Cabanes F. Déphosphatation des effluents

Embed Size (px)

Citation preview

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    1/219

    N dordre : 2316

    THSE

    Prsente

    pour obtenir

    LE TITRE DE DOCTEUR DE LINSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE TOULOUSE

    cole doctorale : Matriaux - Structure - Mcanique

    Spcialit : Science Gnie des matriaux

    Par Frdric CABANES

    DEPHOSPHATATION DES EFFLUENTS :

    PRECIPITATION ET VALORISATION DU PHOSPHORE

    Soutenue le 16 janvier 2006 devant le jury compos de :

    Mme. B. BISCANS Directeur de RechercheCNRS ENSIACET, INP, Toulouse

    Membre

    Mme. J. CARPENA Professeur

    Universit Aix-Marseille III

    Rapporteur

    Mme. M. FRECHE Matre de ConfrencesENSIACET, INP, Toulouse

    Directeur de Thse

    M. J. L. LACOUT ProfesseurENSIACET, INP, Toulouse

    Prsident

    M. H. MUHR Charg de RechercheCNRS ENSIC, INPL, Nancy

    Rapporteur

    M. C. VIGNOLES Expert Charg de MissionVEOLIA-EAU

    Membre

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    2/219

    2

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    3/219

    3

    Ce nest pas parce que les choses sont difficiles que nous nosons pas,

    cest parce que nous nosons pas quelles sont difficiles

    Snque

    A ma chrie, Sophie

    A ma famille

    A mes amis

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    4/219

    4

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    5/219

    5

    Remerciements :

    Ce travail a t ralis au Centre Interuniversitaire de Recherche et dIngnierie des

    Matriaux dans lEquipe Physico-Chimie des phosphates, lEcole Nationale Suprieure des

    Ingnieurs en Arts Chimiques Et Technologique de lInstitut National Polytechnique deToulouse et une partie ralise en collaboration avec le Laboratoire de Gnie Chimique de

    Toulouse.

    Je remercie en premier lieu Madame Michle FRECHE, Matre de Confrences

    lENSIACET, qui ma encadr tout au long de ma thse. Je suis entirement reconnaissant des

    comptences, des bons conseils, des encouragements que vous mavez transmis pendant mon

    travail. Plus particulirement je vous remercie pour votre omniprsence durant ma thse, votre

    patience, votre gentillesse, votre aide prcieuse et votre coute permanente.

    Jassure ma profonde gratitude Monsieur Jean Louis LACOUT, Professeur

    lENSIACET, tout dabord pour lhonneur que vous mavez fait de prsider le jury, et ensuite

    pour les conseils ainsi que les aides nombreuses et diverses que vous mavez apportes. Je

    vous remercie galement pour toutes les remarques constructives, lors de la rdaction du

    rapport notamment. Merci aussi pour les conversations en occitan et les discussions gnrales

    sur lagriculture : vous tes un vrai faux paysan comme vous dites. Vous disi pla merci

    per tout, e al cop que ven !!!

    Mes remerciements vont galement Mme Jolle CARPENA, Professeur

    luniversit Aix-Marseille III, pour lintrt que vous avez port ce travail en acceptant de

    participer au jury en tant que rapporteur. Merci pour toutes les remarques constructives

    apportes ce manuscrit.

    Je suis sensible lhonneur que ma fait Monsieur Herv MUHR, Charg de

    Recherche CNRS lINPL, davoir accepter de juger ce travail en tant que rapporteur, merci

    pour lintrt dont vous avez tmoign.

    Je voudrai exprimer toute ma gratitude Mme Batrice BISCANS, Directeur de

    Recherche CNRS, davoir particip ce jury de thse et plus particulirement pour mavoir

    enseign la partie gnie des procds. Merci pour tous les bons conseils, les questions que

    parfois je ne me serais jamais pos, pour vos encouragements permanent et votre

    disponibilit : mme si vous tes trs occupe, vous savez vous partager en 4 voire 5 ...

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    6/219

    6

    Merci Monsieur Christian VIGNOLES, Expert charg de Mission chez VEOLIA

    EAU, davoir accept linvitation dans le jury de thse. Merci pour la discussion intressante

    dont vous mavez fait part durant la soutenance.

    Merci Ludovic MONTASTRUC, Matre de Confrences luniversit de Lille,ancien thsard du LGC, de mavoir aid au tout dbut de ma thse. Merci de mavoir dcrit et

    expliqu le fonctionnement du lit fluidis. Merci aussi pour les publications prtes et qui

    mont t bien utile.

    Merci Mme Catherine AZZARO-PANTEL, Matre de Confrences lENSIACET,

    et directrice de thse de Ludovic Montastruc, de mavoir permis dutiliser lappareillage en lit

    fluidis ainsi que les instruments de mesures du phosphore. Merci pour votre gentillesse.

    Merci lensemble des personnes prsentes au Laboratoire de Galnique de la facultde Pharmacie Toulouse pour mavoir permis dutiliser leurs appareils de mesures .

    Je vais remercier maintenant toutes les personnes du laboratoire en racontant une

    anecdote qui les personnalise, ils ont tous permis que ma thse se droule dans un climat

    agrable.

    Christelle, tu es toujours de bonne humeur et on tentend rigoler mme 100m. Ta

    pniche est superbe et je suis content davoir fait la connaissance de ton mari Gilles dans un

    autre lieu que linternat du Lyce Rascol.

    Albert, vous tes le seul garder des choses qui parfois sont bien utiles, je suis ravi

    que lensemble des programmes OH25, 37 et 60 vous plaise. Merci pour le matriel que vous

    mavez prt toujours avec gentillesse.

    Christian, vous tes le grand Manitou du laboratoire, jai pu apprendre votre contact

    le fameux thorme du PMFCC tant dcrit dans la littrature Vos explications sur l Infra

    Rouge mont permis de sauver quelques uns de mes rsultats. Vous tes trs aimable, sauf

    lorsquon vous jte des produits contenu dans le conglateur mais en gnral vous restez

    calme et pos.

    Christophe, tu es toujours la pointe des trucs faire o dire mais parfois je ne

    comprends pas bien tout les sens tu tinvestis normment dans la vie du laboratoire et tu

    es toujours agrable, de bonne humeur, bonne chance pour tes brevets.

    Domi, tu es en quelque sorte la mmoire du laboratoire sans dire pour autant que tues proche de la retraite cest toi mme qui le dit. Tu as toujours t l pour rendre service,

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    7/219

    7

    pour discuter de choses et dautres, pour couter ce qui parfois me pesait sur le cur, et avec

    une grande gnrosit. On a pass de bons moments de rigolade peut tre resterai-je proche

    de Toulouse, et on pourra aller danser un Rock ou une Salsa o tu veux, comme tu veux

    Ingrid, tes trop gentille!!! Ne te laisse pas marcher sur les pieds !!! cest trs agrablede te voir toujours sourire ... Tu es partie du 3etage pour te retrouver dans lambiance de ce

    laboratoire et je pense que toi aussi tu as trouv ta place au milieu de tant de gens bien et

    sympa. Dernire chose, fais attention de ne pas casser mon lit

    Anne Ccile, tu es passe dans le laboratoire en apportant ta bonne humeur et ta

    fougue, tu fait parti du conseil de cration de la cagnotte et je ne pensais pas que tu sois

    celle qui la subventionne le plus. Tu resteras notre sirne du laboratoire, mme si

    maintenant tu es plus dun millier de kilomtres.Franoise, ton intgration au sein de lquipe a t un peu rude, mais lensemble du

    laboratoire est formidable et je pense que tout ira de mieux en mieux et tu te sentiras de plus

    en plus laise.

    Mat, tu nas pas la langue dans la poche pour dire tout ce que tu penses, a a toujours

    t un plaisir de te ctoyer au travail et de te taquiner, dailleurs, tu es partie du labo et tu nas

    toujours pas fait ton pot de dpart tant promis pendant plus dun an je sais, tu nas jamais

    le temps

    Anas, tu es le plus gentil de tous les Marocains ou plutt, je pense que personne ne

    peut tre plus gentil que toi ! Anas, noublies pas que le Maroc est le premier pays exportateur

    mondial de phosphore !!!

    Cdric, tu es le pro des RX dans le labo et de bien dautres choses encore tes dires.

    Tu as t de bons conseils dans tes spcialits, jai pris beaucoup de plaisir discuter avec un

    Aurillacois, qui vient dun pays aussi froid que le mien, et jespre que je nai pas t trop

    embtant lorsque tu mas eu dans ton bureau la place de Georgiana pour rdiger ma thse. Je

    noublierai pas toutes les discussions srieuses sur des sujets srieux que nous avons pu

    changer.

    Grard, certes je nai jamais fait de test en compression, mme si parfois la pression a

    t forte, mais nous avons travaill un peu ensemble lors du dmnagement des 36 ponts

    lA7, et je voulais juste vous dire bonne chance pour le prochain Labge mme si

    vous tes quasi certain de ne pas y participer, on ne sait jamais. Vous avez t toujours trs

    gentil, toujours disponible, de bonne humeur et prt aider les gens.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    8/219

    8

    Olivier, lheureux papa, bon tout dabord, je mexcuse une dernire fois pour le coup

    de la tarte aux fraises tu te souviens ? javais t un peu lourd Ensuite je te dirais quen

    ce moment, tu es sur les traces de ton grand chef au niveau de ton langage (voir commentaire

    sur Christian), alors attention Olivier, il ne te faut garder que la partie scientifique des phrases

    et pas le reste tu as tendance faire linverse.

    Merci donc toutes ces personnes cites, davoir permis de travailler toujours dans

    une ambiance conviviale et propice pour obtenir de bons rsultats !!!! pour tout

    renseignement sur les anecdotes cites, veuillez demander aux personnes considres ou

    autres.

