Diplomatique Municipale Portugaise

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    1/12

    [p. 279]

    [p. 281] Diplomatique municipale portugaise (XIIIe-XVe sicles)

    Jos Marques, Maria Helena da Cruz Coelho, Armando Lus de Carvalho Homem

    Il nest pas os daffirmer que les municipalits (concelhos) ont t vraiment un support institutionnel

    de la formation du Portugal. Avant lesquisse de laffirmation dun roi et de la construction dun

    royaume, on voit sbaucher les pouvoirs locaux, les seigneuries de nobles et dglises et des

    communauts dhommes libres.

    Ctaient les chartes de foralqui lgitimaient ces communauts. Les plus anciennes ont t

    octroyes par Fernand Magne et Alphonse VI, rois de Lon et Castille, des territoires du futur

    comt de Portucale(puis royaume du Portugal), dans la seconde moiti du XIe sicle. Et cette

    politique de dveloppement des municipalits aura une suite lorsque la faade occidentale de la

    pninsule ibrique connatra lautorit dun comte Henri de Bourgogne et la cohsion relative

    dun comt. Henri, puis Thrse, sa femme, octroient des chartes de foral plusieurs communauts

    du bassin du Mondego, limite mridionale du comt, et le but de ces octrois est de stimuler les

    hommes de ces populations surtout les chevaliers-vilains (cavaleirosvilos) la dfense

    contre les raidsmusulmans. Quelques communauts du nord ont galement reu des chartes de

    foral :le roi voulait alors dvelopper le commerce et lartisanat.

    Pendant le long gouvernement dAlphonse Ier Henriques(1128-1185) le comt se transforme enroyaume. Les grands axes de la politique du roi sont la conqute de territoires aux musulmans et

    leur peuplement effectif. Jusquau milieu du XIIIe sicle terminusde la Reconqutedu territoire

    portugais ce sont ces propos militaires et de peuplement qui se font prvaloir chez les rois. Mais il

    leur fallait des gens : des gens de guerre, des paysans, des habitants. Les nobles sont alors les allis

    naturels des rois. Leur participation militaire se voit rcompense par loctroi de droits, terres,

    seigneuries. leurs cts, les oratores :ils taient des auxiliaires prcieux de la politique royale, en

    ce qui concernait le cadre temporel et surtout spirituel entre des monastres quon fondait et des

    diocses quon restaurait, ils se voyaient octroyer de larges domaines et des chartes de couto(cautum). On voyait donc se dvelopper les seigneuries laques et ecclsiastiques.

    Mais, en mme temps, les souverains faisaient saccrotre les municipalits, poursuivant loctroi des

    chartes de foral.Les buts taient encore la dfense et le peuplement. Mais il y avait dornavant le

    paiement de droits par ces communauts dhommes libres ce qui augmentait les revenus du fisc,si

    surcharg par la guerre. Dans un autre sens, les gens des municipalits [p. 282] reprsentaient un

    autre pouvoir local, qui pourrait quilibrer celui des seigneuries ce qui intressait les rois : ils ne

    perdraient pas des auxiliaires et leur pouvoir simposerait sur tous leurs sujets et dans tous les

    territoires.

    Alphonse Ier a accord des chartes de foraldepuis le nord du Douro jusquau sud du Tage Sanche

    Ier poursuit la politique de son pre et il octroie plusieurs dizaines de chartes. Cette politique devrait

  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    2/12

    sattnuer au temps dAlphonse II et de Sanche II mais elle reprendra, vigoureusement, sous les

    gouvernements dAlphonse III et de Denis Ier. Les limites du royaume se sont dfinies avec des

    municipalits et tous les grands centres urbains ont reu leur foral.Et on peut mme dire que cet

    aspect de la politique royale a envahi la politique des seigneurs : les exemples ne manquent pas de

    matres dordres militaires, vques ou nobles qui octroyent eux-mmes des chartes de foraldans

    leurs domaines les conditions de vie de leurs hommes sharmoniseraient donc avec celles des

    hommes des territoires royaux. Du milieu du XIe sicle la fin du premier quart du XIVe, on a pucompter presque 350 chartes de foral(royales et seigneuriales).

