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DÉFIS ET OPPORTUNITÉS LA MIGRATION ET LES JEUNES : © UNICEF/NYHQ2012-1122/Noorani

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DÉFIS ET OPPORTUNITÉS

LA MIGRATION ET LES JEUNES :

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Produit pour le compte du Groupe mondial sur la migration par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance

Traduit en français et imprimé avec le soutien financier de l’UNESCO

© 2014 Fonds des Nations Unies pour l’enfance

Le Groupe mondial sur la migration (GMG) est un groupe inter-institutions qui réunit les chefs de secrétariat pour promouvoir l’application plus large des normes et instruments internationaux et régionaux relatifs à la migration, et encourager l’adoption d’approches plus cohérentes, globales et mieux coordonnées de la question des migrations internationales. Il se préoccupe, en particulier, d’améliorer l’efficacité globale de ses membres et d’autres parties prenantes pour ce qui est d’exploiter les opportunités et de relever les défis que présentent les migrations internationales. Il regroupe les institutions suivantes :• Banque mondiale• Commissions régionales des Nations Unies

• Commission économique pour l’Afrique (CEA)• Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC)• Commission économique pour l’Europe (CEE)• Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO)• Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP)

• Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) • Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU• Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) • Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) • Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) • Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) • Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) • Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) • Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) • Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) • Organisation internationale du Travail (OIT) • Organisation internationale pour les migrations (OIM) • Organisation mondiale de la Santé (OMS)• Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)

Les avis exprimés dans la présente publication n’impliquent en aucun cas l’expression d’une quelconque opinion de la part du Secrétariat de l’ONU, ni d’une institution membre du GMG. Les appellations employées dans le présent document et la présentation des données qui y figurent n’impliquent, de la part du Secrétariat de l’ONU, aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou régions ou de leurs autorités, ou quant au tracé de leurs frontières ou limites. Le terme « pays » utilisé dans le présent document désigne également, selon le cas, des territoires ou des régions. Le contenu des chapitres demeure la responsabilité de leurs auteurs respectifs et ne représente pas nécessairement les vues du GMG ou de ses membres.

Le texte complet du rapport est disponible à http://globalmigrationgroup.org

REMERCIEMENTS :

Équipe de rédaction :

• Jerónimo Cortina (Université de Houston)• Patrick Taran (Global Migration Policy Associates)

• Jérôme Elie (Institut de hautes études internationales et du développement, Genève)

• Alison Raphael (conseillère en rédaction, UNICEF)Contributeurs :

Le rapport a bénéficié des compétences et des contributions des institutions membres du Groupe mondial sur la migration, en particulier des contributions, des avis et du soutien technique des personnes suivantes (par ordre alphabétique) :

• Pilar Álvarez-Laso (UNESCO)• Christina Behrendt (OIT)• Michael Boampong (UNICEF)• Ryszard Cholewinski (OIT)• Jean D’Cunha (ONU-Femmes) • Irene de Lorenzo-Cáceres Cantero (UNICEF)• Judith Diers (UNICEF)• Golda El-Khoury (UNESCO)• Karima El Korri (CESAO)• Jill Helke (OIM)• Sabine Henning (DAES/ONU)• Bela Hovy (DAES/ONU)• Dina Ionesco (OIM)• Samia Kazi Aoul (OIT)• Stefanie Khan (ONU-Femmes) • Min Ji Kim (OIT)• Michele Klein Solomon (OIM)• Nanda Krairiksh (CESAP)• Maria Kypriotou (UNESCO)• Pablo Lattes (DAES/ONU)• Michelle Leighton (OIT)• Daniel López-Acuña (OMS)• Gloria Moreno-Fontes Chammartin (OIT)• Sheila Murthy (UNICEF)• Frederico Neto (CESAO)• Pia Oberoi (HCDH)

• Ann Pawliczko (UNFPA)• Sonia Plaza (Banque mondiale)• Karoline Popp (OIM)• Miriam Poulsson Kramer (UNICEF)• Barbara Rijks (OIM)• Sumbul Rizvi (HCR)• Gianni Rosas (OIT)• Sarah Rosengaertner (PNUD)• Rhea Saab (UNICEF)• Paulo Saad (CEPALC)• Rachel Sabates-Wheeler (UNICEF)• Daniel Salmon (OIM)• Daniela Simioni (Bureau des commissions régionales des Nations

Unies à New York)• Emmanuelle St-Pierre Guilbault (OIT)• Konstantinos Tararas (UNESCO)• Srinivas Tata (CESAP)• Colleen Thouez (UNITAR) • Sarah Tischler (OIM)• Sophia Twarog (CNUCED)• Andrea Verdasco (Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF)• Andrew Vikat (CEE)• Natalia Winder (UNICEF)• Jennifer Yablonski (UNICEF)• Hassan Yousif (CEA)

Ont également contribué à l’élaboration du présent document les personnes suivantes, membres du personnel d’organisations internationales et régionales appartenant ou non au système des Nations Unies (par ordre alphabétique) : • Enika Basu (Fonds international de développement agricole, FIDA)• François Crépeau (Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants) • Jean-Christophe Dumont (Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE)• Ravi Karkara (Programme des Nations Unies pour les établissements humains, ONU-Habitat)• Thomas Liebig (OCDE)• David Suttie (FIDA)• Rosemary Vargas-Lundius (FIDA)• Sarah Widmaier (OCDE)• Wiaam Youssef (Ligue des États arabes)

Des universitaires et des représentants de la société civile ont, par leurs contributions et leurs idées, concouru à enrichir le rapport. Ces personnes sont les suivantes (dans l’ordre alphabétique) :• Kathryn Barker (Population Council)• Jacqueline Bhabha (Université Harvard)• Pablo Ceriani (Université nationale de Lanús)• Adriana Castaldo (Université du Sussex)• Leonir Mario Chiarello (Réseau international scalabrinien de migration)• Priya Deshingkar (Université du Sussex)• Sarah Engebretsen (Population Council)• Elizabeth Gibbons (Université Harvard)• Farai Jena (Université du Sussex)• Lilana Keith (Plate-forme pour la coopération internationale sur les sans-papiers)• Sue Lemesurier (Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge)• Michele LeVoy (Plate-forme pour la coopération internationale sur les sans-papiers)• Saket Mani (représentant des jeunes auprès des Nations Unies)• Susan Martin (Université de Georgetown)• Mark Montgomery (Population Council)• Alejandro Morlachetti (Université nationale de Lanús)• Benjamin Schraven (Institut allemand pour le développement)• Susil Sirivardana (Participatory Institute of Development Alternatives et South Asian Perspectives Network

Association, Sri Lanka)• Patrick Taran (Global Migration Policy Associates)• Miriam Temin (Population Council)• Magueye Thiam (Forum pour l’intégration des migrants et des migrantes)• Mary Jo Toll (NGO Committee on Migration)

Coordination : • Rhea Saab (UNICEF) • Irene de Lorenzo-Cáceres Cantero (UNICEF)

Le présent rapport n’aurait pas pu voir le jour sans la généreuse contribution de l’Agence suisse de coopération pour le développement (DDC) et du Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF. Le GMG remercie en particulier, pour leur soutien constant, Beata Godenzi Rasmussen (DDC), Shabarinath Nair (DDC), Bettina Etter (Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à New York) et Chris de Neuborg (Centre Innocenti).

Le GMG tient à remercier l’ONUDC, la CESAP, les commissions régionales des Nations Unies, l’OIM et l’OIT, qui ont assuré sa présidence, d’avoir appuyé la présente initiative, ainsi que Golda El-Khoury, Konstantinos Tararas et Claudia Valencia (UNESCO).

Il tient à remercier Rhea Saab, qui, par ses compétences, ses avis techniques et son dévouement, a joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la présente publication. L’UNICEF remercie, en particulier, Irene de Lorenzo Cáceres-Cantero, ainsi que Tassia de Oliveira Sodré, Maha Mahmoud Talaat, Misato Yuasa, Christopher Taylor et Sébastien Guendel Rojas, d’avoir aidé à relire certains chapitres.

Table des matières

Introduction 4La migration des jeunes 5Pourquoi les jeunes ? 5Des opportunités pour les jeunes migrants 6Besoins et vulnérabilités spécifiques des jeunes migrants 7Les jeunes, la migration et le programme de développement 7

Résumé des chapitres 8Faits, chiffres et tendances 9Respecter les droits fondamentaux, la protection sociale et l’égalité des sexes 9Emploi, éducation et santé 10Intégrer la migration 11Changements environnementaux et migration 11

Messages clés et recommandations de politique générale 13Messages clés 13Recommandations de politique générale 18

Conclusion 22

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

L es migrations internationales sont devenues le visage de la mondialisation – un symbole de l’interdépendance croissante du monde1.

Dans le même temps, la plus grande génération de jeunes de l’histoire exige qu’on lui prête attention  : hautement connectés via la technologie et les réseaux sociaux, ces jeunes ont besoin d’éducation et d’emplois décents, et veulent avoir leur mot à dire sur leur avenir. Leur autonomisation est l’une des cinq priorités du Programme quinquennal d’action du Secrétaire général des Nations Unies2.

Même si depuis quelques années, on parle de plus en plus, dans le monde, de mobilité humaine, la migration des jeunes reste très souvent absente des débats mondiaux et des politiques nationales. Le Groupe mondial sur la migration (GMG) est convaincu qu’avec la mise en place de bonnes politiques, la migration des jeunes peut faire trois gagnants : les jeunes migrants, leurs pays d’origine et leurs pays de destination. Les solutions proposées dans le présent rapport peuvent transformer la migration des jeunes en opportunité, permettant aux jeunes d’aujourd’hui – étudiants, travailleurs, entrepreneurs, parents et dirigeants de demain – de réaliser leur plein potentiel humain.

