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COMPÉTENCES POUR GÉRER LES RISQUES PROFESSIONNELS : UN EXEMPLE DANS LE DOMAINE DE LA MAINTENANCE DES SYSTÈMES ÉLECTRIQUES Christine Vidal-Gomel Presses Universitaires de France | Le travail humain 2007/2 - Vol. 70 pages 153 à 194 ISSN 0041-1868 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-le-travail-humain-2007-2-page-153.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Vidal-Gomel Christine, « Compétences pour gérer les risques professionnels : un exemple dans le domaine de la maintenance des systèmes électriques », Le travail humain, 2007/2 Vol. 70, p. 153-194. DOI : 10.3917/th.702.0153 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Conservatoire National des Arts et Métiers - - 163.173.9.3 - 08/10/2014 11h42. © Presses Universitaires de France Document téléchargé depuis www.cairn.info - Conservatoire National des Arts et Métiers - - 163.173.9.3 - 08/10/2014 11h42. © Presses Universitaires de France

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COMPÉTENCES POUR GÉRER LES RISQUES PROFESSIONNELS : UNEXEMPLE DANS LE DOMAINE DE LA MAINTENANCE DESSYSTÈMES ÉLECTRIQUES Christine Vidal-Gomel Presses Universitaires de France | Le travail humain 2007/2 - Vol. 70pages 153 à 194

ISSN 0041-1868

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-le-travail-humain-2007-2-page-153.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Vidal-Gomel Christine, « Compétences pour gérer les risques professionnels : un exemple dans le domaine de la

maintenance des systèmes électriques »,

Le travail humain, 2007/2 Vol. 70, p. 153-194. DOI : 10.3917/th.702.0153

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La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière quece soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

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RECHERCHES EMPIRIQUESEMPIRICAL STUDIES

COMPÉTENCESPOUR GÉRER LES RISQUES PROFESSIONNELS :

UN EXEMPLE DANS LE DOMAINEDE LA MAINTENANCE

DES SYSTÈMES ÉLECTRIQUES

par C. VIDAL-GOMEL*

SUMMARY

COMPETENCIES FOR OCCUPATIONAL RISK MANAGEMENT IN ELECTRICAL SYSTEMSMAINTENANCE : A CASE STUDY

The aim of this paper is to identify competencies for occupational risk mana-gement and to track their long-term development, from initial apprenticeship tomore than five years of work experience. We consider the idea that work expe-rience is an important factor in the development of competencies, though it isinsufficient in itself. This study is carried out in the field of electrical systemsmaintenance.

On the basis of accidents analysis, we identified a core task : the power-cutting operation. This operation plays an important role in risk management inthis field and can constitute a major problem, both for novices and experiencedoperators. In this study, we transposed the common characteristics of accidentsituations to a simulated situation – a latent connection error (abnormal situa-tion) which causes the failure of normal power-cutting operations. In our simu-lated situation, technical diagrams have not been updated. Our analysis of theuse of safety rules and diagnostic strategies (i.e., the identification of the dangercaused by the connection error and the identification of « the right way » to dis-connect) enabled us to infer the different dimensions of various competencies :schemes, instruments, pragmatic concepts and knowledge of normal and abnor-mal situations. We identified links between these dimensions : operators activatea multi-instrumented disconnecting scheme that contributes to danger identifica-tion. Such a scheme comprises material as well as symbolic instruments, such assafety rules. Instrument functions for risk management are complementary. Thisscheme is articulated through two pragmatic concepts. For experienced operators,the scheme draws on a greater diversity of instruments. This accounts for opera-

* Université de Paris VIII - Saint-Denis, UFR de psychologie, 2, rue de la liberté, F-93256 Saint-Denis Cedex ; [email protected].

Le Travail Humain, tome 70, no 2/2007, 153-194

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tors’ representations of abnormal situation characteristics, particularly where theoperators’ experience has been acquired in one specific post. The combined eco-nomy and effectiveness of the scheme enables operators to identify danger withgreater precision. For the more experienced operators, diagnostic strategies bringinto play these same pragmatic concepts and knowledge of normal and abnormalsituations. Operators who have experience both in the trade and in a specific postactivate diagnostic strategies that are based on a more precise knowledge ofabnormal situations than workers who have acquired trade experience but littleexperience in one particular post.

Key words : Competencies, Occupational risk management, Diagnostic strategies, Tradeexperience, Experience in a post, Electrical systems maintenance.

I. INTRODUCTION

De nombreuses études ont souligné les relations entre l’expérienceprofessionnelle et les accidents du travail (Tiffin & McCormick, 1967 ;Faverge, 1972 ; Bauge & Vigneron, 1983 ; Hale & Glendon, 1987 ;Favaro, Guillermain, & Guyon, 1991 ; Cellier, Eyrolle, & Bertrand,1995 ; Mhamdi, 1998). Dans ces travaux, la prise en compte del’expérience peut recouvrir plusieurs aspects : expérience du métier, del’entreprise ou du poste de travail. Au-delà de l’expérience, la question esten fait celle du développement des compétences professionnelles : quellessont les compétences qui sont acquises au travers de l’expérience dumétier ou de l’expérience au poste ?

Cette question sera abordée en nous intéressant à la gestion desrisques d’accident d’origine électrique dans le domaine de la maintenancedes systèmes électriques.

D’une part, nous chercherons à mettre en évidence différentes dimen-sions des compétences pour gérer des risques dans le domaine considéréet nous nous intéresserons à des aspects de leur développement avecl’acquisition de l’expérience – depuis la formation initiale jusqu’à plus decinq ans d’expérience professionnelle –, en différenciant l’expérience dumétier et au poste de travail, et en considérant que les compétences pro-fessionnelles se développent avec l’expérience, par la réalisation del’activité de travail, mais que l’expérience est aussi insuffisante en soi(Bouthier, Pastré, & Samurçay, 1995 ; Sonnentag & Schmidt-Barße,1998 ; Samurçay & Rabardel, 2004).

D’autre part, ce travail s’inscrit dans la lignée des recherches en didac-tique professionnelle, dont l’un des objectifs théoriques est d’identifier leséléments constitutifs des compétences professionnelles (Vergnaud, 1992 ;Bouthier et al., 1995 ; Pastré, 1999 a ; Samurçay & Pastré, 2004). Dansce cadre, nous porterons un intérêt particulier aux schèmes, conceptspragmatiques, instruments et systèmes d’instruments des opérateurs,comme le proposent par exemple Samurçay et Rabardel (2004).

Ces différentes dimensions des compétences seront inférées à partir del’analyse des différents moyens, dont les règles de sécurité, utilisés par lesopérateurs pour gérer les risques, et des stratégies de diagnostic mises en

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œuvre pour réaliser une mise hors tension – tâche courante dans ledomaine professionnel considéré, et critique dans la mesure où elle cons-titue un moyen essentiel d’élimination du danger. La mise hors tension estréalisée ici dans une situation de simulation présentant une erreur latentede branchement. Nous avons précédemment identifié les situations pré-sentant ce type d’erreur comme pouvant être accidentogènes pour desopérateurs débutants comme expérimentés (Vidal-Gomel & Samurçay,2002).

Cette simulation a été réalisée dans des locaux de formation de la RATP(Régie autonome des transports parisiens), avec la collaboration d’électri-ciens de maintenance et de formateurs de l’entreprise.

Dans un premier temps, nous présenterons une analyse de la tâche enprécisant les notions de danger et de risque, différentes phases du travailet la place qu’y tient la réglementation concernant la prévention des ris-ques électriques, et enfin une tâche critique du domaine : la mise horstension. Puis nous présenterons un cadre d’analyse des compétences pro-fessionnelles et l’élaboration de la simulation à partir de laquelle nousavons recueilli nos données. Les résultats seront présentés en trois points :les difficultés de gestion du risque, l’identification du danger et l’iden-tification d’un moyen d’élimination du danger. Pour conclure, la discus-sion portera sur la validité écologique de la simulation et les interventionsdes formateurs qui ont participé à la simulation. Nous reviendrons égale-ment sur nos résultats concernant les différentes dimensions des compé-tences pour gérer les risques et leurs articulations, et les questions derègles de sécurité, instruments et systèmes d’instruments.

II. LA MAINTENANCE DES SYSTÈMES ÉLECTRIQUES :II. ÉLÉMENTS DE LA TÂCHE ET DE LA RÉGLEMENTATION

La mission principale des opérateurs de maintenance des systèmesélectriques est le diagnostic de panne et la réparation. Cette mission relèvede la maintenance corrective.

Avant de présenter des éléments de la tâche maintenance, nous préci-sons les notions de danger et de risque.

II .1. DANGER ET RISQUE DANS LE DOMAINEII .1. DE LA MAINTENANCE DES SYSTÈMES ÉLECTRIQUES

Dans la lignée de Surry (1969, in Hale & Glendon, 1987 ; in Mon-teau & Favarro, 2003), de Leplat (1995, 2003) ou de Hale et Glendon(1987), nous différencions les notions de danger et de risque. Dans ledomaine de la maintenance des systèmes électriques, le danger principalest le courant électrique. Nous nous intéresserons plus précisément aucourant alternatif basse tension, qui est le domaine de tension auquelsont majoritairement confrontés les électriciens de maintenance. Lerisque d’accident est « la possibilité qu’un événement ou une situation

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entraîne des conséquences négatives dans des conditions déterminées »(Leplat, 1995, 2003). Pour l’articuler à la notion de danger, Leplat(op. cit.) ajoute qu’il est « la probabilité qu’un danger s’actualise (c’est-à-dire entraîne effectivement des dommages) dans des conditions déter-minées ». Ainsi, les conséquences du risque sont déterminées par lescaractéristiques du danger. Par exemple, la gravité de l’accident d’origineélectrique dépend de la résistance du corps humain, de l’intensité et de latension du courant, et du temps de contact. Par ailleurs, à un mêmedanger peuvent correspondre plusieurs types de risques en fonction descaractéristiques de la situation et de l’opérateur, notamment des compé-tences dont il dispose.

Par la suite, pour des raisons de commodité de langage, nous utilise-rons l’expression générique « gestion des risques », au lieu de « gestion dudanger et des risques », et nous reviendrons aux différenciations « danger »et « risques » pour apporter les précisions nécessaires.

II .2. DÉCOUPAGE DE LA TÂCHE ET RÉGLEMENTATION SÉCURITÉ

La Publication UTE C18-510 (1991)1 constitue la référence principaleen matière de prévention des risques électriques. Elle regroupe unensemble large de prescriptions, sans toutefois prendre en compte les par-ticularités du domaine d’intervention des opérateurs (maintenance dessystèmes électriques ou électromécaniques, par exemple). Du point devue des prescriptions (UTE, op. cit.), la mission des opérateurs (diagnosticet réparation) est qualifiée d’intervention de dépannage. Elle est découpéeen trois étapes successives : 1 / la recherche et la localisation du (ou des)des défaut(s) ; 2 / l’élimination du (ou des) défaut(s), la réparation ou leremplacement ; 3 / les réglages et la vérification du fonctionnement del’équipement. Nous les abordons à partir d’une description schématiquede la tâche de maintenance en trois phases : diagnostic, mise en sécurité etréparation (Vidal-Gomel & Samurçay, 2002).

II .2 .A. Phase de diagnostic

Les activités de diagnostic sont des activités de compréhension dessituations ayant comme objectif l’élaboration de décisions d’action (Hoc& Amalberti, 1998). Pour la maintenance des systèmes électriques, plu-sieurs aspects doivent être considérés : l’identification d’un danger et/oud’un risque qui vont conditionner la phase de mise en sécurité, ou encorel’identification de l’organe de coupure sur lequel on doit agir – l’opérateurdoit alors disposer d’une représentation de la structure du réseau élec-trique, qui peut intégrer plusieurs niveaux hiérarchisés –, et le diagnosticde panne en lui-même. Pour identifier l’élément défectueux, les opéra-teurs doivent être en mesure d’identifier le ou les tests qui fournissent

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1. Pour plus de détails, voir aussi le Carnet de prescriptions au personnel (1991), adaptationet spécification de l’UTE C 18-510.

