi et à l’apprivoisement de l'altérité animale qui se cache en nous. On peut rapprocher l’expérience à

la démarche scientifique du peintre Charles Lebrun connu pour ses planches de physiognomie qui

associe des caractéristiques animales et humaines, recherchant un caractère, une identité à travers

les caractéristiques du visage.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Repères historiquesL'art de la médusation

Méduse, Le Caravage 1597

Photogramme de la dernière séquence

de la série Twin Peaks, David Lynch, 1990

La Chambre Rouge, seconde partie de l’exposition, fait référence à l’univers

du cinéaste américain David Lynch. La scénographie est une sorte d’hommage

au film Twin Peaks et à Laura Palmer, héroïne et femme-fantôme du film. De la même manière que

l’agent Dale Cooper en se regardant dans le miroir se voit transformé en Bob, autre fantôme effrayant,

les miroirs de la chambre rouge nous invitent à contempler un reflet renvoyant à la force médusante

de l'art et au jeu de se voir sous les traits d’un autre, homme ou animal.

Pour aller plus loinArts Plastiques

• 8/10 ans - Cycle 3 - Dessiner en miroir “je te regarde, je te dessine et j'exagère ton expression”

Matériel : fusain, craies grasses ...La scénographie de l’exposition nous incite

à nous faire tout petit, à changer de corps afin de passer dans un autre monde à la manière

d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. L’observation des changements d’échelles

à travers la physiognomie peut amener à une activité graphique sur le portrait et l'identité

en s’appuyant sur l’expressivité du visage.

• 11/14 ans - Cycle 4 - L'autoportraitou le monstre de soi

En utilisant des techniques plastiques traditionnelles et/ou numériques à l’aide des

logiciels Gimp, ou Photoshop, utiliser la méthode du copier-coller afin de créer un autoportrait

inspiré par l’œuvre All the Universe ...Références autour de l’autoportait : de Charles

Lebrun à Orlan, des portraits cubistes à David Hockney.

• 15/17 ans - Autour de SeventeenL'installation de Nils Völker invite à réfléchir à

la présentation d’une oeuvre. Incitation « Soyez gonflés ! » Utilisez des matériaux qui mettent en

forme l’élément air. Ou “ Extra-ordinaire !” Choisir un matériau ou un objet banal et le rendre sublime par

un dispositif de présentation artistique. Références : Anish Kapoor et Simone Decker.

Léviathan, 2011, Nef du Grand Palais à Paris / Anish Kapoor

Sculpture monumentale in situ mesurant 35 m de haut, 100 m de long, 72000 m3 de «vide»,

et pesant environ 12 tonnes.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Chewing gum, 1999, Simone DeckerPhotographie d’installation sous un angle spécial

pour donner un aspect de grandeur.

• 11/14 ans - Cycle 4 - Les mots fantômes L'idée de hasard de l'oeuvre Oui ja associée au

dispositif du mur sur lequel le spectateur est invité à écrire peut être l'occasion de travailler sur le “hasard

objectif” des surréalistes par un travail de cadavre exquis, de mur de mots, de poème collectif ou de

palimpseste. Référence : l’œuvre Café Little Boy de Jean-Luc Vilmouth.

Lexique et mots clésMéduser / médusation :

en parlant d'un effet physiologique, comparable à celui produit par la vue de Méduse. Frapper de

saisissement, de paralysie.

Cyborg : être humain — ou être intelligent, en science-fiction

— qui a reçu des greffes de parties mécaniques.

L'énergie cinétique : énergie que possède un corps du fait de son

mouvement par rapport à un référentiel donné.Sculpture cinétique : on peut voir les premières

manifestations d'art cinétique dès les années 1910 dans le mouvement futuriste et certaines œuvres

de Marcel Duchamp. Plus tard, Alexandre Calder invente le mobile, sculpture formée de fils et de

pièces métalliques qui sont mises en mouvement par le déplacement de l'air ambiant. L'expression art cinétique est adoptée vers 1954 pour désigner les œuvres d'art mises en mouvement par le vent, les

spectateurs et/ou un mécanisme motorisé.

Arduino : et son récent synonyme Genuino, sont des cartes

matériellement libres sur lesquelles se trouve un microcontrôleur. Les schémas de ces cartes

sont publiés en licence libre, cependant, certains composants, comme le microcontrôleur par exemple,

ne sont pas en licence libre. Le microcontrôleur peut être programmé pour analyser et produire

des signaux électriques, de manière à effectuer des tâches très diverses comme la domotique (le contrôle des appareils domestiques - éclairage,

chauffage…), le pilotage d'un robot, de l'informatique embarquée, etc.

Neuroscience : ensemble des études scientifiques du système

nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, depuis l'échelle moléculaire jusqu'au niveau des organes, comme le cerveau,

voire de l'organisme tout entier.

Physiognomie : méthode fondée sur l'idée que l'observation de l'apparence physique d'une personne, et

principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité.

Johann Kaspar Lavater fut le plus célèbre physiognomoniste au XVIIIe siècle..

Oui-ja : support divinatoire sur lequel figure l'alphabet

et les mots oui et non.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

III - La Salle de Contrôle:Sous contrôle permanent ?

La vie secrète du monde numérique.La salle de contrôle est un lieu où l’on chasse les vrais fantômes du numérique.

Les machines envahissent notre quotidien de manière imperceptible : elles occupent les champs électromagnétiques, WiFi, surveillent notre monde

avec leurs optiques et leurs propres systèmes sensoriels.

Les œuvresOn vous observe ...

Psychic / Antoine Schmitt (France, 2004)

Projection intelligente.L’oeuvre est composée d’une caméra, d’un système perceptif et d’un système cognitif interprétatif. Le spectateur ne voit que le résultat de ce processus

analytique sous la forme de symboles : un texte, écrit en temps réel. Dans une posture quasi paranoïaque,

le visiteur est observé et tente de comprendre ce que l’installation décrit sur le mur, alors que c’est

l’installation qui tente de comprendre ce qu’elle voit quand elle le regarde.

Dossier spécial ...

Carlow Ghosts / Tobias Zimmer (Irlande 2016)

Série de portraits imaginaires non humains dérivant de l’installation Database, présentée lors de

l’exposition Post-Electric à VISUAL (Carlow, Irlande, de juin à septembre 2015). Ces images fantômes furent captées de manière aléatoire grâce à une caméra de mauvaise qualité et à l’algorithme de

détection faciale, en dehors des horaires d’ouverture du musée.

Fantômes pour les robots ...

Database / Tobias Zimmer et David Ebner (Allemagne, 2014)

Installation interactive.Le projet Database est né de la collaboration

entre les artistes Tobias Zimmer, dont la pratique explore les possibilités du code informatique

et les questions algorithmiques, et David Ebner, dont les oeuvres explorent les nouveaux médias.

