61
Page | 1

Bruce Lee Articles CopiePDF2

  • Upload
    maiga7

  • View
    91

  • Download
    4

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 1

Page 2: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 2

Bruce Lee, Le Petit Dragon Série : Les Films d’Arts Martiaux

Par la Team HKCinemagic, collectif

Auteurs : Yves Gendron, Denis Gueylard, Philippe Quévillart, Arnaud Lanuque, David-

Olivier Vidouze, Thomas Podvin

Page 3: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 3

Contenu : Il s’agit d’une sélection d’articles, critiques et notes relatifs au sujet, produits par les

rédacteurs de HKCinemagic.com et disponibles sur le site pour la plupart. Les textes sont mis à jour

autant que possible. L’équipe s’efforce de vérifier l’exactitude des informations données mais

certaines omissions et erreurs peuvent apparaître.

Avertissements : HKCinemagic.com est un site à but non lucratif. Son principal objectif est la

promotion et la diffusion d’informations relatives au cinéma de Hong Kong et de Chine. Les articles

originaux du site et les documents pdf et pour e-readers sont copyright (c) HKCinemagic.com. Toute

reproduction d'un article en vue d'une édition doit faire l'objet d'une demande.

Les articles n'engagent que leurs auteurs.

Images : Les photographies utilisées ici sont issues de diverses sources. Elles n'ont que valeur

d'illustration et leur publication ne constitue en aucun cas une atteinte délibérée aux droits des

propriétaires. Si les personnes possédant les copyrights sur ces photos ne souhaitent pas les voir

figurer dans ce site, qu'elles nous préviennent, nous les retirerons.

Gratuité : Ce document est proposé gratuitement. Il peut être copié, imprimé ou télécharger

gratuitement. Si on vous le propose moyennant une somme d’argent, merci de nous prévenir à

contact [arobase] hkcinemagic [point] com

Conception graphique : Daniel Iarriccio

Photos © Warner-Columbia Film, Warner Brothers, Golden Harvest, Siwei Film Company et Concord

Productions Inc. Certaines images proviennent de 20th-centurywarriors.com,

flutesilencieuse.canalblog.com et brucekickass.topcities.com.

Contact : contact [arobase] hkcinemagic [point] com

Page 4: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 4

Table des matières :

Table des matières : ................................................................................................................................. 4

Introduction ............................................................................................................................................. 5

Bruce Lee : acteur, castagneur, philosophe ............................................................................................. 7

Portrait chronologique du Petit Dragon ...................................................................................... 7

La filmographie de Bruce Lee, adulte ....................................................................................... 11

Quand le Dragon était petit : Un regard sur Bruce Lee, l’enfant acteur. ............................................... 34

Introduction ............................................................................................................................... 34

Le gavroche de Hong Kong, Wealth is Like A Dream, The Kid ............................................... 35

Enfant acteur du cinéma cantonais ............................................................................................ 35

D'enfant espiègle à adolescent troublé ...................................................................................... 37

Le retour du Petit Dragon .......................................................................................................... 39

Nostalgie d’une Légende, Bruce Lee a 70 ans, au 34ème HKIFF en 2010 .......................................... 43

Un nouveau regard sur Bruce Lee ............................................................................................. 43

Lo Wei et Bruce Lee.................................................................................................................. 44

Bruce Lee libéré ........................................................................................................................ 46

Brucexploitation ........................................................................................................................ 47

L’après Bruce Lee / influences .................................................................................................. 48

Autres films de Bruce Lee .................................................................................................................... 53

The Green Hornet / Le Frelon vert, 1966 .................................................................................. 53

The Game Of Death / Le Jeu de la mort, 1978 ......................................................................... 54

Tower Of Death / Le Jeu de la mort 2, 1981 ............................................................................. 56

Trois films qui rendent hommage à Bruce Lee ..................................................................................... 59

Enter The Fat Dragon (1978) de Sammo Hung ........................................................................ 59

Fist Of Legend (1994) de Gordon Chan.................................................................................... 59

Fist Of Fury 1991 (1991) de Joh Chung Sing ........................................................................... 60

Page 5: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 5

Introduction

Bruce Lee est sans conteste l'acteur de Hong Kong le plus connu au monde. Légende du cinéma, il est

aussi un vrai maître en arts martiaux. Né à San Francisco en novembre 1940, il est mort de façon

tragique le 20 juillet 1973 à Hong Kong, à l’âge de 33 ans. Fils de Lee Hoi Chuen, acteur de cinéma et

d'opéra cantonais, Bruce Lee baigne dans le monde du grand écran dès sa prime enfance (au berceau,

littéralement). Il apparaît dans 23 films en tant qu'enfant acteur. Il commence à étudier le kung fu très

jeune aussi, à l'âge de 12 ans. Son professeur de wing chun n’est pas issu de l’opéra de Pékin ou des

troupes de coordinateurs de combats au cinéma. Il est nul autre que le grand maître Ip Man, [dont la

vie a fait l’objet d’une adaptation à l’écran par Wilson Yip, mettant en vedette Donnie Yen]. En

parallèle à son éducation formelle dans l’art du combat, Bruce Lee apprend aussi à se battre dans la

rue, l’école la plus rude mais aussi la plus authentique pour mettre en pratique le wing chun. Il réalise

que le kung fu traditionnel aux formes gracieuses ne permet pas toujours de remporter un combat. En

outre, ses rixes publiques lui causent quelques ennuis. Il part se faire oublier aux Etats-Unis en 1958,

et étudie la philosophie et la psychologie à l'Université de Washington. Il se marie avec une

américaine (Linda Emery) et s'installe à Los Angeles pour fonder son premier dojo et entrer dans

l'industrie cinématographique. Il développe aussi le Jeet Kun Do, un mélange de divers arts martiaux

(kung fu, judo, boxe anglaise, taekwondo…), qui favorise l’adaptabilité du pratiquant et rejette

l’esthétisme au profit de l’efficacité des coups. C’est l’art martial que Bruce Lee conçoit pour avoir

véritablement le dessus dans une situation réelle de combat. Cette authenticité est aussi un élément

qu’il recherchera dans les films qu’il tournera à l'âge adulte (seulement quatre et demi, si on peut dire).

(Thomas Podvin, janvier 2011).

Page 6: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 6

Page 7: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 7

Bruce Lee : acteur, castagneur, philosophe

Par Denis Gueylard et Yves Gendron (publié en septembre 2004)

Bruce Lee est sans aucun doute la star ultime du cinéma hongkongais qui popularisa les films de kung

fu en Occident. Voici une présentation de l'homme derrière les caméras et de ses œuvres marquantes.

Portrait chronologique du Petit Dragon

La vie de Bruce Lee fut courte mais bien remplie. Voici quelques dates majeures.

Jeunesse à Hong Kong

27 novembre 1940. Naissance de Lee Jun Fan (Lee Yuen Kam en Cantonais), qui sera plus tard connu

sous le nom de Bruce Lee, au Street Hospital dans le quartier de Chinatown à San Francisco. Un

médecin lui donnera le prénom Américain de Bruce. Son père Lee Hoi Chuen est chanteur au

Cantonese Opera Company. Sa mère Grace Lee est une Eurasienne. Il sera le troisième d'une famille

comptant cinq enfants (trois garçons, deux filles).

1941. Bruce Lee et ses parents retournent à Hong Kong où ils habitent dans un vaste appartement, à

Nathan Road à Kowloon.

1946. Bruce commence sa carrière au cinéma comme enfant acteur, sous le nom de « Siu Lung »

(littéralement : « Petit Dragon »), à l'origine un surnom que lui aurait donné sa sœur cadette Agnès.

Jusqu'en 1958, Bruce apparaîtra dans une vingtaine de films. (Voir chapitre « Quant le Dragon était

petit » pour plus de détails).

1953. Il commence l'apprentissage du wing chun (art martial chinois) auprès de maître Yip Man

(popularisé avec les films Ip Man et Ip Man 2 de Wilson Yip, et avec Donnie Yen).

Entre 53 et 59 Bruce Lee poursuit plusieurs activités de front. En plus d'être élève à l'école secondaire,

acteur intermittent et disciple de wing chun, il devient aussi un danseur assidu de cha-cha participant à

de nombreuses compétitions de danse et gagnant plusieurs prix. Mais il est aussi un combattant de rue

Page 8: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 8

à la tête de son propre gang. Ses nombreuses bagarres entre jeunes lui vaudront quelques ennuis avec

les autorités qui seront lourdes de conséquences…

Avril 1959. Bruce retourne aux U.S.A pour confirmer sa citoyenneté américaine et aussi échapper à de

sérieux ennuis. Au cours des dix prochaines années il ne reviendra à Hong-Kong que pour de petits

séjours en 1963 et 1965.