    Sans oublier de citer les thsards que jai crois dans ce Labo : Anne (la plus discrte),

    Georgiana (la plus princesse), Miha (le trop gentil), Jean Philippe (le green green qui mabien fait rire), Farid (le Marocain le plus joyeux), Hlne (la plus polyvalente) et Ramona (ma

    Bonjour chef de tous les matins).

    Sans oublier aussi les stagiaires du labo : Magali, Thibaut, Ramona (que jai encadr

    avec Michle), Ben, Aline, Audrey, Ccile, Elizabeth, Estban, Billy, les 3 mousquetaires,

    Sorina, Valy, Cline, et bien sr Jasmine.

    Merci aux personnes extrieures au laboratoires pour leur sympathie : Aurlia, Dan,

    Mathieu, Jany, Claude, Marina, Sylvia, Max, Marjorie, Cline, Sbastien, Mallorie, Alain,Jean Baptiste, Alexandre, Yannick, Jonathan.

    Merci enfin aux personnes qui mont aiguilles vers ce sujet : Elodie et Marie Jos.

    Mon travail dans ce laboratoire sarrte l, mais ce sera toujours un plaisir de discuter

    de cette priode et de vous revoir, MERCI A TOUS.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    9/219

    9

    RESUME

    Ce mmoire porte sur la rcupration-valorisation du phosphore contenu dans les

    effluents. Le procd repose sur la prcipitation en milieu basique d'un phosphate de calciumtrs insoluble (hydroxyapatite) soit en lit fluidis de particules d'hydroxyapatite, soit en cuve

    agite. Dans le cas d'un effluent synthtique ne contenant que du phosphore (50mg/L), la

    teneur de l'effluent aprs traitement est abaisse une valeur infrieure 1mg/L lorsque sont

    convenablement choisis la temprature (35C) et le pH (7.5). Les phnomnes de

    prcipitation, croissance cristalline, enrobage ont t tudis. Dans les conditions optimales

    cites, le traitement ralis en lit fluidis permet de retenir entirement le prcipit dans le lit.

    Le magnsium favorise l'enrobage en lit fluidis mais inhibe la croissance. Cependant

    pH lev (suprieur 9) la rcupration quasi totale du phosphore est assure.

    Dans tous les cas le phosphore rcupr est directement valorisable par l'industrie

    phosphatire.

    Mots cls : effluent, dphosphatation, phosphate de calcium, lit fluidis, hydroxyapatite,

    valorisation, cuve agite, recyclage.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    10/219

    10

    ABSTRACT

    The subject of this report is efficient phosphorus recovery from effluents by

    precipitation in basic solution of an insoluble calcium phosphate in either a fluidised bed ofhydroxyapatite (HAP) seeds or in a stirred reactor. In the case of a synthetic effluent

    containing only phosphorus (50mg/L), the final concentration after treatment is reduced to

    less than 1mg/L when the temperature (35C) and the pH (7.5) are suitably selected.

    Precipitation, crystalline growth and coating phenomena were studied. Under the optimal

    conditions, the treatment using the fluidised bed process allows the precipitate to be retained

    entirely within the bed.

    Magnesium assists the coating in the fluidised bed process but inhibits crystalline

    growth. However at high pH (above 9) the phosphorus is recovered effectively.

    In all cases the recovered phosphorus can be directly reused by phosphate

    manufacturers.

    Key words : effluent, phosphorus recovery, calcium phosphate, fluidised bed, hydroxyapatite,valorization, stirred reactor, recycling.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    11/219

    SOMMAIRE

    11

    SOMMAIRE :

    NOMENCLATURE: ............................................................................................................ 15

    INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................ 17CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES.............................. 23

    I.1) La situation du problme.................................................................................................................... 25

    I.1.1) Leutrophisation. ........................................................... ............................................................. ... 26

    I.1.1.1) La dfinition, les valeurs aux bornes.................................................................................... 26I.1.1.2) Le concept dlment limitant.............................................................................................. 27I.1.1.3) Les luttes contre leutrophisation, les actions prventives (lutte en amont et lutte en aval). 27I.1.1.4) La lgislation, mise en place dune Directive Europenne................................................... 28

    I.1.2) Llimination du phosphore des effluents. .......................................................... .......................... 28

    I.1.2.1) Le procd par traitement biologique................................................................................... 28I.1.2.2) Le procd par traitement chimique..................................................................................... 29I.1.2.3) Lutilisation du phosphore et ltat actuel des ressources naturelles.................................... 31

    I.2) Les phosphates de calcium. ..................................................................... ........................................... 33

    I.2.1) Lhydroxyapatite phosphocalcique (HAP).................................................................................... 34

    I.2.2) Le comportement des apatites haute temprature....................................................................... 38

    I.2.3) Les phosphates tricalciques (TCP)................................................................................................ 39

    I.2.3.1) Le phosphate tricalcique amorphe (TCPam ou ACP). ......................................................... 39I.2.3.2)

    Le phosphate tricalcique apatitique (TCPa). .................................................................. ...... 40

    I.2.3.3) Le phosphate tricalcique (TCP). .......................................................... ........................... 41

    I.2.4) Les pyrophosphates de calcium..................................................................................................... 44

    I.3) La cristallisation en solution............................................................................................................... 46

    I.3.1) La sursaturation............................................................................................................................. 46

    I.3.2) La nuclation................................................................................................................................. 48

    I.3.2.1) La nuclation homogne. ........................................................... .......................................... 49I.3.2.2) La nuclation htrogne...................................................................................................... 50I.3.2.3) La nuclation secondaire...................................................................................................... 51

    I.3.3) La cristallisation des phosphates de calcium................................................................................. 52

    I.4) La mthode et le procd choisis........................................................................................................ 54

    I.4.1) La rcupration sous forme de struvite. ......................................................................... ............... 55

    I.4.2) La rcupration sous forme de phosphate de calcium................................................................... 57

    I.4.3) La mthode de travail.................................................................................................................... 58

    CHAPITRE II : LE PROCEDE EN LIT FLUIDISE DHAP ........................................... 61

    II.1) Gnralits sur la fluidisation. .............................................................. ............................................. 63

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    12/219

    SOMMAIRE

    12

    II.2) Les conditions opratoires du procd en lit fluidis dHAP. ......................................................... 67

    II.2.1) Le choix des paramtres exprimentaux. ......................................................... ............................. 67

    II.2.1.1) Les paramtres concernant le procd................................................................................... 67Le choix du matriau constituant le lit fluidis. ............................................................. ....................... 67

    Le dimensionnement de la colonne....................................................................................................... 68II.2.1.2) Les paramtres physico-chimiques........................................................................................ 69Le choix de la concentration en phosphore et du pH de leffluent........................................................ 69Le choix des concentrations des ractifs introduits dans la colonne. .................................................... 69Le choix de la temprature de leffluent. .................................................................... .......................... 70

    II.2.2) La description du pilote................................................................................................................. 70

    II.2.3) Le protocole exprimental............................................................................................................. 74

    II.2.4) Les techniques de caractrisation.................................................................................................. 74

    II.2.4.1) Caractrisation de la phase liquide........................................................................................ 74II.2.4.2) Caractrisation du lit fluidis. ..................................................................... .......................... 77II.2.4.3) Caractrisation du solide. .................................................................... .................................. 77

    II.2.5) Le bilan. ............................................................. ............................................................... ............ 78

    II.3) Les rsultats......................................................................................................................................... 78

    II.3.1) Expriences prliminaires. .................................................................... ........................................ 79

    II.3.1.1) Le mode opratoire................................................................................................................ 79II.3.1.2) Les rsultats........................................................................................................................... 79II.3.1.3) Discussion. ................................................................... ......................................................... 82II.3.1.4) Conclusions sur la premire exprimentation. ................................................................ ...... 85

    II.3.2) Linfluence des conditions opratoires.......................................................................................... 85

    II.3.2.1) Linfluence du pH. ..................................................................... ........................................... 85II.3.2.2) Linfluence de la temprature................................................................................................ 91II.3.2.3) Linfluence du rapport atomique Ca/P du mlange............................................................... 94II.3.2.4) Linfluence de la nature des particules support 35C. ........................................................ 98

    II.4) Le bilan gnral................................................................................................................................. 100

    CHAPITRE III : LE PROCEDE EN CUVE AGITEE .................................................... 105

    III.1) Lintrt du procd en cuve agite................................................................................................. 107

    III.2) La cuve agite, technique exprimentale......................................................................................... 107

    III.2.1) Le principe gnral...................................................................................................................... 107

    III.2.2) Les conditions opratoires du procd en cuve agite................................................................. 108

    III.2.2.1) Le choix des paramtres exprimentaux. .............................................................. .............. 108III.2.2.2) La description du pilote de laboratoire................................................................................ 110III.2.2.3) Le suivi exprimental.......................................................................................................... 112

    III.3) Ltude de linfluence des paramtres exprimentaux. ................................................................. 112

    III.3.1) Linfluence du pH dentre de leffluent..................................................................................... 112

    III.3.1.1) Le mode opratoire.............................................................................................................. 113III.3.1.2) Les rsultats et la discussion. ........................................................... ................................... 113

    III.3.2) Linfluence de la temprature...................................................................................................... 114

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    13/219

    SOMMAIRE

    13

    III.3.2.1) Le mode opratoire.............................................................................................................. 114III.3.2.2) Les rsultats et la discussion. ........................................................... ................................... 115

    III.3.3) Linfluence de la concentration initiale de phosphore dans leffluent......................................... 117

    III.3.3.1) Le mode opratoire.............................................................................................................. 118III.3.3.2) Les rsultats et la discussion. ........................................................... ................................... 118

    III.3.4) Linfluence de la prsence de particules dans le racteur en cuve agite.................................... 120III.3.4.1) Le mode opratoire.............................................................................................................. 120III.3.4.2) Les rsultats et la discussion. ........................................................... ................................... 121

