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Chapitre 4 Les échanges extérieurs Mario Fortin MBA pour cadres Université de Sherbrooke Automne 2011

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Chapitre 4Les échanges extérieurs

Mario Fortin

MBA pour cadres

Université de Sherbrooke

Automne 2011

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4.1 La balance des paiements

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La balance des paiements

• La balance des paiements est le document statistique qui comptabilise le flux des transactions entre les agents résidents d’un pays (particuliers, entreprises, gouvernements) et les non résidents pendant une période de temps (trimestre, année).

• Par convention les transactions qui produisent une entrée de devises y sont inscrites sous forme d’un crédit (+) et celles produisant une sortie de devises sont enregistrées sous forme d’un débit (-).

• Les transactions économiques et financières étant inscrites en partie double, la balance des paiements est en principe toujours équilibrée. En pratique, on réconcilie le résultat net en appliquant une divergence statistique résultant des erreurs et omissions.

• La définition donnée par l’INSEE se trouve à http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/balance-paiements.htm

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Principaux postes de la balance des paiements• Dans la comptabilité européenne et du FMI, les principaux postes de

la balance des paiements sont le compte courant, le compte capital et le compte financier.1

• Les recettes du compte courant proviennent des exportations de biens et de services, des revenus produits par les actifs des résidents à l’étranger et des transferts (Ex. dons) reçus des non résidents. Les dépenses du compte courant sont les importations, les revenus payés aux non résidents sur leurs placements dans l’économie domestique ainsi que les transferts payés aux non résidents.

• Le compte capital enregistre les recettes et dépenses sur les actifs physiques tandis que les compte financier enregistre les recettes et dépenses sur les actifs financiers. Si le compte courant est en déficit, cela doit donner lieu à un surplus du compte capital (acquisitions d’actifs physiques) ou du compte financier (emprunts).

• 1En Amérique du Nord, le compte financier (investissements de portefeuille) fait partie du compte capital. Le compte capital correspond donc à la somme des investissement directs (capital physique) et du compte financier de sorte que le solde du compte capital est l’inverse du solde du compte courant.

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Déficit de la balance des paiements• On utilise souvent le terme déficit de la balance des paiements en dépit de

son impossibilité comptable. Dans les faits ce déficit réfère à deux situations différentes, toutes deux formellement incorrectes.

• La plus commune est d’appeler « Déficit de la balance des paiements » ce qui, dans les faits, est un déficit du compte courant. Si les recettes courantes sont moindres que les déboursés courants, le pays doit alors emprunter des devises pour couvrir le déficit courant, ce qui augmente son endettement international.

• Un déficit du compte courant n’est si bon ni mauvais dans le court terme mais peut devenir problématique s’il se poursuit trop longtemps avec une ampleur démesurée. Le raisonnement pour un pays n’est pas différent ce celui pour un individu. Il peut être sain d’emprunter temporairement, mais si on emprunte de manière excessive sans accumuler suffisamment d’actifs les charges de remboursement peuvent compromettre la consommation future.

• L’autre notion du déficit de la balance des paiements vient lorsqu’on oublie les opérations de la banque centrale. Le déficit de la balance des paiements apparaît alors lorsque les réserves internationales en devises augmentent.

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Balance des paiements du Canada, 2010

Compte courant Recettes Paiements Solde

Biens et services 476 086 507 844 -31 757

Revenus de placements 61 794 78 230 -16 436

Transferts 9 261 11 932 -2 671

Total du compte courant 547 141 598 005 -50 864

       

Compte capital et financier Actifs Engagements Solde

Compte financier (flux net)   151 431   106 482 44 949

Compte capital (entrées/sorties)   5 452   694 4 758

Divergence statistique (erreurs / omissions)     1 158

Source : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/econ01a-fra.htm et http://www40.statcan.ca/l02/cst01/econ01b-fra.htm

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La contrainte agrégée de financement

• Les échanges extérieurs sont liés à la dépense intérieure par une contrainte agrégée de financement.

• Rappelons que selon l’approche par la demande finale le PIB est la somme des dépenses finales soit Y = C + I + G + X – IM

• Mais le revenu national ne peut être utilisé que pour consommer, payer des taxes (T) ou épargner (E). On a donc l’identité C + I + G + X – IM ≡ C + T + EDOM

• En simplifiant C et en réarrangeant, on obtient la contrainte agrégée de financement (G - T) + (I - EDOM) ≡ (IM – X)

• La somme du déficit budgétaire et de l’excédent de l’investissement privé sur l’épargne privée est donc nécessairement égale au déficit du compte courant.

