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Chronique de la rue parisienne : Les Années 50

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C H R O N I Q U E

D E L A R U E

P A R I S I E N N E

LES ANNÉES

5 0 7 � - �

J e a n - L o u i s Cela t i P i e r r e Cavi l lon

P a r i g r a m m e

Page 3: Chronique de la rue parisienne : Les Années 50

@ 1996 éditions Parigramme/CPL 59, rue Beaubourg 75003 Paris

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es nouvelles de Paris ? A l'orée des années cinquante, la guerre est déjà loin ; le rationnement n'est plus qu'un souvenir et si l'on déterre encore, quelquefois, des bombes oubliées, la capitale, dont les monuments sont toujours noirs de suie, n'a pas de ruines à relever.

L'ère de la consommation de masse s'ouvre ; l'inflation est forte et la monnaie se déprécie de façon continue mais le pouvoir d'achat s'accroît en moyenne de 5 % par an. Automobiles, machines à laver le linge, réfrigérateurs... ne sont pas dans tous les foyers mais ne font plus figure de curiosités. La "ménagère de moins de 50 ans" n'a pas encore été inventée par les publicitaires ; pourtant elle rêve déjà, au Salon des arts ménagers, à la cuisine de l'an 2 000. La presse s'ouvre de plus en plus à la publicité. On parle peu du chômage qui n'affecte que 1 % de la population active... les lendemains semblent assurés d'être meilleurs que le présent.

Pourtant d'énormes défis restent à relever. La ville ne parvient pas à loger décemment les 2 850 000 habitants recensés en 1954. Tout au long de la décennie, d'innombrables articles dénoncent le scandale de familles nombreuses vivant à

l'hôtel, logeant dans de misérables garnis ou dans une pièce exiguë et sordide. Le mot "squatter" fait son apparition. On ne construit en France, en 1952, que 82 000 logements par an, ce qui est inférieur aux seuls besoins de la région parisienne. Il faut attendre le très rude hiver 1953-1954 et l'action de l'abbé Pierre pour qu'une prise de conscience s'opère. La construction prend son essor après 1955, essentiellement en banlieue.

L'habitat parisien garde une part de son caractère du XIXe siècle. Saint- Germain-des-Prés brasse des populations très hétérogènes : intellectuels, éditeurs, jeunes gens aisés mais aussi retraités, petits fonctionnaires, employés résidant à proximité de leurs entreprises ; bientôt les seconds laisseront la place aux premiers. Les magnifiques hôtels du Marais sont, pour la plupart, transformés en ateliers ou en logements insalubres. Paris est encore, pour peu de temps, une ville ouvrière.

L'industrie, petite et moyenne (parfois la grande, avec Citroën quai de Javel ou Panhard dans le 13e arrondissement) et l'artisanat sont omniprésents. Usines et ateliers émaillent le sol parisien qui n'est pas encore dévolu entièrement au tertiaire et à l'habitat de classes de plus en plus aisées. Régulièrement de spectaculaires incendies font la une des journaux et rappellent une imbrication qui n'a plus cours aujourd'hui. Les édiles se préoccupent de déplacer ces industries dangereuses à la faveur de la destruction des nombreux îlots insalubres de la capitale. Vers la fin de la décennie, les premières grandes opérations qui vont changer la physionomie de tant de quartiers sont engagées ; en 1959, on détruit la gare Montparnasse et le Vel' d'Hiv'. L'américanisation a ses adeptes, qui rêvent de buildings et de gratte-ciel.

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L'aménagement de la région parisienne n'est pas coordonné mais un vif débat, relayé par la presse, s'engage autour de la "ville" et de ses problèmes : logement, bien sûr, mais aussi circulation et stationnement. 350 000 véhicules sont produits en 1950, plus de 700 000 en 1955. Des projets, qui font rétrospectivement froid dans le dos, sont doctement débattus dans les plus hautes instances. On imagine d'éventrer les Tuileries par une autoroute, de multiplier les radiales, de remplacer les grands boulevards par un périphérique... mais on prévoit aussi des parking souterrains pour faciliter le stationnement. Sens uniques, zones bleues, mises en fourrière... sont de bien faibles innovations pour réguler le flux, toujours montant, de la marée automobile. Alors qu'il n'existe que quelques kilomètres d'autoroute à la porte de Saint-Cloud, le rationnement de l'essence consécutif à la crise de Suez et son retentissement dans la presse montrent combien l'automobile devient le symbole de la consommation de masse. On sacrifie même sur l'autel du cheval à vapeur de vieilles manifestations populaires comme, en 1952, la fête du Bœuf-gras.