En Amérique

Dans un premier temps, Bruce vit à San Francisco où il exerce des petits boulots dans la communauté

chinoise et donne aussi des cours de danse. Très vite il se rend à Seattle afin de travailler pour Ruby

Chow, une amie de son père. Propriétaire d'un restaurant, Ruby engage Bruce Lee en qualité de

serveur et l'héberge dans une chambre du dessus. Il complète ses études secondaires puis s'inscrit à

l'université pour poursuivre des études notamment en anglais, philosophie, dessin et diverses

disciplines de culture physique.

Alors qu'il est encore dans les études secondaires, Bruce Lee donne déjà des cours d'art martiaux à une

poignée d'élèves. Une fois à l'université, il enseigne le kung-fu aux étudiants. Une de ses élèves, Linda

Emery, deviendra d'ailleurs sa compagne. Il l'épousera le 17 août 1964.

En octobre 1963 Bruce Lee quitte son emploi de serveur chez Ruby Chow et ouvre une première

école d'art martial qu'il nomme d'après son propre nom chinois le « Jun Fan Gung-Fu Institute ».

2 août 1964. Ed Parker invite Bruce Lee à son premier tournoi de karaté afin d'y faire une

démonstration. Bruce retient l'attention et commence à se forger une réputation de même que de

précieux contacts dans le milieu de la compétition martiale nord américaine. C'est aussi lors de ce

tournoi que Bruce rencontre Dan Inosanto qui deviendra un de ces disciples les plus proches.

Finalement cette démonstration mènera à une série de rencontres fortuites qui amèneront Bruce à

jouer Kato dans la série Le Frelon Vert / The Green Hornet en 1966.

Décembre 1964. Peu de temps après l'ouverture d'une seconde école de kung fu à Oakland, Bruce est

défié par un expert en art martiaux chinois nommé Wong Jak Man. Bruce relève le défi mais le combat

qui s'en suit, trop long et approximatif à son goût, l'amènera à remettre en question sa pratique du

wing chun, et plus tard à créer une nouvelle approche martiale. Il s’agit du Jeet Kune Do c'est-à-dire la

« méthode du poing intercepteur ».

01 février 1965. Naissance du premier enfant de Bruce, Brandon Lee. Trois jours plus tard Bruce

Page 9: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 9

auditionne pour un rôle à la télévision. Ayant fait bonne impression, il sera retenu pour jouer un rôle

important dans la série Le Frelon Vert. De septembre 1966 à juillet 1967, Bruce Lee interprète donc

Kato, le chauffeur expert en kung-fu, dans Le Frelon Vert. Il entame la seconde partie de sa carrière

d'acteur et connaît un succès notable mais de courte durée qui prend fin lorsque la série est arrêtée en

67.

Mars 1967. Bruce Lee aide à introduire les combats martiaux full-contact compétitif. Il expose aussi

publiquement ses théories et méthodes de combats Jeet Kune Do. En coachant les kickboxers Joe

Lewis, Mike Stone et Chuck Norris, il les aide à devenir de plus grands champions.

1968. Bruce ouvre une troisième école à Los Angeles. Parmi les élèves de Bruce Lee se trouvent de

grandes personnalités de l'époque telles que James Coburn, Steve McQueen, Lee Marvin, James

Garner, Roman Polanski et le joueur de basketball Karrem Abdul Jabar. Ces nombreux contacts

hollywoodiens, surtout avec le scénariste Stirling Silliphant, permettent à Bruce de faire quelques

apparitions à la télévision ou au cinéma, et développer des projets de films ou de série télé.

19 avril 1969. Naissance de sa fille Shannon Lee.

1970. Bruce Lee ferme ses trois écoles. Désormais il passera son temps à enseigner dans des classes

privées à des élèves triés sur le volet. En août, il est atteint de douloureux maux de dos qui l'obligent

au repos forcé pendant plusieurs mois. Bruce profite de cette période d'inactivité pour coucher sur

papier ses nombreuses théories martiales et les réévaluer. Par la suite il affirme ne plus croire en la

notion de style particulier et met l'emphase sur certains aspects stratégiques et philosophiques de la

pratique martiale

1969/70. Avec l'aide de l'acteur James Coburn et du scénariste Stirling Silliphant, Bruce Lee cherche a

développé un projet de film martial, The Silent Flute / La Flûte silencieuse, qui enfin de compte ne se

réalisera que longtemps après sa mort.

La gloire au cinéma

1970. Bruce retourne à Hong-Kong avec son fils Brandon pour visiter sa famille. Il y découvre qu'il

est une star grâce au Frelon vert rebaptisé là-bas le « Kato Show ». Il entame des pourparlers avec la

Shaw Brothers qui ne propose qu'un contrat contraignant et peu rentable. Il refuse. Le Kato Show

ayant aussi suscité un engouement populaire pour le kung fu, la Shaw Brothers produit The Chinese

Boxer mis en scène par Jimmy Wang Yu qui se met en vedette. The Chinese Boxer est le premier film

Page 10: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 10

de kung fu moderne, avant les films de Bruce Lee.

Début 71. Bruce participe comme acteur à une nouvelle série tél intitulée Longstreet (scénarisée par

Stirling Silliphant) dans laquelle il joue un jeune maître martial, ce qui lui permet d'exposer sa

philosophie martiale.

Été 1971. Ayant signé un contrat avec la Golden Harvest, société de production hongkongaise en

compétition avec la Shaw Brothers, pour deux films, Bruce commence le tournage de The Big Boss en

Thaïlande en juillet 71. Sorti le 31 octobre de la même année le film fait sensation, changeant pour

toujours le cinéma kung fu et faisant de Bruce Lee la nouvelle superstar de Hong-Kong.

En Décembre 71, Bruce apprend que le studio Warner lui refuse le rôle titre dans une nouvelle série

télé intitulée Kung Fu. C'est David Carradine qui est engagé pour jouer le rôle (un acteur blanc n'ayant

aucune formation martiale !).

Mars 1972. Le deuxième film de Bruce La Fureur de vaincre / Fist of Fury bat tous les records au

box-office de Hong Kong. Bruce fonde sa propre compagnie de production la Concorde puis il part à

Rome pour commencer le tournage de son premier film en tant que réalisateur La Fureur du Dragon /

The Way of The Dragon qui à sa sortie fin 72 battra à nouveau tout les records d'entrées.

Peu de temps après la fin du tournage de La Fureur du Dragon, il commence déjà à réaliser son

deuxième film : Le Jeu de la mort / Game of Death (de automne 1972 à février 1973) qu'il ne finira

hélas jamais.

01 février 1973. Début du tournage d'Opération Dragon / Enter the Dragon, une coproduction entre la

Warner Bros à Hollywood et la Golden Harvest à Hong Kong, qui fera de lui une star mondiale.

20 juillet 1973. Bruce Lee meurt subitement à Hong Kong d’ un œdème cérébral. Le 25 juillet est

organisé une cérémonie funéraire à Hong Kong qui rassemblera plus de 25.000 personnes. Le 30

juillet a lieu une deuxième cérémonie à Seattle où étaient seulement conviés sa famille et ses amis

proches.

Opération Dragon sortira le 29 août 1973 aux USA mais pas avant le 18 décembre à Hong Kong.

Bruce n‘aura pas eu l’occasion de voir le résultat et le succès de son dur labeur. Une version remaniée

du Jeu de La Mort sort le 23 Mars 78.

A l'heure actuelle, le mythe Bruce Lee perdure toujours grâce aux quatre films et demi, si l’on peut

dire, que Bruce Lee a fait dans sa seconde partie de carrière au cinéma. Les paragraphes suivants

Page 11: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 11

exposent plus en détails ces films qui ont marqué l’Histoire du cinéma d’arts martiaux.

La filmographie de Bruce Lee, adulte

The Big Boss

The Big Boss est le film par lequel tout a commencé. Lorsque le film sort à Hong Kong le 31 octobre

1971, le succès est foudroyant. 3,1 millions de dollars HK de recette. Le premier film martial de Bruce

laisse tous ses concurrents loin derrière. Le second meilleur résultat de l'année au box office, Duel of

Fists de Chang Cheh, ne rapport qu’un peu plus de la moitié, soit 1,7 millions de dollars HK. Du jour

au lendemain Bruce Lee devient La plus grande star de Hong Kong.

