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Depuis la nuit des temps www.voile.banquepopulaire.fr La Banque de la Voile L’homme qui tombe à l’eau court un grand danger parce qu’il ne bénéficie pas des mêmes capacités à résister au froid que l’animal. Notre température corporelle est de 37°5. Notre corps produit sans cesse de l’énergie pour fonctionner. Nous sommes un peu comme l’addition d’une multitude de petites usines : une usine pour réfléchir, une pour respirer, une pour digérer… Lorsqu’on place un objet froid près d’un objet chaud, un échange thermique se produit jusqu’à ce que la température soit la même partout, équilibrée. Pour éviter de perdre trop d’énergie dans le froid, notre corps s’adapte et réagit avec ses moyens réflexes et musculaires. La température neutre où l’on ne perd ni ne gagne d’énergie est de 26 à 30° dans l’air et 35° dans l’eau. Dans la plupart des cas d’immersion, l’eau est donc apparemment froide pour notre corps Quant à l’homme, quels sont les moyens physiologiques qu’il utilise pour lutter contre le froid ? Comment les animaux resistent-ils au froid ? Les animaux qui vivent dans les régions très froides ont leur corps recouvert d’une épaisse fourrure ou d’un plumage particulier qui les protège du froid. On remarque que de l’air est emprisonné entre la peau et le revêtement de l’animal (plumes, poils, laine) qui isole ainsi son corps. Sous la peau, une épaisse couche de graisse protège les muscles du froid et empêche ainsi la chaleur de s’échapper. La graisse, la fourrure, les plumes et la laine sont de bons isolants thermiques.* * Un isolant thermique conserve aussi bien le chaud que le froid : il réduit les échanges thermiques. Depuis toujours, les hommes ont cherché à maîtriser les mers pour conquérir de nouveaux territoires, pour établir de nouveaux comptoirs commerciaux ou tout simplement pour se nourrir. Cependant, la mer reste dangereuse car elle n’est pas un milieu naturel pour l’homme. En effet, être plongé dans un élément liquide peut-être rapidement un danger même pour le meilleur des nageurs. Nager n’est pas une aptitude naturelle et notre organisme est rapidement menacé par le froid et le manque d’oxygène. Les animaux, eux, ont su s’adapter au cours des siècles afin d’être moins menacés que nous. En collaboration avec le docteur Jean-Marc Le Gac

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L’homme qui tombe à l’eau court un grand danger parce qu’il ne bénéficie pas des mêmes capacités à résister au froid que l’animal.

Notre température corporelle est de 37°5. Notre corps produit sans cesse de l’énergie pour fonctionner. Nous sommes un peu comme l’addition d’une multitude de petites usines : une usine pour réfléchir, une pour respirer, une pour digérer…Lorsqu’on place un objet froid près d’un objet

chaud, un échange thermique se produit jusqu’à ce que la température soit la même partout, équilibrée.Pour éviter de perdre trop d’énergie dans le froid, notre corps s’adapte et réagit avec ses moyens réflexes et musculaires.

La température neutre où l’on ne perd ni ne gagne d’énergie est de 26 à 30° dans l’air et 35° dans l’eau. Dans la plupart des cas d’immersion, l’eau est donc apparemment froide pour notre corps

Quant à l’homme, quels sont les moyens physiologiques qu’il utilise pour lutter contre le froid ?

Comment les animaux resistent-ils au froid ?

Les animaux qui vivent dans les régions très froides ont leur corps recouvert d’une épaisse fourrure ou d’un plumage particulier qui les protège du froid.

On remarque que de l’air est emprisonné entre la peau et le revêtement de l’animal (plumes, poils, laine) qui isole ainsi son corps. Sous la peau, une

épaisse couche de graisse protège les muscles du froid et empêche ainsi la chaleur de s’échapper.

La graisse, la fourrure, les plumes et la laine sont de bons isolants thermiques.*

* Un isolant thermique conserve aussi bien le chaud que le froid : il réduit les échanges thermiques.

Depuis toujours, les hommes ont cherché à maîtriser les mers pour conquérir de nouveaux territoires, pour établir de nouveaux comptoirs commerciaux ou tout simplement pour se nourrir. Cependant, la mer reste dangereuse car elle n’est pas un milieu naturel pour l’homme.

En effet, être plongé dans un élément liquide peut-être rapidement un danger même pour le meilleur des nageurs. Nager n’est pas une aptitude naturelle et notre organisme est rapidement menacé par le froid et le manque d’oxygène.

Les animaux, eux, ont su s’adapter au cours des siècles afin d’être moins menacés que nous.

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et nous perdons plus ou moins rapidement de l’énergie selon quelle est à 25° ou 10°C.

L’adaptation physiologique a pour but de diminuer la différence de température entre l’extérieur et notre peau.

Pour cela, notre corps contracte les petits vaisseaux sanguins qui sont sous la peau. Le sang chaud afflue un peu moins vers les zones exposées au froid et au vent pour moins refroidir le sang qui doit, en priorité, irriguer les organes vitaux avec du sang chaud : cerveau, cœur et organes principaux. C’est la vaso-constriction (resserrement du diamètre des vaisseaux sanguins).

Quelqu’un qui nous fait une bise en entrant dans notre maison par temps froid a les joues froides… Cette partie du corps exposée au vent et au froid subit une vaso-constriction.

