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1 Thème 2 : La Guerre au XX ème siècle Chapitre 3 : Guerres mondiales et espoirs de paix Travail préparatoire à faire à la maison : relever l’ensemble des principales dates de la première guerre mondiale, de la deuxième guerre mondiale, les dates de la création de la SDN et de l’ONU, les principales dates de la Guerre Froide et du Nouvel Ordre Mondial depuis 1991. Introduction du thème : La Guerre au XX ème Siècle Exercice amorce : Documents à utiliser : chronologie p. 77, chronologie p. 143, et les chronologies ci-dessous Utilisez des chronologies pour montrer l’évolution du XX ème siècle et sa relation à la guerre. Les élèves doivent répondre à la question suivante : Quelle est la caractéristique principale qui définirait le mieux le XX ème siècle ? Quelles sont les grandes phases que vous pourriez mettre en avant ? La caractéristique qui définit le mieux le XX ème siècle est la guerre. Le XX ème siècle est le siècle de la guerre et des combats qui touchent aussi bien les soldats que les civils. Les grandes phases sont au nombre de trois : 1962-1975 1948-1949

chapitre 3, guerres mondiales et espoirs de paix, cours · la guerre économique et les guerres préventives. ... et financier. Ce ne sont pas seulement les armées qui se battent,

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Thème 2 : La Guerre au XXème siècle Chapitre 3 : Guerres mondiales et espoirs de paix

Travail préparatoire à faire à la maison : relever l’ensemble des principales dates de la première guerre mondiale, de la deuxième guerre mondiale, les dates de la création de la SDN et de l’ONU, les principales dates de la Guerre Froide et du Nouvel Ordre Mondial depuis 1991. Introduction du thème : La Guerre au XXème Siècle Exercice amorce : Documents à utiliser : chronologie p. 77, chronologie p. 143, et les chronologies ci-dessous

Utilisez des chronologies pour montrer l’évolution du XXème siècle et sa relation à la guerre. Les élèves doivent répondre à la question suivante : Quelle est la caractéristique principale qui définirait le mieux le XXème siècle ? Quelles sont les grandes phases que vous pourriez mettre en avant ? La caractéristique qui définit le mieux le XXème siècle est la guerre. Le XXème siècle est le siècle de la guerre et des combats qui touchent aussi bien les soldats que les civils. Les grandes phases sont au nombre de trois :

1962-1975

1948-1949

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- Les deux guerres mondiales qui forment un tout. Elles sont entrecoupées de tentative de paix avec la création de la SDN qui tente, dans un contexte de regain de pacifisme en Europe, de réduire les tensions nationalistes issues de la 1GM. La fin de la 2GM est aussi marquée par une tentative de protéger et de construire la paix avec la création de l’ONU.

- La Guerre Froide (1947-1991) qui entraîne la division du monde en deux blocs, fondés sur deux idéologies différentes. C’est un conflit visant pour les deux Grands que sont l’URSS et les Etats-Unis à assurer leur domination et/ou leur sécurité sans jamais recourir à l’affrontement direct et généralisé.

- Les nouvelles conflictualités, nées de la Guerre Froide, résumées par Georges Bush en 1991 par l’expression Nouvel Ordre Mondial. Tout en maintenant des conflictualités de type ancien, guerres entre Etats, guerres civiles, elles voient apparaître de nouvelles formes de conflit avec le terrorisme, la guerre économique et les guerres préventives.

Introduction du chapitre 3 : Guerres mondiales et espoirs de paix : Document à utiliser : La définition de la Guerre Totale par Léon Daudet en 1918 Document 1 : Qu’est-ce que la guerre totale ? Léon Daudet, La Guerre totale, 1918. Qu’est-ce que la guerre totale ? C’est l’extension de la lutte, dans ses phases aiguës comme dans ses phases chroniques, aux domaines politique, économique, commercial, industriel, intellectuel, juridique et financier. Ce ne sont pas seulement les armées qui se battent, ce sont aussi les traditions, les institutions, les coutumes, les codes, les esprits et surtout les banques. L’Allemagne a mobilisé dans ces plans, sur tous ces points. Elle s’est livrée à un débordement de propagande, toujours acharnée, parfois intelligente, parfois stupide, rarement inutile. Elle a constamment cherché, au-delà du front militaire, la désorganisation matérielle et morale du peuple qu’elle attaquait. Elle a poursuivi, pendant les hostilités, en l’intensifiant, son programme d’exploitation de l’espionnage et de la trahison, qui était celui de l’avant-guerre. A l’aide du texte précédent et des documents p. 76 et 77, rédigez une introduction en utilisant les mots clés suivants : guerre totale, première guerre mondiale, deuxième guerre mondiale, combattants, populations civiles, génocide, paix, SDN, ONU. Le XXème siècle est un siècle de guerres meurtrières. La première guerre mondiale, de 1914 à 1918, puis la seconde guerre mondiale, de 1939 à 1945, ont laissé l’Europe et le monde frappés de stupeur. Ces deux guerres totales, qui ont entraîné la mobilisation de toutes les ressources des Etats durant une longue période et à un degré jamais atteinte précédemment, et qui ont provoqué l’extension de l’affrontement à de larges portions du globe dans un but d’anéantissement de l’adversaire, sont à l’origine de millions de morts parmi les combattants comme parmi les populations civiles. Si la première guerre mondiale semble avoir plus touché les combattants, ce sont les populations civiles qui ont payé le plus lourd tribut à la deuxième guerre mondiale. Ce sont aussi des guerres qui ont vu naître les génocides (arméniens, tziganes et juifs). Pourtant, au sortir de chacune d’elles, les hommes ont tenté, après les ruines matérielles et morales, d’établir la paix et la sécurité, à travers la SDN (Société des Nations) en 1918 et l’ONU (Organisation des Nations Unies) en 1945. Problématique : En quoi les deux guerres mondiales sont-elles l’expression d’une guerre totale et de la « brutalisation » des sociétés et ce, malgré les espoirs de paix ? I. La Première guerre mondiale, l’expérience combattante au cœur d’une guerre totale.