L’œuvre combine l’usage de caméras, le code informatique et la sculpture : elle rend palpable la

surveillance, parfois invisible mais pourtant intrusive, dont nous faisons l’objet lors de nos déplacements

urbains et nos navigations en ligne. Database capture les visages des visiteurs ainsi que certaines

informations ou datas, et les imprime sur des feuilles de papier. L’accumulation constituée par ces

données prises à la dérobée rend visibles les mécanismes de surveillance.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Chasseurs de fantômes, documentation …Light Painting Wifi / Timo Arnall,

Jorn Knutssen, Einar Sneve Martinussen (Angleterre, 2011)

Magnetic Movie / Semiconductor (Angleterre, 2007)

Google Faces / Onformative(Allemagne, 2013)

Street Ghosts / Paolo Cirio (Italie, 2012)

Horizon / Gregory Chatonsky (France, 2015)

Invisible / Heather Dewey-Hagborg (USA, 2014)

Des écrans multiples révélent à travers 6 vidéos les champs invisibles de notre ère numérique : les traces des ondes wifi révélées par l’œuvre Immaterials de Timo Arnall, la vie secrète des

champs magnétiques dans Magnetic Movies de Semiconductor, et les incroyables visages détectés

à la surface de la planète par l’œuvre logicielle Google Faces de Onformative.

Votre corps numérique ...Sensible 1.0 / Bram Snijders, Deframe

(Hollande, 2011)

Installation vidéo interactive.En suivant et captant la matière graphique

numérique afin de la projeter sur la surface d’un corps, l’installation Sensible1.0 utilise le principe

du mapping video interactif. La projection s’adapte ainsi à la silhouette et aux mouvements du visiteur

qui va traverser le faisceau de projection. Ce surprenant parcours de faisceaux lumineux vient

s’imprimer sur le corps pour révéler ses reliefs et la densité de ses mouvements, sous l’œil lumineux

du vidéo-projecteur.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Repères historiquesSous contrôle permanent ?

Nommer cette troisième zone de l’exposition “ La Salle de Contrôle” nous place d’emblée dans les questions de surveillance politique (au sens de la cité) et de liberté individuelle. Internet, en

nous autorisant à tout publier, tout communiquer, tout échanger, pénètre nos sphères relationnelles

et donc intimes. Le règne de la communication-connexion nous met-il sous contrôle permanent ?

Comment les données personnelles englobées par les Big Data sont-elles réinterprétées par des

algorithmes en tant que données de réussite économique des plus grandes entreprises mondiales

en tant que smart Data ? L’exposition nous permet d’explorer ces « données fantômes » que les artistes

mettent en lumière.

Artistes engagés dans la reconnaissance des mécanismes de surveillance numérique

Dans l‘exposition Extra Fantômes :

• L'oeuvre Psychic d'Antoine Schmitt, insidieusement nous dévisage, nous scanne, nous décrit à notre

insu. L'oeuvre interactive peut susciter la curiosité ou le malaise chez le spectateur, se rendant

compte que la description de sa personne dans ses faits et gestes et projetée aux yeux de tous,

ici et maintenant dans l'espace d'exposition. L'oeuvre révèle le contrôle permanent qui se joue notamment derrière la vidéosurveillance (procédé

de surveillance à distance qui met en œuvre un système de télévision en circuit fermé)

dans nos sociétés.

• L’installation Database rend visible ce phénomène de la surveillance que nos yeux

ne peuvent saisir dans le monde physique à travers un dispositif d’installation se référant à la sculpture

et aux transmedias. Tobias Zimmer et David Ebner font notamment référence à l'enregistrement

de nos traces et parcours sur internet et à l'édification de notre profil, soit au fichage

de nos identités.

Le contrôle permanent de nos vies quotidiennes est donc rendu visible dans ces deux œuvres par

un dispositif interactif de filmage en temps réel qui oblige littéralement le spectateur à passer au crible

de la machine, malgré lui. Parce que le pouvoir se loge aussi dans les infrastructures, il incombe à

l'artiste de questionner d’un point de vue politique notre rapport aux technologies.

Hors exposition :

• Mathias Jud et Christoph Wachter, duo de net-artistes suisses basés à Berlin, mettent les

systèmes informatiques centralisés générant l'exclusion et la division des individus au centre de leurs oeuvres- réseaux. En proposant des réseaux

alternatifs donnant à rendre visible l’invisible et incitant au partage de ceux-ci, l'enjeu politique de ces artistes hackers se formalise à travers la lutte contre l’exclusion dans le projet # GLM appliquant le principe communautaire de réseau Mesh jusqu'à l’hôtel Gelem installé par Mathias Jud et Christoph

Wachter au sein d’une zone occupée par des familles ROM à Montreuil pour y amener

une connexion Internet. Lien à l'adresse gaite...

Le panoptique comme mise en abyme de la surveillance

Schéma représentant le principe du panoptique.

La Salle de Contrôle avec ses 6 écrans dont un occupé par la vidéo de surveillance de la GL rappelle le dispositif du panoptique décrit par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham à la fin du XVIIIe siècle.Le panoptique est un type d’architecture carcérale.

L'objectif de la structure panoptique est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale,

d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés. Ce dispositif devait ainsi créer un « sentiment d'omniscience invisible » chez les détenus. Le

philosophe Michel Foucault, dans Surveiller et punir (1975), en fait le modèle abstrait d'une société

arbitraire, axée sur le contrôle social.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Renversement esthétique : la science au service de l’art !

Dans l’exposition, la salle de contrôle, avec ses nombreux écrans, n'est pas un dispositif de

surveillance mais un espace de contemplation d’ondes et de champs magnétiques. Ces vidéos

montrent des phénomènes physiques invisibles à l'œil nu. Nous sommes en présence d'un dévoilement

de formes, de couleurs et de matières qui poursuit son développement dans l'installation immersive

de Deframe, Sensible 1.0. Cette troisième partie de l'exposition progresse donc du critique au sensible, en transformant l'observation scientifique à travers l'aspect magique de l'art rendant le visible invisible.

Pour aller plus loinArts Plastiques

• À tout âge, former à un usage responsable et citoyen d’internet, consulter/écouter :

- http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/competences/education-aux-medias/

sites-pour-eduquer-a-l-internetNotamment : Internet et les jeunes - guide à l usage des enseignants du 1er degré (ressource 7005).pdf

- http://www.franceculture.fr/numerique/l-alphabet-numerique

L'Alphabet numérique de France Culture est une séquence pédagogique de quelques minutes que l’on peut écouter en direct chaque dimanche ou

écouter en podcast.

• 15/17 ans - Création numérique : glitchs, gifs, captures d’écran et net-art

Exploiter les outils numériques à des fins de création et de diffusion : utiliser la spécificité numérique

de l'image, utiliser la matière générée par internet comme des espaces de prise de vue et comme

réservoir d'images à manipuler et à détourner. Se réapproprier les outils créés par les GAFA de manière

ludique, créative et critique en groupe.

Références : Julien Levesque, net artiste

http://www.julienlevesque.net/

Citizenfour, film documentaire réalisé en 2014 par Laura Poitras, traitant de la surveillance mondiale

généralisée et retracant le parcours d'Edward Snowden, jeune informaticien américain, ancien

employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA), qui a révélé les

détails de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques.

Sensible 1.0, DeFrame.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

• 11-14 ans - Cycle 4 l’éducation à l’image à travers le net art: détournement artistique et numérique.

• Discussion : De quelle manière les artistes reprennent-ils les codes graphiques de la société contemporaine pour la remettre en question, à travers les usages du numérique ? Décodez les messages et les oeuvres d’Adam

Harvey et de Barbara Kruger reprenant l’iconographie de communication publicitaire.

