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HABITAT BULLETIN LE MAGAZINE DU CREDIT SUISSE DÉCEMBRE 1998/JANVIER 1999 PERSPECTIVES 1999 LA SUISSE FACE À L’EUROLAND OÙ VA L’ÉCONOMIE MONDIALE? SERVICE PME : LE RÊVE DE DEVENIR PROPRIÉTAIRE 6

Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

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BIT

ATBULLETIN

LE MAGAZINE DU CREDIT SUISSE

DÉCEMBRE 1998/JANVIER 1999

PERSPECTIVES 1999

LA SUISSEFACE À L’EUROLAND

OÙ VA L’ÉCONOMIEMONDIALE?

SERVICE PME:

LE RÊVE DE DEVENIR PROPRIÉTAIRE

6

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UN PETIT PORTE-BONHEUR PERSONNALISE CE POSTE

DE TRAVAIL ET LE REND UNIQUE. MARKETING SERVICES,

CREDIT SUISSE, 13 H 42.

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FOCUS

4 COMMENT HABITENT LES SUISSES | Cinq exemples16 UN PAYS DE LOCATAIRES | A la recherche du pourquoi19 MARCHÉ IMMOBILIER | Un climat favorable à l’achat21 À CHACUN SON RÊVE | Nouveaux produits hypothécaires23 HOMME ET ANIMAL | Une analogie des formes d’habitat

NEWS

26 DE L’OR SUR INTERNET | Le CREDIT SUISSE à l’honneurÀ LA CHASSE AUX OCCASIONS | Nouvelle offre leasingUNE JOURNÉE NOIRE | Réactions au BULLETIN 5UN TOIT POUR DEUX | Sites communs

27 STADE DE GENÈVE | La balle dans le camp des Genevois

ECONOMIC RESEARCH

28 1999 | Alois Bischofberger se penche sur l’avenir32 ÇA CHAUFFE POUR LE BRUT | L’or noir moins cher34 LIRE DANS LE MARC DE CAFÉ | Le marché du pétrole35 NOS PRÉVISIONS CONJONCTURELLES36 PAS À PAS | Les coûts salariaux unitaires baissent de nouveau38 LE FIL À PLOMB VACILLE | Etude sur l’industrie du bâtiment41 NOS PRÉVISIONS POUR LES MARCHÉS FINANCIERS

FORUM

42 ATOUT VERT | La rentabilité du management environnemental46 À L’OUEST BIEN DU NOUVEAU | B. Kappeler sur la Romandie

SERVICE

48 EURO ET PME | L’entrepreneur intelligent s’est préparé52 DES PÉPITES SUR LE NET | Sites Internet pour investisseurs

MAGAZINE

54 SPORT, JAZZ, MODE | Avec le chef du sponsoring, Urs Wyss56 LE CHEVAL DANS TOUS SES ÉTATS | Sports équestres 57 AGENDA

CARTE BLANCHE

58 LE CAPITAL HUMAIN | Gerhard Gastpar

BIENVENUE DANS LENOUVEAU BULLETIN,POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’HABITAT.

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3SOMMAIRE

SOMMAIRE

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HABI4FOCUS

PAR ANDREAS THOMANNBETTINA JUNKER ETCHRISTIAN PFISTER,RÉDACTION BULLETIN

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5FOCUS

vit avec sa femme au-dessus de la valléede Vals et savoure un isolement devenurare dans un monde toujours plus peuplé.Aller au prochain village lui prend une demi-heure en voiture. Pour sa part, HervéTheus n’a aucune difficulté à rencontrerses voisins – il en a près de 8 500 à portée de main. Lui et sa famille habitentle plus long immeuble de Suisse – qui serpente sur un kilomètre dans la cité satellite du Lignon, près de Genève. Cen’est pas la tasse de thé de Maria Mehr,une Tzigane qui vit toute l’année dans uneroulotte. Malgré un espace restreint et ladifficulté à trouver une place pour son bercail roulant, elle ne voudrait en changerpour rien au monde.

Dis-moi comment tu habites et je te diraiqui tu es. L’adage paraît excessif. Pour-tant, que cherchons-nous, sinon une demeure qui nous convienne et s’harmo-nise – autant que faire se peut – avec notre perception d’un logement agréable ?Parfois, c’est aussi notre façon de vivrequi détermine la manière dont nous nouslogeons. Quoi qu’il en soit, notre intérieurnous marque de son empreinte et révèlenotre moi profond bien plus que nous nel’imaginons.

Le BULLETIN est allé à la recherche deformes d’habitat sortant de l’ordinaire.Cinq personnes ont accepté de nous ouvrir leur porte et de laisser notre regardfouiller leur intimité. En nous dévoilant

un monde auquel peu d’étrangers ont habituellement accès, elles nous ont ra-conté pourquoi elles se sont décidéespour une certaine manière de se loger,sans toutefois nous dissimuler le revers dela médaille.

Tout d’abord Michael Arn, un jeune archi-tecte qui a réalisé la maison de ses rêves,en construisant une sorte de caisse noiretransgressant toutes les règles conven-tionnelles. Sœur Nicola nous explique, de son cloître saint-gallois de Sainte-Scholastique, comment se déroule la viederrière les murs d’un couvent, tantôtavec quinze condisciples et tantôt dans lasolitude d’une cellule. Le paysan de mon-tagne Rudolf Giger a fait un autre choix : il

SI NOUS AVONS TOUS BESOIN D’UN TOIT, CELUI-CI EST DIFFÉRENT POUR CHACUN. LE BULLETIN VOUS PRÉSENTECINQ FORMES D’HABITAT EXTRÊMEMENT DIFFÉRENTES.

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«NOTRE MAISON EST COMMEUN TRÉSOR ABANDONNÉ»

Et tout d’un coup elle apparaît. Au milieud’une poignée de sages maisonnettes etd’une étable hors d’usage, entourée deprairies à vaches près de Münchenbuch-see : une caisse en bois surdimensionnée,un peu abîmée. Comme si on l’avait aban-donnée là par hasard. Plus d’un passantse gratte sans doute la tête en la voyantet se demande à quoi peut bien servir cette chose-là.

La caisse noire est en fait la maison del’architecte Michael Arn et de son épouse.Ils font partie des rares privilégiés à avoirpu façonner de A à Z, selon leurs propresidées, l’environnement dans lequel ils vivent – et cela à un très jeune âge. Le petit brin de terre situé dans la communebernoise appartient à la famille, et les voisins sont tous des parents. La simpleconstruction en bois qui s’étire là, appa-remment sans fenêtres, est le résultat desix années de travaux. Revêtue de pan-neaux de contreplaqué peints en noir, etbâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain.

« Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tantqu’architecte, faire exactement ce que jevoulais », explique Michael Arn, tout justeâgé de 35 ans. « Il s’agit d’une expéri-mentation de maison d’habitation par laquelle je veux montrer ce que peut êtrel’architecture quand on sort des sentiersbattus. » Bien sûr, la mentalité d’un tel village est tout sauf d’avant-garde, et lesopinions sur sa maison ont été fortcontrastées : « Les uns aiment, les autrestrouvent que c’est horrible ! »

Comme dans l’arche de Noé, une étroite passerelle mène à la porte d’entrée.Michael Arn y précède ses invités. Quandon le voit là, devant sa porte, tout de noirvêtu, on se rend compte que l’artiste etson œuvre font corps. « La maison estcomme un trésor bosselé par les mers et

abandonné sur une rive quelconque. Banal d’aspect, mais plein de belleschoses », affirme le maître de céans. Lesnouveaux venus, emplis d’étonnement,pénètrent dans un espace haut de deuxétages et baigné de lumière, dont la sobreimmensité les subjugue littéralement. Michael Arn montre la magnifique vue surdes champs idylliques que dévoile la fa-çade nord, entièrement vitrée, et remarque :« Là, en bas, vous devez vous imaginer lamer, plus loin les falaises. Cette maisonest en réalité au bord de l’Atlantique. »

La métaphore du navire semble évi-dente : les pilotis qui donnent l’impressionque la maison « vogue », la passerelle pourentrer, la façade noire, qui rappelle laquille d’un bateau, enduite de goudron. Etla construction elle-même ressemble à uncontainer maritime. « J’ai conçu le volumeen fonction des proportions et je me suislimité à l’essentiel. » L’austérité spartiatede l’intérieur et le recours à des matériauxbruts ont un effet saisissant. Les plaquesmurales ont été boulonnées, puis laisséesen l’état ; le sol en ciment est resté sansrevêtement. Ce n’est pas du goût de toutun chacun. Ce style hall-de-fabriquen’est-il pas un peu froid ? « Les gens quiviennent nous voir sont de prime abord irrités, voire choqués du dénuement apparent de notre intérieur. Mais quand ilsrepartent après une soirée sympathique,ils nous disent : « On se sent bien chezvous ! »

Effectivement, l’ambiance est agréable.Tout au fond, le séjour avec bibliothèque,long fauteuil design et grands coussins à même le sol. Puis l’espace cuisine, qui rappelle l’époque où le fourneau étaitl’endroit le plus chaud et donc le cœur dela maison. Et la table de la salle à manger,massive, accueillante. Ce n’est pas pourrien que cet espace portait l’intitulé « salledes chevaliers » sur les plans. La table

aurait eu sa place dans un châteaumoyenâgeux, les petits poêles en fonteévoquent l’âtre ; il ne manque que lestêtes de sanglier empaillées au-dessus dela cheminée. Ici il fait bon vivre.

L’immense salle offre des possibilitésd’aménagement illimitées ; les rares fe-nêtres sont disposées de telle sorte à donner à la façade une structure intéres-sante. « Assurément, la nuit nous sommesexposés comme sur une scène dethéâtre », plaisante Michael Arn. Mais cela n’est pas grave, puisque la maisond’à côté est occupée par sa sœur, et au nord il n’y a qu’un champ. Mais que signifie ce quadrillage de perches del’autre côté ? « Il est prévu de construireplusieurs immeubles locatifs. Quand celasera fait, il est possible que notre fenêtresoit considérée comme une provocationpar les habitants. Pas de panique, cepen-dant : les tringles à rideaux sont déjà montées. »

Aujourd’hui, deux ans après la cons-truction de sa maison, Michael Arn esttoujours convaincu du concept adopté. « La maison est harmonieuse. » Il y a certesdes détails qui ne sont pas au point. Parexemple, la hotte aspirante de la cuisinen’est pas pratique parce que sa capacitéest limitée à une plaque à la fois. Mais sielle était plus grande, l’esthétisme ne serait pas respecté.

Le plus beau compliment vient de Michael Arn lui-même pour sa maison: « Avrai dire, je ne peux plus m’imaginer vivreailleurs. J’ai même eu du mal à partir envacances ! »

BETTINA JUNKER

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L’ARCHITECTE MICHAEL

ARN DANS LA SALLE DES

CHEVALIERS DE LA MAISON

QU’IL A CONÇUE DE A À Z

AVEC SA FEMME: «NOUS,

ON AIME – D’AUTRES

TROUVENT QUE C’EST

HORRIBLE. »

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La porte se referme avec un déclic. Sou-dain, le silence. On a traversé la cour d’unpas traînant, en contemplant le colombagedu cloître. Pendant que nos jambes nousmenaient du portail à la petite porte, nosyeux cherchaient, du tertre, le lac deConstance par-delà Rorschach. On estprêt à tout, sauf à ce silence.

Sœur Nicola jette un coup d’œil à tra-vers le guichet de la porte du cloître descapucines à Tübach (SG). Elle montre lechemin menant à la salle des visites oùhôtes et religieuses sont assis face à face, séparés par une sorte de comptoir.La religieuse abolit la distance d’un éclatde rire. Elle dira plus tard : « Le silencenous rend attentives pour écouter l’appelde Dieu, et vigilantes pour sa venue sanscesse renouvelée. »

Son premier geste est d’allumer la bougie posée sur la table. La flamme sereflète bientôt dans ses yeux. Ses mains etles traits de son visage révèlent une grâceque dissimule son habit brun de religieuse.

Sœur Nicola vit à Tübach depuis treizeans. Elle n’a quitté qu’une seule fois lesmurs du cloître pour aller quelques jours àl’hôpital. Sinon, elle passe sa vie sur cesquelques hectares. On appelle clôture cette forme d’isolement. Ni radio, ni télé-vision. Pour s’informer de ce qui tient lemonde en haleine, les sœurs lisent tout auplus le St. Galler Tagblatt. « Pourquoi desinformations? Il ne se passe finalementrien de nouveau sous le soleil », dit la reli-gieuse.

La vie à l’extérieur ne lui manque pas.« Au cloître, on se détache de bien deschoses inutiles qui préoccupent les gensdans la vie normale. » D’autres se senti-raient en prison ici. Mais pour elle, l’exi-guïté signifie liberté et concentration surl’essentiel. Car il faut que quelqu’un soit làquand le Seigneur arrive. Les religieusesassurent le lien entre le ciel et la terre. Unengagement.

« Lorsque j’ai reçu l’appel de Dieu, jemenais une vie professionnelle bien rem-

plie, j’avais une place formidable qui m’offrait des perspectives de carrière entant qu’infirmière à Wädenswil, au bord dulac de Zurich », dit Sœur Nicola, aujour-d’hui âgée de 53 ans. C’est une cartepostale montrant un cloître qui a été déci-sive, une carte comme tant d’autres reçues auparavant. « Tout à coup quelquechose m’a touchée, je l’ai nettement senti », se souvient-elle. Elle a fait des recherches… qui l’ont conduite à Tübach.D’abord en visiteuse pour tâter le terrain,puis comme novice pour un temps d’essai. Cette forme de vie et la com-munauté des capucines lui ont plu ; elle arenoncé à sa vie à l’extérieur et abandon-né ce qu’elle possédait. « Personne nepeut décider du jour au lendemain de vivredans un cloître. Entrer dans les ordrespour fuir le monde, cela ne durerait jamais. » Pour Sœur Nicola, c’est une vocation. « Vivre dans les ordres n’est pasquelque chose que l’on peut s’offrir. Dieunous choisit. »

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«ON SE DÉTACHE ICI DE BIEN DES CHOSES INUTILES»

UN LIT ENTRE CIEL ET TERRE –

SŒUR NICOLA DANS SA

CELLULE DU CLOÎTRE DE

TÜBACH.

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A Tübach, travail et prière marquent lequotidien. L’architecture se plie à ce rythme, chaque pièce remplissant unefonction. Cloître, blanchisserie, salles deprière, de confection des hosties, deconfession et de tissage – des lieux reliésentre eux par de longs corridors immacu-lés que viennent embellir des bahuts par-fois séculaires et des œuvres d’art chré-tien accrochées aux murs. A cinq heureset demie, réveil, moment des laudes, pre-mières prières de la journée. Les reli-gieuses se rencontrent six fois par jourpour prier et chanter ensemble dans l’ailede l’église du couvent. Elles glissent aussi dans leurs prières demandes et sou-cis que des croyants leur transmettent partéléphone ou par lettre. Quelqu’un dontl’enfant s’est fourvoyé dans la drogue, ouun homme en détresse dont la femme estgravement atteinte d’un cancer.

Quinze religieuses, âgées de 40 à 88 ans, vivent encore à Tübach. Elles nesont pas assez nombreuses pour s’adonner

continuellement à l’adoration ; pourtant,elles ne dorment toutes que quelquesheures, sinon il y a toujours quelqu’un quiprie dans l’église. « Notre pauvreté, c’estde ne plus trouver de relève », dit la sœur.Le rythme de la prière vient d’une traditionséculaire. Il redonne sans cesse au corpsdu temps pour se reposer. « Je puise denouvelles forces auprès de Dieu. »

La ferme et l’immense jardin du cloîtredonnent du travail aux sœurs, les approvi-sionnant en tout ce dont elles ont besoinpour vivre. A côté des légumes et des salades, les dernières fleurs de l’annéerésistent à l’hiver. Sœur Nicola veille à cequ’il ne manque jamais de plantes ni debougies dans l’église. Elle aime ce qui estbeau. Lorsqu’elle était encore novice, elle fit son royaume du grenier alors aban-donné. Elle y découvrit des trésors, comme des vases en étain et des armoiresanciennes en bois ; délivrant ces objets de leur sommeil, elle se mit à embellir l’intérieur du cloître.

Les religieuses vivent en étroite com-munauté, où il reste peu de place pour cequi est personnel. Chaque sœur a pour-tant sa propre chambre. Les cellules deTübach sont accueillantes et donnent surun paysage superbe. Le bois clair du modeste mobilier domine, peu d’objetspersonnels venant briser l’uniformité. Nor-malement les sœurs ne vont pas les uneschez les autres, par respect du refuge.Parfois, la coupe est pleine. « J’ai besoind’un endroit à moi. Il y a des moments oùje dois me laisser aller et pleurer », révèleSœur Nicola. « Que ce soit de joie ou dedouleur, on ne veut pas le montrer auxautres. » Elle parle d’expériences vécuesoù Dieu était si proche que cela en étaitpresque insoutenable, ou de crises. « Toutcela contribue à fortifier sa propre voca-tion. Traverser les épreuves en fait partie. »

CHRISTIAN PFISTER

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« Le mieux serait de venir en 424 – oualors, bon courage ! », nous avait dit RudolfGiger au téléphone en nous expliquantcomment atteindre sa ferme. Mais nousn’avions pas de 424. Quant au courage,il a fondu comme neige au soleil au vu dela pente raide qui nous attendait à la sor-tie de Lunschania, un hameau de la valléede Vals dans les Grisons. Un chemin raide, étroit et long de trois kilomètres.Pas de route goudronnée, pas de glis-sières de sécurité, du béton cannelé uni-quement dans les virages. Heureusement,quelqu’un du coin, aux nerfs d’acier, noussort d’embarras et nous fait monter dansson véhicule: c’est l’architecte qui super-vise là-haut la reconstruction d’une étable.Lentement, la voiture serpente vers lesommet. Les roues mordent sur le bord de la route, à chaque fois plus près du précipice, faisant crisser les gravillons.

Un quart d’heure et quelques frissonsplus tard, nous arrivons au but. Une demi-douzaine de maisons et une chapelle sedressent devant nous. Le hameau s’ap-pelle « Mont » et fait partie de la communede Tersnaus. Les jambes en coton, noussortons de la voiture. Nous pouvons alorsjouir du spectacle qui s’offre à nous : tout

en bas les forêts aux couleurs d’automne,nichées au creux de la vallée de Vals, enhaut les sommets saupoudrés de neigetoute fraîche. Naguère, à Mont, cinq familles de paysans arrivaient à vivre. Aujourd’hui, il n’y en a plus qu’une. Dansl’autre maison habitée toute l’année vit legarde forestier avec sa femme et sesquatre enfants. Les Giger eux-mêmesn’ont pas d’enfants. Le père de Rudolf Giger habite avec eux à la ferme. Lesautres fermes servent de logements devacances.

On s’affaire beaucoup aujourd’hui àMont : Rudolf Giger s’entretient avec lesouvriers chargés de remettre l’étable enétat avant l’hiver. Sur ses 17 hectares deterre – dont dix sous contrat de mé-tayage –, pas un seul mètre carré n’estvraiment plat. « La culture de plein champest exclue. » Il ne reste que le bétail. Son troupeau compte en moyenne 30 chèvres,20 moutons, cinq vaches et quatre veaux.Un tiers des terres est morcelé, les Gigerles travaillent à la faux, et le reste avec lamotofaucheuse – un travail d’homme : « Il faut être fort et faire très attention. Un faux pas et la machine s’en va touteseule ». Rudolf Giger nous montre les souliers ferrés qu’il porte pour faucher.«Dans la vallée, ils font les foins en deuxsemaines, ici il nous faut trois mois. »

Le « Jägerstübli » présente un bric-à-brac d’objets en tout genre : animaux empaillés, vieilles illustrations du village,plantes, cloches, armes, et une collectionimpressionnante de bois de cerfs et dechamois. C’est ici que les randonneursépuisés peuvent boire un café ou un Rivella, et c’est ici aussi que Rudolf Gigerpasse ses rares moments libres. Les paysans de montagne sont presque toutela journée dehors sur l’alpe. De brèves

conversations, de temps à autre une demi-heure de télévision, un coup de fil.Voilà pour les loisirs. Les seuls contactssociaux, ce sont les voisins, les vacan-ciers. En général, la famille descend tousles quinze jours dans la vallée pour faireles courses à Vals ou à Ilanz.

Et l’hiver ? En cette saison, il n’est pastoujours facile d’arriver en bas. « Quand le soleil brille toute la journée, la neigefond et l’eau ruisselle vers la vallée. Il suffit qu’il gèle pendant la nuit, et la routese transforme en piste de bob. » Mais lesmontagnards ne sont vraiment coupés dumonde que quelques jours par an au plus,après de fortes chutes de neige. C’estmieux qu’avant. « Quand j’étais enfant, jedescendais toujours à pied à l’école avecmes deux frères. Une heure pour y aller,et parfois plus de deux heures pour reve-nir, surtout en hiver. » Quand ils sont devenus plus grands, ils descendaientquelquefois à ski dans la vallée, dans laneige profonde, à travers la forêt et par-dessus les rochers. « On a toujours étédes gars un peu durs. »

La solitude n’est pas un problème pourlui, nous dit Rudolf Giger. Mais pour safemme, un peu : elle ne vient pas d’unbled paumé. Lui est né ici. « Dans les mon-tagnes, avec le temps, on s’endurcit », dit-il en riant. Mais endurci ne veut pas dire borné : au cours des deux dernières années, il a accueilli chez lui des paysansnord-coréens dans le cadre d’un projet dedéveloppement, à chaque fois pour troismois. « Ils se sont bien plu ici. Sauf pour lanourriture : ils avaient du mal à s’adapter. »Sa femme se trouve justement en Coréedu Nord où elle assure une formation àl’élevage des chèvres. Rudolf Giger auraitpu y aller lui aussi, mais « pour rien aumonde ils ne m’auraient fait entrer dansl’avion ! » Il n’a jamais éprouvé le besoin de voyager loin. La mer, il ne la connaîtque par ouï-dire. Il est montagnard et préfère aller là-haut dans son abri dechasse, où il n’y a ni radio ni télévision nitéléphone. « Et quand j’arrive à avoir aubout du fusil un vieux chamois rusé comme pas deux, alors là je suis dans mon élément. »

ANDREAS THOMANN

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«DANS LES MONTAGNES, ON S’ENDURCIT»

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11SCHWERPUNKT

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11FOCUS

POUR RUDOLF GIGER, PAYSAN

DE MONTAGNE DE LA RÉGION

DE VALS, RIEN NE VAUT

LA CHASSE AU CHAMOIS.