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Fonds prêtables d’une grande économie ouverte

• Lorsqu’un pays échange avec les autres, l’épargne domestique peut être placée à l’étranger. Il y a alors sortie de capitaux (les créances nettes envers l’étranger augmentent). À l’inverse, la demande domestique de fonds prêtables peut être comblée par de l’épargne étrangère. Il y a alors entrée de capitaux (ce qui fait augmenter la dette étrangère nette du pays).

• L’épargne totale disponible est donc la somme de l’épargne domestique SDom et de l’épargne étrangère nette Sétr. Si Sétr> 0 alors il y a entrée de capitaux. Si Sétr< 0, il y a sortie de capitaux.

• À l’équilibre SDom+Sétr = I + (G - T).

• Comme on peut faire appel à l’épargne étrangère en plus de l’épargne domestique, l’offre totale d’épargne est plus élastique et les taux d’intérêt varient moins.

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Offre de fonds prêtables d’une grande économie ouverte (USA)

Tauxd’intérêt

Quantité

r0

SDom

A

SDom + SÉtr

r1

Entrées de capitaux.

Sorties de capitaux.

Les mouvements internationaux de capitaux rendent l’offre d’épargne plus élastique au taux d’intérêt.

Au taux d’intérêt r0 il y a sortie decapitaux. L’épargne totale est doncl’épargne domestique moins lessorties de capitaux.

Au taux d’intérêt r1 il y a entrées decapitaux. L’épargne totale est doncsupérieure à l’épargne domestique enraison des entrées de capitaux.

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Offre de fonds prêtables en économie ouverte

Tauxd’intérêt

Quantité

r0

I + (G0 - T)

SDom

A

SDom + SÉtr

r1

r2

B

C

Entrées de capitaux.

I + (Go+G) -T)Sorties de capitaux.

Dans une économie ouverte, si la demande defonds prêtables augmente en raison d’unehausse des dépenses gouvernementales (G),le taux d’intérêt augmentera moins que dansune économie fermée.

En effet, une partie de la demande accrue defonds prêtables est comblée par l’offred’épargne des autres pays. Il y aura entrée decapitaux... et endettement accru du pays.

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1. À partir de la figure de la page précédente, quel serait l’effet d’une augmentation des taux d’intérêt étrangers sur le marché des fonds prêtables américains? Identifiez bien quelle courbe se déplace et de combien? Quel serait l’effet sur les entrées nettes de capitaux?

2. Toujours en utilisant la figure de la page précédente, qu’arriverait-il si la Banque de réserve fédérale (le FED) achetait des titres sur les marchés financiers? (Attention : l’achat de titres est une offre d’épargne!)

3. Certains pays de la zone euro ont un endettement tel qu’on craint qu’ils fassent défaut sur leur dette souveraine (garantie par le gouvernement). Comme d’autres pays de la zone euro aident les pays en quasi-défaillance, cela rend les marchés réticents à prêter dans la zone euro. Comment cela affecte-t-il l’offre et la demande de fonds prêtables et les taux d’intérêt ?

4. N’est-ce pas paradoxal? Alors qu’on dit que l’emprunt public fait monter les taux d’intérêt, ces derniers ont baissé alors que les états font des emprunts records pendant la crise. Discutez.

Questions

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Le déficit du compte courant est financé par des emprunts internationaux

• Nous avons vu que EDom+Eétr = I + (G - T), ce qui implique que => Eétr = (I – EDom) + (G - T)

• Mais (G - T) + (I - EDOM) ≡ (IM – X)

• Donc Eétr= (IM – X) soit le déficit du compte courant.

• On peut présenter de deux manières l’existence d’un déficit du compte courant. – 1. La demande intérieure (C + I + G) dépasse la capacité de

production domestique ce qui force à faire appel aux ressources étrangères pour répondre à cette demande.

– 2. La demande intérieure dépasse le revenu, ce qui force à faire appel à l’emprunt international pour financer l’excédent de la dépense sur le revenu.

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Le cas d’une petite économie ouverte

• Si le pays considéré est peu important par rapport au reste du monde (Ex. le Canada qui représente 2% de la production mondiale), l’épargne mondiale est gigantesque par rapport à l’économie domestique.

• L’offre totale d’épargne peut alors être considérée comme parfaitement élastique, soit une droite horizontale. Alors les taux d’intérêt deviennent insensibles à la demande de fonds prêtables.

