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Chapitre III. La mondialisation commerciale Introduction Ce chapitre consacré à la dimension commerciale de la mondialisation est organisé en deux sections. La première met en évidence les grandes tendances de l'évolution du commerce international depuis la seconde guerre mondiale. La seconde est consacré à l'évolution du cadre institutionnel qui accompagne cette évolution du commerce international : les éléments présentés portent essentiellement sur le fonctionnement et le rôle de l'OMC. 1. L'évolution du commerce international depuis la seconde guerre mondiale Au cours du dernier demi-siècle, le commerce mondial s'est développé de manière très importante et a connu de profonds bouleversements. Une série de facteurs ont contribué à cette dynamique parmi lesquels la diminution importante des droits de douanes qui est passé en moyenne de 40 % en 1947 à 3% aujourd'hui mais également une très forte diminution des coûts de transports ( coût du transport maritime divisé par 2, - 85 % pour le transport aérien et -99% pour le coût des communications téléphoniques). Ces transformations initialement liées à la forte croissance d'après-guerre se sont accentuées dans la période récente dans un contexte très différent (moindre croissance au nord ; libéralisation financière ; fin des modèles de développement industriel par substitution aux importations ..). 1.1. Évolution du commerce et accroissement des interdépendances La croissance du commerce international est un phénomène marquant depuis au moins le début du XIXème siècle, même si les deux guerres mondiales et les années 1930 marquées par le protectionnisme dans un contexte de crise sont des périodes de recul. En valeur nominale, les exportations mondiales ont été multiplié par 126 depuis la seconde guerre mondiale. La dynamique du commerce mondial s'est accélérée à la fin du XXème siècle: commerce mondial représente en 2005 environ 28 % du PIB mondial contre 24 % en 1998 et 9% en 1980. Le point le plus notable est sans doute la forte élasticité du commerce international à l'évolution de la production. Il existe donc une variation amplifiée du commerce par rapport au PIB qui s'applique tant à la hausse qu'à la baisse. La contraction ou la stagnation de l'activité économique voire son seul ralentissement s'accompagnent d'une chute amplifiée des échanges internationaux. Ce constat peut-être effectué lors de toutes les périodes de marasme à l'exception notable du début des années 1990.

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  • Chapitre III. La mondialisation commerciale

    Introduction

    Ce chapitre consacré à la dimension commerciale de la mondialisation est organisé en deux

    sections. La première met en évidence les grandes tendances de l'évolution du commerce

    international depuis la seconde guerre mondiale. La seconde est consacré à l'évolution du cadre

    institutionnel qui accompagne cette évolution du commerce international : les éléments présentés

    portent essentiellement sur le fonctionnement et le rôle de l'OMC.

    1. L'évolution du commerce international depuis la seconde guerre mondiale

    Au cours du dernier demi-siècle, le commerce mondial s'est développé de manière très importante

    et a connu de profonds bouleversements. Une série de facteurs ont contribué à cette dynamique

    parmi lesquels la diminution importante des droits de douanes qui est passé en moyenne de 40 % en

    1947 à 3% aujourd'hui mais également une très forte diminution des coûts de transports ( coût du

    transport maritime divisé par 2, - 85 % pour le transport aérien et -99% pour le coût des

    communications téléphoniques).

    Ces transformations initialement liées à la forte croissance d'après-guerre se sont accentuées dans la

    période récente dans un contexte très différent (moindre croissance au nord ; libéralisation

    financière ; fin des modèles de développement industriel par substitution aux importations ..).

    1.1. Évolution du commerce et accroissement des interdépendances

    La croissance du commerce international est un phénomène marquant depuis au moins le début du

    XIXème siècle, même si les deux guerres mondiales et les années 1930 marquées par le

    protectionnisme dans un contexte de crise sont des périodes de recul. En valeur nominale, les

    exportations mondiales ont été multiplié par 126 depuis la seconde guerre mondiale. La dynamique

    du commerce mondial s'est accélérée à la fin du XXème siècle: commerce mondial représente en

    2005 environ 28 % du PIB mondial contre 24 % en 1998 et 9% en 1980.

    Le point le plus notable est sans doute la forte élasticité du commerce international à l'évolution de

    la production. Il existe donc une variation amplifiée du commerce par rapport au PIB qui s'applique

    tant à la hausse qu'à la baisse. La contraction ou la stagnation de l'activité économique voire son

    seul ralentissement s'accompagnent d'une chute amplifiée des échanges internationaux. Ce constat

    peut-être effectué lors de toutes les périodes de marasme à l'exception notable du début des années

    1990.

  • Cette croissance des échanges plus rapide que la production a arithmétiquement pour effet

    d'accroître le degré d'ouverture des économies nationales (ratios exportations/PIB appelé coefficient

    d'ouverture), c'est-à-dire la part de l'activité consacrée à l'exportation. De même le poids des

    importations en pourcentage du PIB (coefficient de dépendance) s'accroît lui aussi régulièrement.

    En somme chaque économie nationale devient de plus en plus dépendante du reste du monde tant

    pour ses débouchés que pour ses approvisionnements.

    Cependant, cette ouverture des économies nationales varie sensiblement selon les pays. Ainsi le

    ratio commerce (I+X) sur PIB donné par l'OMC pour 2004 est de 23 à25 % pour les États Unis, le

    Japon et l'UE (si on ne tient pas compte du commerce intra-communautaire) mais de l'ordre de

    57/58 % pour des pays comme la Chine et la Russie.

    L'évolution la plus spectaculaire des dernières décennies visible sur le graphique ci-dessous est le

    boom de l'ouverture commerciale des pays d'Asie et en particulier de la Chine. Le coefficient

    d'ouverture de ce pays (X/PIB) était de l'ordre de 1% en 1973 contre 21 % en 1990 et 42 % en

    2003.

