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1 MAYORGA CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE ET DE LA DEPORTATION 2014 ET DE LA DEPORTATION 2014 ET DE LA DEPORTATION 2014- - -2015 2015 2015 COLLEGE Saint-Jean-Pied-De-Port CLASSE CLASSE de 3e de 3e Kan Arrayet Archives famille Dassié LA LIBERATION DES CAMPS NAZIS, LE RETOUR DES DEPORTES ET LA DECOUVERTE DE L’UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE

Concours de la résistance et de la déportation (collège Mayorga)

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A Saint-Jean-Pied-de-Port, le collège Mayorga glane un 2e prix au concours de la résistance et de la déportation.

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    MAYORGA

    CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCECONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCECONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE

    ET DE LA DEPORTATION 2014ET DE LA DEPORTATION 2014ET DE LA DEPORTATION 2014 ---201520152015

    CO

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    Saint-Jean-Pied-De-Port

    CLASSECLASSE

    de 3ede 3e

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    LA LIBERATION DES CAMPS NAZIS, LE RETOUR DES DEPORTES

    ET LA DECOUVERTE DE LUNIVERS CONCENTRATIONNAIRE

  • 2

    Prsentation des camps

    de concentration et dextermination.

    Ravensbrck, un camp

    de concentration pour femmes.

    Rencontre avec Lucienne Dassi

    Saboulard, rsistante, dporte

    Ravensbrck.

    Comte le rseau de passage

    des aviateurs, au Pays Basque.

    SOMMAIRE

    L quip d 3 du Concours National d la R sistanc

    t d la D portation.

    Mis n pag : Emma Roy , Kattin Arrayt

    Txts : Aur lin Piolt, Xabi Bidgain, Cyprin d La Land dOlc,

    Damin Eyhrabid

    Traitmnt photographiqu : Kattin Arrayt, Damin Eyhrabid.

    Profssurs : Mixl Estban (histoir), Mari Vogin (tchnologi).

    Arc

    hiv

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    un

    icip

    ales

    de

    Bay

    on

    ne

  • 3

    N otre collge Jean-de-Mayorga est situ aux pieds des remparts de

    la ville de St-Jean-Pied-de-Port, dans la Basse Navarre au Pays

    Basque, la dernire halte des chemins de Saint-Jacques de Com-

    postelle avant de franchir les Pyrnes Cest un petit collge rural

    qui reoit les enfants issus des environs et ceux qui viennent de plus loin grce

    un internat.

    A la rentre scolaire 2015, M. Mixel Esteban, notre professeur dHistoire Go-

    graphie nous a propos de participer au Concours national de La Rsistance

    et de la Dportation. Au dpart, nous ne savions pas ce que ctait. Pour nous

    informer, il nous a accompagns au cinma du village pour assister la pro-

    jection du film Les Hritiers . Nous tions super motivs pour participer.

    Voil comment est ne lide du concours et le numro MAYORGA .

    Nous remercions Mme Lucienne Dassi Saboulard et Mme Victorine Bally (pouse dun dport juif de Bayonne) de nous avoir accueillis ainsi que frre bndictin Marc, de labbaye de Belloc pour son tmoignage sur le retour des camps des deux moines suprieurs du monastre.

    Les lves participants : Kattin Arrayet, Emma Roy, Aurlien Piolet,

    Xabi Bidegain, Cyprien de La Lande dOlce, Damien Eyherabide

  • 4

    D ans l'Allmagn hitl rinn, la fonc-

    tion ds camps d concntration

    tait d fair un grand trrur. Cs

    camps taint dstin s a rcvoir

    non sulmnt ls advrsairs ds nazis, mais

    aussi tous ls individus consid r s comm dan-

    grux pour l r gim nazi. Ls uns t ls autrs

    taint arr t s t amn s dans cs camps pour

    y tr condamn au travail forc . En parall l,

    ls camps d'xtrmination ux, ont t cons-

    truits pour liquidr physiqumnt ls Juifs t

    ls Tzigans, comm tant dux pupls d

    trop. Ls prmirs camps d concntration sont ouvrts dans l'Allmagn hitl rinn n 1933,

    d s l'arriv au pouvoir ds nazis, pour intrnr

    ds communists, ds opposants politiqus, ds

    Juifs, ds malads mntaux t prsonns handi-

    cap s. Ls prmirs ont t cux d Dachau

    pr s d Munich n mars 1933, puis a Oranin-

    burg-Sachsnhausn, Buchnwald, Flossnburg

    t Ravnsbru ck n 1939 pour ls fmms.