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l’information pertinente et de sélectionner les points sur lesquels ils doi-vent être effectués. Ils doivent également être en mesure de sélectionner etd’utiliser les outils appropriés et de faire des inférences à partir du résultatde chaque test (Morris & Rouse, 1985). La prescription (UTE, op. cit.) neconstitue pas ici une aide, seul le but est prescrit : la recherche et la locali-sation des défauts, et un seul élément est précisé : ces activités peuventnécessiter de travailler en présence de tension. Un autre point de la régle-mentation concerne le diagnostic : la vérification d’absence de tension« au plus près du lieu de travail ». Cette opération intervient après la cou-pure (phase de mise en sécurité) et constitue une tâche de contrôle del’élimination du danger. Elle nécessite d’identifier le point sur lequel doitporter la mesure pour qu’elle soit efficace et d’utiliser l’artefact prescrit :le vérificateur d’absence de tension (VAT).

II .2 .B. Phase de mise en sécurité

La mise en sécurité est précisément définie par la réglementation (UTE,op. cit.), qui prescrit soit la mise hors tension du dispositif sur lequell’opérateur doit intervenir – point que nous examinerons plus particulière-ment, dont l’objectif est l’élimination du danger –, soit la protection del’opérateur en présence de tension, par exemple par le port d’équipementset de protections individuels, ce qui revient à éliminer les conséquencesd’un contact entre l’individu et le courant.

Sur la base des diagnostics précédents, l’opérateur prend un certainnombre de décisions de traitement du danger et des risques, et les met enœuvre. Ces décisions concernent notamment la réalisation d’une mise horstension. La prescription (UTE, op. cit.) précise que l’élimination des défautset la réparation ou le remplacement des éléments défectueux doivent êtreeffectués hors tension. En situation, plusieurs contraintes doivent toutefoisêtre intégrées. Elles sont relatives à la qualité et à la continuité du servicerendu aux usagers. Par exemple, dans une entreprise de transport de public(RATP), il est impossible de mettre totalement hors tension certaines armoi-res électriques, ce qui aurait, entre autres, pour conséquence de couperl’éclairage d’une station et constituerait une situation à risques pour lesusagers. Les opérateurs n’effectuent alors qu’une coupure partielle. Lamise hors tension, qu’elle soit totale ou partielle, nécessite la mise en œuvred’activités de diagnostic visant à déterminer où il faut couper dans le réseaude distribution de l’énergie électrique (diagnostic).

Lors de la mise hors tension, l’opérateur doit parfois faire face à desdispositifs présentant des erreurs latentes de branchement (Vidal-Gomel& Samurçay, 2002). Dans ce cas, la mise hors tension peut échouer. Leseul moyen efficace pour identifier le danger est d’effectuer une vérifica-tion d’absence de tension « au plus près du lieu de travail », ce qui renvoieà la phase de diagnostic.

La phase de mise en sécurité comprend aussi des opérations decondamnation de l’organe de coupure actionné, en posant un cadenaspour empêcher son réenclenchement par un tiers, et la signalisation del’intervention, en posant une étiquette sur l’organe de coupure (UTE,op. cit.).

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II .2 .C. Phase de réparation

La phase de réparation comprend le remplacement ou la réparationdes éléments défectueux, et les réglages et vérifications du fonctionne-ment de l’équipement. Dépendant du type de mise hors tension qui a étéréalisé, l’opérateur doit ou non effectuer la réparation ou le remplacementà proximité d’éléments restés sous tension. Par ailleurs, les réglages et lesvérifications peuvent nécessiter que l’équipement soit sous tension. Ainsi,même durant la phase de réparation, l’opérateur doit identifier le dangeret gérer des risques (diagnostic).

Le déroulement de ces différentes phases de travail n’est donc paslinéaire et les activités de diagnostic concernent la panne, mais aussil’anticipation, l’identification et la gestion du danger et des risques, enintégrant des contraintes de qualité et de continuité du service. Par ail-leurs, les opérateurs ont deux objectifs, production et sécurité, qui relè-vent des fonctions de production – la mission principale est le diagnosticde panne et la réparation –, de prévention et de récupération des opéra-teurs dans les systèmes de travail (Faverge, 1967). Ces fonctions doiventêtre en permanence articulées au cours de l’activité, ce qui renvoie àl’intégration de la mission principale des opérateurs et de la gestion desrisques professionnels, dans l’activité et les compétences.

II .3. UNE TÂCHE CRITIQUE D’ÉLIMINATIONII .3. DU DANGER : LA MISE HORS TENSION

Afin d’aborder les compétences pour gérer les risques, dans une étudeprécédente, nous avions analysé des accidents. Ces analyses mettaient enévidence une tâche critique : la mise hors tension (Vidal-Gomel & Samur-çay, 2002 ; Vidal-Gomel, 2001, 2002).

Ces accidents concernaient plus particulièrement la phase de mise ensécurité et s’étaient produits dans des situations que l’on peut qualifierd’ « anormales » au regard de la structure du réseau électrique et des règlesde métier : la structure du réseau avait été modifiée et aucune informationn’avait été reportée sur les schémas électriques, ce qui crée une erreurlatente, au sens de Reason (1993). Dans ce type de situations, la misehors tension avait posé problème à des opérateurs débutants comme expé-rimentés. Or elle constitue une tâche critique dans la mesure où elle est unmoyen majeur d’élimination du danger dans le domaine.

Plus précisément, des opérateurs avaient cru avoir effectué la misehors tension du dispositif sur lequel ils devaient intervenir, alors que cen’était pas le cas du fait d’une erreur latente de branchement, ce qui avaitconduit à leur électrisation. Ces erreurs constituent une modification de lastructure du dispositif, et leur activation conduit à l’échec de la mise horstension. Les moyens d’identification du danger mis en œuvre par les opé-rateurs s’étaient avérés insuffisants. Nous avions relevé qu’ils ne mettaientpas systématiquement en œuvre la règle de sécurité de vérificationd’absence de tension « au plus près du lieu de travail », ou qu’ils ne le fai-saient que de façon partielle, en effectuant des contrôles plus locaux

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(Vidal-Gomel, 2002). Or la mise en œuvre de cette règle aurait permisd’identifier la non-élimination du danger et les symptômes de l’erreurlatente.

III. CADRE D’ANALYSE DES COMPÉTENCESIII. POUR GÉRER LES RISQUES

Les compétences professionnelles sont des ressources « préconstrui-tes » pour l’activité de travail, c’est-à-dire mises en œuvre sans apprentis-sage nouveau (de Montmollin, 1997). Elles sont multidimensionnelles(Weill-Fassina & Pastré, 2004). Nous retiendrons ici qu’elles constituentun ensemble organisé de représentations (conceptuelles, sociales, organi-sationnelles et expérientielles), d’organisateurs de l’activité (schèmes),intégrant l’usage des instruments (Samurçay, Volkoff, & Savoyant, 1999 ;Samurçay & Rabardel, 2004).

Nos analyses d’accidents nous avaient permis d’identifier quelquesaspects des compétences en jeu concernant la mise hors tension (Vidal-Gomel & Samurçay, 2002).

Une dimension des compétences identifiée concernait deux conceptspragmatiques (Samurçay & Pastré, 1995 ; Pastré, 1999 b) articulés : lacontinuité et le sens de distribution de l’énergie. La continuité est unepropriété des réseaux électriques : couper, c’est rompre la continuité. Lesens de distribution de l’énergie renvoie à l’ordre des éléments dans unréseau : couper, c’est rompre la continuité en amont.

Nos premières données nous conduisaient aussi à faire l’hypothèseque les opérateurs disposent d’un schème de mise hors tension, que l’onpourrait formuler de la façon suivante : dans une situation de jour,c’est-à-dire pendant la période de transport des voyageurs, il faut couper« au minimum », autrement dit, à partir du sectionneur situé juste enamont de l’élément à mettre hors tension. Ce schème attesteraitl’intégration de contraintes liées à la qualité et à la continuité du serviceet serait articulé aux concepts pragmatiques de continuité et de sens dedistribution de l’énergie (Vidal-Gomel & Samurçay, 2002 ; Vidal-Gomel, 2002).

Toutefois, une limite de ces premières analyses est qu’elles ne per-mettent pas de rendre compte des stratégies de diagnostic des opérateursdans leur ensemble : elles ne concernent en effet que l’élimination dudanger – sur ce point, nous faisons l’hypothèse que les opérateurs dispo-sent d’un schème de mise hors tension –, mais l’identification de son éli-mination effective – contrôle qui renvoie à une règle de sécurité –, etl’identification d’un moyen alternatif de mise hors tension en cas d’erreurde branchement sont des questions sur lesquelles les accidents analysésne fournissent pas de données suffisantes. Ces analyses laissent égale-ment en suspens plusieurs questions concernant les compétences desopérateurs et leurs articulations : schèmes de mise hors tension, mise enœuvre des règles de sécurité et leurs relations aux concepts pragmatiquesidentifiés.

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Pour aborder ces différents points, nous nous appuierons sur des tra-vaux portant le diagnostic de panne, qui nous apportent des éléments surles connaissances en jeu (Rasmussen, 1984, 1986 ; Patrick, 1993 ; Kon-radt, 1995 ; Munley & Patrick, 1997). Nous les compléterons à partir dela notion de « connaissances opérationnelles » (Rogalski, 1995, 2004 a),qui intègre les concepts pragmatiques. Par ailleurs, les compétences sontmultidimensionnelles et nous considérons qu’elles sont aussi constituéesde schèmes (Vergnaud, 1985, 1991). Nous reviendrons sur cette notion etsur celles d’instruments (Rabardel, 1995) et de système d’instruments(Lefort, 1982 ; Rabardel & Bourmaud, 2003) qui nous permettentd’aborder le rapport aux règles de sécurité.

III .1. LES ASPECTS « CONNAISSANCES »III .1. DES COMPÉTENCES PROFESSIONNELLES

Rasmussen (1984, 1986) différencie les stratégies de diagnostic depanne en fonction des types de connaissances sur lesquels elles s’appuient– connaissances sur le fonctionnement normal ou non – et en fonction destypes d’informations prélevées – sur la structure ou les fonctions du dispo-sitif. Il identifie ainsi des stratégies topographiques et symptomatiques.Konradt (1995) étend la typologie de Rasmussen et différencie 16 straté-gies différentes. Elles sont regroupées en stratégies topographiques, enstratégies symptomatiques et en stratégies fondées sur les « cas connus »1.Ces dernières concernent soit des tests réalisés en fonction des pannes lesplus fréquentes – elles sont fondées sur la fréquence –, soit des tests baséssur l’ « information historique »2 – la panne est similaire à une panne pré-cédente ou caractéristique d’un type de dispositif –, soit des tests pour éli-miner le plus grand nombre de pannes : stratégie fondée sur l’incertitude3.

L’un des résultats des travaux de Rasmussen (op. cit.) est de montrerque les stratégies topographiques, plutôt mises en œuvre par les novices,permettent de réaliser un diagnostic avec des connaissances minimales dudomaine. Or, d’après Patrick (1993 ; Munley & Patrick, 1997), ces stra-tégies sont insuffisamment définies par Rasmussen. L’auteur redéfinitl’information structurelle, en considérant que tout domaine de recherchepeut être représenté comme un réseau hiérarchisé de systèmes, sous-systèmes et composants, en fonction des flux (masse, énergie, informa-tions, etc.), tout système pouvant être décrit comme composé de diffé-rents sous-systèmes – électrique, hydraulique, etc. – avec leurs caractéris-tiques propres. Les informations structurelles permettent le suivi de lapropagation des symptômes au sein du réseau, pour une panne précise.Ainsi, la formation à une stratégie structurelle fondée sur les flux est effi-cace pour élaborer un diagnostic de panne à partir d’une configuration desymptômes nouveaux pour l’opérateur (Munley & Patrick, op. cit.).

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1. « Case-based » (Konradt, op. cit.).2. « Historical information » (Konradt, op. cit.).3. « Information uncertainty » (Konradt, op. cit.).

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Il est ainsi possible de différencier des stratégies topographiques cor-respondant à un prélèvement de l’information de proche en proche, desstratégies symptomatiques et des stratégies structurelles, qui, pour êtreefficaces, sont fondées sur une schématisation du dispositif en termes deflux et articulées aux connaissances du domaine (Patrick, op. cit. ; Munley& Patrick, op. cit.). Nous considérons que ces connaissances du domainesont des « connaissances opérationnelles ».