    On doit faire remarquer que ces chartes taient accordes des villages, des villes et des cits

    [piscopales]1, cest--dire, des populations trs diffrentes sous les points de vue de la

    dmographie, du dveloppement conomique et des structures sociales il y avait donc des

    municipalits rurales et urbaines. Naturellement, leurs cadres institutionnels avaient des degrs de

    dveloppement trs ingaux, en ce qui concerne les organismes (notamment le concilium) ou le

    nombre des officiers (de la justice, du fisc ou des commandements militaires). Les besoins

    dutilisation de lacte crit taient aussi trs variables. Au sein des petites communauts rurales

    loralit prvalait. Dans les centres urbains, la complexit de la vie sociale exigeait lutilisation de

    lcriture pour tablir les normes du gouvernement et du fonctionnement de la communaut et

    parfois il y avait mme dautres actes, destins lextrieur. La municipalit de Combre a produit les

    ordonnances municipales (posturas) les plus anciennes (correctio morum Colimbrie a ciuibus

    omnibus statuta,de 1145/07/16). Malheureusement, leur signification [p. 283] nest pas grande du

    point de vue de la diplomatique : le texte omet qui la crit et rdig.

    Et voici la question : qui crivait dans les municipalits ? Alphonse II avait impos les notaires publics

    (tabelies) au sein de ces communauts on pourrait donc supposer que ctaient ces notaires. Mais

    le fait est que la gnralisation des notaires est lente : elle narrivera quau milieu du XIIIe sicle,

    sous le gouvernement dAlphonse III. Jusqu ce moment, les municipalits navaient probablement

    dautre solution que celle de solliciter les experts par excellence de lcriture, cest--dire, les clercs. Il

    sagit simplement dune hypothse : ces premiers temps de la vie municipale nous ont laiss peu

    dactes crits. Les chartes de foralsont des documents royaux ou seigneuriaux. Quels taient donc

    les documents municipaux ? combien et de quels types ? qui taient leurs rdacteurs et leurs

    scribes ?

    Un ouvrage sur la sigillographie mdivale portugaise nous rend compte de plus de 20 sceaux de

    municipalits pour cette priode2. Ces sceaux taient placs dans quels types de diplmes ? Les

    rfrences de louvrage sont parfois trs floues. Et lenqute que nous avons faite aux Archives

    Nationales/Torre do Tombo (Lisbonne) na pas t facile. Le livre de Lus Tvora a plus de 15 ans, et

    repose sur de longues recherches donc, les rfrences de sources ne sont plus actuelles. Et les

    tables dquivalences parfois nexistent pas dans nos Archives Nationales dans dautres cas elles

    existent mais leur rigueur nest pas grande, situation probablement identique dans dautres archiveseuropennes. Donc, nombre de documents rfrs par Lus Tvora sont peu prs perdus

    lorsquon fait simplement des sondages de quelques jours. Des longs dpouillements des mmes

    fonds darchives nous apporteront les renseignements. Mais ils faut les attendre.

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note2http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note1
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    3/12

    Voici ltat actuel des connaissances, issu de la lecture du livre et de quelques jours de travail aux

    Archives Nationales. Il est frquent que les sceaux des municipalits soient placs sur des

    documents qui ne concernent pas directement ces mmes municipalits. Leur intrt (indirect) est la

    consquence des intrts de lauteur et du destinataire. Ainsi, quand une donation ou un change de

    patrimoines entre un individu et une institution religieuse a lieu dans le territoire municipal, il est

    normal quon demande lapposition de son sceau3. Pour les protagonistes ce sont les textes qui le

    [p. 284] disent ctait la garantie de la fermet et de la stabilit des actes pour les communautsctait la connaissance de la mobilit des patrimoines dans leurs territoires. Mais nous trouvons

    galement lutilisation de sceaux des municipalits pour valider des actes dtablissement de limites

    de terres4ou de partition de paroisses5.

    Il y a encore dautres types dactes qui utilisent le sceau municipal. Il sagit dactes avec la titulature

    de la municipalit, mais o on constate aussi la prsence de ses officiers juges, sesmeiros6, etc.

    accompagns, normalement, par le garde de la forteresse (pretor, alcaide) qui, compte tenu de la

    fonction militaire, reprsentait lautorit royale au sein de la communaut et par le notaire (nomm

    par le roi). En ce qui concerne leur typologie7, ces documents sont normalement des donationsdes

    municipalits au roi, des officiers royaux et des monastres. Mais nous avons galement la

    confirmation dun accordentre une municipalit et le souverain et plusieurs sentences.

    Examinons quelques situations. En ce qui concerne les donations aux rois, nous avons un exemple

    le 20 novembre 1309 : aprs une proclamation solennelle (prego) la communaut par les crieurs

    publics, les juges et toute [p. 285] la municipalit de Montalegre octroyent des terres Denis Ier8. Le

    15 novembre 1258 ce sont lepretoret la municipalit de Elvas qui font donation Alphonse III du

    montaticum (montado)9municipal10 il sagit dun document curieux, parce que son texte permet

    de supposer que le roi avait prcdemment sollicit cette donation loctroi assume donc la forme

    dune missive, expression de laccord de la communaut, adresse l Eycellentissimo domino suo

    dono A. Dei gratia illustri regi Portugalensis et comiti Bolonie.