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4.2 Les gains du commerce international

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Commerce international et avantage comparatif

• Les pays commercent entre eux lorsque le coût des biens à l’étranger est différent du coût de production domestique.

• Le coût étant toujours un coût d’opportunité, il doit s’entendre comme la quantité d’un bien auquel on renonce pour obtenir davantage d’un autre bien.

• Le coût relatif des biens transigés au niveau international est mesuré par le rapport des prix des biens. Ex. Si le pétrole coûte $80 le baril et un ordinateur $800, on peut échanger 10 barils de pétrole pour un ordinateur.

• Chaque pays tend à se spécialiser dans les produits où il a un avantage comparatif, soit les biens qui ont un faible coût d’opportunité (théorie de Ricardo).

• Le coût relatif des biens est mesuré par la pente de la courbe des possibilités de production (CPP) lorsqu’ils sont produits de façon domestique.

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Prix domestique et prix international

• Le Canada produit du blé à un coût relativement faible et son offre est montrée par OD. Compte tenu de la demande domestique DD le prix d’autarcie serait de 100$ le boisseau. Sur le marché mondial, étant donné l’offre mondiale OM et la demande mondiale DM le prix est de 150$.

• Étant donné que le prix mondial est plus élevé, cela justifie que la production domestique augmente jusqu’au point Q1 tandis que la consommation domestique diminue jusqu’au point Q0. Les exportations sont alors de Q1 - Q0.

• Les consommateurs sont appauvris puisque leur surplus diminue (la surface sous la demande et supérieure à 150$ est plus petite que celle supérieure à 100$). Par contre les producteurs domestiques voient leur surplus augmenter (la surface supérieure à l’offre et sous 150$ est plus grande que celle sous 100$).

• Comme les gains des producteurs sont plus grands que les pertes des consommateurs le pays dans son ensemble s’enrichit.

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Les gains venant des exportations

100

150

Marché Domestique Marché mondial

150

50

200 200

100

50

PC PM

Q0 QM

DD DM

OD

OM

QDQ1QD

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Si le prix mondial diminue il vaut mieux importer

• Supposons que l’offre mondiale augmente tellement que le prix mondial baisse à 75$. Alors le prix mondial devient inférieur au prix d’autarcie.

• Suite à la baisse de prix mondial, la consommation domestique augmente au point Q0 tandis que la production domestique diminue jusqu’au point Q1. La consommation domestique étant supérieure à la production domestique, le pays importe Q0 – Q1.

• Le pays continue de tirer des gains du commerce international puisque. En effet par rapport à la situation d’autarcie, le gain de surplus du consommateur est plus grand que la perte de surplus du producteur.

• Si on imposait un tarif à l’importation suffisant pour que le prix des biens importés soit de 100$, on pourrait cesser d’importer. Les producteurs domestiques gagneraient mais les consommateurs domestiques perdraient davantage que ce que les producteurs gagnent. Le protectionnisme appauvrit le pays qui le pratique.

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Les gains venant des exportations

100

150

Marché Domestique Marché mondial

150

50

200 200

100

50

PC PM

Q0 QM

DD DM

OD OM

QDQ1 QD

75

OM + 25$

100

150

Marché Domestique Marché mondial

150

50

200 200

100

50

PC PM

Q0 QM

DD DM

OD OM

QDQ1 QD

75

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La courbe des possibilités de consommation

• Pour maximiser les possibilités de consommation d’un pays, ce dernier doit répartir sa production de telle sorte que le coût d’opportunité domestique est égal au rapport des prix internationaux.

• La figure suivante montre les possibilités de production de pétrole et de biens manufacturés ainsi que les possibilités de consommation (CPC) avec échange international. La figure illustre que les possibilités de consommation sont maximales si on produit au point A (Ex. au point B elles sont moindres)

• Si le point C représente la combinaison optimale dans la consommation, le pays est exportateur de pétrole et importateur de produits manufacturés. Le gain du commerce est mesuré par l’augmentation de ses possibilités de consommation.

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Les gains du commerce international

Pétrole

Industrie

Gain du commerce international

Le point A représente la productionoptimale du pays. Si le pays produit aupoint B, ses possibilités de consommationsont plus faibles.

La pente de la droite noire est le prix relatif du pétrole parrapport aux biens industriels sur les marchés internationaux

A

B

C

Si le point C est la consommationoptimale du pays, il exporte du pétrole(distance horizontale AD) et importe desbiens industriels (distance verticale DC)

D

Si on produit au point B, lespossibilités de consommationsont sur la ligne pointillée.