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LA FAMILLE THEUS, AVENUE DU

LIGNON 18, 9E ÉTAGE, VERNIER/

GENÈVE : « BEAUCOUP DE GENS

SE FONT UNE IDÉE FAUSSE DE

LA VIE DANS LA CITÉ. LE LIGNON

EST COMME UN VILLAGE. »

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Hervé Theus. « Mais il n’y a pas de ghet-tos. Et chacun respecte l’autre. » Il a desrelations amicales avec plusieurs voisins.« On se rencontre, on bavarde, on boit unverre ensemble, presque comme dans unvillage. » Parfois, Hervé Theus veut échap-per à cette atmosphère. « Le samedi, onva faire les courses ailleurs. Sinon il nousfaudrait sûrement deux heures pour direbonjour à tout le monde ! »

ANDREAS THOMANN

pourvue d’un jardin. « Comme beaucoupd’autres, j’ai moi aussi pensé à une cageà lapins en voyant le bâtiment. » Mais cette impression n’a pas duré. Et Le Li-gnon, selon elle, vaut beaucoup mieux quesa réputation : « On y est au vert. Les en-fants peuvent jouer dehors sans crainte.On peut vite faire ses courses au coin. Etle centre-ville n’est qu’à un quart d’heureen bus. » Monsieur et Madame Theus dis-sipent l’un après l’autre tous les préjugéshabituels vis-à-vis de l’habitat dans de telsblocs locatifs. Non, ils ne sont pas dé-rangés par le bruit des voisins, non, per-sonne ne suit leurs faits et gestes. HervéTheus regarde par la fenêtre : « Ou alors ilfaudrait des jumelles. » En effet, la tour laplus proche semble bien à l’écart, la vueest pleinement dégagée. Et qu’en est-il dela fameuse clé de la buanderie ? HervéTheus secoue la tête : « Chez nous, c’estle service des bâtiments qui gère la buan-derie. La clé nous est remise dans la boîte aux lettres. »

Petite visite des lieux. Dans l’ascen-seur, Hervé Theus rencontre une voisine.« Nous avons déjà près de 80 signatures »,lui dit-il, presque euphorique. La pétition apour but d’obtenir que le sapin près del’entrée soit de nouveau illuminé au mo-ment des fêtes de Noël. « L’an dernier, laVille y avait renoncé – ils cherchent à faire partout des économies. »

Un vent froid souffle sur le toit de la tourde trente étages. Le Jura, les Alpes et lejet d’eau sont visibles par cette claire jour-née d’automne, de même que le Rhône,qui coule tout près de là. Et les immeubleslocatifs du proche quartier d’Aïre sontcomme de minuscules points à côté del’imposante masse de ce complexe immo-bilier. Sur le mur extérieur de la tour, unhomme peint en rouge. Hervé Theus sou-rit : « Certains disent qu’il grimpe, d’autresqu’il se précipite dans le vide. » Assuré-ment, le bâtiment a déjà attiré des suici-daires. « Mais les dernières années ont étécalmes. »

« Là-bas, plus loin, ce sont Les Avan-chets » ; Hervé Theus indique une autreville satellite, à un kilomètre au nord-ouest, juste à côté de l’aéroport. « Un endroit plutôt délaissé ; il y est souventquestion d’agressions et de cambrio-lages. » Le Lignon n’est pas ainsi. Ce quipeut paraître surprenant, car pas moins de48 nationalités différentes cohabitent ici –dix, par exemple, dans le seul bâtiment de

Plus d’un kilomètre de long, seize étagesen moyenne – un immense complexed’acier et de verre, entrecoupé de storesmulticolores serpente entre deux tours quile dominent à ses extrémités. Le Lignon,sur la commune de Vernier, une banlieuede Genève, abrite 8500 habitants. Unevraie petite ville avec supermarché, succursale bancaire, école primaire, salledes fêtes et deux églises.

Hervé Theus, 29 ans, est un enfant duLignon. C’est ici qu’il a grandi, qu’il a étéà l’école primaire, qu’il a fait sa confirma-tion, ici aussi qu’il a trouvé un emploi, auCash Service de la succursale bancaire. Ily a trois ans, il a emménagé dans unquatre pièces avec sa femme, Renate ; unan plus tard naissait Sabrina, qui repré-sente la troisième génération du Lignon.Les parents de Hervé Theus se sont ins-tallés au Lignon voilà trente ans. C’étaitalors le boom économique des années 60,et les nouvelles villes satellites poussaientcomme des champignons tout autour deGenève. « A l’époque, mes parents étaientconvaincus qu’ils ne resteraient là quequelques années. » Ils y sont encore, toutcomme le jeune frère de Hervé.

Avenue du Lignon 18, neuvième étage.A droite se trouvent trois pièces à peuprès de même surface : la chambre desparents, la chambre d’enfants et le bureau ;à gauche, le séjour, avec le coin salon etun grand meuble mural doté d’étagèrespleines de photos de famille, et de vitrinesoù sont exposés des verres et autresvases. C’est également dans ce meubleque sont encastrés le téléviseur et la chaîne hi-fi. Sur les étagères du haut trônent des poupées de toutes tailles. In-différente à tous ces objets, la petite Sabrina joue par terre. De l’autre côté duséjour, le coin repas est prolongé par lacuisine. Une baie vitrée donne sur le balcon.

Renate Theus a d’abord dû se faire àl’idée d’habiter Le Lignon. Elle a grandi àl’autre bout de la Suisse, à Kreuzlingen,dans une maison logeant deux familles et

«J’AI D’ABORD PENSÉ À UNECAGE À LAPINS»

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Née dans une roulotte, elle voudrait mou-rir dans une roulotte.

Maria Mehr vous regarde avec insis-tance et parle comme une battante. S’en-gager, c’est son style. Lorsque cette Tzigane de 56 ans raconte son quotidien,la question de la survie se pose, car la culture tzigane est menacée en Suisse.« Nous, gens du voyage, ne connaissonspas d’autre vie », dit-elle.

« Si nous ne luttons pas pour notre espèce, nos enfants ne pourront bientôtplus vivre dans une roulotte. Ce serait durde devenir sédentaire. Maria Mehr se tait– tout est dit. « Devoir aller dans unappartement est synonyme d’enterrementpour un Jenisch », dit-on chez les gens duvoyage.

Il fait froid, très froid à Adliswil, quar-tiers d’hiver de la famille Mehr. Aujour-d’hui, six familles se partagent un lopin

de terre à la lisière de la commune zuri-choise, à côté des voies ferrées. Troismètres séparent la roulotte des Mehr de laroute très fréquentée qui mène d’Adliswilvers le Sud. Une demi-douzaine de cara-vanes sur un espace restreint, peu enga-geant de prime abord – et pourtant unchez-soi. Même si ce n’est que pour untemps. Pas d’enfants par là cette fois-ci.Normalement, là où les gens du voyage

s’arrêtent pour l’hiver, les jeunes pro-fitent de cette sédentarité temporaire pour aller à l’école. Côté activité, les chevaux s’en chargent dans l’enclos, galopant avec fougue, assouvissant leurénergie dans des cabrioles exubérantes.Le cheval blanc mord. « Gypsy, arrête, sale gamin. » Maria Mehr fait énergique-ment revenir ses « petits » à la raison. Etpourtant leurs gambades lui font visible-ment plaisir.

Cela fait douze ans que elle-même etson mari passent l’hiver à Adliswil ; elletrouve des termes élogieux pour parler ducomportement de la population à l’égardde sa communauté. « Bien sûr, il y a tou-jours des gens qui ont des préjugés. Maissi l’on se comporte soi-même convena-blement et amicalement avec les gens,on a peu de problèmes. » Mais ce qui estvrai pour Maria Mehr ne l’est pas pour

tous les forains qui se trouvent en Suisse. Ce n’est pas évident pour les Tziganes d’avoir un petit coin. Cette minorité a encore des difficultés à fairepasser sa propre culture. Il y a aujourd’huiquelque 35 000 gens du voyage en Suisse, dont la plupart font partie des Jenisch, l’une de leurs 37 souches. Ces derniers se distinguent d’autres souches connues comme les Sinti et lesRoma par la langue. Au total, quelque

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«FAUTE DE LUTTER, NOUS DISPARAÎTRONS»

MARIA MEHR: « POUR LES

TERRAINS DE FOOTBALL ET LES

COURTS DE TENNIS, IL Y A DE

L’ARGENT, MAIS JAMAIS ASSEZ

POUR NOS PETITS CAMPEMENTS.»

Page 15: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

bossées et corbeilles endommagées, pourles réparer chez elle. Dans la tradition deses ancêtres. Certaines choses ont pour-tant un peu changé avec le temps. « Enfants, nous étions des vagabonds etavions peu de contact avec la population,par peur que les autorités nous enlèvent ànos parents », raconte Maria Mehr. « Celane s’oublie pas, cela fait mal. » Mais letemps de la peur et des persécutions estpassé. La famille Mehr a noué de nom-breux liens à Adliswil. Ainsi, depuis plu-

sieurs années, les sapeurs-pompiers lo-caux ne manquent pas d’organiser leurdîner de Noël dans la tente des Mehr. EtMaria Mehr ne fait pas partie de ceux quipleurent misère. Sa chaleureuse poignéede main et son regard alerte font oublierun instant la bise qui souffle sur la place. Avec un « Tschan kuan » – « Bonnechance » en jenisch –, elle quitte son inter-locuteur en riant pour rentrer chez elle.CHRISTIAN PFISTER

dressent la plupart du temps dans des fêtes foraines. « Nous invitons ensuite lesécoles et la population à apprendre à con-naître notre vie et à discuter avec nous,dit-elle, cela favorise la compréhension. »Outre une exposition photographique, lesJenisch montrent leur savoir-faire artisa-nal : tressage, aiguisage de couteaux et ci-seaux ou réparation de paniers, corbeilleset parapluies. Selon l’endroit, d’autres fa-milles tziganes se joignent à eux et colla-borent au centre culturel pendant un mois.

Cela non seulement renforce la solidarité,mais permet aussi de répartir les fraisd’entretien du centre. Car les dépensesd’électricité, d’eau et de location du sitepèsent sur la caisse familiale. Le travailpour ce centre culturel jenisch ne suffitpas pour vivre. Maria Mehr fait chaque jourdu porte à porte. Dans les lieux où elles’arrête, elle a ses clients attitrés, chez lesquels elle va chercher couteaux et ciseaux qui ne coupent plus, poêles ca-

5000 Tziganes suisses vivent encore surla route.

Le manque de lieux de transit est l’unde ses plus grands soucis. « Si chaquegrande ville mettait au moins deux terrainsà disposition et si une commune sur cinqnous réservait un endroit, les choses seraient un peu plus rassurantes pournous », dit Maria Mehr. La réalité est toutautre: « Pour les terrains de football et lescourts de tennis, il y a de l’argent, mais ja-mais assez pour nos petits campements. »

La « maison » de Maria Mehr n’a quequelques mètres de long. La vie itinérantesignifie indépendance. En été, le couplese déplace avec son chez-soi vers différents lieux. Mais à la différence de la plupart des gens du voyage, il n’arrêtepas sa roulotte aux endroits habituels. Maria Mehr et son mari s’occupent d’un centre culturel jenisch; ils plantentleur grande tente de ville en ville et ontdonc besoin de plus de place. Ils la

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Page 16: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

LA SUISSE, PAYS DE LO

MÊME SI LES LOCA-

TAIRES SUISSES SE

SENTENT EN GÉNÉRAL

BIEN CHEZ EUX, ILS

SONT NOMBREUX À

RÊVER D’ÊTRE UN JOUR

PROPRIÉTAIRES.

ANDREAS THOMANN,

RÉDACTEUR DU

BULLETIN, EST L’UN

D’EUX.

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Tout d’abord une bonne nouvelle : selonune récente enquête de l’EPF Lausanne,85% des Suisses se sentent bien chezeux. Et ils ont de bonnes raisons pour cela. S’ils voyaient les appartementssuisses d’aujourd’hui, nos ancêtres se-raient en effet bien étonnés : salles debains luxueuses avec robinetterie ultra-moderne, cuisines équipées de plaquesde cuisson en vitrocéramique et de lave-vaisselle, grands balcons, fenêtres iso-lantes, etc. Ce qui était encore un luxe inaccessible pour la plupart dans les an-nées d’après-guerre est devenu une réa-lité pour nombre de ménages. Par ailleurs,les logements sont beaucoup plus spa-cieux qu’avant. Au cours des cinquantedernières années, la surface habitable a progressé de manière fulgurante. LeSuisse dispose aujourd’hui de 40 mètrescarrés en moyenne ; il y a cinquante ans,il devait se contenter de moins de la moitié. En 1950, 4,7 personnes se parta-geaient un appartement, contre 2,1 per-sonnes aujourd’hui. Sans doute uneconséquence du nombre croissant de familles restreintes et de célibataires. Enmême temps, la taille des logements s’estagrandie. Entre 1961 et 1980, la surfacemoyenne d’un nouvel appartement étaitde 88 mètres carrés. Au cours de la dé-cennie suivante, elle était de 109 mètrescarrés.

Le secteur du logement a donc connude grands changements. Avec uneconstante, toutefois : les personnes pro-priétaires de leur logement sont toujoursune minorité. En 1950 on dénombrait37% de propriétaires. Au dernier recen-sement de 1990, il n’y en avait plus que 31%. La Suisse est ainsi la lanternerouge de l’Europe occidentale (voir graphique page 18). Sur les 31% de pro-priétaires, 26% possèdent leur propremaison, et un peu plus de 4% sont copropriétaires. En face, on trouve 63%de locataires et moins de 4% de coopéra-teurs.

Le rêve de devenir propriétaire

La Suisse, pays de locataires. Cela estétonnant lorsqu’on sait que le revenu parhabitant de la Suisse est l’un des plus éle-vés au monde, et que les taux hypothé-caires y sont extrêmement bas. Etonnantaussi lorsqu’on considère que 69% desimmeubles locatifs en Suisse appartien-nent à des particuliers, et seulement 18%à des investisseurs institutionnels. Eton-nant enfin lorsqu’on rappelle le résultat del’enquête de l’EPFL mentionnée plus haut :pour 83% des personnes interrogées, lapropriété est le modèle idéal. Un avis par-tagé d’ailleurs par 77% des locataires.Pourquoi la propriété bénéficie-t-elle d’unpréjugé aussi favorable ? L’enquête ré-

CATAIRES

PAR ANDREAS THOMANN,RÉDACTION BULLETIN

LA SUISSE COMPTE LE NOMBRE DE PROPRIÉTAIRES LE PLUS BAS D’EUROPE OCCIDENTALE.

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pond également à cette question : les troisquarts des personnes interrogées appré-cient la liberté d’aménager leur logementselon leur goût. Le deuxième argument cité concerne les avantages fiscaux. Et entroisième position vient le fait qu’un pro-priétaire est protégé contre les hausses de loyer. Enfin, 60% des répondantsconsidèrent la propriété du logement comme une solution idéale de prévoyance vieillesse.

En d’autres termes : 77% des loca-taires suisses, c’est-à-dire près de la moitié de la population, ne sont pas vrai-ment contents de leur sort. Les causes decette insatisfaction sont multiples, mais un point fait l’unanimité : ce sont les prixélevés de l’immobilier – les plus élevésd’Europe – qui empêchent les gens de réaliser leur rêve. « Pendant longtemps, ilfallait débourser, pour l’achat d’un appar-tement, un tiers de plus que pour un loyer, rappelle Elmar Gratz, vice-directeurde la Société suisse des propriétaires fonciers. Ce rapport s’est sensiblementamélioré au cours des dernières années,et la situation des acheteurs est aujour-d’hui aussi avantageuse, sinon plus, quecelle des locataires. » Mais pourquoi lesprix ont-ils été si élevés pendant si long-temps, et qu’est-ce qui a changé entre-temps ?

Acheter revenait trop cher

Pendant longtemps, c’est le prix élevé desterrains qui a poussé les prix immobiliers àla hausse (voir encadré). Aujourd’hui, lesterrains sont redevenus plus abordables,même s’ils ne sont toujours pas bon mar-ché, tant s’en faut. Il en va de même pourles maisons construites sur ces terrains, etce pour plusieurs raisons : l’offre de loge-ments a longtemps été rare. En 1990,seuls 0,44% des logements étaient va-cants, car les investisseurs préféraientconstruire des immeubles industriels, plusrentables. Ce n’est que dans les années90 que la construction de logements re-devint intéressante pour eux, grâce no-tamment à des aides financières de l’Etat.Les effets ne se firent pas attendre : en1997, le taux de vacance était remonté à1,82%, niveau maximum depuis vingt ans.Cette détente sur le marché immobilier afait baisser les prix. Mais construire n’esttoujours pas très bon marché en Suisse.Car les normes d’équipement des loge-ments sont très élevées. Selon Urs Haus-mann, du cabinet de conseil Wüest &Partner, la faute en incombe en grandepartie aux maîtres d’ouvrage : « En Suisse,les gens qui se font construire une maisonveulent de la qualité et du confort. » Sansparler des conditions imposées par l’Etat,en ce qui concerne les abris antiato-

miques, par exemple. Jusqu’à il y aquelques années, c’était aussi l’industriede la construction qui, en l’absence deconcurrence, tirait les prix vers le haut. Lasituation a changé depuis.

« Une grande partie des locataires sou-ligne aussi que le marché immobilier estactuellement intéressant pour les investis-seurs privés et institutionnels », remarquePeter Gurtner, directeur de l’Office fédé-ral du logement. Mais quel intérêt les investisseurs ont-ils à placer leur argentdans des immeubles locatifs ? « Apparem-ment, le droit de bail suisse est assez libéral pour les propriétaires », supposePeter Gurtner. Ce qui n’est pas partout lecas, notamment en Espagne, où la pro-tection des locataires est si étendue qu’uninvestisseur doit y regarder à deux foisavant de faire construire un immeuble locatif. La conséquence : les beaux ap-partements à louer sont rares, et il est

Suite page 20

LE TERRAIN EST CHER EN SUISSE

Acheter un terrain en Suisse revient en général plus cher que dans d’autres

pays d’Europe. Un économiste nous dirait que c’est parce qu’un bien est rare

qu’il est cher. Pour Urs Hausmann, consultant chez Wüest & Partner, l’argument

est fallacieux : « Les réserves de terrain sont suffisantes pour les vingt pro-

chaines années. Ce sont les investisseurs qui, dans les années 80 et 90, ont créé

la pénurie en stockant des terrains parce qu’ils spéculaient sur des hausses

de prix ultérieures. » Durant cette période de boom, la part du terrain atteignait

près de la moitié de l’investissement total nécessaire pour une maison indi-

viduelle. A titre de comparaison : en Allemagne, la proportion s’élève en

moyenne à un cinquième. Depuis l’éclatement de la bulle spéculative, au début

des années 90, les prix des terrains sont revenus progressivement à un niveau

supportable.

Irlande

Espagne

Grèce

Luxembourg

Italie

Grande-Bretagne

Belgique

Portugal

France

Danemark

Autriche (1991)

Pays-Bas

Allemagne (Ouest)

Suisse (1990)

Ménages propriétaires de leur logement, 1995

% 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

81

78

77

68

67

67

65

58

54

52

49

48

41

31

Sources: BMBau, 1995; OFS, 1992; Die Presse, 2.5.1998

SUR L’ÎLE VERTE, LES LOCATAIRES SONT RARES

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19FOCUS

Après plusieurs annéesde pénurie de logements et de spirale inflationniste, le marché de l’immobiliersemble s’être aujourd’hui normalisé. Quiprofite de cette évolution ?

En premier lieu les deman-deurs, qu’ils soient locataires ou ache-teurs potentiels. Sur le marché de la loca-tion, on observe depuis environ trois ansune baisse généralisée des loyers.

Et qu’en est-il des logements en pro-priété ?

Sur ce marché, la chute des prixavait déjà commencé auparavant. Lesoffres qui sont arrivées sur le marché cestrois ou quatre dernières années sontbeaucoup plus avantageuses. Cela s’ex-plique d’un côté par la baisse des prix desterrains, qui ont retrouvé leur niveaud’avant la spéculation, et de l’autre par lanette diminution des frais de financementdue à des taux hypothécaires peu élevés.

Comment les banques ont-elles réagià cette nouvelle situation ?

Les banques ont développé denouveaux instruments de financement demanière à rendre plus intéressante l’ac-

M.N.

A.T.

M.N.

A.T.

MARTIN NEFF

ANDREAS THOMANN

quisition de logements. Aujourd’hui, leclient peut maintenir sa charge financièreà un certain niveau pendant une périoderelativement longue, et profiter desbaisses de taux tout en se protégeantcontre d’éventuelles hausses (voir aussil’article page 21).

Combien d’argent un ménage doit-ilaujourd’hui consacrer au financement deson logement ?

La charge financière moyenne d’unménage pour un logement en propriété at-teint actuellement 20% à 25% du revenu.Jusqu’à il y a quelques années, elle en représentait plus du tiers. Si l’on prend encompte tous les aspects des coûts, l’ac-quisition d’un logement est aujourd’hui plusavantageuse qu’en 1987 (voir graphique).

L’achat est donc plus intéressant quela location ?

A l’heure actuelle, la charge finan-cière des propriétaires n’est guère plusélevée que celle des locataires. C’est pour-quoi les gens qui souhaitent accroître leurfortune à long terme ont tout intérêt àacheter leur logement. La situation dumarché montre d’ailleurs que bon nombrede Suisses s’en sont rendu compte : aujour-d’hui, les trois quarts des nouveaux loge-ments sont à vendre, contre seulement unquart à louer. Il y a dix ans, c’était l’inverse.

Le climat favorable aux propriétairesva-t-il persister ?

Plusieurs éléments le laissent pré-sager. Premièrement, les prix de l’immobi-lier semblent avoir atteint le creux de lavague ; ceux qui achètent un logement aujourd’hui devraient être épargnés par de

M.N.

A.T.

M.N.

A.T.

M.N.

A.T.

futures chutes de prix. Deuxièmement, laconstruction de nouveaux logements semaintient à un niveau permettant de satis-faire la demande accrue déclenchée pardes facteurs conjoncturels ou démographi-ques. Par conséquent, l’offre devrait, àmoyen terme, rester abondante et avanta-geuse. Et troisièmement, l’amélioration dela conjoncture augmente le pouvoir d’achatdes ménages. Tout cela pourrait favoriserune renaissance de la propriété du logement.

MARTIN NEFF, TÉLÉPHONE (01) 3332484

E-MAIL : [email protected]

«ACHETER EST AUJOURD’HUI PLUS AVANTAGEUX QUE LOUER»MARTIN NEFF, CREDIT SUISSE, ECONOMIC RESEARCH

1974197519761977197819791980198119821983198419851986198719881989199019911992199319941995199619971998

–40 –20 –0 20 40 60 80%

LA PROPRIÉTÉ EST MOINSCHÈRE QU’EN 1987Coût de la propriété du logement (prix du terrain,coût de financement et de construction). Valeurs inférieures à zéro : coût global de l’offre plus avan-tageux qu’en 1987.

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souvent plus avantageux de les achetertout de suite. « En Suisse, poursuit PeterGurtner, l’offre d’appartements à louer estde haut niveau, ce qui représente certai-nement un avantage pour une société deplus en plus mobile. » Autre raison pour la-quelle beaucoup de gens préfèrent louerleur appartement plutôt que de l’acheter :c’est ici la demande qui crée l’offre.

La législation d’un pays a donc unegrande influence sur le pourcentage depropriétaires. Le droit de bail relativementlibéral de la Suisse en est un exemple. Unautre exemple est la propriété par étage,qui n’est apparue en Suisse que dans lesannées 60. Pour les habitants d’un im-meuble, il n’y avait jusque-là aucune solu-tion intermédiaire. « Surtout dans les zonesurbaines, où la proportion d’immeubles locatifs est élevée, on subit encore lesconséquences de cette négligence poli-tique », estime Peter Gurtner. Les chiffresle confirment : alors que dans les cantonsruraux du Valais ou d’Appenzell Rhodes-Intérieures, le pourcentage de locataires

est de 38% et 41% respectivement, il atteint 81% et 78% respectivement à Genève et à Bâle-Ville.

Incitations de l’Etat

Et quelle contribution l’Etat a-t-il jusqu’àprésent apporté à l’encouragement de lapropriété ? Sur ce point, Elmar Gratz estcatégorique : « Il n’existe pas de véritabletradition d’encouragement de la propriétéen Suisse. » Ce n’est pas la LCAP (voir en-cadré) qui y changera grand-chose. SelonElmar Gratz, les incitations fiscales pourles propriétaires de logements sont insuf-fisantes. L’imposition de la valeur locative,notamment, soulève l’indignation du re-présentant des propriétaires : « La plupartdes pays d’Europe occidentale ont abolicet impôt, et lorsqu’il existe encore, il estnettement plus bas qu’en Suisse. » En revanche, les propriétaires suisses peu-vent déduire les intérêts débiteurs de leursimpôts, ce qui en fin de compte aboutit à un solde positif. La philosophie est lasuivante : acheter aujourd’hui, amortir

demain – ou jamais. « Ce n’est pas unebonne solution, car la cause principale del’endettement élevé des propriétaires enSuisse est la déduction des intérêts hypo-thécaires », estime Elmar Gratz. L’Alle-magne a choisi la solution opposée, en in-citant les propriétaires à s’acquitter deleurs dettes. C’est dans le même espritqu’a été créée l’épargne-logement, autrespécialité allemande : l’acheteur potentielne peut construire sa maison qu’aprèsavoir accumulé pendant des années uncertain capital propre – tout cela à desconditions intéressantes et avec une aidefiscale de l’Etat.