A. Une guerre totale (CM)

1. Un conflit étendu dans le temps et dans l’espace La Première Guerre Mondiale est une guerre longue puisqu’elle s’est étirée sur 4 ans et demi (3 août 1914 au 11 novembre 1918). La Guerre devait être courte puisque tous les soldats devaient être rentrés pour Noël après avoir vaincu l’Allemagne (détruire le mythe des soldats partant la fleur au fusil). La

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longueur de la guerre épuise les matériels comme les hommes (soldats et prisonniers) qui espèrent, d’année en année, le retour à la paix. Carte 1 p. 80 : La Grande Guerre, autre nom donné à la 1GM, est aussi marqué par l’importance de son extension spatiale puisqu’elle touche toute l’Europe. Mais enraison de l’extension des Empires coloniaux, des zones d’influence contrôlées par les Européens et de moyens utilisés pour vaincre l’adversaire comme les blocus1, les subversions2, les pressions exercées sur les puissances neutres3, les guerres périphériques, le conflit devient mondial. Elle oppose : la Triple Alliance, ou puissances centrales ou triplice, comprenant l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman et la Bulgarie, et la Triple Entente ou les Alliés comrpenant le Royaume-Uni, la France, la Russie, l’Italie, le Japon, le Portugal et les Etats-Unis.

2. Une guerre de masse La première guerre mondiale, comme la deuxième, est une guerre de masse par les effectifs engagés et par les pertes subies. En 1914, 12 millions d’hommes sont mobilisés. 8 millions de Français et 5,7 millions de Britanniques portent l’uniforme entre 1914 et 1918. Tous les hommes sont mobilisés, y compris les hommes des colonies, les « indigènes » : 1,5 million pour les Britanniques, 600 000 pour les Français. Les combats sont acharnés et les pertes de grande ampleur avec au total 10 millions de morts et 20 millions de blessés, 5 millions de veuves et 9 millions d’orphelins : - 1 360 000 morts pour les Français et autant d’invalides, soit 3,4 % de la population totale et 16,5 %

des mobilisés. 130 000 Français meurent lors de la première bataille des Ardennes du 20 au 22 août 1914.

- 1 700 000 à 1 950 000 Allemands sont tués, soit 15,4 % des mobilisés.

3. La course aux armements Les deux guerres mondiales ont donné lieu à des progrès dans le domaine de l’armement et à une course à l’invention scientifique. Pendant la première guerre mondiale, les soldats ont à leur disposition des armées connues qui sont développées et des armées nouvelles : - Les mortiers (bouches à feu), les grenades à main, le fsil, les lance-torpilles jouent un rôle

important. - Les tranchées, déjà très utilisées lors de la Guerre Civile américaine, deviennent le modèle de la

1GM - Les gaz asphyxiants et les lance-flammes, pourtant interdits par la convention de La Haye en 1899

sont utilisés et redoutés (voir doc 3 p. 87) - Les ballons captifs, les zeppelins, puis les avions et les chars deviennent des armes redoutables

même si ces derniers suscitent dans un premier temps la méfiance des généraux. Ex : Le général allemand Luddendof dit que « les meilleures armes face aux tanks sont des nerfs soldides, de la discipline et de l’intrépidité ».

Zeppelin effectuant un bombardement au Royaume-Uni en 1915, War Imperial Museum, Manchester.

1 Référence au blocus maritime tenté par l’Angleterre sur l’Allemagne. 2 Actions visant au renversement de l’ordre politique existant, à l’intérieur du pays ennemi en cas de guerre. 3 Référence aux harcèlements menés par les Allemands contre les bateaux en provenance des Etats-Unis dans l’Atlantique.

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4. Une volonté politique d’anéantir l’adversaire Dès 1914, la logique de guerre totale entraîne un véritable contrôle des populations civiles et des combattants : censure des journaux et des lettres des soldats, cours martiale, état de siège, propagande – appelé « bourrage de crâne par les poilus ». C’est aussi la naissance, comme en France, de « l’Union Sacrée » qui est une alliance de tous les courants politiques et idéologiques derrière le gouvernement pour soutenir l’effort de guerre : extrême droite, extrême gauche, socialistes, radicaux et l’Eglise, deux groupes qui pourtant se haïssent depuis la lutte qui a abouti à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Toutes critiques, en particulier, celles contre les chefs militaires sont considérées comme des manifestations de défaitismes. La guerre entraîne aussi la mise en place d’écnomies dirigistes qui provoquent une transformation de l’appareil productif à destination de l’effort de guerre : les usines renault fabriquent des munitions par exemple.