La genèse du film

Ce film ne s'est pas fait sans mal. De passage à Hong Kong, Bruce Lee constate qu'il est devenu une

célébrité locale grâce à la série Le Frelon Vert (The Green Hornet) tournée quatre années plus tôt et

qui à été récemment importée en Asie du Sud-Est sous le titre de « The Kato Show ». Ayant essuyé

quelques revers dans sa carrière d'acteur aux États-Unis, Bruce Lee veut profiter de l'engouement local

à son égard pour relancer sa carrière cinématographique en Asie. Et quoi de plus naturel en ce début

des années 1970 que de se tourner vers le studio Shaw Brothers, la Mecque du cinéma de Hong Kong

de l’époque. Mais bien que le studio Shaw Brothers compte beaucoup de stars, aucune ne se démarque

des autres et surtout Run Run Shaw, le directeur des studios, propose un accord que Bruce Lee ne peut

accepter : Un contrat de plusieurs années ou Lee touchera des cachets peu élevés. Déçu par cette offre,

il décide de retourner à Los Angeles. Entre temps, Raymond Chow, le directeur de production du

studio Shaw, démissionne (ne supportant plus les méthodes de travail de Run Run Shaw qualifiées par

beaucoup de « féodales ») et fonde son propre studio de cinéma, la Golden Harvest. Plusieurs mois

après la proposition infructueuse de Shaw Brothers, Chow envoya une de ces associées, l'ancienne

actrice Liu Liang Hua (femme du réalisateur vedette Lo Wei), à Los Angeles proposer à Bruce Lee un

contrat en or comparé aux standards de l'époque : 15 000 dollars pour deux films. Raymond Chow est

persuadé que Bruce Lee va se hisser au sommet et n'hésite pas à investir 500 000 Francs (75 000

Euros) de l'époque pour le premier des deux films : The Big Boss. En cas d'échec, la Golden Harvest

devra probablement fermer ses portes pour cause de faillite.

Habitué aux méthodes de production hollywoodienne, Bruce Lee est choqué par les techniques de

travail hongkongaises qu'il juge primitives voire bâclées. C'est d'autant plus vrai que le tournage a lieu

non pas dans un studio bien équipé mais à Pak Chong, un petit village de Thaïlande, un lieu choisi à la

fois pour réduire les coûts de production et donner une touche exotique au film. Le tournage

commence le 24 juillet 1971 et les conditions de travail s'avèrent très vite éprouvantes : moiteur

Page 12: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 12

accompagnant la mousson, moustiques, mauvaise nourriture et pour couronner le tout l'entente entre

Bruce Lee et le réalisateur Wu Chai Wsaing n'est pas au rendez-vous. Celui-ci est promptement

remplacé par le propre époux de Liu Liang Hua, Lo Wei, un ancien metteur en scène de la Shaw

Brothers débauché par Raymond Chow et maintenant le réalisateur vedette des nouveaux studio

Golden Harvest. Malheureusement ce dernier, formé aux méthodes de tournage de Hong Kong, ne

s'entend guère davantage avec Bruce Lee. Cette mésentente entre les deux hommes s'accentue

malheureusement sur le tournage du deuxième film, La Fureur de vaincre (Fist of Fury).

Tant bien que mal, le tournage de Big Boss se termine. Toute l'équipe espère un succès. Le résultat

dépassera leurs plus folles espérances et sera un tournant majeur dans l'histoire du cinéma de Hong

Kong et du cinéma d’arts martiaux tout court. L'accueil dans les salles de cinéma est phénoménal. Les

spectateurs applaudissent tous. C’est l'hystérie collective.

Run Run Shaw a commis bon nombre d'erreurs durant sa carrière, mais la plus grosse fut certainement

celle d'avoir sous-estimé le potentiel du Petit Dragon. Grâce à Bruce Lee, la Golden Harvest se hisse

au sommet, prenant la place des studios Shaw. L’Histoire est en marche.

Le grand frère de Chine

Le film Big Boss est certainement le plus faible des films tournés par Bruce Lee. Il y déplora lui-

même beaucoup de choses et s’évertuera à améliorer ses films suivants. Le scénario est certes simple

mais n'en reste pas moins divertissant et surtout présente une particularité non négligeable qui sera

présente dans tous les films de Bruce, sauf La Fureur de vaincre. L'histoire se place dans un cadre

contemporain.

Le film suit Chen Chau-Han qui arrive dans la banlieue de Bangkok et s'installe chez ses cousins dont

le plus turbulent Hsui Chin (James Tien) se liera très vite avec lui . Tous travaillent dans une fabrique

de glace dirigée par Monsieur Mi (Han Ying Chieh), se révèle être une couverture pour un trafic de

drogue. Suite à la disparition mystérieuse d’ouvriers et l’assassinat de tous ses cousins, Chen décide

de mettre fin aux agissements de cette bande et surtout de leur redoutable chef.

The Big Boss (titre chinois; Tang Shan Da Xiong, ce qui veut dire « Le Grand Frère de Chine »)

marque le retour de Bruce Lee au cinéma de Hong-Kong après une absence de 12 années (enfant et

adolescent, il a tourné dans 23 films en langue cantonaise). Le scénario du film (écrit par Ni Kuan,

mais probablement révisé par Lo Wei lui-même à qui le scénario est crédité), incorpore

astucieusement à la fois le genre de personnage que Bruce Lee jouait dans sa première carrière

d'acteur de même que les raisons de son départ de Hong-Kong en 1959. Bruce se trouve donc à jouer

Page 13: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 13

un jeune loubard qui doit refaire sa vie ailleurs comme cela lui est vraiment arrivé à la fin des années

50. Enfant frondeur puis adolescent tourmenté dans ses vieux films, Bruce ou Siu Long (Petit Dragon)

a certes vieilli mais il demeure ce même personnage trouble mais attachant. Sauf que maintenant il fait

du kung-fu… et quel kung-fu !

En effet ce qui frappe d'emblée, c'est non seulement le charisme sidérant de l'acteur, mais aussi sa

façon de se battre. Ses combats sont d'une vivacité tout à fait inédite alors et éblouissants.

Le chorégraphe du film, Han Yingjie (le chorégraphe attitré de King Hu) qui interprète également le

rôle de Monsieur Mi, le big boss du titre, fait ample usage des figures de style et des trucages

couramment utilisés à l'époque pour le wuxiapian chinois ou le Chambara japonais, tel l'usage du

trampoline (que Han a lui-même introduit au début des années 60), de l’action aérienne, de

l’utilisation d'armes blanches et de giclées de sang en pagaille. Mais même si Bruce n'est qu'un

nouveau venu faisant son premier film de kung fu il n'en est pas moins parvenu à imposer une grande

partie de son style de combat à la fois brut et tranchant avec tout ce qui se faisait à l’époque. Ce qui

avec sa présence et ses expressions faciales exacerbées donnent aux scènes de combat une intensité

inouïe. Ce qui se démarque presque totalement du style de combat plutôt maniéré alors en cours à

Hong Kong. Détail révélateur, lorsqu'une scène de combat ne contente pas Bruce Lee et qu'il ne

parvient pas à imposer ses points de vue, il trouve une manière de perturber le tournage (en perdant un

verre de contact par exemple… Bruce étant myope), jusqu'à ce qu'on lui cède.

Dans The Big Boss, il faut attendre un bon moment avant que Bruce Lee ne se déchaîne. En effet pour

garder le spectateur en haleine, le scénario retient le Petit Dragon hors des combats pendant un bon

moment et c'est l'acteur martial James Tien qui joue le héros bagarreur pendant la première moitié du

film. D'ailleurs bizarrement, ses combats semblent plutôt mal chorégraphiés et lui-même paraît peu

convaincant. Il joue bien son personnage cependant tout comme Han Yingjie joue un gangster

immonde, Anthony Lau un bellâtre arrogant et meurtrier, Lee Kwan le plus clownesque des cousins et

Maria Yi la ravissante jeune femme du film. A noter l'apparition rapide de Nora Miao en vendeuse de

limonade que Golden Harvest cherchait à promouvoir en tant que vedette, d'où son caméo tout à fait

gratuit dans le film.

Bruce Lee est donc tenu en retrait durant la première moitié du film, mais son charisme fait qu'il

demeure toujours le centre d'intérêt dans chaque scène où il apparaît. On sent bien que derrière sa

façade timide il se retient difficilement et cela crée une tension tangible. Finalement il explose lorsque

les ouvriers chinois commencent à être battus par des hommes de main du patron. L'un de ses

premiers coups est son pied droit sur le menton d'une brute jouée par nul autre que Peter Chan Lung,

Page 14: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 14

qui sera plus tard remarqué dans les films de Sammo Hung. Une bagarre générale s'en suit dans lequel

le Petit Dragon se pose en défenseur des travailleurs exploités rossant les oppresseurs. Plus tard, ayant

découvert que son patron est un trafiquant de drogue qui a éliminé certains de ses ouvriers trop

curieux, Bruce Lee devient la nouvelle cible des fiers à bras meurtriers. S'en suit une scène d'une

violence viscérale stupéfiante, où des poings, des coups de pied, des couteaux, une scie même

virevolte de droite à gauche et où Bruce Lee n'est plus seulement un homme qui vend chèrement sa

peau mais un véritable ange exterminateur. Pour le combat final, c'est le Big Boss lui-même que Bruce

vient affronter pour venger ses camarades et à nouveaux tous les coups pleuvent.