Si Peter Gurtner est favorable à de telsmodèles fiscaux, il n’en attend pas des mi-racles : « Pour augmenter massivement lepourcentage de propriétaires, il faudraitprendre d’autres mesures, par exempleconvertir les appartements loués en ap-partements en copropriété ». Mais les obs-tacles sont nombreux. Le principal instru-ment qui permettrait de telles conversions,le droit de préemption pour les locataires,n’a toujours aucune chance sur le planpolitique. Autre raison qui rend peu pro-bable l’accession des locataires à la pro-priété : selon l’étude de l’EPF, seules 21%des personnes interrogées désirent ache-ter le logement dans lequel elles vivent ;60% ne le souhaitent pas. Visiblement, lerêve de devenir propriétaire est aussi lié àun désir de confort accru.

ANDREAS THOMANN, TÉLÉPHONE (01) 3338039

E-MAIL : ANDREAS.THOMANN@

CREDIT-SUISSE.CH

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ENCOURAGEMENT DE LA PROPRIÉTÉ EN SUISSE :

« L’AIDE DE L’ÉTAT N’EST PAS EFFICACE. »

En 1974, la loi fédérale encourageant la construction et l’accession à la propriété

de logements (LCAP) est entrée en vigueur en Suisse. Cette loi prévoit divers

instruments permettant d’encourager la propriété du logement et la mise sur le

marché d’appartements à loyer avantageux, notamment le cautionnement des

prêts hypothécaires, l’abaissement de base et l’abaissement supplémentaire

des loyers. L’abaissement de base consiste en une avance accordée par la

Confédération au propriétaire et remboursable en trente ans. Quant à l’abaisse-

ment supplémentaire, il est accordé à des personnes économiquement faibles

sous la forme d’avances à fonds perdu. Dans l’ensemble, les mesures d’en-

couragement à la propriété de logements ont été moins efficaces que celles

concernant les appartements en location. Pour Peter Macher, de l’Association

suisse des locataires, ce n’est pas la loi elle-même qui est en cause. «Pour

augmenter vraiment le taux de propriétaires, la Confédération aurait dû prévoir

un budget plus important. » Ce n’est pas l’avis d’Elmar Gratz, de la Société

suisse des propriétaires fonciers, qui trouve que la loi comporte d’importantes

lacunes. « La LCAP aide surtout les économiquement faibles. » Selon lui, une

véritable politique d’encouragement à la propriété devrait aider plutôt les

ménages disposant déjà d’un certain capital propre.

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Qui n’a pas déjà entendu des locataires dire « J’aimerais tant être sous mon propretoit », ou encore « Ce serait tellement biensi ce logement m’appartenait » ? La situa-tion est d’ailleurs assez étrange : bien quela plupart des Suisses rêvent d’un loge-ment à eux, ils sont rarement proprié-taires. Mois après mois, ils dépensent tousune fortune en loyer. Pour rester éternel-lement des étrangers chez eux.

Etre sous son propre toit – un rêve inaccessible pour beaucoup ? Ursula Gut,Gestion des produits hypothécaires auCREDIT SUISSE, n’est pas du tout de cetavis : « Bien au contraire. Un logement en

propriété peut revenir moins cher qu’unelocation. » L’accession à la propriété nedoit plus rester un rêve, elle devient lentement réalité pour beaucoup. Il y alongtemps que l’économie suisse nes’était plus présentée sous de si bons au-gures et que les astres n’avaient plus étéaussi favorables au marché immobilier. Cesecteur connaît actuellement les taux decroissance les plus élevés depuis septans, le marché du travail s’est de nouveaurepris et les bulletins de salaire sont aussiplus rassurants. L’inflation et les taux hypothécaires, en revanche, sont en chutelibre. Il en va de même pour les prix de

l’immobilier et des terrains de construc-tion. Bref : le moment ne pourrait pas êtremieux choisi pour acquérir un logement.

Si les locataires se montrent hésitants,ce n’est pas tant pour des raisons finan-cières que par manque d’informations.Comment fait-on pour devenir proprié-taire ? De quel capital a-t-on besoin, par exemple ? Quelle somme prévoir dans sonbudget mensuel ? A qui s’adresser pourtrouver des solutions de financementsimples et transparentes, sans marges cachées, et pour recevoir des conseilscompétents ? Autant de questions aux-quelles il convient de trouver une réponseavant de se lancer dans l’achat d’une maison. Elles sont incontournables, carsans un bon financement à la base, la maison ne verra jamais le jour.

Ursula Gut : « Pour ce qui est de l’ar-gent, les clients sont à la bonne adressechez nous. Celui qui s’intéresse à une hypothèque doit comparer plusieurs va-riantes de financement et choisir celle quirépond le mieux à ses besoins, tout en tenant compte de la situation du marché et

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PAR BETTINA JUNKER, RÉDACTION BULLETIN

C’EST MAINTENANT LE MOMENT IDÉALPOUR ACHETER UNE MAISON, ET LECREDIT SUISSE PROPOSE À CHACUNL’HYPOTHÈQUE APPROPRIÉE.

UNE MAISONDANS LA VERDURE

D’APRÈS URSULA

GUT, CHEF DE

PRODUIT, VOICI LE

MOMENT DE

CONSTRUIRE. ET ELLE

NOUS MONTRE

OÙ S’ÉLÈVERA UN

JOUR SA MAISON.

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des prévisions en matière de taux d’inté-rêt. » Si l’on demande au CREDIT SUISSEune solution de financement pour acqué-rir un logement, des spécialistes en la matière calculeront plusieurs variantes, etce en un temps record. « Nous sommes laseule banque à proposer au client troissolutions de financement sous 48 heures.Autre particularité : nous lui fournissonsdes prix détaillés avec indication de nosmarges », précise Hans Ueli Keller, res-ponsable Gestion clientèle et produits auDirectoire du CREDIT SUISSE. Mais cen’est pas tout : au CREDIT SUISSE, le rôle des conseillers ne s’arrête pas au fi-nancement. Ils accompagnent et assistentle client pendant tout le processus de prisede décision. « Notre objectif est de réaliseravec le client un financement réaliste etsupportable », telle est la philosophie deHans Ueli Keller dans le domaine hypo-thécaire.

Autre « plus » de notre banque : outre leconseil et un financement optimal, le client trouve au CREDIT SUISSE tous lesproduits d’assurance nécessaires. Cedont on a bien besoin lorsqu’on construitune maison. La Winterthur, au sein de notre Groupe, propose une large gammede produits : de l’assurance responsabilitécivile du maître d’ouvrage à l’assuranceménage, en passant par les conseils despécialistes en assurances.

«Nous voulons être les premiers »

Grâce à sa politique hypothécaire actuelle,le CREDIT SUISSE occupera bientôt uneplace privilégiée dans ce domaine. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Par le passé, notre banque n’était pas vraimentspécialisée dans le crédit hypothécaire. Et pourtant elle occupe à présent ladeuxième place dans ce domaine. Pourparvenir à la première place, une remiseen question est indispensable. C’est ainsique le 13 août 1998 a marqué le débutd’une nouvelle « ère hypothécaire » : en effet, ce jour-là a été présentée une nou-velle gamme de produits répondant aux

besoins financiers les plus divers tout entenant compte des fluctuations du marché.Ce que le client demande. D’où la fierté deHans Ueli Keller : « Nous comptons déjàparmi les meilleures banques de détail dumonde et sommes convaincus que nousparviendrons bientôt au niveau internatio-nal dans le domaine hypothécaire égale-ment. » Le CREDIT SUISSE a d’ailleursdéjà préparé le terrain en investissant 60 milliards de francs sur le marché suissedu logement en propriété privée. Notre objectif pour l’avenir : les affaires hypo-thécaires doivent devenir une activité debase, au même titre que les affaires deplacement. De plus : « Nous voulons êtreles premiers sur le marché suisse. »

FIX et FLEX : un mix idéal

Quels sont donc ces produits que leCREDIT SUISSE lance sur le marchéhypothécaire? Nous retrouvons dans lanouvelle gamme l’hypothèque FIX, c’est-à-dire à taux fixe, qui a déjà fait sespreuves, avec un montant en capital, unedurée et un taux d’intérêt déterminés, cequi permet au client de calculer son budgetau centime près. Deuxième possibilité :l’hypothèque roll-over, appelée aussi mo-dèle FLEX. Dans ce cas, le montant encapital et la durée sont fixes, mais le tauxd’intérêt suit l’évolution du marché moné-taire. Tout n’est cependant pas perdulorsque les taux d’intérêt augmentent, le client pouvant en effet souscrire une garantie contre les hausses de taux d’in-térêt pour les crédits d’un montant élevé.

Le dernier-né des produits est aussi lecheval de bataille du CREDIT SUISSE. Ils’agit de l’hypothèque MIX. L’astuce : lesavantages des modèles FIX et FLEX sontregroupés en un seul produit. Le clientchoisit une durée fixe de financement, à savoir trois ou cinq ans. En ce qui concerne le taux d’intérêt, la moitié suit lasituation du marché des capitaux et restedonc fixe pour la durée choisie. L’autremoitié dépend des fluctuations du marchémonétaire et est révisée tous les trois

mois. Conclusion : si les taux baissent, le client en profite; s’ils augmentent, leclient n’est pas perdant non plus. Car leproduit contient également une garantiecontre les hausses de taux d’intérêt. Aumoment de la conclusion du contrat, lesdeux parties déterminent ensemble le tauxd’intérêt maximal pour le client.

Mais quel que soit le modèle d’hypo-thèque choisi, il faut bien rembourser lecrédit. « Lorsque le client choisit l’amortis-sement indirect du capital, les montantsversés ne reviennent pas directement à labanque, mais alimentent par exemple uncompte de prévoyance des piliers 3a et3b », nous explique Ursula Gut. C’est une solution intéressante. Plutôt que de rem-bourser son crédit hypothécaire tous lesmois, ne vaut-il pas mieux, en effet, placercet argent ? Autre avantage de ce type de remboursement : le client doit payermoins d’impôts. Le propriétaire du loge-ment peut en effet déduire du montantimposable la somme versée pour le pilier3a. Comme, par ailleurs, l’amortissementindirect ne fait pas diminuer la dette hypo-thécaire, les déductions fiscales des inté-rêts ne varient pas non plus. La charge fiscale s’en trouve donc réduite. Et enfin :le capital amoncelé sur le compte de prévoyance 3a PRIVILEGIA est exonéréd’impôt jusqu’à son versement.

Envisagez-vous d’acheter une maisonou un appartement ? Alors n’hésitez pas àappeler le 0800 80 20 20 ou à envoyer unfax au 0800 80 20 23, ou encore à vousrendre dans une de nos succursales : vousy obtiendrez toutes les informations né-cessaires ainsi qu’un bon pour un plan definancement personnalisé. Vous pouvezégalement vous documenter sur Internetsous www.credit-suisse.ch/hypotheken.

BETTINA JUNKER, TÉLÉPHONE (01) 3335942

E-MAIL: [email protected]

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

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Monsieur Salz, Dans les immeubles locatifs, lesgens se disputent au sujet de la clé de la buanderie. Les animauxont-ils eux aussi des prises de bec pour des espaces communs?

Des bagarres se produisent automatiquement – chez l’animal comme chez l’homme – lorsque les territoires secroisent. Exemple classique : le point d’eau dans les régionsarides d’Afrique, où se retrouvent dans un espace restreint denombreux animaux qui veulent tous boire au même moment. Les

FRANÇOIS SALZ

BETTINA JUNKER

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

DES HOMMES ET DES ANIMAUX

L’EXPERT ANIMALIER FRANÇOIS SALZ TENTED’ÉTABLIR UNE ANALOGIE – PAS TROP SÉRIEUSE – ENTRE LES COMPORTEMENTSEN MATIÈRE D’HABITAT

INTERVIEW: BETTINA JUNKER,RÉDACTION BULLETIN

FRANÇOIS SALZ TIENT LE

FICHIER ANIMALIER DU

ZOO DE BÂLE DEPUIS

PLUS DE VINGT ANS :

«MES PROTÉGÉS M’ONT

BEAUCOUP APPRIS,

Y COMPRIS SUR LES

HOMMES. »

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conflits sont alors inévitables. Un ordre hiérarchique parmi les espèces vient pourtant au secours des animaux : les éléphantsboivent d’abord, puis vient le tour des zèbres, suivis des au-truches, et ainsi de suite. Plus une espèce animale est domi-nante, plus elle a une chance de boire vite. Les habitants d’unimmeuble ignorent cette hiérarchie naturelle, il faut donc unplanning pour la buanderie. Au moins, on évite ainsi le gros desfrictions.

Les blocs d’habitation sont un phénomène récent. Ils exis-tent tout au plus depuis la seconde moitié de notre siècle, l’idéeétant de caser le plus grand nombre possible de gens dans leplus petit espace possible. Les animaux connaissent-ils desformes d’habitat comparables ?

A vrai dire, non. Les abris de masse ne sont pas néces-saires dans le règne animal. La propagation d’une espèce ani-male est réglée de diverses manières. Si une espèce est tropnombreuse, soit des prédateurs naturels se chargent de la réduire, soit la pénurie de nourriture la fait diminuer à un niveautolérable. L’homme est un cas exceptionnel. Jamais aucune es-pèce ne s’est sans doute autant approprié le monde. La maréehumaine exige de nouveaux principes d’habitat.

Pourtant, à vol d’oiseau, une fourmilière ressemble à unegrande ville.

D’en haut, oui. Mais alors que les fourmis ont développédes capacités, remarquables du point de vue phylogénétique, devie commune sur un territoire exigu, l’homme n’est pas fait pourvivre coude à coude avec des semblables bruyants et inconnus.Une ville doit être bien organisée. Ne pas attaquer les passagersde l’ascenseur de l’immeuble ou, dans la rue, réfréner les agres-sions dans une foule est un comportement acquis. L’environne-ment idéal pour l’homme serait la grande famille.

Mais la famille nombreuse est « out » ; ce qui est « in », c’estla communauté. Depuis les années 60, on ne peut plus faire abs-traction de cela sous nos latitudes, notamment pour les jeunes.Arrive-t-il aussi que les animaux se partagent l’infrastructured’un habitat ?

En tant que communauté, non. Toutefois, le règne animalconnaît souvent des familles nombreuses, avec la plupart dutemps un ou une patriarche à leur tête, montrant la voie. Unestricte hiérarchie s’instaure dès que plusieurs animaux adultesvivent ensemble, faute de quoi il y aurait constamment des que-relles. La communauté, composée de personnes occupant lemême rang hiérarchique, est une tentative moderne d’abolir leshiérarchies par des conventions et de répartir droits et devoirs.Mais la plupart des communautés font tôt ou tard naufrage...parce que personne ne veut récurer les WC.

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

Que ce soit au sein d’une communauté ou d’une famille, lescohabitants se tapent parfois réciproquement sur les nerfs etsont bien contents de pouvoir fermer la porte de leur chambrederrière eux. Quelles possibilités les animaux ont-ils de s’isoler ?

La possibilité de s’isoler est extrêmement importante pourla plupart des animaux. Lorsqu’on construit un enclos dans unzoo, il faut penser que chaque animal a besoin d’un endroit quilui permette d’être hors du champ de vision des autres. Mais enpleine liberté, quelques mètres de distance ou quelques feuillesles dérobant à la vue suffisent par exemple aux gorilles et rem-plissent pleinement la fonction d’une porte fermée.

Bien que l’homme soit un animal grégaire et qu’il loge habi-tuellement dans une maison, Diogène avait pour seule demeureun tonneau. L’ermitage comme forme d’habitat existe-t-il égale-ment chez les bêtes d’un troupeau ?

Non. L’animal qui vit hors du troupeau a généralement étébanni ou était trop faible pour le suivre. L’ermitage volontaire estune invention de l’homme: abstraction faite de leur motivationspirituelle, les ermites visaient également la reconnaissance so-ciale. Ils vivaient seuls et à l’écart, non par nécessité financière,mais pour avoir choisi de plein gré cette forme d’existence, sou-vent pour servir aussi de modèle aux autres. C’était un moyen dejouir d’un grand prestige social. Evidemment quelque chose detrès intellectuel, que le monde animal ne peut donc pas connaître.

Lorsqu’une personne non autorisée pénètre chez vous, vousappelez la police. Comment l’animal réagit-il à l’intrus ?

L’irruption est à coup sûr un acte d’agression. Si je pénétrais dans l’enclos de nos gorilles, ce serait comme si jem’installais dans le salon de mon voisin sans y avoir été invité.Ce qui est évidemment hors de question. Chez l’homme et chezl’animal, c’est généralement le mâle qui défend le chez-soi, carsans logement, pas de femme. L’oiseau qui piaille au printempsavertit en réalité ses congénères : « Ne m’approchez pas, à moinsd’être une femelle ! » Les démarcations sont très importantes,chez l’homme comme chez l’animal.

Les Suisses, c’est bien connu, sont un peuple de locataires.Y a-t-il aussi chez les animaux des individus qui se nichent depréférence chez autrui ?

B.J.

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

LA PLACE EST DÉFENDUE

MORDICUS…

AU BESOIN AVEC LE BEC.

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25FOCUS

Oui, les sous-locataires ne sont pas rares. Mais ils es-quivent le loyer. Les renards habitent certains terriers, quelquesmoineaux se nichent dans des nids de cigognes, les mangoustesnaines, semblables aux martres, passent la nuit dans les gale-ries ventilées des termitières, et souris et moineaux utilisent lamaison de l’homme. Certaines espèces de fourmis acceptentchez elles les reines de populations de fourmis étrangères et sechargent même d’élever la couvée étrangère.

Le coucou non seulement habite aux dépens du propriétaire,il met en outre la progéniture de celui-ci à la porte afin d’avoirlui-même suffisamment de place. N’est-ce pas pousser leschoses un peu loin ?

Nous condamnons cet oiseau pour son comportement etses habitudes répréhensibles sur le plan éthique. Le parasitismeest également un comportement atypique pour l’homme. Nousautres humains voulons en effet quelque chose qui nous appar-tienne. De préférence une maison à soi, qui nous permette debluffer. Le Suisse étant peut-être un peu moins bluffeur qued’autres, un logement locatif lui suffit dans la plupart des cas.On observe peut-être aujourd’hui une toute nouvelle forme deparasitisme, celui de nombreux jeunes ayant eux-mêmes atteintl’âge adulte, mais ne voulant absolument pas déménager. Ils pré-fèrent s’incruster chez papa-maman, se faire servir et économi-ser de l’argent. Ce qui serait impensable chez les zèbres, car aubout d’un an déjà, le mâle expulse les jeunes sevrés.

Pour l’être humain, la maison est aussi un symbole de sa si-tuation économique et sociale. La grandeur et l’emplacement decette maison donnent une idée du prestige social de l’individu.Qu’en est-il chez les animaux ?

Chez certains d’entre eux, le nid est effectivement un « faire-valoir » pour attirer une partenaire. Chez les tisserins,les mâles construisent de véritables œuvres d’art, car c’est uniquement si le nid est suffisamment beau que la femelle se décide pour le mâle. Chez l’homme, il n’en a pas été autrementpendant longtemps : la maison était certes nécessaire à sa sur-vie, mais seul le fait d’exhiber ce qu’il possédait lui permettaitd’avancer dans la société. Pour de nombreuses espèces

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

F.S. animales sans abri, c’est l’endroit où elles se trouvent qui est leur véritable habitat. Chez les flamants et les pingouins, cet endroit correspond au rayon d’action de leur bec. Dans les colonies de pingouins de l’Antarctique, le centre du groupe correspond à nos quartiers résidentiels. Celui qui ne peut pas s’yprocurer une place doit se contenter des bas quartiers de la périphérie, où les jeunes peuvent s’égarer ou être dévorés pardes labbes parasites. Il y a toujours des luttes acharnées pourdécrocher une bonne place, et celui qui en a une doit la défendrebec et ongles.

A cet égard, les choses sont plus simples pour la tortue, puis-qu’elle transporte toujours sa demeure avec elle et qu’elle peutimmédiatement se retirer entre ses quatre murs en cas de besoin.

Oui, mais il lui faut dépenser énormément d’énergie, etsa liberté de mouvement est restreinte. La tortue de même queles escargots se meuvent au ralenti, une solution impensablepour l’homme. Fondamentalement, je comparerais plutôt la ca-rapace de la tortue et la coquille de l’escargot ou le piquant duhérisson à une combinaison de protection.

L’habitat n’a pas la même valeur pour tout le monde. Qu’enest-il pour les animaux ?

Pour le gorille par exemple, le « nid » n’est pas très im-portant. Il se prépare chaque soir un nouvel abri. Comme tousles nomades, il n’a pas d’hygiène et fait ses besoins le matin surplace avant de poursuivre simplement son chemin. De mêmequ’il existe chez l’homme certains individus qui s’accomplissenten construisant leur habitation, il y a aussi des animaux qui pas-sent leur vie à bricoler leur maison. Le castor a même fait de laconstruction de sa hutte sa raison de vivre. La sécurité est trèsimportante pour lui, et il y consacre beaucoup de temps etd’énergie. Ainsi doit-il constamment entretenir son systèmecompliqué de barrage, afin que sa construction ne soit pas emportée par les flots.

BETTINA JUNKER, TÉLÉPHONE (01) 333 5942

E-MAIL : [email protected]

F.S.

B.J.

F.S.

B.J.

SUR TERRE OU DANS

L’EAU, À CHACUN SON

TERRITOIRE.

CELUI QUI TRAÎNE

TOUJOURS SA MAISON

AVEC LUI N’AVANCE

QUE LENTEMENT.

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Des goûts et des couleurs onne discute pas. Et pourtant,les lecteurs du BULLETIN onteu envie de réagir à notredernier numéro consacré authème de la mode. Une lec-trice nous a écrit : « Vous êtesallés trop loin dans votre article. Certains de vos colla-borateurs pourraient prendre

votre suggestion au mot, etce serait alors une journéevraiment triste pour les ban-ques suisses ! » Notre article a suscité des réactions plus positives à la rédactiondu magazine économique«Cash ». A la mi-octobre, onpouvait y lire ceci dans unbref article : «De jeunes

Automobiles, camions, ordina-teurs personnels, machines,équipements pour cabinetsmédicaux, mobilier de bureau :CREDIT SUISSE LEASINGfinance des biens dans tousles domaines. Cependant, en cas d’impayés, la banqueest forcée de saisir les biensconcernés et de les mettre en vente. CREDIT SUISSELEASING a pu ainsi accumu-ler pendant de nombreusesannées un grand savoir-faire

Le CREDIT SUISSE GROUPa un site Internet de premierplan. Cela n’est pas de la publicité personnelle, maisl’avis du cabinet de conseillondonien Lafferty Informationand Research Group, qui aétabli un classement desmeilleurs sites Internet parmi50 banques européennes. Le résultat : le groupe suissede bancassurance au logobleu et rouge se trouve sur laplus haute marche du podium,devant Bank 24 – la banquedirecte de la Deutsche Bank –et l’UBS. Les consultants londoniens ont apprécié chez

le CREDIT SUISSE son offreétendue de prestations sur le Net : banque sur Internet,négoce de titres, informationsdétaillées sur les marchés,évolution des taux d’intérêt.Autre élément positif, le faitque la banque propose ces services dans plusieurslangues. Enfin, les « exami-nateurs » ont été séduits par la fraîcheur du design, qui plaît particulièrement auxjeunes surfeurs d’Internet.