L’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), président du GMG pour 2011, a proposé d’établir un rapport thématique conjoint qui analyserait les effets positifs et négatifs que les migrations internationales ont sur les jeunes des points de vue des droits de l’homme et du genre. L’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), en sa capacité de président suivant du GMG, a appuyé le lancement du processus. Ce rapport s’appuierait sur les résultats du Colloque sur La migration et les jeunes : exploiter les possibilités de développement, que le GMG a tenu à New York les 17 et 18 mai 20113. Le but était de fournir une plate-forme commune d’action et de plaidoyer qui permette au GMG d’aider les décideurs, la société civile et d’autres parties à concevoir et à mettre en œuvre des politiques fondées sur des données probantes qui maximisent les effets positifs de la migration et aident les jeunes migrants à faire valoir leurs droits.

Il en résulte un vaste ensemble de données, d’observations et d’expériences compilées par les membres du GMG et par des universitaires, le tout formant une importante base de connaissances applicables à la politique et à la pratique. Le texte se veut convivial et pratique, contenant des messages clés et des recommandations concrètes adressés aux décideurs et aux autres parties prenantes.

Le rapport est le fruit d’une collaboration. Les membres du GMG ont rédigé les chapitres qui relevaient de leur domaine de compétence, des universitaires ont été invités à en rédiger d’autres, et des organisations de la société civile ont fourni des éléments qui ont été incorporés dans divers chapitres. Le présent document offre une synthèse du rapport complet du GMG.

La migration des jeunes Aujourd’hui, on recense, selon l’estimation du stock (mesure du nombre de migrants à un moment donné) réalisée en 2013 par l’ONU, quelque 232 millions de migrants internationaux. Environ 12 % de ces migrants (soit un sur huit) sont des jeunes (définis ici comme âgés de 15 à 24 ans). Les données relatives aux flux migratoires – évolution du nombre de migrants sur une période de temps – sont, à la différence de celles relatives au stock, généralement moins fiables et moins spécifiques quant à l’âge.

Reconnaissant qu’il est difficile de déterminer avec précision les facteurs de la migration des jeunes, le rapport note que leurs motivations sont souvent liées à la recherche de moyens de subsistance durables, au manque d’emploi et/ou au sous-emploi, à l’absence de conditions de travail décentes et aux mauvaises perspectives économiques des pays d’origine. La recherche d’une éducation, la réunification ou la fondation d’une famille et la fuite de régions touchées par la guerre, la persécution, les crises humanitaires ou les catastrophes naturelles sont également des facteurs importants. Pour les femmes, la discrimination fondée sur le sexe, y compris la violence ou la restriction de leurs droits, est un motif supplémentaire.

Pourquoi Les jeunes ?Le présent rapport se concentre sur la migration des jeunes, individus âgés de 15 à 24 ans tels que définis par l’ONU (« sans préjudice d’autres définitions données par les États membres »)4. Cette cohorte représente une catégorie particulière de migrants dont les besoins, les droits et les défis uniques ne sont pas abordés de manière satisfaisante dans le débat général mené sur la question.

À l’occasion, le rapport se réfère à d’autres groupes d’âge, notamment aux enfants (0 à 17 ans)5 et aux adolescents (10 à 19 ans)6. L’expression « les jeunes » englobe parfois l’enfance et l’adolescence, périodes pendant lesquelles les personnes éprouvent des vulnérabilités spécifiques et ont des besoins de protection supplémentaires qui sont souvent ignorés ou mis à mal pendant le processus migratoire. En raison de ce chevauchement, plusieurs chapitres du rapport se réfèrent aux adolescents autant qu’aux jeunes, soulignant que toutes les personnes de

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moins de 18 ans touchées par la migration dans les pays d’origine, de transit et de destination sont, quel que soit leur statut, protégées par la Convention relative aux droits de l’enfant (CRC).

La jeunesse est une étape charnière du développement humain au cours de laquelle les jeunes passent de l’enfance à l’âge adulte et de la dépendance à l’indépendance et à l’interdépendance. Cette transition (sociale, économique et biologique) est essentielle à la préservation, au façonnement, au développement et au déploiement de leur capital humain et social. C’est pendant cette période que les jeunes prennent, au sujet de leur vie – en particulier de leur positionnement éthique, social, économique, culturel, politique et civique – des décisions importantes qui ouvrent la voie à l’âge adulte. S’il est vrai que c’est à l’adolescence que les investissements et les gains de la jeune et de la moyenne enfance se concrétisent, il est nécessaire de les maintenir et de les consolider pour assurer une transition efficace vers l’âge adulte7.

Les choix des jeunes et la façon dont ils décident de les concrétiser ont une incidence importante non seulement sur leur propre vie et leurs propres possibilités d’épanouissement, mais aussi sur la vie de leurs sociétés et communautés, tant à moyen qu’à long terme. Les années de jeunesse présentent à la fois des défis et des opportunités. Elles constituent une période pendant laquelle l’efficacité des interventions de l’enfance et de l’adolescence peut être testée, évaluée et, en conséquence, améliorée ou réexaminée. Dans le même temps, les décisions politiques qui touchent ce groupe d’âge peuvent soit maximiser, soit compromettre le retour sur investissement des premiers stades du cycle de vie.

Une expérience migratoire positive peut permettre aux jeunes migrants de capitaliser sur leurs réalisations et de développer leurs atouts économiques et sociaux pour l’avenir. Si cette expérience est négative, cependant, la migration peut avoir, à court et long termes, des conséquences particulièrement graves et traumatisantes. Non seulement les jeunes peuvent perdre une occasion précieuse de s’épanouir pleinement, mais leurs pays d’origine et de destination risquent de perdre une énorme contribution potentielle au développement social, économique et culturel.

Corriger les politiques actuelles de migration des jeunes revient également à planifier l’avenir. En 2025, date à laquelle la population mondiale devrait atteindre 8 milliards d’habitants8, les pays du monde entier percevront l’impact des changements démographiques actuels. La majorité du prochain

milliard de personnes sera née dans des pays à revenu faible ou intermédiaire9. Alors que les pays développés sont confrontés simultanément à de faibles taux de fécondité, à un vieillissement de leur population et à une diminution de leur main-d’œuvre, de nombreux pays moins développés continuent de connaître des taux de natalité plus élevés et une «  explosion démographique des jeunes  »10. Les premiers ont besoin de travailleurs, tandis que les jeunes de pays moins développés, toujours plus nombreux, ont besoin d’emplois. La migration sera un élément de plus en plus important de la réponse donnée à cette évolution.

des oPPortunités Pour Les jeunes migrantsLes jeunes migrants sont généralement ingénieux, résilients, adaptables et capables d’apprendre et de parler de nouvelles langues. Beaucoup sont compétents, qualifiés et familiers des nouvelles technologies. Comme on l’a vu plus haut, pour certains jeunes, la migration est un moyen d’échapper à la pauvreté chronique, à la violence, à la discrimination fondée sur le sexe ou aux effets du changement climatique. Pour la plupart d’entre eux, elle représente une étape importante vers la réalisation d’une existence viable pour eux-mêmes et leur famille.

Dans les pays de destination, l’égalité des chances et de traitement permet aux migrants, y compris les jeunes, de contribuer de manière productive à leur communauté en tant que travailleurs, étudiants, entrepreneurs, artistes et consommateurs. Lorsque la migration devient une expérience productive et habilitante et ouvre de nouvelles perspectives, les jeunes migrants, femmes et hommes, peuvent acquérir de nouvelles compétences par l’éducation et/ou l’expérience professionnelle et toucher des salaires plus élevés, ce qui leur permet de soutenir leur famille et de contribuer au développement de leur communauté d’origine et de la société dans laquelle ils vivent et travaillent. Pour les jeunes femmes, elle peut également être une expérience enrichissante socialement  : qu’elles soient destinataires de transferts de fonds, soutiens de famille ou étudiantes dans un nouveau pays, elles peuvent acquérir un pouvoir de décision et jouir d’une plus grande autonomie personnelle.

Dans tous les pays, un environnement politique propice qui respecte les principes et les normes des droits de l’homme peut renforcer l’énergie des jeunes, leur propension à innover et leur familiarité avec les nouvelles technologies, ce qui aide à revitaliser l’économie. Les jeunes mobiles représentent une ressource humaine et un potentiel de développement tant pour les pays où ils sont nés que pour ceux vers lesquels ils migrent.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

Besoins et vuLnéraBiLités sPécifiques des jeunes migrantsLes risques encourus par les migrants sont exacerbés dans le cas des jeunes, en particulier lorsqu’ils ont moins de 18 ans, sont en situation irrégulière et risquent l’exploitation, le trafic, l’exclusion, la détection, la détention et l’expulsion. Les jeunes migrants, en particulier les filles et les femmes, s’exposent à des abus tels que le mariage d’enfants, l’exploitation sexuelle, la violence et le travail non rémunéré. Nombre de jeunes migrants se voient proposer, malgré leurs titres ou leurs qualifications professionnelles, des emplois déqualifiants et précaires dans des métiers dits « 3-D » (dégoûtants, dangereux et dégradants).

En outre, ils peuvent, lorsqu’ils migrent, perdre leurs réseaux sociaux et ne plus disposer de parents ou de proches capables de les conseiller et de les protéger. Du fait de leur âge et de leur immaturité, ils s’exposent à des expériences qui occasionnent l’isolement, l’exclusion et l’insécurité. Ils peuvent être particulièrement touchés par la xénophobie et la discrimination, et marginalisés par leur absence de maîtrise de la langue locale, l’existence de normes culturelles nouvelles et différentes, et le manque d’informations sur la législation et la réglementation de leur nouveau pays. Pour surmonter ces risques, développer leur potentiel et contribuer davantage à leurs pays d’origine et de destination, il faut que les jeunes migrants puissent exercer sans discrimination leurs droits, y compris leurs droits à l’éducation, à la santé, au travail, à la vie de famille et à la participation à la prise de décisions et à la vie de la communauté.

Les jeunes, La migration et Le Programme de déveLoPPementRédigeant le rapport, les membres du GMG ont admis que la migration n’est pas une panacée au développement, et qu’elle ne peut se substituer à des politiques publiques appropriées. Toutefois, elle est une réalité mondiale qui, utilisée à bon escient, peut bénéficier à toutes les parties.