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Une hausse du prix du pétrole améliore les CPC du Canada

• Si le prix du pétrole augmente à 100 $ le baril, les exportations de pétrole permettent d’acheter plus de biens industriels puisqu’il faut dorénavant seulement 8 barils de pétrole pour acheter un ordinateur.

• Les possibilités de consommation accrues permettent de réaliser un gain de termes d’échange correspondant à 2 barils de pétrole par ordinateur consommé.

• Sur la figure suivante cela se manifeste par le fait que la consommation passe du point C au point E.

• Par contre, les pays importateurs de pétrole vont devoir moins consommer. En effet, ils obtiennent dorénavant seulement 8 barils de pétrole pour chaque ordinateur exporté, perdant ainsi 2 barils par rapport à ce qu’ils obtenaient auparavant. La hausse du prix du pétrole réduit leurs termes de l’échange.

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Gain des termes de l’échange des exportateurs de pétrole

Pétrole

Industrie

Si le prix du pétrole augmente,la pente de la droite despossibilités de consommationdevient plus forte.

Si on continue à produire au point A, laCPC est la ligne continue rouge. On peutaugmenter notre consommation de debiens industriels avec les mêmesexportations de pétrole. C’est le gain determes d’échange.

A

C

E

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On doit modifier la production pour gagner davantage

• L’analyse précédente suppose qu’on ne change pas la production domestique de pétrole et de biens industriels.

• Si on maintient la production au point A, le coût d’opportunité domestique des biens industriels est plus faible que le prix international.

• Afin de maximiser les possibilités de consommation il faut réduire la production industrielle et augmenter la production de pétrole.

• Le point F représente la production optimale et si on le choisit, on atteint le point G.

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Gains de spécialisation

Ressources

Industrie

Si on produit au point F plutôt qu’aupoint A, on augmente davantage lespossibilités de consommation puisqu’onpeut aller au point G.

En plus du gain de termes d’échange,on bénéficie de gains despécialisation en réduisant laproduction industrielle et enaugmentant la production pétrolière.

A

F

C

E

G

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4.3 Choix du régime de change et zones monétaires

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Une seule monnaie réduit les coûts d’échange

• Chaque pays a une monnaie. Il peut arriver qu’il soit le seul pays à l’utiliser (ex. Canada et dollar canadien) ou qu’il partage sa monnaie avec plusieurs pays (ex. Euro).

• Une monnaie est comme une langue : les deux permettent d’échanger. Si on est seul à parler une langue, on ne peut pas échanger d’informations. Parler plusieurs langues est un obstacle aux échanges et à la compréhension car il faut alors payer des coûts de traduction.

• Lorsque tous les pays ont leur propre monnaie, les échanges internationaux sont plus coûteux car il faut payer des frais de change.

• S’il n’y avait qu’une seule monnaie sur la planète, les échanges internationaux seraient moins coûteux car il ne serait pas nécessaire d’effectuer d’opérations de change. En outre, le risque de change serait éliminé.

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Les objectifs recherchés par un régime de change

• Un régime de change idéal devrait procurer les trois avantages suivants : ajustements, confiance et liquidité.

• L’ajustement peut être vu comme la possibilité de poursuivre une politique macroéconomique indépendante face à une conjoncture domestique changeante. La confiance est la certitude de préserver la valeur externe de la monnaie. La liquidité est la possibilité d’accéder aux marchés internationaux des capitaux afin de rendre possible un surplus ou un déficit du compte courant.

• Or, en raison de la possibilité d’attaques spéculatives sur la monnaie, les trois objectifs ne peuvent pas être atteints simultanément. On appelle parfois ceci l’impossible trinité.

• Tout régime de change est le résultat d’un compromis le plus satisfaisant possible. L’image suivante, tirée de Krugman1, montre quels sont les compromis découlant de différentes options monétaire.

1 Krugman, P. The Eternal Triangle, http://web.mit.edu/krugman/www/triangle.html

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Les types de régime de change et leurs avantages

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Bretton Woods (change fixe)• Dans les accords de Bretton Woods établis en 1944, le dollar US était

convertible en or (35$ US = 1 once d’or) et les autres monnaies étaient maintenues à taux fixe avec le $US. Ce système a été aboli en 1971 car la création monétaire américaine a été trop abondante. Depuis, le $US s’est fortement dévalué par rapport à l’or (page suivante). La poussée récente du prix de l’or jusqu’à 1400$/once reflète l’anticipation que l’inflation soit une solution possible à la crise d’endettement public.