Les connaissances opérationnelles (Rogalski, 1995, 2004 a) compren-nent des connaissances sur les types de situations, sur les classes de situa-tions et sur le « processus de travail »1 (Boreham, Samurçay, & Fischer,2002). Il s’agit par exemple de la connaissance des « règles de métier »(Cru, 1995), comme la mise en place d’informations nécessaires pour quedes interventions ultérieures puissent se dérouler en toute sécurité surune armoire électrique (Samurçay & Vidal-Gomel, 2002). Les connais-sances opérationnelles comprennent également un ensemble de connais-sances conceptuelles (scientifiques, techniques, pragmatiques). Parmi lesconcepts dont peuvent disposer les opérateurs, nous mettrons l’accent surles concepts pragmatiques qui jouent un rôle central dans les activités dediagnostic, notamment concernant les stratégies de diagnostic, et consti-tuent des indicateurs du développement des compétences (Samurçay& Pastré, 1995 ; Pastré, 1999 b).

III .2. LES SCHÈMES

Les schèmes sont définis comme une organisation invariante del’activité pour une classe de situations. Ils rendent compte d’une structu-ration invariante. Pour autant, ce ne sont pas des stéréotypes. Ilss’adaptent à la variabilité et à la particularité des situations traitées (Ver-gnaud, 1991).

Ici, la notion d’activité est entendue au sens que lui donne Leplat(1997) : elle se différencie de la notion de tâche, et englobe action et opé-ration, qui pourraient être distinguées à partir des cadres de Léontiev(1974). L’activité peut alors être analysée à différents « niveaux degranularité ».

Ainsi, Rabardel (1995) différencie schème d’usage et schème d’actioninstrumentée. Nous en donnerons un autre exemple à partir des travauxde Goigoux (2001), qui s’intéresse à l’activité de l’enseignant au cours deséances de lecture (cycle 2), portant sur la découverte de texte. Il identifieplusieurs schèmes :

— Un schème de guidage de la construction collective du sens dutexte et un schème d’aide au traitement des mots. Ces deux schèmes sonttrès spécifiques aux savoirs et savoir-faire enseignés.

— Un schème d’ajustement et de prise en compte de l’individu dans lecollectif, et un schème de régulation de l’attention des élèves. Ces deux

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1. La notion de work process knowledge, que nous traduisons par « connaissances du processusde travail », est détaillée dans Boreham et al. (2002).

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schèmes partagent des traits communs avec d’autres disciplines d’ensei-gnement (Bressoux & Dessus, 2003).

Par ailleurs, à la suite de Vergnaud (1985, 1991), nous considéronsque les schèmes doivent être appréhendés dans leurs relations aux inva-riants opératoires, comme les concepts pragmatiques. Mais faut-il pourautant considérer, comme le fait Vergnaud (op. cit.), que les invariantsopératoires sont une partie constitutive des schèmes ?

Les invariants opératoires constituent le « noyau dur » de la représen-tation (Vergnaud, 1985). En même temps, cela ne signifie pas que lesinvariants opératoires sont le tout de la représentation. Dans ces termes,les concepts pragmatiques sont aussi en relation avec d’autres aspects desconnaissances, et toutes ces connaissances ne sont pas des concepts – ils-sont définis comme un triplet : Situation - Invariant opératoire (signifié) -Signifiant (Vergnaud, 1985, 1991).

Ne pas intégrer les invariants opératoires au schème permet alorsd’examiner leurs relations avec les schèmes, mais aussi avec d’autresconnaissances nécessaires à la réalisation du travail.

III .3. LES INSTRUMENTS ET LES RÈGLES DE SÉCURITÉ

Les règles de sécurité sont des principes opératifs permettant d’at-teindre un objectif de sécurité, c’est-à-dire qu’elles sont conçues pour per-mettre d’éviter la production d’un accident (Leplat, 1998). Elles consti-tuent des aides plus ou moins formalisées et précises pour traiter dessituations à risques, et un référent légal permettant d’établir les responsa-bilités en cas d’accident (Hale & Swuste, 1998).

Il est bien connu que les règles de sécurité ne sont pas toujours stricte-ment respectées par les opérateurs, notamment les plus expérimentés(Kruger, 1967 ; Gaudart & Weill-Fassina, 1999 ; Rousseau & Monteau,1991, par exemple). Cette non-mise en œuvre des règles peut recouvrirdifférents aspects, et plusieurs points de vue peuvent être adoptés pouren rendre compte (Reason, 1993 ; Battmann & Klumb, 1993 ; Girin& Grosjean, 1996 ; Vaughan, 1996 ; Reason, Parker, & Lawton, 1998 ;Bourrier, 1999 ; Gaudart & Weill-Fassina, 1999). Nous proposonsd’inscrire le rapport aux règles de sécurité dans une approche développe-mentale, en considérant les règles de sécurité comme des artefacts, dans lecadre des activités avec instruments (Rabardel, 1995). Ce cadre nous per-met également de rendre compte de différentes utilisations des règles, res-pect systématique ou contextuel (Rousseau & Monteau, 1991), ou dudéveloppement de nouveaux usages des règles (Dodier, 1996).

Les instruments ne sont pas isolés. Ils peuvent en effet « former sys-tème » (Lefort, 1982 ; Rabardel & Bourmaud, 2003) : ensemble structuréen fonction de l’expérience de l’opérateur et composé, à la fois,d’instruments formels, reconnus et recensés officiellement, dont l’utili-sation est formelle – c’est-à-dire conforme à ce qu’a prévu le concepteur –ou non, et d’instruments informels, conçus par les opérateurs ou unecommunauté professionnelle. Cet ensemble permet de jouer sur la redon-dance ou la complémentarité des fonctions, fournissant une plus grande

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souplesse dans l’utilisation, avec un objectif d’équilibre entre économie etefficacité (Lefort, op. cit.).

Cette approche nous permet de considérer les moyens dont disposentles opérateurs pour gérer les risques dans leur ensemble – règles de sécu-rité, mais aussi savoir-faire de prudence (Cru, 1995) et pratiques infor-melles de sécurité1 –, en prenant en compte leurs relations fonctionnellespour la gestion des risques : pratiques informelles et savoir-faire de pru-dence pouvant compléter les règles de sécurité (Cru, op. cit. ; Rousseau& Monteau, 1991) ou s’y substituer (Faverge, 1967).

À partir du cadre des activités avec instruments, les artefacts que nousconsidérons peuvent être matériels, symboliques (telles les règles de sécu-rité) ou sémiques (comme des repères pris dans l’environnement).

Les instruments élaborés par les opérateurs à partir des règles de sécu-rité constituent des instruments symboliques. Elles sont le « produit d’unecapitalisation de l’expérience » dans un domaine professionnel (Mayen,2002, p. 227) et elles ont une visée instrumentale, au sens de Rabardel(1995). La prescription de leur mise en œuvre a pour objectif d’organiserl’activité de l’opérateur (Leplat, 2004 ; Rogalski, 2004 b), de l’encadrer,d’orienter certaines de ces manifestations, de limiter des choix, d’enouvrir d’autres (Mayen, op. cit.).

Mayen (op. cit., p. 226) précise qu’il est possible de chercher à identifierquelle composante de l’activité est « prise en charge »2 par la prescription :« buts, règles d’action, de prise d’information ou de contrôle, invariantopératoire ». Concernant la mise hors tension, tâche critique que nous exa-minons plus particulièrement, il est prescrit qu’après la coupure d’un dis-joncteur, l’opérateur doit effectuer une vérification d’absence de tension« au plus près du lieu de travail » (UTE, op. cit.). Cette règle de sécurité pres-crit une procédure : couper et vérifier ; un moyen de coupure, le disjonc-teur ; et une activité de contrôle, qui a pour objectif d’identifier la réalisa-tion effective de la coupure et, par là même, de protéger l’opérateur contreles conséquences d’une erreur latente de branchement.

Les instruments dont disposent les opérateurs sont aussi des instru-ments sémiques. Les entités sémiques sont définies comme tout signe(non verbal et défini au sens large) ayant comme caractéristique d’établirune relation entre « un élément de saisie perceptive (dit aussi élémentmanifeste) et un élément d’orientation cognitive (dit aussi élément derenvoi), le signifié » (Cuny, 1981, p. 7). Cuny considère qu’une entitésémique (signe, signal ou symbole) est un outil quand on peut déterminerses modes de fabrication et d’emploi, et qu’elle est utilisée de façon relati-vement constante dans le travail (op. cit.). De façon complémentaire,nous considérons qu’une entité sémique permet de constituer un instru-ment quand nous pouvons identifier une activité invariante pour l’utiliser.

Notre approche des règles de sécurité ne renvoie pas tant àl’amélioration du prescrit3 ou à la caractérisation d’une dérive au sein

Compétences pour gérer les risques professionnels 163

1. Nous considérons que les savoir-faire de prudence sont au moins aussi efficaces que lesrègles de sécurité, ce qui n’est pas le cas des pratiques informelles.

2. Au sens de Bruner (1983).3. Leplat (1998, 2004) par exemple propose une synthèse de ce type de travaux.

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d’une organisation (Vaughan, 1996), qu’à les considérer d’un pointde vue fonctionnel pour gérer les risques, en ne prenant pas en compteuniquement l’aspect contextuel ou local d’une violation mais aussison éventuel caractère de stabilité pour une classe de situations, et le faitque les règles de sécurité s’insèrent dans un ensemble de moyensdiversifiés, utilisés par les opérateurs pour gérer les risques, ce qui peutrendre compte de leurs compétences et du développement de cescompétences.

Ainsi, à partir de l’analyse des stratégies de diagnostic et du rapportaux règles de sécurité, nous cherchons à inférer plusieurs dimensions descompétences : connaissances opérationnelles dont les concepts pragma-tiques, schèmes organisateurs de l’activité, instruments des opérateurs – etleurs relations. Dans cet objectif, une simulation nécessitant d’effectuerune mise hors tension dans une situation présentant une erreur latente debranchement est élaborée.

IV. ÉLABORATION D’UNE SITUATION DE SIMULATION

La simulation nous permet de réaliser une étude comparative afind’examiner le développement de différentes dimensions des compé-tences : tous les opérateurs effectuent la même tâche dans des conditionsidentiques, ce qui est difficile en situation de travail, étant donné, notam-ment, la grande diversité des dispositifs sur lesquels les électriciens demaintenance sont amenés à intervenir.

Par ailleurs, si les erreurs latentes de branchement ne sont pas rares ensituation de travail comme de formation, leur activation n’est toutefois passuffisamment fréquente (et heureusement) pour permettre un recueil dedonnées en situation réelle de travail.

L’élaboration de la situation de simulation1 repose sur la transpositiondes caractéristiques communes aux situations d’accidents que nous avonsanalysées : d’une part, l’opérateur doit réaliser une opération de mise horstension ; d’autre part, la situation comporte une erreur de branchement etles schémas du dispositif ne sont pas à jour, ce qui crée une erreur latente.La simulation élaborée est un « découpage » des situations réelles de tra-vail (Samurçay & Rogalski, 1998). Elle est en effet centrée sur un sous-butde la maintenance : la mise hors tension, phase d’élimination du danger.

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1. La simulation est présentée de façon plus détaillée dans Vidal-Gomel (2005).

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IV.1. LE DISPOSITIF TECHNIQUE UTILISÉ POUR LA SIMULATION

Le dispositif technique utilisé est celui des formations dispensées dansl’entreprise. Il est principalement composé d’une armoire électrique etd’un panneau lumineux de sortie, dont le circuit électrique est l’objet dela tâche de l’opérateur.

Dans une configuration normale (fig. 1), tous les disjoncteurs (niveauN – 1) de ce type d’armoire sont branchés en parallèle à partir duniveau N. Les numérotations, appellations et branchements sont iden-tiques pour toutes les armoires de ce type dans l’entreprise. L’erreur debranchement a été élaborée sur l’armoire, au niveau N – 1 de la structuredes circuits (fig. 2), en utilisant une erreur de branchement d’ailleurspréexistante et identifiée uniquement au moment de la conception de lasimulation.

Étant donné l’erreur de branchement, l’action sur le disjoncteur quiest normalement le bon (« DJ 43 », fig. 2) est inefficace pour mettre horstension le panneau de sortie. L’opérateur doit agir sur le disjoncteur« DJ 11 » ou le disjoncteur « DJ EB » (fig. 2).