Les membres du GMG partent du principe que l’expérience de la migration peut être bénéfique pour les jeunes si – et seulement si – les politiques migratoires s’ancrent dans un système qui protège les droits fondamentaux des jeunes migrants, y compris le droit au travail, et permet une réelle participation aux décisions et processus qui les concernent.

À l’approche de 2015, date fixée, en 2000, pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le débat mondial tourne

désormais autour de la définition d’objectifs pour la période à suivre. L’Équipe spéciale sur le programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 a reconnu que la migration et la mobilité sont d’importants facteurs d’un développement et d’une croissance inclusifs et durables11. Les consultations mondiales menées sur la dynamique des populations ont également appelé à intégrer la migration dans le nouveau cadre de développement12.

Le rapport du GMG contribue aux discussions sur le programme de développement pour l’après-2015 en décrivant de manière complète et exclusive l’impact que la migration a sur les jeunes. Il complète et étaie un récent exposé de principes consacré à l’intégration de la migration dans le programme de développement pour l’après-201513. Le défi consiste non seulement à rendre plus pertinente la question de la jeunesse et de la migration pour le programme mondial, mais aussi à adapter ce dernier aux jeunes et aux réalités de la mobilité et de l’interdépendance mondiales.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

L e présent document de synthèse reflète l’organisation du rapport complet en cinq sections thématiques qui explorent différents aspects de

la situation que vivent des millions de jeunes migrants, migrants potentiels ou enfants de migrants.

Chaque chapitre décrit et analyse un important sujet de préoccupation lié à la migration des jeunes, proposant des solutions propres à améliorer leur situation et celle des pays qu’ils quittent et de ceux où ils se rendent.

La conclusion résume les principales constatations du rapport. Pour faciliter la consultation, les deux dernières sections énumèrent les messages clés et les recommandations concrètes énoncés dans le rapport complet afin de faciliter l’examen des politiques et pratiques nationales et l’action des institutions gouvernementales ou non gouvernementales spécialisées.

faits, chiffres et tendancesLe chapitre premier (Migration des jeunes : faits et chiffres), que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU a rédigé en s’appuyant sur le travail qu’elle avait effectué avec l’UNICEF pour recueillir et analyser les données disponibles sur la migration des jeunes, présente les faits et chiffres dont on dispose sur cette migration et émet des recommandations pour ce qui est d’améliorer la base factuelle correspondante. Il souligne la nécessité de disposer, sur la migration, de données ventilées par âge, sexe et d’autres facteurs pertinents pour obtenir une image précise de la situation des jeunes migrants, mieux comprendre le phénomène de leur migration et étayer l’élaboration de politiques. On y recommande principalement de renforcer la base factuelle sur la migration des jeunes en investissant dans la collecte, la diffusion et l’analyse de données ventilées par âge et par sexe, de renforcer la capacité des gouvernements à obtenir, diffuser et analyser ces données, et d’appuyer la recherche qualitative et quantitative.

resPecter Les droits fondamentaux, La Protection sociaLe et L’égaLité des sexesCette section examine la manière dont les droits fondamentaux, la protection sociale et l’égalité des sexes recoupent la question de la migration des jeunes.Le chapitre 2 (Droits de l’homme des adolescents et des jeunes dans le contexte de la migration) a été rédigé sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme avec la contribution de l’Université nationale de Lanús (Argentine), du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, de la Plate-forme pour la coopération internationale concernant les

sans-papiers (PICUM) et de l’UNICEF14. Il décrit comment, malgré le cadre international mis en place pour protéger et promouvoir les droits de tous les individus et en dépit des dispositions de la CRC qui protègent les personnes de moins de 18 ans, les migrants adolescents et jeunes subissent de nombreuses violations de leurs droits fondamentaux. Il analyse en profondeur les effets qu’ont la détention liée à l’immigration et l’accès restreint à l’éducation sur les droits, le bien-être et le développement des adolescents et des jeunes sans-papiers, mettant en avant les problèmes spécifiques de santé mentale et de développement psychosocial. Il conclut en appelant la communauté internationale et les décideurs et acteurs nationaux à adopter, en matière de migration des jeunes et de développement, une approche axée sur les droits de l’homme, sur la prise en compte de l’âge, sur l’égalité des sexes et sur l’équité, soulignant qu’il ne faudrait pas que les protections spéciales accordées aux enfants en vertu du droit et des politiques appliqués aux plans international et national disparaissent automatiquement lorsque l’enfant atteint l’âge de 18 ans.

Le chapitre 3 (Rôle et pertinence de la protection sociale), rédigé conjointement par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’UNICEF, examine les droits et les besoins des migrants adolescents et jeunes en matière de protection sociale. Il met en avant les mesures que l’on pourrait proposer aux jeunes migrants dans les pays d’origine et de destination pour assurer leur accès aux services essentiels, aux soins de santé et à un niveau de vie minimal. Il se concentre, en particulier, sur la couverture sociale, dont nombre de jeunes migrants sont exclus du fait de leur statut, ou qu’ils risquent de perdre en partant de leur pays ou lorsqu’ils se déplacent d’un pays à l’autre. En facilitant un accès équitable des jeunes migrants et de leur famille à la protection sociale, y compris les soins de santé et/ou l’assurance-maladie, on accroît leur bien-être et leur contribution au développement. Globalement, le chapitre recommande d’intégrer les jeunes migrants aux systèmes nationaux de sécurité sociale.

Le chapitre 4 (Adolescents et jeunes femmes migrants), que Susan Martin (Université de Georgetown) a écrit en consultation avec ONU-Femmes, examine la vie, les besoins et les réalisations des adolescentes et des jeunes femmes touchées par la migration. Il décrit les causes et les formes de cette migration, les lacunes de la législation et de la politique, et trois domaines qui revêtent une importance particulière pour comprendre l’impact de la migration sur le rôle des genres et sur les jeunes femmes  : l’éducation, la santé et l’emploi. Les questions de genre analysées dans ce chapitre et évoquées ailleurs dans le texte mettent en évidence les

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similitudes, les différences et les inégalités qui existent dans les pays aussi bien d’origine que de destination, et qui peuvent être accentuées ou aplanies par les institutions économiques, politiques et sociales15. L’égalité des migrantes adolescentes et jeunes doit être assurée dans les politiques et dans la pratique en concevant des mesures, des lois et des pratiques sensibles au genre afin de mieux protéger leurs droits.

emPLoi, éducation et santéSept chapitres du rapport du GMG traitent des problèmes liés à l’emploi, à l’éducation et à la santé, questions qui ont une incidence sur les programmes des institutions gouvernementales, des partenaires sociaux et de la société civile.

Le chapitre 5 (Jeunes, migration et emploi  : questions brûlantes de gouvernance, de développement et de cohésion dans le monde), que Patrick Taran (Global Migration Policy Associates) a écrit avec l’OIT, explique l’importance centrale que revêtent l’emploi et un travail décent dans la migration, soulignant les risques que présentent le travail précaire, l’exploitation et les mauvaises conditions de travail auxquels sont exposés de nombreux migrants adolescents et jeunes. Il met en évidence les tendances économiques et démographiques qui alimentent, dans de nombreux pays, la demande – en forte augmentation – de compétences et de main-d’œuvre migrantes, et expose les défis à relever et les solutions possibles. Il conclut qu’en assurant un travail décent aux jeunes migrants, on aide à matérialiser à la fois les bienfaits économiques et sociaux de la migration et la protection sociale et l’inclusion des jeunes.

Le chapitre 6 (Travail, emploi et jeunes : perspectives de l’Afrique de l’Ouest), rédigé par Eleni Bizas et Jérôme Elie (Institut de hautes études internationales et du développement, Genève), souligne que la mobilité intrarégionale est très fréquente chez les jeunes dans le contexte des communautés économiques régionales d’Afrique où la migration est la clé de l’intégration et du développement. Il recense et analyse les besoins d’action dans six domaines essentiels : éducation, travail décent, sécurité de déplacement, investissement dans la main-d’œuvre, services de santé et protection. En traitant, sinon, les obstacles liés aux réalités locales, on pourrait permettre aux jeunes de rester au pays, rendre la migration plus sûre pour ceux qui se déplacent, ou permettre aux jeunes de maximiser leur potentiel lorsqu’ils cherchent un emploi sur les marchés locaux, régionaux ou mondiaux. Il est notamment recommandé aux décideurs de renforcer la mise en œuvre du cadre juridique international et de celui de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), d’améliorer la collecte de données, de mettre

l’accent sur l’éducation et la formation des jeunes ruraux, de communiquer sur les emplois disponibles, et d’intégrer la migration dans les politiques et stratégies de développement économique et social.

Le chapitre 7 (Main-d’œuvre, jeunes ruraux et migration), rédigé par le Fonds international de développement agricole (FIDA), analyse la situation des zones rurales d’où nombre de jeunes migrants entament leur périple et appelle à l’adoption des politiques pour fournir des emplois, des crédits et des débouchés comme alternatives à la migration des jeunes, et pour encourager le retour des émigrés afin que les talents et le capital social et financier demeurent dans les pays d’origine. Le message fondamental de ce chapitre est que ce qu’il faut, c’est un travail décent, une croissance économique et un développement durable qui accroissent les perspectives et la mobilité sociale des jeunes pour que la migration soit une question de choix éclairé plutôt que de nécessité. Il est recommandé de proposer aux jeunes ruraux des alternatives à l’émigration.

Les fonds envoyés par les migrants à des parents qui restent au pays jouent un rôle important dans la réduction de la pauvreté. Le chapitre 8 (Envois de fonds, développement et jeunes) s’appuie sur des contributions de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et de l’Université du Sussex. Il passe en revue les obstacles que rencontrent les jeunes qui cherchent à envoyer des fonds, notant que ces fonds jouent un rôle croissant dans l’économie de nombreux pays en développement, aidant souvent les familles les plus défavorisées. Enfin, il met en avant la nécessité d’agir pour faciliter les envois de fonds, réduire leur coût pour les jeunes migrants et améliorer l’accès de ces derniers aux services financiers.