B. Combattre sous un « orage d’acier » Ernst Jünger4 Documents à utiliser : Le tryptique « La Guerre » d’Otto Dix p. 88-89, Stanley Kukrick, les sentiers de la gloire – scène de la bataille (http://www.youtube.com/watch?v=0ff2x_9G6oI), texte de Roland Dorgelès sur les batailles dans les tranchées, document 2 p. 86. Document : La guerre des tranchées par Roland Dorgelès : C’est un grand troupeau hâve5, un régiment de boue séchée qui sort des boyaux6 et s’en va par les champs, à la débandade. Nous avons des visages blafards et sales que la pluie seule a lavés. On marche d’un pas traînant, le dos voûté, le cou tendu. Arrivé sur la hauteur, je m’arrête et me retourne pour voir une dernière fois, emporter dans mon âme l’image de cette grande plaine couturée de tranchées, hersée7 par les obus, avec les trois villages que nous avons pris : trois monceaux de ruines grises. Comme c’est triste, un panorama de victoire ! La brume en cache encore des coins sous son suaire8 et je ne reconnais plus rien, sur cette vaste carte de terre retournée. Les Trois-Chemins, la Ferme, le Boyau blanc, tout cela se confond ; c’est la même plaine, usée jusqu’à sa trame de marne9 blanche, une lande anéantie, sans un arbre, sans un toit, sans rien qui vive, et partout mouchetée de taches minuscules : des morts, des morts… — Il y a vingt mille cadavres boches ici, s’est écrié le colonel, fier de nous. Combien de Français ? Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque10. Mais je puis chercher, je ne reconnais plus rien. Les lieux où l’on a tant souffert sont tout pareils aux autres, perdus dans la grisaille comme s’il ne pouvait y avoir qu’un même aspect pour un même martyre. C’est là, quelque part… L’odeur fade des cadavres s’efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes11 à eau. Mais, moi, c’est dans ma tête, dans ma peau que j’emporte l’horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l’odeur de la pitié.

Source : Roland Dorgelès, Les croix de bois, Paris (1956), p. 292-293. Questions : 1. Quelle est la situation des soldats sur le front pendant la première guerre mondiale ?

4 Engagé volontaire à 19 ans. Il participe à la bataille de la Somme, de Verdun, des Flandes. Il appartient à des troupes de choc, ancêtre des commandos et relate ses faits de guerre dans une ouvrage intitulé « Orages d’aciers » en 1920. 5 Pâlit, émacié par la faim. 6 Un boyau est une partie d’une tranchée. 7 Passer la herse, c’est-à-dire labourer. 8 Pièce de tissu dans laquelle on ensevelit un mort. 9 Roche sédimentaire 10 Petit maison de peu de valeur. 11 Grand tonneau.

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Pendant la première guerre mondiale, les soldats, après quelques semaines de guerre de mouvement entre août et décembre 1914, sont confrontés à la guerre de position dans les tranchées et à des batailles d’une rare violence. Les soldats de la Triple entente sont opposés aux soldats de la Triple Alliance. L’ensemble de ces soldats vivent dans des tranchées qui se situent non seulement sur le front de l’ouest de la mer du Nord à la Suisse mais aussi dans les Balkans et en Bulgarie. Ils sont confrontés à la mort, à la dureté des combats, à l’horreur, au manque d’hygiène et de nourriture. 2. Quelles sont les caractéristiques de la guerre des tranchées ? La guerre des tranchées est une guerre d’usure, soit une stratégie qui consiste à épuiser les forces humaines de l’adversaire par des offensives récurrentes, des bombardements incessants pour prendre de petites portions de territoire comme le montre le témoignage de Roland Dorgelès. Il s’agit de démoraliser l’adversaire, de le détruire, quel qu’en soit le coût pour son propre camp comme le montre Roland Dorgelès : « Il y a vingt mille cadavres boches ici, s’est écrié le colonel, fier de nous. Combien de Français ? ». Les attaques sont d’une rare violence, sous les coups de mortiers, de canons, les rafales de mitrailleuses, les hommes tombent en grand nombre comme la reconstitution de Stanley Kubrick dans les sentiers de la Gloire le laisse bien paraître. Il faut tenir, par tous les moyens comme l’alcool. Ces attaques semblent parfois inutiles en raison du coût en hommes en comparaison avec les zones conquises comme le souligne Roland Dorgelès. Pendant la 1GM, 900 Français et 1000 Allemands meurent chaque jour. La violence de la Guerre, l’horreur, les morts et les destructions apparaissent clairement dans le panneau central du triptyque d’Otto Dix qui montrent l’enchevêtrement des corps, les destructions des obus et un paysage de mort et de désolation. Du 21 février au 24 juin 1916, la période la plus meurtrière de la bataille de Verdun, surnommée l’enfer de Verdun fait 240 000 morts côté allemand et 275 000 morts côtés français. Les Allemands, malgré les quelques moments de fraternisation, sont avant tout des « Boches », une autre race, des Barbares qu’il faut anéantir.

C. La première guerre mondiale : « brutalisation », révolte et traumatisme. Documents à utiliser : Tryptique La Guerre d’Otto Dix, p. 88-89, texte de Ernst Jünger, les mutineries de 1917 (document 4 p. 85). Document : Ernst Jünger, Orages d’acier, 1920. A dix heures, un homme de liaison nous transmit l'ordre de nous mettre en route pour la première ligne. Un animal sauvage qu'on traîne hors de sa tanière, un marin qui voit s'abîmer sous ses pieds la planche de salut, doivent ressentir à peu près ce que nous éprouvâmes quand nous dûmes dire adieu à l'abri sûr et tiède pour sortir dans la nuit inhospitalière. […] L'aiguille avançait toujours; nous comptâmes les dernières minutes. Enfin, elle atteignit cinq heures cinq. L'ouragan éclata. […] Le jour s'était levé. Derrière nous, l'énorme vacarme ne faisait que croître, bien qu'une aggravation parût impossible. Devant nous, une muraille de fumée, de poussière et de gaz, impénétrable au regard, s'était dressée. Des inconnus couraient à travers la tranchée, nous hurlant à l'oreille des interjections joyeuses. Fantassins et artilleurs, sapeurs et téléphonistes, Prussiens et Bavarois, officiers et hommes de troupe, tous étaient subjugués par la violence élémentaire de cet ouragan igné et brûlaient de monter à l'assaut, à neuf heures quarante. […] Je me tenais devant mon terrier avec Sprenger, la montre en main, et attendais le grand moment. […] Sprenger et moi escaladâmes donc le parapet, quelques minutes plus tard, suivis des hommes. «On va leur montrer maintenant de quoi la 7e est capable! - Maintenant, je me fiche de tout! - Vengeance pour la 7e! - Vengeance pour le capitaine von Brixen12 !» Nous sortîmes nos pistolets et franchîmes nos barbelés, à travers lesquels les premiers blessés se traînaient déjà vers l'arrière. […] La fureur montait maintenant comme un orage. Des milliers d'hommes avaient déjà dû tomber. On en avait la sensation: les brouillards rouges étaient traversés de souffles spectraux. Le feu avait beau se poursuivre: il semblait retomber, comme s'il perdait sa force.