    Graphique tiré de : Mondialisation et commerce international, Cahiers Français, n° 325, mars-avril

    2005, p. 4

    1.2. Évolutions sectorielles

    Il est généralement admis que le commerce des services croît plus rapidement que celui des

    marchandises. Ce fut effectivement le cas jusqu'à la fin des années 1980, mais depuis le début des

    années 1990, les échanges internationaux de services croissent globalement au même rythme que

    ceux des marchandises. Mais il faut se garder de conclusions hâtives sur cette évolution: d'une part

  • elle provient de la baisse des prix intervenue dans un certain nombre de services et notamment les

    transports ; d'autre part elle masque de très fortes disparités. En particulier, les échanges concernant

    les services informatiques, les services financiers et l'assurance ont connu un très grand dynamisme

    dans la dernière période. Aujourd'hui la valeur du commerce des service s'établit à ¼ de celui des

    marchandises contre 1/5 en 1987.

    Les produits manufacturés représentent l'essentiel du commerce des marchandises, près de 60 %.

    Leurs échanges croissent beaucoup plus vite que ceux des produits miniers et des produits agricoles

    et plus rapidement que l'ensemble du commerce international. Ce constat peut-être vérifié sur

    longue période. Au sein des produits manufacturés les catégories « machines de bureau et machines

    de traitement de l'information » ainsi que les « équipements de télécommunication » sont celles qui

    enregistrent la croissance la plus vive. Inversement, la sidérurgie et le textile ont une croissance plus

    lente que l'ensemble des produits manufacturés et leur poids dans les échanges mondiaux décline.

    1.3. La nouvelle géographie des échanges internationaux

    On observe une combinaison de permanences historiques et de changements profonds dans

    l'évolution de la géographie du commerce international.

    1.3.1. Permanence: polarisation du commerce et prépondérance du Nord

    Le caractère polarisé du réseau de commerce et en particulier la part prépondérante des pays

    développés constitue la permanence la plus remarquable. En 1955, 6 pays industriels réalisaient la

    moitié du commerce mondial : États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Canada, Belgique-

    Luxembourg. En 1999, le poids de ces mêmes pays n'était que légèrement plus faible (44%). On

    observe une grande stabilité à long terme de la part des échanges des différents groupes de pays

    (pays développés entre 60 et 65%, pays en développement entre 20 et 25 % et pays ex-socialistes

    entre 5 et 10%).

  • La carte représentant les flux commerciaux mondiaux en 2003 fait apparaître clairement la

    polarisation persistante du commerce mondial. Elle met d'abord en évidence l'intensité des échanges

    effectués au sein de chaque région, avec une prédominance de l'Europe occidentale et entre les pôle

    de la triade (Europe, Amérique du Nord et Asie). Le commerce intratriadique représente ainsi 71%

    du commerce mondial. C'est une donnée stable depuis le début des années 1980. Le cumul des

    échanges à l'intérieur de chacun de ces pôles s'établit à près de la moitié du commerce mondial. La

    Triade forme l'ossature de l'économie mondiale. Ceci est d'autant plus vrai que les pays du Nord

    commerce principalement entre-eux (pour les ¾ de leur montant).

    Apparaît, outre le dualisme Nord-Sud, l'étroitesse des liens entretenus entre les pôles de la Triade et

    vis-à-vis de leur périphérie proche (Europe orientale / Union européenne ; Amérique latine/

    Amérique du Nord).

    La minceur des flux vers l'Afrique témoigne de la marginalisation de ce continent vis-à-vis du

    système commercial mondial.

    1.3.2. Les principaux changements

    Au-delà de ces permanences on observe d'importantes modifications dès lors que l'on regarde le

    classement des principaux pays exportateurs entre 1955 et 2003.

    • Si on regarde le peloton de tête, on observe que régressent les États-Unis (du 1er au 2ème rang),

    la Grande-Bretagne (du 2ème au 6ème rang) et le canada. Cette évolution se fait d'abord au

  • bénéfice de l'Allemagne qui devance les États-Unis dès les années 1980. et du japon qui se hisse

    du 1er au 3ème rang. Notons aussi que l'unification économique de l'Europe fait de l'UE la

    première puissance commerciale mondiale loin devant les États-unis.

    • L'évolution la plus remarquable concerne cependant la montée en puissance des nouveaux pays

    industriels en Amérique latine mais surtout en Asie avec notamment les quatre dragons (Hong-

    Kong, Corée, Taïwan, Singapour) et la Chine. Dans les années 1950 ces pays étaient relégués au

    fin fond du classement mais ils se situent aujourd'hui parmi les 10 première puissances

    commerciales (si on considère l'UE comme une seule entité) et la Chine a même dépassé en

    2004 le Japon, se situant désormais au 3ème rang mondial. Et si on agrège les exportations de

    la Chine et des quatre dragons, cet ensemble est le premier ensemble commercial du monde,

    devant les États-Unis et l'UE. Cet évolution correspond également au fait qu'aujourd'hui les pays

    en voie de développement sont principalement exportateurs de produits manufacturés : ceux-ci

    représentent aujourd'hui 70 % de leurs exportations contre 7 % en 1960 ! Attention toutefois, ce

    phénomène est limité à une douzaine de pays d'Asie et d'Amérique latine.

    • le commerce intra-sud. Contrairement aux pays du nord qui commercent principalement entre

    eux, les pays du Sud échangent avant tout avec le Nord et relativement peu entre eux. Cette

    caractéristique tend cependant à s'atténuer: ainsi sur la période 1990-2001, le commerce Sud-

    Sud a progressé deux fois plus vite que le commerce mondial. Le commerce intra-sud reste

    cependant très polarisé sur la zone asiatique puisque les 2/3 des échanges sud-sud sont réalisés

    au sein des pays en développement d'Asie.

    En dépit de cette montée en puissance de pays en développement dans le commerce mondiale, un

    grand nombre de pays pauvres, en particulier en Afrique sont presque totalement exclus de ces flux

    commerciaux.