Le chapitre 9 (Les enfants d’immigrés dans les systèmes éducatifs et sur les marchés du travail de l’OCDE)16, rédigé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), décrit, dans le cadre des pays de l’OCDE, un important groupe d’enfants et de jeunes  : les enfants d’immigrés, qu’ils soient nés dans le pays de destination ou arrivés avec ou après leurs parents. Il montre que ces enfants, bien qu’ils représentent une part importante et croissante des jeunes dans de nombreux pays de l’OCDE, sont souvent, en matière de réussite scolaire et d’accès à l’emploi, en retard sur leurs pairs. Il recommande notamment, pour les inclure dans les politiques d’intégration par des approches ciblées, d’élargir leur accès à l’enseignement préscolaire, d’accroître leurs possibilités de formation et d’apprentissage, et d’intégrer leurs parents aux marchés du travail.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

Le chapitre 10 (Migration et enseignement supérieur), rédigé par l’UNESCO, souligne que le nombre de jeunes qui étudient à l’étranger croît rapidement, d’où la nécessité de mettre en place une coopération internationale et des accords réglementaires pour contrôler la qualité de l’enseignement supérieur et les cadres d’accréditation. Il souligne en outre la nécessité, pour les pays, de dialoguer et de coopérer pour reconnaître les diplômes obtenus à l’étranger. En améliorant la qualité et en harmonisant les normes de l’enseignement supérieur et professionnel au plan international, on peut créer des situations « gagnant-gagnant  » pour les étudiants et les employeurs des pays aussi bien d’origine que de destination. Pour faciliter la mobilité dans l’enseignement supérieur, la mise en place de cadres régionaux d’accréditation, de qualification et d’assurance de la qualité constitue une première étape importante.

Le dernier chapitre de cette section (Santé, migration des jeunes et développement), rédigé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), met l’accent sur les déterminants sociaux de la santé des migrants. Il examine comment l’absence de protection et de promotion des droits, les politiques restrictives d’immigration et d’emploi et les attitudes anti-immigrés généralisées entraînent une inégalité d’accès aux soins et aux services de santé, ce qui accroît les risques pour la santé des jeunes migrants. Etant donné que certains de ces risques sont plus élevés pour les jeunes et renforcés davantage par d’autres risques liés à la migration, il est recommandé avant tout de veiller à ce que les migrants adolescents et jeunes bénéficient de services de santé appropriés.

intégrer La migrationLa troisième section de l’ouvrage explore la question de l’intégration de la migration, c’est-à-dire son insertion, aux plans national et local, dans les structures de gouvernance, les mandats, les politiques et les activités de planification du développement. Elle explore également la question essentielle de la participation des jeunes migrants.

Le chapitre 12 (Intégration de la migration des jeunes dans les stratégies nationales de développement), rédigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), évalue, en analysant les politiques et les programmes correspondants, la mesure dans laquelle la migration des jeunes a été intégrée dans la planification du développement. Il constate que dans la plupart des pays, c’est loin d’être le cas. Enfin, il met en avant des approches prometteuses et appelle instamment à redoubler d’efforts pour intégrer la migration des jeunes dans tous les aspects de la

gouvernance, ce qui, estime-t-il, est essentiel à la mise en œuvre de politiques et de pratiques cohérentes et efficaces.

Le chapitre suivant (Autorités locales, migration et jeunes), rédigé par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), souligne le rôle central que jouent les collectivités locales pour ce qui est de gérer l’impact et les conséquences des migrations et des migrants – des jeunes, en particulier – sur l’économie locale, l’emploi, les services et la vie de la communauté. Il exhorte les autorités locales à accorder une attention particulière à l’intégration des migrants et à associer les jeunes aux consultations et aux activités. Les villes étant les épicentres de la mobilité humaine, les autorités locales sont bien placées pour identifier et résoudre les problèmes que rencontrent les jeunes migrants et encourager leur participation par des politiques et des pratiques locales.

Le chapitre 14 (Renforcer la participation des jeunes migrants), auquel ont contribué plusieurs acteurs et institutions, notamment ONU-Habitat, l’UNESCO et l’UNICEF, met l’accent sur la participation des jeunes migrants aux débats politiques et aux processus de gouvernance qui affectent leur vie, ainsi qu’aux organisations de jeunes et de la société civile. Les jeunes migrants et les jeunes nés de parents migrants étant particulièrement exposés au risque de discrimination et d’exclusion sociale, il est essentiel, pour les intégrer, de favoriser leur participation à la société civile, à la vie locale et à la prise de décisions qui les concernent. Plusieurs mesures concrètes ont été recommandées afin de favoriser une participation significative des adolescents et des jeunes.

changements environnementaux et migrationCette section met en avant la vulnérabilité des jeunes aux effets de la dégradation de l’environnement et du changement climatique, ainsi que le rôle potentiellement déterminant qu’ils peuvent jouer pour ce qui est de promouvoir le développement local et la résilience.

Dans une brève introduction, Benjamin Schraven (Institut allemand pour le développement) met en avant les facteurs environnementaux, socioéconomiques, culturels, politiques et démographiques complexes et interdépendants qui influencent le rapport qui existe entre, d’une part, le changement climatique et la dégradation de l’environnement et, d’autre part, la migration.

Le chapitre 15 (Jeunes, changements environnementaux et migration), rédigé par l’OIM et le Fonds des

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

Nations Unies pour la population (UNFPA), aborde les changements environnementaux en tant que déclencheurs de migration, observant que des changements environnementaux différents entraînent des types de migration différents. Il souligne qu’il ne faut pas considérer la migration comme un échec à s’adapter aux changements environnementaux, mais comme une stratégie d’adaptation. Enfin, il analyse les relations qui existent entre les jeunes, la migration et les changements environnementaux, insistant sur l’urgent besoin d’améliorer la base de connaissances correspondantes.

L’autre chapitre de cette section (Changements climatiques, migrations internationales et jeunes), rédigé par Susan Martin (Université de Georgetown), fait le point des connaissances actuelles sur le changement climatique et la migration, mettant l’accent sur l’impact potentiel maintenant admis qu’a le changement climatique sur le déracinement d’un grand nombre de personnes. Dans ce contexte, les jeunes peuvent migrer localement ou internationalement, de façon volontaire ou forcée. Il est noté que les migrants déplacés par le changement climatique sont souvent des jeunes gens qui doivent, face à la catastrophe écologique, soutenir

leur famille par des transferts de fonds ou des envois en nature.

Ces deux chapitres font valoir que les changements environnementaux, soudains ou progressifs, influencent directement et indirectement la propension à migrer, que ces changements et les déplacements qui en résultent vont probablement s’intensifier dans les années à venir et toucheront particulièrement les jeunes, et que les lois, les politiques et les mécanismes institutionnels existants ne permettent pas d’affronter ce phénomène complexe. Globalement, cette section énonce plusieurs recommandations qui soulignent la nécessité de poursuivre les recherches et la collecte de données et d’élaborer des principes directeurs communs, notamment en ce qui concerne la protection des personnes déplacées du fait de changements environnementaux ou climatiques. Elle souligne, en particulier, l’importance d’adopter des approches ciblées, participatives et dynamiques, qu’il s’agisse de stratégies globales de gouvernance des migrations et de développement, d’appui à la réduction des risques de catastrophe et aux interventions humanitaires, de participation des diasporas et d’élaboration de stratégies de médiation.

© UNICEF/NYHQ2012-0888/BRIAN SOKOL

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

Messages clés et recommandations de politique générale

L es sections finales du rapport, qui regroupent les messages clés et les recommandations de politique générale des 17 chapitres, sont reprises

intégralement ci-après. Les messages clés résument les principaux enjeux et défis recensés dans chaque chapitre. Les recommandations, également reprises de chaque chapitre, dessinent ensemble une politique globale de migration des jeunes. Il est à noter que la liste ne représente, de la part du GMG, ni un classement, ni une « présélection » dans le but d’une sensibilisation plus ciblée. Plusieurs sections énoncent des recommandations générales sur les politiques et les pratiques nationales en matière de migration des jeunes, tandis que d’autres se concentrent sur des domaines spécifiques et sur les institutions gouvernementales et non gouvernementales concernées.

messages cLés1. Les jeunes migrants représentent, avec quelque 28 millions de 15 à 24 ans, une proportion importante du stock mondial de migrants (12 % en 2013).La migration offre aux jeunes femmes et hommes la possibilité d’obtenir un emploi productif et décent, d’améliorer leur situation socioéconomique, d’acquérir de nouvelles compétences et d’accroître leur capital humain et financier. Appelée à se développer, elle permettra dans une énorme mesure aux jeunes d’intensifier et de soutenir, dans le monde, le développement, la productivité et la stabilité économique. Les jeunes sont souvent confrontés à des possibilités limitées de travail décent ; certains font face à des situations politiques, sociales ou quotidiennes qui les obligent à quitter leur pays. D’autres migrent pour rejoindre leur famille, se marier ou étudier à l’étranger. Dans le même temps, des jeunes sont en demande

© UNICEF/NYHQ2002-0100/Markisz

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

d’emploi à tous les niveaux de compétence dans les pays de destination.

2. On dispose de peu de données concrètes sur les jeunes migrants.Les données disponibles sur la migration globale se concentrent notamment sur les stocks, et par conséquent renseignent peu sur l’âge, le sexe et l’éducation des migrants ou sur d’autres facteurs importants. Or, pour mettre en œuvre de bonnes politiques et pratiques de gouvernance, il faut disposer, sur ce point, d’une base plus solide en recueillant et diffusant des données détaillées et ventilées par âge et sexe, pays de citoyenneté, éducation, profession, situation professionnelle, qualifications et niveau de compétence. En disposant d’informations concernant, par exemple, la santé, l’éducation, la couverture sociale, le statut au regard de la législation relative à l’immigration, les permis de travail et de séjour, les changements de nationalité et la filiation des jeunes, on pourra, pour ces derniers, concevoir et mettre en œuvre des politiques efficaces. Il faudra, pour cela, mener des recherches aussi bien qualitatives que quantitatives. Or, de nombreux gouvernements n’ont pas les capacités requises pour recueillir, analyser et utiliser ces données, qui sont nécessaires pour concevoir et mettre en œuvre des politiques et des pratiques efficaces.