Au cours de cette année, laWinterthur et le CREDITSUISSE se sont rapprochésencore davantage. Les deuxpartenaires sont désormaisréunis sous le même toit sur70 sites dans toute la Suisse.La coopération entre la banque et l’assurance, quiporte déjà ses premiers fruits, est ainsi devenue aussiune réalité sur le plan géo-graphique.

Pour y parvenir, il a fallusurmonter quelques obs-tacles, notamment en ce quiconcerne les techniques de sécurité. La banque étantplus sensible dans ce do-maine, ce sont surtout lesunités de la Winterthur qui ont déménagé dans les succur-

26NEWS

«UNE JOURNÉE NOIRE POURLES BANQUES SUISSES»

UN TOITPOUR DEUX

À LA CHASSE AUX OCCASIONS

MÉDAILLE D’OR SUR INTERNET

dans ce domaine, d’où l’idéede créer un centre de compé-tence pour la vente de biensd’occasion.

Le but poursuivi n’est doncplus seulement de limiter les dommages, mais aussi depermettre aux clients, aux sociétés affiliées et aux colla-borateurs du CREDIT SUISSEGROUP d’acheter ou de vendre des biens d’occasion. De plus en plus de personnesfont usage de cette possibili-

té. Depuis peu, ce service estégalement offert sur Internet.Les surfeurs à la recherchede bonnes affaires y trouventsurtout une offre intéressantede véhicules particuliers, quele CREDIT SUISSE a cons-tituée en collaboration avecdes garagistes et des con-cessionnaires.

Testez-nous : (01) 334 31 83ou http ://www.credit-suisse.ch/leasing

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stylistes suisses ont habillédes banquiers du CREDITSUISSE et nous montrent àquoi pourrait ressembler la tenue de bureau à l’avenir :colorée, décontractée, con-fortable, et un rien anti-conformiste. L’uniforme dubanquier a vécu – à la plusgrande joie des clients » !

sales du CREDIT SUISSEces derniers mois. Grâce à laforte mobilisation des deuxparties, l’opération a été me-née à bien rapidement. Lesquelques transformations à effectuer n’ont gêné ni lesclients ni les collaborateurs.Le rapprochement géogra-phique n’entraînera pas de suppression de services.Au contraire : le client tirerades avantages supplémen-taires de la proximité immé-diate de la banque et de l’assurance. Avoir les deuxspécialistes au même endroit lui assurera sécurité,efficacité et gain de temps.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

Dans deux ans, les supportersdu Servette Football Club nese rendront plus dans le véné-rable stade des Charmilles àGenève pour voir évoluer leuréquipe fétiche. Ils se déplace-ront dans un stade flambantneuf, ultra-moderne, répon-dant aux normes UEFA (Unioneuropéenne de football), et pouvant accueillir les plusprestigieuses rencontres internationales : Le STADE DE GENÈVE.

Ce nouveau stade s’ins-crira dans un vaste complexeenglobant également un hôtel, une banque, un centreculturel, une salle de con-férence, deux salles de coursainsi qu’un centre commer-cial, composé d’une grandechaîne de distribution et deboutiques, sans oublier unbowling, une station-serviceet un « drive-in ». « Nous vou-

lons un stade qui vive tous les jours, même quand le Ser-vette FC n’y exerce pas ses activités », affirment ses res-ponsables.

Le plan financier du projetdevrait être prochainementbouclé. Fait à souligner : lenouveau stade sera réalisénon seulement grâce à la co-opération de nombreux parte-naires publics et privés, dontle CREDIT SUISSE, regroupésau sein de la Fondation duStade de Genève, mais enfaisant appel à de nombreuxGenevois. Amateurs de ballon rond, simples citoyens, entre-preneurs ou grandes sociétés,tous sont en effet invités àparticiper à cette ambitieuseréalisation pour Genève.

De jeunes écoliers gene-vois ont d’ores et déjà été impliqués dans la souscriptionpublique. Plusieurs dessins

GENEVOIS, LA BALLEEST DANS VOTRE CAMP

d’enfants illustrent la campa-gne publicitaire lancée à ceteffet. Son objectif: récolter 5 millions de francs. Les sous-cripteurs d’un siège «Affaires»ou « Grand Public » serontconsidérés comme étant des membres fondateurs dunouveau stade. Ils bénéficie-ront à ce titre, pendant unepériode de douze ans, de différentes prestations : accèsprivilégié, accueil, réductionsdiverses, sans parler du privilège indicible de pouvoirgraver une empreinte de leurpied sur le patio du stade !

Si les procédures suivent le rythme désormais rapide duprojet, l’ouverture du chantieraura lieu dans le courant del’année prochaine, et l’inaugu-ration du stade en 2001.

STADE DE GENÈVE : LE CREDIT SUISSE INNOVE

L’engagement du CREDIT SUISSE dans la construction du STADE DE GENÈVE est une

mesure de sponsoring exceptionnelle. Elle consiste en un prêt sans intérêt de 20 millions

de francs, remboursable en 80 ans. En contrepartie, la banque bénéficiera de prestations

publicitaires et pourra exploiter les infrastructures du stade. «Sans notre contribution, la

réalisation de cet important projet serait très ardue», explique Dominique Folletête, membre

du Directoire du Credit Suisse et vice-président de la Fondation Stade de Genève.

Evalué à 86 millions de francs, le financement du projet est assuré par l’Etat de Genève

(20 millions), la Ville de Genève (3 millions), le CREDIT SUISSE (20 millions), Jelmoli

(30 millions) et la Ville de Lancy (3 millions). Une subvention de la Confédération pour les

installations sportives d’importance nationale (5 millions) et le produit de la souscription

publique (5 millions) devraient assurer son prochain bouclement. L’exploitation du nouveau

stade sera confiée à une société privée crée par Canal+, actionnaire principal du club

résidant, le Servette FC.

Des bulletins de souscription peuvent être obtenus dans toutes les succursales du

CREDIT SUISSE à Genève.

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QUE NOUS APPORTERA

ALOIS BISCHOFBERGER ET

L’ÉQUIPE DU SERVICE ECONOMIC

RESEARCH DU CREDIT SUISSE

TRAQUENT LES FLUCTUATIONS DE

L’ÉCONOMIE MONDIALE : «EN MA-

TIÈRE D’EFFICACITÉ, LES ENTRE-

PRISES EUROPÉENNES SONT

ENCORE EN RETARD SUR LEURS

HOMOLOGUES AMÉRICAINES. »

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La crise financière a révé-lé les lacunes de la globalisation. L’éco-nomie de marché doit-elle être mieux surveillée ?

La globalisationentraîne une redistribution des cartes dujeu économique à l’échelle planétaire. Cela ne se fait pas sans incidents. Maisces à-coups ne compromettent pas les effets positifs dont bénéficieront à longterme toutes les économies. Les marchésémergents en ont peut-être trop fait d’uncoup. Ils ont engagé un rythme de déve-loppement impossible à tenir. Or nombred’entre eux sont encore en train de mettreen place leur infrastructure.

A quoi songez-vous en particulier ?Je pense au cadre législatif, gage

de sécurité pour les investisseurs. Lespays émergents se sont ralliés à la librecirculation des capitaux. Mais ils n’ont passu maîtriser l’afflux de fonds, notammentparce que la surveillance des banquesétait encore à ses débuts.

Que faut-il faire ?Les pays industrialisés doivent

apporter leur soutien aux économies àcroissance rapide, les aider à mettre surpied un système bancaire solide et uncadre législatif efficace. Les conseils du

A.B.

C.P.

A.B.

C.P.

ALOIS BISCHOFBERGER

CHRISTIAN PFISTER FMI et de la Banque mondiale sont un fac-teur très important. Encore faut-il que lesintéressés suivent ces recommandations.Les turbulences financières récentes lesauront sans doute rendus plus réceptifs àcet égard. Un retour à l’ancien système decontrôle des mouvements de capitauxconstituerait un grand pas en arrière. Carles effets positifs de la globalisation sontconsidérables. Mais les banques doiventdavantage envisager des scénarios vérita-blement extrêmes, qui paraissaient totale-ment irréalistes jusqu’ici, et les intégrerdans leur politique de risques.

La globalisation accentue l’imbricationdes marchés. Ne risquent-ils pas tous d’êtreemportés par la tourmente en cas de crise?

Oui, les turbulences financières récentes ont montré que la théorie de ladiversification des risques ne fonctionnaitpas dans les situations extrêmes. Lesmarchés se sont tous trouvés sous pres-sion en même temps – les nations indus-trialisées et les pays émergents, les mar-chés obligataires et les marchés d’actions.Il y a quelques années, la Bourse japo-naise s’effondrait sans pour autant provo-quer de crise dans d’autres régions. L’in-terconnexion actuelle des marchés finan-ciers entraîne une dépendance beaucoupplus étroite des uns par rapport aux autres.

A.B.

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CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

29ECONOMIC RESEARCH

INTERVIEW: CHRISTIAN PFISTER,RÉDACTION BULLETIN

ALOIS BISCHOFBERGER, CHEF ÉCONOMISTEDU CREDIT SUISSE, PRONOSTIQUE UNE CROISSANCE RALENTIE POUR LA SUISSE.

1999?

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VOICI COMMENT LA SUISSE ABORDERA L’AN 2000

Variation en % 1997 1998 1999 2000Produit intérieur brut, en termes réels 1,7 1,9 1,1 2,0

Consommation privée 1,2 1,5 1,4 1,6 Consommation publique –0,1 0,3 –0,5 –0,5 Dépenses d’équipement 5,0 6,1 4,5 5,0 Investissements de construction –1,5 1,0 0,0 1,0 Exportations 9,0 5,9 3,0 6,0 Importations 7,2 8,3 3,2 5,0

Prix à la consommation 0,5 0,0 0,6 1,0Taux de chômage en % 5,2 3,8 3,6 3,2

Y a-t-il eu défaut de surveillance desrisques du côté des banques ?

Dans le cas de la Russie, c’est toute une série de risques qui se sont réa-lisés pratiquement en même temps : la dépréciation massive du rouble, la failliteen ce qui concerne la dette intérieure, unmoratoire sur la dette extérieure, et le toutdans un contexte d’absence de directionpolitique. Je ne dirais pas qu’il y a eu dé-faut de surveillance ; beaucoup d’événe-ments étaient imprévisibles. Mais lesbanques devraient réfléchir à ce qu’il y alieu de faire lorsque la diversification nefonctionne plus comme avant.

Quels sont les facteurs qui ont fait trébucher l’économie mondiale ?

Ce sont des aspects relevant del’économie réelle et liés aux marchés fi-nanciers qui ont joué un rôle clé. En ce quiconcerne l’économie réelle, les marchésémergents affichaient un déséquilibrecroissant des échanges extérieurs et desfinances publiques. Certaines monnaiesétaient surévaluées et faisaient l’objet detentatives de soutien. D’où des taux d’in-térêt élevés et des effets récessifs ; lestaux de change ne pouvaient plus êtremaintenus. A cette situation est venues’ajouter la crise en Russie.

Et que s’est-il passé dans les pays industrialisés ?

Les prévisions de bénéfices ont étérevues à la baisse. Or ce sont précisémentces anticipations qui avaient fait grimper le

A.B.

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A.B.

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C.P. cours des actions. L’évaluation négativedes perspectives bénéficiaires a donc accentué la chute.

Comment ont réagi les investisseurs ?Les investisseurs se sont dégagés

massivement des actions en juillet dernier,avant de commencer à différencier égale-ment parmi les obligations à la suite desévénements en Russie. Les valeurs indus-trielles n’ont plus trouvé preneur ; tout a étéconcentré sur les obligations d’Etat. Lesopérateurs ont fui vers la qualité, la sécu-rité – et, au plus fort de la crise, fin sep-tembre/début octobre, vers les liquidités.

Que s’est-il passé sur les marchés financiers ?

Cette année, la Bourse était sur-voltée ; les cours se sont envolés. Les critères d’appréciation traditionnels, telsque le rapport cours/bénéfice, sont mon-tés à des niveaux jamais vus. La correctiona donc été d’autant plus sévère.

Depuis l’effondrement, les marchésd’actions se sont de nouveau stabilisés.Pourquoi ?

Un leadership politique s’est formé.Cela a permis au dollar de se redresser ;l’écart de rendement entre les obligationsd’Etat et leurs homologues industriellesest revenu à des valeurs normales. LeCongrès américain a, de son côté, donnéson accord à une augmentation descontributions au Fonds monétaire inter-national. Et il est permis d’espérer qu’un

A.B.

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programme de stabilisation crédible seratrouvé au Brésil. Enfin, le fait que le Japonsoit déterminé à entreprendre l’assainis-sement de ses établissements financiers aaussi eu un impact positif sur l’économiemondiale. Tous ces éléments sont de nature à inspirer confiance : les marchésd’actions se sont redressés au point d’ins-crire des niveaux proches des chiffres re-cords de juillet dernier – l’écart n’est plusque de 3% aux Etats-Unis, par exemple.

Comment évoluera l’économie mon-diale dans les cinq prochaines années ?

Les secousses financières ré-centes ont tempéré la disposition des investisseurs à prendre des risques. Lesflux de capitaux drainés par les marchésémergents n’augmentent plus autant queces dernières années ; durant les années90, ces marchés contribuaient encore àhauteur de 60% à la progression de l’éco-nomie mondiale. La croissance est parcontre devenue plus saine. Dans les paysindustrialisés, je m’attends à un ralentis-sement passager, qui devrait être dépas-sé en l’an 2000.

Que prévoyez-vous pour l’Europe ?Je pense que l’introduction de l’euro

aura un impact positif sur l’investissement.Les entreprises européennes devront rationaliser. Beaucoup d’entre elles ontencore du retard sur leurs homologuesaméricaines en matière d’efficacité.

Quels sont les secteurs prometteurs ?L’avenir, en Europe, appartient aux

produits et aux services mobilisant un savoir-faire important. Auront le vent enpoupe : la recherche, les techniques decommunication, la biotechnologie, les nou-veaux matériaux, les produits pharmaceu-tiques et la recherche médicale. Les télé-communications joueront bien entendu unrôle majeur et seront un gros pourvoyeurd’emplois. Les services financiers gagne-ront aussi en importance, dans la mesureoù les besoins en capitaux demeurent

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30ECONOMIC RESEARCH

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élevés dans le monde. Il sera intéressantd’observer que même les petites etmoyennes entreprises seront de plus enplus nombreuses à nouer des alliances pardelà les frontières nationales.

Vous pronostiquez pour la Suisse unecroissance ralentie en 1999 et un rebondpour l’an 2000.

Il y aura en effet une baisse d’acti-vité en 1999, dont le principal responsablesera l’industrie d’exportation. Et le moraldes consommateurs souffrira passagère-ment des turbulences économiques inter-nationales.

Faut-il alors tirer la sonnette d’alarme?Non, je ne m’attends pas à une

chute brutale. Nous n’avons pas àcraindre que la Suisse replonge dans lastagnation, comme cela a été le cas entre1990 et mi-1997. La consommation desménages ne faiblira pas, car la sécurité del’emploi s’est améliorée grâce à la baissedu chômage. Je table sur une légèrehausse du pouvoir d’achat. Cependant,dans le secteur de la construction, les effets du programme d’investissement se-ront nettement plus faibles l’an prochain.

Selon vos prévisions, le chômage bais-sera à 3,2% d’ici à l’an 2000. Qu’est-cequi vous rend si optimiste ?

Le marché suisse du travail a trèsvite réagi à l’amélioration de la conjonc-ture. La croissance de la seconde moitiéde 1997 s’est rapidement traduite par unebaisse du taux de chômage. Les entre-prises se sont rendu compte aux premierssignes de reprise qu’elles devaient reconstituer leurs stocks. Les créationsd’entreprise sont de plus en forte hausse.De nombreuses sociétés externalisent lesdomaines qui ne font pas partie de leurmétier de base. Et la recherche gagne enimportance.

A.B.

C.P.

A.B.

C.P.

A.B.

C.P.

Pourquoi ?On constate une imbrication de plus

en plus étroite entre le monde scientifiqueet le monde économique : les résultats des recherches passent aujourd’hui beau-coup plus rapidement aux entreprises. Untransfert que l’on a eu pendant longtempsdu mal à gérer en Suisse.

Le service Economic Research a pourtâche d’anticiper et d’analyser les déve-loppements de la vie économique. Com-ment parvenez-vous à maîtriser un do-maine aussi complexe ?

Nous devons surveiller et interpré-ter le plus grand nombre de paramètrespossible. Les progrès réalisés dans lestechnologies de l’information nous per-mettent de disposer très rapidement d’unetrès grande quantité de données. Nousmettons aussi à profit les spécificités de labanque : le contact que nous entretenonsrégulièrement avec nos clients est unesource d’information extrêmement riche.Nos collègues du front nous fournissentaussi des indications que nous intégronsdans nos analyses. En ce qui concernel’économie mondiale, nous bénéficions del’appui des économistes qui travaillentpour CREDIT SUISSE FIRST BOSTONdans différents centres financiers toutautour de la planète. C’est une aide trèsprécieuse.

Quel est le point sensible ?Une des tâches les plus difficiles

est de rendre nos analyses lisibles et utili-sables pour ceux à qui nous les destinons.Nous devons constamment nous adapteraux besoins spécifiques de notre public.

Quelles sont, dans le monde financier,la part de l’analyse et du savoir et celle dela psychologie ?

La psychologie est un facteur extrêmement important. Prenons par

A.B.

C.P.

A.B.

C.P.

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A.B.

C.P. exemple la crise récente sur les marchésfinanciers. Elle a donné lieu, aux Etats-Unis, à deux baisses de taux relativementfaibles – de un quart de point chaque fois.La première est tombée dans un climat demorosité générale. Résultat : l’effet stimu-lant escompté ne s’est pas produit. Lorsde la seconde, début octobre, le marchéétait déjà mieux disposé. Conséquence :la baisse a été accueillie avec enthou-siasme. En Suisse, le climat de con-sommation s’est passagèrement détérioréà l’annonce de la fusion entre la SBS etl’UBS. Et actuellement, on peut s’attendreà ce que les consommateurs réagissent àla crise financière, même s’ils ne détien-nent pas d’actions eux-mêmes. Autantd’effets psychologiques.

Cela rend toute prévision délicate.Oui. Il ne faut pas croire que nous

établissons une prévision forcément valable une année entière. Nous devonsrevoir en permanence notre analyse. Toutélément nouveau est immédiatement répercuté sur le conseil en placement et la politique de crédit.

Qu’est-ce que le service EconomicResearch apporte aux clients du CREDITSUISSE ?

Nous fournissons les données debase nécessaires à un entretien construc-tif avec le client. Nous voulons que notretravail permette aux conseillers en place-ment de donner un avis compétent. Leclient voit ainsi que nous connaissons parfaitement le marché. Nous avons parexemple organisé, en septembre et oc-tobre derniers, une série de présentationsqui ont rencontré un vif intérêt, en parti-culier auprès de notre clientèle entre-prises. Nous offrons à ces clients des im-pulsions pour leur planification et l’élabo-ration de leur prochain budget. Lapossibilité de confronter leurs analyses etleurs idées avec nos résultats est pour euxun atout appréciable.

A.B.

C.P.

A.B.

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CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

31ECONOMIC RESEARCH

«NOS PRÉVISIONS NE SONT PAS FORCÉMENT VALABLES UNE ANNÉE ENTIÈRE.»

Page 32: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Habituellement, le prix de l’essence est unsujet auquel les Suisses prêtent uneoreille attentive. Or, depuis un certaintemps, il ne suscite plus de vif débat. Celan’a rien d’étonnant car, en septembre dernier, le prix moyen des carburants étaitinférieur de 7,3% au cours correspondantde 1997. En effet, si le marché du bruts’était brièvement rétabli après son pointbas du mois d’août, les cours ont de nou-veau subi de fortes pressions en octobre.L’automobiliste moyen ne se rend pas toujours compte que si son porte-monnaieest sensible à l’évolution des prix du pé-trole, celle-ci déteint aussi sur les marchésfinanciers internationaux.

La demande en chute libre…

L’an dernier, la crise financière de l’Asieétait encore considérée comme un pro-blème local : il est aujourd’hui évident queses séquelles ont été sous-estimées pources pays. Le recul des investissements,l’insécurité des consommateurs et, finale-ment, la stagnation de la production sontà l’origine d’un net fléchissement de lademande de pétrole dans la zone asia-tique. Ce repli se poursuivra l’an prochain,car un rebond de la conjoncture est peuprobable en 1999. Quant aux répercus-sions internationales de la crise asiatique,elles n’ont pas non plus vraiment soutenule cours du pétrole.

Comme les turbulences se sont propa-gées en Russie et en Amérique latine, il a

32ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

ÇA CHAUFFE POURLE BRUT LE PRIX DU PÉTROLE

CHUTE – ET DONNE DESSUEURS FROIDES AUXMARCHÉS FINANCIERSPAR GREGOR HIRT, ECONOMIC RESEARCH

« SI LA CONJONCTURE

NE S’AMÉLIORE PAS, LES

PRODUCTEURS DE

PÉTROLE AURONT DU MAL

À TROUVER PRENEUR»,

REDOUTE GREGOR HIRT.

Page 33: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

également fallu revoir les prévisions decroissance de ces pays. En outre, les paysindustrialisés sont de plus en plus affectéspar le recul des commandes à l’exporta-tion, qui se traduit par une moindre production. L’assombrissement gradueldes perspectives conjoncturelles inter-nationales ne laisse présager aucun re-dressement de la demande de carburants.Même les conditions climatiques s’y sontmises pour affaiblir ce marché pétroliersouffreteux. Le phénomène météorolo-gique connu sous le nom de « El Niño » futresponsable de la tiédeur de l’hiver1997/1998, entraînant une consomma-tion de fuel domestique très faible encomparaison historique. Il n’est certes pasexclu que « La Niña », la sœur d’El Niño,ramène des hivers plus froids, mais cet effet ne suffira pas à compenser lesconséquences du tassement de la con-joncture, pas plus qu’il ne constituera unsoutien suffisamment vigoureux de la demande de pétrole.

…et une offre pléthorique

Ces derniers mois, les Etats de l’OPEP,l’Organisation des pays exportateurs depétrole, se sont, pour la plupart, confor-més aux quantités fixées pour l’extraction.Cela peut surprendre car, lors de l’accordde Vienne, en mars 1998, les quotas deproduction ont simplement été ajustés auxexcédents antérieurs, sans être diminués.Pour autant, il ne faut en aucun cas surestimer l’influence de l’OPEP sur lemarché du brut.

La tentation est grande, pour un pays,de ne pas respecter les quotas convenus.En effet, s’il augmente sa propre produc-tion, il peut tirer profit de la discipline desautres pays. Cette attitude de « resquilleur »pourrait être évitée en menaçant le mau-vais joueur d’une amende. Un tel recoursest toutefois presque impossible dans le cas d’Etats indépendants. Une causesupplémentaire de l’effritement du pouvoirde l’OPEP est la concurrence de plus enplus féroce que se livrent les producteurs

de pétrole. Si, dans les années 70, la partde marché de l’OPEP dépassait encore50%, elle atteint tout juste 40% aujour-d’hui. Plusieurs facteurs d’incertitudesubsistent cependant :• En Irak, la production est inférieure au niveau autorisé par l’accord « Pétrolecontre nourriture » de l’ONU. De nom-breux sites de prospection sont tou-jours dans un état lamentable depuis laguerre du Golfe, mais ce pays pourrait aisément augmenter sa production dequelques dizaines de milliers de barils parjour. • Par ailleurs, il ne faut pas oublier que60% du pétrole brut est produit en dehorsde l’OPEP par des pays tels que leMexique. Ces Etats sont nombreux à subir le contrecoup de la crise asiatique.Ils seront tentés, en cas de hausse desprix, d’effectuer des forages qui n’étaientpas rentables à un cours inférieur.• Enfin, l’on ignore encore la quantité debrut déversée sur le marché par la Russie.La Fédération fait certes face à des pro-blèmes logistiques toujours plus aiguspour le transport du carburant. Mais cepays est avide de devises étrangères, etl’exportation de pétrole viendrait fort àpropos.