Entre ces trois scènes de combat cathartiques le film s'attarde à montrer le côté humain et vulnérable

de son héros pour bien souligner qu'il n'est pas seulement une simple combattant. Ainsi après avoir

rossé les hommes de main lors de la première bagarre, ses camardes et lui reviennent à leur

cantonnement en faisant une petite danse victorieuse. Plus tard dupé par ses patrons, Bruce Lee fait

une sortie dans un bordel local. La gêne et la honte qu'il ressent lorsque sa cousine le surprend dans

cet endroit est des plus palpables. Finalement entre deux moments de rage c'est une peine profonde

que le Petit Dragon éprouve lorsqu'il découvre le sort tragique de ses amis lors d'une scène très triste

au bord d'un ruisseau.

Nul doute que le charisme du Petit Dragon et ses capacités martiales sont au cœur du succès populaire

du Big Boss mais on peut aussi ajouter une autre raison cruciale. Jusqu'à maintenant dans les films

d'art martiaux chinois, les héros étaient pour la plupart du temps des chevaliers d'un rang supérieur

vivant à une époque plus ou moins reculée, dans une Chine ancestrale. Mais Big Boss se déroule non

seulement dans un cadre contemporain mais parmi la classe ouvrière exploitée et le film présente un

héros très humain et très familier.

Film fauché, avec son quota de scènes racoleuses (la visite au bordel) et au mélodrame larmoyant

(mais efficace), Big Boss est souvent considéré comme un navet qui ne vaut que par la présence du

Petit Dragon. Mais même si il est vrai que Bruce Lee est le principal intérêt du film, il n'en reste pas

moins le film fondateur du phénomène Bruce Lee, certes inférieur aux autres Kung Fu Pian de

l'époque (Vengeance !, Boxer from Shantung), mais qui présente des bonnes scènes de combat. La

scène de la scierie et le final contre Han Yingjie tiennent toutes leurs promesses.

La version intégrale

A noter aussi que jusqu'à maintenant (septembre 2004) la version diffusée en France était une version

coupée. Lorsque Bruce Lee rend visite pour la première fois à Han Yingjie dans sa villa, certains plans

étaient manquants ou alors quand les deux hommes s'affrontent, Bruce Lee le tue mais dans la version

Page 15: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 15

intégrale il s'acharne sur son cadavre le martelant de coups de poings. Deux autres petits bouts de

scène semblent perdues à jamais car ne figurant pas même dans la version intégrale : la scène où

Bruce Lee est nu avec la prostituée et le célèbre changement de plan brutal dans la scierie où le héros

plante une scie dans le crâne de son adversaire. Ces coupes ne changent cependant rien à l'intrigue

contrairement aux autres films où certaines scènes manquantes ont plus d'importance.

Big Boss marque l'avènement de Bruce Lee mais n'est pas à proprement parlé un très grand film d'arts

martiaux, simplement un bon divertissement soutenu par un Petit Dragon sauvage, et qui dans son

ensemble s'avère être plutôt sympathique.

Notes finales sur le film.

- En 1971, The Big Boss a été la plus grosse recette cinématographique de tous les temps à Hong

Kong, se hissant devant d’autres films à record comme La Mélodie du bonheur (1965) et Tora ! Tora !

Tora ! (1970).

- En décodant certains éléments de culture chinoise dans le film, il est facile au spectateur de savoir

quand Bruce Lee se bat pour tuer ou pour impressionner son adversaire. Dans le premier cas, il porte

un pantalon noir et une large chemise blanche, cette couleur étant symbole de mort dans la culture

locale. Dans le second cas, il porte un pantalon marron ou bleu et un haut bleu.

- La demeure du méchant est en réalité un mausolée thaï. Eu égard à la grande superstition des Chinois,

ceci fut caché à tous jusqu'à la fin du tournage.

- Le bordel thaï du film était un vrai bordel. Les figurantes (exception faite de Ma La Lene) qui

apparaissent dans les scènes s'y déroulant sont de réelles prostituées, payées quotidiennement par la

Golden Harvest l'équivalent d'une journée de passes.

- Le titre anglais international du film était The Big Boss. Aux Etats-Unis, il était prévu qu'il soit

changé en The Chinese Connection en référence au grand succès de William Friedkin, The French

Connection. Finalement, il prit le nom de Fists Of Fury. Pour éviter la confusion avec le film suivant

de Bruce Lee, Fist Of Fury, c'est celui-ci qui eut pour titre The Iron Hand puis The Chinese

Connection.

- C'est le seul film cinéma de Bruce Lee (exception faite de ses films de jeunesse et du montage

cinéma de la série Green Hornet) où l'acteur n'utilise pas le nunchaku, son arme de choix.

- The Big Boss est l'unique film de Bruce Lee censuré dans son propre pays pour usage de violence

graphique.

- Bien que crédité dans toutes les versions comme compositeur du film, Wang Fu Ling n'a composé la

musique que de la version mandarine de The Big Boss. Peter Thomas a composé la musique de la

version doublée en anglais tandis que Joseph Koo Chia Hui a composé une nouvelle bande originale et

utilisé des morceaux non originaux (dont quelques-uns de Don Peake issus de La Colline à des yeux)

Page 16: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 16

pour la version doublée en cantonais du début des années 80.

La Fureur de vaincre / Fist Of Fury

Surfant sur le triomphe du film précédent, l’équipe de The Big Boss se retrouve sur le deuxième film

de Bruce Lee pour la Golden Harvest, La Fureur de vaincre (Fist of Fury). Le bond qualitatif en avant

entre les deux films est conséquent. Big Boss avait posé les bases de la machine Bruce Lee, La Fureur

de vaincre les poussera à leurs paroxysmes.

Le style est donné dès le départ. Les autres acteurs du film ont beau être bons dans leurs rôles, l'intérêt

ne se focalise QUE sur Bruce Lee. Charismatique à souhait, chaque fois qu'il entre dans un plan, une

scène, martiale ou non, on ne remarque que lui. Il n'y a plus que lui qui compte, il éclipse totalement

ses partenaires à l'écran.

Le film se passe à Shanghai au début du XXème siècle et s'inspire de l'histoire du maître Huo Yuanjia,

un des plus grands pratiquants des arts martiaux Chinois qui avait fondé à Shanghai (à l'époque

dominée par les Japonais) l'école Jingwu (le titre Chinois du film est Jingwumen) et qui disparut

brusquement en 1910 des suites d'un mal brutal. Mal que l'on soupçonna être causé par un

empoisonnement de la part des Japonais qui jalousaient la maîtrise martiale de Huo. Ronnie Yu a mis

en scène la vie de ce maître martial dans Fearless / Le Maître d'armes (2005) avec Jet Li dans le rôle

titre. Mais revenons en arrière avec La Fureur de vaincre. Dans ce film Bruce Lee incarne donc Chen

Zhen, le meilleur élève de l'école Jingwu, qui va enquêter (à la force des poings et de son nunchaku il

va s’en dire) sur la brusque disparition de son maître. Il soupçonne l'école Japonaise dirigée par Susuki

(Riki Hashimoto).

Devenu une vedette confirmée, et non plus un nouveau venu, Bruce peut se dispenser du chorégraphe

de Big Boss, Han Ying Chieh /Han Ying Jie. Bien qu'officiellement, c'est toujours Han qui soit crédité

comme chorégraphe du film, Bruce Lee s'impose immédiatement pour chorégraphier ses propres

combats. Alors qu'on pourrait dire que les scènes d'action dans Big Boss étaient le fruit d'une « sorte »

de collaboration entre Han et Bruce, pour La Fureur de vaincre, Han doit se contenter de

chorégraphier la seule scène de combat du film n'impliquant pas Bruce Lee. Toutefois Han a

certainement dû jouer un certain rôle de superviseur surtout dans les scènes impliquant quelques

trucages ou acrobaties.

D'ailleurs Bruce réduit considérablement l'usage de pareils truquages qui gênent son style et qui vont à

l'encontre de ses conceptions et de ce que doit être le combat filmique. Presque plus de sauts au

trampoline donc, ou de figures de style aérien. La présence du sang se limite presque à des coupures

Page 17: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 17

marquant son propre corps.