3. Les jeunes migrants sont exposés à des risques accrus du fait de leur âge, de leur sexe, de leur statut au regard de la législation relative à l’immigration et de leur identité culturelle. Il faut que les politiques traitent ces conditions, risques et vulnérabilités spécifiques, en tenant compte de la capacité de résistance et d’adaptation de ces personnes.Les jeunes migrants, généralement résilients, ambitieux et adaptables, sont recherchés par les employeurs. Cependant, tandis que les jeunes hommes font souvent face à l’exclusion sociale, à la rupture avec la famille et à l’absence de protection sociale, les jeunes femmes sont davantage exposées aux abus, à la discrimination et à la violence fondée sur le sexe, y compris la violence sexuelle. Les jeunes migrants qui appartiennent à certains groupes ethniques ou culturels, ainsi que les jeunes handicapés, rencontrent des difficultés particulières. Les données disponibles montrent que les jeunes, en particulier les jeunes migrants, risquent davantage de connaître le chômage, le manque d’accès à un travail décent, des conditions de travail abusives, un accès insuffisant à la formation technique et professionnelle, la marginalisation et l’exclusion sociale. Or, on peut assurer leur développement, leur protection, leur emploi, leur participation et leur inclusion sociale en mettant en œuvre, en fonction du groupe d’âge, du niveau d’instruction et de compétence et du sexe, des

approches et des cadres qui tiennent dûment compte de leurs diverses attentes, expériences, difficultés et possibilités.

4. Le cadre normatif international des droits de l’homme et du travail s’applique à tous les migrants, indépendamment de leur statut, y compris les adolescents et les jeunes.La protection, le respect et la réalisation des droits fondamentaux de tous les jeunes migrants sont la base des politiques de migration et de développement efficaces. Les restrictions et violations pures et simples de ces droits (y compris ceux des personnes en situation irrégulière) ont d’importants effets néfastes qui exposent les jeunes migrants à la discrimination, à l’exclusion sociale, à la violence, aux abus et à l’exploitation alors qu’ils passent de l’enfance à l’âge adulte. L’impact de ces restrictions et violations est largement inexploré, mais il est clairement associé, notamment, à des problèmes de santé mentale et de développement psychosocial qui non seulement sont néfastes à court terme, à un stade critique du développement de l’individu, mais aussi réduisent fortement, à long terme, les perspectives et les bienfaits que la migration peut offrir à ces jeunes et à leurs communautés. Une approche de la migration et du développement fondée sur des droits de l’homme, sensible à l’âge et axée sur l’équité est essentielle pour assurer la réalisation des droits de tous, femmes et hommes, dans le contexte de la migration et libérer le potentiel positif de la migration des jeunes. Dans le même temps, il faudrait reconnaître et traiter les vulnérabilités des jeunes migrants liées à l’âge et au sexe par une réforme législative et politique, et habiliter les jeunes à revendiquer leurs droits.

5. En facilitant l’accès équitable des jeunes migrants et de leur famille à la protection sociale, y compris les soins de santé et/ou l’assurance-maladie, on accroît leur bien-être et leur contribution au développement.La protection sociale est essentielle pour faire face aux risques économiques et sociaux ; or, les jeunes migrants n’y ont souvent qu’un accès limité, lorsqu’ils n’en sont pas carrément exclus. Cela vaut particulièrement pour l’accès à l’assurance-maladie, la portabilité et les services de soins. D’importantes mesures ont été prises dans plusieurs régions pour améliorer l’accès des migrants, y compris les jeunes, à la protection et à la sécurité sociales. Il est essentiel de veiller à ce que les migrants adolescents et jeunes soient couverts par les mécanismes existants de protection sociale afin d’éliminer les obstacles liés à la nationalité et à la situation juridique ainsi que les restrictions à la portabilité, et d’assurer la prise en compte des besoins spécifiques des jeunes migrantes.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

6. L’égalité des sexes doit être prise en compte dans les politiques et pratiques qui touchent les jeunes migrantes.L’égalité des sexes est une condition essentielle de la pleine jouissance de leurs droits fondamentaux par les jeunes, femmes et hommes. Les jeunes femmes constituent une partie importante du phénomène de la migration et sont souvent confrontées à de multiples formes de discrimination, en tant que femmes, jeunes et migrantes, ainsi que pour des motifs ethniques ou raciaux. Pour de nombreuses jeunes femmes, la migration est une opportunité et une expérience enrichissante. Pour d’autres, cependant, elle est une source de vulnérabilité, de violence et de problèmes. Pour maximiser les aspects positifs de la migration pour les jeunes femmes tout en minimisant les dommages potentiels, il faut mener des politiques spécifiques. Tout au long du présent rapport, il est préconisé de recueillir et de diffuser des données ventilées par sexe et par âge  ; de promouvoir l’autonomisation économique et sociale des femmes  ; de protéger les droits, la sûreté et la sécurité des jeunes migrantes dans la législation, l’administration et la pratique  ; de permettre aux femmes de participer activement aux décisions qui les concernent et aux activités d’organisations de jeunes et de la société civile  ; d’accroître l’accès aux services de soins primaires et de santé reproductive ; d’accroître l’accès à un travail décent, à l’éducation et à la formation ; de communiquer sur l’expérience de la migration et les droits des femmes  ; de faire en sorte que les jeunes migrantes possèdent et conservent des documents qui prouvent leur identité et leur âge  ; et de prévenir la traite tout en protégeant les victimes. Il est essentiel de reconnaître et de promouvoir la contribution que les migrantes apportent, comme agents du changement, au développement dans leur vie personnelle, dans leur vie familiale et dans leurs pays d’origine, de transit et de destination.

7. En assurant un travail décent, on renforce les bienfaits que la migration présente pour le développement, ainsi que la protection et l’inclusion des jeunes travailleurs migrants.Les facteurs d’incitation au départ et d’attraction s’intensifient : les taux de chômage élevés et l’absence de perspectives poussent les jeunes à migrer, tandis que la demande de main-d’œuvre et de compétences mobiles est permanente, structurelle et croissante, tirée par le progrès technologique, l’évolution des marchés et les transitions démographiques. Nombre de jeunes migrants, cependant, se heurtent à des abus, à l’exploitation, à l’absence de protection au travail, à la discrimination professionnelle dans les pays de destination, au chômage et à l’exclusion. Le défi, pour les gouvernements, consiste principalement à assurer

une protection complète des droits et un travail décent, y compris par une inspection du travail efficace, l’inclusion sociale de tous les jeunes migrants et une plus grande liberté de circulation des personnes dans les communautés régionales d’intégration économique.

8. Un travail décent, une croissance économique et un développement durable qui accroissent les possibilités et la mobilité sociale des jeunes sont essentiels pour faire en sorte que la migration soit une question de choix éclairé plutôt que de nécessité.Des jeunes de nombreux pays, en particulier de zones rurales, sont obligés à migrer du fait du manque de perspectives d’emploi décent, de l’accès limité au crédit, aux ressources et aux marchés, et du manque d’attrait ou de pérennité du travail traditionnel. Une migration qui fait suite à un choix éclairé a toutes les chances de produire un effet positif sur le développement. En offrant la possibilité de rester au pays, on peut réduire la migration illégale et améliorer le développement local. Il faut, pour cela, créer des possibilités de travail décent pour les jeunes, faciliter l’accès aux services financiers, au crédit et aux marchés, améliorer la qualité de l’éducation et des services de santé, et encourager une participation significative des jeunes migrants aux décisions qui affectent leur vie.

9. Les envois de fonds par les jeunes migrants jouent un rôle croissant dans l’économie de nombreux pays en développement, mais ne sont pas une panacée pour surmonter les défis.Ces fonds sont la partie des revenus personnels que les migrants envoient chez eux, généralement à des parents, pour répondre à des besoins élémentaires tels que l’alimentation, le logement, l’habillement, les soins et l’éducation. Ils peuvent avoir un important impact sur la réduction de la pauvreté et le développement du capital humain. En rendant les transferts plus abordables et accessibles pour les jeunes migrants, on peut améliorer leur impact sur le développement. En facilitant l’accès, l’économie et l’utilisation des canaux officiels, on réduira les incitations à utiliser des canaux informels, moins fiables. Le recours aux technologies de la communication pour transférer des fonds constitue un premier pas vers l’accroissement de leur impact sur le développement.

10. Les enfants de migrants constituent une part importante et croissante des jeunes dans de nombreux pays.Cependant, ils sont, en matière de résultats scolaires et d’accès à l’emploi, souvent moins bien lotis que leurs pairs non immigrés. L’intégration des parents par l’emploi et la formation, la promotion d’une éducation de la petite enfance dans un environnement multiculturel

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

et le développement des possibilités de formation professionnelle sont des remèdes qui ont fait leurs preuves dans certains pays de l’OCDE.

11. En améliorant la qualité et en harmonisant les normes de l’enseignement supérieur et professionnel au plan international, on peut créer des situations « gagnant-gagnant » pour les étudiants et les employeurs des pays aussi bien d’origine que de destination.Le nombre d’étudiants qui migrent croît rapidement, tendance qui devrait se poursuivre. Il faut, pour l’enseignement supérieur et professionnel, instaurer une collaboration internationale, notamment définir des terminologies et des critères d’unification des cadres réglementaires, afin de faire en sorte que les qualifications obtenues à l’étranger soient reconnues en interne et inversement. Il est essentiel de dialoguer et de collaborer au plan international pour définir des normes qui puissent être mutuellement reconnues.