12 Le capitaine a été tué quelques minutes plus tôt par un tir d’obus qui, selon Jünger, l’a réduit en lambeaux.

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Le no man's land grouillait d'assaillants qui, soit isolément, soit par petits paquets, soit en masses compactes, marchaient vers le rideau embrasé. Ils ne couraient pas, ni ne se planquaient quand les immenses panaches s'élevaient au milieu d'eux. Pesamment, mais irrésistiblement, ils marchaient vers la ligne ennemie. Il semblait qu'ils eussent cessé d'être vulnérables. Le grand moment était venu. Le barrage roulant s'approchait des premières tranchées. Nous nous mîmes en marche. […] nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l'assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu'un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit. L'immense volonté de destruction qui pesait sur ce champ de mort se concentrait dans les cerveaux, les plongeant dans une brume rouge. Sanglotant, balbutiant, nous nous lancions des phrases sans suite, et un spectateur non prévenu aurait peut-être imaginé que nous succombions sous l'excès du bonheur. […] Questions : 1. Montrez que la première guerre mondiale est marquée par une « brutalisation» des combattants . La première guerre mondiale est marquée par la « brutalisation » des combattants – préciser que ce terme apparaît dans les travaux d’Annette et Jean-Jacques Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau n’est pas accepté par tous les historiens ou, du moins, pas avec le même sens. En effet, ces hommes se sont déshumanisés : Jünger se compare à un animal. Dans le texte, on voit bien que la violence ne lui fait pas peur. Les soldats, dans un contexte de violence extrême et de disparition de l’interdit de tuer prennent plaisir à tuer et font du combat un acte héroïque. Cet « ensauvagement », également, va jusqu’à ne pas prendre en compte la réalité de la mort. Pour survivre, le soldat ne le peut pas. Il en va de sa santé mentale. Cependant, les traumatismes ont été nombreux durant la 1GM – on parle aujourd’hui de syndrôme post-traumatique – mais ils ne sont pas reconnus à l’époque et les soldats qui en sont victimes sont qualifiés de défaitistes et sont souvent renvoyés du front, voire considérés comme des mutins par l’Etat major. 2. Montrez cependant que les combattants n’ont pas été prêts à tout accepter. Les combattants ne sont pas prêts à tout accepter. Comme le montre Roland Dorgelès, la guerre a marqué les soldats, au fur et à mesure du temps. Ils ont de plus ne plus de mal à concevoir les morts inutiles pour quelques dizaines de mètres ou pour tenir les tranchées. En 1917, comme le montre la lettre du soldat à sa famille – lettre qui risque d’être censuré et qui risque de lui valoir de très gros ennuis comme il le dit lui-même –, les soldats du front de l’ouest mais aussi de l’est se mutinent en refusant d’aller au combat. L’une des mutineries est déclenchée par la bataille du chemin des dames en 1917 puisque le général Nivelle lance une offensive qui fait 200 000 morts pour gagner 500 m. 40 000 mutins sont recensés. Des soldats citoyens votent et refusent d’aller au combat. Après avoir été remplacé par Pétain, les mutineries cessent mais 49 mutins ont été exécutés – ils ne sont réhabilités qu’en 1997. Les mutins ne sont cependant ni des révolutionnaires, ni des pacifistes mais des hommes qui se révoltent contre les offensives inutiles et dévastatrices. 3. Montrez, en vous servant aussi du texte de Roland Dorgelès, que la première guerre mondiale a

fortement marqué les esprits des combattants. Les esprits sont fortement marqués par la violence de la guerre qui apparaît dans les journaux de guerre comme celui de Jünger ou dans les témoignages, lettres de poilus, mémoires comme celles de Roland Dorgelès. Les hommes en ont assez des morts, des horreurs qui restent profondément présents dans les esprits comme le montre les rêves qui continuent par la suite. Cependant, les traumatismes ont été nombreux durant la 1GM – on parle aujourd’hui de syndrôme post-traumatique – mais ils ne sont pas reconnus à l’époque et les soldats qui en sont victimes sont qualifiés de défaitistes et sont souvent renvoyés du front, voire considérés comme des mutins par l’Etat major. Les traumatismes continuent aussi après la guerre car ces hommes auront aussi du mal à se réinsérer dans la société civile qui ne veut plus voir les stigmates de la guerre (rejet des gueules cassées et des invalides), impossibilité de se défaire des traumatismes. C’est la question de la sortie de guerre

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puisqu’une guerre n’est véritablement finie lorsque la paix est signée, l’économie de guerre transformée et les soldats réinsérés dans le tissu social, ce qui est souvent le plus difficile.