Ainsi, l’offre mondiale de pétrole brutcontinuera d’être supérieure à la de-mande, ce qui ne plaide pas en faveurd’un redressement des cours d’ici un an.

Conséquences pour les marchés financiers

Les automobilistes ne sont pas seuls à seréjouir du bas niveau des cours pétroliers.Ces derniers constituent en effet unecomposante importante des indices d’in-flation. Au cours des dix dernières années,l’inflation s’est montrée particulièrementsensible aux fluctuations du prix du pétroleen Suisse et aux Etats-Unis. Le graphiqueci-dessous illustre les évolutions parallèlesdu cours du pétrole et de l’indice des prixà la consommation aux Etats-Unis. En Allemagne, au contraire, la corrélationavec l’inflation demeure faible.

L’inflation affecte les cours des obliga-tions, puisque l’inflation attendue est priseen compte dans le calcul des rendementsréels. De ce fait, la faiblesse des prix dupétrole profite aux cours des obligations,tandis qu’elle grève les revenus des ac-tions des groupes pétroliers. Chez Shell,le prix moyen anticipé pour 1998 se situaitaux alentours de 18 dollars le baril, desorte que la performance de ce secteurs’est révélée particulièrement désas-treuse. En revanche, les entreprises detransport, pour lesquelles le carburant estune composante cruciale des coûts, sont extrêmement favorisées par le bas niveauactuel des cours du pétrole.

GREGOR HIRT, TÉLÉPHONE (01) 3339648

E-MAIL : [email protected]

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

33ECONOMIC RESEARCH

LE COURS DU PÉTROLE ET L’INFLATIONAMÉRICAINE BAISSENT DE CONCERT

US CPI (échelle de droite)

1992 1993 1994

$/baril %

25

30

20

15

10

5

01995 1996 1997 1998

Brent Crude

0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

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MARCO BERG, DE LA FÉDÉRATION PÉTROLIÈRE, RÉPOND À NOS QUESTIONS SUR LE MARCHÉ DU PÉTROLE. POUR LUI, CEPENDANT, ÉTABLIR DES PRÉVISIONS REVIENT À

INTERVIEW: BETTINA JUNKER

Monsieur Berg, le prix du pé-trole est au plus bas. Va-t-il se redresser ?

Les stocks mondiaux sonttrès hauts, les consommateurs ont remplileurs citernes de fuel domestique. La demande ne peut donc plus augmen-ter, excepté pour les carburants. Celamaintient les prix à un bas niveau. Si nousavons encore un hiver doux, la situationdeviendra difficile : la quantité extraite reste stable et le prix continue de chuter.Actuellement, le baril est à 12 dollars,alors que l’an dernier, les experts avaientprévu un cours entre 18 et 20 dollars.Pour les trois prochaines années, on at-tend un cours situé entre 13 et 15 dollarsle baril.

Et si une crise éclate à nouveau auProche-Orient ?

L’histoire a montré que le prix dupétrole réagit aux événements politiques.En cas de crise comme celle de 1991dans le Golfe, les prix peuvent s’envolertrès vite. A cette époque, le baril est sou-dainement remonté à 40 dollars sur lemarché mondial.

M.B.

B.J.

MARCO BERG

BETTINA JUNKER

Combien de pétrole reste-t-il dans lemonde ?

Les réserves exploitables auxconditions actuelles de coût et de techno-logie s’élèvent à 139 milliards de tonnes.En divisant ce chiffre par la consommationen 1998, on obtient une durée de 42 ans.Si, du jour au lendemain, l’on ne trouvaitplus une goutte de pétrole, et que la con-sommation reste stable, le pétrole seraitépuisé dans 42 ans. Ce chiffre n’est toutefois qu’une valeur comptable variantcontinuellement. Ainsi, en 1973, les ré-serves étaient estimées à 30 ans.

Pourquoi de telles variations ?Ce chiffre augmenterait en cas de

hausse du cours du pétrole. De plus, l’ondécouvre sans cesse de nouveaux gise-ments. Pourtant, les experts affirment quela moitié des réserves disponibles estépuisée : si la consommation augmente, ilne restera bientôt plus rien, et la consé-quence de la pénurie sera une flambéedes prix. Quelques spécialistes prévoientcette hausse d’ici à trois ans – mais ils lefont depuis déjà dix ans.

La crise pétrolière du début des années 70 fut traumatisante. Une telle pénurie serait-elle à nouveau possible ?

Ce qui, en 1973, est apparu comme une crise de l’approvisionnementétait en réalité un choc des prix. Le cartelde l’OPEP avait encore assez de pouvoirpour fixer les cours du pétrole. Depuis,l’organisation a perdu beaucoup de son influence. Et les crises politiques suscep-tibles d’entraîner une pénurie ne sont pasprévisibles. L’expérience le montre : quiveut prévoir l’évolution du marché pétrolier

M.B.

B.J.

M.B.

B.J.

M.B.

B.J. peut tout aussi bien la lire dans le marc decafé.

De nouvelles énergies viennentconcurrencer le pétrole. Faut-il en con-clure que sa consommation va diminuer ?

Une étude, présentée en sep-tembre dernier lors du congrès mondial del’énergie à Houston, montre que la con-sommation globale d’énergie va augmenterde 50% au cours des vingt prochaines an-nées. Ces besoins seront couverts tant parle pétrole que par d’autres énergies. Dansles pays industrialisés, la consommationde pétrole ne progresse plus que faible-ment, mais sa hausse est d’autant plusmarquée en Asie et en Amérique latine.En 2020, les deux tiers du pétrole serontabsorbés par le secteur des transports.

Le prix du pétrole sera-t-il un jour siélevé que le recours aux énergies renou-velables se justifiera financièrement?

De fait, le pétrole de la terre estgratuit. Seuls l’extraction et le raffinage, le transport et la commercialisation sontcoûteux. De nos jours, cette industrie esttellement performante que le pétrole estdevenu bon marché. Il est cependantconcevable que l’extraction du pétrole devienne un jour plus onéreuse techni-quement. Le prix du pétrole augmenteraitet les énergies renouvelables pourraientalors se révéler compétitives. Il y a aussi laquestion de la fixation des prix de l’éner-gie sur le plan politique. En Suisse, il fauts’attendre à ce que les prix des énergiesnon renouvelables telles que le gaz, lecharbon, le nucléaire et, bien sûr, le pétrole, soient artificiellement relevés aucours des années à venir.

M.B.

B.J.

M.B.

B.J.

LIRE DANS LE MARC DE CAFÉ

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35ECONOMIC RESEARCH

NOS PRÉVISIONS CONJONCTURELLES

REPÈRES DE L’ÉCONOMIE SUISSE :

LE COMMERCE DE DÉTAIL SE RANIMESelon l’Office fédéral de la statistique, le chiffre d’affaires du commerce de détailde septembre 1998 a progressé en valeur de 2,8% par rapport à septembre1997. L’augmentation atteint même 3,0% en termes réels. Cette croissanceconcerne aussi bien l’alimentation, l’habillement et les textiles que les autresbranches.

CROISSANCE DU PIB :

UN TON EN DESSOUSEn Europe, ce sont surtout les exportations qui se ressentent desturbulences sur les marchés émergents. Un ralentissement de lacroissance apparaît aussi aux Etats-Unis. En Europe comme auxEtats-Unis, cependant, la demande intérieure amortit le recul desexportations.

INFLATION :

LE MOTEUR NE CHAUFFE PASMalgré la récente baisse des taux par la banque centrale, tout dan-ger de surchauffe est écarté aux Etats-Unis, où le ralentissementdes créations d’emplois, le prix toujours aussi bas des matièrespremières et le fléchissement du dynamisme économique fontrempart à l’inflation.

TAUX DE CHÔMAGE:

JAPON: SOMBRES PERSPECTIVESLe cycle conjoncturel est plus avancé dans les pays anglo-saxonsqu’en Europe. Aussi les faibles taux de chômage que ces pays ontconnus en 1998 ne se répéteront-ils pas en 1999. Le Japon enregistrera, lui aussi, une augmentation du chômage due aux importantes réformes structurelles en cours dans le pays.

Moyenne1990/1996 1997 1998 1999

Suisse –0,1 1,7 1,9 1,1Allemagne 2,5 2,2 2,5 2,0France 1,4 2,5 3,0 2,4Italie 1,2 1,5 1,8 2,5Grande-Bretagne 1,3 3,1 2,2 1,5Etats-Unis 1,9 3,8 3,3 2,0Japon 2,2 0,8 –1,8 0,0

Moyenne1990/1996 1997 1998 1999

Suisse 2,8 0,5 0,0 0,6Allemagne 3,1 1,8 1,2 1,5France 2,4 1,2 1,2 1,5Italie 5,0 1,8 1,8 2,0Grande-Bretagne 4,1 2,8 2,8 2,7Etats-Unis 3,4 2,3 1,6 2,0Japon 1,4 1,7 0,1 0,3

Moyenne1990/1996 1997 1998 1999

Suisse 3,2 5,2 3,8 3,6Allemagne 8,4 11,5 11,2 11,2France 10,9 12,5 11,8 11,4Italie 10,3 12,2 12,0 11,7Grande-Bretagne 8,7 5,6 4,8 5,1Etats-Unis 4,7 4,9 4,5 4,6Japon 2,6 3,4 4,3 4,9

1997 8.98 9.98 10.98

Inflation 0,5 0,1 0,1 0,0Marchandises 0,6 –0,4 –0,6 –0,7Services 0,5 0,5 0,5 0,6Suisse 0,5 0,5 0,4 0,4Etranger 0,7 –0,8 –0,9 –1,0

C.A. du commerce de détail, réel 0,4 1,5 3,0 –Solde de la balance commerciale (mrd CHF)* 2,0 –0,3 0,3 –

Exportations de marchandises (mrd CHF) 105,1 7,2 9,6 –Importations de marchandises (mrd CHF) 103,1 7,5 9,3 –

Taux de chômage 5,2 3,4 3,2 –Suisse alémanique 4,5 2,8 2,7 –Suisse romande 6,8 4,7 4,5 –Tessin 7,8 5,3 5,0 –

* Hors métaux précieux, pierres précieuses et semi-précieuses, objets d’artet antiquités (= total 1)

838281

%

10

12

8

6

4

2

0

–2

–4

–684 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98

70

100

110

80

90

120

CHF, pondéré par les échanges commerciaux (échelle de droite)

Importations (croissance réellepar rapport à l’année précédente)

LE GRAPHIQUE ACTUEL

LE FRANC FORT FREINE LA CROISSANCELes importations sont très sensibles aux variations des taux de change. L’appréciation du franc amplifie encore le dynamisme des importations et freine la croissance du PIB. A noter que les importations de services accusentbeaucoup plus fortement ces variations que dans le cas des marchandises.

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CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

APRÈS UNE HAUSSE PROLONGÉE, LESCOÛTS SALARIAUX UNITAIRES DE LASUISSE SONT À NOUVEAU EN BAISSE.

PAR THOMAS HELLER,ECONOMIC RESEARCH

Qu’est-ce que la compétitivité ? Pour uneentreprise, la réponse est assez claire :l’entreprise est compétitive lorsqu’elleréussit à réaliser durablement des béné-fices sur la vente de ses biens et services.La part de marché et sa progression sontdes critères complémentaires ; mais, enfin de compte, ceux-ci relèvent égalementde la poursuite d’objectifs bénéficiaires.

Sur le plan macroéconomique, leschoses sont moins évidentes : on prendsouvent comme indice de la compétitivitéd’un pays sa croissance économique, ou

encore l’augmentation ou la diminution desa part dans les exportations ou leséchanges mondiaux. Alors qu’une entre-prise préfère ne pas révéler la stratégiequ’elle adopte pour accroître sa compéti-tivité, les facteurs qui déterminent celled’un pays présentent un intérêt généralpour la gestion de son économie.

Dans des articles publiés précédem-ment, le BULLETIN a étudié la valeur de différents indicateurs permettant demesurer la compétitivité. Pour terminercette série, nous analyserons l’incidence

du facteur travail sur les coûts en tantqu’indicateur de la compétitivité.

On sait depuis longtemps que le niveaudes salaires suisses est supérieur à la moyenne internationale. Selon leDeutsches Institut für Wirtschafts-forschung (DIW), le coût du travail – c’est-à-dire le salaire horaire et les charges salariales annexes – était en Suisse deprès de 25 dollars l’heure en 1997 ; les résultats de cette étude concordent large-ment avec ceux de l’U.S. Department ofLabor. Dans le classement des pays au

THOMAS HELLER : « L’AMÉ-

LIORATION DU RAPPORT

ENTRE COÛT DU TRAVAIL

ET PRODUCTIVITÉ FAVORISE

LA CROISSANCE DE L’ÉCO-

NOMIE SUISSE. »

PASÀ PAS

VERS LE BAS

Page 37: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Portugal

Japon

Grèce

Allemagne

Suisse

Norvège

Grande-Bretagne

Belgique

Luxembourg

Etats-Unis

Danemark

Australie

Pays-Bas

France

Autriche

Espagne

Canada

Italie

Suède

Finlande

100 110

Source: OCDE

1990 = 1

80 906050 70

coût du travail le plus élevé, la Suisse occupe ainsi le troisième rang après l’Allemagne de l’Ouest et la Norvège. Les derniers sont la Grèce avec 9,1 dol-lars et le Portugal avec 6,4 dollars l’heure.

Travail cher, pas toujours un handicap

Il serait toutefois inconsidéré d’en con-clure que, sur le plan des coûts, le Portugala par rapport à la Suisse ou à l’Allemagneun avantage concurrentiel quatre fois plusgrand. En effet, ces chiffres ne prennentpas en compte la productivité, c’est-à-dire la quantité produite en une heure auxprix mentionnés. Pour y remédier, on calcule généralement les coûts salariauxunitaires, que l’on obtient en divisant parla quantité produite le coût total des

salaires requis pour réaliser ce rendement.Dans certains cas – en particulier pour lePortugal –, le facteur productivité modifiepassablement les résultats indiqués plushaut. Mais pour la Suisse il n’améliore quede peu la situation. Parmi les principauxconcurrents de la Suisse sur les marchésmondiaux, seuls le Japon et l’Allemagneont enregistré pour les années 90 unehausse relativement forte des coûts sala-riaux unitaires.

Outre la productivité, les taux de change ont un impact considérable sur lescoûts salariaux unitaires. De fait, les paysoù ces coûts se sont réduits le plus cesdernières années en comparaison interna-tionale ont connu une dépréciation moné-taire parfois massive. En Suisse, on a ob-servé le contraire depuis 1992. Celaexplique les appels répétés à la dévalua-tion lancés ces derniers temps dans notrepays. La prudence est toutefois de mise :une monnaie forte maintient les entre-prises « en forme » en les obligeant à amé-liorer leur productivité pour compenser les inconvénients d’ordre monétaire. In-versement, les dépréciations atténuent lapression s’exerçant sur les entreprises,mais les incitent à la «paresse ». A terme,l’argumentation selon laquelle une mon-naie faible comporte des avantagesconcurrentiels ne tient pas.

Un soutien de la croissance

Reste à savoir s’il existe un lien entre lescoûts salariaux unitaires et l’expansionéconomique. Pour répondre à cette ques-tion, le CREDIT SUISSE s’est livré à uneanalyse spécifique englobant la périodeallant de 1980 à nos jours et portant surhuit pays: Suisse, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie,Pays-Bas et Japon. Les résultats mon-trent que les coûts salariaux unitaires et lacroissance économique évoluent légère-ment en sens inverse, de façon statisti-quement significative. Plus les coûts sala-riaux unitaires sont élevés et plus ilsprogressent, plus l’expansion est faible.

De 1990 à 1995, les coûts salariauxunitaires ont augmenté en Suisse de 17%;seuls le Japon et l’Allemagne ont obtenuun moins bon score. Cette progression a précipité la récession et favorisé lalongue dépression. Les progrès réalisésen 1996 et 1997 doivent en conséquenceêtre jugés positifs, car ils ont amélioré lacompétitivité de l’économie suisse. Lesestimations portant sur l’année en courset les pronostics pour 1999 signalent unenouvelle amélioration par rapport aux septprincipaux pays industrialisés. Les coûtssalariaux unitaires devraient ainsi être l’un des soutiens de la croissance qui adémarré en 1997.

THOMAS HELLER, TÉLÉPHONE (01) 3336656

E-MAIL: [email protected]

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

37ECONOMIC RESEARCH

Allemagne (Ouest)

Norvège

Suisse

Danemark

Belgique

Suède

Autriche

Finlande

Pays-Bas

Luxembourg

Japon

Allemagne (Est)

France

Italie

Canada

Grande-Bretagne

Australie

Espagne

Irlande

Grèce

Portugal

Source: DIW

Etats-Unis

0 5 10 15 20 25 30

CHÈRE ALLEMAGNECoût du travail (en dollars)

LA FINLANDE GAGNANTECoûts salariaux unitaires en comparaison internationale

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L’ÉCONOMISTE SEMYA

AYOUBI A ANALYSÉ POUR

NOUS LES PROBLÈMES

AUXQUELS EST CONFRON-

TÉE L’INDUSTRIE DU

BÂTIMENT EN SUISSE.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

LE BÂTIMENT VA MAL. CE SECTEUR EST ENCONSTANTE RÉGRESSION DEPUIS 1990. TOUS

LES ESPOIRS REPOSENT DÉSORMAIS SURLES GRANDS PROJETS D’INFRASTRUCTURE.

LE FIL À PLOMB VACILLE

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Depuis 1990, les dépenses de construc-tion n’ont cessé de diminuer, passant de49 à 41 milliards de francs. L’année der-nière encore, elles ont baissé de 4%.L’évolution est toutefois différente selon lemaître d’ouvrage : alors que les investis-sements publics dans le bâtiment se main-tiennent sensiblement au même niveau,ceux du secteur privé dépendent des im-portantes fluctuations conjoncturelles.C’est ainsi que la part des investissementsprivés est tombée à 63%, alors qu’elleétait supérieure à 70% en pleine périodefaste (1989).

Légère reprise pour les logements

La construction de logements a considé-rablement souffert de la faiblesse con-joncturelle entre 1991 et 1993. Mais en1994, ce secteur a enregistré une aug-mentation de 36% par rapport à l’annéeprécédente, principalement en raison desmesures d’encouragement de la Confé-dération à la propriété du logement. Plusde 47 000 logements ont ainsi étéconstruits cette année-là. Ce niveau a puêtre maintenu en 1995, mais les deux an-nées suivantes ont à nouveau connu unebaisse d’activité.

Au premier semestre de cette année, latendance ne s’est pas vraiment confirmée.Mais ne nous réjouissons pas trop tôt. Divers facteurs inquiètent encore les in-vestisseurs, qui hésitent à s’engager : – le pourcentage élevé de logements

vides, soit 1,85% actuellement, té-moigne d’une faible demande. Cerisque de manque à gagner concerneaussi les logements neufs ;

– les valeurs vénales peuvent à tout mo-ment être revues à la baisse ;

– les marchés financiers ne sont pas trèsstables et certains investisseurs ont déjà subi des pertes conséquentes.

D’autres facteurs, en revanche, peu-vent avoir des répercussions positives surles investissements : en effet, les tauxd’intérêt avantageux et les prix bas del’immobilier et des terrains peuvent en-courager les particuliers à investir dansleur propre logement. Par ailleurs, les lo-gements neufs sont loués à des conditionsplus avantageuses pour éviter qu’ils nerestent vides. Enfin, la perspective d’uneembellie conjoncturelle ne pourra que fa-voriser la reprise des investissements :grâce à une meilleure sécurité de l’emploiet à des revenus plus stables, les maîtresd’ouvrage privés investiront à nouveauplus. Mais pour l’instant, il semble mal-heureusement que les facteurs négatifsprennent encore le dessus.

La construction de bâtiments à usageprofessionnel a connu son apogée en1990 et ne cesse de régresser depuis.Les investissements de 1997 (5,7 mil-liards de francs) ne représentaient mêmepas la moitié de ceux de 1990. Cette ten-dance s’explique par les taux de vacanceélevés dus aux suppressions d’emplois età la réorganisation de nombreux secteurs.Et pourtant, les entreprises continuentd’investir dans de nouveaux bâtiments – àbas niveau, il est vrai –, car la transforma-tion de bâtiments anciens revient souventbien plus cher qu’une construction neuveen raison des exigences complexes desentreprises de production. Mais le choixdu site est également dicté par des rai-sons logistiques et fiscales.

La construction de bureaux suit la même évolution. Là aussi, les nom-breuses fusions, restructurations et sup-pressions d’emplois ont réduit le tauxd’occupation des immeubles de bureaux.Le potentiel de reconversion des bâti-ments inoccupés va très certainement ralentir les investissements dans du neuf.Car contrairement au secteur industriel,où les exigences sont très spécifiques, latransformation peut être une alternativetout à fait valable pour les immeubles debureaux. Cependant, le choix du site dans

le secteur tertiaire dépend souvent del’accessibilité pour les clients et le per-sonnel, d’où la tendance à investir désor-mais dans de nouveaux centres adminis-tratifs et de services.

Restrictions dans la construction publique

Les dépenses publiques en matière deconstruction sont en baisse depuis 1995.Bien que les collectivités publiques aientdépensé l’année dernière 2,2% de moinspour la construction et les travaux d’en-tretien, un taux de croissance réel de 1%a tout de même été enregistré en 1997.Mais pour l’industrie du bâtiment, cechiffre a un arrière-goût amer, car il té-moigne de la pression que les pouvoirs pu-blics exercent sur les prix. Compte tenu dela situation financière critique des cantonset des communes, ainsi que de la crisepersistante du bâtiment, les pouvoirs pu-blics n’ont plus guère les moyens de pra-tiquer une politique d’investissement anti-cyclique. Pour les communes, une tellepolitique est de toute façon impensable,compte tenu de leur faible marge de ma-nœuvre. Mais même les cantons ont deplus en plus de mal à l’appliquer. L’aug-mentation de 7,7% des investissementscantonaux dans le bâtiment, l’année der-nière, était plutôt une exception.

Stabilité grâce au programme d’investissement

Le bonus à l’investissement, qui est revupour la première fois depuis 1993, nerisque pas non plus d’avoir des répercus-sions durables sur l’industrie du bâtiment.Il ne s’applique en effet qu’à des travauxde réfection avancés par les pouvoirs pu-blics pour éviter tout coût ultérieur. Il nefaudra donc pas s’attendre à un effet mul-tiplicateur. Le bonus à l’investissement de200 millions de francs fait partie d’un pro-gramme d’investissement consacré pour93% à l’industrie du bâtiment. Selon nosestimations, ce programme devrait en-gendrer un volume d’investissements de

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

39ECONOMIC RESEARCH

PAR SEMYA AYOUBI, ECONOMIC RESEARCH

Page 40: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

«L’INDUSTRIE DU BÂTIMENT N’A PAS ENCORE SURMONTÉ SA LONGUE TRAVERSÉE DU DÉSERT.»

2,2 milliards de francs entre mi-1997 etmi-1999. La moitié environ de ce volumea été réalisé cette année, ce qui repré-sente une progression d’activité de prèsde 2% pour le secteur. Même si cette impulsion n’est pas durable, le programmed’investissement apporte une certainestabilité en attendant le début des tra-vaux liés aux grands projets d’infrastruc-ture.