Le "progrès" a cependant ses accrocs et ses retards. En 1954, 40 000 demandes parisiennes de raccordement au téléphone ne sont pas satisfaites ; la moindre jonction en automatique avec une capitale régionale est fêtée comme une avancée décisive.

Ce n'est plus le Paris d'avant-guerre, pas encore tout à fait la ville moderne. Vespa et Solex côtoient les dernières voitures à chevaux, l'éclairage électrique chasse les ultimes réverbères, les taxis équipés de radio-téléphone arpentent les rues dont certaines sont encore pavées de bois. Les créatures habillées de lumière du Crazy Horse Saloon concurrencent dangereusement les "p'tites femmes" du Concert Mayol.

Mais Paris reste la capitale du luxe et du raffinement, des grands couturiers et des restaurants fins, qui attire les stars forcément "hollywoodiennes" dont la presse tient la chronique régulière des visites. Les touristes se font également plus nombreux et les journaux se moquent, plus ou moins gentiment, de leurs étranges coutumes. Congés payés aidant (en 1956, les salariés ont droit à une troisième semaine), les Parisiens prennent des vacances, eux aussi (en 1955, Charles Trenet crée Nationale 7). Gares saturées, encombrements du week-end, macabre comptabilité des accidents de la route... deviennent des figures imposées de la presse.

L'étoile de capitale mondiale que Paris avait réussi tant bien que mal à préserver dans l'entre-deux-guerres a un peu pâli. Le sort du monde se joue désormais ailleurs. Mais la littérature et le théâtre connaissent des heures de gloire. Un nouveau type d'intellectuel apparaît dont Jean-Paul Sartre et Albert Camus, simultanément journalistes, polémistes, écrivains, philosophes, sont les figures les plus achevées. Saint-Germain-des-Prés détrône Montparnasse, comme lors de la précédente après-guerre Montparnasse avait supplanté Montmartre. Les Parisiens vont encore beaucoup au cinéma. Plus de 350 salles, dont beaucoup portent le nom de leur quartier, ne désemplissent pas. On atteint le chiffre phénoménal de 77 millions d'entrées à Paris en 1950.

Paris reste une ville où la polémique, nourrie par la menace, très présente dans la première partie de la décennie, d'une troisième guerre mondiale, fait partie intégrante du paysage politique et intellectuel. La matière ne manque pas : guerres de Corée et d'Indochine, affaire de la CED, révolution hongroise de

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1956, crise de Suez, enfin et surtout répercussions du drame algérien : attentats, luttes sans merci entre nationalistes algériens rivaux à Paris, départ des rappelés en 1956, question de la torture, coup d'Alger du 13 mai 1958 et retour aux affaires du général de Gaulle... Ces événements sont prétextes à empoignades musclées comme lors des violentes manifestations contre la venue du général Rigdway en 1952 ou de l'attaque du siège du Parti communiste en novembre 1956. Toutefois, en comparaison avec l'avant-guerre, le ton s'adoucit un peu et les invectives se font plus rares.

La presse, qui s'était largement compromise avec l'occupant, s'est considé- rablement renouvelée à la Libération. Un nouveau personnel a surgi ou a pris les commandes. En 1947, on ne dénombre pas moins de 19 quotidiens à Paris ; seulement 13 seront encore vivants en 1958. La presse d'opinion s'est anémiée tout au long de la décennie quand elle n'a pas disparu : le tirage de L'Humanité, qui est passé sous la barre des 200 000 exemplaires en 1950, baisse régulièrement. La vente du Populaire, socialiste, a été divisée par dix entre 1947 et 1958. L'Aube, du MRP, disparaît en octobre 1951.

