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Chapitre 4 – Monnaie, Inflation et Politique Monétaire Eric DARMON [email protected]

Chapitre 4 – Monnaie, Inflation et Politique Monétaire · d’inflation et taux de chômage • Conséquence politique majeure: ... • Action sur les taux d’intérêt et la

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Chapitre 4 – Monnaie, Inflation et Politique Monétaire

Eric DARMON

[email protected]

Plan du chapitre

Section 1. La monnaie dans le système économique

Section 2. Monnaie, chômage et inflation

Section 3.La Banque Centrale Européenne et la conduite de la politique monétaire

Section 1. La Monnaie dans la système économique

• Plan de la section 1– Formes et fonctions de la monnaie (11)

– Le financement de l’économie et le processus de création monétaire par les banques de second rang (12 et 13)

– La masse monétaire et ses contreparties (14)

Le problème de la double coïncidence des biens

Béleveur de mouton

souhaiteéchanger sa production

contre du pain

Conclusion: une économie de troc n’est pas efficace car elle ralentit/empêche certains les échanges

A (boulanger, végétarien)

C

Echange via un bien

accepté par tous, la monnaie

(1)

(2)

11. Formes et fonctions de la monnaie

Monnaie scripturale ≠ Monnaie banque centrale

Créée par la banque centrale (institut d’emission)

Emplois RessourcesCA, BP,…

Inscription sur un compte, vient des banques de second rang

= somme des « crédits » de tous les comptes à vue des institutions financières

12. Le processus de création monétaire par les banques de second rang

Qui créée la monnaie dans les économies « modernes » ?

• Préalable: les circuits de financement d’une économie

• Le rôle des banques « de second rang » (121)

• Le refinancement auprès de la banque centrale (122)

Agents ayant une Capacité de financement

Agents ayant unBesoin de

financement

Marché des capitaux

Finance directe

Banques et autres IF

Fi. Intermédié

Création monétaire

Banques UNIQUEMENT

Financement monétaire

121. Le rôle des banques de second rang

Un exemple: M. X a besoin d’un crédit de 1000€

• Situation initiale de la banque (LCL)

– Pas assez de ressources pour prêter à partir de l’existant

– Elle juge son client solvable: financement par création monétaire

– Les « crédits font les dépôts »

Actif PassifLCL

Dépôts des clients (Y): 200€

Caisse: 200€

ActifLCL

Dépôts des clients (Y): 200€

Caisse: 200€

Dépôts du client X: 1000€

Créance sur X: 1000€

121. Le rôle des banques de second rang

2èmeétape: M. X décide d’utiliser ses 500€: différentes possibilités

• Il fait un chèque àY, client de la LCL

• Simple jeu d’écriture pour la banque: opération interne (pas de coût)

Actif

Dépôts des clients (Y): 200€

Caisse: 200€

Dépôts du client X: 1000€

Créance sur X: 1000€

500

700

PassifLCL

121. Le rôle des banques de second rang

2èmeétape (bis):• 2èmepossibilité: X fait un

chèque àZ, client d’une autre banque (CA)

• « Fuite » du circuit bancaire de la LCL

• Différentes solutions:– Compensation

interbancaire: « par hasard », le CA a un flux équivalent en sens inverse: « échange »

– Pas d’échange possible

Actif

Dépôts des clients (Y): 200€

Caisse: 200€ Dépôts du client X: 1000€

Créance sur X: 1000€

500

PassifLCL

-300

Nécessité de se « refinancer »

14. Les agrégats monétaires

M1 = pièces + billets + dépôts

à vue

M2 = M1 + dépôts à court

terme

M3 = M2 + titres d’OPVM, instruments du

marchémonétaire

« Agrégat large »:en général, retenu par les autorités monétaires pour suivre la croissance de la masse monétaire (substituts imparfaits, mais substituts quand même !)

« Agrégat étroit »

Conclusion de la section 1

• Monnaie exogène ou endogène ? – « Jeu du chat et de la souris » entre

les Banques de 2nd rang et la Banque Centrale: qui a l’initiative ?

– Monnaie exogène:la banque centrale a l’initiative

• la masse monétaire est une donnée exogène au système économique

• Principe du multiplicateur de crédit : de la base monétaire vers M3

– Monnaie endogène:les banques de second rang ont l’initiative

• La masse monétaire est une donnée endogène cad déterminé par le système économique (les banques et les agents privés)

• Diviseur de crédit: de M3 vers la base monétaire

Etape 2Banque de 2nd rang

Etape 1Banque Centrale

Etape 1Banque de 2nd rang

Etape 2Banque Centrale

Section 2

• Comment intégrer tout cela dans notre « circuit/modèle simplifié » ?

– Keynes écrit dans un contexte de sous-emploi, caractérisé par des prix fixes (voire de la déflation)

– Dans la Théorie Générale, le niveau général des prix est supposé fixe.

– Problème: dans une théorie plus « générale », comment déterminer ce niveau général des prix ?