Les plans des scènes d’action sont maintenant plus longs pour capter la gestuelle martiale du Petit

Dragon dans toute sa splendeur, mais aussi son visage expressif et son physique musclé et gracile. De

plus comme pour capter encore davantage l'attention, Bruce émet des sons bien particuliers tout le

long de ses combats, comme des miaulements, ce qui ajoute au magnétisme presque animal du Petit

Dragon. Ces cris font désormais partie de son style. Tout aussi important, Bruce utilise un nunchaku

dont il s'était déjà servi pour la série Le Frelon Vert quelques années plus tôt mais qui fait ici sa

première apparition dans un film d’arts martiaux chinois, et dont il fait un usage magistral et…

fracassant

Si Han Ying Chieh ne pose pas de problèmes (même si sa position s'est trouvée être usurpée), l'entente

entre le réalisateur Lo Wei et Bruce Lee par contre est de pire en pire. Pour Lo Wei, l'intérêt se porte

exclusivement sur les combats, les scènes dialoguées et romantiques étant anecdotiques. D'ailleurs lors

du tournage des scènes intimes entre Bruce Lee et sa partenaire Nora Miao, Lo Wei écoutait la radio…

Un succès considérable

Le film sort en mars 1972 et rapporte plus de quatre millions de dollars HK écrasant Big Boss au box

office. C'est l'explosion du système Bruce Lee. Avec ce film, le Petit Dragon ne représente plus

seulement le gentil héros mais un personnage extraordinaire, un meneur, qui venge les Chinois du

peuple Japonais. Le traumatisme de l’invasion japonaise était et est encore douloureux chez les

Chinois. Bruce Lee se dresse même contre les occidentaux. Ecrasant toute concurrence et proposant

de scènes actions que le public n'a pas l'habitude de voir (combats au nunchaku et contre un occidental)

Bruce Lee devient La star du cinéma de Hong-Kong.

Sur le plan artistique, cette fois on se trouve en face d'un très bon film d'arts martiaux aux scènes de

combats d'anthologie. Côté casting, bien qu’assez sous-exploité, c'est l'avalanche de têtes connues :

Nora Miao, James Tien, Tien Feng, Tony Liu, etc. On peut aussi reconnaître parmi les figurants un

jeune Jackie Chan (qui doublera également l'acteur Riki Hashimoto lors de la célèbre cascade finale),

Corey Yuen Kwai et Lam Ching Ying (qui incarnait également un des cousins de Bruce Lee dans Big

Boss ).

Peu importe si les faits décrits dans le film reposent sur une exactitude historique ou non, ce qui

compte c'est le plaisir procuré par le film et de ce côté-là, c'est une réussite totale. Bruce Lee traverse

tout le film avec une violence et une folie incroyable dans ses actes. Le scénario (simple mais solide)

se focalise intégralement sur lui. La reconstitution du Shanghai du début du siècle est plaisante sans

Page 18: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 18

être extraordinaire. Les combats sont hallucinants et le résultat est tout simplement anthologique. La

célèbre descente du Petit Dragon dans l'école japonaise est un morceau de bravoure historique. Dans

le même plan, Bruce Lee envoie une dizaine de coups de pieds, puis pour la première fois il utilise ses

célèbres nunchakus. Imparable. Ses combats sont plus rapides, plus précis, plus élaborés que dans Big

Boss. Cette fois, même les combats où Bruce Lee ne se bat pas sont excellents. (La gigantesque rixe

entre les deux écoles où cette fois James Tien se montre très convaincant). Puis fait assez rarissime à

l'époque dans le cinéma hongkongais pour être signalé, un occidental tient un rôle important. Ici en

l'occurrence, Robert Baker, ancien élève de Bruce Lee venu à Hong-Kong pour lui servir de garde du

corps. Sa présence dans le film donnera lieu à une excellente scène de combat entre les deux hommes.

Ajoutons à cela que le film possède un superbe thème musical orchestré par Joseph Kuo. Le métrage

se finit en beauté avec ce célèbre plan où le Petit Dragon effectue un saut prodigieux sans trucage sur

la musique de Kuo et se fige en vol.

Notons enfin que le film a sûrement subi l'influence de Chang Cheh, réalisateur numéro un de la Shaw

Brothers pendant de nombreuses années, qui faisait mourir ses héros et de façon graphique et assez

jolie à voir. En fait cette similitude s'explique en partie par le fait que comme pour Big Boss c'est Ni

Kuan, scénariste attitré de Chang Cheh, qui a couché sur papier le script de La Fureur de vaincre.

Critique du film par David-Olivier Vidouze (9/1/2000)

Shanghai, années 30. Ho Yuan Jia, maître d’une école d’arts martiaux, est décédé dans d’étranges

circonstances. Le jour de ses funérailles, Chen Zhen (Bruce Lee), son élève préféré et surtout le plus

doué, revient à Shanghai après de longs mois passés loin de son maître. Il est bouleversé par la

nouvelle et ne croit pas à une mort naturelle. Ses soupçons le conduisent à s’intéresser de près à une

école japonaise d’arts martiaux rivale...

Fist Of Fury est la deuxième aventure cinématographique de Bruce Lee en tant que star, mais c'est

également le film qui a fait connaître le cinéma hongkongais au monde entier. The Big Boss ne fut

qu’un énorme succès en Asie. Fist Of Fury, lui, sera un triomphe planétaire.

Certes, le scénario n'est pas foncièrement original (l’éternel « tu as tué mon maître, je vais le venger et

te tuer »), plutôt raciste (les Japonais en prennent pas mal pour leur grade, avec une petite couche sur

les Russes pour faire bonne mesure), que les acteurs n’ont pas fait l’Actors’ Studio (Lee le premier).

Mais les scènes de combats sont parmi les plus impressionnantes du cinéma asiatique, de grands

moments d’anthologie chorégraphiées avec soin pour Bruce Lee. La mise en scène est loin d’être

bâclée et on peut dire sans se tromper que c’est le meilleur film du réalisateur Lo Wei (qui lancera un

peu plus tard le tout jeune Jackie Chan).

La plupart des séquences ont été tournées en studio et les rares extérieurs ont été saisis à Macau, ville

un peu moins moderne que Hong Kong, surtout à l’époque.

Contrairement à la vague de cinéma d’arts martiaux qui a suivi à la fin des années 70, l’humour est

Page 19: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 19

totalement absent du film. Ou alors présent de façon bien involontaire... Vous n’aurez donc pas à vous

excuser auprès d’éventuels co-spectateurs peu habitués à l’humour cantonais de nos chers Lucky Stars

et autres Karl Maka...

Si vous êtes observateur, vous pourrez reconnaître Lam Ching-ying et Jackie Chan se faisant molester

par Bruce Lee.

En conclusion, Fist Of Fury est certainement un des films hongkongais les plus mythiques des années

70 : gros budget, immense artiste martial et mise en scène honnête.

Les scènes manquantes et les spins offs

Les scènes manquantes du film sont plus conséquentes que dans Big Boss. Pendant longtemps en

France nous n'avons pas eu le générique d'origine du film (ce qui est fort dommage). Puis vint la

fameuse scène du cimetière qui pendant longtemps fut enlevée des copies françaises. C’est pourtant un

passage clé où la folie et la démesure du personnage de Chen Zhen émerge. D'autres scènes de

dialogues furent coupées comme le dialogue entre Nora Miao et Tien Feng, ou lorsque des membres

de l'école Jingwu recherchent Bruce Lee en pleine nuit.

Le film a donné lieu à une suite officielle assez médiocre, La Nouvelle fureur de vaincre (New Fist of

Fury) en 1976 avec Jackie Chan et réalisé par Lo Wei. Il a également été remaké par Gordon Chan

avec le prodigieux Fist of legend réalisé en 1994 et avec Jet Li (son meilleur film, à juste titre comme).

C’est le seul long métrage d'ailleurs à s'être frotté au mythe Bruce Lee avec succès. Le personnage de

Chen Zhen est également devenu en 1995 le héros d'une série télévisée de 30 épisodes interprétée et

chorégraphiée par Donnie Yen, Jingwumen / Fist of Fury TV.

Considéré par la plupart des fans du Petit Dragon comme son meilleur film, La Fureur de vaincre est

un classique absolu du cinéma d'arts martiaux et le film où Bruce Lee, l’homme, la star, l’artiste

martial, explosa totalement.

Notes sur le film :

- Bruce Lee a chorégraphié ses propres combats.

- C'est le dernier film que Bruce Lee et Lo Wei tourneront ensemble. Ils se quitteront en mauvais

termes à l'issue de celui-ci.

- Yuen Wah double Bruce Lee dans la scène de combat entre Chen Zhen et Yoshida, lorsque Chen

exécute un saut périlleux.

- Jackie Chan double le méchant Suzuki lorsque ce dernier est frappé au travers d'une shoji (fenêtre

japonaise avec un papier tendu).