• En change fixe, un pays ayant un surplus du compte courant fait face à une forte demande pour sa devise. Pour éviter l’appréciation, il se voit dans l’obligation d’accumuler des réserves en devise, ce qui mène à anticiper une appréciation de la devise qui accentue la demande pour la monnaie. L’effet boule de neige finit par forcer l’appréciation. À l’inverse, un déficit du compte courant conduit à anticiper la dépréciation de la devise, accentuant les sorties de capitaux et forçant finalement la dépréciation.

• On peut éviter cette instabilité en contrôlant les mouvements de capitaux, mais on perd alors la liquidité. Avec l’importance grandissante des mouvements de capitaux, cette option est de plus en plus difficile à retenir.

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Union monétaire vs change flexible• Pour éviter toute anticipation de mouvements dans la valeur du change,

on peut opter pour l’union monétaire et complètement abandonner sa monnaie. On obtient alors la complète confiance et la liquidité mais on perd toute capacité d’ajustement.

• À l’opposé, si on tient à préserver la liquidité et la capacité d’ajustement, on optera pour un change flexible. Dans ce cas toutefois, la valeur future de la monnaie n’est pas garantie et le taux de change peut connaître d’importantes fluctuations à court terme.

• Le change flexible est relativement intéressante pour un pays ayant la possibilité de donner confiance en la valeur future de sa monnaie ou qui fait face à des grands besoins d’autonomie monétaire.

• L’union monétaire est relativement intéressante pour un pays ayant de la difficulté à donner confiance en la valeur de sa monnaie ou ayant peu besoin d’une politique monétaire autonome.

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La confiance dans la monnaie et la crédibilité de la banque centrale

• La crédibilité de la politique monétaire est la confiance que les actions attendues de la banque centrale ne seront pas compromises par des politiques de court terme. Lorsque la banque centrale subit des interventions politiques, cela fait perdre confiance en la valeur future de la monnaie car on tend alors à créer trop de monnaie.

• Cela survient lorsqu’un gouvernement central a un problème d’endettement tel que les marchés financiers perdent confiance dans la capacité de remboursement (crise de dette souveraine). Le gouvernement peut alors demander à sa banque centrale d’acheter les titres, ce qui exacerbe la création monétaire et tend à dévaluer la monnaie.

• Des pays ayant un problème chronique de crédibilité peuvent abandonner leur monnaie (et importer la crédibilité de la banque centrale externe).

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Zone monétaire optimale• Le besoin de conduire une politique monétaire distincte apparaît

lorsque le pays connaît une conjoncture interne différente de celle des autres pays. Si un groupe de pays connaît des fluctuations du PIB fortement corrélées, il est peu coûteux de choisir une union monétaire. En effet, la politique monétaire commune convient à tous et l’ajustement n’est plus nécessaire.

• Lorsqu’un groupe de pays partage un cycle économique commun, on dit qu’il forme une zone monétaire optimale.

• L’ouest du Canada est très riche en hydrocarbures tandis que le centre (Québec et Ontario) a une structure économique axée sur la transformation. L’est et l’ouest du pays ont des cycles économiques différents de sorte que le Canada ne constitue pas une zone monétaire optimale.

• Le Canada étant exportateur de ressources et les USA importateurs, les deux pays n’ont pas un cycle économique coïncident.

• L’Europe n’est pas une zone monétaire optimale.

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Le prix du pétrole et le taux d’emploi du Canada par rapport au taux d’emploi aux États-Unis

0

20

40

60

80

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92

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100

102

104

55 60 65 70 75 80 85 90 95 00 05

Prix du pétrole ($U S de 2008)Taux d'emploi relatif

Prix

rée

l du

pétr

ole

Taux d'em

ploi relatif en %

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Mécanismes d’ajustement dans une union monétaire qui n’est pas optimale

• Si les pays en union monétaire connaissent des cycles économiques différents, il faut que d’autres mécanismes d’ajustement suppléent à l’incapacité de modifier les conditions monétaires.

• Si les salaires sont très flexibles l’économie tend à rester près du plein emploi car la courbe OA se déplace rapidement et l’équilibre est près de Yn.