• Il faut « boucler » le système

YC

S…

P: niveau général des

prix

Plan de la Section 2

• Préalable: qu’est-ce que l’inflation ? (21)

• L’intégration de l’inflation dans le système: la solution proposée par Phillips (22)

• Critiques (23)– Empiriques

– Théoriques : analyse de Friedman et suivants

Vers l’analyse de la politique monétaire (3)

21. Définition et types d’inflation

22. Monnaie, prix et inflation dans le système économique

La courbe de Phillips

22. La courbe de Phillips• Ingénieur, article en 1958• D’un point de vue statistique,

– relation inverse entre taux de chômageet croissance des salaires nominaux

– Données : Grande-Bretagne, période 1861-1957

• Et les prix ?– Il existe aussi une relation entre prix,

salaires et productivité [hypothèse]– Justification côté offre (comportement des

entreprises)Taux de chômage

Taux de croissance des salaires nominaux

Taux de croissance des

salaires=

Taux de croissance des

prix+

Taux de croissance de la productivité

Long terme

A

B

Taux d’inflation

22. La courbe de Phillips (2)• Si le taux de chômage

augmente,…– Le taux de croissance des

salaires sera plus faible (àproductivité constante)

– Et le taux de croissance des prix sera également plus faible

• Le boucle est bouclée !– Le niveau de chômage est

déterminée dans le système keynésien (circuit, principe de demande effective, etc.)

– Et il détermine à son tour le niveau général des prix

YC

S…

P: niveau général des

prix

Ajustement via le marchédu travail

Taux de chômage

22. La courbe de Phillips

• Conclusion: relation décroissante entre tauxd’inflation et taux de chômage

• Conséquence politiquemajeure: dilemme entreinflation et chômage

– Pour diminuer le tauxd’inflation, il faut accepter un taux de chômage plus élevé

Taux d’inflation (croissance du NGP)

A

0

Taux de chômage

22. La courbe de Phillips

• Retour à la réalité : tests empiriques

– Dans les années 60, relation concluante

– L’inflation sembleétroitement reliée au taux de chômage

Quelques exceptions: guerres d’Algérie et du Vietnam aux US et en France

23. Les critiques de la courbe de Phillips

• 231 Critiques empiriques

• A partir des années1970, la relation semble de moins en moins prévisible

• “stagflation”: inflation + chômage

231. Les critiques de la courbe de Phillips

• Lecture plus précise: dimension chronologique– Etape 1: choc de

demande positif

– Etape 2

• Distinction court et “long” terme

Taux de chômage

Taux d’inflation

Courbe de Phillips à court terme

Courbe de Phillips àlong terme

A

B

C

232. Comment expliquer ces changements ?

La courbe de Phillips aurait changé de nature dans les années 1970: pourquoi ?

• 1ère explication : rôle des prix des biens importés– deux chocs pétroliers dans la même décennie

232. Anticipations et Courbe de Phillips

– Etape 1: inflation non anticipée

• Illusion monétaire

• Perte de pouvoird’achat

– Etape 2• Revendications

salariales, revendications de hausse des taux

• Retour à l’étatinitial

Taux de chômage

Taux d’inflation

Courbe de Phillips à court terme

Courbe de Phillips àlong terme

A

B

C

232. Anticipations et Courbe de Phillips

– Le fonctionnement du marché du travail est“déconnecté” à long terme de l’inflation

– Entre deux tauxd’inflation, il faut choisirle moindre !

– Préférence pour une“inflation 0”

– A court terme, “déviations” possibles

Taux de chômage

Taux d’inflation

A

B

C

NAIRU

232. L’analyse de Friedman• Réhabilitation de la théorie quantitative de la

monnaieMasse

monétaireNiveau général

des prix

Vitesse de circulation de la monnaie Transac.=x x

Quantité de monnaie nécessaire pour effectuer les

transactions

Quantité de monnaie disponible dans l’économie

• Politique économique: – Cible d’inflation 0

– “Toute inflation est d’origine monétaire”

232. Après Friedman• L’école néoclassique

– “Radicalisation” des positions– Les anticipations ne sont plus

adaptatives mais rationnelles: les agents connaissent le bon modèle de l’économie

– En moyenne, il ne font pas d’erreurs– La politique monétaire n’a des effets

que pendant un laps de temps trèscourt: correction instantanée des anticipations

– Seule solution (très limitée): prendreles agents par surprise

• Accélérationde l’inflation• “Course” à l’inflation : 10%, 15%,…

chômage

Taux d’inflation

Taux de croissance du taux d’inflation

3. La politique monétaireet la BCE

• Dans quelcontextesont nés l’€ et les institutions monétaires européennes ? (31)

• Comment fonctionne la politique monétaire au niveau européen ? (32)

• Quelles sont les contraintesqui pèsent sur la BCE ? (33)

• Action sur les taux d’intérêt et la masse monétaire– Action par les quantités:politiques d’open

market: la BC achète ou vend des titres sur le marché monétaire

– Action par les taux (d’intérêt):• Achats sur appel d’offre: taux planchersur le

marché

• Prise en pension: taux plafonddu marché

– Action sur les réserves obligatoires• Pour chaque dépot reçu, nécessité de geler une

partie de ses avoirs sur un compte à la banquecentrale (financé à un taux proche du taux“repo”)

• Procédure lourde (joue sur le besoin de refinancement)

322. Les instruments de la politique monétaire

Taux de mise en pension

Taux d’intérêt

Taux sur appels d’offre

Taux euribor(« taux moyen »)

Taux « refi »(3.25%)

Taux prêt marginal(4.25%)

• Vers une responsabilité plus grande à l’égard des gouvernementsde la zone € (groupe EcoFin) ?

• Vers un élargissement du mandat de la BCE ? (intégration du PIB comme objectif final, cf. FED)

• Vrai problème : crédibilité de l’euro– Poids de la contrainte extérieure

323. Pistes de réformespour la BCE

2ème(et dernière) partie du cours