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DANS LA MÊME COLLECTION EN MÉDITERRANÉE

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DANS LA MÊME COLLECTION

Pierre WEITE CHASSES

EN BROUSSE AFRICAINE

Freddy TONDEUR CHASSE SOUS-MARINE

EN MÉDITERRANÉE

Patrice PAULIAN LA VIE ANIMALE

AUX ILES KERGUELEN

CHEZ LES MÊMES ÉDITEURS

François et Jacqueline SOMMER LE REFUGE DE NOE

J.F. ORMOND TRENTE JOURS DE CHASSE

EN OUBANGUI

C. HETTIER de BOISLAMBERT L'ILE AUX CERFS

François SOMMER POURQUOI CES BÊTES SONT-ELLES SAUVAGES ?

Victor LAURENT LA REPRISE DE SEPT HEURES

Education du Cheval Education du Cavalier

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GENERAL INGOLD, C. R. de l'Académie des Sciences Coloniales

Bêtes et H o m m e s

du Niger

LA TOISON D'OR P A R I S

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BÊTES ET HOMMES DU NIGER

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D u m ê m e a u t e u r

HISTOIRE MILITAIRE

Dix batailles avec la Légion (Revue de la Légion 1938). Epuisé. Avec les Troupes coloniales 1914-18 (Edition Berger-Levrault 1938).

Epuisé. Les Troupes noires au Combat (Edition Berger-Levrault 1939). Epuisé. Trois Etudes : Flirey, La Piave, La Pompelle (Revue d'Infanterie et

de Cavalerie 1938-39). Epuisé. Ephémérides à l'usage des Troupes noires 1942. Cameroun. Epuisé. Ceux de Leclerc en Tunisie (Office Français d'Edition 1943-45).

Epuisé. L'Epopée Leclerc au Sahara (Berger-Levrault 1945). Grand Prix de

l'Empire. BIOGRAPHIES - HISTOIRE GÉNÉRALE

L'Armée française dans la Grande Guerre (En Collaboration), 1938. Prix Muteau.

L'Armée coloniale (Edition Reboul, 1943). Epuisé. Veillons au Salut de l'Empire (Edition Spès, 1945). La France et son Empire dans la Guerre (Edition littéraire de France,

1946). Le Général Leclerc. 70.000 exemplaires (Service de Documentation).

Epuisé. Leclerc de Hauteclocque (Edition littéraire de France), avec Louis Mouille-

seaux, couronné par l'Académie Française. Trente ans d'Histoire en collaboration (Nouvelle Librairie de France,

1948). Kléber (Alsatia, 1953, en collaboration).

ESSAIS - ROMANS - DIVERS

Lettres de la France combattante (Office français, Edition 1943). Epuisé. L'Afrique primitive (Edition Grund, 1946). Epuisé. De la Douleur (Edition littéraire, 1947). Prix Maria Star. Sous l'Ancre d'Or (Edition Colbert, 1947). Epuisé. Réception à l'Académie des Sciences coloniales 1948. Les Enthousiasmes méditerranéens (Edition Pouzet, 1951). La dernière Patrouille (Fetzer, Raon-l'Etape, 1951). Epuisé.

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous pays.

Copyright by NOUVELLES EDITIONS de LA TOISON D'OR — PARIS, 1953.

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GENERAL INGOLD, C. R. de l'Académie des Sciences Coloniales

Bêtes et H o m m e s

du Niger

LA TOISON D'OR P A R I S

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LE NIGER

.. . Ce fleuve si long, si long que sur une ligne étendue, il pourrait courir de Gibraltar

à Narwick.

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L'ARRIVÉE AU LEVANT

Les feux rouges de la piste aérienne de Gao passent de plus en plus rapides devant mon hublot. C'est fait. Notre DC 3 s'est enlevé ! Nous voici dans l'espace, saisis par l'immensité de la nuit, une nuit calme et belle scintillante d'étoiles. Sans heurt, sans même l'effort d'un pas ou d'un souffle, nous sommes entrés dans cet espace qui depuis des temps innombrables était resté pour l'humanité entière un domaine interdit. Combien proche cependant ! Certes la pierre, la flèche, la balle, lancées par la main, l'arc ou la poudre l'avaient d'âge en âge sillonné de plus en plus profondément et c'était déjà une conquête, mais une conquête dont l'homme n'était que l'animateur au compte de son éternelle alliée,

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la matière. Les siècles passaient... Lui, l'homme, tou- jours attaché à la terre n'étendait pas sa propre déli- vrance au-delà de la main levée. Et quelle dérision ! Quel affront à son orgueil !.. Le plus misérable des oiseaux, à peine sorti de l'œuf, du bord de son nid prenait à travers l'espace un victorieux envol ! L'Aile naquit enfin et avec elle force vivante, rapidité, domi- nation.