• Si les salaires s’ajustent lentement, il est nécessaire de permettre à la main d’œuvre de se déplacer entre les pays membres de l’union monétaire. Ex : en dépit d’une baisse de plus de 10% des emplois en Nouvelle Angleterre entre 1989 et 1993, le retour au plein emploi y fut rapide car il y a beaucoup de mobilité de la main d’œuvre à l’intérieur des États-Unis.

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La migration vers l’Ouest du Canada s’accélère lorsque le prix des matières premières est élevé

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

65 70 75 80 85 90 95 00 05

OntarioPrairies

Les chocspétroliers des

années 70

La récentebulle des

ressources

Croissance de la population en %

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4.4 Les déterminants de la valeur d’une monnaie : le cas du dollar canadien

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Le dollar canadien et la théorie macroéconomique

• Dans les années 50, le Canada faisait figure de paria sur la scène économique mondiale. Il était en effet le seul pays a être en régime de change fixe, à un moment où tous les pays liaient la valeur de leur monnaie au dollar US, lui-même lié à l’or selon une parité de 35 $US pour une once d’or.

• Lorsque Robert Mundell obtient le Prix Nobel en économie, Krugman suggéra de regarder cette reconnaissance comme un Nobel canadien.1 En effet, les travaux en économie monétaire ouverte de Mundell pendant les années 60 visaient à expliquer l’effet de la politique monétaire canadienne en taux de change flexible plutôt que fixe, puis à comprendre pourquoi le Canada semblait incapable d’être en change fixe avec les États-Unis. Ces travaux sont aujourd’hui universellement enseignés sur l’efficacité de la politique monétaire et budgétaire selon les régimes de change.

• 1. http://www.slate.com/id/36764/

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Valeur du dollar canadien en $US

0.6

0.7

0.8

0.9

1.0

1.1

45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 00 05 10

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Le Canada est un pays de ressources naturelles

• Le Canada a un énorme territoire et une faible population. Sa dotation en ressources naturelles par habitant est parmi les plus élevées au monde (comparable à celle de l’Australie).

• Ayant de vastes plaines fertiles, de gigantesques forêts et d’abondantes ressources minérales, le Canada a un avantage comparé dans la production de ressources.

• Cet avantage comparé ne signifie pas qu’on ne produit pas d’autres choses. En fait la très grande partie du PIB canadien vient de la production de services. Cependant produire des biens manufacturiers ou des services implique une perte de production de matières première relativement plus importante qu’ailleurs sur le globe.

• Conséquence nette, le Canada est un exportateur net de matières premières et un importateur net de biens manufacturiers.

• Les États-Unis ont eux aussi une très forte dotation en ressources mais leur population est dix fois plus importante. Conséquence : ils importent des matières premières.

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Solde commercial du Canada par produits  2002 2003 2004 2005 2006

  en millions de dollars

Solde net 57 311 56 413 65 759 63 501 51 302

Produits de l'agriculture et de la pêche 9 093 7 726 9 339 8 068 7 874

Produits énergétiques 32 763 40 708 43 282 53 136 52 205

- Pétrole brut 6 829 7 343 9 074 8 774 16 062

- Gaz naturel 18 372 26 083 27 382 35 989 27 805

- Autres produits énergétiques 7 562 7 281 6 826 8 373 8 339

Produits forestiers 34 109 31 511 36 111 33 275 30 179

Biens et matières industriels 1 283 1 534 4 463 5 702 9 978

Machinerie et équipement -8 856 -10 008 -12 977 -16 862 -19 966

- Machines industrielles et agricoles -7 337 -7 864 -7 975 -9 306 -10 647

- Aéronefs et autre matériel de transport 7 772 8 231 6 570 5 181 5 741

- Autres machines et matériel -9 292 -10 375 -11 572 -12 737 -15 059

Produits de l'automobile 15 207 10 893 13 024 9 700 2 757

- Voitures particulières et châssis 23 588 18 864 24 892 21 098 17 272

- Camions et autres véhicules automobiles 6 080 3 089 1 397 884 -1 781

- Pièces de véhicules automobiles -14 461 -11 059 -13 265 -12 281 -12 734

Autres biens de consommation -28 795 -29 118 -30 445 -32 237 -34 075

Transactions commerciales spéciales 2 259 2 379 3 051 3 706 3 967

Rajustements non répartis 250 788 -91 -988 -1 617

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Comment échanger avec des monnaies différentes?

• Pour échanger les biens et services entre des pays utilisant des monnaies différentes, il faut tout d’abord échanger les monnaies.