    III.4) La mise en parallle du procd en lit fluidis et du procd en cuve agite. .............................. 122

    III.4.1) Le procd................................................................................................................................... 122

    III.4.2) Les rsultats................................................................................................................................. 123

    III.4.3) La discussion sur les mcanismes. ............................................................... ............................... 124

    III.4.3.1) A une temprature de 20C. ............................................................................ .................... 124III.4.3.2) A une temprature de 35C. ............................................................................ .................... 125

    III.5) La conclusion gnrale du chapitre. .................................................................. .............................. 126

    CHAPITRE IV : EFFET DE LAJOUT DE COMPOSES MINERAUX ETORGANIQUES..................................................................................................................... 129

    IV.1) Effet de composs organiques. ....................................................................... ................................. 132

    IV.1.1) Le tryptophane et la tyrosine....................................................................................................... 132

    IV.1.2) Le mode opratoire..................................................................................................................... 132

    IV.1.3) Les rsultats et la discussion. ..................................................................... ................................. 133

    IV.2) Le magnsium.................................................................................................................................... 137

    IV.2.1) Le choix de cet lment.................................................................................................................. 137

    IV.2.2) Le procd en cuve agite. ........................................................... ............................................... 139

    IV.2.2.1) Linfluence de la concentration en magnsium en fonction du pH. .................................... 140IV.2.2.1.1) Le mode opratoire. ................................................................... ................................... 140IV.2.2.1.2) Les rsultats et la discussion....................................................................... .................. 140

    IV.2.2.2) Linfluence de la temprature.............................................................................................. 144IV.2.2.2.1) Le mode opratoire. ................................................................... ................................... 144IV.2.1.2.2) Les rsultats et la discussion........................................................................ ................. 144

    IV.2.2.3) Linfluence de lajout de particules support........................................................................ 145IV.2.2.3.1) Le mode opratoire. ................................................................... ................................... 145IV.2.2.3.2) Les rsultats et la discussion........................................................................ ................. 145

    IV.2.3) Le procd en lit fluidis dHAP................................................................................................ 147

    IV.2.3.1) Mode opratoire. .................................................................... ............................................. 147IV.2.3.2) Les rsultats et la discussion. ........................................................... ................................... 147

    IV.3) Etude Composition Constante de la croissance de l'HAP........................................................... 149

    IV.3.1) Le principe de la mthode. ................................................................. ......................................... 150

    IV.3.2) Le mode opratoire..................................................................................................................... 151IV.3.3) Les rsultats et la discussion. ................................................................... .................................. 152

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    14/219

    SOMMAIRE

    14

    IV.4) Mise en parallle des procds et rappel sur les hypothses prcdentes..................................... 156

    CONCLUSIONS GENERALES......................................................................................... 159

    BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................165

    ANNEXES............................................................................................................................. 177

    Annexe 1 : Situation du problme............................................................................................................... 179

    Annexe 2 : Organigrammes du programme de calcul des sursaturations.................................................... 197

    Annexe 3 : Feuille de calcul des vitesses minimale et maximale de fluidisation........................................ 199

    Annexe 4 : Diffraction des rayons X (DRX)............................................................................................... 201

    Annexe 5 : Dtermination du rapport Ca/P par la mthode de diffraction des rayons X............................ 203

    Annexe 6 : Analyses chimiques. .......................................................................... ....................................... 205Annexe 7 : Calcul des concentrations en phosphore 20C, 35C et 50C................................................ 207

    Annexe 8 : Spectrophotomtrie dabsorption atomique.............................................................................. 209

    Annexe 9 : Complments dinformations sur la mthode de croissance cristalline composition constante(note 4C)................................................................................... ................................................................. 211

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    15/219

    15

    NOMENCLATURE :

    : longueur donde = 1.78892

    : potentiel chimique de la phase liquide

    : sursaturation

    : sursaturation relative (S-1)

    : taux dexpansion du lit

    : taux de conversion (%)

    C : sursaturation absolue (mol/L)

    CL: nergie interfaciale cristal-liquide (J/m)

    CS: nergie interfaciale cristal-solide (J/m)

    SL: nergie interfaciale solide-liquide (J/m)

    G* : enthalpie libre de formation (J/mol)

    l: masse volumique du liquide (kg/m3)

    l: viscosit du liquide (Pa/s)

    : rendement du procd en lit fluidis(%)s: potentiel chimique de la phase liquide lquilibre

    a : activit

    as: activit du solut la saturation

    ACP ou TCPam : phosphate de calcium amorphe

    C : concentration effective de la solution titrante (mol dHAP par litre de solution)

    Cd : coefficient de trane

    DCPD : phosphate dicalcique dihydratedp: diamtre des particules supports (m)

    dv : volume de ractif ajout pendant un temps dt

    g : constante gravitationnelle = 9.81 m/s

    h : hauteur du lit fluidis (m)

    HAP : hydroxyapatite

    IP : produit ionique

    IS : force ionique (mol/L)

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    16/219

    16

    JN: vitesse de nuclation

    k : constante de Boltzmann = 1.38 10-23J/K

    Ka : constante dacidit

    Kso : produit de solubilit ou produit ionique saturation

    MCPA : phosphate monocalcique anhydre

    Na : nombre dAvogadro = 6.022 1023mole-1

    OCP : phosphate octocalcique

    R : constante des gaz parfaits (8.31 J/mol.K)

    Rc : vitesse de cristallisation (mol/(min.m))

    Rep: nombre de Reynolds

    S : rapport de sursaturation

    SSA : surface spcifique des germes introduits (m/g)

    T : temprature (C)

    TCP (ou) : phosphate tricalcique

    TCPa : phosphate tricalcique apatitique

    Trp : tryptophane

    Tyr : tyrosine

    U : vitesse de fluidisation (m/s)

    Umf : vitesse minimale de fluidisation (m/s)

    Ut: vitesse terminale de chute de particules sphriques

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    17/219

    17

    INTRODUCTION GENERALE

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    18/219

    18

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    19/219

    INTRODUCTION

    19

    INTRODUCTION GENERALE.

    Le phosphore est un lment indispensable la vie : il entre dans la composition des

    os, des dents, il est essentiel pour lADN, les nerfs, et pour le fonctionnement des muscles ; il

    est aussi ncessaire la croissance des plantes. Son utilisation dans lagriculture en tant

    quamendement reprsente 80% de la quantit totale consomme par an pour rpondre une

    demande croissante en alimentation de la population.

    La quantit de phosphore utilise chaque anne sous forme d'acide phosphorique

    prpar industriellement partir de minerai est environ de : 15 millions de tonnes.

    Toutefois, lutilisation intensive de phosphore pose deux problmes

    environnementaux : le phosphore est responsable, associ aux nitrates, de leutrophisation des

    lacs et des rivires et ses rserves naturelles terrestres ne sont estimes qu 1 ou 2 sicles.

    Si la ncessit d'viter le rejet incontrl de phosphore dans les effluents est

    maintenant intgre dans la dmarche de la plupart des utilisateurs du phosphore : industriels,industriels spcialiss dans le traitement des eaux, agriculteurs et mme particuliers, la prise

    de conscience de la ncessit de mieux grer les rserves en phosphore est plus rcente et pas

    encore partage par tous.

    Cependant, de plus en plus convaincus qu lavenir cet lment nest pas une

    ressource inpuisable, et aussi sous les pressions socio-environnementales, les industriels du

    phosphore et du traitement de leau dans les pays dits dvelopps se sont fixs lobjectif de

    valoriser le phosphore contenu dans les eaux uses (urbaines, industrielles ou agricoles) dansle cadre d'une politique de dveloppement durable. Ces dernires annes, en Europe ou au

    Japon, plusieurs compagnies ont mis au point ou ont test des systmes de

    rcupration/valorisation du phosphore et continuent les amliorer. Certains pays

    prcurseurs (Pays Bas, Allemagne, Sude) ont fait de la valorisation du phosphore un objectif

    de politique nationale, ce qui a permis la mise en place et le dveloppement de systmes de

    rcupration lchelle industrielle. Cela ne semble malheureusement pas encore tre le cas

    en France.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    20/219

    INTRODUCTION

    20

    Il faut reconnatre que malgr lintrt de la valorisation et malgr les moyens mis en

    uvre, de nombreux verrous restent encore dbloquer avant que le recyclage du phosphore

    soit dvelopp une grande chelle. Ces challenges concernent les aspects technologiques,

    logistiques, conomiques et la rutilisation du phosphore rcupr. Disons clairement que les

    procds actuels ne paraissent pas conomiquement viables.

    Un des axes de recherche les plus dvelopps concerne la prcipitation du phosphore

    contenu dans les effluents sous forme de struvite, un phosphate ammoniaco-magnsien, ou

    d'apatite, un phosphate de calcium. En effet ces deux composs sont peu solubles et

    directement rutilisables : les phosphates de calcium rcuprs sont retraits selon les mmes

    voies que les minerais de phosphate et la struvite peut tre employe directement sous formedamendement pour lagriculture.

    Un des appareillages le plus utilis est fabriqu par lentreprise DHV Crystallactor ; le

    phosphore est rcupr sous forme de phosphate de calcium autour de particules supports

    (souvent de sable) dans un lit fluidis solide/liquide. De nombreux travaux ont t raliss en

    utilisant ce procd (Seckler, 1994 ; Montastruc, 2003 ; ).Mais lobligation de retraiter les

    particules pour sparer la couche enrobe de phosphate de calcium du support de sable enlve

    une grande part de l'intrt de ce procd.

    Notre quipe au sein du CIRIMAT est spcialise depuis de nombreuses annes dans

    la cristallochimie des phosphates de calcium. Nous nous sommes proposs de reprendre les

    tudes de rcupration du phosphore sous forme de phosphate de calcium (apatite) en

    choisissant deux types de procds : lun lchelle semi-industrielle, le procd en lit

    fluidis et lautre lchelle du laboratoire, le procd en cuve agite.

