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Anton Grad REMARQUES SUR L'EiMPLOI DE L'APVERBE DE REP'.RISE SI EN ANCIEN FRANCAiIS Parmi les emplois si multiples en ancien fr.angais; de l'adverbe· si, issu du latin sic1, un des' plus interessarits du point de vue syntaxique est sans doute celui ou on le trouve en tete de la proposition principale consequente; c'est-a-dire precedee d'une subordonnee 2 Ce si de rappef, de reprise, cbricufrence en ancien frangais par d'autres adverbes temporels dans cette fonction (a savoi.r celle de raippeler, de reprendre, de resumer une circon- stance precedemment par la subordonpee) avait primritivement une valeur modale et s'employait deja en latin vulgaire en relation avec si conditionnel, mais il n'a pas tarde a prendre ie sens tetilporel3. · En ancien frangais, notre si de est plutot rare dans les prin- cipales precedees d'une subordonnee conditionnelle 4 : · · se· cms. creioit Dieu en ches quatre pays, si seroient tous christiens jusques en Egypte, Chronique de Jean d',Outremeuse, III, 54,. 9; ibid., I, 10, 11; Si vus ne les .volez regar.der .. Si averount mensourige trove, Fabliaux, p. p. Montaiglon, II, 253; Se il e.stoit ocis, s'an seron delivre, Parise, 1182 5 ; avec d'autres adverbes de reprise: Se tu esteies . are occis, - 1 . Cf. Lerch, Historische franzosische Syntax,' I, p. 59 ss; Foulet, Petite syn- taxe de i'ancien franr;ci,is, ed., p. 300 ss; · „. 2 Cf.)Diez, III, & 344; Meyer-Liibke, Rom. Gramm„ UI, § 651; Lei'ch, o. c„ I, p; 66 ss; Imbs, Les propasitions temporelles en ancien franr;ais, Paris, 1956, p. 48 s. 8 Cf. Lerch, o. c„,I, p. 69, Imbs, o'. c., p. 48css: Si ... laetitiae ... namen aliud dediderint, sic aegritudini ... 'aliud vocabulum congruebat, Lactance, Inst., 6; pour plus d'exemples v. Stolz-Schmalz-Hofmann, Lat. Grammatik, ed., 1928, p. 772; sic = alors, ensuite est atteste deja chez TertuUien (3" 'S'1ecle). 4 Selon M. IN'issen,· L'ordre des mots dans la Chronique de Jean d'Outre- meuse, these pour le doctorat, Uppsala, 194.3, on l'evite a cause de sa resslim- blance avec la conjonction se (si) . 5 I1 ne faut pas confondre le si· de reprise avec ie si i;tdvers.atif. (= cepen- itlant, .pourtant, toutefors, tout. de meme, neanmo,ins) qu'on retrouve ·-jusqu•au 17• siecle: S'estiies cent a cascun des Zor. dos„ Si. venront il asanler avuec vos, Ch. d'Asprempnt, 6061-62; Dans les principales negatives, ce si adversatif fait defaut, mais fa ·principale .retient l'ordre des mots inverse (VS): S'H estqient de ,fin achier tenpre, ;r\T'avroient il envers nos pqeste, Ch. d'Aspremont,„5238. Cf. Lerch, o; c., I, p. 62 s, Franzen, Etude sur la syntaxe des pronoms .i>ersonnels ,sujets en ancien franr;ais, these pour le doctorat, Uppsala. 1939, p. 131, 151, 155, Grad. L'inversion du sujet dans la principale precedee .d'une· subordonnee en ancien franr;ais; dans Razprave Cla'Sse II, Ljubljana, 1956, p., 77 ss. 5

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Anton Grad

REMARQUES SUR L'EiMPLOI DE L'APVERBE DE REP'.RISE SI EN ANCIEN FRANCAiIS

Parmi les emplois si multiples en ancien fr.angais; de l'adverbe· si, issu du latin sic1, un des' plus interessarits du point de vue syntaxique est sans doute celui ou on le trouve en tete de la proposition principale consequente; c'est-a-dire precedee d'une subordonnee2• Ce si de rappef, de reprise, cbricufrence en ancien frangais par d'autres adverbes temporels dans cette fonction (a savoi.r celle de raippeler, de reprendre, de resumer une circon­stance err~ncee precedemment par la subordonpee) avait primritivement une valeur modale et s'employait deja en latin vulgaire en relation avec si conditionnel, mais il n'a pas tarde a prendre au~si ie sens tetilporel3.

· En ancien frangais, notre si de rep~ise est plutot rare dans les prin-cipales precedees d'une subordonnee conditionnelle4: · ·

se· cms. creioit Dieu en ches quatre pays, si seroient tous christiens jusques en Egypte, Chronique de Jean d',Outremeuse, III, 54,. 9; ibid., I, 10, 11; Si vus ne les .volez regar.der .. „ Si averount mensourige trove, Fabliaux, p. p. Montaiglon, II, 253; Se il e.stoit ocis, s'an seron delivre, Parise, 11825; avec d'autres adverbes de reprise: Se tu esteies . are occis,

-1. Cf. Lerch, Historische franzosische Syntax,' I, p. 59 ss; Foulet, Petite syn-taxe de i'ancien franr;ci,is, 3° ed., p. 300 ss; · „. ~

2 Cf.)Diez, III, & 344; Meyer-Liibke, Rom. Gramm„ UI, § 651; Lei'ch, o. c„ I, p; 66 ss; Imbs, Les propasitions temporelles en ancien franr;ais, Paris, 1956, p. 48 s.

8 Cf. Lerch, o. c„,I, p. 69, Imbs, o'. c., p. 48css: Si ... laetitiae ... namen aliud dediderint, sic aegritudini ... 'aliud vocabulum congruebat, Lactance, Inst., 6; pour plus d'exemples v. Stolz-Schmalz-Hofmann, Lat. Grammatik, 5° ed., 1928, p. 772; sic = alors, ensuite est atteste deja chez TertuUien (3" 'S'1ecle).

4• Selon M. IN'issen,· L'ordre des mots dans la Chronique de Jean d'Outre­meuse, these pour le doctorat, Uppsala, 194.3, on l'evite a cause de sa resslim­blance avec la conjonction se (si) .

• 5 I1 ne faut pas confondre le si· de reprise avec ie si i;tdvers.atif. (= cepen­itlant, . pourtant, toutefors, tout. de meme, neanmo,ins) qu'on retrouve ·-jusqu•au 17• siecle: S'estiies cent a cascun des Zor. dos„ Si. venront il asanler avuec vos, Ch. d'Asprempnt, 6061-62; Dans les principales negatives, ce si adversatif fait defaut, mais fa ·principale .retient l'ordre des mots inverse (VS): S'H estqient de ,fin achier tenpre, ;r\T'avroient il envers nos pqeste, Ch. d'Aspremont,„5238. Cf. Lerch, o; c., I, p. 62 s, Franzen, Etude sur la syntaxe des pronoms .i>ersonnels ,sujets en ancien franr;ais, these pour le doctorat, Uppsala. 1939, p. 131, 151, 155, Grad. L'inversion du sujet dans la principale precedee .d'une· subordonnee en ancien franr;ais; dans Razprave S~ZU, Cla'Sse II, Ljubljana, 1956, p., 77 ss.

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Linguistica

dunc n'ai jeo mais suz ciel amis1 Gormond. et Isembart, 215; s'il le puet · del cheval. abatre, Dunc sera il enfin honiz, Marie de France, .Lais, Milun, 354_:_55; S' Aumon, mon fil, avions avuec nos, Lorx verroit l'on quin 11eroient mellors, Cha:p.son d' Aspremont, · 6922-23, etc. ·

L' adverbe de reprise si est, au contraire, ·extrem,ement frequent apres une subordonnee temporelle introduite par la conjonction quarit (quand):

Quant il veneit devant le re~, si li soleit li ·.reis demander, Quatre Uvres des Rois, 107; Quant chascuris sor son cheval sist, Si s'acheminer,it tuit troi, Chr. de Troyes, Lancelot,. 3012'-13; Quant revenu sont, si se trait L'uns vers l'autre, Gerb. de· Montr„ Perceval,· 13731-32; E quant il l'eut prise, si li dond. on de l'avo?r, Clari, La Conqueste de. Ccinstanti­nople, IV (emploi tr.es frequent dans ce texte!) etc„ etc.

