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Conférence de choses

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Conférence de choses

Synopsis 2Le texte 3Intentions dramaturgiques 4Dispositif 6 Technique 6Coupures de presse 7 Distribution et crédits 16 Biographies 17Contact 18

Captations: pro.2bcompany.ch

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Pierre Mifsud - sorte de Pécuchet contemporain - salue l'audience et, de lien en lien, de sujet en sujet, de rebond en rebond, du bison à la Reine Margot, de Descartes au bonbon Haribo, de Annie Hall à la Comète de Halley, ne s'arrête plus de parler jusqu’à ce qu’un minuteur ne l’arrête, entre une et huit heures plus tard.

« Conférence de choses » est une déambulation ludique au cœur du savoir encyclopédique participatif contemporain, révélant à la fois les vastes étendues qu’il recouvre et quelques-uns des improbables chemins qui le traversent.

C’est également une incroyable performance d’acteur qui ne repose que sur l’essentiel : un comédien et un public dans un espace et un temps donné, sans effet, sans filet, sans technique.

« On s’y plonge, et c’est un délice absolu. »

Thierry Sartoretti, Radio Télévision Suisse La Première

Synopsis

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« Conférence de choses » se présente comme une digression sans fin.

Le corpus de texte permet huit heures de conférence présentées en un ou plusieurs épisode(s).

Le processus d’écriture a consisté - en partant d’un sujet donné - à suivre sur Wikipédia une série d’hyperliens . 1

Nous avons minutieusement recopié nos circulations « brutes » puis avons sélectionné les éléments que nous trouvions essentiels (certaines dates ou certaines informations - tantôt pour leur caractère didactique, tantôt pour leur caractère incongru ).2

A partir de cette structure - qui constitue le « squelette » de la conférence - nous avons inclu de nouveaux développements et de nouvelles digressions au fil de nos lectures et de nos improvisations. Ainsi, par exemple, Pierre Mifsud a-t-il développé une séquence mémorable autour de l’histoire de Phaéton - fils d’Hélios dans la mythologie grecque qui voulait conduire le char de son père, tout comme Carlos, fils de Françoise Dolto, qui chantait « L’auto du papa de Toto », etc… - alors que le mot « Phaéton » n’était qu'à peine mentionné (en tant qu’exemple de véhicule hippomobile) dans le « squelette » de départ.

Si le matériau est précis, il n’est jamais figé. La circulation est décidée et balisée d’étapes obligées, mais nous nous laissons

la possibilité d’aménager à l’envie de nouvelles « parenthèses » à l’intérieur du corpus établi, soit en fonction du lieu, soit de l’actualité, soit encore des réactions de l’audience (Pierre Mifsud - en formidable improvisateur - garde une marge de manoeuvre et peut s’adapter à ce qui advient dans l’instant). Nous avons tenté de toujours « rythmer » le corpus texte de manière à maintenir l’intérêt du spectateur en éveil.

Un hyperlien, ou lien hypertexte, est une référence dans un système hypertexte permettant de passer 1

automatiquement d'un document consulté à un document lié. Les hyperliens sont notamment utilisés dans le World Wide Web pour permettre le passage d'une page Web à une autre à l'aide d'un clic.

Nous nous imposons comme règle d’être toujours exacts et précis au niveau des références et des 2

informations distillées, c’est-à-dire que nous ne composons nos déambulations qu’avec des éléments présentés comme « vrais » sur Wikipédia

Le texte

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La métaphysique

Annie Hall

L’automobile

Le phaëton

Cygnos

La langue des signes

Le phonème

Histoire de Phaëton

Le dialecte

Les isoglosses

Haribo

Histoire du chat qui dort

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Une déambulation idiote à travers les champs du savoir humain - une manière ludique de célébrer le prodige de l’existence

Dans son essai « Le Réel, traité de l’idiotie », le philosophe Clément Rosset revient à l’étymologie du mot - « Idiotie, Idiotès » - qui signifie « simple, particulier, unique », mot qui par extension sémantique - dont la signification est de grande portée - désigne aujourd'hui une personne dénuée d'intelligence, dépourvue de raison. 