- Aux Etats-Unis, le film est sorti sous le titre The Chinese Connection pour éviter la confusion avec le

titre américain du précédent film de Bruce Lee, Fists Of Fury (The Big Boss). Le nouveau titre a été

Page 20: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 20

choisi en référence au grand succès de William Friedkin, The French Connection.

La Fureur du dragon / The Way Of The Dragon

La Fureur de vaincre n'est pas encore sortie que Raymond Chow planifie déjà un troisième film avec

son poulain prodige, à nouveau mis en scène par Lo Wei, et supposé être filmé au Japon. Mais Bruce

ne veut rien savoir d'un pareil projet, surtout avec Lo Wei à la réalisation, qu'il ne considère que

comme un tâcheron dont le manque de professionnalisme et de talent est inversement proportionnel à

son arrogance. Son contrat de deux films avec la Golden Harvest étant rempli, Bruce Lee est en

position de force pour imposer ses conditions à Raymond Chow et Bruce Lee lui demande plus qu'une

augmentation de salaire ou un simple partage des profits. Ainsi, en fondant sa propre maison de

production Concord films, il est désormais le partenaire de Chow, non plus son employé. Et surtout il

pourra pleinement assurer l'écriture, la réalisation et la chorégraphie de ses films. Le premier long

métrage de cette association sera La Fureur du dragon (The Way of the Dragon).

Bruce Lee décide de situer l'action de son nouveau film non plus en Chine ou même en Asie mais à

Rome. Une équipe de tournage ira donc filmer de petites scènes touristiques dans quelques endroits

célèbres de la ville, notamment le Colisée et les Fontaines de Trevi, mais l'ensemble du film sera

quand même tourné dans un studio à Hong-Kong. Bruce Lee veut vraiment faire un peu différent pour

sa première réalisation et donne une touche d'exotisme en allant filmer dans la Ville Éternelle. En

situant le film à Rome, Bruce Lee souhaite aussi raconter une autre histoire d'immigrant chinois

faisant face à l'adversité comme dans Big Boss, mais dans un lieu des plus inhabituel et avec une

touche comique accentuée. En effet, le premier tiers du film voit le Petit Dragon jouer le provincial un

peu perdu dans la grande ville. Bruce Lee s'inspire d'ailleurs de sa propre expérience d'immigré

chinois nouvellement arrivé aux États-Unis pour cette partie du film, bien que lui-même n'ai pas été

aussi provincial que son personnage. Tout comme Big Boss, il faut attendre un peu pour voir Bruce

Lee se battre. La patience du spectateur est évidemment récompensée…

Concernant ses adversaires dans le film, le Petit Dragon continue dans la même veine qu'avec Robert

Baker dans La Fureur de vaincre c'est-à-dire s’assurer la complicité de véritables experts en arts

martiaux. Ce choix renforce l'impact et l'efficacité des combats. Il fera ainsi appel à Bob Wall, grand

professionnel de karaté, Wang In Sik, expert coréen en hapkido et surtout Chuck Norris, sept fois

champion du monde de full-contact. Bruce Lee connaissait Wall et Norris depuis longtemps déjà et il

avait déjà travaillé avec ce dernier sur un film réalisé en 1968, Matt Helm règle son compte (The

Wrecking Crew) le second d'une série de films d'espionnage semi-parodiques surfant sur la vague

James Bond et mettant en vedette Dean Martin. C'est Lee qui avait chorégraphié les bagarres et Norris

y faisait une apparition.

Page 21: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 21

En fait, en engageant Chuck Norris, Bruce Lee désire montrer un héros chinois battre un grand

champion blanc. Et quel meilleur endroit que le grand Colisée de Rome mettre en scène cette petite

démonstration : lieu mythique, capitale antique du plus grand empire qu'ait jamais connu l'occident et

où jadis les gladiateurs combattaient à mort. Toutefois, Bruce veut offrir plus qu'un simple spectacle

chauvin. La Fureur du dragon verra ainsi Bruce cherchant à exposer pour la première fois dans un film

certains principes du Jeet Kune Do, sa méthode martiale qui est à la fois technique et stratégique.

Dragon chinois contre colt américain

Bruce Lee incarne Tang Lung (ce qui signifie « Dragon Chinois ») un jeune Hongkongais naïf mais

efficace au combat qui se rend à Rome pour aider sa cousine, Chen Ching-Hua (Nora Miao) à se sortir

des griffes de gangsters. Ceux-ci veulent racheter par tous les moyens le restaurant qu'elle tient avec

son oncle Wang. Pour contrer ce garde du corps inhabituel les gangsters engagent trois combattants

martiaux de haut calibre dont l'un d’eux, Colt (Chuck Norris), est particulièrement redoutable. Tout se

jouera lors de leur duel dans les ruines du Colisée.

Dans son ensemble La Fureur du dragon est un film beaucoup plus léger et amusant que La Fureur de

vaincre. Plus réfléchie aussi. Le Petit Dragon ne joue plus les vengeurs tourmentés c'est un jeune

homme plus naïf mais dégourdi qui ne tue pratiquement pas (d'ailleurs quand il le fait, il éprouve une

sensation de dégoût).

Pour Linda Lee, la femme de Bruce Lee, La Fureur du dragon est son film le plus personnel. On

comprend pourquoi. Le personnage dans le film colle au plus près à la personnalité du vrai Bruce dans

la vie et surtout il y dévoile les préceptes du Jeet Kune Do.

Que vaut le Petit Dragon en tant que réalisateur et chorégraphe ? Son premier coup est-il un coup de

maître ? Incontestablement, oui. Sa réalisation est précise, fluide, simple mais efficace. Et surtout ses

combats sont encore mieux filmés, plus rapides, plus élaborés que dans ses deux films précédents.

Cette fois, Bruce Lee utilise deux nunchakus en même temps, ce qui donne lieu tout simplement à un

des plus grands moments d’anthologie du cinéma martial où le Petit Dragon tient en respect plus d'une

dizaine d'adversaires et ce pendant un long moment. Le final est également incontournable car Bruce

Lee affronte les trois experts qu'il a fait venir pour le film. Si les combats contre Bob Wall et Wong

Ink Sik, bien qu'excellents, sont trop courts, celui contre Chuck Norris est culte. Se déroulant dans le

Colisée (en réalité en studio), le combat est un très grand moment entre deux vrais gladiateurs des

temps modernes. La réalisation de cette scène est parfaite : lisibilité, justesse, efficacité sont les termes

pouvant la qualifier. De plus en montrant le personnage de Bruce Lee s'adaptant petit à petit à son

adversaire il démontre avec clarté et pertinence le principe fondamental du Jeet Kune Do. Un artiste

Page 22: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 22

martial se doit d'abord et avant tout d'être « flexible ». Autres touches notables dans cette scène de

combat ultra classique et qui lui donne un caractère si mémorable et inhabituel : Son petit jeu du chat

avec la souris, Bruce arrachant des poils du torse de Norris puis les soufflant hors de sa main,

l'échange final silencieux mais éloquent entre les gladiateurs (« Arrête-toi pendant qu'il est encore

temps. » « Jamais. ») et finalement le vainqueur rendant hommage au vaincu, moment très rare dans le

cinéma martial de Hong Kong où habituellement l’ennemi est une bête à abattre peu respectée.

En plus de mettre en valeur son côté humoristique et ses préceptes du Jeet Kune Do Bruce Lee tire

profit de sa position unique comme star/scénariste/réalisateur et chorégraphe pour pousser au

maximum son péché mignon, un narcissisme éhonté.

La caméra aime le corps gracile et musclé de Bruce Lee, il ne le sait que trop bien et profite de chaque

opportunité pour montrer ses muscles, ses coups de pieds élancés, ses prouesses au nunchaku, etc.

Deux scènes clé à retenir : celle où il s'étire les muscles dans un appartement et celle surtout de

l'échauffement avant le grand combat où Bruce fait saillir ses muscles de manière surprenante.

Les mimiques expressives de Bruce Lee, faciales ou gestuelles, sont tout aussi captivantes que son

physique et il ne se gêne pas pour les exhiber. Tour à tour furieusement déterminé, candide ou troublé,

la personnalité de Bruce Lee dans ce film s'avère être aussi irrésistible que son kung fu.

Critique par David-Olivier Vidouze (3/1/2001)

Tang Lung (Bruce Lee) se rend à Rome pour aider une amie de sa famille, la restaurateur Chen Ching-

Hua. Dès le jour de son arrivée, des malfrats locaux débarquent dans le restaurant et exigent la vente

du lieu sous peine de représailles. Ils seront brutalement éconduits par Tang Lung mais reviendront

plus armés et plus nombreux...