• Lorsque Domtar vend aux États-Unis du papier fabriqué au Canada, l’acheteur américain doit acheter des $CAN qu’il paie en vendant des $US. Les exportations canadiennes créent une demande de $CAN et une offre de $US.

• Lorsque Future Shop importe des États-Unis un ordinateur, il doit acheter les $US qu’il paie en $CAN. Les importations canadiennes créent une demande de $US et une offre de $CAN.

• Lorsque vous allez en touriste aux USA pour devez acheter des $US (et vendre des $CAN).

• Lorsque des épargnants américains achètent des actifs au Canada (actions, immeubles, obligations), ils doivent les payer en $CAN. Les placements des étrangers au Canada créent une demande de $CAN.

• Lorsque des épargnants canadiens placent aus USA (actions, immeubles, obligations), ils doivent les payer en $US. Les placements des canadiens aux USA créent une offre de $CAN.

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L’offre et la demande de $CAN

Marché du $ canadien

- Exportations- Placements au Canada

-Importations- Placements à l’étranger

Demande de $C Offre de $C

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Le taux de change et la compétitivité internationale

• Lorsque le $CAN s’apprécie, les biens canadiens deviennent plus coûteux pour les étrangers. Cela réduit la quantité demandée de biens destinés à l’exportation et fait décroître la quantité demandée de $CAN.

• Parallèlement, les biens produits à l’étranger deviennent moins coûteux pour les canadiens qui en importent alors davantage. La quantité offerte de $CAN doit donc augmenter pour acheter plus de biens étrangers.

• Dans un marché libre, la valeur du $CAN s’ajuste pour que l’offre et la demande s’égalisent. Si la demande (l’offre) augmente, le $C s’apprécie (se déprécie).

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L’équilibre du marché du changeValeur du $C

Quantité de $C

Si la valeur du $C augmente, les produits canadiens deviennentmoins compétitifs. Comme lesexportations baissent, cela faitdiminuer la quantité demandée de $C

Si la valeur du $C augmente, les produits étrangers deviennent pluscompétitifs. Comme les importationsaugmentent, cela fait augmenter laquantité offerte de $C

E0*

D0

O0

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Ce qui fait augmenter la demande de $CAN

• La valeur des exportations augmente si :– Les produits canadiens deviennent plus populaires à l’étranger

(Ex. Les exportations de bois augmentent);– Le prix des biens exportés s’accroît (Ex. le prix du pétrole

augmente)• Lorsque les taux d’intérêt augmentent au Canada, cela suscite plus

d’achats de titres canadiens de la part des non-résidents. Ceux-ci doivent donc acheter plus de $CAN afin d’acquérir davantage d’actifs.

• Lorsque cela survient, la demande de $CAN s’accroît ce qui fait apprécier le $CAN.

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Augmentation de la demande de $CANValeur du $C

Quantité de $C

1. Une hausse de la demande de produitscanadiens par les étrangers (Hausse del’activité économique aux États-Unis)stimule les exportations. Cela faitaugmenter la demande de $C ce qui le faits’apprécier

E0*

D0

O0

D1

E1*

2. Si le prix des produits exportés (lepétrole par exemple) augmente, celafait aussi augmenter la demande de$C.

3. Si les taux d’intérêt augmentent auCanada (ou diminuent ailleurs sur laplanète), cela attire des capitaux au pays. Cela fait aussi augmenter la demandede$C et apprécier notre monnaie.

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Ce qui fait augmenter l’offre de dollar canadien

• Les importations augmentent si :

- les produits étrangers deviennent plus populaires au Canada (Hollywood nous vend son Blockbuster de l’été). Remarquez que les voyages à l’étranger sont semblables à une importation;

- le prix des biens importés est plus élevé;• Les canadiens placent davantage aux USA lorsque les

américains accroissent leurs taux d’intérêt.• Lorsque cela survient, l’offre de $CAN s’accroît ce qui le fait

déprécier.

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Augmentation de l’offre de $CValeur du $C

Quantité de $C

1. Une hausse de la demande de produitsétrangers par les canadiens (Hausse du PIBcanadien) stimule les importations Cela faitaugmenter l’offre de $C ce qui le fait sedéprécier

E0*

D0

O0

E1*

2. Si le prix des produits importés (leaugmente, cela fait aussi augmenterl’offree de $C.

3. Si les taux d’intérêtdiminuent au Canada (ouaugmentent ailleurs sur laplanète), cela fait fuir lescapitaux du pays. Cela faitaussi augmenter la l’offre de$C et se déprécier notremonnaie.