    D'autrs camps ont t implant s dans ls pays

    annx s ou occup s par l'Allmagn nazi, n

    1938 Muthusen en Autriche, en 1939 The-

    rsinstadt n Tch coslovaqui, n 1940 a

    Auschwitz n Pologn, n 1941 au Struthof-

    Natzwilr n Alsac. Dux cat goris d d -

    port s ont t achmin s vrs cs camps : ls

    d port s r sistants t politiqus d'un part, t

    ls d port s juifs t ls tzigans. Dans cs camps

    d concntration, ls d port s taint soumis au

    travail forc dans ls kommandos, dans ds

    usins darmmnt touts prochs. Douz hurs d travail par jour, ls appls in-

    trminabls d s l'aub t tard dans la nuit qul

    qu soit l tmps, ls s vics inflig s par ls ka-

    pos (grdiens), l sous-limenttion, les ml-

    dis mal soign s : ls d port s ls plus faibls

    n r sistaint pas longtmps a c r gim.

    Ls camps nazis

    d concntration t dxtrmination

    Ate

    lier

    de

    cart

    ogr

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    ien

    ces

    Po

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    L camp d Ravnsbru ck a t ouvrt n

    mai 1939. Cst un camp principalmnt

    compos d prisonni rs politiqus. Plu-

    siurs cntains dnfants sont n s dans

    l camp, t nont pas surv cu pour la plupart. Sur

    un total dau minimum 132 000 prsonns mpri-

    sonn s dans ls camps, 60 000 a 90 000 sont d -

    c d s. A partir d l t 1944, l nombr d d tnus

    pass d 30 000 a 55 000 prsonns. Vrs la fin

    1944, une orgnistion de re sistnce est cre e e.

    A partir du mois d janvir 1945, alors qu ls x -

    cutions par gaz ou par injction continunt, ds

    n gociations avc la Croix-Roug sont ntam s avc la diplomati su dois. Mais dans l m m

    tmps, ls violncs s poursuivnt, avc ds x -

    cutions.

    En 1945 une chmbre gz e limine 5 000 6 000

    prsonns. A la fin d la gurr, fac a lavanc

    ds arm s alli s, ls SS mm nnt avc ux un

    parti ds prisonnirs pour ls transf rr vrs

    dautrs camps, n Autrich ou dans l cntr d

    lAllmagn. En juin 1944,

    un ordonnanc d Himmlr

    avait donn d largs pou-

    voirs aux chfs SS ds camps.

    Ctt consign xpliqu pour-

    quoi ls sc narios d chacun

    ds camps furnt si diff -

    rnts : crtains vacuations

    tourn rnt au massacr alors

    qu, dans dautrs cas, la vio-

    lnc fut plus limit . Ls pri-

    sonnirs ds camps subissnt

    d longus marchs. Cs d -

    placmnts forc s, qui com-

    mncnt au printmps 1944,

    sont appl s ls marchs d la mort . L 27

    avril, 12 000 ds 18 000 d tnus ncor sur plac

    sont vacu s du camp par ls SS, dans divrss di-

    rctions. L 29 avril, ls drnirs SS quittnt l

    camp. L 30 avril 1945, il n rst qu qulqus

    millirs d fmms malads qui navaint pu tr

    vacu s.

    A lapproch ds Sovi tiqus, ls drnirs prison-

    nirs sont vacu s d Majdank l 22 juillt 1944.