    Le procd en lit fluidis utilis est identique celui utilis par Montastruc (2003) ;

    cependant nous avons remplac les particules de sable par des particules dhydroxyapatite

    (HAP). Ainsi, le phosphate de calcium prcipit se dposera sur un matriau de mme

    composition, ce qui permettra dviter ltape de sparation du solide dpos et de sa particule

    support. Le procd en cuve agite a t mis au point lchelle du laboratoire pour appuyer

    les interprtations des rsultats obtenus avec le procd en lit fluidis en fonction du pH de

    prcipitation, de la temprature, du rapport atomique Ca/P de mlange et de la prsence ou

    non de particules supports lintrieur du racteur.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    21/219

    INTRODUCTION

    21

    Pour une premire tude thorique, l'effluent est compos deau et de phosphore, mais

    par la suite, dautres lments (composs organiques, magnsium) ont t ajouts pour se

    rapprocher de la composition dun vritable effluent. Ce travail propose en fait plusieurs

    objectifs : liminer le phosphore d'un effluent, le rcuprer sous une forme facilement

    valorisable, dterminer les conditions optimales de rcupration, comprendre les procds mis

    en jeu et confirmer l'intrt ou non du lit fluidis pour un tel traitement. On peut ainsi esprer,

    en proposant des solutions de mieux en mieux optimises, commencer convaincre les

    industriels.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    22/219

    22

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    23/219

    23

    CHAPITRE I : SITUATION DU

    PROBLEME ET GENERALITES

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    24/219

    24

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    25/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    25

    Ce chapitre est un chapitre gnral de prsentation qui doit permettre de saisir lintrt

    de ce travail. Il est divis en quatre parties. La premire partie expose et dcrit la situation du

    problme ainsi que les travaux dj connus. Cette partie a t courte pour ne garder que

    lessentiel ; une annexe qui la complte est disponible (Annexe 1). La deuxime partie estconsacre la prsentation dtaille de la famille des phosphates de calcium que nous

    rencontrerons au cours de cette tude. La troisime partie est consacre la thorie de la

    croissance cristalline. La dernire partie prsentera la dmarche et la mthodologie que nous

    avons suivies au cours de ce travail.

    I.1) La situation du problme.

    Lextraction annuelle de minerais phosphors reprsente environ 200 millions detonnes de minerai brut soit 140 millions de tonnes de minerai concentr, ou encore 40

    millions de tonnes de P2O5(CEEP Phosphate1, 1998). La production se rpartit actuellement

    vers diffrents secteurs : les engrais, 80%, les dtergents, 12%, les aliments pour animaux,

    5%, et les applications spciales, 3%. Il est vident que le dveloppement de la production

    mondiale de phosphore reste essentiellement li au dveloppement de lagriculture, qui est lui

    mme, impos par laccroissement de la population et ses demandes en nourriture.

    L'autre utilisation importante du phosphore concerne l'industrie des dtergents. Eneffet, les phosphates diminuent la duret de leau, permettent aux tensioactifs de mieux

    nettoyer et contribuent ainsi rduire la concentration en tensioatif ; ils prviennent la

    redposition de particules, maintiennent le pH, facilitent la dissolution du dtergent. Le

    phosphore des lessives a t partiellement remplac en Europe par dautres composs. Ceux-

    ci, non recyclables, prsentent cependant divers inconvnients pour lenvironnement.

    Les applications spciales concernent lutilisation de composs phosphocalciques dans

    le domaine de la sant, lutilisation dans le domaine militaire, lutilisation dans les

    extincteurs, la fabrication de verres spciaux, lindustrie pharmaceutique (phosphore

    organique)...

    Le phosphore prsent dans les eaux (rivires, lacs et ocans) est apport soit par des

    sources ponctuelles soit par des sources diffuses (Durrant A. E., 1999). Les sources diffuses

    sont les plus difficiles caractriser et donc contrler. Elles reprsentent la proportion

    majeure des rejets de phosphore. Certaines pertes de phosphore (rosion, lessivage) des

    champs peuvent causer leutrophisation dans des eaux sensibles ce phnomne et

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    26/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    26

    lagriculture peut tre considre comme la principale source. On estime 10% la quantit

    totale de phosphore assimile par les plantes, le reste est soit pig dans le sol, soit se retrouve

    dans les cours deaux par le phnomne drosion du sol par un enchanement : source =>

    mobilisation => transport (Haygarth, 1998, 1999, 2000 ; Turner, 2001).

    Les sdiments des fonds des lacs sont des rservoirs phosphore et reprsentent eux

    aussi une source diffuse. Par leur seule prsence, ils peuvent crer un cycle qui sauto

    entretient danne en anne mme si les apports exognes en phosphore sont supprims.

    Il existe des difficults et aussi des incertitudes sur lestimation de la provenance des

    sources diffuses.

    Les sources ponctuelles sont plus faciles identifier et contrler. Leau use

    constitue la source ponctuelle majoritaire de rejet de phosphore dans les cours deau. Lessources ponctuelles agricoles peuvent provenir de stocks intensifs de lisier ou de fumier en un

    endroit bien localis. Les sources ponctuelles des industries reprsentent aussi une part

    importante en incluant lindustrie alimentaire et de la boisson, lindustrie de production des

    engrais et de nettoyage de matriels. Tout ceci peut tre rpandu directement dans les rivires

    ou retrait dans des stations. Tous les traitements effectus sur les sources ponctuelles ont t

    imposs et contrls par la mise en application dune Directive Europenne (91/271/EEC)

    concernant les quantits maximales de phosphore rejeter dans les cours deaux (celle ci estcite dans le paragraphe suivant).

    I.1.1) Leutrophisation.

    I.1.1.1) La dfinition, les valeurs aux bornes.

    Leutrophisation dun milieu aquatique dsigne son caractre eutrophe (du grec

    eu bien, vrai et trophein nourri ) cest dire riche en lment nutritif, initialement sanscaractre ngatif, mais souvent employ pour dsigner le dsquilibre qui rsulte dun apport

    excessif de nutriments : azote, carbone, et phosphore notamment.

    Leutrophisation a t dfinie en 1989 (Durrant, 1999) comme un enrichissement de

    leau en nutriments qui a pour consquence laccroissement de la production dalgues et de

    macrophytes, une dtrioration de la qualit de leau et dautres symptmes de changement

    tout autant indsirables (mauvaises odeurs, eau trouble ) et qui interfrent dans lutilisation

    de leau.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    27/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    27

    Un apport excdentaire et massif de nutriments tel le phosphore acclre le processus

    deutrophisation. On parle alors deutrophisation acclre ou distrophisation.

    Le passage de lun lautre caractrise leutrophisation lchelle gologique, ou la

    distrophisation lchelle humaine. Le phnomne deutrophisation commence dans une eaulorsque la concentration en phosphore est suprieure 0.1mg/L. La concentration naturelle en

    phosphore dpasse rarement 0.01mg/L (Durrant, 1999).

    I.1.1.2) Le concept dlment limitant.

    Le facteur limitant (inspir du livre leutrophisation des lacs et des plans deaux )

    est un concept introduit en 1840 dj par Leibig. Celui-ci saperut que le dveloppement des

    plantes dpendait de nutriments essentiels. Le rendement est limit par le nutrimentindispensable le plus rare, cest le facteur limitant. Ainsi, cest en agissant principalement sur

    le ou les facteurs limitants que lon peut parvenir lutter contre leutrophisation.

    La production dalgues consomme du carbone, de lazote et du phosphore dans les

    proportions atomiques 106/16/1 de C/N/P (Carbone/Azote/Phosphore), ce qui correspond

    des rapports de masses de 40/7/1 (Durrant, 1999). Lazote ou le carbone ne peuvent pas tre

    un facteur limitant, en effet certaines algues peuvent fixer lazote de lair et le carbone est

    prsent dans tous les organismes. Donc le phosphore est le seul lment qui ne prsente pasde difficult apparente dlimination.

    I.1.1.3) Les luttes contre leutrophisation, les actions prventives (lutte

    en amont et lutte en aval).

    Pour viter le phnomne deutrophisation, les mthodes dlimination du phosphore

    peuvent tre classes en deux groupes : celles qui agissent dans les sites aquatiques (la lutte en

    aval), et celles qui agissent hors des sites aquatiques, en prvention (la lutte en amont). Cest

    ce deuxime groupe qui nous intresse le plus.

    Les actions prventives mises en place dans la lutte en amont des cours deaux

    consistent soit en une prvention locale par lassainissement pri-lacustre (les effluents sont

    rcuprs puis vacus en aval du lac), soit en une dphosphatation des effluents urbains et

    industriels sur tout le bassin versant (mthode choisie dans le travail prsent), soit en une

    lutte contre les apports agricoles dans les btiments dlevage, et dans les champs (lutte contre

    lrosion des terres), soit en une limitation des utilisations de phosphore, en particulier dans

    les lessives.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    28/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    28

    I.1.1.4) La lgislation, mise en place dune Directive Europenne.

    Cette lgislation a t introduite dans le but de limiter le phnomne deutrophisation,

    de plus en plus important dans les annes 80, dans les cours deaux en Europe. Au niveau

    international, certains pays possdent des lgislations diffrentes (Etats Unis, Japon, Russie)

    ou mme parfois nen possdent pas du tout. La Directive Europenne du 21 mai 1991,

    271/91/EEC, impose, dans les zones dfinies comme sensibles par chaque Etat (P>50g/L et

    chlorophylle>30g/L) (CEC, 1991, 1998), quaprs puration, les eaux rejetes doivent

    contenir des concentrations de phosphore total (moyenne annuelle) infrieures :

    2mg/L pour les agglomrations de 10.000 100.000 Equivalent Habitant (E.