Lassé par ses deux premières expériences cinématographiques avec le vétéran Lo Wei (qui s'accapare

tout le succès de The Big Boss et Fist Of Fury), Bruce Lee décide de voler de ses propres ailes et

demande à Raymond Chow, d'abord hésitant, de réaliser lui-même ce qui sera son troisième film, The

Way Of The Dragon (il est aussi scénariste et co-producteur avec sa société Concord).

Inspiré par les techniques hollywoodiennes, il rédige minutieusement un scénario qui, au final,

apparaît un peu simpliste, avec une bonne demi-heure passée sur les problèmes intestinaux du Petit

Dragon et le reste en classique histoire de vengeance. Il est vrai que The Big Boss, mais surtout Fist

Of Fury, avaient été écrits par un des scénaristes de Chang Cheh.

Mais le point fort de The Way Of The Dragon reste le culte que se voue Bruce Lee à lui-même. Tout

tourne autour de lui : la caméra, les acteurs, l'histoire... il est constamment mis en scène. Bruce Lee

mange de la soupe, Bruce Lee va aux toilettes, Bruce Lee va voir une prostituée (malgré lui, cela va

sans dire...), Bruce Lee montre à ses collègues partis depuis trop de longtemps de Hong Kong ce que

c'est vraiment que la boxe chinoise, Bruce Lee se bat en débardeur (auto-érotisme ?), Bruce Lee fait

Page 23: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 23

du tourisme, etc. C'est quelque chose qu'il faut accepter dès le début.

Les combats sont impressionnants et très bien filmés pour l'époque : plans larges (l'action n'est pas

morcelée), peu de zooms (un des rares zooms est dirigé tour à tour sur la tête d'un chaton, la tête de

Bruce Lee puis la tête de Chuck Norris...) et un décor magnifique, le Colisée de Rome, auquel Tsui

Hark rendra hommage presque 30 ans plus tard dans son Double Team (sauf que le chaton a été

remplacé par un tigre !).

Les Japonais, les Américains et les homosexuels ont malheureusement encore droit à leurs rôles de

méchants. Signe des temps ?

Au final, The Way Of The Dragon est une incontestable réussite - même si bourrée de maladresses -

de la plus grande star du cinéma asiatique, loin devant les Chow Yun Fat, Jet Li, et autres Jackie Chan.

Mais Fist Of Fury lui reste supérieur.

Les coupes dans la version française (attention spoilers)

Concernant les coupes, elles sont problématiques car légions. Peu après que Nora Miao et Bruce Lee

font connaissance, elle l'emmène chez elle, lui offre un verre, Bruce va aux toilettes, lui fait une

démonstration impressionnante de coups de pieds et coups de poings. Puis ils vont dans une banque où

Nora conseille à Bruce Lee d'échanger ses dollars hongkongais contre des lires italiennes. Vers la fin

du film, le nombre de coupes devient plus important, nous pouvons même parler ici de charcutage, car

l'intrigue s'en trouve complètement modifiée. Une fois que Bruce part en direction du Colisée à la

poursuite du bras droit du grand patron, on voit l'oncle qui poignarde les cousins leur expliquant qu'il

avait conclu un accord avec le grand patron pour vendre le restaurant. Puis quand Bruce Lee revient à

son tour sur les lieux, l'oncle essaye de le poignarder mais le grand patron arrive, tue l'oncle et son

propre lieutenant, puis la police arrive et arrête le grand patron. On comprend enfin après, pourquoi la

scène finale est un dialogue dans un cimetière : les protagonistes se recueillent finalement sur les

tombes des cousins.

A noter que les figures patriarcales ou de maîtres habituellement vénérer dans les films d'arts martiaux

sont passablement malmenés dans les films de Bruce Lee. Ils s'avèrent en effet la plupart de temps soit

absents ou impuissants (Maître Huo, disciple-en-chef Fan dans la Fureur de vaincre), soit carrément

malveillant (Monsieur Mi dans Big Boss, Oncle Wang dans la Fureur du dragon, Monsieur Han dans

Opération Dragon), soit purement accessoires et passagers (l'abbé dans Opération Dragon).

Finalement le seul vrai maître dans un film de Bruce c'est Bruce lui-même.

Les coupes dans la version anglaise

Autres pays autres mœurs, dans les pays anglo-saxons c'est la partie comédie au début du film qui a

été le plus souvent coupée lorsque la Fureur du dragon a été présentée pour la première fois. L'image

Page 24: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 24

de marque de Bruce Lee en occident étant celle du vengeur martiale stoïque, ses farces d'immigré

provincial, la plupart assez vulgaires (Bruce et ses ennuis d'estomac) ont dû être jugées trop

déconcertantes pour les retenir. C'est à cause de ces coupes qu'en occident on imagine surtout Bruce

Lee comme un vengeur froid ou enragé alors qu'il était en fait un acteur plein d'humour aux mimiques

expressives impayables et même un farceur impénitent dans la vraie vie.

A noter qu'en Grande Bretagne, l'usage du nunchaku ayant été interdit, les scènes de Bruce Lee où il

utilise cette arme ont longtemps été censurées dans tous ses films. De ce fait la version intégrale est

indispensable pour apprécier à sa juste valeur La Fureur du dragon .

En changeant de registre et de styles de combat, Bruce Lee a réussi à surpasser le travail effectué sur

les deux films précédents. En poursuivant dans cette voie, Bruce Lee allait atteindre un nouveau

sommet quelques mois plus tard en commençant Le Jeu de la Mort (Game of Death).

Notes sur le film :

- Dernier film à avoir été réellement filmé dans le Colisée de Rome.

- Pour sa sortie dans les pays anglo-saxons, le film a été rebaptisé Return Of The Dragon afin de le

faire passer pour la suite d'Enter The Dragon.

-Le film a été tourné sans prise sonore directe et complètement post synchronisé par la suite (à la

manière des films italiens de l'époque).

- Une partie de la musique du film a été reprise d'Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone

(compositeur : Ennio Morricone).

Opération Dragon / Enter The Dragon

Des quatre grands films de Bruce Lee c'est Opération Dragon (Enter the Dragon) qui connut le plus

grand succès à l'échelle planétaire. La star mourut quelques jours avant la sortie du film, mais parions

que même lui n'aurait pu prédire le parcours et l'impact que le film allait avoir. Disons le tout de suite,

ce film est le point de départ de l'intérêt des spectateurs occidentaux pour le cinéma d'arts martiaux.

S’il n'y avait pas eu ce film, tous les Jean-Claude Van Damme, Chuck Norris et consorts n'auraient

peut-être jamais rencontré le succès dont ils jouissent à présent.

Succès à effet boule de neige

Dans le courant des années 1970, les films d'arts martiaux dégagèrent vite fait les westerns spaghettis

des salles de cinéma de quartier, trouvant un large public auprès des communautés Afro-Américaines.

D'ailleurs la blaxploitation (séries B incroyablement jouissives et violentes mettant en scène des héros

afro-américains) allait elle aussi surfer sur la vague du kung fu avec des films comme Dynamite Jones

(Cleopatra Jones) et La Ceinture Noire (Black Belt Jones) réunissant après Opération Dragon, le

Page 25: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 25

réalisateur Robert Clouse et l'acteur Jim Kelly.

D’autres croisements hybrides prirent formes tels que le Kung-Fu-Peplum (Hercule contre Karaté), le

Kung-Fu-Western (Shanghai Joe ; La Brute, le colt et le karaté), le Kung-Fu-Films d'horreur (Les 7

vampires d'or, Horreur dans la ville).

Certains s'inspirèrent de Bruce Lee, rarement pour le meilleur (sauf au Japon avec Sonny Chiba et sa

série de films ultra violents The Streetfighter), mais aussi souvent pour le pire (en Indonésie, Barry

Prima avec ses nanars jubilatoires tels que Le guerrier (1981) avec l'actrice Chinoise Nancy Kwan, ou

encore en Afrique du Sud avec James Ryan pour le film Tue et tue encore et sa suite). Un vieux projet

de Bruce Lee, La Flûte Silencieuse (The Silent Flute), fut même tourné par Richard Moore sous le

titre Le Cercle de Fer (The Iron Circle) avec David Carradine et Jeff Cooper.

Tout cette vague d'intérêt pour le cinéma martial n'a qu'une explication et elle tient en deux mots :

Opération Dragon.

Opération kung fu

Retour donc sur la genèse du film Opération Dragon. Fin 1972, Bruce Lee reçoit une offre du studio

Hollywoodien Warner Bros. Il peut faire un film d'arts martiaux en coproduction avec la Golden

Harvest. Pour le studio américain, le but est de voir si il existe un marché potentiel plus mainstream

pour ce type de films. Bruce Lee voit l'opportunité de travailler à la façon d’Hollywood, c'est-à-dire (à

ses yeux) de façon professionnelle. Et si le film marche, il deviendra une star mondiale. Dans les deux

cas le film a dépassé toutes les espérances et le résultat artistique est spectaculaire.