    D tr s nombrux d port s murnt d puis-

    mnt, d faim, d maladis ou sont x cut s par ls

    nazis. Ls marchs d la mort sont dautant plus

    difficils a comprndr qu pndant ls vacua-

    tions d Majdank t ls prmirs d parts

    dAuschwitz, ds convois continunt darrivr d

    Franc t dItali a l t 1944, puis d Holland t

    d Thrsinstadt n sptmbr. On stim qu

    pr s d 300 000 sur ls 700 000 prsonns

    ncor intrn s n janvir 1945, sraint

    d c d s lors d cs vacuations.

    Ravnsbru ck un camp pour fmms

    Nati

    on

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    rch

    ives

    an

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    eco

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    Rencontre avec Lucienne Dassi Saboulard

    V ous avez t dporte par les Nazis lge de 16 ans. Quel tait votre engagement dans la

    Rsistance ?

    Lucienne Dassi Saboulard : J tais a la maison avc mon p r, un matin. J pr parais ma compo-sition d math matiqus. Mon p r tait n train d trir ds grains pour l jardin, dans la cui-sin. J tais pr s d lui a travaillr ms cours. Il tait silnciux t m rgardait. Jai bsoin d ton avis, ma t-il dit, cst au sujt d ta m r, pour sa-voir si tu pnss qull srait daccord Il m racont alors quil a t contact par un cou-sin habitant Paris, lui dmandant d sngagr dans un r sau.

    Puis il n parla a tabl a midi t ma m r acquisa n lui disant : Tu prnds ls Allmands pour cux d la gurr d 1914, lors que cest une band d voyous sans foi ni loi, ils nous arr tront tous. J t laiss disposr d la mai-son . Ds gns sont alors arri-v s, un chf d r sau local qui tait Blg, Mm D Grf, t un grand monsiur flgma-tiqu qui vivait dans la r gion alors quil tait Anglais La maison tait alors isol avc

    sulmnt un camp d militairs allmands non loin. Nous habi-tions a lavnu Duvrgr-d-Haurann a Bayonn, la ou j vis toujours. Nous tions mmbrs du r sau Com t d passag daviaturs an-glais vrs lEspagn. Ds aviaturs vnaint s rposr chz nous. Nous ls rcvions dans un canap -lit du salon. Il y n avait dux au rz-d-chauss t dux a l tag. Nous dvions ls r cup rr a la gar d Bayonn. C n tait pas simpl, ils avaint l typ anglais, rouquins pour crtains t c n tait pas simpl d fair ls dux kilom trs a pid ntr la gar t chz nous. Nous avons commnc fin 1942.Pndant la p riod d r -sistanc, j manquais l col assz souvnt.

    De la dportation pour Rsistance au retour du camp de Ra-vensbrck Lucinn Dassi

    Saboulard avait

    16 ns lorsquelle

    t d port .

    Ctt jun r sis-

    tant d Bayonn

    a t arr t l 11

    mars 1943 avc ss

    parnts pour partici-

    pation au r sau Co-

    m t. D port , ll

    a t intrn au

    camp d concntra-

    tion d Ravnsbru ck.

    Ell a surv cu t st

    rntr a Bayonn

    fin mai 1945.

    Lucienne Dassi Saboulard

    J m suis lib r

    du cmp vec m me re

    Arc

    hiv

    es f

    amill

    e D

    assi

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    Rencontre avec Lucienne Dassi Saboulard Comment sest passe votre arrestation ?

    L. Dassi Saboulard : Ctait l 11 mrs 1943. Je dormis dns ma chambr a l tag t j m tais r vill . Jntndais ls clochs d l glis d Saint-Andr tout proch. Il tait quatr hurs. C matin j tais donc r vill tr s to t. Jai ntndu l crissmnt d notr portail. Jai frapp a la port d ms parnts. Au m m mo-mnt ls Allmands ont d fonc la port. Ils avaint ncrcl la mai-son. Ils sont rntr s d forc. L prmir ntr tait un jun offi-cir d la Gstapo. Il a dit a mon p r : Vous ts accus d fair parti dun r sau d passag . Nous avons t visiblmnt d -nonc s. Imm diatmnt, nous avons t amn s a la prison d Bayonn. Jai t s par d ms parnts t intrrog quatr hurs par la Gstapo. J n tais pas dans la m m cllul qu ms parnts. Nous avions souvnt par-