Compétences pour gérer les risques professionnels 165

Fig. 1. — Structure des circuits dans une situation normale

Circuit structure in a normal situation

Ne sont représentés que les circuits directement impliqués dans la tâche de simulation.Un « bornier » est un élément qui assure la connexion.

Only the circuits directly involved in the simulation are shown. A « bornier » is a connecting block.

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IV.1 .A. Les conditions de passation de la simulation

Cette simulation transposant des caractéristiques de situations d’acci-dents, nous avons proposé un protocole d’accord à tous les opérateursvolontaires en précisant que les dispositifs techniques sont réellement soustension, et qu’un formateur1 de l’entreprise est présent pour chacune des

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1. La présence d’un formateur ne signifie toutefois pas que cette simulation est intégrée dansune formation. Les formateurs l’ont en effet refusé, en considérant que proposer une situation pré-sentant une erreur latente revenait à former à « ce qu’il ne faut pas faire ». La simulation a donc étéélaborée pour les besoins de la recherche. Sur l’utilisation des simulations dans ce cadre, on peut seréférer, par exemple, à Béguin et Weill-Fassina (1997) et à Savoyant (sous presse), qui en discutede façon détaillée.

Fig. 2. — Structure des circuits avec l’erreur de branchement

Circuit structure with the connection error

L’erreur de branchement et les « anomalies » qui la caractérisent :absence de branchement en aval du nœud 418-419 du bornier, branchement en série

des disjoncteurs « DJ 11 » et « DJ EB », fils EB non numérotés, disjoncteur EB non étiqueté.Les éléments nommés « EB » ne sont pas représentés sur le schéma électrique du dispositif.

Several faults associated with the connection error created :the circuitry of circuit-breaker DJ 43 is interrupted at the connecting block (node 418-419).

Circuit-breaker EB does not exist on the device diagram, is not labelled and is connected in parallel.None of the circuit wires of circuit-breaker EB (upstream and downstream) are numbered

and they do not exist on the device diagram.

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simulations ; sa mission principale est d’éviter la production d’un acci-dent. Par ailleurs, la simulation se déroule pendant les horaires de travaildes opérateurs.

La consigne donnée aux opérateurs est de remplacer le porte-fusiblesdu panneau de sortie. La panne justifiant ce remplacement leur est pré-cisée. Pour effectuer ce remplacement, les opérateurs doivent effectuer lamise hors tension du panneau de sortie, sous-but qui est au centre denos observations. La simulation est interrompue dès que la mise horstension est effectivement réalisée, contrôlée et verbalisée en tant quetelle.

Les simulations sont réalisées individuellement et filmées. Le film sertensuite de support à la réalisation d’une autoconfrontation avec l’opé-rateur, qui est enregistrée. Les bandes vidéo et audio sont entièrementretranscrites.

IV.1 .B. Caractéristiques de la population participant à la simulation

Pour aborder le développement sur une très longue période,depuis la formation professionnelle jusqu’à plus de cinq ans d’expé-rience, nous adoptons une méthodologie transversale et une situation desimulation identique pour tous les sujets. Moins fidèles pour décrirel’évolution de chacun des sujets au cours du temps que les études lon-gitudinales, les études transversales permettent toutefois de caractériserdifférentes dimensions des compétences en fonction de l’expérience desopérateurs et s’inscrivent mieux dans les contraintes temporelles de larecherche.

La population de la simulation est constituée en fonction de deuxvariables : d’une part, l’expérience du métier, l’exercice de l’activité étantcentral pour le développement des compétences, même si l’expériencen’est pas suffisante en soi (Bouthier et al., 1995 ; Sonnentag, & Schmidt-Braße, 1998) ; d’autre part, l’expérience au poste, dont Mhamdi (1998)montre qu’elle est déterminante pour la gestion des risques d’accidentpour une population d’électriciens. Sur cette base, quatre groupesd’opérateurs sont constitués. Au total, 23 opérateurs ont participé à lasimulation (tableau 1).

Un formateur est systématiquement présent pendant la simulation.Trois formateurs se relaient en fonction de leurs propres contraintes detravail. Ces formateurs sont tous d’anciens opérateurs de maintenance, etleur expérience dans ce domaine est équivalente à celle des opérateurs dugroupe 4 (tableau 1).

Dans la simulation, leur rôle est d’assurer la sécurité des opérateurs etde les aider à traiter le problème, en fonction de leurs besoins. Parailleurs, étant donné les spécificités de la simulation par rapport à unesituation réelle de travail, nous avons prévu qu’ils pourraient être amenésà fournir certaines informations. Ces différentes interventions desformateurs, qui relèvent de l’aide au traitement du problème ou de lagestion de la simulation, sont différenciées dans notre codage de leursactivités.

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TABLEAU 1

Les opérateurs participant à la simulation

Groups participating in the simulation and their characteristics(job status, qualification level, experiencein the trade and in their position)

Statut dansl’entreprise

Niveaude qualifi-cation

Expériencedu métier

Expérienceau poste

Nombred’opé-rateurs

Groupe 1 Formationen alter-nance

2e annéeBEP

3

Groupe 2 Agent demainte-nance

BEP inférieureou égaleà 2 ans

inférieureou égaleà 2 ans

4

Groupe 3 Agent demainte-nance

BEP supérieureà 5 ans

inférieureou égaleà 2 mois

8

Groupe 4 Agent demainte-nance

BEP supérieureà 5 ans

supérieureà 5 ans

8

IV.2. LE TRAITEMENT DES PROTOCOLES

Le traitement des protocoles comprend leur découpage et leur codage.

IV.2 .A. Le découpage des protocoles

Le découpage des protocoles s’appuie sur un découpage de la tâche endeux épisodes et sur l’analyse de la tâche de diagnostic de panne proposéepar Patrick (1993 ; Munley & Patrick, 1997), qui différencie l’identifi-cation du symptôme, la réduction de l’espace de recherche et la recherchedans un sous-système.

Épisode 1 :mise hors tension dans une situation normale

La mise hors tension dans une situation normale concerne une pre-mière tentative d’élimination du danger et son contrôle. Tant quel’opérateur n’a pas identifié de symptôme de l’erreur de branchement,nous considérons qu’il effectue une mise hors tension dans une situationnormale, opération qui devrait être routinière pour des électriciens. Lesopérateurs doivent identifier et couper le disjoncteur « DJ 43, Panneau desortie » (cf. schéma 2), et effectuer une vérification d’absence de tension

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« au plus près du lieu de travail » (règle de sécurité), c’est-à-dire sur leporte-fusibles du panneau de sortie. Cette vérification doit conduire àl’identification de la présence de tension malgré l’action sur le disjoncteurqui est normalement le bon, ce qui constitue un symptôme d’erreur debranchement et une identification du danger.

Épisode 2 :mise hors tension dans une situation anormale

Cet épisode débute quand l’opérateur identifie la présence de tensionsur le porte-fusibles du panneau de sortie malgré la mise hors tension dudisjoncteur normalement correspondant. Il doit élaborer un diagnosticd’identification du « bon disjoncteur », qui comprend deux phases : laréduction de l’espace de recherche et la recherche dans un sous-système.L’épisode prend fin lorsque l’opérateur réalise la mise hors tension dupanneau de sortie et décide qu’il peut effectuer le remplacement du porte-fusibles en sécurité. Cette phase de travail concerne alors l’identificationd’un moyen permettant l’élimination du danger – son élimination et soncontrôle.

IV.2 .B. Le codage des protocoles

Le codage des activités des acteurs de la simulation, opérateurs et for-mateurs, adopte la forme « prédicat »-« argument ».

Le codage de l’activité des opérateurs

Le prédicat code les activités élémentaires : élaboration d’information,diagnostic, décision, et les arguments spécifient l’objet de ces activités(Amalberti & Hoc, 1998). Le codage proposé par Amalberti et Hoc(op. cit.) est modifié pour prendre en compte les spécificités de la situationde simulation :

— Des activités sont liées aux interactions avec le formateur ou desti-nées à l’expérimentateur : l’opérateur peut être amené à expliquer, préci-ser, rappeler ou confirmer ce qu’il a dit ou fait ; il peut aussi demanderimplicitement de l’aide ou poser une question.

— Étant donné qu’il s’agit d’une simulation, l’opérateur peut unique-ment faire référence à une action de sécurité sans la mettre en œuvre. Ilpeut aussi faire référence à son expérience, à sa pratique habituelle oufaire des commentaires sur la simulation.

— Par ailleurs, les identifications et inférences d’hypothèses sont pré-cisées : elles peuvent concerner un état (« sous tension », par exemple),une relation ( « c’est le disjoncteur du panneau de sortie » ), une localisa-tion ( « le disjoncteur du panneau de sortie est à tel endroit » ) ou unefonction ( « le dispositif X sert à... » ).

— Nous différencions les pré- et post-requis d’action des actions elles-mêmes (exemple de pré-requis d’une action : monter à l’échelle). Les pré-et post-requis ne sont pas analysés ; nous nous centrerons sur les actions.Par exemple : « action » « mesure » « nœud aval DJ 43 » « VAT » signifie que

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l’opérateur a effectué une mesure en tension sur le nœud aval du disjonc-teur noté « DJ 43 » et qu’il a utilisé le vérificateur d’absence de tension(VAT), outil prescrit.

Pour analyser les stratégies de diagnostic, nous porterons alors uneattention particulière aux prises d’informations – à partir de la directiondes regards, des mesures réalisées et/ou des manipulations des fils (ellesconstituent des prises d’information sur un numéro de fils ou directementsur la structure : où va le fil ?) –, aux inférences verbalisées (d’état et derelation) et aux actions de coupure, qui constituent un moyen d’action etde test des hypothèses quand elles sont suivies d’une mesure. Ellesconduisent alors à faire des inférences de relation, sur la structure : à par-tir d’une variable mesurée (présence ou absence de tension) et desconcepts pragmatiques de continuité et sens de distribution de l’énergie,l’opérateur infère la relation entre le disjoncteur coupé et le point surlequel porte la mesure. Ces différentes données nous permettent d’iden-tifier comment est réduit l’espace de recherche et sur quel sous-système larecherche est centrée.

Concernant l’organisation de l’activité de mise hors tension (schème),nous retenons les indicateurs suivants : l’ordre, la structuration, le dérou-lement temporel, la reproduction d’une même organisation par un mêmesujet pour toute mise hors tension et/ou une organisation identique pourplusieurs sujets (Inhelder & Cellérier, 1992).

Enfin, nous nous intéresserons aux instruments et systèmes d’instru-ments des opérateurs, notamment en considérant les règles de sécuritécomme artefacts. Nous chercherons alors à mettre en évidence lesschèmes d’utilisation des opérateurs, en utilisant la méthodologie pré-sentée précédemment. Les systèmes d’instruments seront examinés ennous centrant sur les fonctions des instruments utilisés par les opérateurs,en retenant deux critères : la complémentarité et la redondance des fonc-tions (Rabardel & Bourmaud, 2003).

Le codage de l’activité des formateurs

Les interventions des formateurs peuvent constituer un indicateur dudegré d’autonomie des opérateurs, notamment parce que le guidage del’activité est fonction du niveau de développement des compétences(Savoyant, 1995 ; Rogalski, Samurçay & Amalberti, 1994 ; Plat & Rogal-ski, 1999). Elles sont ici analysées pour identifier des difficultés des opéra-teurs concernant la gestion des risques, les stratégies de diagnostic etl’organisation de la mise hors tension, ce qui nous conduit à nous centrersur les aides au traitement du problème.

Afin de préciser les interventions des formateurs, leur activité estcodée sous la forme « prédicat »-« argument ». Le prédicat fait ici référenceau fait que l’intervention du formateur est considérée comme relevant dela gestion de la simulation, ou constitue une aide au traitement duproblème.

Les aides au traitement du problème concernent des demandes por-tant sur les connaissances de l’opérateur (le formateur pose une question),l’apport de connaissances – il peut s’agir de connaissances génériques

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(toutes les armoires ont la même structure), spécifiques (spécificités del’armoire utilisée). Le formateur peut corriger (une décision, une infé-rence, une action, etc.), mais aussi formuler des buts et décisions, des pro-cédures, des inférences, des identifications, etc. Les requêtes sont desdemandes « impératives » de réalisation d’une activité.