Ici ericore, si a des equivalents dans les .adverbes ayant une valeur tempore~le, co1!1me p. ex. done. adonc, lors,' puis: . . , . .

Quant veit li pedre que mais n'avrat amfant Mais que cel sul que il ·par amat fant, Dunc se purpenset del secle an avant, St. Alexis, 36-38; Quant derriers els le secors vei.ent, Idonc se sont ravigore, Eneas 3707-8; Quant la douce Vierge Marie Vit mort le trez dous fruit de vie, Lors se trait ele ver la crois, Passion, 1855-57; Quant les auront enterrez riche­. ment, Puis· noz copez les chies de maintenan, Amis et Amiles, 3165~66, etc.

On aura remarque, dans les exemples precedents, un phenome.ne syntaxique impcirtant:. l'adverbe de reprise entraine l'inversion du sU.jet!t de la. principale, · comme, selon une loi rythmique de l'ancienne langue, n'importe quel circostanciel ou complement (regime direct ou indirect)

· ou attribut, mis en tete de la proposition7•

Or, des que la principale consequente est introduite par un com"." plement (un regime direct ou· indirect), un circonstanciel ou un attribut, l'adverbe de reprise si (oU ses equivalents) n'est plus employe:

Quant crestien les nos orent tolus, Voiant nos els furer],t il bien batus, Ch. d'Aspremimt,' 6880~81; ·Quant li pluisur entendent q'wrri quist .. . ,· mult en fure;,,,t dolent, Saint Thomas, 17W-72; S~ .A'l).rabiz de venfr 'ne se repetent, La mort Rollant lur quid cherement rendre, Roland, 3011-12; Se ·il vqs puet sozprendre,' Honis' soit il. .. „ Gerb; de Montr„ Perceval, 2140-41; et s~il ne repaire ja mes, De nos avras tu bele pes, Eneas, 6049-50; Cum jo serai a.Loiin, en ma cambre, De.plusurs regnes viedrunt li hume estrange, Rolland, 2910-11; Car se jel savoie, m'amor Avriez vos perdue, Mera,ugis de Portlesguez, 798-99, etc.

II eii, e~t de ni.eme ,des cas ou la subordonnee est intercalee dans la principale, c'est-a-dire entre u'n. c.irconstanciel. terrtporel qui commence

· ·6 S'il devait etre exprime par un pron,.om' personnel, celui-ci pouvait etre \omis en ancien fran(,:ais, cf. Foulet, o. c„ §& 54, 442, 457-459.

7 Cf .. Meyer-Liibke, o. c„ in, 748; Foulet, o. c„ & 449; Lerch, o. c„ III, 395ss; iGrad, o. c„ p; 65 ss; Dauzat, Tableau de la'langue franr;aise, p. 49, attribue cette rnversion du sujet .aux influern:;~s germaniques. .

6

\

Anton Grad: L'aqverbe d·~ reprise si en ancien fran!;ais

la phrase et le reste de la principale: le circonstanciel fait· partie de la principale qui, par. consequenti est deja 'introduite: ·

Et le demain, quant v.int a l'.a:jcirner, Fist Carlemairies par tolte l'ost crier, Ch. d'Aspremont, i694~95; L'endemain, quant li jorz fu clers, se leva Perceval, La Queste del Saint Graal, 72, 22--:-23; Au matinet, quaiit · le jour vfrent, Se lieve Perchevaus, Gerb: de Montr„ 3220-21; Et lors, quant la nuit se depart, Se puet Meraugis merveillier, 'Mei'augis de Port...: lesguez, 1664-65, etc.s · ·

L'aqsence de i'adverbe de reprise dans nos:· derniers exemples s'ex­plique done par la pre~ence d'un.autre mot accentue devant le.verbe de la principale consequente, et ...,.... vice versa - l'emploi de l'adverbe 'de reprise si s'expl~que surtout - nous ne tarderons. pas a le voir ~ par l'absence d'un a-µtre mot accentue devant le verbe; car, l:a presence de

·l'adverbe de repris~ est °dU(,;! SUrtout aux, rafs6ns rytpmiques: on sait que, en an:cien. fran!;!ais, le verbe tend a occµper la seconde .place dans la phrase9 et c'est polirquoi il doit etre precede d'un mot ou groupe de mots accentue: . · · · . · .

1 • • •

Mais, ce mot ou groupe de mots acce-ntue ne pouvait-il :pas etre exprime per le sujet de la pr~ncipale dans tous nos cas? Ou bien, faut-il dire que la subordonnee teinporelle (introduite .par quant,· cum) ou con­dHionnelle (introduite par si, anc. fr. se) precedente, j6uant le role d'un birctmstanciel, entraine l'inversion _du sujet dans la principale consequente: meme quand ceHe-ci n'est pas «iritrodtiite»?

Or, les recherches10 ont clai.rement montre que ]es subordori.nees pre­cedant la principale et introduites par d'es conjonctions siinples (Quant,

· cum, se), heritees · du latin, n'exercent aucune influence sur l'ordre des mots de la principale postposee; l'inversion du sujet n'y a pas lieu, .Ia construction de 'la principale est done independante de la subordonnee precedente et elle ne differe pas,· a cet ~gard, de la constructiori. latin:e

· correspondante: l'ordre direct SV (sujet-verbe) y est la r~gle, et l'ordre inverse VS _..:. nous l'avons · vu - n'y apparait qtie dans. les cas ou la principale est. introduite par 4n complement objet ou un circoristanciel, qui attfre la verbe. et r~jette le sujet apres le verbe. Bornons-rious a n'en . . donner que quelques. exemples: . . . '

Quant en la chambre ftirent tut sol ·remes, Danz Alexis la prist ·ad apel~r, St.

1Alexis; 66-67; ]!Jt quant H furent rfohement conrae, Li escuier

vont les napes. oster, Le 'Charroi de Nimes, 814-15; Quant li turneiemenz depart, Milun -s'en vet, Marie de France, Lais, Milun, 481-82; _Qtlant li ·

. . s C'est aussi le cas· de l'exemple, cite par l\II. Imbs, o. c.: p. 53: L'endemain, quant iL orent la messe o~e, s'a'semblerent a partement, Villehardouin, Conquete, § ;l47, pour lequel l\II. Ini'bs admet la possi:bilite que s' y represente l'adverbe qe repr'ise si; :nous preferons y voir la forme faible du prorioin personnel

. reflechi (se). ' ' 9 iCf. Thurneysen, Die Ste.Hung · des ·Verbums im .Altfran:Zosischen, Zeit­

schrift fiir romanische ·Philologie, XVI, p. 289 ss, et Lerch, o. c„ III, 395 ~s. 1° Cf. Franzen,· o. c„ •p. 152 s, Nissen, o. c„ p. 62, Grad, o. c„ p .. 73 ss. · , . . r

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Lin g ut s t.i c a

baron l'ont escoute, Chacsuns a jecte s'espee, Gerb. de Montr.,"Perceval, 1062,-63; Quant il furent arme, ti .dux parla a tous les haus homes de l~ost; Clari, La Conqueste de Constantinople, 14, 7; Se de venir Arrabit ne demurent, Cii les ferrunt, .Roland, 3081..:._82; Si jo m'en vois. ensemble .od. vus, mis pere' avr,eit. e doel e ire, l\:'.Iarie de Fran,ce., 1~6, 96;. S'Erec bien coverz ne se fust„Li che.valiers bkci~ l'e~st, Chr. de Troyes, E;rec, 935, etc.