    H.)

    1mg/L pour les agglomrations de plus de 100.000 E. H.

    Les agglomrations situes dans les bassins versants pertinents des zones sensibles

    et qui contribuent leur pollution, devront galement mettre en place des traitements plus

    complets. Linconvnient de cette directive est quelle nest impose que pour les villes de

    plus de 10.000 E. H. et que la plupart de ces villes taient dj quipes. Les petites

    agglomrations ne sont pas obliges davoir de telles installations, la plupart dentre elles

    nont pas les moyens financiers pour leur mise en place.

    I.1.2) Llimination du phosphore des effluents.

    Les techniques dlimination du phosphore sont classes en deux catgories :

    Celles qui font intervenir un procd biologique qui met en uvre des

    microorganismes assurant llimination du phosphore.

    Celles qui font intervenir un procd chimique qui met en uvre la

    prcipitation dun sel de phosphore trs insoluble.

    Les techniques dlimination du phosphore sont fonction du volume deau traiter et

    non de la concentration de phosphore dans leffluent.

    I.1.2.1) Le procd par traitement biologique.

    Le principe de la dphosphatation biologique consiste en une suraccumulation de

    phosphore dans la biomasse. Si des teneurs de 2 3% en phosphore dans les boues sont

    obtenues sous des conditions normales et correspondent aux besoins des bactries, le

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    29/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    29

    mcanisme de suraccumulation ncessite de placer la biomasse alternativement en phase

    anarobie et arobie (Durrant, 1999). En phase anarobie, les bactries relarguent des

    polyphosphates dans la solution, mais ds quelles sont replaces en phases arobies, elles

    reconstituent leurs stocks en polyphosphates, cette rabsorption est plus importante que ce qui

    avait t relargu en anarobiose. Ainsi par succession de phases anarobie-arobie, une

    accumulation progressive du phosphore dans ces micro organismes jusqu des valeurs

    pouvant atteindre 10% de leur poids sec peut tre obtenue. Tout ce processus conduit

    assurer une limination du phosphore de lordre de 50 65% dans les eaux traiter. Cette

    limite impose denvisager des solutions complmentaires o la part de phosphore restante sera

    prcipite par lajout dun ractif.

    Un des principaux avantages du procd par traitement biologique est quaucune

    demande en ractif nest ncessaire, et que les boues produites sont proches de celles obtenues

    avec un traitement conventionnel, tout ceci avec un cot de fonctionnement faible. En

    revanche, cette mthode exige de mettre en place un bassin danarobiose, une gestion

    rigoureuse des boues afin dviter tout relargage intempestif de phosphore et ne permet pas

    une limination pousse du phosphore. Le rendement dlimination du phosphore est trs

    largement li la composition des eaux uses : une forte concentration en DCO facilement

    assimilable tant favorable la dphosphatation biologique. Lorsque les eaux brutes sont

    dilues, soit par des eaux parasites soit par temps de pluie, le rendement de dphophatation

    peut descendre 3050%.

    La quantit de phosphore rcupre actuellement est non ngligeable, par exemple en

    Allemagne, elle se rpartit comme suit (Hahn, 2004) :

    traitement des eaux urbaines : 11 350 tonnes P/an

    rejets industriels : 1 250 tonnes P/an

    temptes, surplus des eaux dgouts : 2 570 tonnes P /an

    rosion, eaux de drainage, eaux souterraines, sources diffuses : 22 070 t P /an

    I.1.2.2) Le procd par traitement chimique.

    Le procd par traitement chimique consiste ajouter un ractif dans la solution

    phosphore pour faire prcipiter un sel de phosphore trs insoluble qui est ensuite spar de la

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    30/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    30

    phase liquide par filtration ou dcantation. Les principaux ractifs utiliss en France sont des

    sels mtalliques, plus prcisment, des sels dions trivalents tels que le fer et laluminium.

    Lors de lajout dions mtalliques, il peut se former dautres composs si les ions

    mtalliques sassocient avec dautres liants (Durrant, 1999). Le dosage des ractifs dpenddonc normment des caractristiques de leffluent traiter (pH, concentration en phosphore,

    duret de leau), de la dose injecter, de la frquence dajout, etc.

    Le fer se trouve en solution sous forme di ou trivalente selon le pH. La raction mise

    en jeu a besoin de beaucoup doxygne, les ions ferreux et ferriques assurent une bonne

    efficacit dlimination diffrents pH (ferriques plutt pH acide, et ferreux plutt pH

    alcalin). Dans tous les cas une bonne efficacit dlimination est obtenue pH 7 (qui est le pH

    des eaux uses). Les ions Fe sont ajouts en excs en solution cause des ractions decomptition en fonction de la composition de leau.

    Laluminium est ajout dans la solution la plupart du temps sous forme de sulfate

    daluminium. Dans les conditions de stchiomtrie, lion aluminium (Al3+) ragit avec un ion

    phosphate (PO43-). En ralit, le dosage appliquer est un dosage en excs de Al pour les

    mmes raisons que le fer. Le pH de leffluent traiter est dune importance particulire pour

    la prcipitation de laluminium. Lefficacit maximale du sulfate daluminium se situe aux

    alentours de pH 5,5-6,5. Cependant, pour une limination plus efficace, le pH de la solutiondoit tre lgrement suprieur pour anticiper une baisse de pH cause par un excs de sel

    daluminium. Le sel Na2OAl2O3est parfois utilis avec des effluents acides : sa raction avec

    le phosphore libre des OH-qui tamponnent le milieu.

    Le rendement de dphosphatation grce aux sels de fer ou daluminium est dautant

    plus lev (entre75 et 95%) que les eaux uses sont charges en phosphore.

    Les atouts majeurs de la dphosphatation physico-chimique sont un rendement

    dlimination du phosphore lev et une mise en uvre aise (CEEP Phosphate2, 1998).Cependant, elle se caractrise par un cot de fonctionnement non ngligeable (les ractifs

    employs sont introduits en excs) et une production de boues importante qui doivent ensuite

    tre stockes dans des centres denfouissement (CET) Classe I.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    31/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    31

    Les avantages et inconvnients de cette mthode et de celle par voie biologique sont

    compars dans le Tableau I.1suivant.

    Tableau I.1: Comparatif des avantages et des inconvnients entre les mthodes dlimination

    du phosphore par voie biologique et par voie chimique.

    I.1.2.3) Lutilisation du phosphore et ltat actuel des ressources

    naturelles.

    Le phosphore est lun des 19 lments strictement indispensables aux organismes

    vivants quelles que soient la place quils occupent dans larbre de lvolution. Aucun

    organisme vivant, et voulant le rester, nchappe lutilisation de phosphore (Ehlert,

    2003).

    Elment cl de toute vie, le phosphore intervient dans la majorit des grands cycles

    biogochimiques. Cest pourquoi cest dans le domaine du vivant, et non dans celui de

    lindustrie, que se produisent les grands flux plantaires de phosphore originaire des sols. Il en

    est de mme pour le phosphore extrait des mines, puisque cest son utilisation en agriculture

    comme engrais qui reprsente son dbouch majeur en terme de tonnage (80% de la quantit

    totale extraite). Le volume de ce dbouch devrait dailleurs crotre. A lchelle temporelle

    humaine, le phosphore nest pas une ressource renouvelable ; il convient donc den assurer

    une gestion parcimonieuse pour autoriser un dveloppement plantaire durable. La collecte debiens alimentaires doit sinscrire dans un contexte de durabilit (CEEP Phosphate1, 1998),

    Voie biologique Voie physico-chimique

    Elimination du Phosphore Rendement instable : 50-70% Potentiellement trs pouss

    Equipement ncessaire Bassin danarobiose quipSystme dinjection et de

    stockage des ractifs

    Cot de fonctionnement Faible Plus lev

    Production supplmentaire de

    boues Ngligeable 20% environ

    Qualit de la boue Inchange Meilleure dcantabilit

    Impact sur le traitement des

    boues

    Epaississement par voie

    mcanique obligatoireAucun

    Impact de la composition de

    leau sur le rendementFort Faible

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    32/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    32

    non seulement en terme de production mais surtout en terme de dveloppement. La notion de

    dveloppement durable, introduite par Mme G. H. Brunland en 1987, propose un objectif de

    dveloppement qui rpond aux besoins conomiques de lensemble des habitants de la

    plante, de faon aussi galitaire que possible, sans pour autant compromettre les chances des

    gnrations futures, notamment sur le plan de la sant et de lenvironnement.

    La problmatique et les enjeux concernant le phosphore sont simples :

    rduire les sorties de phosphore agricole vers les eaux de surfaces pour lutter

    contre leutrophisation des eaux afin de raisonner les apports de faon

    optimum pour minimiser les cots de production et pour maintenir la fertilit

    lestimation de la dure dexploitation des rserves en phosphore est variable,

    aujourdhui 40 millions de tonnes de P2O5sont extraites par an, les rserves ne

    seraient estimes qu un peu plus dun sicle (CEEP Phosphate2, 1998).

    La qualit de la roche extraite va diminuer et le cot dextraction augmenter pour 3

    raisons :

    les ressources en phosphore sont limites et diminuent en qualit et en

    accessibilit

    laugmentation de la population mondiale, particulirement aux endroits o le

    sol est pauvre, qui aura besoin daugmenter ses rendements lhectare et donc

    sa consommation de phosphore sous forme dengrais

    la pression pour liminer les mtaux lourds de tous les produits base de

    phosphore (mme les engrais) driv de roches extraites dans les mines va

    entraner une augmentation du prix dextraction.