D. Des civils qui ne sont pas épargnés (CM)

1. La mobilisation du « Front de l’arrière ». La guerre totale implique la mobilisation des civiles, les historiens parlent alors de « Front de l’arrière ». Ce dernier doit armer les combattants, peupler les usines vidées par la mobilisation. Les femmes, les personnages agées et les coloniaux remplacent dans les usines les hommes partis au front et pour les deux premiers groupes, ils remplacent les hommes aussi dans les exploitations agricoles. La mobilisation économique, les ravages sur les sols occupés, comme la « zone rouge » dans les nord de la France, entraînent une pénurie d’approvisionnement en nourriture sur le front comme à l’arrière. C’est surtout le cas en Allemagne, où la population subit un blocus depuis 1915. Le rationnement est donc mis en place.

2. Des civils plongés dans la violence de guerre. Les violences de guerre, selon A. Becker, regroupent les différentes modalités de violence qu’engendre la guerre. La violence de guerre concerne soldats et civils et ce sont les formes de violence qui n’existent pas en temps de paix mais qui ne peuvent exister sans la guerre. Il s’agit d’étudier la façon dont les individus, les groupes et les nations ont traversé, provoqué ou subi des situations d’extrême violence qui interviennent dans une situation de guerre.

1. Les différentes violences exercées : (typo de A. Becker) o La violence anticipée : la construction de la figure de l’ennemi en temps de paix. Il

s’agit des affiches de propagande qui vont diaboliser l’ennemi et qui sont diffusées dès le plus jeune âge.

L'Illustration, 29 août 1914 : " Leur façon de faire la guerre "., Louis Nicolas LEMASLE

o La violence vécue ou subie o La violence infligée o La violence observée

2. Les acteurs de la violence sont à placer au centre en identifiant deux types d’acteurs : les combattants – mobilisés, soldats armées non mobilisés, prisonniers – et les civils qu’ils soient victimes, bourreaux ou témoins de ces violences.

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3. La première guerre mondiale, théâtre du premier génocide du XXème siècle Un génocide est une extermination d’un groupe national, ethnique, racial et/ou religieux, pensée et planifiée par un Etat. Le génocide arménien début en mars 1915 dans l’Empire turc, qui fait partie de la Triplice. Les Turcs, connaissant des revers face aux Français et aux Britannique, sont dirigés par le gouvernement trè nationaliste des Jeunes Turcs. Ils considèrent les Arméniens comme des traitres. En Juin, le ministre de l’intérieur Talaat Pacha décide la déportation des Arméniens. Ces derniers sont déportés vers le sud en plein désert, et beaucoup meurent de faim et d’épuisement. D’autres sont massacrés par les soldats turcs. Le génocide s’élève à 1,5 milloins de morts sur les 2 millions d’Arméniens vivant dans l’Empire turc. A ce jour, la Turquie n’a pas reconnu l’existence de ce génocide. Le génocide arménien a suivi un processus précis : élimination des élites dans un premier temps, puis mise en place d’une loi de déportation dans un deuxième temps, et enfin puis une planification des massacres et des déportations. Si la première guerre mondiale a été une guerre totale marquée par l’expérience combattante et la dureté du front, la seconde guerre mondiale, elle, est marquée par une guerre d’anéantissement.

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II. La seconde guerre mondiale, guerre d’anéantissement et génocides des Juifs et des Tziganes.

Selon Clausewitz, auteur prussien, théoricien des stratégies militaires des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, une guerre d’anéantissement réclame, au premier chef, une énorme quantité de moyens, un Etat fort, solidement organisé, où l’autorité du chef de l’Etat n’est pas entravée par des privilèges, des autonomies ou toutes autres contraintes. La seconde guerre mondiale, guerre totale, est aussi et surtout marquée par cette volonté d’anéantir l’adversaire que celui-ci soit un adversaire militaire ou civil dans certains cas.

A. Anéantir l’adversaire pour gagner la guerre Etude de cas : La Bataille de Stalingrad, 17 juillet 1942 au 2 février 1943 Documents à utiliser : carte du front européen doc 1 p. 96, Apocalypse – la bataille de Stalingrad (début du film à 6 minutes), extrait de la préface de l’ouvrage d’Anthony Beavor, Stalingrad, ordre du jour n° 227 : « plus un pas en arrière » (extrait) Document 1 : Stalingrad par Anthony Beavor, extrait de la préface. […] Les rapports envoyés chaque jour, du front de Stalingrad par Alexandre Chtcherbakov, ne décrivent pas seulement les actes d’héroïsme, mais aussi les « événements hors du commun » (euphémisme utilisé par les commissaires politique spour désigner les actes de trahison ou d’indiscipline grave), tel que la désertion, le passage à l’ennmi [près de 50 000 soldats de l’armée rouge sont devenus des Hiwis dans l’armée allemande], lâcheté, incompétence, automutilation, « agitation antisoviétique » [une parole défaitiste par exemple] et même ivrognerie. A Stalingrad, les autorités soviétiques firent exécuter 13 500 de leurs propres soldats – soit la valeur d’une division. Document 2 : ordre du jour n° 227 : « plus un pas en arrière » (extrait) […] "Les paniquards et les lâches doivent être exterminés sur place. L'idée de la retraite doit être éliminée de façon définitive... Les chefs militaires ayant permis l'abandon volontaire de positions doivent être privés de leur commandement et déférés immédiatement en conseil de guerre... Quiconque se rend est un traitre à la Mère Patrie... Chaque armée doit créer trois à cinq détachements bien armés, pouvant comprendre jusqu'à 200 hommes chacun, pour former une ligne derrière les vagues d'assaut, chargée d'abattre tout soldat tentant de fuir..." […] Questions : 1. Quels sont les moyens mis en œuvre par les deux adversaires de la bataille de Stalingrad ? Les deux adversaires de la bataille de Stalingrad mettent tous les moyens en œuvre pour anéantir et broyer l’adversaire :

3. Deux armées gigantesques : la 6ème armée de Von Paulus qui tient Stalingrad avec 250 000 hommes sur toute la durée de la bataille et de l’autre côté de la Volga, l’armée de Joukov qui comprend 180 000 hommes sur toute la durée de la bataille. Les hommes sont sans cesse renouvelés. Pour les soviétiques, ils viennent souvent de Sibérie et sont amenés par bateau sur la Volga. Beaucoup n’ont aucune formation militaire.