Think Privacy Série de posters de l’artiste américain Adam Harvey (2015). Le projet Think Privacy - Pensez la confidentialité,

en français - d’Adam Harvey vise à sensibiliser les individus à la confidentialité et à la protection des données personnelles. Chaque signalisation (avec ses caractéristiques formelles ) est conçue visuellement afin de

créer un impact autour de la question de la surveillance et d’encourager le débat.

« FUCK MY LIKE Big Data knows more about my life than I do »

Une dénonciation du système des likes sur Facebook en reprenant les mêmes codes

(couleur, typographie).

“DATA NEVER DIES You only live once but data is forever”

Les messages conceptuels et anti-publicitaires de l’artiste américaine Barbara Kruger.

Untitled (Buy me) I change your life - 2003Un détournement des messages sociétaux

tels que FUMER TUE .

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Lexique et mots clés

Base de données. n. f. en anglais, "data base" :ensemble de données organisé en vue de son

utilisation par des programmes correspondant à des applications distinctes et de manière à faciliter

l'évolution indépendante des données et des programmes.

Big Data :littéralement les « grosses données », ou

mégadonnées, parfois appelées données massives. L’expression est utilisée lorsque la quantité de

données qu’une organisation doit gérer atteint une taille critique qui nécessite de nouvelles approches technologiques pour leur stockage, leur traitement et leur utilisation. Volume, vitesse et variété sont

souvent les trois critères qui permettent de qualifier une base de données de “Big Data”.

Cloud ou cloud computing, ou informatique en nuage ou nuagique ou encore infonuagique

(au Québec) : Solution pour accéder à distance aux données,

stockées sur un serveur externe. Le cloud computing est l'accès via un réseau de télécommunications, à

la demande et en libre-service, à des ressources informatiques partagées et configurables. Il s'agit

donc d'une délocalisation de l'infrastructure informatique.

G.A.F.A.: Google, Apple, Facebook, Amazon sont les quatre

grandes firmes américaines (nées dans les dernières années du XXe siècle ou au début du XXIe siècle

sauf Apple créé en 1976) qui dominent le marché du numérique1, parfois également nommées les Big

Four. Ce sigle, cependant, tend à être abandonné au profit du sigle GAFAM, le M signifiant Microsoft.

Hacker :(programmation) - informaticien qui crée, analyse

et modifie des programmes informatiques pour améliorer ou apporter de nouvelles fonctionnalités à

l'utilisateur ; (sécurité informatique) - informaticien qui utilise ses connaissances de la sécurité informatique pour en

rechercher et en exploiter les faiblesses.Un artiste hacker fait preuve de résistance et

développe une pratique engagée, activiste. La Délégation générale à la langue française et aux langues de France préconise l'emploi du

terme « fouineur » alors que le grand dictionnaire terminologique de la langue française favorise le

terme « bidouilleur », plus proche du sens initial, à ceci près que ce terme porte un sens péjoratif, en opposition avec l'excellence supposée du hacker.

Open data :Open Data Base Licence, licence imposant la gratuité

à toute donnée dérivée des données sous cette licence et autorisant une utilisation commerciale de

celles-ci.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

IV - Le Bunker:Résister

Devenir fantômes. La dernière zone de l’exposition est conçue comme un espace d’atelier ayant recours à des

technologies alternatives afin de protéger les corps des champs invisibles (wifi, électromagnétique etc), échapper à l’oeil robotique… assombrissant les limites entre fiction et réalité. Dans un univers

futuriste, une industrie plus ou moins imaginaire se développe autour d’outils pour résister en s’effaçant, physiquement ou virtuellement. Ici, nous ré-équilibrons le rapport de force et nous

transformons à notre tour en fantômes aux yeux des machines.

Les œuvres

Fantômes pour les signaux Wi-fi ...

Faraday Canopy /Less EMF (USA)

Accessoire de protection des radiations électromagnétiques.

Fantômes pour la surveillance génétique ...

Invisible / Heather Dewey-Hagbord (USA, 2014)

Fantôme pour la surveillance biologique: le kit maison pour effacer nos traces d’ADN.

Rappelant les peurs face aux sorcières au Moyen âge où il était bien imprudent de laisser des rognures

d’ongles derrière soi, le projet Invisible propose un protocole "Do It Yourself" (DIY) pour effacer les traces

d’ADN sur notre passage et les remplacer afin de brouiller les pistes. Kit présenté sous cloche de verre

et à retrouver en ligne : http://biononymous.me/diy-guides/

Fantômes pour les drônes ...

Stealth Wear /Adam Harvey (USA, 2013)

Ligne de vêtements furtifs pour disparaître aux yeux des caméras thermiques et de vous soustraire aux algorithmes de reconnaissance faciale comme les

caméras de vidéo-surveillance et les drônes.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Focus sur l'œuvre: Stealth Wear d'Adam Harvey

Ancrage dans l’histoire de l’art : analyse de l’œuvre en lien avec la thématique du camouflage ou "dazzle" dans l’Histoire à travers la mise en parallèle de l’oeuvre avec celle

de Liu Bolin, artiste chinois militant.

Stealth Wear d’Adam HARVEY,

En 2013, l'artiste new-yorkais Adam Harvey crée une ligne de vêtements qui échappe à la détection des drones. Il développe aussi une série de maquillages et de coiffures pour éviter la reconnaissance faciale. L'artiste part du constat que la vie privée devient de

plus en plus difficile à maintenir, tracés que nous sommes par téléphone, cartes bancaires et vidéo de surveillance. Il fait sa thèse pour détourner les

logiciels de reconnaissance faciale. Des mèches de cheveux en diagonale, un maquillage graphique, le tour est joué. Passer inaperçu-e revient alors à se grimer en Lady Gaga ou en Daft Punk. Sur son site de vente en ligne ("Privacy Gift Shop"- cadeaux de

vie privée ), il présente sa collection de « vêtements qui protègent l'imagerie thermique, une technologie

de surveillance largement utilisée par les drones militaires pour cibler des gens ».

Camouflages de Liu BOLIN

Liu Bolin est un artiste contemporain chinois né en 1973 à Shandong. Disgracié en 2005 par le régime

communiste chinois, son atelier à Pékin sera fermé puis démoli, ses expositions interdites.

Quoi de plus revendicateur pour lui que d'entrer dans une démarche artistique de rébellion qui l'amène

tout simplement à se faire disparaître de la surface de la terre. Cet épisode politique joue comme

déclencheur : « c'est à ce moment là qu'est né en moi le concept de disparition de l'individu. »Liu Bolin se lance alors dans un projet alliant

performance et photographie à travers différentes séries, notamment Camouflages et Hiding in the

city où il met en scène des corps d'hommes ou de femmes – très souvent le sien- peints intégralement, se camouflant avec le lieu devant lequel ils posent,

si bien que les êtres se fondent littéralement dans le paysage.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Extrait d’un entretien avec Adam Harvey(Extra Fantômes, éditions Liénart Gaîté lyrique, 2016, p.127)

L’anonymat est-il selon vous une bonne réponse pour protéger la vie privée ?

L’anonymat doit être une option et ne devrait pas être un « crime ».

Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec la mode et le maquillage

pour dénoncer le régime de surveillance ?