Lueur d’espoir pour le génie civil

Les projets ferroviaires et l’achèvementdu réseau routier national ne donnerontpas non plus l’impulsion nécessaire à l’in-dustrie du bâtiment pour lui assurer untaux de croissance régulier, car les dé-penses sont réparties de façon égale surplusieurs années. Mais ils contribueront àaccroître le taux d’utilisation des capacitésdans le génie civil et auront de ce fait desrépercussions bénéfiques.

Le tableau ci-dessus montre les dé-penses d’investissement prévues par laConfédération jusqu’en 2008. Les grandsprojets ferroviaires représentent actuelle-ment 30,5 milliards de francs. Il s’agit deRail 2000 (13,4 milliards de francs), desNLFA (13,6 milliards), de travaux d’insono-risation (2,3 milliards), ainsi que du raccor-dement de la Suisse orientale et de la Ro-mandie avec le réseau européen de train àgrande vitesse (1,2 milliard). Les NLFA ontdéjà donné lieu à certaines dépenses, notam-ment pour la planification et les sondages.Les travaux proprement dits devraientcommencer en mai 2000 – sous réservedu résultat de la votation du 29 novembre.

L’achèvement du réseau routier natio-nal est prévu pour 2010. Les 210 kilo-mètres manquants représentent 11% del’ensemble du réseau. Leur achèvementdevrait encore coûter 21 milliards defrancs, soit 32% des dépenses totales.

Ce surcoût excessif est dû, d’une part, aurenchérissement, et, d’autre part, aux exi-gences élevées ainsi qu’à la demandecroissante de constructions originales.

L’industrie du bâtiment n’a pas encoresurmonté sa longue traversée du désert.Elle devrait certes enregistrer une crois-sance réelle de 1% en 1998, notammentgrâce au programme d’investissement.Mais pour l’année prochaine, le CREDITSUISSE s’attend à une stagnation, qui de-vrait néanmoins stopper la régression deces dernières années. Cependant, les surcapacités existantes dans ce secteuréconomique continuent de faire pressionsur les prix qui, à leur tour, entraînent, àdemande égale, une baisse du chiffred’affaires. La situation restera donc ten-due au moins jusqu’à l’an 2000.

SEMYA AYOUBI, TÉLÉPHONE (01) 3337735

E-MAIL : [email protected]

40ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

Sources : Office fédéral des transports, Office fédéral des routes

INVESTISSEMENTS PUBLICS: TROIS MILLIARDS PAR AN POUR LE BÂTIMENT

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008Programme d’investissement 1997 400 1100 697 Grands projets ferroviaires :

NLFA 192 246 443 664 854 965 917 948 982 1108 1083 913 Rail 2000, 1ère tranche 493 610 800 750 750 650 550 450 390 280 200 200 Raccordement Suisse orientale 30 50 50 50 100 150 150et Romandie avec le réseau européen de train à grande vitesseTravaux d’insonorisation 5 45 100 150 150 150 150 150 150 150

Achèvement du réseau routier 1434 1516 1560 1650 1650 1650 1450 1450 1450 1450 1450 1450nationalTotal investissements 2519 3472 3505 3109 3354 3445 3117 3048 3022 3088 3033 2863supplémentaires Part en % des investissements supplé- 6,1% 8,4% 8,5% 7,5% 8,1% 8,4% 7,6% 7,4% 7,3% 7,5% 7,4% 6,9%mentaires dans les dépenses de cons-truction 1997 (41 244 mio. CHF)Impulsions (différence par rapport à 2,3% 0,1% –1,0% 0,6% 0,2% –0,8% –0,2% –0,1% 0,2% –0,1% –0,4%l’année précédente, en points de pourcentage)

Millions de francs ; en gris : estimations

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Rapport Rende-cours/ Croissance ment sur

Fin bénéf. bénéficiaire dividende Prév.1997 9.98 1998 1998 1999 1998 12 mois

SPI global 3898 4162 22,8 0,13 0,15 0,02Industrie 5361 5926 26,5 0,13 0,12 0,01

Machines 2048 2040 11,1 0,24 0,09 0,03 •Chimie 10474 11220 30,4 0,08 0,14 0,01 •••Construction 2069 2483 15,8 0,43 0,07 0,02 ••Alimentation 3978 5258 25,4 0,12 0,06 0,01 •••Electrotechnique 2776 2685 15,7 0,65 0,19 0,03 •

Services 2662 2664 18,5 0,12 0,19 0,02Banques 2964 2758 17,7 –0,06 0,27 0,03 ••Assurances 4367 4880 20,1 0,08 0,12 0,02 ••Commerce de détail 800 970 16,8 0,15 0,16 0,02 ••

NOS PRÉVISIONS POURLES MARCHÉS FINANCIERS

TAUX DE CHANGE:

RAFFERMISSEMENT DU DOLLARAvec le retour au calme sur les marchés financiers, le dollar, actuellement mal en point, se raffermira. La volatilité des derniersmois a profité au franc suisse, que la perspective d’un passage àl’euro dans la sérénité d’ici à douze mois fera toutefois reculer parrapport au deutschemark.

MARCHÉ OBLIGATAIRE :

REDRESSEMENT DES RENDEMENTSLes importants transferts des actions vers les obligations ont faitfortement baisser les rendements des titres d’Etat. Dans la me-sure où les investisseurs vont toutefois réévaluer les risques desentreprises, les écarts de rendement entre les différents émetteursvont se resserrer.

MARCHÉ MONÉTAIRE :

CONVERGENCE DANS L’EUROLANDEmboîtant le pas à la banque centrale américaine, le Canada et la Grande-Bretagne ont abaissé leurs taux. Dans le cadre de la convergence européenne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande ont rapproché les leurs du niveau allemand.

BOURSE SUISSE :

DES PROGRESSIONS EXAGÉRÉESLe SMI a augmenté de 21% en octobre, soit la plus forte progression mensuelledepuis sa création en 1988. Il ne va sans doute pas continuer de progresser àce rythme, d’autant que la hausse ne fait que corriger le récent plongeon de la Bourse suisse, qui a souvent tendance à exagérer. Cette dernière profiteranéanmoins de la reprise des marchés.

PrévisionFin 97 11.98 3 mois 12 mois

Suisse 1,50 1,50 1,3 1,9Allemagne 3,65 3,61 3,6 3,3France 3,69 3,56 3,6 3,3Italie 5,95 4,26 3,6 3,3Grande-Bretagne 7,69 7,06 6,4 6,2Etats-Unis 5,81 5,38 4,8 4,8Japon 0,77 0,39 0,4 0,5

PrévisionFin 97 11.98 3 mois 12 mois

CHF/DEM 81.30 82.20 81.00 85.00CHF/FRF 24.40 24.50 24.10 25.30CHF/ ITL 0.83 0.83 0.82 0.86CHF/GBP 2.40 2.27 2.19 2.21CHF/USD 1.46 1.37 1.26 1.36CHF/JPY 1.12 1.15 0.97 0.97Or USD/once 290 294 290 270Or CHF/kg 13525 12530 11706 11806

PrévisionFin 97 11.98 3 mois 12 mois

Suisse 3,29 2,64 2,5 3,0Allemagne 5,35 4,15 3,8 4,2France 5,34 4,29 4,0 4,2Italie 5,65 4,50 4,1 4,4Grande-Bretagne 6,29 5,02 4,5 4,7Etats-Unis 5,74 4,50 4,0 4,5Japon 1,94 0,85 0,8 1,4

41ECONOMIC RESEARCH

Prévisions

1995 1996

Allemagne DAX

Indice de janvier 1995 = 100

Grande-Bretagne FT-SE 100Suisse SMIEtats-Unis S&P 500

250

300

350

200

150

100

501997 1998

Japon NIKKEI

BOURSES INTERNATIONALES :

L’HORIZON S’ÉCLAIRCITAprès la débâcle des « hedge funds », les investisseurs semblent redevenus plusconfiants. Avec la réévaluation des risques, des capitaux se sont reportés desmarchés monétaires sur les marchés d’actions. Les problèmes structurels à l’origine de la crise n’étant pas entièrement résolus, mieux vaut cependant nepas avoir une confiance aveugle dans la reprise actuelle.

• Performance inférieure à la moyenne•• Performance du marché

••• Performance supérieure à la moyenne

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Page 42: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

ATOUT

Page 43: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

ques années l’intérêt des investisseurs aconsidérablement augmenté, à tel pointque la fortune du fonds s’élève maintenantà plus de 200 millions de francs. Pour unebonne part, ce succès est dû à l’excellenttravail de ses responsables. En 1997, eneffet, le Fellowship Trust Fund occupait lapremière place parmi les fonds écolo-giques britanniques en termes de rende-ment. Et il se classe au dixième rang surles 134 meilleurs fonds, toutes catégoriesconfondues. « Ces résultats montrent bienque les instruments de placement concer-nés par l’éthique et l’écologie ont leur place sur le marché », déclare BerndSchanzenbächer, responsable Ecologiedes produits au CREDIT SUISSE GROUP.

Les Britanniques en tête

Partout dans le monde, on voit fleurir desfonds « éthico-écologiques ». Les précur-seurs ont été les banques et les caissesde pension britanniques. En effet, Albion

connaît ce type de produits de placementdepuis plus de dix ans. « Et le potentiel est loin d’être épuisé », souligne BerndSchanzenbächer. En Suisse, notamment,où ces placements ne représentent que0,5% de l’avoir total des fonds, contraire-ment aux Etats-Unis, où 10% des in-vestissements sont déjà guidés par descritères éthiques et écologiques.

Dans notre pays, le CS Equity Fund(Lux) Eco Efficiency, géré de Zurich parCREDIT SUISSE ASSET MANAGEMENT,connaît un grand succès. Il investit auxquatre coins du globe dans des entre-prises leaders ou pionnières, dont la pro-duction est axée systématiquement sur leséconomies de ressources et la préserva-tion de l’environnement. Cela avec succès,d’ailleurs : depuis 1997, en comparaisoninternationale, la performance réalisée parle fonds est supérieure à la moyenne. Lafirme zurichoise Sustainable Asset Mana-gement SA démontre dans une étude que

Au premier abord, on n’imagine guère lesbanquiers prôner les vertus écologiques.Et pourtant, parmi les artisans de la hautefinance, les « sensibilités vertes » ne fontplus sourire. Il faut dire que l’écologie per-met de gagner de l’argent. Un exemple ?En Grande-Bretagne, le Credit SuisseFellowship Trust Fund de CREDIT SUISSEASSET MANAGEMENT connaît un succèsfou. Comme tous les fonds de placement,il draine les capitaux de multiples investis-seurs. Le Trust Fund investit dans des petites et moyennes entreprises qui res-pectent certaines valeurs sociales et éco-logiques, c’est-à-dire qui renoncent à fairedes affaires au détriment de l’environne-ment, de la santé ou de la dignité hu-maine. Cette constellation exclut l’indus-trie des armes, la pornographie, le tabac,les pesticides.

Au départ, les gestionnaires de cefonds londonien disposaient de moyensrelativement modestes. Mais depuis quel-

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

43FORUM

D’ABORD LES AFFAIRES, ENSUITE LA MORALE? PAS DU TOUT! LES PRINCIPES ÉTHIQUES ET ÉCOLOGIQUES PERMETTENT DE GAGNER DE L’ARGENT.

PAR CHRISTIAN PFISTER, RÉDACTION BULLETIN

VERT

LES PROS DE L’ÉCO-

LOGIE AU CREDIT

SUISSE ONT LE VENT

EN POUPE (DE

GAUCHE À DROITE

ET DE HAUT EN BAS) :

PATRIK BURRI, ÉCO-

LOGIE D’ENTRE-

PRISE ; OTTI BISANG,

CHEF MANAGEMENT

ENVIRONNEMENTAL;

ELIZABETH CASAL,

RESPONSABLE DU

SERVICE ÉCORISQUES

DANS LA GESTION

DES CRÉDITS ; BERND

SCHANZENBÄCHER,

ÉCOLOGIE DES PRO-

DUITS.

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les entreprises respectueuses de l’envi-ronnement enregistrent en Bourse des ré-sultats de 35% supérieurs aux autres. « Etcette tendance va probablement s’accen-tuer, indique Bernd Schanzenbächer, carune gestion intelligente de l’environne-ment permet d’économiser de l’argent etde diminuer les risques écologiques dansles entreprises. »

Risques écologiques ? Le mot est lâché. On entre là dans le domaine d’Eliza-beth Casal, une spécialiste des sciencesde l’environnement qui dirige depuis 1994le service Ecorisques dans la gestion descrédits. Le CREDIT SUISSE a été la pre-mière banque de notre pays a créer un telservice. Il a compris qu’en matière d’éco-logie des produits, les placements neconstituaient qu’un côté de la médailleverte ; l’octroi des crédits est tout aussiimportant. « Mon travail consiste à identi-fier les risques écologiques liés aux de-mandes de crédits, à les limiter et à lesmaîtriser », nous explique Elizabeth Casal.Pour cela, il faut commencer par formerles quelque 2000 collaborateurs de labanque travaillant dans le domaine descrédits. La logique de cette formation estla suivante : Qui ignore les risques s’ex-

pose à des dommages se chiffrant par millions de francs ; les activités de créditde la banque en souffriraient.

Tous les crédits sont concernés, qu’ils’agisse de rallonges, de prolongations oude nouvelles demandes. Pourtant, lesdossiers n’aboutissent pas tous sur le bu-reau d’Elizabeth Casal ou de ses deux col-laboratrices. La responsabilité incombe enpremière ligne aux conseillers : à eux dedétecter les risques éventuels en exami-nant les dossiers. Les responsables clien-tèle et crédits jugent au cas par cas s’il ya lieu de faire appel au service spécialiséd’Elizabeth Casal. « Lorsqu’on nous de-mande d’intervenir, nous effectuons desexamens approfondis », précise la spécia-liste de l’environnement. Il s’agit d’une

centaine de dossiers par an. L’équipe Casal se rend sur place, chez le client. « Jeprocède selon un plan prenant en consi-dération plusieurs scénarios possibles :comment évolue la marche des affaires,que se passe-t-il en cas de liquidation, de reconversion, de défaillances, etc. ?Quelles conséquences ces différents scé-narios peuvent-ils avoir pour les eaux, l’air,le sol ? » Le secteur d’activité, les mesuresde sécurité prévues en cas de catastropheécologique et les assurances conclues parles entreprises sont autant d’éléments quiinfluencent l’analyse. Il est également im-portant de savoir si l’entreprise est dotéed’un système de management environne-mental, et quelle position affiche sa direc-tion à l’égard des problèmes écologiques.

La nouvelle politique de crédit du CREDIT SUISSE pondère les facteurs financiers à 50%. Neuf autres facteurs interviennent encore, parmi lesquels lesécorisques. Sa santé écologique est l’undes éléments qui déterminera le prixqu’une entreprise aura à payer pour uncrédit : plus les risques sont importants,plus le taux d’intérêt sera élevé. « Maisnous ne devons pas non plus exagérer etjouer aux policiers de l’environnement.Cela irriterait les clients et fausserait l’image ;les risques écologiques ne doivent pasprendre le pas sur tout le reste dans les opé-rations de crédit », relève Elizabeth Casal.

Ecologie et santé des entreprises

Le côté systématique et la fréquence desexamens donnent à Elizabeth Casal unebonne idée de la santé des entreprises

44FORUM

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

LE CREDIT SUISSE GROUP À LA LOUPE

L’écobilan enregistre la consommation d’énergie et les flux de matières ; le rap-

port environnemental, quant à lui, décrit les efforts réalisés dans l’écologie des

produits et l’organisation du système de management environnemental. La struc-

ture mise en place par le CREDIT SUISSE GROUP pour son réseau suisse a reçu

en 1997 le certificat ISO 14001. C’est la première fois qu’une banque se voit at-

tribuer cette certification. Celle-ci atteste d’une part que l’entreprise connaît l’es-

sentiel de son impact environnemental et les prescriptions légales applicables,

d’autre part qu’elle cherche en permanence à améliorer son bilan écologique par

une surveillance continue et des audits. «Nous sommes partisans de la transpa-

rence et de la vérité. Le certificat ISO 14001 qui nous a été décerné nous confirme

que nous sommes sur la bonne voie dans la gestion environnementale», déclare

Peter Lienhart, membre du Directoire du CREDIT SUISSE et responsable de l’en-

vironnement au CREDIT SUISSE GROUP. Le Management environnemental du

CREDIT SUISSE répond volontiers à toute demande d’informations complémen-

taires : téléphone (01)3337333 ; e-mail [email protected]. Un résumé de l’écobilan de

l’entreprise peut être consulté sur Internet : www.csg.ch/eco_performance_97.

Page 45: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

suisses. « Tout va de pair : lorsqu’une en-treprise est financièrement saine, elle n’agénéralement aucun problème en matièred’écologie. Le chef d’entreprise qui maî-trise son affaire est attentif à tous les as-pects de la gestion », résume ElizabethCasal en connaissance de cause. En Suisse, 70 à 80% des risques écologiquesrésultent de situations anciennes ; les 20à 30% restants sont inhérents à l’activitémême des entreprises. Seules 300 entre-prises peuvent se targuer dans notre paysde posséder un système certifié de mana-gement environnemental. Elizabeth Casalne dresse pas pour autant un portraitsombre du paysage industriel suisse :beaucoup d’exploitations se sont dotéesd’un tel système mais ne l’ont pas fait certifier pour des raisons de coût. SelonElizabeth Casal, 80% des entreprisessuisses, en effet, veillent systématique-ment au respect de l’environnement.

Prêcher la bonne parole, cela s’apprend

C’est au Schanzenegg 3 à Zurich qu’estcentralisé pour le CREDIT SUISSE GROUPtout ce qui a trait à l’environnement. Uneou deux questions sur son engagementécologique suffisent à enflammer Otti Bisang. Pour ce Bâlois de 43 ans, les res-ponsabilités qu’il assume en qualité dechef Management environnemental auCREDIT SUISSE GROUP sont bien da-vantage qu’un travail. Il ne laisse planeraucun doute sur ce point. Malgré tout, OttiBisang ne prêche pas la bonne parole enbrandissant un index réprobateur. Il saitbien que dans une institution telle que leCREDIT SUISSE, ce n’est pas en donnantdes leçons d’écologie qu’il fera bouger leschoses. Il préfère donc les chiffres con-crets et une analyse réaliste. Et l’écobilancomme le rapport environnemental récem-ment publié (voir encadré page 44) prou-vent bien que l’engagement du CREDITSUISSE GROUP en faveur de l’environne-ment n’est pas qu’une formule creuse.

Les principales sources de pollutionrestent la consommation de courant et de

chaleur. Le CREDIT SUISSE GROUP,avec ses quelque 20700 collaborateursrépartis sur 472 sites en Suisse, aconsommé 155 millions de kilowatts/heure en 1996. Ce chiffre correspond aux besoins annuels de 28 000 ménages etreprésente une augmentation de 17% parrapport à 1994. Cette hausse significativetient à l’importante consommation d’éner-gie requise par l’informatique. Entre 1980et 1996, la banque a accru de 270 fois lacapacité mémoire de ses centres de cal-cul. Otti Bisang et son équipe s’attachentdonc à optimiser en permanence laconsommation. Par rapport à 1988, laconsommation spécifique de courant a di-minué de 10%. « L’un de nos atouts, dansce domaine, est que le CREDIT SUISSEpossède une organisation logistique cen-tralisée », affirme Otti Bisang. C’est unedes raisons pour lesquelles l’entreprise apu réduire d’un tiers sa consommation dechaleur depuis 1986. Autre bonne nou-velle : la consommation de papier a elleaussi baissé de 10% de 1995 à 1996.Mais Otti Bisang ne serait pas ce qu’il ests’il se déclarait satisfait de ces quelquessuccès. Son objectif : nouvelle baisse desconsommations de 15% d’ici à 2004 !

« A partir de 1996, nous avons égale-ment recensé la ‹consommation› de noscollaborateurs en matière de transports »,souligne Patrik Burri, responsable du ser-vice Ecologie d’entreprise. Résultat : 35 mil-lions de kilomètres parcourus, dont 75%par la voie des airs. « En recourant da-vantage à la visioconférence, nous avonséconomisé un million de kilomètres de vol.Une tendance qui se confirme », jubilel’écologiste.

Le marché veille au grain

Le CREDIT SUISSE GROUP est sur labonne voie. Les fonds de placement« verts », qui n’accueillent que des entre-prises adeptes d’un « développement du-rable », sont de plus en plus nombreux àadmettre ses titres. Tel est par exemple lecas du fonds de placement lancé débutoctobre par le WWF avec la collaborationdes banques cantonales. Et le marchéveille à ce que les objectifs ne restent pastrop modestes ; obstinément, il demandeaux entreprises de faire preuve d’une« sensibilité verte » toujours plus affirmée.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

45FORUM

BRÉVIAIRE ÉCOLOGIQUE

1. Utiliser des ampoules économiques, éteindre les lampes

inutiles.

2. Remplir complètement le lave-vaisselle et le lave-linge ;

choisir le programme adéquat.

3. Les appareils mis en veille consomment de l’électricité. Il

convient donc d’éteindre complètement le téléviseur et

l’ordinateur (en particulier l’écran) pendant la nuit.

4. En été, baisser les stores à temps ; en hiver, pour aérer les

locaux, ouvrir les fenêtres en grand mais brièvement.

5. Réutiliser les produits chaque fois que possible.

6. Pratiquer l’élimination sélective des détritus.

7. Monter les escaliers à pied plutôt que d’aller en voiture au

club de sport.

8. Utiliser les transports en commun.

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Comment se porte l’économiesuisse romande ?

Elle se redresse actuelle-ment plus vite que celle de Suisse aléma-nique, comme le montrent clairementdifférents signaux positifs émanant del’industrie de même que le recul du chô-mage. Quelques entreprises high-techporteuses d’avenir ont vu le jour dans lessecteurs de l’information et des télécom-munications, notamment en région léma-nique. Quant à l’industrie horlogère, elle a survécu sans dommage à plusieursannées de vaches maigres.

Qu’attendez-vous de 1999 ?Tout dépend de la conjoncture

internationale. La diversification et, surtout,la position de force de l’économie suisseromande dans de nouveaux secteursdevraient lui permettre de bien maîtriser la nouvelle année – à condition bien sûrqu’il n’y ait pas d’effondrements majeurs

B.K.

B.

BEAT KAPPELER

BULLETIN à l’étranger. Je suis confiant ; du moins je n’attends pas une évolution plusnégative en Suisse romande qu’en Suisseallemande.

L’économie de la Romandie se distingue-t-elle de celle de la Suisse alémanique ?

La Suisse occidentale est moinséquilibrée dans sa structure économique.Les cantons du Jura et de Fribourg, toutcomme des pans entiers de Vaud et ducanton de Neuchâtel, ont un secteur desservices peu développé ; dans le Valais, ce secteur se limite essentiellement autourisme. Nombre de régions romandesn’ont donc pas grand-chose à attendre de la tertiarisation. Et c’est là un handicappour l’économie suisse romande.

Y a-t-il aussi des différences dans lastructure territoriale ?

On trouve certes dans le bassinlémanique un grand pôle doté d’un aéro-

B.K.

B.

B.K.

B.

port et de fonctions tertiaires, qui corres-pondrait au triangle Bâle–Zurich–Winter-thur. Mais l’interpénétration des régionsdécentralisées n’est pas comparable.Zurich est entouré de multiples centresactifs liés à l’aire métropolitaine zurichoise.En Suisse romande, cela est moins le cas.

Et quel est l’impact de la proximité de laFrance ?