    Lorsquil sagit de grces des officiers royaux, nous connaissons la donation dune ferme au

    chancelier dAlphonse III, Estvo Anes, par les juges et la communaut de Marachique (juin

    1260)11.

    En ce qui concerne des destinataires ecclsiastiques, nous avons dabord la donation dune ferme au

    monastre de Maceira Do par la municipalit et lepretorde Pena de Sortelha, lintention des

    mes du roi, de la reine et de celles des auteurs de la donation ce dtail nous pose une question :

    sagirait-il dun acte singulier dupretor,bien que dans sa qualit dofficier du roi dans une

    municipalit ? Huit ans plus tard (janvier 1221)12, lespretoreset la communaut de Castelo Mendo

    octroient une ferme au monastre de Saint Vincent de Fora (Lisbonne) on dit vouloir rcompenser

    quelques services et payer une bona sina serica13. Lepretor, les alvazis, les sesmeiroset la

    municipalit de Beja utilisent galement une missive adresse aux Specialibus amicis G. Dei gratia

    priori et conventui Sancto Vicentii Ulixbonensis pour leur rendre un monastre sur le territoire

    municipal14. Au mois de mai 1259 les sesmeiroset la municipalit de Elvas font le don dune ferme

    labb de Alcobaa15. Le 13 dcembre 1270, lepretorde Azambuja, les alvaziset les habitants

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note15http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note14http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note13http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note12http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note11http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note10http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note9http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note8http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note7http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note6http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note5http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note4http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note3
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    4/12

    (vizinhos) de la ville, assembls en concilio,octroient au monastre de Alcobaa des espaces pour le

    pturage et pour le ramassage du bois16.

    [p. 286] Le 20 mai 1308, la communaut de Chaves, en assemble dans lglise de Sainte Marie, en

    prsence des juges, procureurs et notaires, ratifie solennellement un accord tabli entre les

    reprsentants municipaux (procuradores) et le roi17.

    Mais ces communauts sont parfois galement sollicites lexercice de leurs capacits judiciaires.

    Pendant lanne 1226, sous lordre du roi, lepretoret les alvazisde Lisbonne sont les juges dun

    procs entre le monastre de Saint Vincent de Fora et un vizinho,autour de quelques patrimoines

    dans le territoire du municipe18. En 1270 cest lopportunit dintervenir, pour lepretoret les alvazis

    de Lisbonne, dans un procs entre labb de Alcobaa et des vizinhosde la municipalit, en ce qui

    concernait des droits sur un moulin19.

    Enfin, grce aux rfrences dun autre ouvrage, nous avons encore quatre documents concernant la

    municipalit de vora qui nous rendent compte de situations semblables.

    Le 6 mars 1267 les juges et le concelhooctroient le montado20au roi Alphonse III. Lacte est crit

    par Pedro Loureno (un vizinhode la communaut), sous lordre des susdits juges et concelho21. Le

    second cas arrive le 16 octobre 1273 : il sagit dune lettre ordonnante (carta mandadeira), cest--

    dire dun acte qui fait excuter un ordre royal denqute sur des nouvellespresrias22dans le

    territoire municipal les abus en cette matire provoquaient la soustraction au fiscdun grand

    nombre de terres. Ce document a t labor sous lordre de lalcaideet des juges, et il porte le

    sceau municipal23. Dans le troisime exemple nous avons un accord (concrdia) entre la

    communaut et le roi Denis. Laccord est tabli le 6 fvrier 1286, sur le parvis de lglise de Saint-

    Antoine, vora, y sont prsents le souverain et beaucoup de gens de sa cour (de sa corte). Aprs

    loctroi de Denis, le concelhodclare pardonner les appropriations du roi et [p. 287] de son pre

    (Alphonse III) dans le territoire municipal24. Enfin, au dbut du XIVe sicle un acte du concelho

    dclare que le parvis o lon fait les assembles municipales appartient la cathdrale et que

    personne (y compris la communaut) ne pourra en prendre possession ce document porte aussi le

    sceau de la communaut25.

    Il nous reste ajouter que les documents antrieurs la gnralisation des notaires publics (au

    temps dAlphonse III) ne portent pas la mention de leur scribe (sauf lexception dun des documents

    de vora26 mais il sagit dun exemple tardif). Dans des temps ultrieurs, ce sont les notaires ou

    leurs scribes jurs (escrives jurados) qui les crivent et apposent leur seing, en complment au

    sceau municipal. Le document de Chaves cit ci-dessus27prsente trois seings de notaires du

    municipe mais cest aussi un exemple tardif (du rgne de Denis).