Ces deux projets ont démarré de la même manière : en m’intéressant à certaines technologies, j’ai mesuré à la fois leur puissance et leur

vulnérabilité. Tous les logiciels de surveillance et de sécurité sont industrialisés, ils sont faillibles et attaquables. Pour être efficace et faire en sorte que les gens s’engagent sur ces sujets, j’ai choisi d’utiliser des outils familiers comme le vêtement

et le maquillage. J’ai puisé dans l’anticonformisme de la mode et sa capacité à réinventer les normes afin de trouver le point d’équilibre entre ce qui est

déviant et ce qui est fonctionnel et acceptable. Créer des outils de protection de la vie privée

qui résolvent les problèmes n’a de sens que s’ils peuvent être utilisés et acceptés par tous.

Il est important que d’autres se réapproprient ces stratégies et que par leur propagation,

elles participent à changer le cadre normatif de nos sociétés, à ouvrir un espace

de réflexion et de critique.(...)

Que révèle l’utilisation d’une stratégie comme le camouflage sur la frontière

entre le militaireet le civil ?

Nous vivons dans l’ombre de la surveillance de masse et c’est une des victoires du terrorisme.

On observe la militarisation de nos cultures. Les technologies développées au départ pour des

utilisations militaires, celles de vision assistée par ordinateur notamment, ont envahi les rues :les caméras détectent les visages et traquent les mouvements des passants. Le marketing

en profite en obtenant facilement et à moindre coût un grand nombre d’informations précieuses.

Il faut surtout s’interroger sur l’utilité de la collecte de toutes ces données qui par ailleurs fait naître

beaucoup d’anxiété. Nous devons développer des solutions radicales car les lois sont très

influencées par les industriels et n’empêchent pas l’usage, commercial ou non, des données liées à la

reconnaissance faciale ou à l’analyse de la vision par ordinateur. Je me suis particulièrement intéressé

au visage, qui représente une information personnelle et privée comme l’ADN

ou les empreintes digitales.

Propos recueillis par Clémence Seurat

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Repères historiquesCette dernière partie de l'exposition : “le Bunker”

fait appel aux subterfuges de résistance, en réaction au monde contemporain et aux usages des nouvelles technologies se référant à la détection et à la surveillance. Les artistes nous invitent

donc à rechercher des moyens de protection pour échapper à la surveillance des machines.

L'obfuscation, une forme de résistanceD’après Finn Brunton, enseignant à la New York

University, auteur de A shadow History of the Internet (2013) et de Spam : A User's Guide for Privacy and Protest, (2015) co-écrit avec Helen Nissenbaum :

"l’obfuscation est une stratégie de gestion de l'information qui vise à obscurcir le sens qui peut être tiré d'un message. Cette stratégie peut être

intentionnelle ou involontaire. Le mot "obfuscation" provient du latin "obfuscāre", qui signifie "assombrir".

Cette stratégie peut par exemple servir en matière de protection de la vie privée (par exemple, pour la protection des données personnelles ou la gestion

de la réputation numérique), mais peut servir de base à un choix dans le contenu du message, à des tactiques de guerre ou à la sauvegarde de

la confidentialité des informations. On peut également parler de masquage, d'opacification ou

d'assombrissement."

Exemples de stratégies reposant sur l'obfuscation

L'obfuscation peut être utilisée dans des contextes spécifiques et à des fins différentes.

Par exemple, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les bombardiers britanniques et américains

commencèrent à utiliser des paillettes d'aluminium. Ces paillettes, en étant larguées au moment

opportun, brouillaient le signal des radars allemands, permettant aux avions de s'échapper sans que les opérateurs ennemis puissent signaler leur position à leurs chasseurs. La création et le recours à l'argot

peut également être perçu comme une tentative d'obfuscation, visant à empêcher les non-initiés

de comprendre le message échangé entre les interlocuteurs. Le rapport au temps est important

: l'obfuscation peut n'avoir pour objectif que d'obscurcir le sens de l'information que pendant un temps limité. L'objectif de la stratégie est alors de

retarder la compréhension, de manière à gagner du temps.

Utilisation en matière de protection de la vie privée

La protection de la vie privée repose sur des normes sociales, juridiques (par exemple, la Loi

Informatique et Libertés) ou techniques (comme la cryptographie, qui vise à rendre illisible le message

à d'autres personnes que son expéditeur et son destinataire). À l'ère d'internet, ces protections sont remises en question par les faiblesses de

régulation de l'internet au niveau mondial et par les progrès technologiques. Il devient de plus en plus

difficile de les faire corriger, effacer ou d'exercer un droit de réponse face à la publication de données

confidentielles. L'obfuscation consiste à dissimuler le sens ou l'importance d'une information sans

annuler sa visibilité, en la noyant dans une masse d'informations de même type, mais non pertinentes, et par exemple, à la rendre plus difficile à trouver en

utilisant un moteur de recherche.

Exemples et outilsTrackMeNot, une extension du navigateur Firefox

multiplie les requêtes aléatoires à Google afin que les vraies requêtes même si elles sont enregistrées,

ne renseignent en rien sur les centres d’intérêt de l'internaute espionné. Des recherches traitent de la manière d’« assombrir » les informations de

géolocalisation pour protéger la vie privée des utilisateurs d’objets communicants.

Invisible, une œuvre de bio-art engagée et critique

"Je suis vraiment troublée, mais aussi préoccupée par cette possible émergence d'une surveillance génétique. Cela me frappe que nous ayons une

discussion nationale à propos de la surveillance électronique, mais que cette forme de surveillance biologique ne soit pas discutée. Invisible travaille sur ce point en imaginant un avenir dans lequel la

discrimination basée sur la génétique est une peur quotidienne", explique l'artiste Heather de Dewey-Hagbord au site d’information américain The Verge.

"Erase" et "Replace” sont les noms des sprays miracles créés par l’artiste pour disparaître. Dans une vidéo d'apparence scientifique, la compagnie

BioGenFutures (créée par l'artiste) se place comme le précurseur d'un produit miracle permettant à

chacun de disparaître du radar des autorités.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Il suffirait de deux sprays pour s'offrir une totale liberté : "Erase" (écraser) et "replace" (remplacer).

Le premier étant chargé de détruire 99,5% de l'ADN déposé sur un objet tandis que le second est chargé

de masquer les 0,5 pour cent restant. "Ne soyez pas traqués, analysés ou clonés",

indique le site BioGenFutures. Et si l'équipe derrière le projet Invisible a pris le parti d'en rire en écrivant notamment sur le site "Votre dîner avec vos beaux-

parents potentiels se passe bien? Ne les laissez pas vous juger en fonction de votre ADN, soyez Invisible",

le débat n'en reste pas moins important. Aux yeux de Heather Dewey-Hagborg, chacun devrait

pouvoir se demander s'il veut que son ADN soit difficile à tracer ou non.

Art et science, une longue histoire.Depuis l'antiquité, la parenté entre art et science

est affirmée par un même choix de terme : "techné" en grec, "ars" en latin. Au Moyen-âge, les arts se repartissent entre arts intellectuels, dits libéraux (rhétorique, grammaire, dialectique, arithmétique,

géométrie, astronomie et musique) et en arts manuels, dits mécaniques (peinture, sculpture, architecture, orfèvrerie...). Cette classification

disparaît à la Renaissance : l'apport intellectuel des peintres et des sculpteurs est progressivement

reconnu. D'artisans, ils deviennent artistes et signent leurs œuvres. À la même époque,

la science gagne en autonomie avec l'apparition d'un raisonnement scientifique propre et des méthodes nouvelles. Les liens entre artistes

et savants restent cependant très forts et les passerelles entre leurs domaines nombreuses.