Si chaque « chapitre » du savoir encyclopédique contemporain se veut une définition raisonnée d’un pan du « Réel », la déambulation hasardeuse et « horizontale » (qui aplatit et pose toutes nos connaissances à un même niveau) à travers l’ensemble de ce savoir qu’effectue Pierre Mifsud se révèle pleinement « idiote », à la fois selon la définition étymologique du mot (simple, particulière, unique) et sa définition commune (dépourvue de raison). La matière de sa conférence - véritable agrégat de multiples sens « accolés » les uns aux autres - semble ainsi révéler l’insignifiance de ce savoir en même temps que la singularité de celui qui le possède et le met en partage.

L’ambition n’est pas de dire que le savoir humain (notre regard porté sur le réel et notre interprétation de dernier) est absurde, mais plutôt, pour paraphraser Clément Rosset, de « Rendre le réel à son insignifiance » en montrant à la fois la grandeur et la vacuité du savoir encyclopédique.

« Rendre le réel à l’insignifiance consiste à rendre le réel à lui-même : à dissiper les

faux sens, non à décrire la réalité comme absurde ou inintéressante. Et surtout pas à décrire comme anodin le fait qu’il existe une réalité, ignorant ainsi, ou croyant l’éliminer à peu de frais, la question ontologique. Nous disons que ce qui existe est insignifiant, que le hasard peut très suffisamment rendre compte de tout ce qui existe ; cette thèse demeure ambiguë si l’on omet de préciser qu’elle vise ce qui se passe dans l’existence, mais naturellement pas le fait de l’existence elle-même, le fait qu’il existe quelque chose. » .3

Et c’est bien ce qui demeure, tandis qu’à force de digressions conférencier et auditeurs finissent par se perdre au milieu du magma encyclopédique : des êtres humains rassemblés, partageant et célébrant non pas seulement les choses qui existent, mais le fait « qu’il existe quelque chose ».

De l’ivresse de la durée et de l’étonnement philosophique

La durée de la conférence a été pensée afin que les spectateurs éprouvent (quasi « physiquement ») que ce n’est pas tant la matière traversée qui importe, mais le fait qu’un homme la trouve suffisamment prodigieuse pour se proposer de la traverser, à la manière de l’ivrogne - une des figure possible de l’idiot - décrit par Clément Rosset :

« L’ivrogne est […] hébété par la présence sous ses yeux d’une chose singulière et unique qu’il montre de l’index tout en prenant l’entourage à témoin, et bientôt à partie si celui-ci se rebiffe : regardez là, il y a une fleur, c’est une fleur, mais puisque je

« Le Réel, traité de l’idiotie », Clément Rosset, Editions de Minuit3

Intentions dramaturgiques

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vous dis que c’est une fleur... Une chose toute simple, c’est-à-dire saisie comme singularité stupéfiante, comme émergence insolite dans le champ de l’existence. En quoi l’ivrognerie peut être invoquée comme une des voies d’accès possible à l’expérience ontologique, au sentiment de l’être ; car l’ivrogne voit qu’il y a la rose, et qu’elle est sans pourquoi […] Ce que perçoit l’ivrogne est avant tout la chose saisie dans sa singularité, c’est-à-dire une unicité qui contribue à la faire apparaître à la fois comme prodige – et c’est pourquoi il vocifère et attire sur elle l’attention des passants – et comme phénomène inconnaissable, incompréhensible. La chose est tellement unique, se suffisant à elle-même et se renfermant en elle-même, qu’il lui manque précisément tout autre chose à partir de quoi l’interpréter : elle est cela et rien que cela, là et rien que là.  »4

Nous voulons croire que l’expérience « physique » de la durée et l’ivresse suscitée par l’accumulation de sujets permettent d’accéder à cet état « d’ivrognerie » dont parle Clément Rosset, à cette perception des choses comme étant à la fois prodigieuses et incompréhensibles, à cet « étonnement » fondamental qui est à la base de toute pensée.