    La production de documents municipaux pendant les XIIe et XIIIe sicles reste une problmatique

    ouverte. Les sources nabondent pas. Mais les sondages comme ceux que nous venons de proposersuffisent montrer que notre connaissance peut progresser encore un peu plus, dans une aire de

    connaissance si incertaine.

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note27http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note26http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note25http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note24http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note23http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note22http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note21http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note20http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note19http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note18http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note17http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note16
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    5/12

    La situation nest plus la mme si nous passons aux XIVe et XVe sicles. Le rgne de Denis Ier

    marque un tournant dans la vie de ces communauts, un tournant quintgrent les passages du

    premier au second moyen ge portugais. Le temps de ce roi est dabord la fin dun premier

    peuplement donc, dun dernier moment doctroi de chartes de foral(Trs-os-Montes et quelques

    territoires de Entre-Douro-e-Minho, Estremadura, Alentejo et Algarve). Son temps est aussi celui du

    dbut des manifestations de llitismedans la vie des communauts municipales. Quest-ce que cela

    veut dire ? Un grand mdiviste de notre XIXe sicle, Alexandre Herculano (1810-1877), envisageaitles municipalits en tant que communes(avant-la-lettre), gouvernes par des dmocraties de

    prudhommes (homens-bons) quelques essayistes ont voulu prolonger ces dmocraties

    municipales jusqu la fin du moyen ge et ce serait alors le remplacement de ce rgime par

    labsolutisme csariste des rois. Ces points de vue ont t trs diffuss pendant notre sicle

    videmment, ils ne font plus recette. La vie des communauts municipales a t toujours un peu

    litiste,bien quil y ait lites et lites et que llitisme se renforce nettement la fin du moyen ge.

    Quelles sont donc ces nouveauts ? Voyons : selon Herculano, la dmocratie de ces [p. 288]

    communauts reposait sur un fonctionnement ax sur des assembles publiques ( concilia) unnombre significatif de vizinhosy participait. Mais cela ne marchait plus depuis le XIVe sicle :

    La croissance dmographique (jusquen 1330 environ) avait rendu de moins en moins viables ces

    assembles largies.

    La complexit accrue des matires de gouvernement exigeait de plus en plus lactivit de

    spcialistes dans la gestion du quotidien.

    Et les rois (aussi bien que les seigneurs lacs et les ordres militaires) intervenaient de plus en plusdans la vie de ces communauts, en nommant des officiers (les juges pour le roi,juzes de fora)

    ou en tablissant des agents denqute, les rgisseurs (corregedores)28: ceux-ci, espce de

    missi dominici (aprs la lettre), devaient parcourir chaque anne une circonscription nomme

    comarca29.

    Ce triple processus explique la parution des excutifs municipaux (les vereaes), quintgrait une

    quipe relativement stable dofficiers : vereadores, juges, procureur, scribe, etc. Mais le XIVe sicle

    prsente encore dautres nouveauts, en ce qui concerne le rle de lcriture et de ses spcialistes,

    et leur rapport avec une justice qui devient plus complexe. Aux municipalits, on voit paratre une

    distinction entre les notairesdes tribunaux (audincias) et ceux de la cour [municipale] (pao) : leurs

    comptences connatront lattention lgislative de Jean Ier30. Au sein des notaires des audinciason

    pourra plus tard distinguer ceux du criminelet ceux du civil31. Et au sein des juges on pourra

    distinguer une multiplicit, selon leurs comptences juges [p. 289] des orphelins, des arbaltriers,

    de la monnaie, etc. les juges, ainsi que les notaires, seraient assists par des officiers de lcriture

    (escrives jurados)32.

    Parfois, les notaires ntaient pas excessivement diligents dans leurs offices. Loul, on exigeait leurprsence dans les jugements ils devraient arriver avant les juges. En cas dabsence, ils paieraient

    une amende, et dans ces jours on leur dfendrait lcriture dautres types de documents33.

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note33http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note32http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note31http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note30http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note29http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note28
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    6/12

    Aux municipalits il y aurait encore un chancelier34, garde du sceau et gardien de la mmoire crite

    de la communaut. Gardons-nous de caractriser (des points de vue quantitatif et qualitatif) les

    groupes du pouvoir do sortent les officiers municipaux, ainsi que les procdures de leur

    lection/nomination35. Limportant dans le cadre de ce colloque est ailleurs : le fait est que depuis un

    certain moment (au dernier quart du XIVe sicle, dans ltat actuel des connaissances) nous avons

    des comptes-rendus (actas) des sances des vereaes.On pourra peut-tre localiser les dbuts de

    llaboration de ces comptes-rendus quelques annes aprs le second regimentodAlphonse IV surles corregedores(1340) : en effet, nous pouvons trouver dans cette ordonnance quelques

    dispositions sur le sceau municipal et surtout sur lusage de lcriture dans le gouvernement de la

    communaut36. Mais la conservation des plus anciennes actasna pas t particulirement

    rgulire37:

    Les exemples les plus anciens sont ceux de Loul (1384-1385, 1392, 1394-1396), avec une suite

    irrgulire pendant le XVe sicle (1408, 1468-1470, 1481, 1488-1489) et les dbuts du XVIe

    (1503-1504, 1504-1505, 1508-1511, 1513-1517 et 1521)38.