Pour essayer de perdre moins de chaleur, nous avons la chair de poule. Ce mécanisme n’est plus tellement adapté car vivant dans des maisons chauffées et protégées nous avons perdu notre pilosité au cours de l’évolution.

Lorsque notre corps était davantage couvert de poils, aux premiers âges de la préhistoire, ce phénomène redressait nos poils et permettait de garder une couche d’air entre notre peau et l’extérieur. Le mécanisme de convection* était ainsi limité.

C’est ce qui se passe chez les animaux, quand il fait froid les oiseaux ont leurs plumes ébouriffées.

Le frisson est aussi un mode d’adaptation. Les contractions involontaires de nos muscles essayent de produire, par ces contractions, de l’énergie en plus grande quantité pour lutter

contre le froid. Mais cela n’a pas l’intensité d’une course à pieds et ne suffit pas à nous réchauffer. De plus, cela consomme plus de notre énergie (il faut alors absorber davantage de nourriture pour compenser)

Chacun d’entre nous a des moyens de lutte différents contre le froid selon sa constitution. La répartition des graisses sous la peau fait office de combinaison isolante. Quelqu’un de plus gras sera mieux protégé. Les femmes sont mieux prémunies par la répartition particulière de leurs tissus adipeux (les tissus graisseux).

Exposé longtemps au froid et mal protégé, le corps subit d’autres effets préjudiciables. Par exemple, nous avons plus souvent envie d’uriner (cela est dû à une sécrétion d’hormones) et nous avons moins de dextérité au niveau musculaire.Si notre température corporelle baisse trop, nous devenons endormis, notre cœur ralentit et cela peut aller jusqu’au coma, puis la mort si la situation se dégrade.

C’est ce qui arrive tous les ans aux gens qui s’endorment dehors parce qu’ils n’ont pas de logement.

* La convection : le corps d’une personne nue qui reste dans un courant d’air, réchauffe les molécules d’air autour de lui. Leur densité diminuant, elles sont remplacées par d’autres, plus froides et ainsi de suite. Ce mécanisme existe dans l’eau et dans l’air. Il est amplifié par le vent ou le courant.

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Il y a d’abord les vêtements. Un bonnet par exemple limite la radiation.* Lorsque l’on met un couvercle sur une casserole, son contenu chauffe plus vite.Il faut se rappeler l’adage suivant : « Si tu as froid aux pieds, mets un bonnet ! »

Le gain d’énergie est plus important par le couvre-chef qu’une triple paire de chaussettes car notre cerveau consomme beaucoup d’énergie et est très irrigué. Le protéger du froid est donc très efficace…pour tout notre corps.

Le principe d’un sous-vêtement près du corps est primordial : il maintient une couche d’air chaude et limite la convection. Il faut aussi préférer les textiles modernes qui ne s’imbibent pas de transpiration et ne restent pas humides. Un vêtement humide aurait un effet inverse par conduction*. Aujourd’hui, il existe des vêtements dits respirants qui laissent passer la vapeur d’eau dégagée par notre corps et imperméables au vent et à la pluie. Les vêtements ne doivent pas être trop larges pour que la zone d’air autour du corps ne soit pas trop volumineuse à chauffer. Ils ne doivent pas non plus être trop serrés pour ne pas gêner la circulation du sang.

Quand on pratique un sport nautique, l’idéal est d’être équipé d’une combinaison adaptée si l’eau est fraîche et que l’on se baigne. Il ne faut pas attendre d’avoir froid et de frissonner pour sortir de l’eau. On doit toujours se rafraîchir la nuque et s’adapter progressivement à la température de l’eau et non se jeter d’un seul coup dans l’eau. D’ailleurs, les coureurs de course au large ont des vêtements qui permettent de garder leur chaleur

corporelle lorsqu’ils tombent à l’eau. En général, quand les risques sont importants, ils enfilent les combinaisons isolantes en prévention.

Si l’on tombe par accident dans l’eau, il faut adopter des positions qui limitent la perte de température corporelle. On n’envisage de nager vers quelque chose que si l’on est sûr de l’atteindre !En nageant et en bougeant dans l’eau, on augmente en effet les déperditions thermiques.

* La radiation : C’est un autre mode de perte ou de gain d’énergie. Un peu comme un radiateur, nous perdons ou captons de l’énergie. Par exemple, s’il fait froid et qu’il y a des nuages, nous avons rapidement froid. Si par contre le soleil brille et malgré une température relativement basse, nous avons l’impression de capter de la chaleur. Ce mécanisme est prédominant en dehors de l’eau.

* La conduction : les molécules d’eau directement au contact de notre corps en récupèrent l’énergie. Ce mécanisme est prédominant quand on est immergé. Sur terre ferme ou sur un bateau, ce phénomène est plus infime. Nous perdons de l’énergie par conduction au niveau des pieds si nous sommes debout, des fesses si nous sommes assis ou du dos si nous sommes allongés.

* L’évaporation est le quatrième mode d’échange thermique. Si notre corps a un excès de production de chaleur, il fabrique de la sueur. Celle-ci en s’évaporant, consomme de l’énergie et nous rafraîchit. Cependant même par temps froid, nous continuons à perdre de l’énergie par un mécanisme d’évaporation. Si l’on souffle dans l’air froid, la vapeur d’eau que l’on voit est de l’évaporation.

Des moyens existent pour lutter contre le froid, en dehors de ceux propores à notre corps. Quels sont-ils ?

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