Par ailleurs, le fait de savoir la conférence intégrale si longue (huit heures !) nous semble permettre aux spectateurs qui décideraient de n’en voir qu’une partie de pouvoir « imaginer » le tout, et d’ainsi pouvoir malgré tout saisir la portée « philosophique » de notre proposition.

« Le Réel, traité de l’idiotie », Clément Rosset, Editions de Minuit4

Intentions dramaturgiques

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Le spectacle peut être joué dans quasi n’importe quelle sorte de salle (auditoire d’université, salle de spectacle, café, etc…).

Pour toute scénographie, nous ne demandons qu’une table et une chaise pour Pierre Mifsud.

Il n’y a pas d’effet de lumière particulier. Spectateurs et conférencier baignent dans une même lumière du début à la fin de la conférence. Toutefois, selon les salles, un éclairage d’appoint peut être demandé pour permettre de bien distinguer le conférencier.

Les spectateurs doivent pouvoir prendre place face à lui, comme pour une conférence traditionnelle.

Sa version courte consiste en 8 épisodes distincts d’une heure chacun, présentés individuellement.

Sa version longue est une « intégrale » de huit heures.

Plateau et salle de spectacle

Taille plateau minimale: prof. 2m / ouv. 3m Disposition frontale, de type conférentielle. Plateau et public si possible de plein pied. A fournir: une table stable et une chaise. 

Pour la version intégrale, la compagnie peut fournir, au frais de l’organisateur, 45 fauteuils poire (poufs) pour que le public puisse s’installer confortablement. 

Pour la version intégrale, les lieux bénéficiant de lumière naturelle sont privilégiés. 

Loge et locaux divers

1 loge pour 2 personnes

Lumière

A adapter selon les lieux: Prévoir une lumière globale de type plein feu, baignant à la fois le public et l’espace de jeu, avec si nécessaire en face un éclairage d’appoint pour le comédien.

Son

Pour une grande salle, prévoir un système de sonorisation HF, avec micro serre-tête discret. 

Besoin en personnel

Version intégrale:

J-1: 1 service de régie plateau 1 service de lumière

J: 1 personne pour allumer la salle 1 pour l’éteindre à la fin.

Accueil du public en flux continu.

Version épisode

J: 1 service de régie plateau 1 service de lumière (si besoin)1 service de son (si besoin)

Dispositif

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Technique

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Cinquante-trois minutes trente-trois de bonheur.Fabienne Darge, Le Monde (bit.ly/2b-lm)

Un savoir inouï, c’est passionnant, ça s’appelle Conférence de choses.Vincent Josse Le Masque et la Plume, France Inter (bit.ly/2b-masque)

A peu de choses près, tout ce qu’on rêve de voir au théâtre. Un vrai tour de force.Joëlle Gayot, France Culture (bit.ly/2b-fc)

Curieux de tous les pays, déplacez-vous!Cédric Enjalbet, Les Trois Coups (bit.ly/2b-3c)

Conférence de choses est une perle. Le sabbat de Pierre Mifsud promet. Sans doute un des phénomènes du festival Off.Alexandre Demidoff, Le Temps (bit.ly/2b-perle)

On pourrait ne venir à Avignon que pour ça.Audrey Santacroce, I/O Gazette (bit.ly/2b-io)

Des flots de savoirs pour une rivière de rires.Hadrien Volle, Sceneweb (bit.ly/2b-sw)

Une présence scénique parfaite, les yeux rieurs et l’invitation à l’interaction permanente. Aussi fou que réjouissant.Amelie Blaustein Niddam, toutelaculture.com(bit.ly/2b-ttc)

Coup de coeur de la Rédaction. Addictif: quel trip !Alain Pécoult, La Provence (bit.ly/2b-provence)

Citations médias

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Les Inrocks.com - 20 juillet 2016

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Les Inrocks.com Mercredi 20 juillet 2016

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Le Monde - 19 juillet 2016

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Libération - 27 novembre 2015

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La Liberté – 1er juillet 2016

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Le Temps - 9 novembre 2015

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La Liberté - 31 octobre 2015