    l d c qu nous dvions dir ou pas. J savais quun parti du r sau dans lqul j tais avait t arr t . Tout l r sau tait n attnt, car un gamin d 16 ans c tait fra-gil Ils ont ssay d m pi gr. Et j nai pas parl . Par quels camps tes-vous passe et quest-ce que vous y avez fait ? L. Dassi Saboulard : J suis rs-t a la prison d Bayonn un smain t nsuit au cntr d d tntion ds r sistants d la Maison-Blanch d Biarritz pn-dant plusiurs smains. Puis jai t transf r par train dans un wagon ou s trouvaint ds sol-dats allmands. Dirction la pri-son d Frsns a Paris. J suis rs-t dux mois puis transfrt au camp d Romainvill aux aln-tours d Paris.

    Lire page suivante

    Ils ont essay de me piger,

    et je nai pas

    parl.

    J m suis lib r

    du cmp vec m me re

    Cyprienne Dassi

    mre de Lucienne

    Edouard Dassi

    pre de Lucienne

    Katti

    n A

    rray

    et

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    J suis rst dux mois puis transfrt au camp d Romainvill aux alntours d Paris. Mon p r a t s par d nous. Il a t d port a Buchnwald dans un camp d mutil d la gurr d 1914. Ancin combattant, avait t blss pndant l Prmi r Gurr mondial. Avc ma m r, nous avons t transf r s n train au camp d Ravnsbru ck. Nous somms arriv s d nuit. Nous tions dans l noir t dun coup ds projcturs sallumaint avc un galri d SS arm s, ds fmms SS avc ds cravachs, ds chins aboyant avc furur. On passait a autr chos. D s lors ls ports ds wagons s sont ouvrts, ls chins mordaint, arrachaint ls paux. Nous avons t propuls s dans la nuit. J tais a 17 km d la Baltiqu ? Nous n savions pas ou nous tions. Nous avons march longumnt dans l noir t dun coup, c tait imprssionnant nous nous somms trouv s fac aux ports du camp qui souvraint douc-mnt comm un ma choir. Il s pas-sait qulqu chos d d cisif. Nous

    somms rntr s la -ddans. Il y avait ds fmms, ds sorts d squltt avc ds v tmnts ray s t plus tard jai constat qu c tait linfirmri t ss malads vnus ds baraqu-mnts. On nous a pouss s dans ds douchs. Nous avions ntndu parlr d cla au camp d Romainvill. Nous avions pur, mais c tait ds douchs. Nous avions du passr dvant ds SS qui nous rgardaint nus pour miux nous humilir. J tais jun, mais l plus difficil tait pour ls m rs t ls fmms a g s. Ls SS ls montraint, ls faisaint s tournr, s moquaint pour nous humilir. On nous a nsuit tondus. Ils nous ont fait ouvrir nos va-liss t ont tout pris. J tais avc un habit ray , t plus rin m m plus d bross a dnts. Ils ont voulu nous am-nr a un tat d b t. Et ils ont r ussi souvnt a brisr baucoup dntr nous. Moi, jai t un pu prot g par mon physiqu, j tais blond aux yux clairs t ils s sont pos ds qustions sur mon compt.

    Jean Dassi,

    rescap de la rafle,

    raconte le retour

    du camp de sa soeur

    Lucienne et de sa mre

    Jean Dassi, frre de Lu-cienne, avait 7 ans lorsque sa famille a t arrte. Jtais dans ma chambre, avec une cousine. Les sol-dats sont entrs, mais ne nous ont pas fait attention. Aprs larrestation de mes parents et de ma sur, jai t pris en charge par la fa-mille et envoy dans les Landes, prs de Peyreho-rade. Lorsque ma mre et ma sur sont rentres de dportation, on ne les re-connaissait pas. Pour des soins, elles ont t diriges vers un sanatorium de Cam-bo, prs de Bayonne. Ma sur se remettait peu peu, mais ma mre tait puise. Ma mre est morte le 7 septembre 1947. Elle avait 50 ans. Ma sur ne nous parlait jamais des con-ditions de sa dtention. Ce nest que beaucoup plus tard quelle a tmoign .