Deux titres dominent quantitativement la période : France-Soir, qui finit par absorber Paris-Presse en déclin et Le Parisien.

Dès juillet 1953, France-Soir, le journal de la rue Réaumur, franchit le seuil du million d'exemplaires vendus quotidiennement et dépassera ce chiffre magique pendant plus de quinze ans. La recette de Pierre Lazareff est simple : marier intelligemment grand reportage et fait divers. Grâce à ses nombreuses éditions, "7e", "8e", "8e toute dernière", "toute dernière spéciale"... il réussit à fournir un large lectorat au-delà des clivages et des appartenances politiques.

Plus populaire et faisant davantage encore son miel des faits divers, Le Parisien devient dès 1949 le plus vendu des quotidiens du matin. Il innove en introduisant la couleur sur une page en avril 1955.

Cette presse à fort tirage qui attire le chaland à grand renfort de drames passionnels, d'exactions de gangsters et d'éternelles considérations sur le temps qu'il fait (nouveauté des années cinquante : les variations de la météo sont souvent attribuées aux expériences atomiques) doit désormais compter avec un redoutable concurrent : la radio. La télévision fait aussi son apparition, timide d'abord, avant de connaître un développement fulgurant. Elle constitue encore une attraction que l'on regarde dans les devantures de magasins et dans les bistrots où elle devient un argument commercial.

Les reporters du quotidien se font plus sobres que ne l'étaient leurs collègues d'avant-guerre : moins de mises en scène, moins d'effets de style, moins de reconstitutions de dialogues dans leurs articles qui restent cependant souvent surmontés de titres à sensation et de manchettes accrocheuses.

Cette mosaïque de "papiers" compose un tableau de la rue parisienne des années cinquante que nous reconnaissons bien. Paris ne s'est pas encore départi totalement de son aspect provincial. La grande mutation de la décennie est plus profonde, intérieure, qu'immédiatement visible. Un moment, somme toute assez bref, la ville hésite à changer d'habits, suspendue entre l'ancien et le nouveau, séduite par les sirènes du modernisme sans pour autant y céder totalement. La vieille dame écoute du rock sur son scooter mais fait son marché tous les jours car elle n'a pas de réfrigérateur !

Cette figure éphémère ne nous est pas totalement étrangère ; c'est celle du Paris de notre enfance et de notre jeunesse.

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L A S E I N E

D E B O R D E D A N S P A R I S

la circulation a été coupée entre les quais de Bercy et de la Rapée. Les gares d'Orsay et Saint-Michel sont fermées.

L a Seine a amorcé cette nuit une brusque accélération de sa crue. Les quais de la Ra-

pée et de Bercy étaient interdits à la circulation et une partie du quai de Passy était submergée. De nom- breuses caves des immeubles rive- rains sont lentement gagnées par l'eau.

Le pont des Arts, dont la passe- relle de fer et de bois risque d'être emportée par la violence du courant, a été fermé à la circulation.

A 16 heures, la cote de la Seine était de 6,52 m. La crue était donc de 52 centimètres depuis hier soir. La cadence de montée de l'eau, retom- bée à 1 centimètre par heure avant- hier, a presque doublé. On prévoit que la cote sera de 6,80 m demain au pont d'Austerlitz ; dimanche, elle atteindra 7,15 m et lundi 7,32 m. La cote de 7,32 m est celle de la crue de 1924. En 1910, la Seine arrivait à la cote de 8,32 m.

Tard dans la nuit et toute la jour- née d'aujourd'hui, les ouvriers ont travaillé pour surélever les parapets aux endroits particulièrement mena- cés, notamment quai de la Gare, quai de la Rapée, quai de Bercy.

La gare aérienne des Invalides sera fermée demain.

De son côté, le service des égouts de Paris fait bâtir autour des "regards" des caniveaux des cheminées qui empêcheront les eaux de refluer dans les rues en contrebas, notamment faubourg Saint-Honoré.