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24 heures - 30 octobre 2015

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44 • PERFORMACEPROCESS / PERFORMANCE / le phare n° 21 / septembre-décembre 2015 septembre-décembre 2015 / le phare n° 21 / PERFORMACEPROCESS / PERFORMANCE • 45

jeudi 10 décembre / 20 h

performance

Schick / Gremaud / Pavillon40 minutes (création, 40’)

Les rouages de la production culturelle sur la selletteLe projet de performance à long terme, X minutes, lancé en 2013 par Martin Schick, François Gremaud et Viviane Pavillon, contourne les mécanismes du théâtre contemporain. En automne 2015, Ils en montrent l’unique et locale représentation : 40 minutes, achetée aux enchères par le CCS. Par Mona De Weerdt

Ce projet collaboratif a commencé à prendre forme à l’occasion d’une rencontre organisée par l’Office national de diffusion artistique (ONDA) où différents artistes eurent l’occasion de présenter et de vendre leurs tra-vaux. Schick, Gremaud et Pavillon (regroupés dans la Ingoodcompany, domiciliée à Lausanne) ont décidé de prendre à la lettre cette notion de commercialisation artistique et de proposer une pièce à la vente, mais sous la forme d’une idée, d’un concept encore inexistant matériellement. Les programmateurs de spectacles et de festivals ont donc pu acquérir le con-cept présenté par les artistes au cours d’une vente aux enchères, soit 5, 10, 15, 20, 25,… minutes de performance et par là même devenir coproducteurs de la production.

Concrètement, le projet se décline de la façon suivante : à chaque repré-sentation de X minutes dans un endroit donné, les artistes créent cinq mi-nutes de performance dans la langue du lieu. Ces cinq minutes s’ajoutent aux autres tranches de spectacles pré-existantes, par lot de cinq minutes chacune. La production est donc cumulative et sa valeur monétaire aug-mente avec chaque tranche supplémentaire de cinq minutes. Une perfor-mance plurilingue se développe alors (à l’heure actuelle en français, suisse allemand, flamand, finnois et croate), composée de dialogues humoris-tiques, de monologues face au public et de séquences chorégraphiées. Chaque édition n’est montrée qu’une seule fois et donc annoncée au pro-gramme comme une première mondiale.

Grâce à ce procédé, Schick, Pavillon et Gremaud évitent élégamment l’écueil des subventions de l’État. Ils mettent leur performance sur le mar-ché du théâtre et se financent directement par le biais de l’acheteur cor-respondant (commissaires d’exposition, programmateurs et directeurs de théâtres, notamment). Cela leur permet d’échapper à une certaine dépendance des mécènes. Par ailleurs, ils n’apparaissent plus seulement

comme artistes, mais également comme partenaires de négociation et entrepreneurs à leur propre compte. La vente d’un concept ou d’une pro-duction devient le point central, et la valeur de ce « produit » augmente constamment. En réalité, la question posée est la suivante : combien de temps encore festivals et théâtres vont-ils continuer à fonctionner selon une logique néolibérale ? À partir de quelle somme d’argent une pièce de-vient-elle hors de prix pour un théâtre et injouable pour les acteurs à cause de sa durée ? De façon ludique, Pavillon, Gremaud et Schick mettent en exergue les principes néolibéraux du « plus il y en a, mieux c’est » et du « acheter tôt et vite, c’est acheter mieux et donc moins cher », ils mettent à nu le cercle vicieux de nos mentalités et comportements capitalisés à outrance.

Ils montrent à quel point les productions théâtrales et la danse sont devenues des produits qui circulent comme des marchandises (commer-ciales) qui obéissent aux règles des flux économiques ; ils posent la ques-tion du bien-fondé des dispositifs qui régissent aujourd’hui la culture. C’est une critique basée sur la pratique du système actuel de financement de l’activité culturelle dans lequel se meuvent nos trois compères en tant qu’artistes, et dont ils dépendent ; or, en vendant eux-mêmes leur projet, ils réussissent à reprendre le pouvoir sur leur destin et se distancier des structures de production artistique conventionnelles. Ils parviennent à redonner au théâtre sa dimension politique, en thématisant et en révélant les rouages du monde du théâtre en tant que tel, et avec tout son attirail institutionnel et structurel. Mona De Weerdt est collaboratrice scientifique à l’Institut des sciences théâtrales de l’université de Berne.