La Renaissance de l'art et de la scienceCes fameux artistes savants : Léonard De Vinci,

l'archétype du génie universel de la Renaissance; Albrecht Durer écrit un traité de géométrie.

De grandes inventions : la perspective, la géométrie au service de l'illusion peinture; La chambre noire;

le nombre d'or, la « divine proportion » pour garantir la construction de formes harmonieuses.

Des collaborations fructueuses : l'anatomie humaine : les médecins dissèquent,

les peintres «saisissent» et fixent le connaissances; les naturalistes publient des ouvrages monumentaux

illustrées sur les espèces.

Les XIX/XX siècles : avant-gardes et nouvelles dimensions.

Les nouvelles géométries influencent les artistes. La 4ième dimension chez Marcel Duchamp.

Un nouveau rapport au temps détermine la vision des artistes.

Chronophotographie, vitesse, accélération. Le béton armé : ingénieur, architecte, artiste.

De Perret à Le CorbusierLa photographie scientifique change

nos échelles et notre vision du monde Le machinisme (dé-)place l'humain autrement.

Point de vue critique au cinéma : Lang, Chaplin..Neurologie et art fantasmagorique :

Salvador DaliLes plastiques, de nouveaux matériaux,

de nouvelles technologies pour de nouvelles formes. Question design

L'Art contemporain : du néon au numériqueDifférents domaines sont partagés entre artistes

et scientifiques : la lumière artificielle, la vidéo, l'informatique, les fractales, la robotique,

les biotechnologies, la médecine, les neurosciences, le net-art.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Pour aller plus loinL’obfuscation, une notion interdisciplinaire

en fin de cycle 4 (14-15ans) :Histoire-géographie

Résistance et obfuscation pendant la seconde guerre mondiale

Éducation civique Protection des données personnelles sur internet>> Français, analyse filmique : Je suis Spartacus ! (ou « I'm Spartacus! » dans la version originale) est une phrase extraite du film Spartacus de Stanley

Kubrick (1960). Une des scènes célèbres du film est la capture des esclaves à qui on demande lequel

d'entre eux est Spartacus en échange de leur liberté. À la place, chacun d'entre eux avoue être Spartacus

pour partager son destin. Une scène similaire ou évènement est parfois appelée un moment

Spartacus en référence à cette scène populaire.

Arts plastiquesRécupérer les données personnelles laissées sur le net et les mettre en forme artistiquement pour créer

une mythologie personnelle.

Focus sur une œuvre : Street Ghosts de Paolo Cirio

Une histoire comparée de fantôme à travers deux oeuvres d’art urbain : Street Ghosts de Paolo Cirio/

Série Nagasaki de Ernest Pignon-Ernest.

Street Ghosts de Paolo Cirio. Photographie d’une installation qui consiste à réinsérer sur un mur des

personnes “trouvées” sur Google street view.

Les « fantômes des rues » sont des silhouettes floutées trouvées via l’outil Google Street view

et extraites par l'artiste. Ce qui n'était que sélection, capture d'écran, collection de net artiste

obsessionnel devient art urbain critique une fois que ces éléments faussement anonymes sont agrandies, imprimées à échelle humaine et à nouveau intégrées

à l’espace public. Comme si estomper les visages cachait l'identité de la personne... Hypocrisie ! Léonard de Vinci n'est-il pas célèbre pour son

sfumato qui estompe les contours en peinture afin de rendre l'expression du visage plus véridique ?

Photographie de l’installations in situ de Ernest Pignon-Ernest à Nagasaki.

Le fantôme d'un homme mort apparaît sur le mur extérieur d’un immeuble détruit suite à l'explosion de

la bombe à Nagasaki…

Ernest Pignon-Ernest est un des initiateurs de l'art urbain ou du street art en France. Il travaille sur la mémoire pour « ne pas faire table rase du passé ». Ses sérigraphies qui s’affichent sur les murs

des villes du monde, sont mises en scène dans un espace public précis (installations In situ), jouent avec la perception du passant, puis disparaissent

progressivement sous les effets de la pluie, du vent, du temps (affichage éphémère). La technique du

dessin réaliste en noir et blanc au fusain sur papier, reproduit par la technique de la sérigraphie, le tout

marouflé directement sur les murs contribue à la fragilité de la matière de l'oeuvre et sert le message

de l'artiste. La facture caravagesque de ces hommes dessinés, sérigraphiés et placardés accentue l’effet

dramatique.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Lexique et mots clés :Art urbain / Street art :

mouvement artistique contemporain. Il regroupe toutes les formes d’interventions artistiques

réalisées dans la rue, ou dans l’espace public, à l’initiative de l’artiste lui-même. Il ne passe pas par le biais d’une institution pour intervenir plastiquement.

L’art urbain s’épanouit principalement en France depuis mai 1968 mais, le mouvement est officialisé

au début des années 1980. Les techniques sont variées (graffiti, pochoirs, photographies, projection

vidéo, affiches, installation, origamis, tricot, scellement d’objets, mosaïques, stickers…).

Bio-art :évolution récente de l'art contemporain, prenant pour médium les ressources plastiques offertes

par les biotechnologies. Culture de tissus vivants (Art orienté objet), modifications génétiques

(Eduardo Kac), morphologiques (Marta de Menezes), constructions analytiques et biomécaniques

(Symbiotica) ont toutes été exploitées par des artistes qui s'approprient des techniques et des

thèmes de réflexion très controversés aujourd'hui. Ces expérimentations sont parfois en relation avec

le propre corps de l'artiste, et mettent à nu les peurs traditionnellement inspirées par la technologie.

Bunker :local ou casemate servant de réduit fortifié ou d'abri, espace de protection, de blindage et de résistance.

Camouflage dazzle :technique utilisée pendant la Première Guerre mondiale pour protéger les navires des tirs de

torpilles. Grâce à des motifs criards et géométriques, des lignes irrégulières et des aplats colorés, les

bateaux créaient une distorsion optique qui empêchait l’adversaire d’apprécier leur vitesse,

leur nombre ou leur déplacement. Dazzle signifie aveugler en français.

Caméra thermique :

caméra enregistrant les différents rayonnements infrarouges (ondes de chaleur) émis par les corps

variant en fonction de leur température.

Drone : petit avion télécommandé utilisé pour des tâches diverses (missions de reconnaissance tactique à

haute altitude, surveillance du champ de bataille et guerre électronique.

Installation in situ :en tant que concept, caractérise depuis les

années 1970 une partie des productions de l'art contemporain qui se définissent par l'occupation

(temporaire ou définitive) d'un espace donné (intérieur ou extérieur), par la mise en situation de différentes techniques d'expression et de

représentation, ainsi que par le rapport participatif qu'elle implique avec le spectateur. N'étant pas

un mouvement ou un genre artistique en soi, l'installation trouble les rapports entre œuvre et

public, en brisant les limites imposées par certaines contraintes (forme, lieu, discours, etc.).

Net-art :forme artistique qui se développe dans et sur le media internet. Internet est à la fois matériau de

création et support de diffusion du projet artistique.