    [p. 290] Dans une ville comme Porto, nous avons des actasdepuis 1390, galement avec des

    suites pendant le XVe sicle39 mais une production/conservation rgulire de ces comptes-

    rendus na lieu quau dernier quart du XVe sicle, avec une suite continue pendant les premires

    dcennies du XVIe40.

    Funchal (Madre) nous disposons de sries de volumes de comptes-rendus depuis 1470, se

    poursuivant au XVIe sicle41.

    Dans des villes comme Lisbonne ou Combre les actasne paraissent quau tournant du XVe au

    XVIe sicle (1495 pour Lisbonne42 1491 pour Combre43).

    Dans dautres cas nous avons des chronologies encore plus irrgulires : Montemor-o-Novo

    (1443 et 1483)44 et Vila do Conde (1466)45.

    [p. 291] Enfin, dans deux autres municipalits nous avons, pour le XVe sicle, des sources dune

    autre typologie46mais qui nous donnent une connaissance indirecte des actasde la vereao :

    cest le cas de Ms de Moncorvo (1439)47et de Braga (depuis 1445)48 et nous pouvons encoreajouter deux cas o des actes royaux nous permettent la connaissance du staffdes officiers du

    municipe : Serpa (1441)49et Ponte de Lima (1446)50.

    Quest-ce quon peut dire de ces documents municipaux par excellence ?

    Dans un bon nombre de cas, la recherche actuelle sur les vereaesse voit place devant des

    volumes qui rassemblent un nombre variable de cahiers de parchemin o lon a crit les actas.

    Tenant compte de la rgularit (parfois hebdomadaire) des sances, les volumes ne se

    prsentent pas trs pais.

    Mais un volume pourra tre le rsultat dune reliure tardive, et la consquence pourra tre un

    contenu chronologiquement htrogne, y compris des confusions de calendrier51. Lexemple le

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note51http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note50http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note49http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note48http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note47http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note46http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note45http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note44http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note43http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note42http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note41http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note40http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note39http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note38http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note37http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note36http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note35http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note34
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    7/12

    plus remarquable [p. 292] est celui du volume de Porto qui comprend (bien quavec des

    discontinuits, parfois longues) presque toute la premire moiti du XVe sicle52: on peut y

    trouver des comptes-rendus des annes 1401-1403, 1412-1414, 1442-1443 et 1448-1449. Il nest

    pas os de croire quun relieur du XVIIIe (voire du XIXe) sicle ait fait confusion dres quand il a

    rassembl des actasdes annes 40 dautres des premires dcennies du sicle53.

    Est-ce que le texte des actasprsente dhabitude une teneur rgulire ? Cela dpend : de lacommunaut, de la chronologie, etc.

    Le cas de Porto, qui nous prsente une vue relativement continue sur une longue dure, peut

    nous permettre galement quelques premires remarques : le texte des comptes-rendus est

    normalement long, et il enregistre rgulirement les prsences au dbut la conformit entre les

    prsences indiques et les signatures est relativement constante normalement, une sance est

    consacre un seul sujet.

    Mais le discours diplomatique (ainsi que lindication desprotagonistesdes sances) peut seprsenter de manire bien moins soigne. Voyons le cas de Loul : la conformit

    prsences/signatures est loin dtre la rgle bien que le texte soit bien moins long qu Porto,

    une sance peut tre consacre plusieurs sujets cest presque comme si les gens de la

    vereaotaient presss de retourner leurs tches quotidiennes54.

    De tout ce que nous venons de dire rsulte lactade vereaoen tant que source fondamentale

    pour lapproche des socits politiques municipales55. On peut mme pratiquer la

    prosopographie56: en effet, le rpertoire [p. 293] des prsences qui ouvre parfois le texte et la

    succession des signatures autographes qui le termine savrent tre un excellent point de dpart

    pour envisager des vies et des carrires.