Schick / Gremaud / Pavillon, X minutes, 2015. © Ingoodcompany

du mardi 17 au samedi 28 novembre

hors les murs + Centre culturel suisse

François Gremaud – 2b companyConférence de choses (2014)

du mardi 17 au vendredi 27 novembre

Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Musée de la Chasse et de la Nature, La maison rouge, Musée national Picasso-Paris, Centre Pompidou, Maison de la poésie, Maison de Victor Hugo, Le Bal, T2G – Théâtre de Gennevilliers

Tournée du spectacle en neuf épisodes de 50 minutes dans neuf lieux

samedi 28 novembre / 14 h – minuit

Centre culturel suisse

L’intégrale des épisodes 1 à 9

L’infini gai savoirTraiter, dans une même conférence, le phaéton, Annie Hall, le bonbon Haribo et l’histoire du chat qui dort ? Plongée en apnée encyclopédique avec le professeur Pierre Mifsud, marathonien de la digression permanente.

Par Thierry Sartoretti

Nous l’avons tous fait. Divaguer sur le web. Ce n’est plus du surf, c’est du long cours. Sans compas ni boussole. Une errance avec changement de cap lorsqu’une proposition inattendue titille la curiosité ou chatouille l’imaginaire. Nous avions commencé par un renseignement sur un tour de main culinaire et nous voici plongé dans les circonstances de la mort du général Skobelev.

François Gremaud, comme tout Suisse né loin de la mer, est un grand na-vigateur. Il met les voiles dans Wikipedia. Il croise au moteur de recherche. Le Mac est son Ithaque d’où il s’est retrouvé plus d’une fois à des fuseaux horaires de distance. Toute recherche dramaturgique pour un spectacle de sa 2b company devient une odyssée virtuelle. Il lui suffit de répondre aux invitations de l’hypertexte. Essayez vous-même : circulez dans Wikipedia d’hyperlien en hyperlien. De l’explication d’une situation à la définition d’un terme contenu dans cette explication, laquelle définition mène à son tour à un concept, qu’il s’agit de présenter avec des mots, à leur tour déve-loppés dans une autre page, etc. Ne revenez jamais à votre point de départ et vous vous retrouverez ainsi nourri d’un surprenant savoir. Un acquis dis-parate et pourtant aux composantes intimement reliées par le cabotage virtuel accompli.

C’est ainsi qu’est né Conférence de choses. Voici un spectacle né du désir de transformer cette roborative expérience solitaire en une croisière col-lective et ludique. Un comédien, Pierre Mifsud, endosse le rôle docte et pré-cis du conférencier. Ce grand timonier du savoir encyclopédique répète volontiers un terme abscons à son audience ravie par tant d’érudition, mais parfois pantoise devant la complexité d’une définition. Il lui arrive aussi d’illustrer une théorie plus ardue qu’à l’ordinaire avec de petits outils péda-gogiques simples et efficaces tels un regard complice ou deux stylos-billes de couleurs, transformés en signifiant et signifié. Certains professeurs du Collège de France gagneraient en efficacité rhétorique s’ils assistaient à la démonstration édifiante du conférencier Mifsud. Lequel se lance dans un marathon de huit heures. Il va être question de métaphysique, d’Annie Hall, d’automobile, de phaéton, avec une minuscule et avec une majuscule, de Cygnos, de langue de signes, de phonème, de chat qui dort, autant de

sujets hyper connectés entre eux. Non sans humour, le comédien Pierre Mifsud et son metteur en scène François Gremaud les abordent, en pre-nant systématiquement comme entrée en matière le lieu où se tient cette Conférence de choses. C’est ainsi que tous les chemins du savoir, urbi et orbi, mènent au bonbon Haribo, ce qui – il faut bien en convenir – n’est pas désagréable.