Radiations (ou rayonnements) électromagnétiques :

le rayonnement électromagnétique peut être décrit de manière corpusculaire comme la propagation de

photons ou de manière ondulatoire comme une onde électromagnétique. Il se manifeste sous la forme d'un champ électrique (champ de force invisible créé par l'attraction et la répulsion de charges

électriques) couplé à un champ magnétique. Les différentes sources de champ magnétique sont les

aimants permanents et le courant électrique.

Système (ou algorithme) de reconnaissance faciale :

application logicielle visant à reconnaître une personne grâce à son visage de manière

automatisée. Le fonctionnement de ce système se base sur une ou plusieurs caméras pour reconnaître

l'utilisateur. Les systèmes de reconnaissance faciale sont de plus en plus présents au quotidien.

Ils sont par exemple utilisés sur les réseaux sociaux sur internet pour identifier quelqu'un sur une photo,

sur les smartphones pour les déverrouiller, ou par des services de sécurité pour reconnaître des

individus recherchés. Ces utilisations peuvent être séparées en deux principales catégories : la sécurité

et l'assistance à l'utilisateur.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Le mot des commissaires

Fantômes des fantômes par Mélissa Mongiat et Mouna Andraos du collectif Daily tous les jours. Texte extrait de l’ouvrage Extra fantômes coédité par la Gaîté lyrique

et les éditions Lienart à l’occasion de l’exposition.

« Je ne crois évidemment pas aux fantômes. Si vous en aviez rencontré autant que moi, vous

n’y croiriez pas non plus » annonçait Archi le cafard dans le poème de l’humoriste américain Don Marquis

en 1916. Les fantômes sont partout ; les fantômes ne sont nulle part. Ils reflètent nos peurs, nos

fantasmes et nos valeurs. Croire aux fantômes, c’est croire en quelque chose de plus grand que nous,

mais c’est aussi trouver des réponses aux questions qui nous hantent et à toutes les choses inconnues qui dépassent les frontières de notre entendement.

À l’image du mouton dessiné par Saint-Exupéry à la demande du Petit prince, le fantôme est une boîte anonyme – avec deux trous peut-être au lieu des

trois que le narrateur dessina en déclarant : « Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. » Drap blanc ? Fumée ? Ombre ? Visage

terrifiant ou familier ? Ce que l’on retrouve dans cette boîte reste ouvert à l’interprétation et, surtout,

à l’imagination. 1862, l’année de naissance de l’aîné des frères Lumière. De l’autre côté de la Manche,

un scientifique anglais faisait apparaître un fantôme sur scène. Tandis que le cinéma n’avait

pas encore vu le jour, John Henry Pepper, profitant déjà des outils techniques à sa disposition, faisait

apparaître un univers imaginaire à un public toujours friand de nouvelles émotions. Cette technique,

baptisée Fantôme de Pepper en l’honneur de son inventeur, utilise une combinaison de plaques de

verre et d’éclairages pour donner un caractère tridimensionnel à une image, qui semble alors flotter aux yeux du spectateur. Elle est devenue depuis un

classique du monde du théâtre d’illusion.Les nouveaux outils de création d’images offrent aux artistes et inventeurs du monde entier des

moyens renouvelés de donner forme et vie à ces chimères, ces peurs ou ces croyances qui hantent un public toujours avide. L’histoire contemporaine

du fantôme est donc directement liée à l’histoire des technologies de communication qui nous permettent

de les représenter, de les comprendre et de nous comprendre un peu mieux nous-mêmes.

Mais au-delà de ces mondes créés par les élèves de Pepper, les technologies de l’information ont elles

aussi alimenté nombre de nos fantasmes. Armés de récepteurs d’ondes radio, de capteurs de champs

magnétiques, de caméras thermiques ou d’autres dispositifs, les chasseurs de fantômes arpentent

aujourd’hui le monde tangible pour déceler ses mystères et dévoiler, enfin, les – vrais – fantômes. Ces outils high-tech sont même parfois conçus par

leurs inventeurs pour que lesdits fantômes d’un autre monde puissent les utiliser pour communiquer avec nous. Le meilleur exemple est la Frank’s Box (ou Ghost Box) inventée en 2000 par Frank Sumption en combinant un générateur de bruit et un récepteur

radio en modulation d’amplitude (AM) pour permettre aux fantômes de communiquer avec nous et de se

libérer peut-être ainsi de leur destin.Est-ce la voix d’une âme humaine, coincée entre les vivants et les morts, qui tente de se faire entendre ?

Ou est-ce la machine elle-même qui nous parle ? Si nos fantômes sont les miroirs de nos propres croyances, ils permettent aussi de comprendre

l’inexplicable, de faire face à l’inconnu. Déjà, les premiers télégrammes apparaissaient aux yeux des plus sensibles comme des véhicules de

l’occulte, agents d’une dimension extra humaine. Le code Morse est parfois le langage de prédilection

des fantômes qui tentent de nous contacter.Dans son historique des technologies hantées,

Jeffrey Sconce retrace notamment les anecdotes qui ont fait la une des premières années de la

télévision. Il raconte en particulier l’histoire d’une famille dont le salon est devenu un lieu mystique à visiter par tous. On y trouvait, sur l’écran de leur téléviseur éteint, la trace d’un visage, clairement

une apparition surnaturelle. Ce bug technique, simple artefact des tubes cathodiques, étant

encore inconnu du grand public, devenait le fruit de forces supérieures occultes. Si cette anecdote

nous semble amusante, elle fait toutefois écho à la relation que nous entretenons avec toutes

ces nouvelles machines qui nous entourent. Nos ordinateurs respirent, ils parlent, ils prennent

vie au travers de la voix de Siri, par exemple, qui vit dans plus de 700 millions d’iPhones5, ou de la simple animation de la lampe de veille de nos ordinateurs portables qui semblent

alors respirer paisiblement. Nous leur donnons un caractère humain pour mieux les adopter

; et bien qu’ils soient l’incarnation de la pensée rationnelle, construits de 0 et de 1 à

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

l’infini, nous confondons parfois complexité avec surnaturel. Leur fonctionnement

souvent incompris – ou incompréhensible, admettons-le – devient la preuve d’une vie

en soi et de phénomènes intangibles. Ils ont une âme – ils sont hantés – ou peut-être rêvent-ils, comme le racontent les

théoriciens et designers Anthony Dunne et Fiona Raby : « Les objets électroniques, des téléphones cellulaires aux machines à laver, sont souvent décrits comme “intelligents”.