Les interventions qui portent sur la gestion des risques peuvent se tra-duire aussi bien par une correction, une formulation, qu’une requête.Nous avons voulu différencier les interventions qui portent spécifique-ment sur les règles de sécurité, notamment pour pouvoir les mettre enrelation avec le comportement de l’opérateur avant et après l’intervention.Ainsi, le formateur peut se contenter de signaler un risque en renvoyantimplicitement à la mise en œuvre d’une règle de sécurité, ou intervenirplus fortement sur le respect d’une règle de sécurité.

Ces différents prédicats sont complétés en fonction du contenu del’aide apportée (voir exemples en annexes).

V. RÉSULTATS

Tous les opérateurs ont atteint le but – à savoir, l’identification de l’undes deux disjoncteurs permettant la mise hors tension. Mais cette perfor-mance n’est pas atteinte de façon autonome par tous les opérateurs. Nousrelevons que, globalement, l’autonomie s’accroît avec l’expérience dumétier et du poste de travail1.

Les résultats présentés portent sur trois aspects : les difficultés de ges-tion des risques, l’organisation de la mise hors tension et les stratégies dediagnostic.

V.1. DES DIFFICULTÉS DE GESTION DES RISQUES

Les interventions des formateurs sont révélatrices des difficultés desopérateurs pour réaliser la tâche. Nous avons relevé deux problèmesmajeurs : l’échec d’identification du danger, et des décisions inappro-priées de gestion des risques.

V.1 .A. Des échecs d’identification du danger

L’échec d’identification du danger a trait à la présence de tension surle porte-fusibles du panneau de sortie et concerne un opérateur de chaquegroupe. Ces échecs se produisent lors du premier contrôle de tension surle porte-fusibles. Dans tous les cas, l’opérateur peut en inférer l’élimi-nation du danger alors que le dispositif est toujours sous tension, ce quiconstitue un facteur d’accident.

La non-identification de la présence de tension peut avoir deuxcauses : il s’agit de difficultés soit dans l’identification du nœud de bran-chement du porte-fusibles sur lequel doit porter la mesure, soit dans

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1. Ces analyses sont détaillées dans Vidal-Gomel (2001).

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l’utilisation de l’outil VAT. L’utilisation de cet outil pour réaliser une véri-fication d’absence de tension est prescrite par une règle de sécurité. Laprésence d’un formateur peut avoir conduit certains opérateurs à l’utiliseralors qu’en situation réelle ils utilisent plutôt un multimètre1. Ilsn’auraient peut-être pas constitué un schème pour utiliser cet artefact.Nos données ne nous permettent toutefois pas de trancher sur ce point.

V.1 .B. Des décisions inappropriées de gestion des risques

Deux opérateurs du groupe 2 formulent la décision de déconnecter lesfils du porte-fusibles pour le mettre hors tension. Cela implique de mani-puler des fils sous tension lors d’un travail en hauteur, et conduit le for-mateur présent à intervenir. Ces deux opérateurs sont les seuls à déciderd’une gestion simultanée de plusieurs risques : éviter que les partiesconductrices des fils n’entrent en contact, éviter de toucher les partiesconductrices2, éviter tout déséquilibre pouvant entraîner une chute et/oula réalisation de l’un des deux risques précédents. Cette décision inter-vient alors qu’ils n’arrivent pas à identifier le disjoncteur qui permet réel-lement la mise hors tension (épisode 2).

L’analyse du contenu des interventions des formateurs fait donc appa-raître des problèmes d’identification du danger et de gestion des risques.L’identification de la présence de tension sur le porte-fusibles a posé pro-blème à des opérateurs débutants comme expérimentés. Cet échecd’identification du danger est un facteur d’accident, lié soit à des difficul-tés d’usage du VAT, soit à des difficultés d’identification du point pertinentpour faire la mesure. Enfin, des problèmes spécifiques de gestion des ris-ques apparaissent pour deux opérateurs du groupe 2. Nous les interpré-tons comme un arbitrage entre des objectifs de production, réussir latâche, et des objectifs de sécurité. Étant donné les difficultés de diagnosticde ces deux opérateurs, nous faisons l’hypothèse que ces deux objectifs neseraient plus intégrés dans l’activité de travail.

V.2. UN SCHÈME DE MISE HORS TENSION MULTI-INSTRUMENTÉV.2. QUI CONTRIBUE À L’IDENTIFICATION DU DANGER

Concernant la mise hors tension en elle-même, il est au préalablenécessaire de préciser que nous n’avons pas relevé d’intervention d’aide dela part des formateurs, hormis des interventions destinées aux opérateursdu groupe 1 – le formateur intervient alors de façon systématique et pré-coce pour qu’ils portent des équipements et protections individuels – et desinterventions portant sur la non-identification de la présence de tensionlors du premier contrôle, que nous avons présentées précédemment.

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1. La présence des formateurs n’a toutefois pas eu un effet massif sur le choix de l’artefact :12 opérateurs utilisent d’emblée le multimètre sur un total de 23.

2. Hormis les opérateurs du groupe 1, aucun ne porte de gants de protection. Les formateursne sont intervenus sur ce point que pour les opérateurs du groupe 1.

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Nous détaillerons ici deux points : la mise hors tension constitue unschème commun, et c’est un schème d’action multi-instrumenté, qui dif-fère en fonction de l’expérience des opérateurs.

V.2 .A. Un schème commun de mise hors tension

Nous observons que tous les opérateurs ont une même organisation dela mise hors tension dans les deux épisodes. Elle comporte un but général,la mise hors tension d’un dispositif, et deux sous-buts :

— Sous-but 1, le choix du disjoncteur.Dans une situation se déroulant en journée, les opérateurs mettent en

œuvre une règle : « couper au minimum » ; règle que nous avons précé-demment relevée dans les accidents analysés (Vidal-Gomel & Samurçay,2002 ; Vidal-Gomel, 2001, 2002). Ils coupent le disjoncteur dont ils fontl’hypothèse qu’il est juste en amont du panneau de sortie dans le réseauélectrique, ce qui correspond à l’intégration de contraintes liées à la qua-lité et à la continuité du service.

— Sous-but 2, contrôle d’absence de tension « au plus près du lieu detravail ».Ce contrôle correspond à la mise en œuvre d’une règle de sécurité, qui

est systématique dans la simulation (« contrôle du but », tableau 2, plusloin), ce qui n’était pas le cas dans les accidents analysés (Vidal-Gomel& Samurçay, 2002).

Ce schème est articulé aux concepts pragmatiques de continuité et desens de distribution de l’énergie. En effet, pour identifier le disjoncteur, ilfaut se représenter la structure du circuit électrique avec les relations decontinuité et d’ordre des différents éléments. Faire l’hypothèse qu’un dis-joncteur permet de « couper au minimum », c’est faire l’hypothèse qu’ilest dans une relation de continuité avec le panneau de sortie et juste enamont de celui-ci. Cette inférence est vérifiée par le contrôle d’absence detension sur le panneau de sortie : à partir de deux valeurs (absence ou pré-sence de tension), l’opérateur confirme ou infirme son inférence, ens’appuyant sur les deux concepts pragmatiques.

V.2 .B. Un schème de mise hors tension multi-instrumentéV .2 .B. différent en fonction de l’expérience

L’analyse des moyens de coupure et de l’ensemble des activités decontrôle, qui se déroulent entre la coupure et la vérification d’absence detension sur le porte-fusibles, permet de montrer que le schème de misehors tension est multi-instrumenté et diffère en fonction de l’expériencedes opérateurs.

Plusieurs moyens peuvent être mis en œuvre (fig. 3) : des moyensd’action et de contrôle local, des moyens de contrôle local ou global dubut (mettre hors tension).

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Des moyens d’action et de contrôle local

Les opérateurs peuvent couper soit en abaissant la manette du disjonc-teur, soit en appuyant sur son bouton test (fig. 3). Dans la situation desimulation, tous les disjoncteurs ont une fonction de différentiel : ils sedéclenchent dès l’apparition d’un défaut électrique sur le circuit. Ce bou-ton crée un défaut électrique – ce qui nécessite que le disjoncteur soit ali-menté –, qui doit produire le déclenchement automatique du disjoncteur– la manette s’abaisse automatiquement et produit un bruit spécifique –,donc la coupure. Les fonctions constituantes du bouton – prédéfinies parle concepteur – concernent la maintenance préventive : il s’agit de tester lebon fonctionnement de la fonction de différentiel du disjoncteur. Unenouvelle fonction est attribuée par l’opérateur : prendre des informationssur la structure du circuit en amont du disjoncteur.

L’objectif des opérateurs est en effet de couper mais aussi d’obtenirdes informations sur l’état de la fonction de différentiel du disjoncteur(elle fonctionne correctement ou non) et sur la structure du circuit en unpoint précis : ils contrôlent ainsi que le disjoncteur est bien relié au cir-cuit ; « le courant arrive bien jusque-là », comme le dit un opérateur enautoconfrontation. En ce sens, l’utilisation du bouton test constitue unmoyen de coupure, mais aussi de contrôle local, c’est-à-dire d’un point dela structure du dispositif.

Nous considérons que des opérateurs ont constitué un instrument surla base de l’artefact bouton test, dans mesure où il est utilisé pour toutecoupure d’un disjoncteur. Cette utilisation du bouton est le résultat d’unegenèse instrumentale : attribution de nouvelles fonctions à l’artefact.

Des moyens de contrôle local

Abaisser la manette d’un disjoncteur ou provoquer son déclenchementautomatique ne signifie pas forcément que la coupure est effective. Le dis-joncteur peut, par exemple, être détérioré du fait d’un court-circuit excé-dant son pouvoir de coupure.

Les opérateurs peuvent réaliser une mesure en tension sur le nœud debranchement aval du disjoncteur coupé (fig. 3). Nous avions préalable-ment identifié ce type de contrôle dans les accidents analysés (Vidal-Gomel & Samurçay, 2002 ; Vidal-Gomel, 2001 ; 2002). L’instrument estconstitué d’une règle de sécurité comme artefact – après la coupure d’undisjoncteur, « faire une vérification d’absence de tension “au plus près dulieu de travail” ». Elle est ici utilisée pour contrôler l’absence de tensionsur le nœud de branchement aval du disjoncteur coupé, immédiatementaprès sa coupure. Cet instrument permet, d’une part, de contrôler que ledisjoncteur fonctionne (fonction de coupure du disjoncteur), d’autre part,de faire des inférences sur la structure du circuit. Ici, observer uneabsence de tension signifie que ce nœud de branchement n’est pas réali-menté à partir d’un branchement « pirate », constituant une erreur latentede branchement. La structure est normale. Les fonctions de sécurité decet instrument sont différentes de celles de la règle formelle de sécurité,

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qui ne prescrit qu’une vérification « au plus près du lieu de travail ». Lesopérateurs ont constitué un nouvel instrument à partir de cette règle.

Quand il s’agit d’un disjoncteur d’éclairage du quai, les opérateurspeuvent se retourner pour vérifier que les néons d’éclairage correspon-dants sont bien éteints (fig. 3). Nous considérons qu’il s’agit d’un instru-ment quand les opérateurs se retournent systématiquement au moment

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Fig. 3. — Structuration de la mise hors tension, de son contrôle,et moyens mis en œuvre

The structure of the disconnecting task,its monitoring and the different instruments used

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de la coupure d’un disjoncteur d’éclairage. Il s’agit ici d’obtenir des infor-mations sur l’état de la fonction de sectionneur du disjoncteur (si la cou-pure est effective, les néons d’éclairage doivent s’éteindre) et sur la struc-ture du circuit en question : le disjoncteur est bien en amont de l’éclairagedu quai, la structure est normale sur ce point. À partir des travaux deCuny (1981) sur les instruments sémiques, nous considérons quel’éclairage du quai est institué en signal par l’opérateur, qui lui attribuedonc une nouvelle fonction.