12. Certains risques de santé sont plus élevés pour les jeunes migrants, et renforcés encore par d’autres risques liés à la migration.La santé est, pour les jeunes migrants, un atout essentiel, aussi bien pour leur emploi productif que pour la santé publique des communautés d’accueil. Les migrants sont souvent exposés à des risques de santé accrus du fait de leurs conditions de transit et d’arrivée. Ces conditions sont exacerbées lorsque les migrants n’ont pas accès aux services d’éducation, de prévention, de diagnostic et de traitement. Des facteurs liés au genre accroissent souvent ces risques. Il est essentiel que les systèmes de santé publique ciblent délibérément les jeunes migrants. Des données précises sur leur santé, ainsi que sur leur accès à des services et à des informations culturellement appropriés, y compris sur la santé sexuelle et reproductive et sur les services disponibles, sont la clé pour élaborer des politiques globales adaptées à chaque groupe d’âge.

13. Il est essentiel d’intégrer la migration dans la planification du développement et dans la gouvernance globale pour obtenir des politiques et des pratiques cohérentes et efficaces.La migration est un facteur clé qui influence le développement durable dans le monde entier. Elle affecte les aspects économiques, sociaux, politiques, administratifs et autres de la gouvernance des pays d’origine, de transit et de destination des migrants. Elle a donc directement ou indirectement sa place à l’ordre du jour d’un large éventail de ministères et d’organismes publics aux niveaux national et local. Le fait de l’intégrer dans la planification du développement et dans d’autres volets d’une approche interministérielle part du constat qu’elle a des incidences sur toute action planifiée dans

le cadre d’une stratégie de développement et/ou de réduction de la pauvreté. La grande proportion de jeunes dans les flux migratoires actuels et leur forte présence dans le stock de migrants obligent à tenir pleinement compte de leurs situations, besoins et perspectives spécifiques dans toutes les lois et politiques relatives à la migration.

14. Les villes sont les épicentres de la mobilité humaine ; les autorités locales sont donc bien placées pour résoudre les problèmes que rencontrent les jeunes migrants.Les autorités, institutions, politiques et programmes locaux sont essentiels pour assurer l’accès des jeunes migrants à l’emploi, au logement, à l’instruction et aux soins de santé, ainsi que leur participation, et pour prévenir l’exclusion. Les politiques nationales qui favorisent l’intégration et l’inclusion aident les autorités locales à promouvoir des villes et des quartiers inclusifs et, partant, la contribution des migrants – en particulier des jeunes, femmes et hommes – au développement. L’interface avec les organisations de migrants est essentielle  ; les associations de jeunes migrants et de migrantes auront besoin qu’on les aide à obtenir une légitimité et à participer effectivement à l’administration locale.

15. Les jeunes nés de parents migrants sont particulièrement exposés au risque de discrimination et d’exclusion sociale  ; il est essentiel, pour les intégrer, de favoriser leur participation à la société civile et à la prise de décisions qui les concernent.Il est essentiel, pour réaliser les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels des adolescents et des jeunes, de mettre en place des mécanismes qui favorisent leur participation réelle aux affaires publiques et à la vie des communautés d’accueil. Les jeunes migrants qui voyagent seuls, les mineurs non accompagnés, les adolescents qui restent au pays quand les parents émigrent et ceux nés de parents migrants dans les pays de destination sont particulièrement exposés au risque d’exclusion. La mise en œuvre délibérée, aux niveaux local, national et régional, de politiques et de programmes destinés à favoriser la participation et l’inclusion sociale des adolescents et des jeunes touchés par la migration est essentielle pour promouvoir leur bien-être et leur intégration et soutenir l’inclusion sociale. Il peut être particulièrement utile de faciliter leur participation à des organisations de jeunes, à des organisations de la société civile et à des syndicats.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

16. Les changements environnementaux, soudains ou progressifs, influencent directement et indirectement la propension à migrer ; ces facteurs et les déplacements qui en résultent vont probablement s’intensifier dans les années à venir et toucheront particulièrement les jeunes.La migration peut être une stratégie d’adaptation pour les jeunes qui participent activement à la lutte institutionnelle contre les changements environnementaux. Sensibiliser, impliquer et responsabiliser les jeunes  : tel est le cœur de cette action. C’est également une composante importante de la gouvernance des migrations dans ce contexte. Cependant, on manque de données sur la relation complexe qui existe entre la dégradation de l’environnement et le changement climatique. Il n’existe pas de cadre de protection pour les personnes déplacées du fait de ces changements, et les lois, politiques et arrangements institutionnels existants sont insuffisants pour répondre à ce type précis de mobilité humaine.

17. La migration internationale, notamment celle des adolescents et des jeunes, doit être un élément fondamental du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.

Du fait des incidences sociales, économiques, financières et politiques des changements démographiques, avec des pays développés confrontés à un vieillissement de la population et à une diminution de la main-d’œuvre alors que de nombreux pays moins développés connaissent une explosion démographique des jeunes, la migration constitue un enjeu et un atout majeur du développement. À ce titre, il faut qu’elle soit une composante explicite et importante du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015. L’exposé de principes que le GMG a consacré, en octobre 2013, à l’intégration de la migration dans le programme de développement pour l’après-2015 a mis en avant le consensus inter-institutions selon lequel les droits fondamentaux (y compris le droit au travail) et le bien-être des migrants devraient être traités au moyen d’indicateurs dûment ventilés. Il est également convenu que le fondement essentiel, pour traiter la migration et le développement, est un cadre normatif qui garantisse les droits fondamentaux et l’égalité d’accès et d’opportunité, et implique un partage des responsabilités entre pays d’origine et de destination. Pour intégrer la migration des jeunes, on a besoin d’objectifs, de buts et d’indicateurs ventilés, définis en consultation avec les jeunes migrants lorsque la migration vise la réalisation d’objectifs de développement précis.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

recommandations de PoLitique généraLe

1. Reconnaître et s’engager à traiter les questions de migration des jeunes• Il faudrait que les gouvernements, les parlements,

les décideurs, les partenaires sociaux et la société civile envisagent explicitement la migration des jeunes dans leur travail.

• S’engager à mettre en place des lois, des politiques, des programmes et des pratiques qui assurent le respect, la protection et la réalisation des droits de l’homme de tous les migrants adolescents et jeunes, et prennent en compte les différents besoins et contributions des migrants femmes et hommes.

2. Renforcer la base factuelle sur la migration des jeunes• S’engager à améliorer la collecte, la diffusion et

l’analyse de données sur les migrants jeunes et adolescents, ventilées par âge et sexe, niveau d’instruction, qualifications, emploi, situation professionnelle, niveau de compétence, pays d’origine, pays de naissance, pays de résidence précédente et pays de citoyenneté.

• Renforcer la capacité des gouvernements, de leurs institutions spécialisées et de leurs partenaires à obtenir ces données et d’autres informations sur la santé, l’éducation, la protection sociale, le statut au regard de la législation relative à l’immigration et la filiation des migrants, et à les appliquer à des politiques et programmes pertinents.

• Favoriser la recherche qualitative et quantitative sur l’expérience, la situation, les besoins et les aspirations des jeunes migrants.

• Recenser, diffuser et reproduire les bonnes pratiques pertinentes.

3. Adopter une législation nationale et locale sur la migration des jeunes • Adopter, en matière de politique et de pratique

de migration, une législation nationale et locale fondée sur la primauté du droit et sur les normes internationales relatives aux droits de l’homme, y compris les droits au travail, pour renforcer une gouvernance qui empêche la discrimination, la violence, l’abus, l’exploitation et l’exclusion des migrants jeunes et adolescents.

• Examiner et réviser, au besoin, la législation, la politique, les règlements et les pratiques appliqués en matière de migration pour s’assurer qu’ils se fondent sur les droits de l’homme et tiennent compte de l’âge et du genre.

• Élaborer et mettre en œuvre, en consultation avec les autorités locales, les ministères concernés et la société civile, y compris les jeunes migrants,

des politiques nationales et locales spécifiques (lois, plans d’action, structures institutionnelles et mesures concrètes) qui traitent efficacement les risques, les conditions, les besoins et le potentiel des jeunes migrants, et allouer à leur mise en œuvre des ressources humaines et matérielles suffisantes.

• Fournir aux autorités (état-civil, prestataires de services publics et privés, police, armée, gardes-frontières et personnel judiciaire), ainsi qu’aux acteurs sociaux qui interagissent avec eux, une formation à un comportement approprié, respectueux et sensible au genre envers les jeunes migrants et les membres de leur famille.

4. Appliquer une approche de la migration des jeunes et du développement qui soit fondée sur les droits de l’homme, sensible à l’âge et axée sur l’équité• Ratifier, appliquer et suivre toutes les conventions

internationales relatives aux droits de l’homme et au travail en relation avec la migration des jeunes17.

• Évaluer et réformer la législation et les politiques pour supprimer les obstacles juridiques et pratiques à la réalisation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels des jeunes dans le contexte de la migration, indépendamment de leur statut au regard de la législation relative à l’immigration.

• Tirer pleinement profit de la Convention relative aux droits de l’enfant pour faire avancer les droits des adolescents et des jeunes touchés par la migration. Les migrants de moins de 18 ans devraient bénéficier des protections spéciales que leur accordent les instruments relatifs aux droits de l’enfant, y compris l’application des principes directeurs de la CRC18.

• Les protections spéciales énoncées dans la CRC ne devraient pas cesser lorsque les adolescents atteignent l’âge de 18 ans, mais plutôt être adaptées pour aider les jeunes migrants à passer de l’enfance à l’âge adulte.

• Permettre aux adolescents et aux jeunes migrants de faire valoir leurs droits (y compris une représentation légale compétente et des voies de recours), notamment en assurant leur accès à la justice indépendamment de leur statut au regard de la législation relative à l’immigration et en renforçant la capacité des organisations dirigées par des jeunes.