    Mais la valeur de ces documents en tant que source est bien plus large. Regardons de nouveau

    le cas des actasde Loul, 1384-138557. Comme on le sait, il sagit dune conjoncture complexe :

    crise dynastique, troubles sociaux, rgence de Jean, matre de lordre militaire dAvis, demi-frre

    du roi Ferdinand (1367-1383) et futur roi, guerre avec la Castille, lection du roi Jean Ier aux

    Cortes(Combre, avril 1385), etc. Ces actasne vont pas sans en donner limage : pendant la

    priode dcembre 1384-mai 1385 le concelhoenvoie un de ses hommes aux deux villes

    principales de la comarcade Odiana (Beja et vora) essayant dobtenir des renseignements

    sur la possibilit dune invasion militaire castillane58 reoit la visite dun officier du rgent59et

    fait llection des procureurs aux Cortesde Combre60 en mme temps, les soucis de dfense

    de la ville ne manquent pas, notamment en ce qui concerne la rparation des remparts et dune

    tour61. Mais le quotidien ne perd pas ses droits : les prudhommes de Loul soccupent, par

    exemple, du commerce du pain62ou des figues63, des droits sur le vin64ou de

    lapprovisionnement en eau65.

    [p. 294] Enfin, les actassont parfois des textes trs riches en ce qui concerne des

    renseignements sur dautres documents produits sous lordre du concelho66. Les actasde Porto

    (1392-1448)67, Loul (1408)68et Vila do Conde (1466)69et la source qui concerne Ms de

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note69http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note68http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note67http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note66http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note65http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note64http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note63http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note62http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note61http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note60http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note59http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note58http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note57http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note56http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note55http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note54http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note53http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note52
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    8/12

    Moncorvo (1436)70sont particulirement intressantes :

    Porto nous avons des rfrences des citationsdu concelho71, des enqutes(inquiries,

    voire inquiries devassas) quon fait sous lordre de la vereao72, des ordonnances

    (posturas,tablissements) municipales73, lenregistrement dans un volume (livro da

    vereao) des noms des femmes qui faisaient le commerce de pains et de viandes74, des

    lettresdu municipe adresses au roi75et desprocurations76 les [p. 295] comptes-rendusfont galement mention de lenregistrement des posturas et des revenus de la ville dans un

    volume de parchemin77.

    Loul nous avons des rfrences desposturasdu municipe sur le commerce du

    poisson78, sur la cueillette du sparte79, sur le pturage des porcs80et sur le mtier de

    tailleur81 on rfre encore la production municipale de alvars82, concrtement pour

    lautorisation darsin dans la nature ou pour lutilisation du bois dolivier les alvars devaient

    tre signs par le juge et, au moins, par un des vereadoresde la municipalit83 nous savons

    aussi que des officiers comme les almotacs84devaient possder des cahiers o ils

    enregistraient, probablement, les amendes dcides pendant leur mois dexercice85. Au dbut

    du XVe [p. 296] sicle, on pratiquait Loul lordonnance des pelouros,de Jean Ier (1391)86,

    sur la procdure dlection des gens de la vereao :dans une des sances de lanne 1408

    on prvoit les processus dlaboration des listes des homens-bons on rfre simultanment

    au modus faciendidu scribe du concelho87en ce qui concernait llaboration et la conservation

    des actes crits88. Enfin, pendant lanne 1385 le municipe avait envoy un vizinho,Joo

    Domingues, Beja et vora, pour obtenir des renseignements sur la possibilit dinvasion

    militaire du royaume par Jean Ier de Castille il portait, laccrditant, une lettredu concelho89.

    son tour, les actasde Vila do Conde ne prsentent pas la mme quantit de rfrences.

    Quand-mme, nous avons connaissance de deux sentencesdes juges municipaux dans des

    procs contre un boucher90et contre un boutiquier91.

    Voyons enfin le cas de Ms de Moncorvo : voici une source de caractre financier (un registre

    de comptes) qui manifeste un extrme souci de faire comprendre, en dtail, tout ce qui

    concernait ladministration du patrimoine du municipe. Pour lanne 1439 nous avons donc une

    trace dans la ville dcrits dintimation92et de quittance93, ainsi que de dolances [p. 297]

    (captulos) prsentes larchevque de Braga sur labsentisme du cur94 lexistence

    mme dune telle source nest pas sans signification.