4. Un armement considérable : (chiffres d’après A. Beevor, p. 153) Allemagne hitlérienne URSS Canons 7 500 7 900 Chars 740 360 Avions 600 200 Les lance flammes sont utilisés comme le montre le documentaire Apocalypse. Les avions et les canons sont utilisés en masse. Cependant, les assauts au corps à corps, les tranchées comme pendant la première guerre mondiale sont aussi le fait des hommes combattant à Stalingrad. Les moyens mis en œuvre par Hitler tout au long de l’opération en URSS Hommes (alliés compris)

6,2 millions (Allemands, Italiens, Hongrois et Roumains)

Chars 3200

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Canons 57 000 Avions 3400

5. Les armes, les munitions et les ressources en nourriture fournies par les Etats-Unis et leurs alliés, les Etats-Unis étant devenus l’ARSENAL DU MONDE LIBRE depuis leur entrée en guerre le 7 décembre 1941 après l’attaque de Pearl Harbor.

2. Quels sont les discours tenus par les deux dirigeants des deux régimes qui s’affrontent ? Les dirigeants des deux régimes montrent qu’il faut tenir Stalingrad à tout prix. La Victoire ou la défaite signe la poursuire ou l’arrêt de l’opération hitlérienne en URSS. Les deux dirigeants utilisent la propagande, combattent les désertions et les accès de défaitisme mais, comme le montre le texte de Beavor, la sévérité des soviétiques est beaucoup plus forte. Staline fait même publier l’ordre du jour n° 227 : "Plus un pas en arrière!" Du côté allemande, la sévérité est aussi très forte. Toute désertion est punie de mort immédiate et tout recul devant l’ennemi vaut un emprisonnement immédiat et un envoi devant le conseil de guerre. 3. En plus des armes et des soldats, qu’est-ce qui est aussi mis au service de la bataille de Stalingrad

et plus largement des troupes soviétiques luttant contre l’armée allemande sur le front russe ? Deux choses sont mis en avant sur le front russe afin d’aider à la victoire. L’ensemble de l’économie soviétique est transformée pour l’effort de guerre et est déplacée après l’Oural. Les civils, et notamment les femmes, donnent leur vie dans les usines, pour approvisionner le Front dans tous ces besoins matériels et militaires. Les apports en arme des alliés sont aussi utiles aux soviétiques. Quant aux Allemands, ils réquisitionnent dans tous les Etats sous leur contrôle le matériel et les besoins nécessaires pour assurer la victoire sur le Front de l’Est. A l’aide des documents précédents et suivants (Apocalypse, épisode 4, le 7 Décembre 1941 (durée 4 min 45) http://www.youtube.com/watch?v=xPQ-qi80pfg ; histoire de la bombe atomique, e=M6 (durée 6 min 30) http://www.youtube.com/watch?v=1dMBMBGRgU0 ; photo de Dresde ci-dessous), répondez à la question 4 ci-dessous.

Dresdre, après les bombardements de 1945, Richard Pen senator. 4. Quelles formes peut prendre l’anéantissement ? L’anéantissement peut prendre plusieurs formes. Il peut aussi bien toucher les civils que les militaires. L’objectif peut être de :

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6. Détruire l’appareil de production de l’adversaire : cela explique pourquoi Staline place ses usines au-delà de l’Oural, hors de portée des bombardiers allemands.

7. Détruire le moral des troupes adverses mais aussi des civils en détruisant le villes : cas de Dresde en Allemagne.

8. Détuire des bases militaires pour désorganiser la capacité de risposte : cas de Pearl Harbor de l’adversaire ou de le pousser à se rendre : cas de Nagasaki et Hiroshima – qui sont des objectifs militaires

B. Des idéologies visant à l’anéantissement

Documents à utiliser : Doc 3 p. 99 (une guerre de races selon Himmler), doc 2 p. 101 (la prophétie d’Hitler), doc 4 p. 101 (la discrimination raciale des Tsiganes) et doc 5 p. 101 (le protocole de Wannsee), L’idéologie raciste du IIIème Reich. Document : L’idéologie raciste du IIIème Reich […] La conception biologique de la politique sociale débouche sur l’élimination physique des débiles, des handicapés, des fous et tous les êtres de « race inférieure ». Hilter a fait sienne cette phrase. […] Le moteur de l’histoire devien l’antagonisme des races : d’un côté, il y a le peuple des seigneurs (Herrenvolk), c’est-à-dire tous les Allemands de sang non mêlé, les Aryens, et de l’autre, les sous-hommes, catégorie qui a elle-aussi une hiérarchie avec, à l’échelon le plus bas, les Juifs, les Tsiganes, puis les Slaves et les Latins. Les persécutions contre « l’étranger », qu’il soit juif, tsigane, asocial, bolchevique ou homosexuel se font toujours au nom d’une « infériorité biologique » qui veut se définir par des mesures pseudo-scientifiques (taille du nez, des oreilles, du crâne, …) inventées de toutes pièces. […] C’est contre les Juifs que cette vision biolofique du monde va s’exercer avec le plus de violence. Hitler leur reproche moins leur altérité que leur caractère de « bâtards » : ce qui les rend suspects et dangereux, c’est quils se fondent dans la population non juive et métisse. Ils menacent « la pureté de la race ».