Des moyens de contrôle du but

La règle « faire une vérification d’absence de tension “au plus près dulieu de travail” » permet de constituer deux instruments différents decontrôle du but (fig. 3) : 1 / faire la vérification systématiquement sur lenœud de branchement amont du porte-fusibles, ou 2 / faire la premièrevérification sur les deux nœuds de branchement du porte-fusibles, puis lessuivantes systématiquement sur le nœud de branchement amont. Leporte-fusibles est en effet relié au circuit électrique par l’intermédiaire dedeux nœuds de branchement : un nœud de branchement amont, qui estsous tension du fait de l’erreur latente ; un nœud de branchement aval,qui est hors tension du fait de la panne simulée justifiant le remplacementdu porte-fusibles.

Le premier instrument permet d’identifier la présence de tension et, surcette base, de faire des inférences sur l’existence d’une erreur latente debranchement et/ou sur un dysfonctionnement de la fonction de coupure dudisjoncteur. Il remplit les fonctions de sécurité prévues par la règle pres-crite. Le second remplit ces mêmes fonctions, mais il permet aussi d’éviterde commettre une erreur d’identification du nœud de branchementamont ; il est donc aussi un moyen de gestion des risques internes, au sensd’Amalberti (1996). Cet instrument permet également d’identifier deserreurs de branchement du porte-fusibles lui-même1. Nous considéronsqu’il fonctionne comme un savoir-faire de prudence, dans la mesure où sesfonctions de sécurité sont plus étendues que celles de la règle formelle.

Les opérateurs les moins expérimentés (groupe 1, tableau 2) ne met-tent en œuvre que la règle de sécurité, dans son utilisation formelle.L’instrument qui constitue un savoir-faire de prudence est plutôt utilisépar des opérateurs expérimentés des groupes 3 et 4, mais seulement parune partie d’entre eux. Notons qu’il n’est mis en œuvre par aucun desopérateurs dont le premier contrôle d’absence de tension échoue(§ V.1.A).

Parmi les 23 opérateurs, 15 utilisent au moins un instrument de con-trôle local (soit 65 %). D’une part, ces opérateurs l’associent systémati-quement à un instrument de contrôle du but. Ils utilisent la complémen-

176 C. Vidal-Gomel

1. Une règle de métier indique comment un porte-fusibles doit être branché. Un porte-fusibles s’ouvre de haut en bas. Le haut doit être relié à l’amont dans le circuit et le bas à l’aval.Ainsi, s’il est correctement branché, les nœuds de branchement amont et aval sont différenciables àpartir du sens d’ouverture du porte-fusibles. Cette règle et ses éventuelles violations ont été verba-lisées en autoconfrontation.

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tarité des fonctions de leurs instruments, ce qui constitue une trace dusystème d’instruments qu’ils ont élaboré. Ce système semble se dévelop-per avec l’expérience du métier. D’autre part, parmi les instruments decontrôle local, deux ont une valeur fonctionnelle située, liée aux caracté-ristiques de la situation traitée. Il s’agit de l’utilisation de l’éclairage duquai ou du bouton test des disjoncteurs1. Ces instruments sont peu utili-

Compétences pour gérer les risques professionnels 177

1. Dans l’entreprise, tous les disjoncteurs ne disposent pas de bouton test et l’usage del’éclairage du quai n’est pertinent que pour un disjoncteur d’éclairage. Ces instruments ne peuventdonc pas être systématiquement utilisés pour une mise hors tension, contrairement aux instru-ments formés avec la règle de sécurité.

TABLEAU 2

Les instruments impliqués dans le schème de mise hors tension,en fonction du degré et du type d’expérience des opérateurs

The use of different disconnecting instruments featuredin the disconnecting scheme, as a function of experience(degree and type of experience)

Gro

upe

1(N

=3)

Gro

upe

2(N

=4)

Gro

upe

3(N

=8)

Gro

upe

4(N

=8)

Sur le lieu de la misehors tension

— Moyen d’actionet de contrôle local :

Bouton testdu disjoncteur

0 4 2 5

Éclairage du quai 0 1 2 4

— Contrôle local : Contrôle de tension surnœud de branchementdu disjoncteur

0 0 2 1

Sur l’élément à mettrehors tension

— Contrôle du but :

Contrôle de tension surnœud de branchementamont du porte-fusibles

3 3 4 3

Contrôle de tension surnœud de branchementamont/aval du porte-fusibles, puis amont

0 1 4 5

Les instruments d’action et/ou de contrôle local peuvent être mis en œuvre conjointement,ce qui n’est pas le cas des deux instruments de contrôle du but.

Action and/or local monitoring instruments can be used jointly,whereas goal monitoring instruments are mutually exclusive.

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sés par les opérateurs du groupe 3 qui ont peu d’expérience au poste (2/8des opérateurs ; ceux-ci utilisent d’ailleurs à la fois le bouton test etl’éclairage, tableau 2). Ils le sont davantage par les opérateurs dugroupe 2 (4/4 des opérateurs) et du groupe 4 (6/8 des opérateurs), quiont une expérience au poste plus importante. L’instrument de contrôlelocal dont la valeur fonctionnelle est stable est peu mis en œuvre et uni-quement par des opérateurs qui ont une expérience du métier(tableau 2).

Les opérateurs ont donc élaboré un schème de mise hors tensionmulti-instrumenté qui contribue à l’identification du danger. Les instru-ments qui le composent diffèrent en fonction de l’expérience au poste etde l’expérience du métier. Ils permettent de prendre des informations etde faire des inférences sur la structure en s’appuyant sur les conceptspragmatiques de continuité et de sens de distribution de l’énergie, quisont articulés à ce schème.

Si tous les opérateurs semblent disposer des concepts pragmatiques,en revanche ce qui marque le développement des compétences pour gérerles risques est ici la transformation de l’objet de l’activité : avec l’expé-rience, les opérateurs ne cherchent plus uniquement à vérifier la réalisa-tion effective de la coupure, identification de l’élimination du danger,mais également à se forger une représentation de la structure du circuitsur lequel ils interviennent et à détecter son caractère normal ou non, cequi contribue à affiner l’identification du danger. La variété des instru-ments mis en œuvre, indicatrice des erreurs de branchement que se repré-sentent les opérateurs, est aussi un indicateur du développement.

Par ailleurs, l’expérience du métier conduirait à la constitution d’ins-truments dont la valeur fonctionnelle est stable, alors que l’expérience auposte permettrait aussi de développer des instruments dont la valeur fonc-tionnelle est contextuelle, liée aux caractéristiques des situations.

V.3. L’IDENTIFICATION DU MOYEN EFFECTIFV.3. D’ÉLIMINATION DU DANGER :V.3. LES STRATÉGIES DE DIAGNOSTIC DU « BON DISJONCTEUR »

Les stratégies de diagnostic du « bon disjoncteur » concernent l’iden-tification du moyen effectif d’élimination du danger. Elles sont examinéesen analysant la réduction de l’espace de recherche et la recherche dans unsous-système et en précisant, notamment, le rôle des concepts pragmati-ques de continuité et de sens de distribution de l’énergie, afin d’identifierdes éléments de leur développement.

Quatre types de stratégies de diagnostic sont identifiés : stratégiefondée sur des critères non pertinents, stratégie essai-erreur, stratégiestructurelle et stratégie symptomatique. En les présentant, nous revien-drons sur les difficultés des opérateurs identifiées à partir des interven-tions des formateurs.

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V.3.A. Stratégie fondée sur des critères non pertinents

Cette stratégie est le fait de deux opérateurs du groupe 1 (fig. 4). Ilsutilisent au départ les codes alphanumériques des disjoncteurs pour fairedes hypothèses, ce qui conduit le formateur présent à leur donner desinformations pour éviter les nombreux déplacements nécessaires à leurstests d’hypothèses (tableau 3). Puis ils modifient leur stratégie et utilisentdes critères erronés ou non pertinents de réduction de l’espace derecherche. Le formateur intervient alors pour identifier et/ou tenter deremettre en cause le critère de l’opérateur, mais sans succès, puisqu’ils’agissait de l’un des deux disjoncteurs qui permettent réellement lamise hors tension. Par exemple, un opérateur précise qu’il se fondesur la puissance du disjoncteur : « par rapport aux ampères qu’ilpeut supporter », information notée sur le schéma du dispositif. Ce cri-tère technique est insuffisamment discriminant. Étant donné qu’il nes’agit que de néons d’éclairage, la grande majorité des disjoncteurs del’armoire aurait pu être utilisée pour constituer l’erreur de branchement.Pour le second opérateur, la réduction de l’espace de recherche rendcompte de la non-intégration d’une règle de métier sur la numérotationdes fils.

Les connaissances des situations « normales » de ces opérateurs com-prennent des connaissances techniques ou des règles de métier insuffi-santes, et les concepts pragmatiques ne guident pas la réduction del’espace de recherche.

Compétences pour gérer les risques professionnels 179

Fig. 4. — Stratégies de diagnostic en fonction du degréet du type d’expérience

Diagnostic strategies as a function of typeand degree of experience (strategies based on irrelevant criteria,

trial and error, structural or symptomatic criteria)

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TABLEAU 3

Les interventions des formateurs concernant la stratégiede diagnostic fondée sur des critères non pertinents

Number of trainers’ interventionsfor operators who used the strategy based on irrelevant criteria

Les interventionssur la réductionde l’espace de

recherche

Les interventionssur la recherche

dans un sous-système

Activitéen cours

de l’opérateur

Contrôlesvisuels

et hypothèsessur plusieursdisjoncteurs

Identificationdes contraintes

de misehors tension

Misehors

tension dudisjonc-teur 11 Total

Groupes Opérateurs

1 O1 4 0 5 9

1 O3 7 0 1 8

V.3.B. Stratégie essai-erreur fondée sur des critères faibles

Deux opérateurs du groupe 2 testent plusieurs hypothèses surplusieurs disjoncteurs avant d’identifier celui qui permet réellement lamise hors tension (fig. 4). De la même façon que précédemment, le for-mateur intervient pour donner l’information (tableau 4). La réduction del’espace de recherche est fondée sur des critères de surface : le codealphanumérique des disjoncteurs, sans pour autant le mettre en rap-port avec le symptôme identifié. Par exemple, un opérateur précise enautoconfrontation qu’il a testé tous les disjoncteurs qui ne sont« pas dangereux pour les voyageurs » ou « la circulation des trains ».Dans ce cas, le nombre de disjoncteurs coupés a conduit à une discus-sion sur les contraintes de mise hors tension avec le formateur(tableau 4).

Ici les concepts pragmatiques ne guident pas la réduction del’espace de recherche. Seules les contraintes de mise hors tension ontconduit à sélectionner un disjoncteur et à tester l’hypothèse qu’il estle bon.

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TABLEAU 4

Les interventions des formateursconcernant la stratégie de diagnostic « essai-erreur »

Number of trainers’ interventionsfor operators who used the trial and error strategy

Les interventionssur la réduction

de l’espacede recherche

Les interventionssur la recherche

dans un sous-système

Activitéen cours

de l’opérateur

Contrôlesvisuels et

hypothèsessur plusieursdisjoncteurs

Identificationdes contraintesde mise hors

tension

Misehors

tension dudisjonc-teur 11 Total

Groupes Opérateurs

2 O5 4 0 0 4

2 O6 0 3 0 3

V.3.C. Stratégie structurelle

Les opérateurs réduisent l’espace de recherche en réalisant des contrô-les de conformité du dispositif (structure et fonctionnement), et ce en secentrant sur le circuit du panneau de sortie dès le début de l’épisode 3. Ilsidentifient ainsi des anomalies (cf. fig. 2) et prennent des informations surles nœuds de branchement correspondants (notamment, mesures envolts, numéros de fil). Ces anomalies sont ensuite mises en rapport avec lastructure du dispositif. Par exemple, une mesure est réalisée sur le nœudde branchement des fils EB au bornier (cf. fig. 2) en coupant successive-ment plusieurs disjoncteurs, jusqu’à ce que l’opérateur constate l’absencede tension. Il en infère que ce disjoncteur est bien en amont de ce nœudde branchement, ce qui implique les notions de continuité et de sens dedistribution de l’énergie. Ainsi, de l’aval vers l’amont et inversement, lesopérateurs reconstruisent la structure du circuit du panneau de sortie etidentifient le bon disjoncteur.