. -. '

Le sujet ,pouvait etre exprime par le pronom personnel qui, du moins primitivement, avait du ~tre accehtue: ·

S' or me conoissent. mi pare.?it d' estederre, · Il . me prendront par pri o .par podeste: Se 'jos en ere.it; il me. trairont a perte, St: Alexis; 203-'-5; Quant jo l' · vus dis; cumpainz; • Vus ne. l' deignastes, Roland, 1715-16; Quant vos, sive, le me rouves, Je V.OS dirai. coniment je l'ai,Chr. de Tro'yes, Guill. d' Angleterre, 2082.,;.-83; Quant voit fa gent tornet, a tel meriel, ll en jura Mahom et .Jupitiel . .. Ch. d~Asptemtmt, 3274......,...75; Quant il v'os vout livrer ti mort .. ;, Ikne voloitc escouter plait; Beroul, Tristan, 2376.:_77; Quant .iu ne ,za se.cors, .Tu es honiz en totes corz, Meraugis dl:'. Portlesguez, 5149-50, etc. · ·

• No~s croyons que la neg&tion ii;e; ellE! aussi11;· y etait assez acceritue.e potir ne pas laisser le· verbe· principaLrythmiquement a decouvert; meme lorsque l'e de la negatioh est elide cene..:ci, cciiitrac~ee· I?ar ex; avec l'ad-. verbe en suivant, fotmait avec celui-Ci uri groupe acceiltue precedatit le verbe, comme le font voir les exemples suiva:i:J.ts (cites par. M. Imbs;

'o. c:, p. 51): . .

Quant ele le veit,' ri:e poet muer n·e ri'et, Roiand, 959; Quant jei vos dis, n'en feistes. nient, ibid:; 1708; Quant Carles oit la seirite voix de l;an[Jle, N"en ad poilr ne de· murir dutance; ipid., 3612; ' · · · ·

Toutefois, on tr~·uve des e~~mpies',,_ ri;ltes (;1.;aiileurs ·~ ou l'on .~~n­contre J'inversion du sujet d_ans la. pringipale non,-introduite; l.es ve;rbes en. tete .~e la p:dncipale sont, pourla plupal't, .des y~rbes intra.nsitifs .et .. declaratifs (dire, faire ~ (lire), quL1dmettent la. meme coristructiori• aussi

. dans la constructl.on indepen4a1ite: ·. · · · . . · · · · · „ · ._ . !), .. ,, . - ..... ' \, .• • . ,_ ,··

Quant ot. li pedre la clamor .de i;on fil, Plorent si ueil; Alexis 221..;......2·2; E quant. li moinie vindrent · lur complie chanter, .Qui4ierent il pur veir que .. . , Saint '.I'homas, 19917"'"92; Q,uant. li.rei,s rout tut,sul enmi le champ '!1'1.ene, Fait il: .... /ibid., 4361-:-62; Quand,chu fufafte;en la· hakteche de casteal; Apparut pisiblemenf li angle~ Ghr.on. de'.t .. d'Outremeuse, 80, J.2; Quant voit par.mi· le. qors l:espee, J[uit li Ji sans~;si s'est pasmee) Piraml\S et Tisbe, 821-22, etc. ·

. Comp. la constructiol1 independante dans:

. . Pl~mierit sui u~i.l e si [Jet.e.~ grctnz criz, St. Alexis, 436,. ibid~ •. 589; Va!t s'.en li.pueples) Jbid., 601; Viendrat li jurz, .Roland, 54i Dient paien, ibid.,

. - :

•-. 11 «Ne.· est.·au tond· un mi~adverbe qui ad,ottcit riotablement, .. la brusquerie qu'il Y•a tot,ljQJ]l's a cm:nmencer une phrase par un ·verbe .prive de son sujet», Fo~let,. o. c., · § 474. · ·

8

Anton Gra.d: L'adverpe d•e repriše si en ancien francais

66; Respunt dux Naimes, ibid., 246; Vient i li dus de· Premestine, Eneas, 3929, etc.

Nous ·croyons que telles constructions avaient pu contribuer a l'eniploi exceptionnel de l'inversion du sujet dans fa principale consequente de nos exemples (comme le suppose aussi'Nissen). 11 ne fatit pas· non plus rejete~ la possibilite de !'influence. exercee par les propositions temporelles in-.... troduites par une locution conjonctive (ainz, que, puis que, etc.) qui, elleil, entrainent ,__ comme nous le verrons - l'inversion du .sujet de la prin­cipale consequente, cf.: Mais ains que de maingier,fust tans, Vint a la loge. uns forestiers, Chr. de Troyes, .Guill. d'Angleterre, 272-73; Car puis qu'il repaire d' essil d'ultre la ·mer, Dist iL . „ Saint Thomas,, 5421-22, etc . . Franzen atissi admet _la poasibilite de cette influence12•

C'est ici qu'il faut mentionrier•un phenoinene synta:Xique interessant, sur lequel nous voud.rions insister aU:s~i en vue d'une .explication satis­faisante d'un ~utre probleme traite aussi dans cet article (voir plus. bas): des que, dans nos exemples, le verbe, se trouvant en tete de la princi­pale consequ~nte, s'accompagne d'une forme faible du pronom personnel regime (ou des adverbes pronominaux en, y), celle-ci est postposee ·au ·

. verbe13 : elle ne peut pas le preceder faute.d'un autre inot ou groupe d,e mots :accentue devant le verbe (sujet /pronominal/, complement objet ou circonstanciel)1 sur lequel elle pourrait s'appuyer14 ; ·par consequent, nos

' exemples des principales au pronom regiine postpose suivent, a cet egard, . la loi etablie deja par Tobler15 selon laquelle les formes faibles des pro-

12 C'est a ·cette-influence qu'on pourrait attribuer au.ssi .iiexemple, cite par M. Jmbs, o. c„ p. 52: Quant le vit Guenes, mist la main a l'espe·e, Roland, 443.

Quant a la co:nstruction de la pri.ncip'ale, rprecedee d'une subordonne ih-· troduite par quant ou se, M. Franzen n'a releve, dam; les textes depouilles par lui, que 6 cas de la construction VS et une ·quarantaine de cas au 'SUjet non-. dnverse, cf. Franzen, o. c., p. 152. Les releves de.M. Nissen sont plus interessants encore: 105 cas de.SV, 2 seuls cas de VS, et 179 exemples de la pi:incipale in-troduite par l'adverbe de reprise si. . · . · · · ·

. 13 «Les -pronoms de la 3° personne y conservent la forme faible; ceux de la 1'0 et de la 2• personne du singulier 'ainsi que le reflechi, apparaissent soit .. ~ la forme forte, soit a la· forme faible», v. Foulet, o. c„ § .162, .

14 Toutefois; le verbe peut etre precede d' une forme accentuee (forte) du pronom personnel: Mes se je mant, moi pesera, Cliges, 1402; Quant je parti de Bourdiaus la cite, Lui commandai ·me grant tere · a garder, Huon .de Bordeaux, 3069_:.70, etc. ·

, 15 . Tobler, Vermischte Beitriige, V, 400 ss. Voici que~ques exemples ·de notre constructton ati pronorn pel's;orunel regime postpose au verbe: Tr'encher.ai vos la teste, Pe~erinage de Charlemagne, 25; Voit le Zi rois, grant ire en a en soi, Ch. d'Aspremont; 3183; ibid;, 3340;'Cuides me tu pot si poit e_smaiei? Couroh­nement Louis, 2589; Demcinderoiz me vos plus rien? Perceval de Gallois, 8788, etc.

La meme construction. se. retrouve dans. les propositioris indepenaantes 'juxtaposees: Balaris l'entent, prent soi a corecier, Ch.· d'Asp;remont, 2527; ipid., 5676, 9.767; An chcistel v~enent en viron, Chascuns i tant son paveillon, Herber­gent. soi de totes parz, Le Roman de Renart,' l, 1697-99; L'amiraus Z'ot;' prent soi a regarder, Huon de B,ordeaux, 7712, etc. . . .

On sait que, aujourd'hui encore, on fait emploi de cette const.ruction dans les phrases imperatives (affirmatives): Donne-moi du pain. Dis~zeur Za verite! etc., etc.

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Lin g u i s t.i ·c a

· noms personnels objets ne·,peuvent pas - au moins jusqu'au-13° siecle - . commencer ,une phrase, mais doivent etre postposees au verbe16 :

Quant or sera· l'apostolie conte, Deffendra toi sainte crestiente: Tolt . ton pais verras a mal torne, Ch, d'Aspremont, 1159.-61; Quant vos seres ia u '!.)OS fustes ne, Variterai m'ent coiement a cele, Que j'ai un dru en la crestiente,-ibid„ ,2669-71; Quant ele oi sa·volente, Mercie l'en, si li sot gre, Marie de· France, Lais,· Milun, 365-,--66; Quant tu alois. a saint Pere au baron, Chalanja toi Frarir;ais .. . , Charroi. de ,Nimes,· 204; Quant .ele l'ot, prist soi .a porpenser, Bueves de Hantone, 10 151; Qiiaii:d ele a veil Per­cheval, V~rgogne soi, Ger.b. qe Montr., Perceyal, 6378-79; Quant il les vit, prist soi a porpe'list;!r, Huon de Bordeaux, 4335; etc.