    Lestimation long terme de la consommation de phosphore est trs difficile tablir ;

    elle dpend de facteurs tels que le dveloppement du march conomique et de la politiquemene. La dure dexploitation des rserves est estime quant elle entre 60 et 130 ans pour

    la plupart des ressources, mais 100 ans de plus peuvent tre ajouts avec des prvisions de

    consommation raisonnable. Il devient donc ncessaire de valoriser le phosphore contenu dans

    les effluents, titre dexemple les nutriments apports par les rivires dans la mer du Nord ont

    augment de 202 000 tonnes dazote et 15 000 tonnes de phosphore en 1950 918 000 tonnes

    dazote et 100 000 tonnes de phosphore en 1980 (Wolfstein, 2000). Pour conomiser les

    ressources naturelles, il faudra dans un futur proche agir la fois sur la consommation dephosphore et sur la valorisation du phosphore perdu dans les sols, au fond des ocans, ou dans

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    33/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    33

    les dcharges. Ainsi, le phosphore des effluents reprsente une quantit non ngligeable. La

    valorisation du phosphore peut se faire sous diffrentes formes, notamment sous forme dun

    prcipit de phosphate de calcium. Le prochain paragraphe va tre consacr ltude de

    quelques phosphates de calcium qui nous intressent et que nous allons rencontrer tout au

    long de notre travail.

    I.2) Les phosphates de calcium.

    Cette deuxime partie prsente de manire rapide les principaux phosphates de

    calcium qui seront rencontrs au cours de ce travail ainsi que leur caractrisation. Nous

    aborderons aussi les conditions de formation de ces composs.

    Les sels de calcium de l'acide orthophosphorique (H3PO4) constituent une grande

    famille de composs solides: les orthophosphates de calcium. La majorit des

    orthophosphates de calcium, rpertoris dans le tableau I-1, proviennent de la neutralisation

    de la premire (sels monobasiques : MCPA et MCPM), de la deuxime (sels dibasiques :

    DCPA et DCPD) et / ou de la troisime acidit de H3PO4 (sels tribasiques : OCP, TCP,

    HAP). Les ractions acido-basiques suivantes reprsentent les neutralisations successives des

    diffrentes acidits de l'acide orthophosphorique (Heughebaert, 1990) 37C par exemple :

    H3PO4+ H2O H2PO4-+ H3O

    + Ka1= 5,863 10-3 37C

    H2PO4-+ H2O HPO4

    2-+ H3O+ Ka2= 6,849 10

    -8 37C

    HPO42-+ H2O PO4

    3-+ H3O+ Ka3= 6,622 10

    -13 37C

    Les orthophosphates de calciumprsentent de nombreuses compositions chimiques

    mais galement des structures cristallines trs varies. Le Tableau I.2regroupe les diffrents

    orthophosphates de calcium que comprend le systme Ca(OH)2-H3PO4, avec leur rapport

    atomique Ca/P. Ces composs correspondent soit des phases cristallines particulires

    identifies par diffraction des rayons X et par spectroscopie infrarouge soit des amorphes.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    34/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    34

    Tableau I.2: Les diffrents orthophosphates de calcium.

    Orthophosphatesde calcium

    Formule chimiqueNom

    abrgCa/P

    Phosphate monocalcique anhydrePhosphate monocalcique monohydrat

    Ca(H2PO4)2Ca(H2PO4)2, H2O

    MCPAMPCM

    0,500,50

    Phosphate dicalcique anhydre

    (montite)

    Phosphate dicalcique dihydrat

    (brushite)

    Pyrophosphate de calcium , ou

    CaHPO4

    CaHPO4, 2H2O

    Ca2P2O7

    DCPA

    DCPD

    1,00

    1,00

    1,00Phosphate octocalcique triclinique

    Phosphate octocalcique apatitique

    Phosphate octocalcique amorphe

    Ca8(PO4)4(HPO4)2, 5H2O

    Ca8(HPO4)2,5(PO4)3,5(OH)0,5

    Ca8(PO4)4(HPO4)2, nH2O

    OCPt

    OCPa

    OCPam

    1,33

    1,33

    1,33

    Phosphate tricalcique ou

    Phosphate tricalcique apatitique

    Phosphate tricalcique amorphe

    Ca3(PO4)2

    Ca9(PO4)5(HPO4)(OH)

    Ca9(PO4)6, nH2O

    TCP(,)

    TCPa

    ACP

    1,50

    1,50

    1,50

    Hydroxyapatite phosphocalcique Ca10(PO4)6(OH)2 HAP 1,67

    Phosphate ttracalcique Ca4(PO4)2O TTCP 2,00

    Il est intressant de noter que la composition de l'hydroxyapatite phosphocalcique peut

    varier dans un domaine dont le rapport Ca/P varie entre 1,33 et 1,67. Ces composs sont

    appels apatites dficientes. En fait, seule l'HAP de rapport 1,67 est stchiomtrique.

    I.2.1) Lhydroxyapatite phosphocalcique (HAP).

    L'hydroxyapatite phosphocalcique de formule Ca10(PO4)6(OH)2appartient la famille

    cristallographique des composs isomorphes possdant tous la structure apatitique

    (hexagonale).

    L'hydroxyapatite phosphocalcique est l'ultime orthophosphate de calcium dans le

    systme Ca(OH)2-H3PO4-H2O.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    35/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    35

    LHAP cristallise dans le systme hexagonal (groupe spatial = P63/m) avec les

    paramtres cristallographiques suivants (Kay, 1964) (JCPDS n9-432) :

    a = 9,418 , c = 6,881 , = 120.

    La maille cristalline contient un motif Ca10(PO4)6(OH)2. Sa structure peut tre dcrite

    (Young, 1973) en considrant un empilement hexagonal de groupements PO43- qui laisse

    apparatre deux types de tunnels, parallles l'axe c (Figure I.1). Le premier concide avec

    laxe ternaire de la structure. Ces tunnels sont occups par des ions calcium nots Ca(I). Le

    second type de tunnel, dont laxe concide avec laxe snaire hlicodal du rseau, est bord

    par des atomes doxygne et les autres ions calcium, nots Ca(II), et est occup par les ions

    OH-. La taille de ce type de tunnel (3 pour lHAP) confre aux apatites des proprits

    dchangeur dions et daccepteur de petites molcules (O2, H2O, glycine) (Montrejaud,1973 ; Rey, 1984, 1978).

    OH

    Ca

    P

    O

    Figure I.1: Projection sur le plan de base (001) de la maille de lHAP selon Young (Young,1973).

    Le spectre Infrarouge de lHAP est report sur la Figure I.2. Les positions des bandes

    et les intensits sont indiques dans le Tableau I.3(Fowler, 1974).

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    36/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    36

    Figure I.2: Spectre infrarouge (IR) de lHAP.

    Tableau I.3: Positions et intensits des bandes IR de lHAP.

    Nombre d'ondes (cm-1

    ) Intensit Attribution

    3562 moyenne ( s) OH-

    1081 forte ( 3) PO43-

    1030 trs forte ( 3) PO43-

    954 forte ( 1) PO43-

    631 moyenne OH-

    601 forte ( 4) PO43-

    570 forte ( 4) PO43-

    474 moyenne ( 2) PO43-

    Le diagramme de diffraction des rayons X de lHAP est report sur la Figure I-3. Les

    distances interrticulaires et intensits des principales raies de diffraction sont indiques dans

    le Tableau I.4.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    37/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    37

    Figure I.3: Diagramme de diffraction des rayons X de lHAP.

    Tableau I.4 : Distances interrticulaires et intensits des principales raies de diffraction delHAP.

    D thorique () I/Io h k l

    3,44 40 0 0 2

    2,81 100 2 1 1

    2,78 60 1 1 2

    2,72 60 3 0 0

    2,63 25 2 0 2

    2,26 20 3 1 0

    1,94 30 2 2 2

    1,84 40 2 1 3

    Il existe un grand nombre de mthodes de prparation de l'hydroxyapatite

    phosphocalcique (Elliot, 1984 ; Young, 1982). Les mthodes les plus utilises au laboratoire

    consistent en une prcipitation obtenue par :

    neutralisation de la chaux (Walleys, 1952 ; Trombe, 1972 ; Osaka, 1991)

    double dcomposition d'un sel de calcium et d'un sel de phosphore (Hayek,

    1963 ; Trombe, 1972 ; Arends, 1987 ; Bernard, 1999).

    (002)

    (211)

    (112)

    (300)

    (202) (310)(222) (213)

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    38/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    38

    L'hydroxyapatite phosphocalcique prsente le produit de solubilit le plus faible du

    systme Ca(OH)2-H3PO4: Ks = 2.2 10-117(mol.L-1)9 25 C et Ks = 5.5 10-118(mol.L-1)9

    37 C (Mc Dowell, 1977) (valeurs donnes pour Ca10(PO4)6(OH)2). De ce fait, la plupart des

    phosphates de calcium de rapport Ca/P infrieur 1,67 voluent en solution dans desconditions de temprature et de pH bien dfinies vers l'HAP (Kanazawa, 1989 ; Legeros,

    1991).

    Par ailleurs, lHAP possde des proprits remarquables dadsorption de molcules

    organiques (alcools, acides amins, protines) [Elliot, 1994]. De ce fait, elle est utilise en

    chromatographie pour sparer des composs biologiques et en catalyse htrogne solide-gaz

    (dshydratation dalcools, substitutions) [Bett, 1993 ; Kawasaki, 1986].

    LHAP prsente une structure trs stable. Sa dcomposition thermique nintervientqu des tempratures leves (1300C) et en labsence de vapeur deau. Du fait de cette trs

    grande stabilit thermique, des cramiques base dHAP peuvent tre labores. Elle prsente

    en outre dexcellentes proprits de biocompatibilit et de bioactivit : elle est

    ostoconductrice cest dire quelle facilite la migration et lattachement des ostoblastes

    (cellules qui fabriquent los). De ce fait, lHAP trouve de nombreuses applications dans le

    domaine biomdical (substituts osseux, recouvrement de prothses).