• Veiller à ce que l’entrée et le séjour irréguliers ne soient pas classés comme infractions pénales dans la législation, et séparer l’offre de services des contrôles d’immigration.

• Améliorer les canaux de migration réguliers pour le travail et le regroupement familial, et pérenniser les mécanismes de régularisation.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

• Adopter ou réformer, tout en renforçant les capacités d’application, des lois, des politiques et des pratiques régionales et nationales propres à assurer le respect du principe qui interdit catégoriquement la détention liée à l’immigration de jeunes migrants non criminels de moins de 18 ans19.

• Offrir aux adolescents, et à leur famille lorsqu’ils sont accompagnés, des alternatives appropriées à la détention.

• Donner, dans le contexte de la migration, la priorité aux adolescents et aux jeunes, en particulier à ceux qui sont en situation irrégulière, dans la législation et les politiques destinées à prévenir la violence, le racisme, la xénophobie et la discrimination, ainsi qu’à aider les survivants.

5. Étendre les mesures de protection sociale aux jeunes migrants • Ratifier et appliquer les conventions internationales

relatives au droit à la sécurité sociale, y compris celles qui préconisent l’égalité de traitement et la portabilité pour les non-ressortissants.

• Promouvoir des accords bilatéraux et multilatéraux qui assurent au moins l’accès à la protection sociale de base aux adolescents et aux jeunes, notamment aux jeunes migrantes, dans les pays d’origine et de destination.

• Adopter des mesures unilatérales étendant la protection sociale à tous les migrants, y compris les citoyens qui vivent à l’étranger et les étrangers présents sur le territoire national.

• Veiller à ce que les mesures de protection sociale qui couvrent les migrants s’appliquent aux jeunes et aux régimes de migration temporaire et saisonnière.

• Appliquer les cadres régionaux existants de couverture sociale et de portabilité, tout en veillant à ce qu’ils s’appliquent aux migrants adolescents et jeunes.

6. Protéger les migrantes adolescentes et jeunes par des mesures sensibles au genre • Dans les établissements publics et privés, éliminer les

politiques, règlements et pratiques discriminatoires, et mettre en place des politiques, des règlements et des pratiques et politiques intégrant la perspective de genre qui assurent la pleine participation, la protection et l’autonomisation économique et sociale des migrantes jeunes et adolescentes.

• Mettre en place des mesures spécifiques pour combattre l’inégalité des genres en tant que facteur de migration ou obstacle à cette dernière ; abroger les lois et décourager les pratiques qui sont discriminatoires à l’égard des filles et des femmes.

• Adopter et appliquer des lois qui protègent contre le mariage précoce, la violence sexiste, y compris la violence sexuelle, et la traite; adopter une loi sur la famille qui spécifie l’égalité des droits des membres féminins de la famille restés au pays, y compris l’égalité d’accès à la propriété et à la terre ; et promulguer des lois pour autonomiser les jeunes femmes économiquement et socialement.

• Préparer les adolescents et les jeunes, notamment les filles et les jeunes femmes, à la migration en les informant sur leurs droits et sur ce à quoi ils doivent s’attendre dans le pays de destination, et en veillant à ce qu’ils aient et conservent l’accès à leurs certificats de naissance, passeports et autres moyens d’identification.

7. Créer des dispositions imposant un travail décent à tous les jeunes migrants • Adopter et appliquer à tous les migrants des normes

et des conditions de travail décentes conformément aux normes internationales.

• Améliorer l’application des cadres juridiques et politiques de libre circulation des personnes dans les communautés économiques régionales.

• Prévoir une inspection du travail dans les secteurs et les lieux où des migrants, en particulier des jeunes et des adolescents, sont employés.

• Assurer, en matière d’emploi et de formation, la non-discrimination et l’égalité des chances et de traitement à tous les jeunes migrants.

• Obtenir des données précises sur l’emploi des jeunes migrants, y compris la répartition et les caractéristiques des emplois, les conditions de travail et le niveau d’instruction.

• Intégrer l’emploi des jeunes, notamment des migrants, dans les plans nationaux de développement, les initiatives de réduction de la pauvreté et les programmes de travail décent.

8. Fournir aux jeunes des zones rurales des alternatives à l’émigration • Créer des possibilités de travail décent et d’accès

au crédit et aux marchés pour les jeunes là où ils résident, afin de faire en sorte que la migration soit un choix éclairé, pas une nécessité.

• Promouvoir l’investissement dans l’infrastructure rurale et l’agriculture pour faire en sorte qu’il demeure viable de rester sur place.

• Étendre l’accès à l’éducation, à l’apprentissage, à la finance et aux possibilités d’emploi pour les jeunes femmes et hommes des zones rurales, y compris les jeunes migrants handicapés, en garantissant le respect des besoins et des situations de chacun.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

9. Faciliter les transferts de fonds et réduire leur coût pour les jeunes migrants • Renforcer les canaux officiels de transfert de fonds

et réduire le coût des transactions. • Faciliter l’accès des jeunes migrants aux services

financiers. • Promouvoir, par l’action publique, l’utilisation de

nouvelles technologies axées sur les jeunes, en collaboration avec les jeunes et le secteur privé.

10. Inclure les enfants d’immigrés dans les politiques d’intégration• Promouvoir l’intégration des enfants d’immigrés

dans les communautés et les marchés du travail en créant des programmes d’éducation et d’apprentissage ciblés.

• Développer les possibilités et les installations d’éducation de la petite enfance dans les communautés d’immigrés.

• Développer les possibilités de formation en cours d’emploi pour les enfants d’immigrés et les jeunes migrants.

• Renforcer l’intégration des parents migrants par la formation et l’emploi.

11. Faciliter la mobilité dans l’enseignement supérieur • Créer des cadres régionaux de gouvernance

de la qualité de l’enseignement supérieur et d’accréditation des établissements d’enseignement et de formation, ou renforcer ceux qui existent.

• Adopter des règles et des normes globales de gestion de la qualité et des titres des différentes formes d’enseignement supérieur, et surveiller systématiquement la mise en œuvre de l’accréditation des titres et de l’assurance de la qualité dans les politiques d’éducation transfrontalières.

• Créer des mécanismes de transférabilité et de reconnaissance des crédits de formation et des qualifications techniques et professionnelles, ou renforcer ceux qui existent.

• Collaborer avec les associations étudiantes pour assurer aux étudiants mobiles l’égalité des droits et des chances.

• Améliorer la situation des étudiants mobiles par des prêts étudiants, des services de logement, une assurance-maladie et des programmes connexes.

12. Veiller à ce que les services de santé desservent les migrants adolescents et jeunes • Mettre sur pied des projets et des plans nationaux

de santé publique afin de recenser, d’atteindre et d’inclure tous les migrants, en particulier les

adolescents, les jeunes et des groupes défavorisés tels que les jeunes migrants handicapés.

• Assurer spécifiquement l’accès des jeunes migrants aux services d’éducation à la santé, de prévention, de diagnostic et de traitement, dans la mesure des moyens du pays.

• Étendre les services ou installations de santé sensibles au genre, y compris la santé sexuelle et reproductive, aux régions où des migrants, en particulier des jeunes, peuvent être concentrés, et combattre les obstacles linguistiques et culturels à l’accès aux services, y compris par la formation d’agents de santé.

• Assurer l’accès des migrants en situation irrégulière à la santé en maintenant des pare-feu entre les services de santé et le contrôle de l’immigration.

13. Intégrer la migration des jeunes dans la gouvernance des migrations, dans les politiques nationales et dans la planification du développement• Inclure la migration des jeunes dans tous les aspects

pertinents de l’action publique, en particulier dans les plans et les politiques de développement.

• Créer un programme global de gouvernance des migrations qui intègre celle des jeunes dans les politiques nationales et respecte pleinement les droits de l’homme.

• Évaluer les incidences de la migration sur toute action de développement planifiée.

14. Associer les autorités locales à la gouvernance de la migration des jeunes • Mettre en œuvre, au plan local, des évaluations,

des politiques, des institutions, des mécanismes, des programmes et des actions propres à faciliter l’accueil et l’intégration des migrants, notamment des jeunes.

• Désigner les autorités locales chargées des politiques et des programmes de migration, et veiller à ce qu’elles soient accessibles aux jeunes migrants.

• Assurer, en matière de migration et de mobilité, un soutien national aux collectivités locales, et instituer des consultations intégrant autorités locales et jeunes migrants.

• Aider les associations de jeunes migrants, les associations de migrantes, et faciliter la participation des migrants à la société civile.

• Institutionnaliser la collecte de données sur la migration des jeunes au niveau local et comparer l’engagement des jeunes migrants auprès des autorités locales, y compris en matière de création de coalitions, de nouvelles technologies et de consultations locales.

21

La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

15. Promouvoir une participation significative des migrants adolescents et jeunes • Promouvoir une participation significative des

jeunes migrants à la formulation, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et des programmes qui les concernent en tant que jeunes et migrants, y compris au niveau local.

• Mettre en œuvre des programmes et des campagnes de prévention de la xénophobie, des stéréotypes, de la discrimination et de toute forme d’abus et d’exclusion des migrants adolescents et jeunes, et promouvoir leur pleine participation à la vie locale.

• Soutenir financièrement la participation des jeunes migrants, hommes et femmes, à des organisations de jeunes et de la société civile, ainsi qu’à des associations.

16. Traiter les liens qui existent entre l’environnement et la migration des jeunes • Faire mieux connaître le lien qui existe entre la

migration des jeunes, les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.

• Définir un cadre de principes et de mesures pour la protection des personnes déplacées par le changement climatique ou la dégradation de l’environnement.

• Développer la coopération institutionnelle pour ce qui est d’étudier le lien qui existe entre la migration, le changement climatique et la dégradation de l’environnement.

• Intégrer le déplacement motivé par le changement climatique ou la dégradation de l’environnement dans des programmes globaux de gouvernance de la migration.

• Intégrer le lien qui existe entre la migration, le changement climatique et la dégradation de l’environnement dans le Programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.