    Conclusion

    L'extension mondiale du capitalisme se traduit par une hausse régulière de la part des exportations

    dans la production mondiale. Cette tendance et confirmée au cours de la seconde moitié du XXième

    siècle. Si les flux commerciaux mondiaux restent marqués par une très nette domination des pays de

    la Triade, les 25 dernières années montrent cependant l'émergence de nouveaux pays industrialisés

    appelés à jouer un rôle important. ces pays se situent en Amérique latine et surtout en Asie. A moins

    d'une grave crise financière en Chine, cette évolution devrait se poursuivre dans les prochaines

    années. Au rythme actuel, la Chine deviendrait la première puissance commerciale mondiale en

    2011.

  • II. L'organisation du commerce mondial

    L'essor du commerce mondial a été accompagné et facilité par des accords internationaux sur les

    questions commerciales.

    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, parallèlement à la reconstruction du système

    monétaire et financier international qui donna lieu à la création du FMI et de la BM, des

    négociations sont menées pour aboutir à la création d'une organisation internationale du commerce

    (OIC) dans le cadre de l'ONU. Un traité est signé adopté par 48 pays lors de la conférence de La

    Havane (à Cuba), en mars 1948.

    Le projet d'OIC ne verra jamais le jour en raison notamment du refus du Senat étasunien de ratifier

    le traité qui devait conduire à la création de cette organisation. Néanmoins une des négociations

    préalables à conférence de la Havane et qui devait s'inscrire dans le cadre de l'OIT qui eut lieu en

    1947 à Genève donna naissance au GATT (Accord Général sur les Tarifs et le Commerce).

    Cette volonté de créer des institutions pour démanteler les droits de douanes à pour objectif d'éviter

    le retour aux pratiques protectionnistes de l'entre-deux guerre. Des accords négociés doivent

    permettre aux gouvernements d'éviter de se retrouver entraîné dans des guerres commerciales. En

    admettant une configuration dans laquelle le libre-échange serait positif pour deux pays, on constate

    qu'un problème de coordination peut les empêcher de bénéficier des gains potentiels. Ce problème

    de coordination conduisant à une guerre commerciale peut être illustré par un jeu appelé dilemme

    du prisonnier:

    Japonlibre-échange protectionnisme

    États-Unislibre-échange 10 ; 10 - 10 ; 20

    protectionnisme 20 ; - 10 -5 ; - 5

    Soit deux pays , les E.-U. et le Japon qui ont chacun deux stratégies possibles : le libre-échange ou

    le protectionnisme. Chaque pays va choisir le protectionnisme s'il n'a pas de garantie concernant le

    comportement de son partenaire afin de n,e pas se trouver dans la pire de situation ( perdre – 10

    alors que le partenaire gagne 20), ce qui va conduire à une situation ou les gains pour chacun seront

    équivalent à – 5. Pourtant, si ils avaient la possibilité d'avoir une garantie, les deux pays opteraient

    tous les deux pour le libre échange qui leur bénéficierait de manière égale (10 ; 10). Les deux pays

    ont ainsi un intérêt à signer un accord.

    La volonté de surmonter les inconvénients relatifs à l'absence de cadre organisant le commerce

    mondial a donné lieu à des accords successifs qui ont conduit à un approfondissement du libre

    échange dans des cadres multilatéraux mais également, comme nous l'évoquerons en conclusion, du

    fait d'accord bilatéraux ou régionaux.

  • Avant de présenter l'OMC et les négociations qui s'y déroulent nous allons revenir sur les accords

    du GATT qui ont constitué le cadre multilatéral de gestion du commerce mondial après la seconde

    guerre mondiale.

    II.1. Le GATT

    Le GATT est un traité initialement conclu au départ entre 23 pays. Ce n'est donc pas a strictement

    parler une organisation internationale. Institution très légère comparativement au FMI ou à la BM :

    les parties contractantes (les pays) se réunissent chaque année en session au cours desquelles les

    décisions sont prises selon le principe « un pays – une voix ». A partir de 1960, un conseil est crée

    qui se réunit en principe chaque mois et qui comprend également toutes les parties intéressées.

    Enfin un directeur général est la tête de l'organisation. il dirige une petite administration et organise

    la consultation d'experts pour effectuer des rapports sur les différents problèmes traités.

    Le GATT est organisé autour de trois principes directeurs :

    • suppression des obstacles aux échanges: barrières douanières (droits de douane) ; barrières non

    tarifaires (quotas, normes...)

    • abolition des pratiques faussant la concurrence: subventions ayant un impact sur le commerce

    • contrôle de l'application des accords commerciaux et arbitrage des différents entre pays.

    La méthode de travail du GATT consiste essentiellement à l'organisation de rounds de négociation

    mais également à organiser le règlement des différends.

    La mise en place d'accords sur la diminution des barrières tarifaires et non-tarifaires se fait à l'issue

    des cycles de négociations commerciales multilatérales (NCM appelés rounds). Ces négociations

    sont organisées à partir de quatre principes qu'on retrouvera dans l'OMC:

    – l'acceptation de réciprocité fait obligation à chaque État signataire d'accorder des concessions

    aux autres pays dès lors que ceux-ci lui attribuent eux-mêmes des avantages commerciaux.

    – Ces avantages sont identiques pour tous les pays: la clause de la nation la plus favorisée garantit

    que les importations provenant de tout pays ne seront pas plus élevé que ceux accordés à la

    nation payant les droits de douanes les plus bas. Les concessions tarifaires accordées par un

    pays à un autre sont généralisés à l'ensemble des pays ; tous les pays paient donc le droit de

    douane le plus faible. Cette clause admet cependant des exceptions, notamment dans le cas

    d'Unions douanières et de préférences accordées à des pays en développement.

  • – le principe de consolidation établit que les droits de douanes négociés ne peuvent être supérieurs

    à ceux acceptés dans le cycle de négociation précédent à moins que ne soient négociée des

    compensations.

    – le traitement national prévoit que toute marchandise étrangère entrant sur le marché d'un pays

    ne peut être soumise a des obstacles spécifiques.

    Ces cycles ont été de plus en plus complexe et longs au fur et à mesure qu'étaient intégrées les

    discussions sur les barrières non tarifaires.