    Les concelhossont donc dassidusproducteursde documents. Mais il ne faut pas oublier quils

    reoivent aussi des documents en abondance : des actes du roi ou des princes (originaux ou

    copies), des lettres des officiers de la bureaucratie royale ( desembargo), des actes decclsiastiques

    (vques, abbs, abbesses), etc. Et il faut ajouter que les Archives Municipales gardent souvent des

    sources concernant des officiers royaux en action auprs de la communaut. Loul, par exemple,on peut trouver quatre documents sur le paiement dunpedidoroyal95. Il y a aussi Loul un

    registre du juge des orphelins, concernant les annes 1406, 1410 et 141196 ce juge tait

    susceptible et de nomination royale et dlection municipale donc il nest pas facile de qualifier ce

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note96http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note95http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note94http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note93http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note92http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note91http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note90http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note89http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note88http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note87http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note86http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note85http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note84http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note83http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note82http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note81http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note80http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note79http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note78http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note77http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note76http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note75http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note74http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note73http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note72http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note71http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note70
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    9/12

    registre en ce qui concerne son origine documentaire et la situation se rpte pour dautres

    documents produits par des officiers de justice.

    Nous avons encore une rfrence faire trois autres types de documents produits par les

    concelhos :les documents sur le patrimoine, les finances et la comptabilit (a), les actes quintgre la

    prparation de la prsence de la communaut aux assembles reprsentatives (Cortes) (b) et les

    actes lgislatifs municipaux (c). Nous en avons dj parl ponctuellement, verbi gratia,a propos desactes municipaux dont notre connaissance nest quindirecte (Porto, Loul97) ou propos dactes qui

    ne sont pas de vritables comptes-rendus des sances de la vereaomais qui nous fournissent des

    renseignements sur les sances ou sur les officiers (Ms de Moncorvo98).

    En dehors de Ms de Moncorvo, nous devrons rfrer ici encore aux cas de Loul, Elvas,

    Lisbonne et Porto. Aux Archives Municipales de Loul on peut trouver une section Registres de

    Comptes (Livros de Contas), qui comprend, pour la priode 1375-1517, six registres de recettes

    et [p. 298] dpenses99. Les Archives de Elvas gardent galement un registre de recettes et

    dpenses, pour la priode 1432-1435100.

    Aux Archives Municipales de Lisbonne, des sections comme, par exemple, Chancellerie de la

    Cit (Chancelaria da Cidade), Approvisionnement du Pain (Provimento do Po), Chambre des

    Vingt-Quatre (Casa dos Vinte e Quatro), Chambre de Saint-Antoine (Casa de Santo Antnio),

    Administration, Travaux Publics et Divers contiennent un total de vingt-huit registres (ou des

    volumes reliant des parchemins originaux) sur des matires telles que les droits municipaux,

    lapprovisionnement du pain et de leau, les poids et les mesures, ladministration des hpitaux, ou

    les ventes et les achats101. Il sagit dun trs riche fonds de documents, qui, pour la plupart,attendent encore les chercheurs et les diteurs102.

    Enfin, aux Archives Municipales de Porto on peut trouver, pour la fin du XVe-dbut du XVIe sicle,

    trois volumes titrs Coffre du Patrimoine du Municipe (Cofre dos Bens do Concelho) il sagit

    dune source dont on ne saurait pas exagrer la porte, bien que la recherche ny ait pas t trs

    assidue jusqu prsent103. Il faut ajouter que dans ces archives (et galement dans celles de

    Combre, Elvas, Guimares et Ponte de Lima, par exemple), nous pouvons trouver les traces

    dune production abondante de parchemins dont le contenu concerne peu prs toute la vie

    conomique et financire municipale (y compris le patrimoine et son [p. 299] transfert). Il est

    arriv frquemment de rassembler en volume ces actes, parfois mls des actes royaux dont le

    destinataire tait la communaut.

    Les convocations de lassemble reprsentative du royaume (Cortes) ntaient pas sans

    consquences en ce qui concernait la production de documents dans les municipalits. On doit

    rfrer : llaboration des lettres daccrditation des procureurs et la prparation des dolances

    spciales (captulos especiais), spcifiques de la communaut. Ce sont des types de documents

    dont nous navons que de notices indirectes104, peu prs sans la connaissance actuelledexemples concrets105.

    Bien que la structure politique Reino de Portugal e do Algarve soit une monarchie, il est vident

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note105http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note104http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note103http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note102http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note101http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note100http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note99http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note98http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note97
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    10/12

    que le roi na pas videmment le monopole de la lgislation106. Un bon nombre de concelhosa

    produit des ordonnances [p. 300] (posturas,tablissements) locales. Nous avons vu des

    exemples pour Lisbonne107, Porto108et Loul109. Malheureusement, les cas sont trs rares o

    lon peut connatre actuellement le texte desposturasmunicipales : verbi gratiaLoul, quand ces

    lois locales sont dcides en sance de lexcutif et leur texte est intgr dans lacta.En dehors

    de ces cas, il nous reste le municipe de Lisbonne, o nous connaissons aujourdhui plusieurs

    ensembles de lgislation urbaine. Le plus ancien concerne le XIVe sicle, et il est conserv auxArchives Royales et Gnrales de Navarre110. Les autres ensembles sont des volumes

    conservs aux Archives Municipales111 la plupart de cesposturasde Lisbonne concernent le

    XVe sicle. Il sagit videmment de documents prcieux. Mais lattention des chercheurs na pas

    t trs assidue jusqu prsent, malgr ldition, aux annes 70, de deux ensembles de ces lois.