    Il existe aussi des apatites appeles non stchiomtriques. Ces apatites possdent des

    lacunes dans les tunnels cationiques ou anioniques (calcium ou hydroxyde, jamais de

    phosphate). Selon le nombre de lacunes, le rapport atomique Ca/P dune apatite peut varier

    entre 1.50 et 1.67, 1.67 est le rapport de la structure apatitique la plus complte. Certains

    auteurs ont russi synthtiser en milieu hydroalcoolique des apatites de rapport atomique

    Ca/P gal 1.33 (Zahidi, 1985).

    I.2.2) Le comportement des apatites haute temprature.

    Les phosphates de calcium apatitiques se comportent diffremment haute

    temprature selon leur composition chimique de dpart.

    Ainsi, lors de la calcination 900C pendant 12h dun solide de rapport atomique

    Ca/P :

    suprieur 1.67, on obtient la formation dune hydroxyapatite de rapport Ca/P

    gal 1.67 et la formation de chaux (CaO)

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    39/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    39

    gal 1.67, on obtient la formation d'une hydroxyapatite de rapport Ca/P

    =1,67. Cela revient dire que l'hydroxyapatite stchiomtrique n'est pas

    modifie lors de la calcination. Simplement, on observe une perte en ion

    hydroxyle, rversible d'ailleurs

    compris entre 1.50 et 1.67, lapatite non stchiomtrique se dcompose en

    phosphate tricalcique de rapport Ca/P =1,50 et en hydroxyapatite

    stchiomtrique de rapport Ca/P =1,67

    infrieur 1.50, le solide se dcompose en pyrophosphate de calcium de

    rapport Ca/P =1 et phosphate tricalcique de rapport Ca/P gal 1,5

    Les tudes par diffraction des rayons X et par spectromtrie infrarouge qui mettent en

    vidence le tricalcique et le pyrophosphate de calcium avec une bonne sensibilit sont deux

    mthodes danalyses rapides qui permettent de dterminer le rapport atomique Ca/P du

    compos aprs un traitement haute temprature.

    I.2.3) Les phosphates tricalciques (TCP).

    Le TCP prsentant un rapport Ca/P de 1,50, est galement observ sous diffrentes

    formes cristallines : amorphe, apatitique, ou .

    I.2.3.1) Le phosphate tricalcique amorphe (TCPam ou ACP).

    Le TCPam ou ACP prsentant la formule, Ca9(PO4)6, nH2O est une phase de transition

    lors de la prcipitation dapatites dficientes. Il peut tre obtenu par diffrentes voies :

    En milieu aqueux, par hydrolyse de la brushite (DCPD) (Montel, 1953) ou par

    double dcomposition (Walleys, 1952 ; Heughebaert, 1977)

    En milieu hydroalcoolique par double dcomposition (Zahidi, 1984).Le TCPam ou ACP est obtenu en lyophilisant le solide rcupr juste aprs la

    filtration, ou en lavant le solide lalcool. Dans les deux cas, lopration consiste figer la

    phase amorphe en liminant toute trace deau rsiduelle susceptible de faire voluer le

    compos amorphe vers un compos mieux cristallis.

    Le TCPam se caractrise par diffraction des rayons X par un large halo correspondant

    un produit amorphe.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    40/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    40

    I.2.3.2) Le phosphate tricalcique apatitique (TCPa).

    Le TCPa est la forme cristallise basse temprature du TCPam. Il prsente une

    formule diffrente puisque lors de la cristallisation il se produit une hydrolyse interne dun

    groupement PO43- (Heughebaert, 1982). Il se forme alors le compos de formule

    Ca9(HPO4)(PO4)5(OH).

    Il peut tre obtenu grce aux mmes mthodes que prcdemment (TCPam)

    (Heughebaert, 1977 ; Zahidi, 1984) puis le gel est sch ltuve 80C, au lieu dtre

    lyophilis.

    Le TCPa se caractrise par un spectre infrarouge correspondant une apatite

    dficiente (Figure I.4). En effet, les bandes de vibrations des groupements PO43-se trouvant

    dans un environnement apatitique sont prsentes. Une bande supplmentaire est observe

    875cm-1, elle est caractristique des groupements HPO42- prsents dans les apatites

    dficientes. Son diagramme de diffraction des rayons X est caractristique dune apatite mal

    cristallise (Figure I.5).

    Figure I.4: Spectre infrarouge du TCPa.

    cm-1

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    41/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    41

    Figure I.5: Diagramme de DRX du TCPa.

    I.2.3.3) Le phosphate tricalcique (TCP).

    Le TCP est un phosphate tricalcique anhydre. Il est obtenu par calcination du TCPa

    ou de lACP (Macarovici, 1966 ; Heughebaert, 1977).

    Le TCP est gnralement employ lors de la ralisation de cramiques qui

    constituent lheure actuelle un substitut osseux de choix.

    Il est obtenu par chauffage 900C :

    Ca9(HPO4)(PO4)5(OH) 3 Ca3(PO4)2+ H2O

    Une calcination 1125C conduit la formation de la phase TCP.

    Il prsente une structure rhombodrique (groupe spatial R3c) (Dickens, 1974) et les

    paramtres cristallins suivants (JCPDS n9-169) :

    a = 10,429 c = 37,380

    Son spectre infrarouge est report sur la Figure I.6. Dans le Tableau I.5 sont

    indiques les positions des bandes ainsi que leur intensit.

    900C

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    42/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    42

    Tableau I.5: Positions et intensits des bandes IR du TCP.

    Nombre d'ondes (cm-1

    ) Intensit

    3420 faible H2O

    1112 forte PO43-

    1070 paulement PO43-

    1055 trs forte PO43-

    1036 trs forte PO43-

    1000 trs forte PO43-

    956 trs forte PO43-

    930 forte PO43-

    604 forte PO43-

    590 paulement PO43-

    544 forte PO43-

    503 paulement PO43-

    Figure I.6: Spectre Infrarouge du TCP.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    43/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    43

    Le diagramme de diffraction des rayons X est report sur la Figure I.7. Les distances

    interrticulaires et les intensits des principales raies de diffraction sont indiques dans le

    Tableau I.6.

    Figure I.7: Diagramme de diffraction des rayons X du TCP.

    Tableau I.6 : Distances interrticulaires et intensits des principales raies de diffraction du

    TCP.

    D thorique () I/Io h k l

    5,21 20 1 1 0

    4,06 16 0 2 4

    3,45 25 1 0 10

    3,21 55 2 1 4

    3,01 16 3 0 0

    2,88 100 0 2 10

    2,76 20 1 2 8

    2,61 65 2 2 0

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    44/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    44

    I.2.4) Les pyrophosphates de calcium.

    Les pyrophosphates de calcium , ou proviennent de la condensation

    dorthophosphates, en particulier de la montite (CaHPO4).

    Ils sont obtenus par chauffage de la montite :

    CaHPO4 -Ca2P2O7 -Ca2P2O7 -Ca2P2O7

    Ne rencontrant que la forme cristalline durant notre tude, nous ne reporterons ici

    que son spectre infrarouge (Figure I.8) et son diagramme de diffraction des rayons X (Figure

    I.9).

    Le pyrophosphate cristallise dans le systme quadratique (groupe spatial : P41)

    (Webb, 1966). Les paramtres cristallins sont les suivants :

    a = b = 6,684 ; c = 24,144

    Les distances interrticulaires et les intensits des raies de diffraction du

    pyrophosphate sont reportes dans le Tableau I.7(JCPDS n33-297).

    Figure I.8: Spectre infrarouge de -Ca2P2O7.

    320-340C 700C 1200C

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    45/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    45

    Figure I.9: Diagramme de DRX de -Ca2P2O7.

    Tableau I.7: Distances interrticulaires et intensits des principales raies de diffraction du -

    Ca2P2O7et du -Ca2P2O7.

    -Ca2P2O7

    D th () I/Io h k l

    3,34 35 2 0 0

    3,31 35 2 0 1

    3,22 50 2 0 2

    3,09 45 2 0 3

    3,02 100 0 0 8

    2,966 30 2 1 1

    2,903 30 2 1 2

    2,749 45 2 0 5

    Les phosphates de calcium sont souvent prpars par prcipitation. Nous allons, dans

    le paragraphe suivant, prsenter quelques gnralits concernant la cristallisation en solution.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    46/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    46

    I.3) La cristallisation en solution.

    Le processus de cristallisation ncessite trois tapes : (a) lobtention dune solution

    sursature, (b) la formation de germes stables, et (c) la croissance de ces germes qui donnent

    naissance des cristaux.

    Dans cette partie nous allons rapidement dvelopper les diffrentes notions que nous

    utiliserons au cours des chapitres suivants.

    I.3.1) La sursaturation.

    Dans le diagramme de solubilit dun compos, reprsent par la variation de la

    concentration du solut en fonction de la temprature ( pH constant) ou en fonction du pH (temprature constante), trois zones peuvent tre dfinies (Figure I.10).

    Une zone stable de sous-saturation o les concentrations sont infrieures la

    concentration correspondant la solubilit et dans laquelle la cristallisation est

    impossible. Au contraire, un cristal plac dans une solution de ce type se

    dissout. Une solution sous-sature est donc toujours homogne.

    Une zone mtastable, qui peut tre homogne pendant un temps infini ; la

    prcipitation ne peut pas sy produire spontanment ; cependant un cristal

    plac dans une telle solution peut crotre.

    Une zone labile, qui peut tre homogne pendant un temps mesurable ou non et

    dans laquelle la prcipitation se produit spontanment.

    La mtastabilit dune solution cesse ds lors que les germes (ou nucleus) atteignent la

    taille critique partir de laquelle ils peuvent se dvelopper.