Arraché à la terre, gouffre sombre et béant, me voici au cœur d'un spectacle infini. Vers les étoiles dans leur harmonie connue... Croix du Sud, Scorpion... je cherche un réconfort. Hélas la possession du ciel dans son immensité est un accablement ! Seule l'âme peut y trouver une sérénité, la chair inévitablement reste atti- rée vers la terre, son éternelle demeure. Le gouffre sombre m'appelle de nouveau. Qu'est-ce ? Une cou- ronne de braises troue la nuit noire qui s'étend sous nos ailes... Vraie porte de l'Enfer... C'est un immense feu de brousse qui sous le vent avance. Des villages épars marquent la nuit de lueurs rouges et je songe aux Noirs accroupis, grelottant dans le froid du matin, qui lèvent les yeux vers nous, et par delà, vers le mystère des Dieux.

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La rougeur des feux de village s'éteint insensible- ment, nos ailes touchées par les premières lueurs du jour sortent de la nuit, les étoiles s'effacent et le gouffre sombre des terres se déchire, laissant entrevoir par lambeaux un ruissellement de nacre rose, le Niger en cent détours épandu !

D'instant en instant la terre se dévêt de son épais manteau d'ombre et reprend ses traits sous les tons très doux du levant. L'emprise du ciel s'évanouit. J'en souffre la torture d'une bassesse, d'une décadence, d'un esclavage de chair. Dans le monde des étoiles je m'exal- tais en Dieu, la terre des hommes me reprend inten- sément.

L'avion s'enfonce vers le Niger. Les tons de nacre rose s'évanouissent, une lueur blafarde s'empare du ciel et recouvre la terre.

...Face à la pointe des moteurs, le soleil n'est plus qu'un disque pâle, sur nos ailes la caresse des couleurs est morte, le sourire de l'aurore s'est dissipé aussi vite qu'un sourire de femme.

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...Sur un semis de nénuphars blancs glisse une pi- rogue. A l'horizon un village surgit, nous offre une seconde le spectacle de son réveil matinal et s'échappe. En panique, un vol immense de canards sauvages s'égrène sous nos ailes.

...Nous sommes maintenant si bas sur le Niger que des oiseaux nous dominent. Des chevaux enfouis jus- qu'au poitrail dans l'eau et les herbes, demeurent im- perturbables ; ils savent qu'aucun danger ne les menace du ciel.

...Aux lisières d'un village, des poulets blancs effrayés cherchent un abri contre notre irruption, des pileuses de mil s'immobilisent et des enfants luisants dans l'eau du fleuve lèvent les bras vers nous.

Un choc léger, terre ! L'avais-je donc quittée ? Oh, l'espace d'un instant dans la nuit bleue constellée d'étoiles !

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LES BÊTES

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KIRTACHI

Nous avions quitté Say vers 15 heures, et descendant le Niger, naviguions vers Kirtachi. A l 'un des flancs de la vedette était accrochée une large barque à fond plat. un M 2 où s'entassaient eau filtrée, essence et provisions. Si-idi le laptot tenait la barre, Yayah mon tirailleur, Ousmane le cuisinier et Gamatié le chasseur nous accompagnaient. A notre départ de Say, de nom- breux négrillons étaient accourus sur la jetée. En ré- compense de leur joie, leurs cris et leurs rires, nous leur avions lancé quelques billets qu'ils avaient avec agilité saisis dans l'eau, redoublant de joie, de cris et de rires. Say, au premier grand méandre, avait fui.

Plus nous avancions, plus les berges devenaient sévères.

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Les villages disparurent. La forêt dressa au long des rives d'épais remparts de verdure faits de lianes et d'arbres enlacés. Au sommet des crêtes, quelques bao- babs aux larges troncs gris-mauve se profilèrent en tours de garde. Ils avaient une telle majesté, ils don- naient le sentiment d'une telle puissance qu'ils sem- blaient être nés et faire corps avec la montagne elle- même, sol et arbres unis dans une pareille matière. Avec mépris je songeais aux misérables baobabs des environs de Dakar. Là-bas l'homme avait dominé la nature... Mais ici elle nous tenait, nous étouffait presque, elle nous envoûtait dans l'étau d'une force immense et belle.

Le Niger soudain se resserra dans une passe rocheuse dont la couleur rose évoquait les grès des Vosges.

« Regarde ! » dit le Laptot.

Deux grands cynocéphales accompagnés d'un petit nous observaient, assis sur une grosse pierre arrondie, très proche. De la main je leur fis un geste d'amitié. Ils se tournèrent l'un vers l'autre, interrogateurs. Mon geste les avait-il troublés ? Les cynocéphales sont

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capables de tous nos gestes mais ils n'ont pas su en élever le sens vers l'infinie gamme humaine du sen- timent. Dieu en soit loué car quelle émotion morti- fiante, si leurs mains comme les nôtres s'agitaient en réponse à notre signe d'amitié !