A la gare de Bercy, les ouvertures ont été obturées par des murs d'un mètre de haut. Mais des ruisselets d'eau sale courent déjà le long des rails de la voie en tranchée - entre les gares d'Austerlitz et d'Orsay - en dé- pit des pompes aspirantes mises en action. Le quai de Bercy est même, depuis 2 heures du matin, en partie recouvert par les eaux et la circulation a dû être interrompue entre le pont National et le pont d'Austerlitz.

L'inquiétude règne aux entrepôts de Bercy, où seule la porte du Mâ- connais est protégée.

Le long du quai de la Rapée, l'eau vient au niveau de la chaussée. Elle n'est plus retenue que par le parapet que l'on consolide en hâte. Les en- trepôts de charbon et de matériaux divers qui étaient installés sur les

A Bercy, (lI1 pont de Tolbiac, ori installe ime lanterne permet tan t (le surveiller la montée (In fleuve p e n d a n t la iiiiii.

berges disparaissent à demi. Une voiture abandonnée dans un parking à proximité de la morgue est entière- ment recouverte par le flot... Une autre est dans l'eau jusqu'à hauteur du pare-brise.

L'institut médico-légal, qui n'est pas isolé du fleuve par un parapet, est directement menacé. Le rez-de-

chaussée sera évacué dans la journée et on construit un mur pour obstruer portes-fenêtres et autres ouvertures.

Toujours quai de la Rapée, l'eau commence à filtrer dans les caves des immeubles...

Quai du Louvre, en face du n° 34, l'accès au quai a été muré ; l'eau ar- rive à 2,50 m...

Sur appel du gardien du Trésor, des pompiers sont intervenus ce ma- tin en l'église Notre-Dame où les infil- trations souterraines atteignaient une hauteur de 40 centimètres.

Des infiltrations ont aussi été constatées dans les souterrains du Palais de Justice. Elles ont atteint les couloirs de la Souricière. Le service de garde a été obligé de détourner le circuit normal des détenus qui doi- vent être conduits aux diverses chambres ou cours d'appel.

Quelques infiltrations se sont pro- duites dans les sous-sols du minis- tère des Affaires étrangères où l'on procède depuis ce matin à l'édifica- tion de murs de protection. Ces sous-sols sont aménagés en abris contre les bombardements. Ils renfer- ment d'autre part les chaudières du chauffage central et la cantine du personnel qui continuent provisoire- ment à fonctionner.

Au Palais-Bourbon, des pompes ont été disposées aux points cri- tiques pour faire face à toute éven- tualité... Depuis Oh45, la gare d'Orsay et la gare Saint-Michel sont fermées ; les voies de chemin de fer étaient enva- hies par l'eau, le long du quai Saint- Bernard, face au Jardin des Plantes. Le trafic vers Étampes et Dourdan se fait maintenant à Austerlitz.

Dans l'île Seguin, à Boulogne- Billancourt, des ouvriers bétonnent les portes de l'usine Renault. On pré- voit toujours que si la Seine monte en- core de 1,80 m, l'immense construc- tion sera inévitablement envahie par les eaux. Déjà un vestiaire a été éva- cué mais le travail continue normale- ment à la Régie. Un problème se pose toutefois : celui du ravitaillement en combustible. Les 700 tonnes de coke consommées par jour, achemi- nées d'ordinaire par péniches, sont, depuis quelques jours, transportées par voie ferrée. Mais la ligne risque d'être recouverte par les eaux...

C e l l e f o i s , l e c é l è b r e Z o u a v e f/f<

p o n t d e l a l i i i a e n a p l u s q u e p l e i n

les b o t t e s . . . (Ci-contre en haut)

Q u a i d e B e r c y , d e s o u v r i e r s s ' a f f a i -

r e n t à o b s t r u e r les a c c è s (iiix b e r g e s

af i l l d e m a i n t e n i r les e a u x . (Ci-contre

en bas)

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S u r le c a l l a l S a i l l l - M a r l i l l , u n é c l u s i e r c a s s e la g l a c e p O l i r d é g a g e r l ' é c l l l s e . (Ci-dessus)

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O F F E N S I V E D U F R O I D

L a glace a persisté sur les voies navigables de la région parisienne, malgré la brève

rémission du froid enregistrée hier. Et le retour des gelées cette nuit a pro- longé d'autant la période de crise que traverse depuis le 10 février la navigation sur la Seine et ses af- fluents et, depuis le 8, les canaux voisins.