    Lorsqu'une nation considère que des mesures prises par une autre partie vont à l'encontre des

    principes du GATT une procédure de règlement est prévue. Dans un premier temps, il doit y avoir

    des négociations bilatérales entre les parties concernées. Si elles ne parviennent pas à un accord, un

    groupe de travail comportant les parties concernées plus d'autres nations et éventuellement des

    experts. Ils tentent là encore d'obtenir un arrangement. Si tel n'est pas le cas, l'ensemble des partie

    contractantes sur la base d'un rapport font des recommandations et, dans des cas graves, peuvent

    suspendre les obligations du GATT à l'égard de la nation responsable du trouble.

    Dans la pratique on observe que les contentieux soumis au GATT ont principalement concerné des

    pays de la triade et que, dans la majorité des cas, le processus a donné raison à la partie plaignante.

    II.2. Création et fonctionnement de l'OMC

    II.2.1. La création de l'OMC

    L'OMC s'inscrit dans la continuité du GATT dont elle reprend les principes et prévoit différents

    types de dérogation dont des possibilités de « traitement spécial et différencié pour les pays les plus

    pauvres » (doit de maintenir des protections ou des subventions notamment, accès préférentiels aux

    marchés des pays développés). L'OMC a été crée en janvier 1995 suite aux négociations de

    l'Uruguay Round du GATT qui ont duré de 1986 à 1994 et ont abouti à l'accord de Marrakech.

    Basée à Genève, elle regroupe 149 pays (en décembre 2005). Elle est actuellement dirigée par

    Pascal Lamy. Ce français était auparavant commissaire au commerce de l'Union Européenne ; il est

    membre du Parti socialiste français.

    Les fonctions officielles de l'OMC sont les suivantes:

    • Administration des accords commerciaux de l'OMC

    • Cadre pour les négociations commerciales

  • • Règlement des différends commerciaux

    • Suivi des politiques commerciales nationales

    • Assistance technique et formation pour les pays en développement

    • Coopération avec d'autres organisations internationales

    A la différence du GATT, l'OMC est une institution permanente, même si son budget est

    relativement faible en comparaison avec le FMI ou la BM. Son domaine de compétence est

    largement plus étendu. Notamment, les questions agricoles exclues du GATT entrent dans le champ

    des négociations.

    L'acte final de Marrakech comporte 28 accords qui doivent être gérés par l'OMC et dont les

    principaux sont : les accords sur le commerce de marchandises qui comprennent des accords par

    produits (agriculture, textile..) ; l'AGCS ( accord général sur le commerce des services) ; l'accord

    relatif aux ADPIC ( aspects des droits de propriétés intellectuelle qui touchent au commerce) qui

    vise à protéger les droits d'auteur, les brevets, les marques.. ; l'accord SPS (sur les mesures

    sanitaires et phytosanitaires) qui encadre les mesures prises par les nations en matière de santé

    humaine, animale et végétale afin d'éviter qu'elles ne soient détournées à des fins protectionnistes.

    Les sujets abordé par l'OMC touche donc potentiellement presque tous les aspects de la vie sociale

    et économique.

    II.2.2. Le fonctionnement et la structure de l'OMC

    Au sein de l'OMC les décisions se prennent selon le principe 1 pays / 1 voix. La règle générale est

    le consensus mais certaines décisions peuvent se prendre par vote avec différentes modalités

    (majorité simple ou qualifiée des 2/3 ou des ¾). Bien entendu cette égalité formelle ne signifie pas

    que dans les faits les États ont tous le même poids ; elle est cependant une marque distinctive de

    l'(OMC par rapport aux autres institutions internationale comme le FMI ou la Banque Mondiale (où

    le poids dans les décisions dépend de l'investissement financier) ou même l'ONU ou les membres

    les plus puissants disposent d'un droit de véto à travers le conseil de sécurité.

    L'adhésion à l'OMC se fait à l'issue d'un processus de négociation qui portent sur les ouvertures de

    marchés qui vont être consenties pour pouvoir bénéficier des privilèges qu'apportent l'appartenance

    à l'OMC en termes d'accès au Marché. Aujourd'hui parmi les grands pays, seule la Russie n'est pas

    encore membre de l'organisation mais elle a un statut d'observateur et des négociations sont en

    cours.

    – La conférence ministérielle: C'est l'autorité suprême de l'OMC. Composée de tous les

    membres elle doit se réunir au moins une fois tous les deux ans. Elle est habilité à prendre des

  • décisions sur toutes les questions relevant de tout accord multilatéral.. Six conférences ont eu

    lieu depuis la création de l'OMC: Singapour en 1996, Genève en 1998, Doha (Qatar) 2001,

    Cancun (Mexique) 2003 et Hong-Kong 2005.

    – Les conseils et comités : le conseil général au deuxième niveau se réunit plusieurs fois par an et

    exerce les fonctions de la conférence ministérielle entre les réunions de celle-ci. Il exerce en

    particulier les fonction des deux organes principaux: l'organe de règlement des différents ;

    l'organe d'examen des politiques commerciales. Il existe d'autres conseils pour chacun des grands domaines d'échange et des comités sur des questions plus pointues.

    – A côté de ces organes représentant les membres de l'OMC il existe un secrétariat dirigé par un

    directeur général, actuellement Pascal Lamy. Il n'a pas de pouvoir décisionnel mais joue un rôle important d'animation et de préparation des négociations et a aussi un rôle d'assistance

    technique aux pays en développement et de diffusion de l'information.

    l'Organisme de Règlement des Différends

    L'ORD attaché au conseil général de l'OMC est une instance hybride, à la fois « judiciaire » et

    diplomatique qui s'est imposé comme un instrument crédible d'application du droit international. Il

    s'inscrit dans la continuité de l'organisme du GATT mais est plus contraignant ( délais obligatoire,

    impossibilité de bloquer la procédure) et s'appuie sur des experts permanents.