Extrait du dictionnaire historique du IIIème Reich, Paris (2008), p. 67-68 Questions : 1. Sur quoi repose l’idéologie nazie de l’anéantissement ? L’idéologie nazie de l’anéantissement repose sur la devise de l’Etat nazi : Ein volk (c’est-à-dire une race de sang pur, une race aryenne protégée de tout mélange avec une « race inférieure »), Ein Reich (cad un espace vital, le lebensraum, dans laquelle l’ensemble des Allemands de sang pur peuvent vivre sans aucune difficulté), Ein Fürher (un guide, Hitler). L’idéologie nazie repose sur une vision de monde divisée en race entre une race supérieure : les Allemands de sang pur, les Aryens et des races inférieures qu’il faut combattre et anéantir. L’ensemble des peuples de races inférieures doivent être détruits éliminer : Juifs, Tsiganes, Slaves, Latins mais aussi les fous, les homosexuels, les handicapés – malgré une tentative d’élimination par gazage, la société allemande a fortement critiquée ces actions ; dès lors, des mesures eugénistes comme la stérilisation, ont été mises en œuvre. 2. Quel est l’élément fondamental pour déterminer les races chez les nazis ? Est-ce pour autant

fondé ? Les races sont déterminées à l’aide de critères biologiques et que les nazis appellent scientifiques. Ces division en race reposent sur des critères fondés sur des mesures pseudo-scientifiques (taille du nez, des oreilles, du crâne, …) inventées de toutes pièces. Cependant, les nazis n’ont pas inventé ces théories. Elles proviennent du darwinisme social datant de la fin du XIXème siècle. Elles s’appuient sur les théories de Ernst Haeckel qui, à la fin du XIXème siècle, prête sa caution de biologiste à une première classification des races. En 1920, Alfred Hosch, un psychiatre et le juriste Karl Binding publient l’ouvrage Permettre de mettre fin aux vies qui ne valent pas la peine d’être vécues. En 1922, le biologiste Hans F. K. Günther publie Une théorie raciale du peuple allemand. 3. Depuis quand cette idéologie est-elle mise en œuvre dans l’Allemagne nazie ? Les nazis vont pousser à leur paroxysme ces théories issues du darwinisme social. Ils l’appliquent et en mettent en place la structure concrète dès 1933, avec la création du premier camp de concentration à Dachau.

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C. La mort à échelle industrielle : la Solution finale nazie et le génocide des Juifs et des Tziganes. (CM)

Auschwitz et le système concentrationnaire nazi : étude de cas (Power point vu en classe et ensemble documentaire p. 104-105). L’historien allemand Saül Friedlander dans ces deux ouvrages, les années de persécutions (1933-1939) et les années d’extermination (1939-1945) montrent que les génocides13, dans son cas le génocide juif, sont issus d’une volonté des nazis d’exterminés des races qu’ils considèrent comme inférieures en utilisant tous les moyens industriels mis à leur disposition, non plus pour produire, mais pour exterminer et détruire à grande échelle une partie de la race humaine. Cette politique nazie porte deux noms : la Solution finale telle que la définissent les nazis le 20 janvier 1942 lors du protocole de Wannsee – même si l’extermination à commencer depuis bien longtemps déjà – ou la Shoah – mot hébreu signifiant catastrophe aujourd’hui discuté, comme l’a été naguère celui d’holocauste, car il ne désignerait que l’extermination des Juifs et effacerait ainsi les autres peuples comme les Tsiganes. Voir diaporama. III. Des espoirs de paix ?

A. La SDN (Société des Nations), une tentative mort née pour maintenir la paix ? Documents à utiliser : document 1 p. 90, document 4 p. 91, documents 1 et 2 p. 92, document 4 p. 93. Questions : 1. Quel principe géopolitique est rejeté par la société des Nations lors de sa création ? Sur quel

principe la société des Nations se fonde-t-elle ? La SDN rejette les thèses fondées sur le système international européen apparu depuis la fin du XIXème siècle. Selon les fondateurs de la SDN, comme Léon Bourgeois, ce système est belligène. En effet, il critique la politique de « l’équilibre européen ». En effet, dans le premier paragraphe de son discours de 1909, il montre que ce système conduit nécessairement à une diplomatie fondée sur le déclenchement de la guerre. En revanche, la SDN, lors de sa création en avril 1919 – elle ne commence à fonctionner qu’en 1920 – se fonde sur le principe de la « sécurité collective », fondée sur le droit, le respect des peuples et le refus de rendre coupable de la guerre l’un plutôt que l’autre des pays d’Europe comme le souligne le discours du président américain Woodrow Wilson – thème qu’il reprend en janvier 1918 dans les 14 points Wilson visant à assurer une paix sans bouc émissaire, rendant possible l’autodétermination des peuples. Cette organisaiton à vocation universelle engage ses Etats membres « à respecter et à maintenir contre toute agression l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les membres de la Société ». 2. Comment fonctionne la société des Nations ? La SDN comporte 42 membres qui s’engagent à ne pas recourir à la guerre mais à l’arbitrage des autres membres de la SDN en cas de difficultés. La SDN comprend une assemblée qui se réunit une fois par an. Elle comporte aussi un conseil permanent de 4 membres : le Japon, la France, l’Italie et le Royaume-Uni – un cinquième membre était initialement prévu : les Etats-Unis mais ils ne ratifient pas l’acte de création de la SDN. L’Allemagne devient le cinquième membre de ce conseil permanent en 1926. La SDN comporte aussi un secrétaire général désigné par les membres du conseil permanent. Chaque pays membre de l’assemblée a une voix et les décisions sont prises à l’unanimité. La SDN peut recourir à un système de sanctions comme des sanctions économiques et financières, y compris le recours à la violence comme le montre l’article 16.2 du pacte de sa création. 3. Quelles sont les actions menées par la société des Nations depuis sa création ?