Les Oulipiens se reconnaîtront dans Conférence de choses. Ils ne de-vraient également pas dédaigner un autre projet de celui qui présentait naguère de ses grands yeux clairs et de son verbe doux un spectacle multi-média intitulé KKQQ. Avec la comédienne Viviane Pavillon et le danseur Martin Schick, François Gremaud développe actuellement une perfor-mance qui grandit de cinq minutes en cinq minutes, à chaque représenta-tion, soit la durée supplémentaire achetée par tout nouveau lieu d’accueil de ce spectacle en écriture permanente. Délicieuse contrainte, le trio Gremaud-Schick-Pavillon adopte et conserve pour chaque tranche ho-raire la langue du pays d’accueil (français, flamand, finnois, croate, alle-mand et dialectes figurent déjà au menu verbal), tout en annonçant, lors d’un implacable minutage, les actions, paroles et accidents qui vont se pro-duire dans les minutes, voire hypothétiques heures, qui suivront. En dé-cembre, lors de son accueil au Centre culturel suisse, ce nouveau spectacle se nommera alors 40 minutes. Un titre provisoire. Une invitation, comme dans Conférence de choses, à se frotter à l’illimité et à l’impermanence de notre condition. Thierry Sartoretti est journaliste culturel à la RTS (Radio Télévision Suisse).

Conférence de choses © 2b company

Le Phare - Journal du Centre Culturel Suisse - septembre à décembre 2015

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Qu’il signe ses créations seul ou à six mains au sein du collectif GREMAUD/GURTNER/BOVAY. François Gremaud imprime sa marque de fabrique. Un univers unique et poétique, un humour que certains qualifieraient d’helvétique, tendre et décalé. On aurait pourtant tôt fait de ranger le fondateur de la 2b company du côté des pitres. Sa place serait plutôt auprès des idiots, au sens philosophique du terme, ceux qui de leur regard amusé révèlent les travers de notre société. S’il manie le rire, c’est pour mieux pointer l’absurde, débusquer le tragique de notre condition. Sans moquerie. Car François Gremaud aime son sujet, aime l’homme et sa capacité à faire malgré sa mort programmée. Chez lui, l’émerveillement est plus qu’une nature. C’est sa signature.

Photos © Christian Lutz

Conférence de choses doit aussi à Pierre Mifsud, fidèle compagnon de route de la 2b company que l’on a pu voir dans les spectacles d’Oskar Gómez Mata et dans ses propres productions. C’est lui qui a co-écrit cette déambulation, c’est à ses lèvres comme au moindre de ses gestes que l’on se retrouve suspendu. De lui, François Gremaud dit qu’il serait capable de nous fasciner en lisant le bottin. Et s’il en allait de même avec l’encyclopédie ?

Biographies

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Avec

Pierre Mifsud

ConceptionFrançois Gremaud

EcritureFrançois GremaudPierre Mifsud

Administration, production, diffusionmm - Michaël Monney

Production2b company

Co-productionARSENIC LausanneCentre Culturel Suisse Paris

Avec la participation deFAR° FESTIVAL DES ARTS VIVANTS/NYON

SoutiensPro Helvetia, Fondation suisse pour la culture, CORODIS, Loterie Romande, Fondation Leenaards, Fondation Suisses des Artistes Interprètes, Fonds culturel de la Société Suisse des Auteurs (SSA) 

La 2b company est au bénéfice du contrat de confiance de la Ville de Lausanne

«Si elle pouvait ressembler, ne serait-ce que de loin, aux spectacles de la 2b company, sûr qu’elle continuerait bien, la vie.»

Jérôme Provençal, Mouvement

Fondée en 2005, l’association 2b company a constitué au fil des années un répertoire de créations originales constitué de spectacles et de petites formes, théâtrales ou autres (films, publications, chansons…)

Actuellement, la 2b company produit trois types de productions distinctes :

• les créations de François Gremaud (« Simone, two, three, four », « Re », « Conférence de choses », …)

• les créations du collectif GREMAUD/GURTNER/BOVAY (« KKQQ », « Récital », « Chorale », « Western dramedies », …)

• les Christmas Carols de Gremo & Mirou

Distribution

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2b companyrue Saint Martin 91003 Lausanne

+41 21 566 70 32

[email protected] facebook.com/2bcompany twitter.com/2bcompany

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