• Associer les communautés et les diasporas touchées à la planification et à la mise en œuvre de politiques participatives.

• Veiller à ce que les jeunes aient les moyens (information, éducation, ressources, compétences, réseaux, etc.) de relever le défi des changements environnementaux.

17. Intégrer la migration des jeunes dans le programme mondial de développement • Intégrer pleinement les migrations internationales,

y compris la migration des jeunes, dans le Programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.

• Prendre explicitement en compte les défis et les possibilités que recèle la migration des adolescents et des jeunes lorsqu’on fixera les objectifs, les buts et les indicateurs ventilés du Programme de développement pour l’après-2015.

• Promouvoir la participation des migrants adolescents et jeunes à la conception du Programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

L e présent rapport dresse un tableau complet de la situation à laquelle des millions de jeunes sont confrontés en tant que migrants, migrants

potentiels ou enfants de parents migrants. Globalement, il montre que la migration internationale des jeunes présente des opportunités, des risques et des défis. Avec de bonnes politiques en place, la migration peut devenir une expérience enrichissante qui aide les jeunes à développer les atouts et les compétences dont ils ont besoin pour réussir. Ainsi équipés, ils contribueront grandement au développement et au bien-être économique et social de leurs pays d’origine, de destination et de transit.

Une conclusion générale est qu’il faudrait que les gouvernements mettent en place un programme global de gouvernance des migrations qui intègre explicitement celle des jeunes dans les politiques, institutions et pratiques de développement. Il faudrait, aux niveaux local et national, concevoir des politiques et des mesures ciblées qui tiennent compte des besoins et des

contributions spécifiques des jeunes migrants, femmes et hommes, et les renforcer, au niveau mondial, par des mécanismes conçus dans un cadre institutionnel fondé sur les droits de l’homme. C’est dans cette optique que les contributions présentées dans le rapport complet exposent des moyens concrets de protéger, appuyer et autonomiser les jeunes migrants.

Toute politique de migration des jeunes doit se fonder sur le respect des droits fondamentaux des migrants, indépendamment de leur statut, et sur les principes généraux de la protection sociale. Les États qui ne l’ont pas encore fait sont invités à ratifier et à appliquer les instruments internationaux relatifs à ces droits, ainsi que les normes internationales du travail.

Il faudrait associer toutes les parties concernées, en particulier les partenaires sociaux, les organisations de la société civile et les jeunes migrants eux-mêmes, femmes et hommes, à la conception et à la mise en œuvre des politiques migratoires. Pour ce faire, il faudrait

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Conclusion

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La migration et les jeunes – Défis et opportunitésLa migration et les jeunes – Défis et opportunités

autoriser et aider les migrants jeunes et adolescents à participer à des organisations de la société civile, en particulier à des groupes de jeunes, à des syndicats et à des associations, conformément à leurs capacités.

Pour aider à faire en sorte que la migration soit un choix éclairé plutôt qu’une nécessité, il faut que les politiques de migration des jeunes s’attaquent aux causes profondes de ce phénomène dans les pays d’origine, intégrant des politiques spécifiquement axées sur les jeunes enfants et les adolescents, les filles et les jeunes femmes et les populations vulnérables, y compris ceux qui restent lorsque des parents migrent.

Il faut que les parties concernées dans les pays d’origine, de transit et de destination collaborent pour améliorer les filières officielles et réformer les politiques restrictives.

Compte tenu de l’ampleur des risques, des défis et des opportunités mis en évidence dans le rapport, il est essentiel, dans le cadre de développement des Nations Unies pour l’après-2015, de mettre l’accent sur la migration des jeunes, comme le souligne le document d’orientation par le GMG consacré à cette question. Pour ce faire, il faut définir un ensemble distinct d’objectifs et de cibles mesurables d’éradication de la pauvreté, de protection des droits de l’homme, d’accès à une éducation de qualité, à la santé, au logement, à la nourriture et à un emploi productif et décent pour tous, d’égalité des sexes, de protection de l’environnement et d’adaptation/réponse au changement climatique. Pour mesurer les objectifs et les cibles, il faudrait disposer d’indicateurs ventilés par âge et par sexe et tenant compte des migrants et des personnes nées à l’étranger. Une autre option prometteuse serait d’intégrer la migration dans un nouvel objectif de Partenariat mondial, qui amplifierait l’impact de la mobilité humaine comme catalyseur du développement.

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La migration et les jeunes – Défis et opportunités

notes

1. Peter Sutherland, Migration Is Development, 15 mars 2013, Project Syndicate (http://www.project-syndicate.org/commentary/migrants-and-the-post-2015-global-development-agenda-by-peter-sutherland).

2. http://www.un.org/sg/priorities/sg_agenda_2012.pdf 3. http://www.globalmigrationgroup.org/news/gmg-symposium-migration-and-youth-harnessing-opportunities-development-

17-18-may-2011-new-york Le Colloque a été organisé avant le débat thématique informel de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement et pendant l’Année internationale de la jeunesse.

4. Nations Unies (1981), Rapport du Comité consultatif pour l’Année internationale de la jeunesse, A/36/215, Annexe, Nations Unies, New York.

5. La Convention relative aux droits de l’enfant (CRC) définit l’enfant comme « tout être humain âgé de moins de 18 ans » (Article premier). Les enfants peuvent se voir accorder, par la législation nationale, certains droits et responsabilités à différents âges; cependant, il existe, en ce qui concerne la définition légale d’un enfant, un consensus international issu de la CRC.

6. L’adolescence est définie comme la période qui suit le début de la puberté et pendant laquelle une personne se transforme d’enfant en adulte. Elle revêt, par conséquent, un caractère très individuel et il n’existe pas de consensus scientifique ou juridique sur une définition précise de cet âge. L’ONU utilise, pour se référer à l’adolescence, la tranche d’âge 10-19 ans. Certaines personnes, cependant, peuvent éprouver certains des principaux changements physiologiques et psychologiques avant 10 ans et après 19 ans. La limite supérieure de l’adolescence est souvent portée à 21 ou 25 ans lorsqu’il s’agit de santé physique, sociale et mentale et de développement, afin de tenir compte du développement continu qui s’opère ces années-là. L’adolescence elle-même n’est généralement pas définie dans la législation, bien que les définitions soient souvent liées à la législation qui fixe l’âge de la majorité et l’âge requis pour bénéficier de droits et de responsabilités associés à l’âge adulte. Voir UNICEF (2011), La situation des enfants dans le monde. L’adolescence – l’âge de tous les possibles, New York.

7. UNICEF (2011), La situation des enfants dans le monde. L’adolescence – l’âge de tous les possibles, New York.8. Nations Unies, World Population Prospects: The 2012 Revision, Division de la population, New York, 13 juin 2013. Rapport,

communiqués de presse et documents connexes : http://esa.un.org/wpp/Documentation/publications.htm

9. Danzhen You et David Anthony (2012), Génération 2005 et au-delà, UNICEF, New York. 10. BIT, La crise de l’emploi des jeunes : Il est temps d’agir, Rapport V : 101e Conférence internationale du Travail, juin 2012,

ILC.101/V, Genève (http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---relconf/documents/meetingdocument/wcms_175421.pdf).

11. Équipe spéciale des Nations Unies chargée du programme de développement pour l’après-2015 (2012), Réaliser l’avenir que nous voulons pour tous. Rapport au Secrétaire général. Nations Unies, New York, juin 2012 (http://www.un.org/millenniumgoals/pdf/Post_2015_UNTTreport.pdf).

12. Voir, par exemple, Groupe des Nations Unies pour le développement (2013), Un million de voix : le monde que nous voulons (http://www.worldwewant2015.org/bitcache/cb02253d47a0f7d4318f41a4d11c330229991089? vid=422422&disposition=inline&op=view). Voir également la Déclaration de Dhaka de 2013 sur la dynamique de la population mondiale (http://www.worldwewant2015.org/node/319783).

13. GMG (2013), Integrating migration in the post-2015 UN Development Agenda: Position Paper, septembre 2013 (http://www.globalmigrationgroup.org/uploads/news/GMG-position-paper-Migration-and-post-2015-Development-Agenda.pdf).

14. Ce chapitre s’inspire du document Human Rights of Undocumented Adolescents and Youth produit par les mêmes auteurs, juillet 2013 (http://www.globalmigrationgroup.org/gmg/sites/default/files/uploads/gmg-topics/mig-data/Human-Rights-of-Undocumented-Adolescents-Youth.pdf).

15. Voir également Département des affaires économiques et sociales (2004), Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement, Les femmes et la migration internationale, A/59/287/Add.1ST/ESA/294.

16. Ce chapitre utilise le terme immigrés pour identifier les populations de migrants qui ont immigré et se sont généralement établies de façon permanente dans les pays de destination.

17. Ces instruments sont, notamment, la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille; les Conventions de l’OIT sur les travailleurs migrants (révisée) (n° 97) et (dispositions complémentaires) (n° 143) et sur le travail domestique (n° 189), ainsi que les autres conventions pertinentes de l’OIT et tous les instruments internationaux relatifs aux droits fondamentaux, à savoir le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le Pacte international relatifs aux droits de l’homme, à savoir la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale, la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la Convention internationale sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

18. Ce sont l’intérêt supérieur de l’enfant, la non-discrimination, le droit à la vie, à la survie et au développement et le droit de participer et d’être entendu.

19. Le Comité des droits de l’enfant a déclaré catégoriquement que les enfants ne devraient pas être incriminés ou soumis à des mesures punitives en raison de leur statut de migrant ou de celui de leurs parents. La détention d’un enfant constitue une violation des droits de l’enfant et contrevient toujours au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant. [...] Les États devraient [...] complètement cesser de détenir des enfants. Voir Comité des droits de l’enfant, Rapport de la Journée de débat général 2012. The Rights of All Children in the Context of International Migration, paragraphe 78 (http://www2.ohchr.org/english/bodies/crc/docs/discussion2012/ReportDGDChildrenAndMigration2012.pdf)