« Regarde, regarde encore ! » dit Yayah. C'était une troupe de trente à quarante cynocéphales de toutes tailles. En arrière-garde de vieux mâles nous faisaient face, lançant des aboiements gutturaux ; des petits, pressentant un danger, couraient au plus près de leurs mères. L'un derrière l'autre, ils se profilaient mainte- nant au long d'une corniche rose, s'immobilisant par- fois en gargouilles de cathédrales et s'évanouissaient enfin dans une étroite cheminée rocheuse.

Le Niger s'ouvrit en deux branches, une longue île lui faisant une dorsale de rochers et de grands arbres où se poursuivaient en jacassant des perruches. Sans hésiter le laptot s'engagea dans la branche de droite. Des rochers affleuraient à la surface de l'eau, des mar- tins-pêcheurs plongeaient dans un banc de poissons qui mouchetaient sous un rayon de soleil, des canards prirent leur vol de très loin. Puis la rude dorsale mou- rut, étroite lagune d'herbes où veillait un héron pourpre, et le Niger retrouva son calme, sa majesté perdue.

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« Banha ! Banha ! l'hippo ! Regarde ! » criait cette fois Gamatié !

Son énorme muffle de chair rose... de chair « rose-

pourriture » venait de sortir à la pointe de l'île... avait disparu, reparaissait encore.

« Tire ! Tire !

— Non, je ne veux pas tuer Banha, je veux le regarder seulement. »

Le jour tombait rapidement.

Tout à coup, le régime du moteur faiblit. Si-idi le laptot me faisait signe. En bordure d'une petite plage je vis une longue ligne noirâtre; cinquante, cent canards peut-être étaient là, groupés. Par le travers je leur déchargeai un coup de fusil, une dizaine restèrent sur place. On aborda, Ousmane trancha les gorges ! En- traînés par le courant, des blessés essayaient de s'échap- per. Nous les poursuivions avec la vedette.

« Attrape celui-là d'abord ! » Mais la vedette évoluait lourdement et le canard

glissait, rapide... Un long sillage noir surgit, un bref

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remous, le canard venait d'être enlevé par un crocodile. Les autres blessés fuyaient, emportés par le fleuve. Du sommet d'un grand arbre, un aigle à col blanc plongea, saisit, enleva sa proie et sans effort regagna la rive.

Le drame était partout autour de nous, dans l'eau verte, le ciel pur, la forêt sombre.

Peu après le soleil disparut.

« Sommes-nous encore loin ?

— Non ! un peu ».

L'ombre maintenant gagnait d'instant en instant et les rives devenaient indécises.

« Vois ! »

La vedette fit cap à babord et se rangea dans une petite anse parmi les herbes. Deux cases rondes domi- naient la berge, aucun être humain, aucun bruit, mais sur le sol des débris de vieilles pirogues et des traces de feux.

C'est le campement ?

Oui, le campement de Kirtachi !

Des doums très beaux jetaient leurs longues tiges vers le ciel en bouquets de fusées. Je m'avançai dans

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l'intérieur des terres... Rien ! Toujours rien ! Le silence ! La lune se leva. Je revins vers le fleuve. Les palmes des doums s'entrechoquaient dans la brise. J'eus l'im- pression d'avoir abordé dans une île déserte du Paci- fique.

Nos Africains maintenant allumaient deux grands feux et chacun s'appliquait à une tâche simple mais bien définie. Gamatié faisait flamber des canards coupés en coque de noix, Yayah cherchait du bois, Si-idi ache- vait de vider l'eau entrée dans la vedette et Ousmane le cuisinier s'affairait parmi les casseroles.

En cercle autour d'un feu se profilaient Gamatié, Si-idi et Yayah. J'allai vers eux et m'assis entre Ga- matié et Si-idi.

« Quand mangerez-vous ?

— Quand tu auras mangé, quand tout sera fini ! »

Le foie d'un gros canard armé tué le matin cuisait dans la cendre, un gésier soigneusement vidé était à mes pieds, Gamatié maintenant offrait au feu les paumes blanches de ses mains.

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A la fourche d'un doum tout proche, Gamatié avait pendu son sac de flèches empoisonnées, son arc et sa tête de Bourtou 1 L'immense bec de l'oiseau profilé dans la nuit sur les nuages argentés par la lune donnait à cette scène un air de sorcellerie.

« Es-tu content, Gamatié ?

— Es-tu content, Si-idi ?

— Es-tu content, Yayah ? — Nous sommes contents !

— Tes flèches, Gamatié, peuvent-elles tuer Moussou le Lion ?

— Ne dis pas Moussou, il ne faut jamais dire Moussou car tu le provoques en disant son nom, tu peux attirer le malheur...

— Oui, mes flèches peuvent le tuer, il suffit qu'elles entrent comme cela... et il me montrait la largeur de trois doigts.

— Alors ton arc et tes flèches sont plus terribles que les fusils des blancs ?

(1) C'est en se coiffant de cette tête d'oiseau (Gd Calao d'Abyssinie) et en imitant son sautillement dans la brousse que Gamatié arrive à s'approcher très près des bêtes de chasse.