Plutôt négatif. La Suisse aléma-nique est environnée de régions en pleinboom économique, comme l’Allemagnedu Sud, le Vorarlberg et l’Alsace, aveclesquelles existent de nombreux accordsde livraison et de prestations de services.La Suisse romande, quant à elle, souffreun peu du fait que les grands centres fran-çais, tels la région parisienne, Grenoble ou Lyon, sont situés loin de la frontière.

Pourquoi le chômage est-il plus impor-tant en Suisse occidentale ?B.

B.K.

B.

INTERVIEW: BETTINA JUNKER ET ANDREAS THOMANN, RÉDACTION BULLETIN

À L’OUEST BIENDU NOUVEAU

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

BEAT KAPPELER S’EXPRIME SUR LES PERSPECTIVESDE L’ÉCONOMIE SUISSE ROMANDE.

Page 47: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Etant donné que la part des inves-tissements de construction dans le PIB(produit intérieur brut) est plus forte en Suisse romande, cette région a étéplus gravement touchée par la crise de la construction. Mais les compressionsd’effectifs n’expliquent pas à elles seulesle taux de chômage plus élevé ; il faut aussi considérer que la Romandie compterelativement plus de demandeurs d’emploisentrant pour la première fois sur le marchédu travail. En outre, certains cantonsromands pratiquent une politique d’assis-tance sociale plus généreuse qu’outre-Sarine, diminuant ainsi pour les sans-emploil’incitation à trouver un nouveau travail.

Les Romands sont considérés commeayant un esprit ouvert – plus ouvert queleurs compatriotes de l’autre côté de laSarine. Retrouve-t-on aussi cette menta-lité dans les entreprises romandes ?

L’ouverture est souvent une ques-tion de survie pour les entreprises deSuisse romande. L’étroitesse du marchéforce nombre d’entre elles à s’étendre àl’étranger. Et la globalisation n’est pas unépouvantail dans la pratique économique.

Dans une étude du CREDIT SUISSE surla qualité des lieux d’implantation dans lesdifférentes régions helvétiques (voir

B.

B.K.

B.

B.K.

BULLETIN 4/98), les cantons de Suisseoccidentale n’étaient pas très bien placés.Ce classement vous surprend-il ?

Pas vraiment. Les cantons romandssont fortement endettés ; et compte tenudes rapports de forces politiques, il semblepeu probable que la situation s’amélioresous peu. Les investisseurs potentiels doi-vent encore compter pour quelque tempsavec des charges fiscales élevées.

Que doivent entreprendre les gouver-nements cantonaux pour relever la qualitéde la localisation ?

Il leur faut d’abord mettre de l’ordredans leurs budgets. Et fixer de nouvellespriorités en matière de dépenses : privilé-gier le financement de projets d’infra-structure au détriment des dépenses deconsommation publique, que ce soit dansle domaine de l’éducation, dans celui de la santé ou ailleurs.

La fusion des cantons de Vaud et deGenève, telle que l’a proposée l’ancienconseiller d’Etat Philippe Pidoux, pourrait-elle accroître la compétitivité des cantonsromands ?

A mon avis, ce ne sont justementpas les bons cantons. Car si fusion il y a,il faudrait fusionner des cantons périphé-riques avec des cantons à situation cen-trale. Mais politiquement parlant, ce projetn’aurait que peu de chances.

B.K.

B.

B.K.

B.

B.K.

Alors que le projet serait judicieux sur le plan économique ?

La question est sujette à discus-sion. La coopération entre les cantonsromands est déjà relativement bonne – parexemple dans le domaine de l’éducationou en ce qui concerne les hôpitaux.D’autre part, une fusion institutionnelle nemodifierait pas automatiquement lesstructures : même dans un grand canton« Romandie », les entreprises hypercom-pétitives du secteur tertiaire ne s’établi-raient pas du jour au lendemain dans lesrégions périphériques.

On entend parfois dire que seulel’agglomération zurichoise pourra survivreà long terme en tant que centre écono-mique de portée internationale. Partagez-vous cette opinion ?

Non. Ce ne sont pas les nations quiopèrent sur le marché mondial, mais lesentreprises. Pour atteindre un niveaumondial, les régions sont tributaires d’unréseau assez dense d’entreprises se com-plétant et se renforçant mutuellement. Le bassin lémanique dispose d’un telréseau, avec un pôle puissant dans l’in-dustrie high-tech et dans les secteurs desservices annexes. A cela s’ajoutent unaéroport, une excellente infrastructure derecherche et de magnifiques espaces deloisirs à proximité.

B.K.

B.

B.K.

B.

BEAT KAPPELER

Après des études de sciences politiques à Genève et à Berlin-Ouest, Beat

Kappeler a d’abord travaillé comme journaliste économique indépendant. En

1977, il devient secrétaire de l’Union syndicale suisse. Il a aujourd’hui repris ses

activités de journaliste indépendant. Ainsi, il écrit régulièrement dans la « Welt-

woche» et occasionnellement dans « Le Temps» et « L’Hebdo». Depuis 1996 Beat

Kappeler est professeur extraordinaire de politique sociale à l’Institut des hautes

études en administration publique IDHEAP à Lausanne.

Au séminaire «Perspectives 99» du CREDIT SUISSE, qui s’est tenu le 29sep-

tembre dernier à Lausanne, Beat Kappeler a pris la parole en tant qu’orateur prin-

cipal. Le thème de son exposé : « La globalisation – un piège tendu par la pen-

sée unique?»

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

47FORUM«UN SITE ÉCONO-

MIQUE DE NIVEAU

MONDIAL MALGRÉ

LA DÉRIVE DES

FINANCES CANTO-

NALES», VOILÀ

L’OPINION DE BEAT

KAPPELER

SUR LA SUISSE

ROMANDE.

Page 48: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

LE 1ER JANVIER 1999 VERRA L’AVÈNEMENT DE L’EURO.CELA CONCERNE AUSSI LES ENTREPRISES SUISSES.

PAR PASQUALE FERRARA LA SUISSEL’EUROLAND

« L’EURO N’EST PAS

SEULEMENT UNE

MONNAIE DE PLUS»,

PENSE PETER

ANGELE, DIRECTEUR

DE L’HÔTEL EDEN

AU LAC À ZURICH.

CHRISTIAN SCHMID,

DIRECTEUR DE ZEAG

PARKING AG

À SPREITENBACH:

«NOUS SOMMES

PARTICULIÈREMENT

CONCERNÉS PAR

L’EURO. »

Page 49: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Au début, il avait froncé les sourcils entrouvant dans son courrier une épaissebrochure intitulée « L’hôtellerie suisse etl’euro ». Peter Angele, directeur de l’hôtelEden au Lac à Zurich, l’avait rapidementmise de côté sans la lire, en se demandantcomment on pouvait gaspiller autant depapier pour une monnaie de plus.

C’était au printemps 1998. Sept moisplus tard, il énumère toutes les mesuresprises dans la perspective de l’euro. Sestarifs en euros et en francs suisses sontdéjà disponibles. Le logiciel a été adaptépour pouvoir émettre des reçus en euros.Et l’ouverture d’un compte courant en euros est également en cours. « J’ai vitecompris que l’euro n’était pas seulementune monnaie de plus », dit-il en souriant.

Peter Angele n’a pas tort : avec la mon-naie unique, c’est un marché de 300 millionsde consommateurs qui va naître aux portesde la Suisse. Notre pays en ressentira inévitablement les effets, car 80% de nosimportations proviennent des pays de lazone euro, et 60% des exportations sontdestinées à ces pays. Dans le secteur dutourisme, 35% des clients sont originairesde l’Euroland. Et même les entreprises quin’opèrent pas à l’international vont devoirtenir compte de l’euro. Car l’union moné-taire permettra de comparer d’un coupd’œil les prix des produits de Copenhagueà Palerme. Transparence des prix, compé-titivité accrue, tels seront les mots d’ordre.« Les fournisseurs du marché intérieur nevont pas non plus échapper à cette pres-sion sur les prix », dit Adriano Lucatelli, chefde projet euro au CREDIT SUISSE (voir inter-view «L’euro nous concerne tous», page 51).

Cette transparence ne fait pas peur audirecteur d’hôtel Peter Angele. « Nos prixsont déjà compétitifs sur le plan inter-national. » Grâce à l’euro, les clients le ver-ront désormais noir sur blanc. Mais il ne sefait pas trop d’illusions sur les effets. C’estpourquoi l’Eden au Lac, comme beaucoupd’autres hôtels, d’ailleurs, préfère pourl’instant jouer la prudence : même si lesprix sont indiqués en euros, les clientspaient en francs suisses, au cours du jour.Par conséquent, ce sont eux qui assu-ment le risque de change.

Peter Angele est donc bien armé pourfaire face à cette situation. En tant quemembre de la Société suisse des hôte-liers, il a été averti très tôt des répercus-sions de la nouvelle monnaie. Et il s’estprocuré des informations complémen-taires lors d’un séminaire sur l’euro orga-nisé par le CREDIT SUISSE. Peu de temps après, il discutait avec un conseillerclientèle des modalités du compte en euros. Pour les banques en particulier,l’introduction de la monnaie unique re-présente un véritable défi. Le CREDITSUISSE a lancé une campagne d’infor-mation dès le début de 1998 et propose-ra toute une gamme de produits en eurosà partir de 1999 (voir encadré « Les pro-duits en euros du CREDIT SUISSE », page 50).

La société Zeag Parking AG, à Sprei-tenbach, aura également recours à cesnouvelles prestations bancaires en euros.En effet, cette entreprise à vocation inter-nationale, qui emploie 46 collaborateurs,fait partie des quelques grands produc-teurs d’installations pour parkings. Que ce

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

49SERVICE

FACE À

soit à Los Angeles, à Londres ou à KualaLumpur, on trouve partout des barrières,des caisses et des systèmes de paiementfabriqués à Spreitenbach. La société Zeagréalise la moitié de son chiffre d’affairesdans les pays de la zone euro. « Cheznous, tous les secteurs sont touchés parle lancement de l’euro », dit ChristianSchmid, administrateur-délégué. Nousdevons procéder à des adaptations tech-niques et administratives, et modifier lecas échéant notre stratégie de commer-cialisation.

Christian Schmid s’attend à une légèrepression sur les prix, mais cela ne lui donne pas trop de soucis. A son avis,Zeag est capable de se démarquer de laconcurrence grâce à l’excellence de sesproduits et services. La société continueraà publier ses prix en francs suisses. « Leproblème des fluctuations de cours n’estpas nouveau pour nous», dit ChristianSchmid. Il n’y a donc aucune raison dechanger quoi que ce soit pour le moment.

Prendre les mesures nécessaires, nerien précipiter, être paré à toute éventua-lité – telle est la devise de Zeag. Depuisl’été dernier, une task force est chargéed’étudier les répercussions et les adapta-tions liées au lancement de l’euro. A par-tir de janvier 1999, Zeag sera en mesurede facturer en euros s’il le faut et d’exé-cuter une partie de ses paiements danscette monnaie. Mais la société pense déjà à l’an 2002. Car c’est à ce moment-là que les pièces et billets en euros serontmis en circulation et que les monnaies na-tionales disparaîtront définitivement. Lesautomates devront donc être équipés de

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LES PRODUITS EN EUROS DU CREDIT SUISSE

Le lancement de l’euro n’est pas seulement un défi pour les entreprises, mais

aussi pour les banques suisses. Le CREDIT SUISSE est fin prêt pour le 1er jan-

vier 1999, et il a veillé à ce que ses clients ne manquent pas le train de l’euro.

COMPTES EN EUROS

Pour bon nombre d’entreprises, un compte en euros est une nécessité. C’est

pourquoi le CREDIT SUISSE propose à partir du 1er janvier 1999 un compte

courant en euros. Les conditions sont généralement les mêmes que pour un

compte courant en francs suisses, notamment une rémunération conforme au

marché, qui correspond au taux actuel en francs suisses. Les comptes existants

en monnaies européennes seront maintenus jusqu’à fin 2001 au plus tard. En-

suite, les monnaies nationales disparaîtront définitivement.

Les clients individuels ne sont pas oubliés. Ils peuvent eux aussi ouvrir un

compte en euros. Ce type de compte convient aux personnes désirant réaliser

des placements en euros, épargner pour un investissement à l’étranger ou

effectuer des transactions en euros. La rémunération est intéressante: à partir

d’un montant de 2 000 euros, l’intérêt servi sur l’avoir en compte est de 0,5%.

Les taux d’intérêt progressent en fonction des avoirs. A partir de 15000 euros,

l’avoir en compte est rémunéré à 2%.

TRAFIC DES PAIEMENTS

Le CREDIT SUISSE conseille à ses clients de solder leurs comptes courants en

monnaies européennes et de transférer leurs avoirs sur un nouveau compte cou-

rant en euros. Cela facilitera le trafic des paiements. Les ordres de paiement

pourront être passés comme auparavant. Un bulletin de versement en euros sera

probablement disponible à partir du troisième trimestre 1999. A partir de cette

date, les ordres de paiement codés pourront être également libellés en euros.

PRODUITS DE CRÉDIT

Le CREDIT SUISSE proposera à partir de janvier 1999 ses principaux produits de

crédit en euros: crédits d’exploitation et crédits lombards, avances fermes et prêts.

PLACEMENTS

L’euro deviendra la deuxième monnaie de placement et d’échange du monde,

ce qui ouvrira de nouvelles perspectives. Le CREDIT SUISSE lance trois nouveaux

fonds Portfolio en euros. En outre, les remaniements de dépôts de titres

s’effectueront de manière transparente, dans les délais requis et si possible sans

frais pour le client.

CARTES

Dans le domaine des cartes, des préparatifs sont en cours afin de pouvoir ap-

porter un service optimal au client. Ainsi, les clients pourront débiter directement

leurs retraits effectués à l’étranger sur leur compte en euros. Les conditions se-

ront créées pour une carte de crédit en euros. En ce qui concerne les cartes de

débit (par ex. les cartes ec), le CREDIT SUISSE étudie la possibilité de proposer

dès 1999 une carte ec pour le compte en euros.

POUR PLUS D’INFORMATIONS, ADRESSEZ-VOUS À VOTRE CONSEILLER

CLIENTÈLE.

manière à pouvoir reconnaître la nouvellemonnaie.

Dans l’industrie exportatrice et le tou-risme, les préparatifs pour l’euro battentleur plein. Mais la monnaie unique euro-péenne touchera également d’autres sec-teurs. Les sociétés exportatrices voudrontpar exemple régler leurs fournisseurssuisses en euros. Elles éviteront ainsi lerisque de change, car elles pourront écou-ler les euros encaissés sans les convertir.« Les entreprises suisses de sous-traitancevont devoir établir une partie de leurs factures en euros », confirme ChristianZehnder, de la Société suisse des cons-tructeurs de machines.

Le commerce de détail devra aussi sefamiliariser avec l’euro. « Nous avons dupain sur la planche », dit Marcel Godat, vice-directeur de la Fédération des coopé-ratives Migros à Bâle. Nous envisageonsactuellement certaines offres en euros,notamment dans le segment haut de gamme – c’est-à-dire là où les clientscomparent déjà nos prix avec l’étranger. Il n’est pas prévu d’afficher les prix en euros sur tous les produits. Mais dans lesdomaines de l’électronique grand public etdes voyages, on pourra peut-être utiliserl’euro plus tôt qu’on ne le pense commemoyen de paiement dans toute la Suisse,par exemple par l’intermédiaire dechèques, tant que les pièces et billets eneuros ne seront pas encore en circulation.

Les clients suisses profiteront égale-ment de ces offres. « Les gens seront de plus en plus disposés à avoir une deuxième monnaie en poche », affirmeAdriano Lucatelli. Et les employeurs y pen-sent aussi : dans l’industrie des machines,on examine la possibilité de verser le treizième salaire en euros, ce qui seraitune nouveauté absolue en Suisse.

Prix affichés en euros dans les maga-sins, bulletin de salaire en euros, euro accepté comme deuxième monnaie enSuisse ? Voilà des perspectives qui fontencore froncer les sourcils à plus d’un.Mais sans doute plus pour très longtemps.

50SERVICE

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Page 51: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Le 1er janvier 1999, l’eu-ro deviendra une réalité. Les PME suissesy sont-elles préparées ?

Les entreprises quiont beaucoup de contacts avec l’étran-ger ont été bien entendu sensibilisées très tôt à ce problème. Mais d’autres ont pensé qu’elles n’étaient pas concer-nées, puisqu’elles effectuaient tous leurs paiements en francs suisses. Cen’est que maintenant qu’elles se ren-dent compte que l’euro concerne tout lemonde.

Dans quelle mesure ?Même le fabricant de cycles qui ne

produit que pour le marché suisse a pro-bablement des fournisseurs suisses quis’approvisionnent à l’étranger. Le coursde l’euro influencera donc indirectementson prix de revient. Par ailleurs, il serasoumis à une concurrence accrue en tantque vendeur, car la monnaie unique aug-mentera la transparence des prix danstoute l’Europe. On pourra comparer lesprix d’un coup d’œil, et la Suisse en res-sentira aussi les effets.

L’euro n’est donc pas seulement une monnaie de plus. Qu’est-ce qui vachanger en 1999 ?

Un marché de 300 millions deconsommateurs va se créer autour de laSuisse. La monnaie unique n’entraînerapas uniquement quelques adaptationsd’ordre administratif, mais aussi des ré-orientations stratégiques.

A.L.

P.F.

A.L.

P.F.

ADRIANO LUCATELLI

PASQUALE FERRARA

Le fait que la Suisse se trouve à l’écartrend-elle plus difficile la situation des entreprises ?

Pas forcément. A moins que l’eurose révèle une monnaie faible. Cela nuiraitalors à l’industrie exportatrice. Je penseque l’euro est une chance pour l’économiesuisse, mais il faut savoir la saisir, car lapression sur les prix va augmenter.Chaque entreprise doit donc réfléchir à lameilleure manière d’améliorer ses produitset de les rendre uniques. Doit-elle s’en-gager dans de nouvelles coopérations ?Conquérir de nouveaux marchés ? Adaptersa politique de prix ? Autant de questionsqu’une PME dynamique devra se poser.

Mais en quoi tout cela concerne-t-il parexemple un ébéniste de Suisse centrale ?

Lui aussi sera confronté à desclients qui veulent payer en euros, qu’il

A.L.

P.F.

A.L.

P.F. s’agisse du propriétaire étranger d’une ré-sidence secondaire ou de l’hôtelier local.Celui-ci a en effet accepté des euros detouristes étrangers et veut à présent lesutiliser. Si l’ébéniste tient absolument à être payé en francs suisses, il devraéventuellement renoncer à la commande.

Cela voudrait dire que l’euro devien-drait une sorte de monnaie parallèle.

Je suis convaincu que les genss’habitueront peu à peu à avoir unedeuxième monnaie en poche. Car l’Euro-land est à nos portes. Que ce soient lesvacances à Majorque, les achats de vin enItalie ou encore le paiement d’un fournis-seur de l’Union européenne, tout pourrase payer avec une seule monnaie – l’euro.

A.L.

P.F.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

51SERVICE

«L’EURO NOUS CONCERNE TOUS»ADRIANO LUCATELLI, CHEF DE PROJET EURO DU CREDIT SUISSE, EXPLIQUEPOURQUOI LES SUISSES DEVRONT BIEN S’HABITUER À L’EURO.

INTERVIEW: PASQUALE FERRARA

Page 52: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Lors d’un week-end chez des amis, laconversation portait une fois de plus surles turbulences financières et sur ce qu’ilfallait en penser. Etait-ce le moment deplacer son argent dans des produits financiers ? Et dans ce cas, où trouver lesinformations ? « Si j’accède par Internet à une foule d’informations gratuites, je de-vrais aussi pouvoir les utiliser pour prendredes décisions en matière de placements. »Tout le monde était d’accord sur ce point,mais, problème bien connu, personne nesavait exactement par où démarrer unerecherche ciblée. La pléthore d’informa-tions sur le Net embrouille et effraie biendes investisseurs. Nombre d’entre eux sesentent un peu perdus ; il faut par consé-quent leur apporter de l’assistance.

Dans une première étape, il s’agit dedéfinir les perspectives des marchés finan-ciers. L’investisseur doit déterminer dansquelles régions et dans quelles catégoriesde placements investir son argent : actions,obligations ou marché monétaire. S’il ne saitpas par où débuter sa prospection, il ferabien de recourir à un moteur de recherchepour trouver les accès. Il obtiendra lesmeilleurs résultats avec www.yahoo.comou www.altavista.com, où, dès le départ,il pourra focaliser sa quête sur le domainefinancier. La recherche structurée d’Alta-vista permet de produire rapidement une

52SERVICE

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

PAR SEBASTIAN EPP, ECONOMIC RESEARCH

SEBASTIAN EPP :

« L’INVESTISSEUR QUI

S’INFORME SUR INTER-

NET RAMÈNE PARFOIS

UNE GROSSE PRISE. »

EN SURFANT SUR INTERNET, L’ÉCONOMISTE SEBASTIAN EPP A DÉNICHÉ DES SITES UTILES AUX INVESTISSEURS.

DES PÉPITESSUR LE NET

Page 53: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

longue liste de banques importantes mettant à disposition sur Internet tout oupartie de leurs analyses économiques.

Avec sa politique de placement, le ser-vice des études économiques du CREDITSUISSE offre un aperçu cohérent del’évolution probable des marchés finan-ciers mondiaux. On trouve ce documentsous www.credit-suisse.ch/economic_research/index.html.

Si l’investisseur s’intéresse à une analyse spécifique à un pays, desbanques nationales, des instituts de re-cherche ou la banque centrale fournissentdes informations utiles. Voici quelquessites majeurs :– www.deutsche-bank.de

Informations économiques axées surl’Allemagne

– www.ml.comSite de Merrill Lynch ; contient des don-nées très complètes sur les Etats-Unis

– www.kof.ethz.chRecherches conjoncturelles de l’EPFZ

– www.imf.orgAnalyses du Fonds monétaire interna-tional

– www.oecd.orgInformations de l’Organisation de co-opération et de développement éco-nomiques (OCDE)

– www.ecb.intBanque centrale européenne

– www.bundesbank.de/index.htmlDeutsche Bundesbank (Banque fédé-rale allemande)

– www.federalreserve.govBanque centrale américaine

– www.snb.chBanque nationale suisseLes questions concernant l’Union

européenne trouvent leur réponse sur le site officiel de cette dernière. Il suffit detaper europa.eu.int/index.htm. La plupartdes banques offrent aussi des évaluationssur l’Union économique et monétaire surleurs pages Internet. L’investisseur peut,s’il le souhaite, télécharger des donnéeséconomiques des pays les plus divers sur

un tableur afin de faire ses propres calculset d’établir des graphiques. Dans ce cas,les pages du Fonds monétaire inter-national (FMI) lui seront précieuses(dsbb.imf.org/country.htm). Le pendantsuisse est le site de l’Office fédéral de lastatistique sous www.admin.ch/bfs.

Si, grâce aux pages citées plus haut,l’investisseur a pu se faire une idée de la situation économique actuelle et desperspectives des marchés financiers, sonprochain objectif est certainement de pou-voir suivre quotidiennement l’évolutiondes marchés. A cet égard, les agencesde presse classiques apportent une aide appréciable. Mais leur politique de com-mercialisation varie. Reuters ne fournit sesinformations que contre rémunération,alors que Bloomberg ou CNN permettentde se procurer sans frais une bonne vued’ensemble de l’actualité sur les marchésfinanciers. Outre les nouvelles journalis-tiques, des journaux économiques commeCASH, la Neue Zürcher Zeitung ou le Financial Times offrent de bons servicesd’informations – provenant souvent deReuters. Voici leurs adresses :– www.reuters.com– www.bloomberg.com– www.cnnfn.com– www.cash.com– www.nzz.ch– www.agefi.ch– www.ft.com

Les actualités financières doiventcomprendre les données les plus récentesdes marchés financiers (taux de change,indices boursiers, rendement des obli-gations, etc.). Les pages de Bloom-berg fournissent des renseignements très complets. Par ailleurs, en tapantwww.mexi.com/ECO/index.htm, l’inter-naute obtient pour chaque pays des graphiques sur les principaux chiffres clésde la finance : Bourses, taux du marchémonétaire et des obligations ainsi que tauxde change.