13 Un génocide est un terme qui s’applique à tout acte commis dans l’intention de détruire, tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme le meurtre, l’atteinte à l’intégrité physique ou mentale, la soumission à des conditions d’existence devant aboutir à la destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances, le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre.

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La SDN a comme rôle principal de maintenir la paix. Elles mènent pour ce faire différents types d’actions : - Elle gère le système des mandats - Elle veille à la promotion du désarmement - Elle cherche à stimuler la coopération dans les domcines techniques, économiques et sociaux. - Elle permet la signature en 1925 du pacte de Locarno qui entraîne la reconnaissance des frontières

franco-allemandes par les deux pays - En 1926, la SDN voit entrer un nouveau membre, l’Allemagne qui devient un des membres du

conseil permanent. - En 1928, elle fait aboutir les accords Briand-Kellogg qui mettent la guerre hors la loi. - Elle règle certaines crises internationales en organisant notamment des plébiscites – consultation

des population au suffrage universel afin que celles-ci répondent par oui ou non à la question posées par la SDN – dans les régions contestées comme en Sarre en 1935.

- Elle mène des actions humanitaires avce la création du Haut Commissariat aux réfugiés en 1921 (il existe toujours aujourd’hui et il est l’un des principaux organes de l’aide humanitaire aux réfugiés de l’ONU).

4. La SDN n’a-t-elle pas des limites (utilisez la partie cours p. 90 pour répondre à cette question) ? La SDN a cependant des limites : - Le premier handicap est lié au refus des Etats-Unis de ratifier l’acte de création de la SDN en 1920

ce qui entraîne leur retrait immédiat de la société des Nations et leur non participation au conseil permament. Alors que le président Woodrow Wilson avait appelé de ses vœux la création de la SDN, le refus du Sénat américain de ratifier le pacte de 1919 crée un véritable handicap pour la SDN. De plus, au cours des années 1920, le président Harding refuse de s’occuper des affaires européennes et conduit les Américains à être de plus en plus isolationnistes.

- La SDN ne possède pas d’armée et dépend des grandes puissances et de leur bonne volonté à fournir des troupes pour faire appliquer les sanctions. Hors beaucoup de grandes puissances comme la France ou le Royaume-Uni, pourtant victorieuses de la 1GM, se place, à la suite de leur population, dans des positions pacifiques comme le montre la politique d’Apeasement de Chamberlain envers Hitler.

- La SDN n’arrive pas à faire face à la montée des nationalismes notamment en Allemagne et au Japon. Elle ne peut empêcher la remilitarisation de la Rhénanie – pourtant interdite par le traité de Versailles en 1919 –, l’Anschluss, la crise des Sudètes. Elle ne peut empêcher l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie de plus en plus belliciste. Enfin, elle ne peut contrer l’invasion de la Chine par le Japon en 1937. Au cours des années 1930, ces trois Etats, membres du conseil permanent, quittent la SDN.

B. L’ONU, une nouvelle tentative de maintenir la paix.

Documents à utiliser : document 1 p. 106, documents 2 à 5 p. 107. Questions : 1. Quel est le fonctionnement de l’ONU depuis sa création ? Qu’a-t-elle en commun avec la SDN ? L’ONU (Organisation des Nations Unies) a été créée par la charte de San Francisco en 1945. Cette organisation comporte une structure similaire à celle de la SDN mais avec des différences qui étaient conçues pour limiter les écueils de la SDN. Elle comporte une assemblée composée à l’origine de 51 membres (194 aujourd’hui) où chaque pays a une voix. Elle comporte un conseil de sécurité composé de 15 membres – 10 membres élus et 5 membres permanents ayant un droit de veto sur toutes les décisions (Etats-Unis, URSS, France, Royaume-Uni et Chine, à savoir les grands vainqueurs de la 2GM) – qui prend les principales décisions. Elle comporte aussi un secrétariat général. L’ensemble de cette structure est proche de la SDN, exception faite du mode de prise de décision qui n’est pas fait à l’unanimité contrairement au cas de la SDN. L’ONU comporte aussi un certain nombre d’agence visant à aider à couvrir les missions de l’ONU : l’UNICEF pour l’aide aux enfants, OIT contre le travail des enfants, l’UNESCO pour le développement et la protection de la culture et le HCR, Haut Commissariat aux réfugiés – créé par la SDN.

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2. Quelles sont les actions menées par l’ONU ? Les actions menées par l’ONU sont nombreuses : - L’aide à la transition vers l’indépendance des pays décolonisés : sa première mission a lieu en

Indonésie en 1948-1949 après la guerre de décolonisation pour permettre la transition entre le gouvernement hollandais et le nouveau gouvernement sous l’égide de Soekarno.

- L’assurance de la possibilité des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’une des résolutions a été la création de l’Etat palestinien et de l’Etat d’Israël en 1948.

- L’aide humanitaire aux populations en difficultés. - Les actions de maintien de la paix à travers le monde par l’intermédiaire des casques bleus. 3. Dès sa création, l’ONU ne connaît-elle pas des limites ? Dès sa création, l’ONU est marquée par des limites : - Ces actions dans les domaines de l’autodétermination des peuples n’ont pas toujours abouti : cas du

problème israélo-arabe. - Dès le début, l’ONU est confrontée à l’émergence d’un monde bipolaire dans le cadre de la Guerre

Froide ce qui la conduit à l’impuissance. En effet, les pays communistes URSS et Chine s’opposent quasi-systématiquement aux propositions des Occidentaux et inversement. De plus, l’URSS et la Chine, à partir des années 1960 entrent en conflit ce qui augmente encore la confusion au sein du conseil de sécurité.

Conclusion :

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