On retrouve la meine construction aussi dans la principale non-intro-duite, precedee d'une subordo.nnee conditionnelle: · . ·

Se l' pois truver a port ne a passage, Liverrai lui une mortel bataille, Roland, 657-58; S'en rere-guarde troevet le cors Rollant, Combatrat sei a trestute sa gent, ibid., 613--'14; · E, se il puet; murat i veirement, ~bid., · 615; se par vos puis m'enor avoir, Se1;virai vos a mon pooir, Eneas, 4171-72.; S'il vos estuet as Sar.rasins j.oster, Secorrqi vari sans longues dernorer, Ch. d'Aspremont, 3923-24; Se vos nel faites, dirai vos mon san­lant, ibid., 5047; Et se jo puis vaintre vo campion, Conduira.i vos el .tertre .d'Aspremon, ibid., 474-75; Que; s'Agolant les menes en present, Ocira les, .jel sai a ensient,- ibid., 6538-39, etc. .

Ocimme une.t'elle construction d'une phrase enonciative etaifassez ex­ceptionnelle et a _cause de sa lourdeur assez raore. deja des l'epoque des plus anciens textes, et que; d'autre c6te, l'emploi .ctes pronoms pel'.sonnels sujets, qui permettraient aux formes faibles des pronpms personnels re.:. ghnes d'occuper la plac'e devant le verbe, n'etait pas encore de rigueur, nous crbyons que, a c6te des raisons rythmiques, la langue recourait a l'adverbe de repri.se .. si aussi pour raisons syntaxiques, ~ savoir celles de. permettre aux formes faibles des · pro:homs per~onnels objets, accom­pagnant le verbe de la pdncipaie, d'occuper, suivant leur tendance, leur plac:e deja habituelle devant ie verbe; et dans nos cas ~lles ne pouvaient le faire qu'en s'appuyant sur l'adverbe de reprise ccimmehgant la prin­cipale. En effet, les cas ou si se fait suivre d'une forrrie faible des pronoms· personnels regimes forment une majorite ecrasante ·de nos· exetnples:

. Quant jot viq s.in fui lede e goiuse, St. Alexes, 458; Quant l'o~ Mq,rsilie, si fod baiset el col, Roland; 601; Quant chascuns sor son cheval sist, Si. s'acheminerent tuit troi, Chr. de Troyes, Lancelot, 3.01~__.:.13; Et quant il l'eut prise; sili ,dana on de l'avofr, Clari, Conqueste de Constantinople, IV; Quant le 'Vei, si me m~:nbre de Guion, Gui de ,Warewic, 10 149; Quant il nel ovient, si s'en vont, Roman de Repart, IV, 5283; Et quant il oirent ce, s'en furent mult irie, Villehardouin; Ccinquete, § 282; Quant il a m~sse jus sa carge, Si le boute la 'fars au large, Courtois d'Arras, 275_:_76; Se luin . . remaint, sil rent as poverins, St. Alexis, 100;, Quant il l'entenderi,t, se le

16 . V: Foulet, o .. c„ & 442 (si = «cheville commode pour les ve:i;sificateurs ... »; Diez, III!. 401), •note 2, appelle natre.si «das gemiitliche si». ·

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Anton Grad: L'adverbe d·e reprise si en ancien fran!;ais

uont acoler, Huon de Bordeaux, ·5294; Quant · ze voit Aumes, sel prent a covoiti,er, Ch. d'Aspremont, 5779; Se il estoit, s'an seron delivre, Parise, 1182, etG„ etc. · . .

La presence, ·si frequente, de l'adverbe de repr~se si (et de ses equi­valents) en tete de la principale postposee serait done due surtout. aux raisons rythmiques, metriques16 et syntaxiques, mais · nous partageons completement l'avis de M. Imbs, selon lequel on aurait choisi et prefere l'expression temporelle (au lieu de la constr.uction: sujet pronomihal + pronom faible objet + verbe) aussi pour besoins d'explication et d'ex­pressivite, _ bref, .que, mitre ses fonctioris rythmiques et syntaxiques, l'adverbe de reprise possedait aussi une yaleur temporelle de renforce~ ment; de precisiori11. -

Voici maintenant encore un probleme concernant l'adverbe de reprise si: comment expliquer le fait que, apres les s'ubordonnees temporelles exprimant l'anterio:r;ite, on peut constater une absence quasi totale de cet adverbe dans la: principale;.IJostposee? .

.. Le probleme a ete recemment ttaite par M. Imbs,- o. c„ p. 501 ss, qui ·ne cite que cinq exemples (dont nous reparlerons plus bas) dans lesquels ia principale debute par l'adyerbe si, tandis que pour le reste des exemples en question il se de;mande: «Mais (alors) pourquoi dans la grande majorite des cas toute particule de reprise manque-t-elle en tete d.e· la principale lorsque celle:-ci debute par un verbe?» (p. 502).

Et il cite d'abord. quelques exemples anciens: Einz que il moergent, se vendrunt m?J,lt cher, Roland, 1690i ~inz qu'il en turnent, serunt altres donees, Ch. de Guillaume, 496; Ainz Qu'il inurget, voldreit saveir . . „ . St. Brandan, 61 s; Ainz qu'il 's'en parte sera toz corrociez, Couronnement Louis, 2069: Ainz qu'il seit jor les requerron, Thebes, 3525; Ainz que il · fussent estormi, Ont par les tres maint cap done; Wac'e, Brut, 468. .

Et, ajoutant (ibid~) que «cet usage se' proionge pura11t tout le Moyen Age», il cite ensore que~ques ex.emples posterieurs: » .

Car ainz que -r:nidis soit passez, Avrai aillors a feire assez, Chr. d~ Troyes, Yvain, 4301-2; Aini que fusse sospris de ceste a'n}or, Savoie j'e autre gent conseillier, Conon de Bethune, · Chansons, II, 17 s; Ainz qu'il venist fu en tel paine, Beroul, Trisfari, 1783; Ainz que cist castax soit rendus, Sera il as forces pendus, Roman de Rena:rt, II, 3281 s; Aeinz. que 1wus partons mais du siege, Iert Bel Ac.ueil mis hors de piege, Roman tje la Rose (II}, 10 837 s, etc„ etc: . .

Le meme ordre des mots es.t aussi observe quand, dans nos cas, ainz que est remplace par avant que: · on ne reprend pas i'idee temporelle, exprimee par la subordonnee, a J'aide d'un. adverbe de rappel et la prin-: cipale' peut commencer par le verbe ou le groupe verbal (c'est-a;..dire le verbe precede. d'un morpheme inaccentue):. · , ·

Avant que Jupiter venist, N'iert nus qui charrue tenist, Roman de la :Rose (II), 20, 110 s; Avant que li rois retornast en France laissa il ·en Borgoigrie . .. Godesgesile, Grandes Chroniques, I, 75; Et avan.t que .je

\ 17 Imbs, o. c„ p. 50 ss; cf. so en allemand, Le11ch, o. c„ I, p. 73 ss.

11

\ )

'.::

Linguistica

· vous conte de ses grans faiz et de sa chevalerie, vous conterdi .je ce que je vi .. „ Joinville, St. Louis, 19; ... avant que fut esgeiie La Contesse, fu esmeiie Au conte une molt dure guerre, Comte d' Anjou, 3090-91; avant que vienge avrils ne mai, vendra quares'l]te, Rustebuef, Bartsch-Wiese, 75a, 82. · ' · .