    Katti

    n A

    rray

    et

    Katti

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    Ma m r tait un blond aux yux vrts. Ls SS voulaint, avc lurs th oris racials, comprndr dou j vnais. A lho pital d Ravnsbru ck, j tais convoqu dvant ds m d-cins SS. J n comprnais pas lAll-mand t ils m msuraint ls yux, l nz, l visag, l corps. J tais la , nu, comm on xamin un b t. J n comprnais pas lAllmand. Un Tch qu qui tait pr s d moi m dit : Tu s l parfait typ dAryn pour ux . Ell m consilla d fair attn-tion. D brouill-toi pour dir qu tu ns pas originair d lst. Ils mont intrrog sur ms origins. Mais jai r pondu qu ma famill tait origi-nair dEspagn, d Castill ou lon trouv bin su r ds blonds. Ils s sont d suit d sint rss s d moi t hu-rusmnt, car ils dstinaint ds fmms a la prostitution, ds fmms blonds pour rproduir ds nfants blonds, avc ds SS. Ils violaint ls fmms pour cr r un rac arynn pur . Quelles taient vos conditions dinternement dans le camp ? L. Dassi Saboulard : J tais affct dans un usin soutrrain ntrr sous un for t. Ctt fmm nsi-gnant tait pr s ds cuisins a quatr patts a chrchr ds pomms d trr au sol. Un SS avait un rgard jubilatoir n voyant cla. Nous avons r sist n tournant ls choss a la d -rision, gra c a lhumour. Ls fmms russs l comprnaint t lun dntr lls marchait drri r un gard SS t la minait. Nous nous pro-t gions ainsi t rtrouvions un hu-manit a travrs lhumour. Un chos ma l plus frapp . Cst lappl du matin. Ls sir ns son-naint a quatr hurs du matin pour r villr tout l camp. L travail d-vait commncr a 6 hurs du matin.

    J rgardais par la fn tr d mon bloc ls mar s humains d fmms qui passaint n costum ray pour s rndr a lappl dans la cour g n ral du camp. C tait d longu colonn d fmms. Et a un momnt donn , plus d fmms, mais ds nfants Ds ptits d 2, 3, 4 ans qui tr buchaint, tombaint, pluraint, applaint lur m r dont ils taint s par s n fait. Nous savions quun convoi tait arri-v d Franc. Ls tout-ptits taint ds nfants juifs sans lur m r. Ils taint n transit. Ds fmms SS ls ramassaint t sn occupaint d fa-on attndrissant. Et nous avons su qu ls m ms fmms mttaint n-suit ds nfants dans ls wagons pour tr transport s t xtrmin s a Auschwitz Lorsqu nous somms arriv s dans ctt usin, nous avions un appl. On nous s lctionnait par ls mains, mains fins, t on avait bsoin ds juns fmms. Ils s lctionnaint pour ls corps d m tirs a lint riur, ls mains longus t fins travail-laint avc ds loups t ds pi cs tr s fins. Il y avait du prsonnl civil t plus ds gards nazis. Nous allions a pid dpuis 6 hurs Il y avait c qu lon applait l caf , un boisson sombr infa m t rin dautr Avc un paus dun hur avc un soup liquid t un pu d rutabaga, trois-quatr cuill rs. Nous rvnions au camp, puis a nouvau un appl. J vivais dans un bloc. C tait un unit dhabitation. Il y avait un pi c com-mun t a co t un chambr d chf d bloc, ds prisonni rs plus durs, plus salops parfois qu ls SS sou-vnt. L dortoir tait un mpilag d lits sur ds tr taux ; ls lits ls plus bas pour ls fmms moins agils. Il y a un paillass t un couvrtur par prsonn. J tais avc ma m r. Ds rats vnaint dans ls dortoirs la

    Nous travaillions 12 heures et

    sept jours sur sept debout

    devant la machine.