    Il a un bilan quantitatif important avec l'instruction de plus de 300 plaintes depuis 1995. Les

    grandes puissances sont les principales impliquées dans les procédures mais aussi de manière

    croissante des pays émergents comme le Brésil, l'Inde ou la Corée. En revanche les pays les plus

    pauvres sont absents.

    Un certain nombre d'ONG s'inquiètent du rôle de cette instance. En effet, à travers les questions

    commerciales l'ORD est amené à juger de problèmes sociaux, environnementaux ou de droits

    humains. Une décision récente bien que non encore officiellement annoncée sur la question des

    OGM illustre le problème. Les experts chargés d'instruire la plainte des Etats-Unis, du Canada et de

    l'Argentine, qui reprochent à l'UE de ne pas permettre la commercialisation de ces produits,

    estiment que les pays membres ont pris un « retard indu » dans les procédures d'autorisation de 24

    produits sur 27, mais ne recommanderait pas de sanction. La question de l'autorisation ou non des

    OGM se trouve ainsi traité dans le cadre de l'ORD, alors que les enjeux dépassent clairement la

    seule dimension commerciale.

    Le problème de fond est que formellement les décisions de l'ORD ne reposent que sur les accords

    de l'OMC et non sur les autres source de droit international (déclaration universelle des droits de

    l'homme, droits sociaux fondamentaux du BIT...). Pour y faire face, deux logiques s'opposent: d'un

  • côté ceux et celles qui plaident pour l'intégration de ces dimensions dans les décisions de l'ORD et

    ceux et celles qui souhaitent que soient mis en place d'autres institutions judiciaires internationales

    compétentes dans ces domaines. Pour l'instant, c'est l'ORD et à travers lui le droit commercial

    international qui se situe au dessus de tous les droits et de toutes les instances judiciaires nationales

    et internationales.

    Un certain nombre d'auteurs soulignent aussi que si formellement tous les pays ont un égal accès à

    cette instance, dans les faits leur capacité de faire valoir leurs points de vue est très déséquilibrée,

    surtout pour les pays les plus pauvres:

    – les pays en développement les plus pauvres n'ont pas les ressources en terme d'expertise pour

    lancer des procédures complexes,

    – le caractère bilatéral des sanctions se caractérise par des asymétries évidentes. En cas de

    condamnation d'une grande puissance qui refuserait de se mettre en conformité avec la décision

    de l'ORD, le petit pays pourrait prendre des mesures de rétorsions commerciales vis-à-vis du

    grand pays. Mais ces mesures seraient quasiment sans effets sur car la part des exportations du

    grand pays allant vers le petit pays est très faible, alors que les distortion dont ce petit pays est

    victime peuvent représenter pour lui une perte considérable.

    II.3. De Seattle à Hong-Kong, des négociations commerciales multilatérales en panne ?

    L'installation de l'OMC a été marqué par de fortes tensions qui se sont traduites par les échecs de

    Seattle (1999) et de Cancun (2003) et des difficultés pour désigner le directeur général en raison des

    oppositions entre pays du Nord et pays du Sud, mais aussi en raison de la pression des organisations

    de la société civile et des mouvements sociaux.

    Les ambitions affichées lors de la conclusion de l'Uruguay round et de la création de l'OMC étaient

    extrêmement forte: aller vers la mise en place au lieu rounds successifs de négociation du GATT

    une dynamique permanente de négociations faisant avancer en parallèle la libéralisation des

    différents secteurs.

    Dans les faits, ce nouveau paradigme a fait long feu. Les négociations sur les services financiers

    (libéralisation des échanges de services financiers et possibilité de participation étrangère au capital

    d'établissement financier locaux), les services téléphoniques et certains produits des technologies de

    l'information ont abouti entre 1996 et 1998. Mais depuis la machine s'est enrayée.

    Un retour à la méthode des cycles de négociations (dans lesquels les avancées sur les différents

    sujets sont liées) a été décidée à la demande de l'Union Européenne.

  • II.3.1. Seattle

    Le lancement du cycle du millénaire n'a pas pu avoir lieu à Seattle en 1999 comme prévu. On se

    souvient que cette conférence s'est déroulée dans un climat de très forte contestation. des dizaines

    de milliers de manifestant ont défilé contre l'OMC et dénoncer l'absence de contrôle démocratique,

    les effets négatifs du libre-échange et l'emprise des grandes firmes sur les négociations ( les

    conférence ministérielles de l'OMC sont sponsorisées par des multinationales qui à cette occasion

    rencontrent les délégués) . Les manifestants ont même bloqué pendant près de 12 h le début de la

    conférence en empêchant les délégués de rejoindre le lieu de réunion. L'État d'urgence a finalement

    été déclaré pour permettre à la police de reprendre le contrôle de la ville. Cette ambiance très

    particulière n'a certainement pas facilité les négociations.

    A cela se sont ajoutées des divergences entre les pays participant aux négociations, principalement

    dans trois domaines:

    – l'agriculture: on retrouve une opposition traditionnelle entre des pays comme les États-unis et

    l'UE mais aussi le Japon et la Corée qui subventionnent fortement leurs agricultures ou limitent

    les importations et des pays qui sont de gros exportateurs regroupé dans le groupe de Cairns qui

    défendent une vision libre-échangiste sur ce dossier. A cela s'ajoute des conception opposé sur la

    question de la sécurité alimentaire et du principe de précaution défendu par l'Europe.

    – l'introduction d'une clause sociale est demandée par les États-Unis et l'UE mais à les

    représentant des pays en développement y sont farouchement opposés car il la considère comme

    purement protectionniste.

    – La place des pays en développement. Les pays en développement, notamment les plus pauvres,

    sont insatisfaits par le fonctionnement de l'OMC. Leur représentation dans les instances de

    l'OMC est jugé insuffisante et, plus encore, les modalités concrètes selon lesquelles se déroulent

    les conférences sont considérées comme défavorables. Ne disposant pas de l'armada d'experts

    (plusieurs centaines pour l'UE et les EU lors de chaque conférences) que mobilisent les pays

    riches ils sont souvent marginalisés dans le processus. Lors des conférences, ils ne peuvent

    même pas participer à l'ensemble des discussions car différentes réunions ont souvent lieu en

    même temps. 22 pays n'ont même pas de représentant permanent au siège de l'OMC à Genève !