On aui-a remarque que, dans nos exemples, le sujet de la principale est inverse, c'est-a-dire postpose au verbe (il peut, toutefois, etre ·omis s'il devait etre 'exprime par le pronom personnel sujet). Or, selon la loi rythmique deja mentionnee ci-dessus de l'ancien fran!;ais, l'inversion du sujet a lieU: si le verbe est precede d'un mot (ou groupe de mots) accentue autre que le sujet. Par consequent, la subordonnee d'anteriorite doit etre coQilideree, selon M. Imbs, comi:ne un unique complement circonstaneiel qui, place devant le verbe principal, entraine l'inversion du sujet18•

Il nous est difficile d'accepter l'expličation de M. Imbs sans hes.itation. Pourquoi une subordonnee d'anteri9rite, precedant la principale, 'a:urait~ elle ete plus etroitement integree a la principale, de maniere a fortner un

iunique complement circonstancielfaisant, en. bloc 19, partie de la prin­cipale dont elle aurait influence la construction, que, par exemple, la subordorinee temporelle introdutte par la conjonction quant (ou la sub• ordonnee conditionnelle introduite par se) qui, a notre avis; formait aussi ui:l unique complement circonstanciel et n'etait - en bloc ....:.. pas moins integree a la principale postposee, mais qui, rieanmoins, n'e~er!;ait aucune influence sur la structure de la principale?

Suivant le.s sugge('ltions de Thurneysen, Foulet et Franzen; nous avons essaye de donner une autre explicatiori du probleme en question20• '

Les .subordorinees d'anteriorite sont introduites non pas par une conjonction simple (coxnme par ex. quant, se), mais par une locution conjcinctive, composee d'un '· adverbe (ainz, avant, devant) et 'de la conjonction (le relatif universel) que. Or, pendant la periode de I'ančien fran!;ais, au mciins jusqu'au 14° siecle, ces locutions conjonctives rie furent pas considerees comme des conjonctions propres: leur premiere partie , composante etait encore sentie c;omme un adverbe independant et separe de li(subordonnee expli~ative introduite par le relatif que21• La preuve

·18 Imbs, o„c., p. 504; «Tout se passe done comme si la subordonnee d'ante­rforite etait consideree comme un unique circoristaneiel qui, place devant le verbe principal, entraine l'inversion du sujet.» - Ibid.: «Mais s'il est vrai que c'est la subordonnee anteposee qui eri bloc .determine l'inversion, c'est qu'elle est etroitement integree .d. la· principale,. dont elle fait alors partie comme un element essentiel, c'est-a-dire «pre\ficatif».» ' '

19 Espace par nous.. · 20 Thurneysen, o. c„ p. 279; Foulet, o. c„ § 456; Franzen, o. C;, p. 154; Grad,

o. c„ p. 82 ss. 21 II.en est de meme de la locution conjonctive, por go que (= parce que,

pour que), cf. Ettma:yer, Analytische SYntax der franzosischen Sprache, I, p.234: « ... im ganzen 12. Jehrhuri.dert ... wird. ·,. por go immer noch als ein selbst- · standiges 'Satzglied,. d. h. Objekt empfunden. · Erst im 13. Jahrhundert vermehrt sich por go qµe sehr rasch und kann mindestens seit dem 14. Jaihrhundert als ein einziges Wort. gelten».

12

Anton Gra·d: L'adverbe d•e reprise si en ancien 'fran!;ais

en estJa tmese en~ore assez frequente en ancienne langue de. la loeution eonjonetive, ou on en trouve le premier element en tete de la pri,neipale dans laquelle il entraine l'inversion du sujet (s'il est exprime), tandis que la subor.donnee introduite par que ne fait que suivre la principale .. Primi­tivement done, le premier element de nos locutiqns conjonetives, d'arite­riorite introduisait la prineipale et y entrainait, eomme n'importe quel autre mot aecentue- (autre que le sujet) en eette pos~tion, la eonstruetion inversee (VS): · · · ·

". r ,: :

'Ainz fu morz Charles que il fust repairiez, c;!ouronnement Louis; 242; Ainceis fu neire nuit que il eust supe, St. Thomas; 1986; Ains ert de mon eors departie L'ame. que je de vos me parte, Chr. de Tr.; Guill. d'Angle..: terre, 272-73; Ainz an morront mil chevalier Que si soie desertee, Ep.eas, 9906; avant ne passera il mie Que ilne perde ain~ois la vie, ibid., 6961:---62; Ainchois averoit despendu . Tot son tresor li rois Artur Qu'il eust par forcli:e abatus Les escus, Gerb. de Montr„ Pereeval„ 10 636-,-39, i.e sujet de la prineipale est omis: Ains nos lairons tos les membres brisier Que lascons. si grcint dolor de jent, Ch. d'Aspremont, 9662...:....63; Ainz me lai-

. 1·eient trestot vif escorchier Qu'il me rendissent . vaillant un sol'· deni er, Couronnement Louis, 1303; Ains en verrees. M. chevali'ers verser Qe li Manciaus s'en puist a cort. vanter, Cambrai, 299; Qui plus monte que il ne doit, Ains 'trebuce qu'il ne vaudroit, Bel Ineonnu; 1223,..-24, ete.22 · ·

De bonne heure deja, la subordonnee explieative, iritroduite par que, peut etre attaehee direetement a l'~dverbe ainz, (avant, devant),. mais eelui-ei eontinue d'exereer son influence sur la construetion de la prin­eipale postposee dont il fait eneore partie:

ainz que fussent vint jor passe, Orent il fait tel fermete, Eneas, 3159-60; Ains que li rois se fust a mont drecie, Est de son chief son eapel jus glacie, Ch. dr. Aspremont, 4145---46; ainz qu'isisiez de ma 1'rison,

. Eiistes vos tel livroison, Roman de Renart, 1, 1715-16; Anchois qu1en pies 1·evenist li frans hon, Ot il saisi son destrier, Ch. d'Aspremont, 937-38;

. ifid„ 2235-36, 7433...:....39; Dame, anchois ke tout chou fust prest, Ving je chi .. „ Jeu de la Feullee, 648; Eneas, 2601, 4584, 4667, 9343; Gerb. de Montr., P~reeval, 996, 1492, 3451, '5262, 7516, 19748, ete. ete. · · La eonstruction de nos exemples eorrespond done fout a fait a eelle

· des eas ou l'on trouve la subordonnee explieative (introduite par que) interealee entre un eireonstaneiel initial (faisant partie de la prineipale) et le reste de la pririeipale:

Le jor que li concires fu Vint Gorvains o granz genz, Meraugis de Portlesguez, 3996-97; A cel temps que Japhet vient en Europe avoit ilh ja II" ans d'eaige, Chron. d'A;Outremeuse, I, 73; En la semaine qued il s'en dut aler, Vint une voiz .. treis feiz en la citet, St. Alexis, 61, 1._2; Lo jor que ge pris lo congie, Les aseurcii ge de toi, Eneas, 6174-75; De ce que

' .

22 Imbs, o, c„ p. 448. Cf; en latin: ante rorat quam pltfit, Varron, De lingua lat„ 8, 58; prius recursum semper. .ad ·naves quam clamor agrestes coriciret, fuerat, Livius, 29, 28,- 6 (c~. Draeger, Hist. Syntax der lat. Sprache, II, p. 598), etc.

13

Linguistic·a

tu me prises tant Dis tu t'onor; ~t je pris toi plus, Meraugis de Portles­guez 4560-61; etc.

Contrairement aux principales; precedees de la subordonnee introduite par quant, ou nous avons vu les formes faibles des pronoms personnels · regimes (ou les adverbes en, y) postposees au verbe de la principale 'non:­ip.troduite, on les trouve, ici, devant le verbe de la principale ,qui, elle1 etajt introduite par l'adverbe ainz (avant, d~vant) qui faisait encore partie de la principale et sur lequel les pronoms regimes pouva1ent s'appuyer pour, en meme temps, preceder le verbe. M. Imbs, l. c„ n'en donne qu'un se:ul exemple, mais ils sont tres nombreux: ·

Ains que vigne le soir, Le vos ferai a vos dos iels veoir, Ch. d'Aspre- · mont, 72Q8..:._9; Ain~· que fus nez, en fui mult anguissuse; St. Alexis, 475; Ainz que la chose soit fenie, Li dist Renart par felonie; Roman: de Reriart, VII a, 5961-62; Ainz que passast quinze' jori toz entiers En assembla plus de .trente milliers, Couronnement Louis, 1999; Mes einc;ois que vosi ailliez Vos pri· que vos ne me failliez" Lancelot, 4823; Mais ains que past cele semaine.En esteront molt correchie, Perceval, 2808; car ainz que la bataille soit, Li v.oil primes faire savoir .. . ; Eneas, 87·56; etc, etc. Enfin, voici un exemple ou ainz, attirant la forme faible du. pronom personnel, lui fait abandonner sa place habituelle apres l'imperatif affirinatif: Ha, frans

, chevali~rs debonaire, Fait Perchevaus, pdr vo merchi,. Ainc;dis que je parte de chi, Me dites la vostre aventure, Gerb. de Montr„ Perceval, 4928-29. (Comp.: or me dites, ibid~, 40:23).