    La mre Cyprienne Dassi,

    la fille Lucienne au

    Sanatorium un an aprs le

    retour des camps de

    concentration.

    Avec elles Jean.

    Lire en page suivante

    Katti

    n A

    rray

    et

  • 10

    nuit t sinstallaint sur nos paillasss. J tais la prmi r fois trroris . Ils v-naint chrchr la chalur, car la tmp ra-tur dscndait jusqua 18. Vrs ls quatr hurs du matin, ils partaint, comm pour signalr larriv ds gar-dins. Lappl s passait dhors, dans l froid. Cs appls pouvaint durr plusiurs hurs. Nous tions dbout. Si un fmm tombait, ll tait battu. Pour tnir, j d -vloppais d la hain nvrs ls SS t ls gards. Et j n tais pas la plus a plaindr, car j tais sportiv. J travaillais n prma-nnc dans un usin d gurr qui srvait a fabriqur ls syst ms d guidag ds fus s V1 t V2 qu ls Allmands pr pa-raint. Jai fait plusiurs camps annxs dans c sctur. Jai vu la mort d cama-rads. Jai vu un gardinn SS frappr ds prisonni rs a mort. Ls prisonni rs mou-raint d faim, d maladi, d faiblss. Ell battait tout c qui lui tombait sous la main.

    Comment sest passe votre libration?

    L. Dassi Saboulard : J suis rst d sptmbr 1943 a avril 1945. J m suis lib r avc ma m r. Dpuis quinz jours lusin n marchait plus comm avant, plus d courant. La vill d Ham-bourg proch tait bombard t ls usins lctriqus aussi.

    Lusin n fonctionnait plus. Nous rs-tions sans activit dans lusin. Quand on a faim, froid, pur, lhumanit s r v l. Il y a ds gns formidabls t dautrs pas. Jai connu ds prostitu s qui taint for-midabls t a co t d cla ds bour-goiss, ds richs qui piquaint l pain ds voisins. Un jour, alors qu ls Allmands vidaint l camp t nous amnaint a pid, dans lur fuit fac aux Alli s, nous avions r -ussi a filr avc ma m r. Dans un bri-qutri, nous nous tions cach s avc dux autrs fmms. J psais 31 kg. Ma m r a fait lxod du rtour avc moi. Nous n savions pas si mon p r tait vivant. Jai fait baucoup d march a pid. Jai snti n marchant qu jallais mourir. Ma pr occupation tait qu ma m r rntr. Jai pris d la distanc t j voulais m jtr dans un foss pour qull n m voit pas. Ell sst rtourn . Ell ma dit : J sais, c qu tu vux fair. March dvant . Puis nous avons trouv ds troups alli s. Nous avons ainsi rncontr un jun fmm dans un uniform. J suis Labord Nogu s dAr-cangus , nous a-t-ll dit. Ell tait Basqu t nous a pris dans son ambu-lanc. Nous somms arriv s a Lu n-burg, au sud d Hambourg, ou s trouvait un ho pital militair anglais. Puis nous avons t transport s n Franc, dans un avion, pour Paris. Nous tions dans un cntr daccuil pour d port s. Nous r-chrchions notr p r. Nous lavons trouv a lho pital d la Salp tri r. Jai t a lho pital. J tais fac a un viillard qui m tndait ss bras trmblants. Il n tait plus rconnaissabl avc ss 48 ans. Il mourrait pu a pu. Il nous a quit-t s l 29 mai 1945. Puis nous somms rntr s a Bayonn par train. J tais dvnu rnfrm sur moi-m m. Javais ds qustions fondamntals, xistntialists a posr a mon p r qui n tait plus la . J mintrro-

    Lucienne Dassi

    avant la guerre

    devant sa maison de

    Bayonne.

    Arc

    hiv

    es f

    amill

    e D

    assi

  • 11

    Les femmes taient sur

    la paille, elles grelottaient,

    crachaient, atteintes

    par la maladie.

    gais sur linhumanit . C qui ma l plus frapp n camp, c sont cs n-fants t quand on vous dit quon va ls tur Ds fmms avaint aussi rnonc a rstr lls-m ms. Moi javais la hain, m m a lhur ac-tull, jai du mal a comprndr. Com-mnt un pupl aussi volu qu l pupl allmand a t-il pu n arrivr la ?