O1

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Valeur du dollar canadien en $US

0.6

0.7

0.8

0.9

1.0

1.1

45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 00 05 10

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Taux de change fixe

• Un pays adopte un taux de change fixe lorsque l’autorité monétaire s’engage à acheter ou à vendre n’importe quelle quantité de monnaie nationale à un taux de change ciblé. Habituellement, une marge de fluctuations est tolérée autour de la cible qu’on appelle cours pivot.

• Les achats nets de la devise nationale par l’autorité monétaire sont payés en devises étrangères, ce qui fait diminuer les réserves de devises. Les ventes nettes font pour leur part augmenter les réserves de devises.

• Le change fixe étant potentiellement instable, on tend à opter soit pour l’union monétaire soit pour un Currency board (caisse d’émission). Dans ce régime, la convertibilité à taux fixe est absolue et la création monétaire est assortie d’une réserve en devises égale à 100% de l’émission de monnaie. (Ex. Argentine entre 1991 et 2002).

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Taux de change fixe Valeur du $C

Quantité de $C

Epivot

D O

Achat net de $C par le fonds des changes

Quantitédemandée

Quantitéofferte

Les achats nets sont possibles tant que le pays dispose de réserves internationales de devises. Lorsque ces réserves s’épuisent, il doit cesser les achats et la monnaie se déprécie.

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Taux de change fixeValeur du $C

Quantité de $C

Epivot

D O

Vente nette de $C par le fonds des changes

Quantitéofferte

Quantitédemandée

Les ventes nettes font augmenter les réserves internationales de devises. Elles font aussi augmenter l’offre de monnaie domestique. Si des problèmes d’inflation en résultent, le pays doit cesser ces achats et la monnaie s’apprécie (ex. : Chine)

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Le différentiel d’inflation avec les autres pays affecte le taux de change

• En change flexible, le taux de dépréciation de la monnaie tend à suivre le différentiel d’inflation. L’explication est la suivante.

• Supposons qu’en 1975, une auto coûte 5000 $CAN à fabriquer au Canada et 5000 $US à fabriquer aux USA. Si 1$C=1$US, les manufacturiers canadiens sont compétitifs.

• Supposons qu’entre 1975 et 1990, l’inflation salariale excédant les gains de productivité a fait augmenter les coûts unitaires de 100% aux USA et de 150% au Canada. Alors en 1990, la même automobile coûte 10000 $US aux USA et $12500 $CAN au Canada.

• Pour être aussi compétitif qu’en 1975, il faut que 12500$CAN vaille 10000$US et donc 1$CAN = (10000/12500)$US = 0,80 $US. L’excès d’inflation salariale est compensé par une dépréciation nominale.

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Le taux de change réel

• Le taux de change réel θ exprime le rapport entre les prix domestiques et les prix internationaux. C’est une mesure de la compétitivité internationale de la production domestique.

• Pour que la comparaison des prix domestiques et internationaux soit valide il faut cependant exprimer les prix dans la même monnaie. Si E est la valeur du $C en $US, le taux de change réel θ = Petr/(E×P).

• La compétitivité internationale augmente avec θ, soit avec une hausse des prix étrangers (Petr), une baisse des prix domestiques (P) ou une hausse du taux de change nominal (dépréciation de la monnaie).

• Si la monnaie domestique se déprécie de 1% en même temps que les prix augmentent de 10%, le taux de change réel est inchangé et la compétitivité demeure la même.

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La demande domestique influence le taux de change

• Un travailleur autonome exigera-t-il un salaire élevé s’il a la possibilité d’être salarié. Cela dépend s’il a déjà beaucoup de contrats à réaliser. S’il est très occupé, il exigera un salaire élevé car il lui reste peu de temps libres. Son temps est rare et vaut beaucoup. S’il a très peu de travail, il acceptera un salaire moindre car l’abondance de son temps en réduit la valeur marginale.

• Pour un pays, travailler à son compte équivaut à répondre à la demande domestique (C + I + G) alors qu’être salarié (travailler pour autrui) équivaut à exporter (satisfaire EX - IM).

• Lorsque la demande domestique C + I + G est forte cela tend à favoriser un taux de change réel élevé. En effet, les travailleurs étant très occupés à produire les biens et services demandés par les canadiens ont peu de temps disponible pour exporter. Leur temps étant précieux, il demande un prix plus élevé pour exporter.

• Sortir de la récession demande souvent un taux de change réel fort. C’est une partie de la course vers le fond que se livrent les pays actuellement.

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