Ces opérateurs s’appuient sur des connaissances des situations « nor-males » concernant la structure et le fonctionnement du dispositif et surles deux concepts pragmatiques. Il s’agit d’une stratégie structurelle. Elleest majoritairement le fait d’opérateurs expérimentés du groupe 3 et cons-

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titue la stratégie majoritaire de ce groupe (fig. 4). Par ailleurs, dans cemême groupe, un seul opérateur a été aidé, mais de façon locale(tableau 5). Un seul opérateur du groupe 2 met en œuvre la stratégiestructurelle de façon autonome et, si deux opérateurs inexpérimentés(groupes 1 et 2) aboutissent à cette stratégie, c’est avec des interventionsmassives du formateur (fig. 4, tableau 5).

TABLEAU 5

Les interventions des formateursconcernant la stratégie structurelle

Number of trainers’ interventionsfor operators who used the structural strategy

Les interventionssur la réduction de

l’espace de recherche

Les interventionssur la recherche

dans un sous-système

Activitéen cours

de l’opérateur

Contrôledu

dispositifIdentificationd’anomalies

Traitementdes

anomalies

Inférenceset test

d’hypothèse

Total

Groupes Opérateurs

1 O2 6 18 21 0 452 O7 0 14 4 3 213 O9 4 0 0 0 4

Les interventions sont en effet très importantes pour un opérateur dugroupe 1 et un du groupe 2 (O2 et O7, tableau 5), concernant à la foisleur nombre – ces deux opérateurs sont ceux qui ont été le plus aidésparmi les 23 opérateurs – et les différentes phases de la stratégie sur les-quelles elles portent. Ils sont complètement guidés ou presque par les for-mateurs, et ce guidage est plus directif si nous nous référons au nombrede requêtes formulées1. Pour l’opérateur du groupe 2, l’aide porte plusparticulièrement sur l’identification des anomalies. Pour l’opérateur dugroupe 1, l’aide porte sur les contrôles, et de façon plus importante surl’identification et le traitement de l’anomalie (tableau 5). Ces opérateurssemblent avoir des difficultés pour recueillir les informations pertinentes,et, pour l’un d’eux, il s’agit aussi de l’utilisation de ces informations.

Ces deux opérateurs disposent des concepts pragmatiques de sens dedistribution de l’énergie et de continuité – comme l’atteste leur schème de

182 C. Vidal-Gomel

1. O2 : 15 requêtes pour 52 interventions au total, soit 25 % ; O7 : 12 requêtes pour 45 inter-ventions, soit 26,7 % ; les requêtes n’excèdent 13 % que pour un seul des autres opérateurs, maisil ne s’agit que de 1 requête pour 4 interventions.

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mise hors tension, qui pour l’un d’eux constitue une compétence cri-tique –, mais leur maîtrise de ces concepts semble insuffisante pour guiderleur stratégie de diagnostic ; tout comme leurs connaissances des situa-tions « normales » semblent insuffisamment constituées pour effectuer descontrôles de conformité et/ou identifier des anomalies.

V.3 .D. Stratégie symptomatique

Une fois le symptôme de l’erreur de branchement identifié, huit opéra-teurs élaborent immédiatement l’hypothèse que, si ce n’est pas le disjonc-teur étiqueté « DJ 43, panneau de sortie », c’est le disjoncteur « DJ 11, éclai-rage du quai » comme ils le disent en autoconfrontation, en apportant uneprécision : c’est une erreur connue pour ce circuit. Ils testent immédiate-ment cette hypothèse en coupant ce disjoncteur et en vérifiant l’absencede tension sur le porte-fusibles du panneau de sortie. Aucune aide des for-mateurs n’est relevée sur ces points. Ces opérateurs apparient immédiate-ment un symptôme et une cause. Cette stratégie est majoritairement miseen œuvre par des opérateurs du groupe 4, qui ont la fois une expériencedu métier et du poste de travail ; seul un opérateur du groupe 3 l’utilise1

(fig. 4). Ces opérateurs disposent de connaissances précises sur les situa-tions « anormales » : ils connaissent les erreurs de branchement qui sonthabituellement faites pour un circuit particulier, ce qui peut être rappro-ché des stratégies fondées sur les cas connus identifiées par Konradt(1995). Les concepts pragmatiques de continuité et de sens de distribu-tion de l’énergie sont intégrés à cette stratégie.

Des travaux sur les stratégies de diagnostic de panne (Rasmussen,1984, 1986 ; Patrick, 1993 ; Konradt, 1995 ; Munley & Patrick, 1997)ont ici été utilisés pour analyser des stratégies de diagnostic impliquéesdans l’élimination du danger et nous permettent de les caractériser. Nousrejoignons le point de vue de Patrick (1993, Munley & Patrick, 1997) surl’intérêt des stratégies structurelles et l’importance des connaissances dudomaine. Ces stratégies sont rarement le fait d’opérateurs débutants.L’information sur la structure n’est en effet pas donnée, elle doit êtreélaborée par l’opérateur, ce qui peut constituer une réelle difficulté,non prise en compte dans certains travaux réalisés en laboratoire(Rouse, 1979 ; Morrisson & Duncan, 1988 ; Johnson & Rouse, 1982, parexemple). Nous montrons que ces stratégies sont pertinentes pour gérerdes risques professionnels et nous apportons des précisions sur lesconnaissances du domaine : ce sont des concepts pragmatiques, desconnaissances techniques, mais aussi des règles de métier et des connais-sances sur les caractéristiques des situations normales/anormales. On peutles qualifier des connaissances opérationnelles (Rogalski, 1995, 2004 a).

Les stratégies de diagnostic diffèrent en fonction du degré et du typed’expérience des opérateurs. Si les opérateurs disposent des conceptspragmatiques de continuité et de sens de distribution de l’énergie, ils ne

Compétences pour gérer les risques professionnels 183

1. Nous apprendrons en autoconfrontation qu’il avait une ancienneté au poste dont il ne nousavait pas fait part étant donné que c’était plus de quinze ans auparavant.

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sont efficaces qu’après plusieurs années d’expérience pour guider les stra-tégies de diagnostic. Par ailleurs, les connaissances des situations nor-males des opérateurs débutants s’avèrent incomplètes, ou comprennentdes connaissances erronées. Ces connaissances semblent mieux consti-tuées après quelques années d’expérience (groupe 2), bien que les résul-tats concernant ce groupe d’opérateurs soient très hétérogènes. Enfin,avec l’acquisition de l’expérience au poste (groupe 4), les opérateursacquièrent des connaissances plus précises sur les situations anormales :ils connaissent des types d’erreurs pour un type de circuit, ce qui leur per-met la mise en œuvre de stratégies symptomatiques plus économiques.

VI. DISCUSSION ET CONCLUSION

À partir d’analyses d’accidents et d’une simulation dans le domainede la maintenance des systèmes électriques, nous identifions plusieursdimensions des compétences individuelles pour gérer les risques profes-sionnels : connaissances opérationnelles – intégrant des connaissancestechniques, des règles de métier, des concepts pragmatiques et desconnaissances sur les situations normales/anormales –, schèmes et instru-ments. Avant de revenir sur nos principaux résultats, nous abordons lavalidité écologique de la simulation1 et quelques questions posées par lesinterventions des formateurs.

VI .1. LA VALIDITÉ ÉCOLOGIQUE DE LA SIMULATION

Les stratégies symptomatiques des opérateurs qui ont à la fois uneexpérience du métier et du poste attestent la validité écologique de lasimulation. En effet, ils sont en mesure d’apparier un symptôme et unecause en s’appuyant sur des connaissances des erreurs de branchementqui sont habituellement commises pour un type de circuit. Autrementdit, ces opérateurs n’étaient pas en situation de résolution de problème(Richard, 1990) et le traitement des erreurs de branchement, commecelle que nous avons élaborée avec l’aide des formateurs, semble plutôtfamilier.

Par ailleurs, on aurait pu craindre que la présence des formateursn’amène les opérateurs à mieux respecter les règles de sécurité. Nousobservons par exemple que dans la simulation tous les opérateurs réalisentune vérification d’absence de tension « au plus près du lieu de travail »(UTE, 1991), alors que cela n’avait pas été le cas pour les accidents analy-sés (Vidal-Gomel & Samurçay, 2002 ; Vidal-Gomel, 2002). Mais la miseen œuvre de toutes règles de sécurité est loin d’avoir été systématiquedans la simulation : d’une part, à l’exception des opérateurs du groupe 1,

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1. L’ensemble des questions relatives à la validité écologique de la simulation est détailléedans Vidal-Gomel (2005).

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aucun des opérateurs ne porte d’équipement et de protection individuelsen présence de tension, comme il est prescrit (UTE, 1991). Et si les opéra-teurs du groupe 1 le font, c’est suite à des interventions des formateurs.Ces interventions ont été très précoces. Il est donc impossible de savoirs’ils l’auraient fait d’eux-mêmes. D’autre part, plusieurs opérateurs ontutilisé le multimètre pour faire des vérifications d’absence de tension aulieu du VAT1, outil prescrit (UTE, op. cit.). Un tel choix peut relever à la foisde la facilité et de la fiabilité de l’usage en fonction des caractéristiquespropres de l’artefact – elles sont différentes en fonction des générationsd’un même artefact – et des caractéristiques de la situation2, y compristrès locales, comme les particularités du nœud de branchement sur lequelest faite la mesure à un moment donné.

Il paraît alors difficile de faire l’hypothèse que la règle de vérificationd’absence de tension « au plus près du lieu de travail » ait été mise enœuvre par tous les opérateurs uniquement du fait de la présence desformateurs.

Différents facteurs pourraient expliquer la non-utilisation de cetterègle dans les accidents analysés : des pré-requis importants pour réaliserla vérification qui en font une opération coûteuse et la réalisation de mul-tiples contrôles locaux qui conduisent à faire l’inférence d’une réalisationeffective de la coupure (Vidal-Gomel, 2002), ou la connaissance del’armoire du fait d’interventions régulières, critère verbalisé par des opéra-teurs au moment du recueil de données sur les accidents (Vidal-Gomel& Samurçay, 2002).

VI .2. LES INTERVENTIONS DES FORMATEURS

Trois formateurs différents ont participé aux simulations. L’utilisationde leurs aides au traitement du problème pour identifier les difficultés desopérateurs pose la question de l’hétérogénéité de leurs interventions.

Les formateurs sont intervenus dans tous les cas d’échec d’iden-tification du danger ou de décisions inappropriées concernant la gestiondes risques. La pertinence des interventions est directement en rapportavec les risques que comporte la réalisation de la tâche dans la situationélaborée. Leurs interventions ont également porté sur les stratégies de dia-gnostic, cette fois selon deux optiques : d’une part, ils ont aidé des opéra-teurs mais sans modifier la stratégie mise en œuvre, même quand celle-ciest basée sur des critères faux ou faibles ; d’autre part, ils sont intervenusde façon importante et très directive pour deux opérateurs en échec dansleur recherche, les amenant à mettre en œuvre une stratégie structurellecomparable à celle d’opérateurs plus expérimentés, ce qui a tendance àhomogénéiser nos résultats sur les stratégies.

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1. Vérificateur d’absence de tension.2. Nous avons quelques données qui montrent d’ailleurs des utilisations complémentaires des

deux artefacts (VAT, multimètre). La notion de système d’instruments pourrait alors fournir uncadre explicatif. Toutefois nos données sont insuffisantes sur ce point (Vidal-Gomel, 2001).

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Par ailleurs, les interventions massives dont ont bénéficié ces deux der-niers opérateurs posent des questions sur l’aspect didactique de cesinterventions.

Au vu du nombre important d’interventions, et particulièrement desrequêtes, le guidage du formateur constitue une vraie prise en charge de lastratégie de ces deux opérateurs. Et nous pouvons nous interroger surleurs capacités à mettre en œuvre une telle stratégie de façon autonome,ultérieurement. Autrement dit, nous ignorons si les interventions du for-mateur se situent dans leur « zone proche de développement » (Vygotski,1934-1997).

Un même formateur participe aux situations de simulation de ces deuxopérateurs et à celles des deux qui utilisent des critères non pertinents.Nous pouvons constater qu’il n’a pas pris en charge la stratégie de ces der-niers. De plus, il faut rappeler que les formateurs ont refusé que la simula-tion soit intégrée à une formation. Ainsi, si le formateur présent aide lesdeux opérateurs en échec, il n’a pas pour autant un objectif didactique.