    Comment avez-vous pu survivre?

    Un jour, j m suis ffondr d fai-

    blss dvant un machin. J suis sor-ti d lusin t jai t amn dans

    un ba timnt ds SS. J tais fac a un SS,

    j n comprnais rin. Il m montr l

    canap . J my install. J dvais ouvrir

    ma rob. Javais ds poux, javais pur

    d tr abattu. Il a pris la tmp ratur.

    Il guul alors. On m dit qu j suis

    tr s malad t m voila dirig a

    linfirmri. Un m dcin tait Russ,

    un fmm dun trntain dann s.

    J suis rvnu a lappl t on m mit a

    part. A linfirmri ls fmms taint

    sur la paill, lls grlottaint, cra-

    chaint, un Polonais voisin m r-

    gardait avc d grands baux yux.

    Ell tait mort. J suis rst a linfir-

    mri. Mon m dcin russ a tir l

    plus possibl pour m gardr trois s-

    mains. Ell tait cpndant contro l

    t dut m laissr partir. La SS st v-

    nu, ll tait charg d fair dispa-

    ra tr ls fmms trop faibls lorsqu

    l m dcin SS du camp vnait contro -

    lr. Ell ma fait transf rr vrs un bloc. J nai jamais compris pourquoi

    ll ma finalmnt prot g . Ell ma

    dit au bout dun crtain tmps d r-

    prndr l travail, car ll ma dit j

    n pux plus t prot gr .

    Fin aout 1944 cest la Libration Bayonne,

    mais les camps nazi seront librs en 1945.

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    Les passeurs basques du rseau Comte

    L r sau d passag Com t d but n juin 1940 n Bl-giqu par ds actions d solidarit nvrs ds sol-

    dats britanniqus nayant pu rm-barqur a Dunkrqu .Ds Blgs, Andr d Jongh t son p r Fr d -ric, accompagnnt ls soldats vrs lEspagn, par ls Pyr n s basqus. L r sau s structur n 1941.

    Au Pays Basqu, la famill D Grf organis c r sau rattach aux sr-vics scrts anglais. Baucoup d fmms participnt au r sau. Par-mi lls, Cyprinn Dassi , avc son poux E douard t lur fill Lu-cinn. Ctt famill roit ls avia-turs a lur maison d Bichta Eder a Bayonn.

    L r sau s tnd sur Anglt, Saint-

    Jan-d-Luz, Cibour, Urrugn. Il comprnd d nombrux r sis-tants qui h brgnt, nourrissnt t passnt ls aviaturs vrs lEs-pagn, gra c notam-mnt au passur Flo-rntino Goikotxa. Il conduit ls aviaturs vrs la fronti r. Puis ls pilots anglais r-joignnt Saint-S bastin ou ils sont pris n charg par lambassad britan-niqu. L 15 janvir 1943, suite une de -nonciation, Andr d Jongh st arr t . Dautrs arrstations sn suivnt, dont cll

    d la famill Dassi a Bayonn, E douard, Cyprinn, Lucinn Das-si sont arr t s l 11 mars 1943, puis d port s. La branch blg st d mantl , puis cll d Paris. Mais l r sau s rconstitu. Il pass alors par l Pays Basqu int -riur, avc un lign ntr Bidarray t Elizondo, puis dEspltt a Dant-xaria, t dAnglt a Sar. La lign Urrugn-Biriatou rprnd aussi ss activit s.

    Malgr touts cs pruvs, l r -sau Com t poursuivit ss activi-t s jusquau 22 aou t 1944, d nou-vaux r sistants sngagant pour la Librt t contr la nazism. D-puis 1941, plus d huit cnts avia-turs alli s sont pass s par l Pays Basqu.

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    En 1945 sur la Place du

    Glacis de Bayonne,

    Jean Dassi, le fils

    dEdouard, reoit la

    mdaille militaire pour

    son pre dcd aprs

    le retour des camps.