Notre petit investisseur a déjà collectéune foule d’informations financières et

économiques. Il ne lui reste plus qu’à lesinterpréter lui-même ou à reprendre lesprévisions de sources externes. Il peut enfin, sur la base des résultats obtenus, déterminer les pays et les catégories deplacement dans lesquels il va investir. Lesdonnées et les prix des titres suissessont pour lui d’un intérêt primordial. A cetégard, les nombreux fournisseurs offrenttous à peu près les mêmes prestations. Ilsdonnent généralement accès sans boursedélier à des cours en différé.– www.swissquote.ch

Permet de se constituer soi-même unportefeuille virtuel – possibilité offertepar bien d’autres sites également.

– www.swissinvest.comContient une page comportant desliens vers la plupart des entreprisessuisses cotées en bourse.

– www.invest.chPublie tôt chaque matin un commen-taire boursier complet.Celui qui s’intéresse aux fonds en tant

que véhicule de placement avec stratégie dediversification, trouve sur www.bopisb.chou sur www.cash.ch un aperçu com-plet des fonds de placement cotés à laBourse suisse.

Si l’on souhaite s’initier aux transac-tions boursières sans devoir investir, le jeu boursier INVEST GAME du CREDITSUISSE (www.investgame.ch) est idéal.Le participant dispose de 250 000 francsqu’il peut investir dans des actions, deswarrants, des fonds de placement et desmonnaies. Une fois la pratique acquise etles informations réunies, il pourra passerdes ordres de Bourse sur Internet, par le biais de Direct Banking, à l’adressewww.fr.credit-suisse.ch/views/index.html.

SEBASTIAN EPP, TÉLÉPHONE (01) 3339648

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

53SERVICE

Page 54: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Qu’est-ce qui fait la force du sponso-ring ?

L’émotion. Uneentreprise qui soutient unemanifestation permet auxspectateurs de vivre un évé-nement inoubliable. De ce fait le sponsoring peut at-teindre un public-cible beau-coup plus directement que les autres outils de marketing.

Au CREDIT SUISSE, lesponsoring emploie sept per-sonnes pour le sport et troisseulement pour la culture. Lesport est-il donc plus impor-tant que la culture aux yeuxde la banque ?

A.T.

URS WYSS

ANDREAS THOMANN Pas du tout. Les deuxdomaines sont tout aussi inté-ressants pour nous : le sporttouche un large public, la culture s’adresse à des publics spécifiques. Nous employons davantage de per-sonnes pour le sport parceque les grands événementsnationaux sont sportifs.

L’argent n’a pas d’odeur,disait-on déjà du temps desRomains. Pourtant, il doit bieny avoir des gens qui se mé-fient du sponsoring. Quellesexpériences avez-vous faitesà cet égard ?

Uniquement de bonnesexpériences. Il peut arriver

U.W.

A.T.

U.W. qu’un artiste ou un sportif ne veuille pas travailler avecnous. Rien de plus normal.Nous choisissons nous aussiles personnes auxquellesnous attachons le nom de la banque. A vrai dire, la mé-fiance s’est affaiblie, car il est devenu peu à peu évidentque tous sont dans le mêmebateau, les organisateurs, les médias et les sponsors.Tous ont le même but : offrirun événement marquant.

Prenons l’exemple de la culture. Quels sont les domaines privilégiés par leCREDIT SUISSE dans ce domaine ?

A.T.

54MAGAZINE

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |98

Le jazz est un élé-ment central, mais notre palette est large : elle va de la mode à la musiqueclassique en passant par la pop music et le design.Nous voulons aussi con-solider un autre axe : celui des manifestations organi-sées entièrement par nous-mêmes. La tournée d’An-dreas Vollenweider avec l’Orchestre de chambre deZurich a été un premier pas dans ce sens. D’autrestournées avec des artistessuisses célèbres sont enchantier, par exemple avecNina Corti et les Mummen-schanz.

U.W.

URS WYSS, CHEF DUSPONSORING AU CREDITSUISSE. SON MÉTIER A DE MULTIPLES FACETTES.

PAR ANDREAS THOMANN, RÉDACTION BULLETIN

SPORT,JAZZ,FASHION

Page 55: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Quels sont les avantagesde ces événements organiséspar le sponsor lui-même ?

Il y en a deux : d’unepart, l’entreprise offre au public un événement unique,irremplaçable ; et d’autre part elle peut tailler la mani-festation sur mesure, que ce soit en ce qui concerne lepublic visé, les dates ou lelieu.

La banque est-elle atten-tive à la culture des jeunes ?

Bien sûr. Mais notrecœur de cible, ce sont plutôtles jeunes adultes. Noussommes très actifs dans ledomaine du cinéma avec la Movie-Card et avec desavant-premières dans toute la Suisse.

Il est frappant de consta-ter que le CREDIT SUISSEsoutient beaucoup de sportsdans lesquels l’endurance est primordiale : cyclisme,duathlon et triathlon, ski nor-dique, course d’orientation.Est-ce pour donner de labanque l’image d’une entre-prise dynamique qui a dusouffle ?

Cette interprétation est tout à fait valable. Mais àtravers cette vaste palette de sports nous cherchonsaussi à prendre en compte lesbesoins de notre clientèle, laquelle est très large.

Un bon tiers des sommesque le CREDIT SUISSE in-vestit dans le sport est des-tiné au cyclisme. Pourquoi cette prédilection pour la petitereine ?

A.T.

U.W.

A.T.

U.W.

A.T.

U.W.

A.T. Notre engagementdans le cyclisme remonte à 1978. Cette année-là, nousavons fait notre entrée dans le Tour de Suisse ; c’était le premier gros projet du CSdans le sponsoring. Notreparticipation s’est intensifiéeau fil des ans. Car noussommes convaincus que dansle sponsoring la continuité est l’un des facteurs-clés dusuccès.

Le scandale du dopingautour de l’équipe Festina lors du Tour de France de cette année a ébranlé lemonde du cyclisme. Le CREDIT SUISSE devra-t-il revoir sa stratégie ?

Il est vrai que depuisl’été dernier les choses nesont plus tout à fait commeavant dans le cyclisme. Pournous, cela signifie qu’à l’ave-nir nous examinerons de façon encore plus critique nosengagements. Un retrait dusport cycliste n’est cependantpas à l’ordre du jour. Nousespérons simplement que lesfédérations concernées, les soigneurs et les athlètes tireront les enseignements de l’« affaire Festina ».

Le CREDIT SUISSE alongtemps songé à créer sa propre équipe cycliste deniveau international. Où enest le projet ?

Ce qui s’est passél’été dernier nous a conduits à l’ajourner.

Autre centre de gravitédes activités de sponsoring de la banque : le football.

A.T.

U.W.

A.T.

U.W.

A.T.

U.W. Quels secteurs du footballsoutenez-vous au niveau national ?

En 1996, nous avonsnégocié un nouveau contratavec l’Association suisse de football (ASF). Celui-ci stipule que la moitié des 2,5 millions de francs quenous mettons à dispositiondoit être attribuée aux diffé-rentes équipes nationales.L’autre moitié va en totalité àla promotion des espoirs. Grâce à cet argent, l’ASF apu créer cinq emplois d’en-traîneurs à plein temps pour les espoirs. Conséquence :trois fois plus de jeunes talents qu’auparavant ont puêtre recensés en Suisse. Cela est important, car plus la base est large, plus l’élites’élargit elle aussi.

La banque a-t-elle tiréprofit des exploits de l’équipenationale suisse de footballdans les années 1993–1996?

A.T.

U.W.

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Certainement. L’en-thousiasme qu’a suscité laNati n’a pas manqué d’avoirdes répercussions sur notreimage et nous a donné accèsà de nouveaux segments declientèle.

Depuis, notre football est dans le creux de la vague.Ne serait-ce pas une raisonde se retirer de ce sport ?

Sûrement pas. Nouscroyons toujours au potentielde l’équipe nationale. Les revers font partie du sport. Le sponsoring est un parte-nariat, et une entreprise ne doit pas s’esquiver dèsque les choses vont un peumoins bien.

E-MAIL :

[email protected]

U.W.

A.T.

U.W.

DIX MORCEAUX DE CHOIX DU SPONSORING POUR 1999

Football : 9/10, 12/13, 16/17, 23/24 janvier CREDIT SUISSE

MASTERS EN SALLE, Saint-Gall, Zurich, Lausanne, Bâle

Ski de fond: 14 mars, marathon de ski de l’Engadine, Maloja–S-chanf

Flamenco: 14–30 mars, Nina Corti, CREDIT SUISSE Rendez-vous

Hippisme : 27–30 mai, CSIO, Saint-Gall

Jazz : 31 mai et 2 juin, Jazz Recitals,

Abdullah Ibrahim & Max Roach Duo, Zurich et Genève

Mode/film : 1–6 juin, CREDIT SUISSE Prix Bolero, CREDIT SUISSE

Fashion Night, CREDIT SUISSE Ciné Nights, Zurich

Duathlon : 6 juin, CREDIT SUISSE Powerman, championnats

du monde longue distance, Zofingue

Cyclisme : 15–24 juin, Tour de Suisse

Musique folklorique : 2–4 juillet, Fête fédérale du jodel, Frauenfeld

Mode : 8/9 octobre, Gwand Fashion Show, Lucerne

Informations complémentaires: [email protected] (sport)

ou [email protected] (culture).

Page 56: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

Willi Melliger a la chance depouvoir concilier hobby, métieret sport : il est jockey, spé-cialiste de saut d’obstacles, et il ne l’a jamais regretté.Avant le CSI-W à Genève, leBULLETIN a rendu visite àl’éleveur de chevaux à Neuen-dorf, dans le canton de So-leure. Et celui-ci a bien voulunous parler de sa relationavec la star des concours hip-piques, le cheval de race Holstein Calvaro, aujourd’huiâgé de douze ans.

Son premier compagnon àquatre pattes s’appelait Oslo,Willi Melliger avait dix ans.« J’ai tout naturellement apprisà monter, dit-il, car mon pèreavait des chevaux ». Depuis,trente-cinq ans ont passé :après une première victoire

de grand prix à dix-huit ans, il se mit à la recherche debons chevaux et de sponsors,aligna cinquante autres vic-toires de grand prix dans lemonde entier, gagna troismédailles aux championnatsd’Europe, trois médailles enéquipe, et prit part aux Jeuxolympiques d’Atlanta. Qua-trième aux championnats dumonde de Rome, il n’estquand même pas reparti sansune victoire puisque Calvaro a été classé meilleur cheval,obtenant la première placeavec le cavalier RodrigoPessoa après un changementde cheval.

Calvaro est le cheval préfé-ré de Willi Melliger, dont lesécuries de Neuendorf abritentquarante à cinquante autres

chevaux. Il n’est pas le seul à aimer l’imposante apparitionà la robe blanche, qui fait 1 m 85 au garrot : « Calvaroest le chouchou de la nation,nous explique son cavalier ;souvent, des gens complète-ment inconnus lui envoientdes cadeaux. Ainsi une dameâgée lui offre régulièrementdes carottes. »

Pour importantes qu’ellessoient, les carottes ne suffi-sent pas. « Un cheval, c’estcomme un enfant », nousconfie Willi Melliger. Lui-mêmeet ses palefreniers vont sepromener avec les chevaux,les soignent et passent beau-coup de temps avec eux.« Nous les gâtons beaucoup,dit-il, et nous avons toujourspeur qu’il leur arrive quelque

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chose. » Ce cheval hongre de race Holstein avait sept ans lorsque Willi Melligerl’acheta, et il lui coûta unmillion. Une somme qu’ilconsidère comme tout à faitjustifiée : « Calvaro montrarapidement qu’il était un che-val d’exception, capable de performances de pointe ! ».

Une question qui vientnaturellement à l’esprit est desavoir si c’est bien dans lanature d’un animal de passerla plus grande partie de sonexistence à sauter par-dessusdes obstacles. « Les chevauxsont élevés à cette fin », nousexplique Willi Melliger. Etcomment fait-on pour qu’ilssautent l’obstacle ? « C’estcomme avec une voiture,répond Willi Melliger, on im-prime une pression avec la jambe, et le cheval avance,ou on tire sur les rênes, etl’animal s’arrête. » Bien sûr,chaque animal a son carac-tère, et c’est très bien ainsi,selon Willi Melliger.

Les jeunes chevaux sontpréparés en douceur à lacompétition ; ils participentd’abord à des concoursmineurs. « On ne demande pas non plus aux enfants defaire tout de suite les chosesles plus difficiles. » Willi Melliger ne se séparerait pasde Calvaro – même pourbeaucoup d’argent. Il reçoitcertes des offres de temps en temps, mais Calvaro n’est pas à vendre. « Lorsqu’il seratrop vieux pour participer à des compétitions, il jouirad’une paisible retraite. » Iln’est pas facile de se séparerd’un animal avec lequel on a

LE CHEVAL DANS TOUS SES ÉTATS

PAR PASCALE KOHL

Page 57: Bulletin 6 1998 français...bâtie sur pilotis, elle semble planer au-dessus du terrain. «Cette maison m’a donné la chance de pouvoir au moins une fois, en tant qu’architecte,

passé tant d’années; mais, le moment venu, l’Irlande luioffrira ses belles prairies.

Calvaro n’en est pas là.Lors des compétitions, c’estau cheval que l’on doit lesperformances de pointe. Evi-demment, le cavalier doit aussi être en forme sur le planphysique et mental ; un piètre cavalier n’a que peu dechances de briller, même s’ilmonte un excellent cheval. Larelation avec le cheval est trèsétroite, et c’est un métier quin’a pas d’horaires fixes. WilliMelliger est dans ses écuriesdu matin au soir, sept jourssur sept. « Je ne suis parti envacances que deux fois de-puis vingt ans », précise-t-il,ce qui ne l’empêche pasd’être souvent en route. Comme dans le tennis, lescompétitions sont une sorte decirque ambulant. Les chevauxvoyagent et les cavaliers lessuivent ; ainsi, à la faveur destournois, il a la possibilité de voir d’autres régions du monde : « Je ne passe pastout mon temps à cheval lorsdes compétitions! »

Le saut d’obstacles estune partie de sa vie, l’élevageen est une autre, radicale-

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LA SUISSE ROMANDE PRISE PAR LA FIÈVRE DU CHEVAL

Du 10 au 13 décembre 1998, les passionnés de cheval

venus du monde entier occuperont Palexpo, à Genève. Le

CSI-W est la principale manifestation de sports équestres

de Suisse romande et présente toutes les disciplines au

niveau mondial : saut d’obstacles, dressage et attelages,

ainsi qu’élevage. Le CREDIT SUISSE travaille depuis 1986

avec la Fédération Suisse des Sports Equestres et est

également l’un des principaux sponsors du CSI-W.

BÂLE23/24.1.99 Football :CREDIT SUISSE MASTERS EN SALLE

BELLINZONE3.2.99 Jazz Classics : MarcusRoberts Trio, Teatro Sociale

BERNE6.11.98–21.1.99 Josef et AnniAlbers, «Couples d’artistes –couples d’amis», Kunstmuseum

EINSIEDELN28.2.99 Ski de fond : coursede ski populaire d’Einsiedeln

GENÈVE30.1.99 Jazz Recitals : Geri Allen & Wallace Roney Duo

KANDERSTEG7.2.99 Ski de fond : course deski populaire de Kandersteg

LAUSANNE16/17.1.99 Football : CREDIT SUISSEMASTERS EN SALLE5.2.99 Jazz Classics :Marcus Roberts Trio, Casino de Montbenon

AGENDAParrainage culturel et sportif du CREDIT SUISSEet de CREDIT SUISSE PRIVATE BANKING

BULLETIN

EditeurCREDIT SUISSE, case postale 100, 8070 Zurichtél. (01) 3331111, fax (01) 3325555Secrétariat de la Rédaction : Rosmarie Schultheiss, tél. (01) 3337394, fax (01) 3336404, adresse e-mail : [email protected]

Rédaction Christian Pfister (direction), Andreas Thomann, Bettina Junker

Réalisation www.arnolddesign.chUrs Arnold, Lukas Huggenberg, Alice Kälin, Sonja Greb, Adrian Goepel

Adaptation françaiseAnne Civel, Michèle Perrier, Nathalie Lamgadar, Bernard Leiva

Photographie Pia Zanetti (pp. 1, 4–24, 28–45, 48–58),Hélène Tobler (p. 46), Esther Rieser, PhotoDisc

Lithographie/impressionNZZ Fretz AG/Zollikofer AG

Commission de rédactionDaniel Mollet (Communication d’entreprise), Ruth Stadelmann (Relations médias),Fritz Stahel (Economic Research), Samuel Holzach (Marketing Services)

Paraît six fois par an en français et en allemand (104e année). Reproductionautorisée avec la mention «Extrait du BULLETIN du CREDIT SUISSE».

Changements d’adresseLes changements d’adresse doivent être envoyés par écrit, en joignant l’enveloppe d’expédition, à votre succursale du CREDIT SUISSE ou auCREDIT SUISSE, serviceCif 24, 8070 Zurich.

ment différente. Quels sontles critères selon lesquels il sélectionne ses chevaux ?« La qualité est primordiale,c’est-à-dire que le cheval doitaffronter et sauter l’obstacleavec prudence. L’aspect esthétique est secondaire,quoiqu’un bon cheval soitégalement beau ! »

Les chevaux sont une pas-sion qui a son prix : 1000 francspar cheval et par mois. Maisle succès est au rendez-vouspour Willi Melliger, aucun cavalier n’ayant gagné autantde médailles que lui dans lesvingt dernières années. Luireste-t-il des rêves à réaliser ?« Je me fixe de nouveauxobjectifs de semaine en se-maine. Quand on travaille avecdes êtres vivants, on ne peutpas raisonner à long terme. »Une chose est certaine, iltient toujours à être bien placédans tous les tournois aux-quels il participe. Il n’a jamaisfait les choses à moitié. « Trèstôt, j’ai songé à passer pro-fessionnel et à en vivre ! » Unedécision qu’il n’a jamais re-grettée, car « en définitive j’airéussi à tout avoir en mêmetemps : un hobby, un métier etla pratique d’un sport ! »

LES BUGNENETS16/17.1.99 Championnatssuisses de course d’orienta-tion à ski, col de Pontins NE

SAINT-GALL9/10.1.99 Football :CREDIT SUISSEMASTERS EN SALLE

SAINT-MORITZ7, 14, 21.2.99 White Turf –The European Snow Meeting

WEISSBAD–URNÄSCH21.2.99 Ski de fond : coursed’Alpstein

ZURICH11.12 Jazz Apéro Roland Schilt-knecht Project, Forum St. Peter12/13.1.99 Football :CREDIT SUISSEMASTERS EN SALLE28.1.99 Jazz Recitals: GeriAllen & Wallace Roney Duo, Marcus Roberts Trio, Tonhalle29.1–25.4.99 Chagall, Kandinsky, Malevitch et l’avant-garde russe 1905–1920, Kunsthaus30.1.99 Opéra : soirée de gala,Boris Godounov, Opernhaus

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En Suisse, 80% de la population poursuitdes études au-delà de la scolarité obliga-toire. Les diplômés de l’enseignement su-périeur, quant à eux, représentent 23% dela population en Romandie et en Suissealémanique. C’est ce que révèle notam-ment une étude publiée début novembrepar l’Office fédéral de la statistique sur le « capital humain ». Mais que recouvreexactement cette notion ?

La fin de l’année approche, les extra-polations vont bon train. Là où les objec-tifs annuels ne sont pas encore atteints,on se prépare pour le sprint final et ondresse ensuite le bilan. Pour obtenir laperformance effective de l’entreprise, onétablit le rapport entre le bénéfice réaliséet le capital investi. Ce qui donne le ren-dement sur fonds propres. Imprimées surpapier brillant et enrichies de photos et degraphiques, ces données figurent dans lerapport annuel. Et dans le message duPrésident, nous pouvons lire ces mots :« Cette année a été une année difficilepour nos collaborateurs, et nous les re-mercions de leur engagement. » Bien entendu, ce sont des hommes et desfemmes qui ont obtenu ces chiffres et ces

résultats – bons ou mauvais. Ils ont reçu unsalaire pour cela, voire un bonus si leursperformances étaient très bonnes. Aujour-d’hui, l’histoire s’arrête là – et demain?

Demain, l’actionnaire désirera peut-être savoir par qui le rendement sur fondspropres a été réalisé. Et il voudra éven-tuellement s’assurer que ceux qui ont per-mis à l’entreprise de dégager ce bénéficeannuel continueront à s’engager pour elleafin de garantir les bénéfices futurs. Oubien cela va-t-il de soi ?

Il y a quelques années, rares étaientceux qui prenaient un congé sabbatiquepour compléter leur formation ou faire unséjour à l’étranger. Aujourd’hui les jeunesintègrent souvent cette pause dans leursétudes. Il est devenu normal de réfléchirsur le sens de son travail ou de sa vie pro-fessionnelle. Les valeurs qui font l’attraitd’un employeur ne sont plus les mêmes.C’est pourquoi les entreprises auraient intérêt à prendre davantage consciencede la valeur de leur personnel.

Bon nombre d’entreprises investissentdepuis des décennies dans la formationinitiale et continue de leurs collaborateurs.Elles le font parce qu’elles sont convain-cues que les investissements dans lesressources humaines valent la peine à long terme, qu’ils auront des effets positifs en termes de revenus. Mais quelssont les points de repère, quelles sont les formules qui permettent de calculer lerendement de ces investissements ?

Au prochain millénaire, nous ne trouve-rons plus le poste « Personnel » unique-ment sous les charges. Les entreprisesmodernes introduiront dans leur bilan larubrique « Capital humain », à laquelle lesactionnaires porteront un intérêt croissant.Le management, de son côté, mettra touten œuvre pour transformer les dépensesde personnel en capital. Aujourd’hui, lesnotions de « capital-marque » et de « capital-clients » sont déjà des postes importantspour la juste évaluation d’une entreprise.Le « capital humain » deviendra à l’avenirun facteur d’évaluation décisif pour beau-coup d’entreprises. Cela annonce-t-il desjours meilleurs pour les collaborateurs ?Ne nous réjouissons pas trop tôt ! Tout capital, même humain, ne peut être rémunéré que s’il dégage des revenussuffisants.

Une bonne formation permet d’ac-croître sa valeur sur le marché, et parconséquent de rentabiliser son investisse-ment. Mais à une époque où tout changesans cesse, il faut veiller à ce que cetteformation conserve sa valeur. « Apprendretoute sa vie » n’est pas une formule creuse, c’est la clé de la réussite profes-sionnelle. Occupons-nous donc de notre formation, veillons à maintenir notre em-ployabilité. Nous pourrons alors envisagerl’avenir avec confiance, car le capital humain est un facteur stratégique de succès pour toutes les entreprises, y compris pour le CREDIT SUISSE. »

CARTE BLANCHE:GERHARD GASTPAR

«POUR BEAUCOUP D’ENTREPRISES, LE CAPITAL HUMAIN SERA À L’AVENIRUN FACTEUR D’ÉVALUATION DÉCISIF. »

GERHARD GASTPAR,

MEMBRE DU DIRECTOIRE DU CREDIT SUISSE,

E-MAIL :

[email protected]«

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TRAVAILLER DUR DONNE SOIF. UNE PETITE GORGÉE

DE CAFÉ, ET C’EST REPARTI POUR UN TOUR.

SPONSORING SPORTIF, CREDIT SUISSE, 10 H 15.