    La connaissance des isothermes de solubilit est indispensable pour la mise en uvre

    dun processus rationnel de cristallisation. La dtermination des isothermes de solubilit de

    sels tels que les phosphates de calcium ncessite la prise en compte des concentrations des

    diffrentes espces ioniques en solution en fonction de la temprature, du pH et de la force

    ionique.

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    47/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    47

    Figure I.10: Sous-saturation et sur-saturation dans le diagramme de solubilit tempratureconstante.

    La sursaturation peut tre exprime de diffrentes manires en fonction de la

    concentration c du solut dans la solution sursature et de la concentration cscorrespondant

    la saturation :

    Sursaturation absolue c = c-cs

    Rapport de sursaturation S = c/cs

    Sursaturation relative = (c-cs)/cs= S-1

    Dans le cas des composs ioniques, les concentrations sont remplaces par les

    activits. Thermodynamiquement la sursaturation est dfinie partir de la variation du

    potentiel chimique du solut dans la solution lors de la cristallisation. Soit le potentiel

    chimique de la phase liquide, =0+RTLna, et le potentiel chimique de la phase liquide

    lquilibre, s=0+RTLnas o a et as sont les activits du solut dans la solution et la

    saturation, la sursaturation scrit donc :

    = - s= RT Ln (a/as) = RT Ln S

    Dans le cas des lectrolytes, il est ncessaire de faire intervenir le produit ionique (IP)

    qui tient compte des activits des diffrents ions prsents dans la solution :

    = RT Ln (IP/Kso) = RT Ln

    pH

    Concentration

    (Sursaturation)

    (Sous-saturation)

    Zone stable

    Zone labile

    Zonemtastable

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    48/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    48

    avec, pour un lectrolyte Aa+ Bb-

    IP = produit ionique = (Aa+)(Bb-)

    Kso= produit de solubilit ou produit ionique la saturation

    = IP/Kso

    La diffrence est souvent appele force motrice du systme.

    I.3.2) La nuclation.

    Ds lors que la condition de sursaturation est ralise, il peut y avoir nuclation (ou

    germination). Cette tape ncessaire dans le processus de cristallisation consiste en la

    formation de germes de taille suffisante pour permettre ensuite la croissance. Le processus denuclation peut se produire soit de faon homogne, soit de faon htrogne en prsence de

    particules trangres qui se comportent comme des sites de nuclation. Diffrents types de

    nuclation peuvent intervenir (Figure I.11).

    Figure I.11: Terminologies utilises pour dsigner les diffrents type de nuclation (Mullin,1972).

    Nuclation

    PrimaireSecondaire (induitepar des cristaux)

    Homogne

    (spontane)

    Htrogne

    (prsence duneinterface)

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    49/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    49

    I.3.2.1) La nuclation homogne.

    Le modle de nuclation homogne (Mullin, 1972 ; Ohara., 1973) considre que des

    fluctuations statistiques dans la solution conduisent la formation de clusters ioniques

    (embryons) suivant une srie dadditions bimolculaires :

    A + A A2

    A2 + A A3

    An-1 + A An

    A chaque tape il peut y avoir soit dissociation, soit augmentation de la taille de

    lembryon. Pour une valeur critique de n (=n*), lembryon atteint une taille suffisante pour

    que le phnomne de croissance se produise. Ceci peut tre expliqu thermodynamiquement.

    G* correspond lenthalpie libre de formation du nucleus stable (v = volume de

    lunit de croissance) scrit :

    G* =2

    32

    )(3

    16

    kTLn

    v

    La vitesse de nuclation JN est fonction de la temprature, de lnergie de surface et

    de la sursaturation

    et

    JN= A exp ( 233

    32

    )(3

    16

    LnTk

    v )

    La reprsentation de JN temprature constante (Figure I.12) montre quil existe un

    domaine de mtastabilit dans lequel la vitesse est ngligeable, puis pour une valeur critique,

    la vitesse augmente trs rapidement. Cette thorie de la nuclation a t vrifie avec une

    bonne approximation dans le cas de nombreux systmes condition de faire varier trs

    lentement et avec beaucoup de prcaution la sursaturation. Cependant des exceptions existent

    comme dans le cas de systmes prsentant une forte viscosit (Mullin J. W., 1972 ; Wulff,

    1901 ; Walton, 1967, Gibbs J. W., 1968) pour lesquels JN dcrot aprs tre pass par un

    maximum. Dans de nombreux cas, bien que la sursaturation soit suffisament leve, il existe

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    50/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    50

    une priode dinduction avant que la nuclation se produise. Christiansen et Nielsen (1951)

    relient ce temps dinduction la dimension des germes critiques.

    Figure I.12: Variation de la vitesse de nuclation en fonction de la sursaturation temprature constante.

    I.3.2.2) La nuclation htrogne.

    La nuclation induite par la prsence de corps trangers tels que les impurets ensolutions, les poussires, ou les parois du racteur est appele nuclation htrogne. Ce

    phnomne est trs difficile viter. La prsence de surfaces solides entrane une diminution

    importante de lnergie libre de nuclation (Turnbull, 1965). Cependant sursaturation

    leve, la nuclation homogne est prpondrante (Nielsen, 1957).

    Volmer (1945) a exprim lnergie libre de nuclation htrogne (G*)Ht. En

    fonction de lnergie libre de nuclation homogne (G*)Hom.:

    (G*)Ht.= (G*)Hom..

    () = (2 + cos ) (1-cos)2/ 4

    avec cos= (SL-CS) / CL

    o SL, CS, CL sont les nergies interfaciales entre solide-liquide, cristal-solide,

    cristal-liquide (Figure I.13).

    Si = 180, (G*)Ht. = (G*)Hom., le substrat na pas dinfluence sur la nuclation

    htrogne.

    Vitesse de nuclation JN

    Sursaturation

    Limite critique

    Zone demtastabilit

    1 1.3

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    51/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    51

    Si 0 < < 180, (G*)Ht.< (G*)Hom., la prsence du substrat acclre la nuclation

    htrogne.

    Si = 0, le contact est parfait entre le cristal form et la surface du substrat, et

    (G*)Ht. = 0. Ce cas correspond lensemencement dune solution faiblement sursaturepar de petites quantits de germes cristallins de la mme phase. Toutefois, cette hypothse

    correspond un cas idal impossible raliser, le nucleus a toujours une hauteur non nulle, au

    moins gale une dimension atomique. Il y a toujours une nergie libre de nuclation mme

    dans le cas de la croissance dun cristal sur un substrat de mme composition.

    Le rle essentiel jou par le substrat consiste rduire la barrire de nuclation que

    reprsente lnergie de surface.

    Figure I.13: Illustration de langle de contact entre le cristal et le substrat tranger et desdiffrentes nergies interfaciales.

    I.3.2.3) La nuclation secondaire.

    La nuclation secondaire consiste en la formation de nouveaux nucli (nuclisecondaires) dans une solution sursature contenant dj des cristaux. Plusieurs sources de

    nuclation secondaire ont t signales (Mullin, 1972 ; Nielsen, 1964 ; Heubel, 1963). Cette

    nuclation secondaire peut tre spontane ou provoque par les collisions des cristaux entre

    eux ou contre lagitateur et les parois du racteur. La vitesse de production de ces nucli

    secondaires dpend aussi de la sursaturation.

    La nuclation secondaire est fortement dpendante des conditions de cristallisation,

    sursaturation, intensit dagitation, masse et forme des cristaux en suspension.Aprs le phnomne de nuclation intervient le phnomne de croissance cristalline.

    SL

    CL

    Surface du solide S

    CS

    Liquide L

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    52/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    52

    I.3.3) La cristallisation des phosphates de calcium.

    La cristallisation et la croissance cristalline des phosphates de calcium dpendent de la

    sursaturation et donc de leur solubilit.

    Le diagramme de solubilit de quelques phosphates de calcium est reprsent sur la

    Figure I.14.

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    3 4 5 6 7 8 9 10

    DCPD

    OCP

    TCP

    HAp

    Figure I.14: Diagramme de solubilit 25C de quelques phosphates de calcium en fonctiondu pH.

    Ce diagramme montre que lHAP est le compos thermodynamiquement le plus stable

    et le plus insoluble. Ce compos nexiste que dans un domaine de pH compris entre 7 et 11

    (domaine dexistence des ions PO43-). Dans la nature, le minerai de phosphore se prsente en

    gnral sous forme de fluoroapatite plus insoluble que lHAP.

    Sur la Figure I.14, nous pouvons observer que la solubilit des phosphates de calcium

    diminue lorsque le pH augmente. Il en est de mme pour la temprature, la solubilit des

    phosphates de calcium diminue lorsque la temprature de prcipitation augmente (Ks = 2.2

    10-117 25 C et Ks = 5.5 10-118 37 C (Mc Dowell, 1977) pour lHAP).

    Des protocoles exprimentaux en laboratoire ont t mis au point afin de synthtiser

    lHAP. En gnral, la prcipitation se fait haute temprature (100C), des pH pluttbasiques et pour des sursaturations leves.

    pH

    -Log([Ca].[PO4])

  • 5/28/2018 Cabanes F. Dphosphatation des effluents

    53/219

    CHAPITRE I : SITUATION DU PROBLEME ET GENERALITES

    53

    Dans notre travail, nous nallons pas travailler une telle temprature, ni sursaturation,

    il sera donc difficile de faire prcipiter une HAP stchiomtrique. Cependant, pour rcuprer

    un maximum de phosphore prsent dans la solution, le phosphate de calcium prcipit devra

    tre proche de la composition chimique de lHAP.

    Le pH, la temprature, la concentration en calcium et phosphate, la force ionique, la

    prsence d'impurets, interviennent sur la nature des phosphates prcipits.

    Lorsque lquilibre thermodynamique du compos le plus stable nest pas