    La jeune femme est sa

    tante, galement

    rsistante.

    Ci-dessous, la frontire

    dHendaye, secteur

    par o passait le

    rseau Comte.

    Le rseau Comte passe

    aussi prs de St-Jean-Pied

    -de-Port (ci-dessus) o se

    trouve aussi la ligne de

    dmarcation.

    Ci contre la frontire

    dHendaye.

    Le dessin qui reprsente

    Edouard Dassi a t

    ralis au camp de

    Buchenwald par un com-

    pagnon de dportation.

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    La presse en parle

    P u darticls t d crits para -tront sur la Lib ration ds camps, a Bayonn t dans l Pays Basqu. Nous avons c-

    pndant trouv un articl du quoti-din L Courrir, n dat du 5 juin 1945. Le Courrier de Byonne publie ainsi un ds prmirs articls sur l rtour ds camps d concntration. Il sagit dun compt-rndu dun r u-nion dans un ho tl d Bayonn, l Ma-jctic, qui rassmbl ds d port s d rtour ds camps. Visiblmnt choqu par ls t moignags, l journalist E douard Flous na pas d mots assz durs pour condamnr ls Allmands qui sont bruts par tmp ramnt . L journalist attribu ici un imag n gativ a un nation, parc quil fal-lait ciblr ds coupabls, mais aussi parc quil tait crtainmnt difficil dimaginr qu ls horrurs pou-vaint tr qulqu chos dhabitul chz ls humains. Hors, nous lavons dans la lon sur la Prmi r Gurr mondial, dautrs prsonns ou pupls puvnt aussi commttr ds horrurs , comm par xmpl lE tat d Turqui qui organis l g no-cid ds Arm nins n 1915. Nous avons rtnu dans larticl l t -moignag significatif dun intrn du camp d Ravnbru ck, Mm Tstar, d Lill : Nos gardins navaint au-cun sp c d gards pour nous, dit-ll. Juns ou viills, aucun dntr lls n b n ficia jamais daucun r -gim adoucissant . Et l journalist d crir : Ell fait un r cit, dun pro-

  • 15

    fond r alism, du sadism ds SS qui sacharnaint sur d pauvrs trs d munis, dans d fns. Ell voqu l sort mis rabl ds pauvrs ptits nfants dont crtains sont n s dans ct horribl bagn ou sxra tout la puissanc d f rocit nazi . Un Bayonnais, Jacqus Simont, d rtour du camp d con-cntration d Dachau, st plus xplicit dans son t moi-gnag : Nous tions 450 dans un baraqu d 20 m trs sur 10. La plupart dntr nous taint malads, avaint la dysntri, l typhus. Il fallait avoir au moins 40 d fi vr pour allr a linfirmri. Mais on n voulait pas y allr, car on nn rvnait pas. Nous gardions souvnt parmi nous plusiurs jours ds camarads morts afin d pouvoir profi-tr d lur maigr part. c furnt ds momnts horribls jusqua larriv ds Am ricains qui mirnt un trm a notr calvair. Apr s dautrs t moignags, tout aussi mouvants, la soi-r s trmina la l chant d La Marsillais t un appl a s r unir autour du grand t v n r chf : l g n ral D Gaull .

    LIBERATION DU CAMP

    DE NEUENGAMME

    Ds marins franais lib rnt l

    camp d concntration d Nun-

    gamm, au sud d Hambourg, n

    Allmagn. Cst Manolo Da Costa

    qui a pris la photographi. C jun

    marin d Saint-Jan-d-Luz, vad

    d Franc puis ngag dans ls

    troups franaiss n Afriqu du

    Nord a particip a la Lib ration d

    c camp t a d couvrt ici ds amas d chaussurs, r v lant lamplur

    d lhorrur. Un ds soldats tint au

    bout du fusil, ls lambaux dun v -

    tmnt ray d d port .

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    http://mayorgasaintemarie.fr

    COLLEGE MAYORGA

    16 Place des Remparts

    64220 St-Jean-Pied-de-Port

    Tl : 05 59 37 03 35

    e-mail : [email protected]