    Au delà, ils constatent que les accords de Marakech n'ont pas été appliqué loyalement et que la

    libéralisation s'est faite à leur dépens et essentiellement au profit des pays riches : par exemple

    les accords sur les services financiers et les telecom ont presque exclusivement bénéficié aux

    pays riches. Et effectivement, la part des pays les moins avancés dans le commerce mondial a

    reculé de 1% à 0,63% entre 1980 et 2001.

  • Au final la conférence de Seattle s'acheva sur un échec. Il n'y eut même pas de déclaration finale. A

    la contestation de l'OMC par des organisations de la société civile s'ajoute une paralysie interne du

    fait de l'opposition naissante entre pays développés et pays en développement.

    II.3.2. Doha

    Après l'échec de Seattle, c'est donc lors de la conférence de Doha, au Qatar, qu'un nouveau cycle a

    été lancé: « le cycle de Doha pour le développement ». Il faut dire que le lieu de cette réunion avait

    été décidé de manière à limiter les manifestations des opposants et qu'elle intervenait au lendemain

    du 11 septembre, un moment où la communauté internationale souhaitait afficher son unité et sa

    volonté d'aller de l'avant. Georges Bush avait ainsi déclaré à la veille de la réunion: « Les terroristes ont attaqué le World Trade Center et nous les vaincrons en élargissant et en

    encourageant le commerce mondial ».

    Ce qui est décidé à Doha ce n'est au final qu'un programme de négociation enveloppé d'un discours

    pro-développement relativement flou ; rien n'est indiqué quant au résultat éventuel de ces

    négociations. Il y a au total 21 sujets de négociations qui porte sur la libéralisation des secteurs

    (agriculture, services..) et les règles de l'OMC ainsi que des points relatifs aux difficultés rencontré

    par les pays en voie de développement. Les négociations doivent avoir lieu à Genève et une date est

    fixée pour la fin du cycle: le 1er janvier 2005.

    Le seul point qui apparaît sur le moment comme une véritable avancée est un assouplissement des

    règles sur les brevets qui devait permettre aux pays en développement d'avoir accès aux

    médicaments pour faire face à des situation d'urgence dans le domaine de la santé (pour lutter contre

    le SIDA notamment). Les négociations qui se poursuivront au sein du conseil des ADPIC pour

    préciser la portée de cet assouplissement vont être très dures. En particulier les États-Unis étaient

    opposés à ce que les pays nécessitant ces médicaments puissent les importer depuis un pays les

    produisant en générique. Or dans la pratique, les pays les plus pauvres qui ont le plus besoin de

    médicaments à moindre coût n'ont pas d'industrie pharmaceutique leur permettant de les produire.

    Finalement, un accord est trouvé. Il met en place une procédure extrêmement complexe pour qu'un

    membre de l'OMC puisse bénéficier de l'accès aux médicaments génériques en les important d'un

    pays capable de les produire avec une licence dérogatoire. Aujourd'hui on peut faire le bilan: cette

    procédure est tellement complexe qu'elle n'a pas été utilisée et que les pays les plus pauvres de

    disposant pas des moyens de produire eux-même des médicaments n'ont donc pas davantage que

    par le passé accès aux traitements ; force est de constater que la protection des droits de propriété

    intellectuelle des firmes pharmaceutique est passée avant la tentative de résolution des crises de

    santé publique.

  • II.3.3. Cancun

    Les négociations du cycle de Doha pour le développement ont commencé début 2002 et elles

    devaient aboutir sur certains dossiers avant la conférence de Cancun en septembre 2003 pour être

    reprises dans la déclaration finale de la conférence. Le calendrier de ces négociations n'a pas été

    respecté en raison des divergences persistantes et à la veille de la conférence quasiment aucune

    avancée ne peut être mise en avant.

    L'échec de Cancun, c'est-à-dire, l'absence d'accord sur une déclaration finale, rappelle celui de

    Seattle mais il s'en distingue au moins pour deux raisons:

    – l'échec de Cancun ne porte pas sur l'impossibilité de définir un programme de négociation

    puisque le cycle de Doha est déjà lancé, mais sur l'incapacité des pays membres à se mettre

    d'accord sur des mesures de libéralisation.

    – les manifestations altermondialistes qui ont eu lieu ont été marqué par le suicide d'un paysan

    Sud Coréen qui dénonçait, en référence aux menaces que fait planer la libéralisation du

    commerce du riz sur les producteurs de son pays, le fait que « l'OMC tue les paysans ». Mais

    ces manifestations n'ont pas réussi à perturber le déroulement de la conférence. L'échec est donc

    bien le produit des négociations elles-mêmes. Il faut cependant souligner que le rôle des ONG

    notament Oxfam, Focus on the Global South ou Third World Network a été très important en

    terme d'assistance technique aux pays en développement le splus pauvre et en terme

    d'explicitation à la presse et au public des enjeux des négociations.

    Cet échec provient de la matérialisation de désaccord persistant entre pays en développement pays

    développé. Une coalition de pays du Sud s'est constitué pour bloquer le compromis que souhaitaient

    imposer les pays du Nord avec deux principaux points d'achoppement:

    – la question agricole et en particulier le refus des États-Unis et de l'UE de s'engager sur un

    programme précis de réduction de leurs subventions. Notons qu'un des dossiers emblématique

    du bloquage concerne le coton. A la veille de la conférence de Cancun un groupe de pays

    africains s'est constitué sur cette question: le Bénin, le Burkina Fasso, le Mali et le Tchad. Ces

    quatre pays représentent 10 millions de petits producteurs de coton qui sont en concurrence avec

    12 000 producteurs de coton étasuniens fortement subventionnés (et de l'UE dans une moindre

    mesure). Pour ces pays le coton est la principale source de revenus d'exportation et les

    subventions des pays développés ont donc un impact décisif sur leur développement en limlitant

    leurs débouchés et exerçant une pression à la baisse sur les prix . Cette question est pour

    beaucoup apparue emblématique des asymétries entre Nord et Sud dans les négociations et du

    caractère déséquilibré du libre-échange prôné par le Nord.