L’utilisation de ce terme pour décrire des objets dont la fonctionnalité électronique est amplifiée encourage une interprétation fade de choses qui

font partie intégrante de notre quotidien. Les objets électroniques ne sont pas seulement “intelligents”,

ils “rêvent” – dans le sens qu’ils laissent fuir des radiations tout autour eux, et jusque vers nos

corps. Malgré l’apparence de contrôle et d’efficacité transmise par le langage insipide de l’intelligibilité et de l’intelligence, il serait possible d’imaginer que les objets électroniques sont en fait irrationnels – ou du

moins qu’ils autorisent leurs pensées à errer. […]Les rêves des objets électroniques sont faits de

radiations électromagnétiques. Ces rêves irradient depuis l’objet, créant un nouvel environnement, invisible mais bien physique, que nous appelons

l’espace hertzien. C’est là que la vie secrète des objets électroniques se joue. Secrète, pas

seulement car nous ne l’observons que rarement, mais surtout parce que nous commençons à peine à la comprendre. » Ces rêves sont autant de mondes

tangentiels au nôtre qui s’incarnent de toutes sortes de façons. Spectres électromagnétiques et fréquences radios d’abord, ondes Wi-Fi, Bluetooth,

signaux GPS, RFID et autres nouveaux canaux de diffusion prennent de plus en plus de place autour

de nous et s’imposent comme les – vrais – fantômes du XXIe siècle. Certains d’entre nous s’en inquiètent

et inventent des boucliers ou autres vêtements métalliques pour se protéger de ces ondes qui peut-être nous font du mal. On voit émerger de nouveaux

chasseurs de fantômes qui s’empressent de dévoiler ces univers dont la véracité devient troublante :

ils enregistrent, capturent et dessinent l’invisible pour le matérialiser à nos yeux. Et puis les ondes elles-mêmes sont habitées. Elles sont autant de

bytes, de données, d’informations qui se promènent, se transmettent et se multiplient. Le site Web de la multinationale américaine IBM déclare que 2,5

quintillions (2,5 ´ 1030 !) d’octets d’information sont créés chaque jour et que près de 90 % des données existantes dans le monde aujourd’hui ont été créées

dans les deux dernières années.Certaines de ces informations sont consciemment

créées par nous, il s’agit de nos photos, images,

histoires, messages que nous publions sans cesse. Mais la grande majorité de ces données

sont automatiquement collectées en permanence et souvent à notre insu. Elles sont les traces de

nos moindres actions et mouvements, mais aussi de tous les aspects du monde vivant, de nos villes

ou de l’air que nous respirons. Quelle que soit l’information, si celle-ci est disponible, elle est

compilée par des logiciels qui tentent de dresser nos portraits et multiplient alors les versions de nous-

mêmes – versions qui sans doute finiront par hanter les recoins les plus profonds des machines qui les captent. Nous avons donc nous-mêmes, humains,

vivants et rationnels, une existence parallèle : nous sommes fantômes pour les machines. Et celles-ci nous chassent à leur tour, comme c’est le cas du

logiciel de reconnaissance faciale des artistes médias Onformative qui parcourent sans fin la

surface de notre planète virtuelle sur Google Earth pour y deviner des visages humains. La voiture Street

View de Google elle-même, qui sillonne les rues du monde entier depuis 2007, ne ressemble-t-elle pas

à la célèbre Ecto-1, la voiture des chasseurs de fantômes du film américain Ghostbusters ?

Nous sommes bel et bien traqués.La prolifération de nos données personnelles dans le monde virtuel est indéniable et des artistes, au lieu de chasser les fantômes numériques, voient

une urgence de devenir eux-mêmes fantômes pour échapper à l’œil robotique. Différentes stratégies

se développent pour tromper la collecte de données jusqu’à physiquement disparaître. Dans un univers rave-punk-futuriste, une industrie plus ou moins

imaginaire se développe autour d’outils pour résister en s’effaçant, soit physiquement, comme le projet

Urme Surveillance de l’artiste Leo Selvaggio l’illustre, soit virtuellement par des services en ligne tels que seppukoo.com ou la Web 2.0 Suicide Machine– tous

deux défunts pour cause de controverse.Un nouveau monde se dessine où l’humain-fantôme

retrouve sa liberté à l’écart du regard indiscret des machines. Nous sommes fantômes pour nos

fantômes. Nous sommes extra fantômes.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

préparez votre visite

Informations pratiques

Horaires de la Gaîté lyrique :• Du mardi au samedi de 14h à 20h

dimanche de 12h à 19h

Horaires des visites accompagnées :• Du mardi au samedi de 13h30 à 20h,

le dimanche de 12h à 19h.• Ouverture possible le jeudi matin sur demande

Visites accompagnées de l’exposition :Tous publics à partir de 5 ans

Durée de la visite : 1hincluant l’accompagnement par un médiateur et une

visite découverte de la Gaîté lyrique

Tarifs de groupes :• Établissements scolaires et périscolaires :

3€ par élève• Structures sociales : 1€ par personne

• Gratuit pour 1 accompagnateur pour 12 personnes

• Carte d’adhésion groupe : 15€ valable pour l’année scolaire 2015/16

Visites préparatoires pour les relais scolaires et champ

social (gratuit sur réservation) :• Le jeudi 7 Avril à 18h30 en présence de

Mélissa Mongiat - commissaire de l’exposition• Le vendredi 8 Avril à 18h30

• Le mercredi 13 avril à 15h30

Retrouvez le dossier pédagogique Extra Fantômes en téléchargement

sur www.gaite-lyrique.net/venir-en-groupe

Informations / réservations auprès de l’équipe des relations aux publics :

par téléphone : 01 53 01 51 69 / par mail : [email protected]

Aurélie Sellier - 01 53 01 51 65Minnie Benoliel - 01 53 01 51 66

Camille Cabanes / Irène Stehr - 01 53 01 51 67

La Gaîté lyrique, 3 bis Rue Papin, 75003 ParisMétro : lignes 3,4 Réaumur-Sébastopol / 8,9 :

Strasbourg St Denis / 11 : Arts et métiers

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

autour de l’exposition

Ateliers PUBLIC INDIVIDUEL

• Atelier avec Centre Aéré et vj Dorotop

Action MochicaCapitaine Futur part à la chasse aux fantômes ! Créé un jeu vidéo sonore avec le logiciel Scratch, inspiré

par l’univers graphique du concert audiovisuel Captaine Futur « Mochica » le 24 avril à la Gaîté

lyrique,

• Pour les 8-10 ans• Les 9, 23 et 27 avril à 15h

• 10€ et 8€ adhérents

• Atelier avec Béatrice Lartigues

Hands upAppliqu’ons-nous autour de l’œuvre Augmented Hand Series de Golan Levin, Chris Sugrue, et Kyle McDonald. Transforme ta main avec l’application

graphique Do Ink.

• Pour les 8-12 ans • Les 7, 14 et 15 mai à 15h

• Gratuit sur réservation à [email protected]

• Atelier avec Antoine Schmitt

Big BangCréé des formes graphiques et imagine

ton propre scénario autour du phénomène du Big Bang avec l’artiste Antoine Schmitt.

• Pour les 8-12 ans• Le 21 Mai à 15h

• 10€ et 8€ adhérents

Les ateliersLa Gaîté lyrique propose en accompagnement de l’exposition Extra Fantômes, un parcours

d’ateliers créatifs à destination des petits et des grands.

À l’assaut des forces invisibles qui hantent les technologies d’aujourd’hui, les publics sont

invités à la chasse aux fantômes à travers un regard artistique et scientifique sur le monde de demain. Menés par des artistes dont les œuvres

sont présentées dans Extra Fantômes ainsi que par des artistes invités, ces atelierspermettent aux enfants et aux familles de mieux comprendre les

thématiques de l’exposition en mêlant découvertes ludiques et pratiques créatives.

Chaque atelier d’une heure est précédé d’une présentation de l’exposition Extra Fantômes !