Les exemples„ anal~gues, m.ais dans lesCluels on rencontre le sujet de la principale. exprime ne font que confirmet cette regle: · . Mais 'ains qu'il fust venu a ia cite, En fu il molt durement trestorne, Ch. d'Aspremont, 10 336-37; Ainz qu'il li eust tut mustre Ne cungie. pris ne domande, Se pasma ele de. dolar, Marie de France, Lais, Eliduc, 659-60; et einz que sdi~nt acordees 'Les tripes entre moi e( lui, Li avrat ge fait grant anui, Roman de Renart, III a, 4686; 'ainz que partez de :cest 1ostage, Me lairez vos ceenz bon gage, ibid„ VIII, 7351_:_52; etc„ .etc. .

Tout rec'emment, M. Price2~ refuse d'accepter l'explication s.elan la­quelle l'inversion du sujet cle .la principale dans nos cas serait due a !'influence de la partie adverbiale de la locution conjonctive. «On pourrait

. objecter, ecrit..:il, que l'adverbe est trop .eloigne du verbe .. pour attirer celui-ci, ce a. quoi M. Franzen repond en citant l'analelgie des propositions du type Cliges, ':l489 Ses parauz, je cuit, n'est il mie. Ces argum:ertts ne nous paraissent' pas convaincants, pour le_s raisons suivantes:

a) le sens de la locution conjonctive. porte bien sur la subordonnee, :rion pas ·sur la princip.ale; le rapport entre adverbe et subordonnee dans, p. ex .. Alexis 457 ainz que fus nez, en · fui mult anguissuse, cite par

2~ Glanville Price, Aspects de . l'ordre des mots dans les »Chroniques« de Froissart, Zeitschrift fiir. romanische Philologie~ LXXVI (1961), p. · 15 ss.

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An t 'on Grad : L' a d v er b e d ·e r e P r i's e si en 'a n c i e. n fr a n r; a i s

M. Franzeri, est aussi etroit que celui qui existe entre prepositi~n et suh- . stantif dans avant la naissan.ce; ·

b) l'analogie faite par. M. Franzen entre les propositions du typ,e ainz q'l+e fussent vint jor passe, orent il fait ... , et celles du type ses parauz, je cuit, n' est il mie · n' est pas valable. Dans celles:-ci, un · enonce pour ainsi dire secondaire ·(je cuit) est intercale comme entre parentheses dans un enonce principal (Ses parauz n'est il mie), dans lequel i1 n1y a pas a pro• prement parler de coupe entre le complement initial et le verbe. Mais dans les exemples du type ainz que fu{!sent vint jor passe, oren,t il fait ... , 1'enonc.e est un et l'adverbe initial est eloigne du verbe de la principale en rei;tlite et nbn seulement en apparence;« .

. . . . l\IIais alors, pourquoi la constructi6n de 'la principale ·preeedee de la

subordonne.e introduite par quant differe-t..:ene de celle de la pJ.'.incipale precedee de la subordonnee introduite: par · ainz (avant) que? Parce que \ - et nous croyons l'avoir · clairement demontre dans cet article - la conjonction quant porte, en .effet, bien . sur la subordonnee et ·que ,celle-ci. n'influe point sur l'oi:'dre des mots de .la ptincipale postposee; tandis que dans la 16cution conjonctive ,du type ainz que, ainz; appar-

. tenarit encore a la principale, y entraine l'inversion du suj~t (VŠ), ainsi . que'l'emploi des pronos personnels regimes (et des· adverbes en, y) devant le v.erbe. M. Price, tout eri adm:ettant que l'ordre des mots dans une prin­cipale ccinsequente peut etre influence par la presence de la subordonnee, n'a pas~essaye de donner une explication satisfaisante de notre probleme .

. M.Price ne se contente pas de l'exemple Ses parauz, je cuit, ·n'est i! mie, cite par M. Franzen comme preuve qu'.un enonce secondaire inter­cale, tout' en coupant l'enonce principal en deux, ne coupe pas la cohesion de la partie initiale avec le reste de l'erionce principal et ne modifie point la structure de ce c).erniei:'; mais, le fait · qu'.un'. circonstanciel (adverbe) initi,al, appartenant a.. l'enonce principal, influe tout de meme, quoique eloigne du verbe principal, sur, la structure . de la pr~ncipale, p'eut etre cremontre par cies· exemples de. valeui:' tres probante et fournis par des cas comme:.

Sovent, quant H te sovendra de tes amors, te. covendra partir des gens, ·Roman de la Rose, 2279-81; Si come dieus fu vendus deche'l,)aument; Fus tu vendus, Bue've de Hantone, 4464-65; Mais en la firi, quant oi tant guerroie, Li convint il son bon castel laissier, Huon de Bordeaux, llff-19; .a tot le moins quant avras soif, t'en covendra veriir par moi, Renart III b,, 5Q33~34; Dusqu'a un an, s'il n'en trouvent denree, En avront · il,. Ch. d'Aspremont, '1588-89; Por ce, s'il lor venoit a gr~, Lor lo qu'il le facent, Meraugis de PortlesgU:ez, 878-79; v. aussi nos .exemples, p. rt: Cf; encore en langue moderne: Aussi, pendant Ct?tte aubcide .vigoureuse, pendant que la sonnerie faisait vibrer. les biitiments, voyait-on partout au chateau · des gens s'approcher des ferietres, Chateaubriant, La Meute, p. 84 (cite par Franzen, o. c., p. 76); Peut-etre, dans ces endroits, le drame en se jouant

15

Lin g:u isti c a

dans l'ame de l'homme, lUi rend-il les accessqires indifferents, Balzac,. Le Colonel Chabert, p; 10, etc.24 · '

La. locution conjonctive d'anteriorite devant que influence, ell~ aussi (comme ainz que et avant que), la structure de la principale postposee ·cc:imme le fait voii:' l'exemple suivant que nous avons releve,dans Meraugis de Portlesguez, 2144:--'45: Devant que .l'aie detrenchie, N'as tu garde, met t'a la voie/25

Voici, enfin, deux exemples, cites par M. Imbs„ o. c., p. 502, dans ,les­quels on trouve la subordonnee' d'anteriorite introduite par· la locutio.n conjonctive devant ce que et la principale consequente introduite. par si: Et devant che que li· vasles ne li message fussent venu a Jadres, si s'en ju li estores a,les en l'isle de ·Corfa'ltt; Clari, Conqueste de Constantinople,.

-XXXI, 3; Mais devant chou qu'il l'emportast, ... si le prist li boins hons, ibid., LXXXIII, 19. .

' Pour demontrer que l'empioi de devant ce ·que ne permet pas, nor­malement, -c'est-a-dire en dehors des fraductions, de faire suivre la sub­ordonne~ d'une principale debutant par un verbe, M. Imbs' donne deux autres exemples: . . . . ..

, .' .. Devant ce que Jhesus_ Criz V enist en terre, par les. diz Fist des prophetes anu:ncier Sa penue. en terre, ·Rr· de Boron,. Estoire, 3 ' ·

0u 1la principale est introduite par une locution · adverbiale (par les_

diz), probablement pour raisons de rime (Criz ~ diz); mais des exemples analogues, et pour les memes raisons, .· avec; le complt§ment direct ou l'adverbe introduisant la principale, · peuvent etre constates aussi apres ainz que: Ains que viellece li tolsis.t le mangier; Quinse .roiames fist al sien apoier, Ch. d'Aspremont, 36'.-37; Ainz que li rpis eiist bien dit, Le Che- . valier au Lion vit Et la pucele delez lui, Chr; dr. Tr., Yva:in, 5919; Einz que desus vus encroiins, Apertem.ent vus mosterons Cu.m fait torment Cil chaitif unt, Marie de France, Espurgatoire, 1141.

Dan~ le deuxieme exemple, la principale debute par le sujet: Pevant ce que la grant messe .comme.nr;ast, li duz de V enise ... monta eu leteril, Villehardouin, Ccinquete, 65.