  • – le refus des pays en développement de négocier sur les sujets dits de Singapour: investissement

    international (mesures de protection des investissements étrangers ce qui, de fait, limite les

    possibilités d'action publique dans de nombreux domaines) ; concurrence ; marchés publics ;

    facilitations des échanges.

    II.3.4. Hong-Kong

    Après l'échec de Cancun, les négociations sont bloquées et ne reprennent qu'en 2004 avec un accord

    sur la suite des négociations du cycle lors d'un conseil général qui a lieu en juillet à Genève. Cet

    accord porte sur deux points:

    – l'engagement des États-Unis et de l'UE sur le principe d'élimination des subventions agricoles à

    l'exportation

    – l'abandon explicite des sujets de Singapour (investissements, concurrence, marchés publics).

    La conclusion du cycle de Doha prévu initialement fin 2004 puis repoussé à fin 2005 est encore

    repoussé à la veille de la conférence de Hong-Kong avec comme date butoir annoncée la fin de

    l'année 2006.

    La conférence de Hong-Kong qui s'est tenue en décembre 2005 a été à nouveau marquée par des

    manifestations importantes, notamment de paysans coréens très déterminés, mais elle est parvenue à

    une déclaration finale. Les principaux points de négociations qui restent sur la table en vue de la

    conclusion du cycle de Doha sont donc, l'agriculture, les produits non agricoles et les services. Où

    en est t-on sur ces sujets à l'issue de la conférence de Hong-Kong ?

    • Sur l'agriculture, un accord est intervenu avec un engagement des pays développés sur

    l'annulation des subventions à l'exportation d'ici 2013 et un agenda de discussion sur la

    diminution des soutien internes et la diminution des mesures tarifaires (vous vous souvenez

    peut-être des joutes verbales entre le gouvernement français et le négociateur unique de l'Union

    européenne, Peter Mandelson sur ce sujet). Mais la déclaration prend acte du fait qu'il reste

    beaucoup de problèmes à résoudre. Sur la question du coton, l'annulation de toutes les formes de

    subvention à l'exportation doit intervenir dès 2006 (mais ce point était déjà acquis suite à une

    décision de l'ORD) et le principe d'un accès sans restriction des exportations des pays les moins

    avancés dans les pays développés est arrêté. En revanche sur la question cruciale des

    subventions à la production qui représentent l'essentiel des soutiens aux producteurs du Nord , le

    document final en reste à des déclaration d'intention. deux types de critiques sont faites sur ce

    point : une qui met en avant l'insuffisance des engagements des pays du nord alors qu'il s'agit

    d'un dossier clé pour les pays en développement ; l'autre qui conteste la légitimité du libre

  • échange sur les questions agricole au nom du principe de souveraineté alimentaire en soulignant

    l'impact négatif de la libéralisation sur les agricultures paysannes des pays riches comme des

    pays les plus pauvre

    • Concernant les produits non-agricoles (produits industriels, ressources naturelles: produits

    miniers, ressources forestière et de la pêche) une série d'engagements organisant une plus

    grande diminution des droits de douane ont été pris. En, particulier le principe d'un rythme de

    réduction plus rapide pour les droits de douane les plus élevé a été retenu, ce qui pour un certain

    nombre d'ONG va limiter la capacité des pays en développement à protéger leurs industries.

    Concernant l'environnement, les ONG comme Greenpeace s'appuie sur des études -y compris un

    rapport de la commission européenne- pour affirmer que davantage de libéralisation du

    commerce des ressources forestières va accélérer la déforestation.

    • Dans le domaine des services, les négociations portant sur l'AGCS doivent se poursuivre. Les

    secteurs et les modes de fourniture concernés sont les services de télécommunication, les

    services de distribution (notamment commerce de gros et de détail), les services

    environnementaux, les services financiers, les services audiovisuels, les services maritimes, les

    services logistiques, les services relatifs à l'énergie et le mode 4 (sur la circulation des

    travailleurs dans le cadre d'un contrat de travail précis conclu dans le pays d'origine). Les

    critiques sur cet aspect des négociations portent sur quatre éléments :

    – d'abord, ce sont essentiellement les pays développés – à l'exception du mode 4 - qui vont

    bénéficier de la libéralisation des services d'autant que les modalités de négociations proposées

    par l'UE vont accroître la pression sur ces pays ; certains pays du Sud craigne de perdre des

    moyens de contrôle réglementaire ou des recettes fiscales dans ces négociations.

    – la seconde critique met en avant le fait que parmi les services en négociation ou susceptible

    d'être négocié se trouvent de nombreux services considérés comme des services publics (par ex:

    énergie éducation), des services qui deviendrait alors des marchandises comme les autres ( en

    France un certain nombre de collectivité locales se sont ainsi déclarées zones hors AGCS).

    – La troisième critique elle porte sur le mode 4 et la circulation des travailleurs avec une double

    inquiétude relative à la subordination des travailleurs qui seraient dépendant de leur contrat de

    travail – donc de leur employeur- pour disposer d'un titre de séjour et, d'autre part, l'éventualité

    selon le degré de libéralisation d'un dumping social si le contrat de travail se fait aux conditions

    du pays d'origine.

    • concernant les droits de propriété intellectuels (ADPIC), la portée très limité en pratique de

    l'accord sur les médicaments qui a été prolongé à Hong-Kong suscite bien sûr de nombreuses

    critiques. Plus généralement, les ADPICs reposent sur le modèle occidental sde protection de la

    propriété intellectuelle et reconnaissent un monopole de vingt ans aux détenteurs de brevets. Les

  • problèmes posées par ces dispositions concernent les limites que les droits de propriété

    intellectuelle posent dans l'accès aux technologies mais aussi les risques liés à l'appropriation de

    savoirs traditionnels ou d'utilisation de la biodiversité du sud par des firmes du nord qui

    déposent des brevets.

    conclusion: où en est l'OMC ?