VI .3. DIMENSIONS DES COMPÉTENCES INDIVIDUELLESVI .3 . POUR GÉRER LES RISQUES ET LEURS ARTICULATIONS

Les stratégies de diagnostic diffèrent en fonction du degré et du typed’expérience des opérateurs. Pour des opérateurs en formation par alter-nance, les connaissances opérationnelles semblent incomplètes, compre-nant des connaissances techniques ou des règles de métier insuffisantes oufausses. Après deux ans d’expérience du poste et du métier, ces connais-sances semblent mieux constituées. Dans ces deux cas, si les conceptspragmatiques sont connus des opérateurs, ils ne sont pas encore suffisam-ment maîtrisés pour guider une stratégie pertinente, à l’exception de l’und’entre eux. Les stratégies de diagnostic des opérateurs plus expérimentésattestent soit un guidage de la stratégie par les concepts pragmatiques etde connaissances des situations, soit des connaissances plus précises surles situations anormales.

Cette première approche du développement des compétences rejointcelle que proposent Samurçay et Pastré (1995), qui se centrent sur lesconcepts pragmatiques et leur rôle dans le diagnostic des opérateurs.Nous la complétons en abordant le développement à partir des instru-ments des opérateurs, ce qui nous permet de mettre en évidence des arti-culations entre schème, instruments, concepts pragmatiques et, au traversde la variété des instruments utilisés, des connaissances sur les situationsanormales dont les opérateurs cherchent à se préserver. Ce double pointde vue permet de s’intéresser à l’articulation de différentes dimensions descompétences en fonction de l’expérience.

Ainsi, si les mêmes concepts pragmatiques sont impliqués dans leschème de mise hors tension multi-instrumenté et dans les stratégies dediagnostic des opérateurs expérimentés, ce n’est pas le cas pour des opéra-teurs en formation et des opérateurs débutants (à l’exception de l’und’eux). Ces concepts ne semblent alors pas opératoires pour mettre enœuvre une stratégie de diagnostic pertinente et efficace. Deux hypothèses

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peuvent être proposées concernant le développement des concepts prag-matiques chez les opérateurs inexpérimentés : ils ne seraient pas opératoi-res dans des situations non routinières, comme la phase d’identificationdu disjoncteur permettant la mise hors tension, ou bien leur développe-ment pourrait être différent en fonction de leur articulation avec diffé-rentes dimensions des compétences, si nous nous référons à un opérateurdont le schème de mise hors tension correspond à celui des opérateurs lesplus expérimentés et dont la stratégie de diagnostic est prise en charge parle formateur.

Ces résultats plaident en faveur du point de vue de Samurçay etRabardel (2004) de ne pas concevoir les concepts pragmatiques, inva-riants opératoires, comme une partie constitutive des schèmes. Les diffé-rencier permet alors d’examiner leur articulation et leurs relations avecdifférentes dimensions des compétences et de faire l’hypothèse d’un déve-loppement qui pourrait ne pas être homogène.

Par ailleurs, nous retrouvons un résultat classique sur les rapportsentre expérience et compétences (Bouthier, Pastré, & Samurçay, 1995 ;Sonnentag & Schmidt-Barße, 1998, par exemple) : si les compétences sedéveloppent au travers de l’expérience (du métier et du poste de travail),celle-ci demeure insuffisante pour acquérir des compétences critiques(Vergnaud, 1996) caractéristiques de l’expertise. En effet, à titred’exemple, nous avons identifié un instrument qui contribue à la gestionde risques internes et externes et que nous avons qualifié de savoir-faire deprudence. Il n’est mis en œuvre que par 9 opérateurs expérimentés sur 16(soit 56 %).

Enfin, le schème de mise hors tension multi-instrumenté et les straté-gies de diagnostic rendent compte de l’intégration des aspects techniqueset sécuritaires du métier dans l’activité et les compétences. Ces résultatscontredisent la séparation des aspects techniques et sécuritaires du métierque l’on retrouve aussi bien dans la réglementation (UTE, 1991) que dansles formations en milieu professionnel et scolaire, ou dans les référentielsde ces dernières pour le domaine de la maintenance des systèmes élec-triques. Cette intégration pourrait toutefois ne pas toujours être présentedans l’activité, en fonction de difficultés de diagnostic et/ou de développe-ment des compétences.

VI .4. RÈGLES DE SÉCURITÉ, INSTRUMENTSVI .4. ET SYSTÈMES D’INSTRUMENTS

Le rapport aux règles de sécurité a été ici considéré dans le cadre desactivités avec instruments (Rabardel, 1995). Cette approche contribue àne pas aborder un choix de l’opérateur (respect ou violation d’une règle)de façon isolée, mais à l’examiner du point de vue de ses relations à unensemble d’autres moyens qu’il met en œuvre, en privilégiant leur fonc-tionnalité pour la gestion des risques.

D’une part, ce cadre nous permet de mettre en évidence des diffé-rences dans l’instrumentation de l’activité. Ainsi, les opérateurs les plusexpérimentés mettent en œuvre des instruments matériels, différents ins-

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truments symboliques et des instruments sémiques, contrairement, parexemple, aux opérateurs débutants qui ne disposent pas d’un éventailaussi large.

D’autre part, en examinant le schème de mise hors tension multi-instrumenté, nous pouvons relever que les opérateurs privilégient le rap-port coût/bénéfice, comme le notent Battmann et Klumb (1993), mais cen’est pas toujours le seul critère qui caractérise les différents instrumentsutilisés par les opérateurs. S’ils sont économiques, chez certains opéra-teurs, ils sont également efficaces pour gérer les risques. L’un d’entre euxconstitue un savoir-faire de prudence, plus précis que la règle de sécurité.Ce savoir-faire de prudence est majoritairement mis en œuvre par desopérateurs expérimentés.

L’analyse du schème de mise hors tension multi-instrumenté nouspermet d’identifier quelques éléments des systèmes d’instruments desopérateurs. Ces systèmes ne sont pas uniquement composés à partird’artefacts matériels, mais aussi avec des artefacts symboliques (les règlesde sécurité) et sémiques (l’éclairage), ce qui rend compte de la multipli-cité et de la variété des moyens utilisés par les opérateurs pour gérer lesrisques. Les instruments qui le composent peuvent avoir une valeur fonc-tionnelle située ou stable (Rabardel, 1999). Comme le relèvent Gaudartet Weill-Fassina (1999), nous identifions une plus grande utilisationd’informations informelles avec l’acquisition de l’expérience ; utilisationsituée, liée aux caractéristiques des situations et à leur disponibilité(Lefort, 1982 ; Winsemius, 1969, in Rabardel, 1995). Mais cette utilisa-tion n’est pas ici isolée, elle est complémentaire de la mise en œuvred’autres instruments, dont la valeur fonctionnelle est plus stable.L’expérience du métier conduirait à constituer des instruments dont lavaleur fonctionnelle serait stable et l’expérience au poste de travail à éla-borer également des instruments dont la valeur fonctionnelle serait située,liée aux caractéristiques particulières d’une situation. Nous n’abordons iciqu’une petite partie des systèmes d’instruments des opérateurs. Il s’agitd’une limite de la simulation. L’examen des systèmes d’instruments auraitnécessité de recueillir des données dans plusieurs classes de situations.

Le travail dont est issu cet article a été réalisé sous la co-direction de RénanSamurçay à qui je souhaite rendre hommage.

Cette recherche a été financée par l’INRS et a été effectuée avec la col-laboration du service ESE de la RATP.

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Manuscrit reçu : décembre 2004.Accepté, après révision, par R. Amalberti : mai 2005.

RÉSUMÉ

L’objectif de cet article est d’identifier des compétences pour gérer des risquesprofessionnels et leur développement avec l’acquisition de l’expérience, sur unelongue période : de la formation initiale jusqu’à plus de cinq ans d’expérience, enconsidérant que l’expérience est à la fois nécessaire et insuffisante au développe-ment des compétences. Ce travail est réalisé dans le domaine de la maintenancedes systèmes électriques. À partir de l’analyse d’accidents d’origine électrique, etde l’analyse de l’utilisation des règles de sécurité et des stratégies de diagnosticdans une situation de simulation, nous inférons différentes dimensions des com-pétences : schèmes, instruments, concepts pragmatiques, connaissances des situa-tions. L’articulation de ces différentes dimensions des compétences est examinéeet discutée en fonction du degré et du type d’expérience des opérateurs (expériencedu métier et/ou du poste de travail dans la même entreprise).

Mots-clés : Compétences, Gestion des risques professionnels, Stratégies de diagnostic,Expérience du métier, Expérience du poste de travail, Maintenance des systèmes électriques.

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Annexes : Exemple de codage

Appendix : Example of coding methodology

No ligneTempsmin:s Protocole brut, épisode 1 Codage du protocole, épisode 1

1 0 F : reformule tâche « gestion simu. » « tâche »2 0:13 monte échelle « action » « prérequis »3 0:17 dévisse au panneau de sortie « action » « prérequis »4 0:40 F : ça s’ouvre facilement,

même à la main« gestionsimu. »« aide locale »

5 0:44 soulève vitre du panneausortie

« action » « prérequis »

6 0:48 monte 2 barreaux échelle etregardant gauche/droite

« action » « prérequis » « PI » « PS »

7 0:55 F : c’est au milieu sur lapartie...

« gestionsimu. »« aide locale »

8 0:58 pose patte sur vitre « action » « prérequis »9 1:08 dévisse néon du haut puis du

bas« action » « prérequis »

10 1:20 les tend à F « action » « prérequis »11 1:25 manip. fils dans panneau de

sortie« action » « manip. fils » « PS »

12 1:35 déroule fils du multimètre « action » « prérequis outil »« multi. »

13 alors normalement, j’ouvre,de toute façon on est 2 doncle 2e il protège plus oumoins autour

donc comme j’interviens pourchanger un PF, je vérifie paroù arrive la tension, déjà

« référence sécurité » « coéquipierprotège »

« décision 1 » « identifier nœudamont »

14 1:55 branche fiches multimètre « action » « prérequisoutil » « multi »15 moi je me sers toujours du

métrix, le VAT je m’en serspas

« référence pratique habituelle »« toujours multi. »

16 1:58 met fiches multi au contact « action » « mesure » « PF » « multi. »17 2:05 bon là j’ai 230 d’un côté « identif. état » « 230 d’un côté »18 2:08 descend échelle « action » « post-requis »19 2:10 déplace échelle « action » « prérequis »20 2:11 monte échelle « action » « prérequis »21 2:18 met fiches multimètre au

contact« action » « mesure » « PF » « multi. »

22 2:29 manipule le réglage du multi-mètre

« action » « règle » « multi. »

23 2:33 regarde multimètre « PI » « multi »24 2:35 F : il faut appuyer sur le

bouton« gestion simu. » « K outil »

« M » « multi. » (1)

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No ligneTempsmin:s Protocole brut, épisode 1 Codage du protocole, épisode 1

25 appuie « action » « appuie » « M » « multi. »26 F : voilà « gestionsimu. »« confirme »27 2:42 pose multimètre dans le pan-

neau sortie« action » « prérequis » « outil »

« multi. »28 2:44 met fiches multimètre au

contact« action » « mesure » « PF » « multi. »

29 2:48 déplace fiches multimètre aucontact

« action » « mesure » « PF » « multi. »

30 2:52 J’ai bien le jus d’un côté, je l’aipas de l’autre

« identif. état » « du jus d’un côté,pas de l’autre »

31 3:01 pose multimètre dans le pan-neau

« action » « post-requis » « outil »« multi. »

32 comme je suis censé le chan-ger et je connais pas la sta-tion... normalement je re-tourne à l’armoire de quaiqui alimente les motifs sor-tie, correspondance et tout,je vais au moins couper ledisjoncteur là-haut

« décision 2 » « mettre hors ten-sion »

2 .1. aller à l’armoire2 .2. couper disjoncteur

(1) L’opérateur utilise un multimètre de dernière génération mis à sa disposition (il n’a pasamené ses propres outils). Nous considérons que l’intervention du formateur concerne la gestionde la simulation.

Les interventions du formateurPS : panneau de sortie ; PF : porte-fusibles ;

M : bouton mémoire du multimètre ; K : connaissance

Trainer’s interventionsPS : exit sign ; PF : fuse box ;

M : multimeter ; K : knowledge

Le Directeur de la publication : M. PRIGENT

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