Tirant conclusions de ces quatre exemples, M. Imbs croit pouvoir affii;mer qtie apres devant ce que la principale ne comme:r;ice jamais (en dehors des traductions) par le verbe ou le. groupe verbal. Selon lui, la, raison en serait la presence de la base demons~rative ce. ·«Celle-ci a une

.24 On trouve des cas analogues aussi en· anglais ou, p. ex., l'adverbe only en position initiale, ·bien que separe du reste de la principale' par une .subor­donnee de temps; influence la structure de. la principale en y entraihant 'l'in­version du sujet: Only when her. pupils quitted the establishment, or when they were about to be married, was Miss Pinker'ton known to write, Thackeray, Van. Fair, rCh. 1; Onlil when he reached the post office .. . , did he feel better. Cronin, The Citadel, I, 4, etc. ·· · · · .

25 Selan M. Imbs, o. c., p. 505, seule la construction ou. la principale se faisait suivre de la subol,'donnee introduite par devant que. etait possible en ancien franQais. L'exemple, reieve par nous, · ou la subordonnee precede 1a principale, represente done une exception .assez tare.··· . ·

16

Anton Grad: L'adverbe d•e reprise si en ancien franr;ais

valeur nettenient plus forte q'u'en · fran~ais moderne. Elle est un pronom d'anticipation precedant et annon~ant.la proposition iritroduite par qu~, si bien qu,e la premiere partie de la phrase totale se construit en deux temp~: 1), devant ce, 2) que: au premier temps se construit la base adver­biale devant ce; -au second _la proposition explicative introduite par que. La presence, entre devant ce et la principale·, d'une proposition explicative introduite par que et de soi non t'emporelle, rel8.che le lien qui relie la subordonnee a la principale. Comme devant qu.e est reserve aux cas ou la principale est negativ~ et ptecede la subordonnee, il n'est mahleu­reusement pas possible d'instituer la contre-epreuve pour les cas ou ce

.· manque.«26 - •

Nous 'avons deja montre - malheureusement a l'aide d'4n seul exemple - que, apres devant que ·la construction de la prinCipale· est to4t a fait analogue a c~lle que nous. avons constatee pour ainz que et avant que. Et, a notre avis, c'est aussi le cas. ·de la locution conjonctive C(evant ce que: JVL Imbs a raison de dire . que la base adverbiale devant ce forme .une unite a part, separee de la proposition explicative introduite par que - c'est exactement l'explication que nous venons ·de donner pour ainz!que, avant/que, devant/que! - mais a quoi appartient cette base adverbiale? Selon · nous, sans doute a la principale postposee __:_ coinme ainz de ainz que ·-, daris laquelle elle devrait entrainer l'inversion du sujet. Et, en effet, nous avons releve trois exemples d'une telle con-struction - normale - de la prin~ipale: .

. l)evant ce qu;ele ert rasaldee, Ne savra nus rien du Graal, Perceval, 1286; Et dist devant ce qu!il avra Cel pechie et autre amende, Ne li seront tot li secre Del Graal dit et descovert, ibid;, 52-55; Car devant ce ··que cist fu fez, Nefist Deus chosfZ si camuse, Meraugis de Portlesguez, 1278-79.

Nous croyons done que, apres devant ce. que aussi, l'ordre V:S etait normal dans la principale postposee en ancien fran~ais et notre hypothese n'est que •. corroboree par les nombreux exemples de cet. ordre des mots dans les principafes, precedees des subordonnee~· introduites par les locu.:. t~ons conjonctives contenant, elles aussi, la base demonstrative ce:

apres ce que: Apres ce que il fu croisiez, se croisierent R.obers li cuens · d'Artois .. „ Joinville, St. Louis (d'apres·Bartsch, Chrestomathie de l'an­cien fran~ais, 6° ed„ 389, 16); Apres. ir;o qu'il fu bleciez, En furent Greu il sordeior, R. de Troie, 2014 s; Apres ceo k'ot enfant, ra la dame sungie, G. de Pont-Maxence, Thomas Becket, 186; Et apres ce que la messe fu chantee, li dona li prestre a user Corpus Domini, La Queste del Saint Graal, 83, · 14; . '

en ce que: en ce qu'il regarda la far;on de la pucelle, fut il embrasez de son amour, Istor: de Troye'(d'apre.s Godefroy);

sans ce que: N'estovoit 1mie demander Qui de la compaignie ert .sire: Sans ce que nus d'als l'oist dire, Conoissoent trestuit lo roi, Eneas~ 712-13;

, .26 Imbs, o. c., p. 505.

17

Linguistica

por ce q'ue27 : avec la base demonstrative por ce· encore attachee a la · pr~ncipale: pei cio.lqissed deus seneier Que de nos aie~ pieted, La Passion. du Christ., 83;. Mes por ce ne dient il mie «Rendes-lui!» que grant dueil n'en. aient, .Meraugis .de Portlgesguez, 5764; pur r;o l'.a,d fait que, ii voelt veirement. que Carles diet ... , Roland, 2361; Por ce res.pit quiert et de.-mande, Qu'il ne .viaut feire sa demande, Cliges, 2229, etc. · ·

~ens ca~sal (= par9e que): Por c,e qu'eres du pa;ente Vos avoie je en . cherte, Beroul, Tristan, 71; Et por che qu'il passa cel point Fu il jectez de

para,dis; Gerb. de M\)ritr., P~rceval, 8732; Et por 9e. que nus n'en .repere Ne puis je savoir ou H. v.on,t, Mer. d. Portlesguez, 2778; ·. Pour ce que,. tu as t'esperance ··mis en· moy . .. , te vien-je consolacion faire, Miracle du roy Thierry, d'apres Lerch, o. c., III, 380; Pur ceo qu'um .le prdeit sovent, Quidouent tuit. „, M. de France, Lais, Bisclavret, 127, etc: ·

Sens. final (= pour qiie): Por ce que. de vos garde prdigne, M'a a: vos l'anperere. mise, Cliges, 3042; Pour ce que· vos puissiez veoi?- que., ;, vous weil je dire, Jo1nville, 89, 300, etc, . . . .

A quoi done. est due l'absence de l'adverbe de reprise si .dan.s les principales prec~dees d'ime subordonnee d'ariteriorite? Eli'e s'e'xp1ique fa­cilemeht et logiquement par la pr~sence d'un. ai.itre' adverbe · terrl.porel deja erriploye'en. tete de la principale, a savoir ain'Z (avant, devant, devant 'ce) initial; celui-ci, bieh que empfoye devaht la proposition e'xplicative introduite' par qtie, faisait encore partie de la principaie postposee, en attirait le verbe et en rejetait le sujet apres le verbe.

Comm.ent expliquer l'emploi.'pleonastique de l'adverbe de reprise' si dans les cir\.ct exemples releves par M. Imbs, p. c„ p, 501; Ainz que nez fusses sinfui mult angussuse; St. Alexis, 45728 ; Einz qu'il oilssent. IIII.Liues siglet, Sis aquillit e tempeste e ored, Roland, 688; Ansois qu,'Amiles et Amis fussent·ne,·si 'ot um·angres de par Deu devise La compaigne per moult gra,ri-t loiaute, Amis et Amiles, .19; Et devant che qu~ li. vasles n.e li message fussten · venu. a J adres, si s' en fu · li ·. estores. ales. en l'isle de Cor­faut, R. de. Clari, Conquete, XXXI, 3; Mais.devant chou qu'il l'ei:npontast, si- le prist li l;loins hdns, ibid„ LXXXIII, 19? , · . , · .•

Ils sont dus, a notre avis et. comme .l'a deja suppose M. Franzen, o. C„

p. 154, ,a, !'influence ;mal0gique -de la construction des . principales post­. posees, debut~nt par si, dans les cas ou la subord~nnee preposee est fntroduite par )a con]onc:!tion · .quant. La vieille la!lgue abondait en tels exemples .et :---- nous l"avons.deja-dit--,- Clari, p. ex., en faisait un emploi plus que frequent (langage populaire?); on. constate, c'hez lui,. cet emploi pleonastique aussi apres d'autres locutions conjonctives: Puis, qilant il eurent atire i'eur message, si se departirent li baron, .Conquete, VI, 3; Apres quant li vesque ement preechie et moustre as pelerins que le batalle

' . ' . . . . . -----

27 V. Lerch, o. c.; Ii, 66 ss. Cf. · n:otre. note 21• .

... 28 . Cet. exemple est immediatement precede (v. 456) d'un ex~mple «normalp de lliotre coP,struction: Ai.nz que t'oii.sse .en. fui mqlt' .desidrouse. L's de s~n du vers 457 aurait-il ete ajoute par inadvertance, sous !'influence du mot precedent (fusses), termine par -es? - Au vers 458, nous avons im cas de Quand .... , si . . . : Quant jot vit sin fui liede e joiouse.