    Mieux disant : lattention de la recherche a consist surtout dans lutilisation des posturascomme

    source en histoire urbaine, et non comme objet en soi, y compris ltude diplomatique. Il nous

    reste ajouter que la frontireentre la loi royale et la loi urbaine nest pas toujours nette : une

    ordonnance du roi peut trouver son origine dans uneposturamunicipale, quon adapte112. Onpeut donc comprendre que les plus anciens exemplaires de recueils de [p. 301] lgislation (fin du

    XIVe-dbut du XVe sicle)113 voire, au milieu du XVe sicle, les Ordonnances dAlphonse V

    (Ordenaes Afonsinas)114 fassent inclusion deposturasurbaines parmi les ordonnances

    royales mais la dimension de ce fait est encore clairer.

    ***

    Pour terminer, on doit rappeler que les municipalits possdaient bien le sens de limportance de leur

    patrimoine documentaire et quelles soignaient leur mmoire crite. Llaboration de registres de

    rception des documents les plus prcieux tait frquente115, notamment quand il sagissait dactes

    royaux, octroiant des privilges et exemptions : ctait la mesure la plus efficace contre la destruction

    de parchemins originaux. On pouvait parfois souponner que les scribes taient vieux et leur criture

    excessivement cursive : et alors on pouvait faire des copies et des copies des registres : nous avons

    un exemple Elvas, au XVe sicle116.

    On utilisait des arches (arcas) pour conserver la mmoire crite des concelhos,une arche ou

    plusieurs, selon la dimension de la communaut on pourrait trouver dans ces arches et les

    documents reus, et des registres ou des rsums des documents expdis. la fin du XVe sicle,le roi Jean II a exig aux homens-bonsde Porto lutilisation de quelques arches spcifiques, selon le

    type de documents : une arche pour les inventaires dorphelins et une autre pour les enqutes sur

    des meurtres et des malfaisants.

    Quelques conjectures nous permettent destimer la valeur relle et symbolique de ces arches et de

    ce quelles contenaient : aux Cortesde 1439 (Lisbonne), les concelhosde Penamacor, Monsanto et

    Alter do Cho se plaignaient du pillage de leurs arches et de lincendie de leurs documents au temps

    des guerres avec la Castille117. Ctait les municipalits le savaient bien le risque de la pertede leurs privilges, en absence de preuve. Ctait encore le risque de perte de lidentit, si le sceau

    municipal disparaissait. Les actes de violence sur lcrit se prsentaient donc comme latteinte la plus

    grave la mmoire et lautorit de ces communauts.

    http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note117http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note116http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note115http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note114http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note113http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note112http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note111http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note110http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note109http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note108http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note107http://elec.enc.sorbonne.fr/cid/cid1998/art_16#cid1998_note106
  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    11/12

    [p. 302] Rsum

    Ce travail prsente une synthse de la diplomatique municipale portugaise envisage sur une longue

    dure (XIIIe-XVe s.). Aprs une introduction relative aux origines des municipalits au Portugal (XIe-

    XIIIe s.), nous abordons la problmatique de la production, terrain encore presque inconnu, des

    documents municipaux des XIe et XIIe sicles. En suivant la piste des sceaux municipaux apposs

    aux documents, nous dcouvrons une typologie documentaire de chartes o la municipalit intervient

    directement ou ne se manifeste quindirectement la faveur de la confirmation des actes. Aux XIVe

    et XVe sicles, les transformations dmographiques, conomiques et sociales se rpercutent sur

    lorganisation municipale, avec la nomination dans ces communauts de nouveaux officiers royaux et

    une administration interne plus bureaucratique. Ce systme exigea linstitutionnalisation de lcrit et

    une production documentaire beaucoup plus abondante et varie. Nous avons examin une srie de

    documents administratifs, fiscaux, conomiques : comptes-rendus des sances de lexcutif

    municipal, registres de recettes et dpenses, ordonnances municipales, louages, sans oublier que de

    nombreux autres ont t produits dont il ne nous reste que des rfrences indirectes. Nous avons

    tenu compte galement du fait que la municipalit tait la destinataire dune vaste documentation

    royale et particulire, et quen outre y circulait une documentation issue des officiers royaux oprant

    dans ces communauts.

    [p. 303] Annexes

  • 7/26/2019 Diplomatique Municipale Portugaise

    12/12