Atelier GROUPES avec La Nouvelle Fabrique

Holofantômes La Nouvelle Fabrique est une micro usine urbaine

inspirée des FabLab réunissant des lignes de productions numériques pour construire demain, ici

et maintenant.Le collectif convie petits et grands à créer leurs

histoires de fantômes en découvrant les techniques de l’holographie

• Pour les groupes d’adultes ou enfants à partir de 7 ans

• Le 14 avril (complet) et 15 avril, 26 et 27 mai, 23 et 24 juin à 14h

• 2 € sur réservation à [email protected]

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

• Atelier avec Chevalvert

HydrométéoreLes hydrométéores sont en général formés

d’ensembles de gouttes d’eau ou de particules de glace en suspension dans l’air.

Le collectif Chevalvert propose au public de découvrir les coulisses de la création

d’une installation interactive utilisant la fumée comme matière sensible de video projection.

Ce workshop sera composé d’une partie technique où les participants pourront

interagir directement avec le dispositif.

• Pour public adulte, étudiants et professionnels • Le 28 mai à 15h et le 15 juin à 17h

• 15€ et 10€ adhérents

• Atelier avec Charlotte CharbonnelAdolidays

CyclofictionsInvente une histoire et enregistre à l’aide d’objets

et de micros capteurs la bande son de la vidéo qui accompagne l’œuvre de Charlotte

Charbonnel Kyklos.

• À partir de 6 ans• Le 4 juin à 15h

• 10€ et 8€ adhérents

• Atelier avec Malte Martin

Battle de Spectres En utilisant l’œuvre interactive de Malte Martin,

parents et enfants créent leurs propres spectres en temps réel dans l’exposition.

• Parents-enfants entre 6 et 10 ans• Le 18 juin à 15h

• 10€ et 8€ adhérents• À partir de 12 ans • Le 2 juillet à 15h

•10€ et 8€ adhérents

• Capitaine futur le programme des enfants

Chasse aux fantômes !Capitaine futur se téléporte dans l’au-delà

à la poursuite de super-illusions et de virtuelles réalités. Retrouvez les concerts à partir de 5 ans et les conférences de l’université de Capitaine Futur à partir de 9 ans les dimanches 27/03, 03/04, 10/04,

29/05, 19/06.

Tarifs de groupes :Établissements scolaires et périscolaires :

2€ par élèveStructures sociales : 2€ par personne

Le Centre de ressourcesLe centre de ressources permet aux visiteurs

de prolonger l’exposition. Des multiples ressources en accès libre offrent, chacune à leur façon, une approche multidisciplinaire de la réalité

fantomatique.

Une sélection d'ouvrages et d'ebooks revient sur notre rapport au visible et à l'invisible dans une

société où la technologie s'impose de plus en plus. Cette sélection est complétée

par un choix d'ouvrages jeunesse, romans graphiques et revues.

Des ressources vidéo et sonores invitent le public à s'immerger davantage dans une atmosphère hantée

par les esprits contemporains.

Les applications pour tablettes, accessibles aux petits comme aux plus grands, offrent la possibilité de s'emparer du monde des fantômes sous un angle

ludique et artistique.

Lors des ateliers Appli'quons-nous ! il s'agit de comprendre, à travers des expériences physiques

et numériques, la manière dont les spectres circulent dans l'espace et sur écran, de tester des applications créées par des artistes et de s'interroger sur le rôle joué par la technologie

dans la création d'une réalité autre.

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

Ateliers Appli’quons-nousLors des ateliers Appli'quons-nous ! il s'agit de comprendre, à travers des expériences

physiques et numériques, la manière dont les spectres circulent dans l'espace et sur écran, de tester des applications créées par des artistes et de s'interroger sur le rôle joué par la

technologie dans la création d'une réalité autre.

La voix des fantômes(Architecture of radio / Vio / Soundhunters)

Si les ondes sonores sont par nature invisibles, de nombreuses applications sur tablettes, qu'elles

soient professionnelles, ludiques ou artistiques, permettent de les capter sous différentes formes.

À l'aide d'une sélection d'applications nous partons à la chasse des ondes fantomatiques.

Fantômaton(Glitch Wizard / iStopMotion / création d'avatar

avec la Wii)

Comment pouvons-nous invoquer des fantômes et prendre leur apparence ? Grâce à des expériences visuelles, nous réveillons les spectres qui dorment

en nous et explorons ses transpositions numériques.

Sur les traces des fantômes(The Unfinished Swan / Mr Marker)

Si invisible que soit un fantôme, ses traces peuvent être révélées. Il s'agit ici de

comprendre la façon dont les traces se manifestent dans l'espace physique et via l'écran.

Une troisième dimension(Quiver / Palm Top Theater / Cardboard )

La troisième dimension a un rôle de plus en plus important dans la création numérique :

réalité virtuelle, hologrammes, dessins augmentés...Comment s'intègre-t-elle aux applications sur

tablettes ? Un panorama sur l'image 3D et des applications variées nous aident

à explorer cette question.

L’édition Extra FantômesLes périodes d’intenses bouleversements technologiques sont propices aux histoires de fantômes,

dont les spectres ont toujours hanté les machines. Celles de notre siècle paraissent étrangement vivantes dans leur autonomie grandissante. L’intrusion des technologies dans nos vies a d’abord enflammé nos

imaginations, en étendant notre perception à l’invisible ou nous permettant de communiquer avec les esprits occultes. Les machines et les médias numériques ont colonisé notre quotidien, nous cohabitons maintenant avec ces agents sans parfois nous apercevoir de leur présence, qui tend à s’effacer de notre champ de vision.

Par les capacités nouvelles dont elles nous dotent, les horizons qu’elles ouvrent, ces technologies nous transforment profondément. Nous nous dématérialisons en un flux constant et grandissant de données et d’informations, nous sortons de nos corps et nous éparpillons sur les réseaux. Serions-nous en train

de devenir nous-mêmes des présences incertaines et fantomatiques ?

Des artistes s’emparent des médias contemporains à leur disposition pour brouiller encore les frontières, entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas, entre l’invisible et le tangible, le virtuel et le réel. Ils jouent, détournent ou expérimentent les technologies numériques et questionnent la manière dont elles nous métamorphosent et modèlent nos imaginaires. À partir du commissariat proposé par Daily Tous les jours,

le livre explore la figure du fantôme, de manière critique et narrative, et offre un panorama subjectif des stratégies déployées et mises en récit par les artistes de l’exposition pour jouer avec l’illusion,

matérialiser les présences qui nous échappent ou devenir invisible.

Ouvrage collectif avec : James Bridle, Finn Brunton, Vinciane Despret, Marie Lechner, Eva Schindling, Christoph Wachter & Mathias Jud, Elliot Woods

(Kimchi and Chips), Mushon Zer-Aviv.

Coédition : La Gaîté lyrique / LienartDistribution : Gallimard

Graphisme : Fanette MellierFormat : 15x24 cm (à la française) / 144 pages

Prix : 23 € (prévisionnel)

Page 42: Dossier de pédagogique

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ExpositionDu 7 avril au 31 juillet 2016

La Gaîté lyrique est un établissement culturel de la Ville de Paris

Gaîté lyrique3 bis, rue Papin 75003 Paris

www.gaite-lyrique.net

Pierre-Tristan MauveauxResponsable relations médias

[email protected]+33 1 53 01 51 61