Paris, vers lequel converge un ré- seau très dense de grandes artères fluviales, est isolé par les glaces qui ont coupé depuis près d'une semaine tous les moyens d'accès les uns après les autres. Les péniches ont été prises au piège et immobilisées dans l'étau de la banquise, quand elles n'ont pas eu la chance de se regrouper dans un port libre de glace comme Conflans-Sainte-Honorine. La Seine est gelée en aval de Paris entre l'écluse de Méricourt et le bar- rage de Pose, la Haute-Seine en amont du pont de Choisy. Il en est de même pour l'Oise et la Marne sur

tout leur cours. Conséquence grave : le trafic montant, vers le nord et la Belgique, du sable et du plâtre, aus- si bien que celui descendant, du charbon, est stoppé. Désormais, c'est par chemin de fer que Paris est ravitaillé en charbon.

Sur les canaux Saint-Martin, Saint-Denis, de l'Ourcq, on peut voir les péniches bloquées, parfois en tra- vers du bief, dans la position où la glace les a surprises en plein effort.

Les éclusiers et le personnel de garde des barrages, malgré l'absence de navigation, n'ont jamais eu tant de travail et de soucis. "Ils doivent assurer la sécurité des ouvrages contre la ter- rible poussée de l'embâcle", précisait hier M. Vivier, ingénieur au 10f arrondis- sement de la navigation. "Nous avons encore présentes à la mémoire l'expé- rience des grands froids de 1921 et 1929 ; le courant empilait devant les barrages de la Seine des plaques de

glace sur une hauteur de trois mètres. Nous redoutions à tout instant la des- truction de superstructures."

La mesure d'urgence devant ce danger consiste à "effacer" le barrage, de manière à tout laisser passer, les eaux vives et la glace. Mais un tel procédé suppose a priori la possibili- té de manœuvrer, qu'une embâcle (ou gel) rapide peut interdire. Il a aussi pour inconvénient, s'il réussit, de déséquilibrer la répartition des ni- veaux de plans d'eau dans les diffé- rents biefs. Avant-hier, la situation empirant dans l'Yonne, on dut se ré- soudre à ouvrir plusieurs barrages de cette rivière. Le flux important d'eau qui en résulta put être absorbé lors de son passage dans les biefs de la Seine.

Devant le barrage d'Ablon, un des neufs ouvrages de la Haute-Seine, un

remorqueur, faisant office de brise- glace, patrouille sans cesse. Il a per- mis de rétablir la situation devenue in- quiétante samedi dernier.

Les éclusiers des canaux, plu- sieurs fois dans la journée, doivent manœuvrer les vannes, pour éviter eux aussi le blocage par le gel. Sitôt venu le moment de la débâcle, ils participeront aux "grandes ma- noeuvres" d'évacuation des glaces. Un brise-glace puissant venant de la Seine pénétrera d'abord dans le ca- nal Saint-Denis. Il tracera un chenal d'eau libre, achevant brutalement le travail du dégel. Les éclusiers aidés des mariniers devront alors pousser à l'aide de gaffes les morceaux les plus gros, capables de crever une coque de péniche, vers la jonction la plus proche avec la rivière ou le fleuve. "Dans beaucoup de cas, précisait un marinier, il y en aura au moins pour deux jours."

Jacques Hussenet

Les services de la Ville accélèrelll le dégel en emj1ammalll les bouches d'évacuation des caniveaux. (29 février 1956)

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Conception graphique e t réalisation Isabelle Chemin

Dépôt légal : octobre 1996 ISBN : 2-84096-064-8

Photogravure et flashage Euresys, à Baisieux Imprimé en Italie

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