    Le premier bilan qui peut être fait de l'OMC c'est que ce cadre d'organisation du commerce

    international est stabilisé. un cadre stabilisé en dépit de l'échec de diverses conférences, de tensions

    fortes en interne et en externe mais également en dépit de turbulences économiques majeures

    comme la crise asiatique de la fin des années 1990 et qui n'a donné lieu à aucun retour du

    protectionnisme. Et même, si la conclusion du cyle Doha d'ici à la fin de l'année 2006 semble

    difficile, il est probable que le processus prendra du retard mais arrivera à son terme. c'est d'ailleurs

    un classique des négociations commerciales internationales: l'Uruguay Round s'est conclu par

    exemple avec trois années de retard.

    Autre aspect positif du point de vue de l'institution, c'est le fonctionnement de l'ORD dont les

    décisions sont de plus en plus importantes. sur ce point, le débat principale porte entre ceux qui sont

    favorable à ce que l'ORD fasse référence aux autres accords internationaux portant par exemple sur

    les droits sociaux fondamentaux (OIT) ou l'environnement (déclaration de Carthagène) et ceux – la

    plupart des ONG - qui considèrent que ces question ne doivent pas relever de la compétence de

    l'OMC car elles redoutent que les préoccupations de droit commercial passent avant les autres

    considérations.

    En revanche, l'agenda de l'OMC continue d'être extrêmement large et si les avancés concrètes se

    sont situées nettement en de ça des ambitions affichées elles sont néanmoins importantes. Outre les

    mobilisation de l'opinion publique, la raison principale en est l'opposition entre pays en

    développement et pays développé telle qu'elle s'est notamment manifesté à Cancun. Or, ce que l'on

    a vu à Hong-Kong, c'est une intégration de l'Inde et du Brésil dans le club des grand avec les États-

    Unis et l'UE (une nouvelle quadripartite, une instance de négociation informelle, se constitue cette

    fois sans le Japon et le Canada). C'est cette nouvelle configuration de la prise de décisions au sein

    de l'OMC qui a permis l'accord de Hong-Kong. Elle est conforme à la montée en puissance des pays

    du sud dans le commerce mondial et constitue sans doute une solution viable pour permettre à

    l'OMC de continuer à avancer. Cependant, cette évolution montre également qu'une partie des

    contradictions entre pays du nord et pays du sud vont maintenant opposer pays du sud émergents et

  • pays du sud les plus pauvres. D'autre part, le fait que certain pays émergents s'associent avec moins

    de réserve à la logique de libéralisation de l'OMC n'enlève rien à la plus part des dangers pointés

    par les ONG et le mouvements sociaux.

    Conclusion

    L'essor du commerce mondial en termes absolus et relatif ( poids dan s le PIB mondial) et

    considérable et continu depuis la fin de la seconde guerre mondial. Ce commerce est marqué par

    une polarisation durable entre d'un côté la triade et de l'autre côté les pays en développement.

    Néanmoins, la montée en puissance des pays émergents dans le commerce mondial depuis le milieu

    des années 1970 est tout à fait spectaculaire.

    L'essor du commerce mondial s'est accompagné de la mise en place d'une architecture

    institutionnelle internationale qui tend à garantir un approfondissement du libre-échange et à

    restreindre les possibilités de recours au protectionnisme. Si les pratiques sont loin d'avoir disparues

    (droits de douanes sur l'acier imposés par les EU en 2002 puis condamnés par l'OMC ; quota sur les

    importations de textile chinois en Europe.. ) les accords du GATT puis la création de l'OMC semble

    néanmoins avoir empêché un retour brutal à des politiques de protections telles que celles qui ont eu

    lieu dans les années 1930.

    Si l'on a pas eu la possibilité de la développer ici, la question de l'intégration régionale par le biais

    de traités bilatéraux et multilatéraux est cependant une dimension importante de la mondialisation

    commerciale et un support décisif au développement des échanges. Elle est autorisé de manière

    dérogatoire à la clause de la nation la plus favorisé par le GATT et l'OMC dès lors que le bloc mis

    en place n'est pas un bloc protectionniste vis-à-vis du reste du monde.

    Le premier accord d'envergure est le traité de Rome de 1957 qui aboutit à la création entre 6 pays

    européens de la Communauté Économique Européenne. depuis un très grand nombre de traités ont

    été signé et la tendance s'est accélérée dramatiquement depuis une décennie: on dénombrait une

    vingtaine d'accord en 1980, une quarantaine en 1993 et près de 160 aujourd'hui !Ces accords

    apparaissent le plus souvent comme un complément de la démarche d'ensemble qui est celle de

    l'OMC mais peuvent également être considéré comme une démarché alternative. Ainsi au

    lendemain de Cancun, les États-Unis brandirent t-ils la menace de privilégier pour la suite des

    accords bilatéraux dans lesquels ils peuvent bénéficier pouvoir de négociation plus important.

    Nous reviendrons sur la question de la libéralisation du commerce dans les prochains cours à travers

    la question du rôle des multinationales dans le commerce mondial mais aussi des effets de la

  • mondialisation et du libre échange.

    Introduction 1. L'évolution du commerce international depuis la seconde guerre mondiale1.1. Évolution du commerce et accroissement des interdépendances1.2. Évolutions sectorielles1.3. La nouvelle géographie des échanges internationaux 1.3.1. Permanence: polarisation du commerce et prépondérance du Nord1.3.2. Les principaux changements

    Conclusion

    II. L'organisation du commerce mondialII.1. Le GATTII.2. Création et fonctionnement de l'OMCII.2.1. La création de l'OMCII.2.2. Le fonctionnement et la structure de l'OMC

    II.3. De Seattle à Hong-Kong, des négociations commerciales multilatérales en panne ?II.3.1. SeattleII.3.2. DohaII.3.3. Cancun II.3.4. Hong-Kongconclusion: où en est l'OMC ?

    Conclusion