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Ant·on a·rad: Ua'dve'rbe_ d•e repri·se si en d..ncien franr;ai:s

estoit d~oituriere, si se confesserent ·moit„bien. tout, ibid., .LXXIV, 1; Entrementiers que li empereres. eut envoie pour chele damoisele, si renvoia d'autre part outre mer un sien parent, ibid;, XX, 7; Apres chou que les teres furent si departies comme je vous ai dit, si avint que le -pais fu faite, ibid„ CX, 1, etc.. · · ·

L'ordre ditect SV dela principale que·nous constatons dans·rexemple cite par M. Inibs: Devant ce que la' grap,t messe c.ommen~ast, ii duz. de. Venis~ . . . mont'a eu leteiil, :Villeha:rdouiri, Coiiquete, 65, e:St, ltii aussi, du a, l'analogie. exerc~e par les. pr~ncipales postp9sees. a\tx __ subotdon:p.~es d~butant par quant, ou ~- nous l'avons vu au debut de notre i;irticle ___, cette constructiou etait aussi p~ssible". Mais teis exempl,es sont t;res rar:~.s e(pel1yent souyent etre attribues aussi au}(: exigences. de l'assonan~e ou de la, rime, p, ex. dans: · · · · · · · · -·· ·

. . 1 • . •

Ei:Yir;oi,s queii si pres venissenfDel pon(que veo.ir le poissent;·Uns nains a .l'anc·ont"re lor vint Sor un grarit chi:uieoi:, eMint Urie corgiee, Lahcelot, 5077; Einr;ois que iz venissent pre~j Ciz que sur la bretesch.e f1J, Les voit _en crie a grant vertu, ibid.; 2214.' .,_ · . .

Peu a peu, ·. a partir du 13~ si~cle, les elements coniposants des ·locu­tions conjonctives commencent a etre sentis comme des unites totites faites ayant la valeur .des conjorictions pures; de l'autre-_cOte, l'ordre direct sv dans les phrases enop.'chtives s'iinpose de plus en plus, ainsi que l'emploi obJigatoire d,u gujet pronominal meme dans les cas ou il pouvait etre_ omis en' ancienrie" langu~:. toti:S c'es facteurs con.tribuerent a un'tectil 'fres het 'de 'hotte si de reptise des 'le debut 'du 14°' sieCle; 'et au cours des siecles suivaiits ·n tombera definitivehi.ent en desuetude30•

POVZETEK

Opazke k rabi povzemaJnega prislpva si v .sta r·i f ran c o š čini : ·

„;

. / _ Raba_ povzemalnega _prislova si (lat: sic) ria čelu glavnega siavka, ki pred njim stoji časovni odvisnik, uveden z· veznikom quant (lat.- quando), je v stari ' francoščini zelo„pogostna. Prislov s.i v tej funkciji· povze~a vse'Qino' enm:iciacije, izražene s .predstoječim odvisnikom: '

Quant revenu sont, !li se trait L'uns vers l'autre . .. , Gerb. de Montreuil, Perceval, 13 731-32, etc.- ' ·

Avtor domneva; da so na pogostno. rabo:tega si poleg metričnih-in Titmič­nih vplivali ttidi ·sintaktični razlogi: si je namreč omogočil ši!bkim oblikam ·oseb­nih zaiml,rnv 3. in 4. sklona; da so zavzele običajno svoje 'mesto ·pred glagolom, ko bi sicer v mnogih naših primerih morale stati izza .glagola, kar aytor doka-zuje ·na podlagi primerov konstrukcij, kot n. pr.: ·

/. " . " ' .

29 Sur cette tendance, v. Frali-z~n, .o. c:,. p1 __ i3s· s. ao C.f. Lerch, o'. c,, I, ·p; 69 s; Imbs,, o. c., p. 552.

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"' ,\

Linguistica

Quant ele o~ sa volente, Merc~e l'en, Marie ,de France, Lais, Milun, 365 do 66, etc, . .

Raba tega si pa postane odveč, kakor hitro imamo na Čelu glaVlllega stavka že kako drugo prislovno določilo, ki seveda tudi ·omogoči osebnim zaimkom mesto pred glagolom:

, Sovent, quant il te sovendra de tes amors, te covendra partir des gens, Roman de la R,ose, 2279-81, etc. · ·

Prav v tem dejstvu na•jde razlago tudi pojav, da izza časovnih odvisnikov, ki izražajo preddobnost ter se uvajajo z vezniškimi izrazi ainz que, avant que, devant (ce) que, ne najdemo povzemalnega prislova si na čelu glavnega stavka:

Ains ilue vigne le soir, Le' vos ferai a ·vos dos iels veoir; Chanson d' Aspre-mont, 7208-09, etc. · ' ·

' ' . .

V1zroik tiči v tem, da se skoraj do konca sredri.jega veka ti in podobni vez-' niški izrazi niso ob.čutili kot enotni· vezniki, temveč je njihov prvi sestavni del, t. j. časovni prislov ainz (avant, devant) spadal še h glavnemu stavku :.:_ kar dokazuje avtor z nekaterimi, tem primerom lastnimi •sintak!tičnimi pojavi -, zaradi česar je odpadla potreba po povzemalnem si. Avtorjeva razlaga teh pri­merov se razlikuje od razlage ne~q.terih drugih romanistov .(Lerch, Imbs, P~ice).

Podrobnosti ter številne dokazilne primere glej v francoskem delu članka. '

./

Božo Vo'dušek

GRUNDSATZLICHE BETRACHTUNGEN

DBEJR DEN MELOiDiSCHEN VERLAUF DEIR WORTAK'ZENTE IN DEN

ZElNTRALEN SIJOWENISCHEN l\IIUNDAmiTEN

Die Vokale ·der slowenischen Sprache haben, wie bekannt, drei distin'ktive Merkmale: die Qualitat, die Quantitat und den Akzent. Alle drei kommeh in Betracht bei1 der Unterscheidung von Bedeutungen, die Qualitat z. B. ih r.6ka »die Hand«:· r6ka »der Frist«, .di.e Quantitat in kaj »was«: kaj »etwas«, ·der Akzent iin vrat »der Ture« (gen.' plur.): vrat »der Hais«; sie e11scheinen also in Opp~sitionei:i. Die Qualitats- und Quantitatsoppositionen sind, was die slo­wenischen Dialekte ibetdfft, schon ziemlich genau untersucht worden und sind auch in .der ,Schriftspraohe wenigstens theoretisch fixiert. Die Akzents-, ·oder wie man ·sie gewohnlich nenrit, die Inton~tionsoppositionen sind im Vergleich da:llu nur sehr spar1ich beschrieben.1 Der Hauptgrund 1besteht •schon darin, daB

1 Diber den slowenischen VokaUsmus im allgemetnen i. B.: Škraibec, Jezi­kosfovni sj:>isi, I. zvezek, Ljubljana 1916; Broch, Slavische Phonetik; Heidelberg 1911; Ramovš, Kratka zgodovina slovenskega jezika, Ljubljana 1936; F. Bezlaj, Oris slovenskega knjižnega izg0vora, Ljublji;ma 1939. Speziell ilber den Cha­rakter der Intonationsoppositiorien: Valjavec, Glavne točke o naglasu književne slovenšti'(ie, °Rad' Jugoslavenske akademije znanosti i umjetnosti, knj. CXXXII, Zagreb 1897, S. 116 ff.; Broch, op. cit., S. 289, 292, 325 ff., 330 ff.: Ramovš, op. cit., S. 119, 135; Bezlaj, op. cit., S. 98df.; D. Sovre, Akzent und Vokalismus in Slo­wenischen Filologiska meddelanden fran Ryska Institutet vid stockholms Hogskola, 1956, No. 2, S. 2 ff.

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