Bruce Lee reçoit donc le script de Michael Allin, « Blood and Steel », dans un premier temps changé

en « Han's Island » pour enfin devenir « Enter the Dragon ». L’intrigue est un mélange de James Bond

et de Fu Manchu. Pour réaliser le film, Bruce se souvient avoir vu une scène qui l'a marqué : une

bagarre d'anthologie et brutale entre Rod Taylor et William Smith dans le film La Loi du talion

(Darker than Amber). C'est du moins ce qu'affirmera Robert Clouse lui-même ultérieurement. Fred

Weintraub, un des producteurs américains d'Opération Dragon, affirme par contre que la mise en scène

est revenue à Clouse par défaut car personne d'autre que lui ne voulait le faire. La Warner demande

aussi au compositeur Lalo Schiffrin (déjà remarqué pour sa musique sur de la série culte Mission

Impossible) de composer la bande originale du film.

Même si leurs objectifs sont de faire de Bruce Lee une star internationale, les producteurs américains

d'Opération Dragon ne sont pas sûrs que le public occidental est prêt à suivre un asiatique dans le rôle

Page 26: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 26

principal. On engage donc John Saxon, un acteur de série B d'une certaine renommée pour être sa co-

vedette. Anna Capri, elle aussi abonnée aux films de genre, est également engagée pour ajouter une

petite touche sexy et romantique au film. Du coté chinois, on recrute Roy Chiao, une vedette

importante du cinéma hongkongais pour jouer un rôle secondaire. Han Ying Chieh aspire à jouer le

grand méchant de la nouvelle production, Han. Mais enfin de compte, c'est Sek Kin (crédité dans le

film sous le nom de Shie Kien, la version mandarine de son patronyme) qui est engagé pour le rôle.

C'est un choix des plus judicieux puisqu'avec son faciès menaçant et cynique de même que son talent

en kung fu Sek Kin a bâti presque toute sa carrière sur des rôles de méchants dans le cinéma martial

hongkongais, surtout dans la fameuse série des Wong Fei-hong, aux côtés du grand Kwan Tak-hing.

Sek Kin ne parle pas un mot d'anglais mais il sera brillamment doublé par Key Luke, un acteur sino-

américain connu à l'époque pour son rôle récurent dans la série Kung-Fu, celui d'un moine Shaolin

aveugle. Pour jouer les sbires de Han, Bob Wall est engagé. On fait aussi appel à Bolo Yeung, un

expert en karaté au physique musclé massif et intimidant. Cherchant à promouvoir son autre star

martiale, la Golden Harvest donne à Angela Mao un petit rôle mais des plus combatifs. Sachant que

les films de kung-fu sont très populaires auprès des afro-américains, les producteurs de la Warner Bros

introduisirent un personnage afro-américain pour satisfaire ce public. L'acteur initialement engagé,

Rockne Tarkington, s'étant désisté à la dernière minute, (il trouvait le cachet offert trop bas) il est

remplacé par le champion de karaté, Jim Kelly.

Le tournage d'Opération Dragon est supposé commencer au tout début de l'année 73. Mais comme

l'histoire nous le montrera par la suite avec d'autres acteurs comme Jackie Chan ou Jet Li, la

collaboration entre hongkongais et américains ne se fait rarement sans mal et le tournage d'Opération

Dragon sera un douloureux chemin de croix dont l'incroyable résultat semble inespéré.

Le dragon en difficulté - les scènes et les problèmes du film

Le tournage commence avec un mois de retard le premier février 1973 et dans des conditions difficiles.

En effet les techniciens et artisans américains et chinois travaillant sur le film ont souvent des

méthodes différentes et communiquent difficilement ensemble puisque ne parlant pas la plupart de

temps le même langage. Le matériel technique fourni par la Golden Harvest est souvent désuet ou

inadéquat. Bruce Lee de son coté éprouve de grandes difficultés avec ses propres associés. En effet,

certaines des idées qu'il soumet au scénariste ne sont pas retenues et ses relations tant avec Raymond

Chow qu'avec les producteurs américains sont des plus tendus. La production du film manque même

d'être remise en question à plusieurs reprises.

Il faut dire que la pression sur les épaules de Bruce Lee est incroyablement forte car non seulement il

est la star sur lequel repose tout les succès du film mais il est en charge de la chorégraphie. Tâche

Page 27: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 27

doublement ardue, car si Bruce peut compter sur son équipe de cascadeurs, il doit aussi travailler avec

une équipe technique américaine qui n'a aucune expérience pour tourner des scènes d'action kung fu à

Hong Kong. En fait, des problèmes apparaissent dès la toute première scène que Bruce Lee doit

tourner. C'est celle, où assis à son bureau, il se fait présenter des filles par Anna Capri. Or, il se trouve

être affligé par des tics faciaux très visibles, forçant Clouse à faire plusieurs prises et à trouver des

angles de prises de vue dissimulateurs.

Autre scène, autre problème. La célèbre scène où un arbitre de Han reproche à Bruce Lee de ne pas

être en uniforme n'est pas anodine. En effet, selon Clouse, Bruce Lee ayant refusé de porter le kimono

jaune, c'est lui qui a alors eu l'idée de rajouter cette courte scène. Lors de la scène avec le cobra, Bruce

est mordu, heureusement on avait au préalable extirpé le venin du serpent. Bob Wall blesse Bruce à la

main avec un tesson de bouteille lors de leur combat. Le Petit Dragon reçoit alors douze points de

sutures. L'incident enrage les cascadeurs chinois s’imaginant que Wall avait blessé Bruce délibérément.

Clouse lui-même raconte plus tard que Bruce avait vraiment l'intention de « tuer » Wall lors d'une

scène où son personnage afflige celui de Wall d'un magistral coup de pied. Wall, qui connaissait Bruce

depuis longtemps déjà, affirme lui-même que Clouse a inventé cette histoire, même si affectivement

l'atmosphère était très tendue sur le plateau à cause de cet incident. Pour satisfaire ses cascadeurs,

Bruce a bel et bien porté un puissant coup de pied à la poitrine de Wall qui fut projeté à plusieurs

mètres de distance mais sans lui affliger aucune blessure. Par contre un des cascadeurs se trouvant

derrière Wall pour amortir sa chute se blessa.

La scène du banquet est particulièrement difficile à tourner à cause de la chaleur des lampes

éclairantes et de l'humidité ambiante. Pour la grande bagarre générale qui clôt le film, il a été

généralement admis que des gangs de rues avaient été engagés pour tenir le rôle de figurants

bagarreurs et nombre d’entre eux en ont profité pour régler des comptes avec leurs rivaux sur place.

Les rixes ont donc continuées bien après que les caméras aient cessé de tourner. Bruce Lee a

cependant beaucoup moins de difficultés avec Jim Kelly. Celui-ci s'avère en effet être un artiste

martial si compétent qu'il le laisse chorégraphier certains de ses propres combats.

Ce tournage mouvementé prend fin le 17 avril 1973 avec deux semaines de retard et un dépassement

de budget. Quelques semaines plus tard, Bruce Lee trouve que le film commence trop lentement et il

décide d'ajouter une scène de combat au tout début. Pour cela, il fait appel à Sammo Hung, qui est à

l'époque le chorégraphe en chef de la Golden Harvest et un abonné au rôle de fier à bras menaçant. Il

s'agira du dernier combat jamais filmé du Petit Dragon.

Doublures

Page 28: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 28

À noter que Bruce est doublé à trois reprises. Lors de l'affrontement avec Sammo Hung, puis après la

fin du match Bruce effectue quelques sauts acrobatiques spectaculaires effectués en fait par Yuen Wah,

déjà la doublure attitrée de Bruce sur Fist Of Fury. Yuen doublera Bruce également durant son combat

contre Bob Wall quand celui-ci lui tient les pieds. Bruce, (en fait Yuen Wah bien sûr) effectue un salto

pour se dégager. Sek Kin est aussi doublé lors de son affrontement final avec Bruce. Bien que lui-

même artiste martial émérite, Sek Kin est à soixante ans un peu trop vieux pour pouvoir vraiment tenir

tête au Petit Dragon, même dans un film. Néanmoins, il ne semble avoir été remplacé que pour

quelques petits plans seulement et il fait tout de même preuve d’une énergie et d’une agilité assez

surprenantes pour un homme de son âge. Sa doublure n'est nul autre que Lam Ching Ying, le futur Mr.

Vampire, qui au début de sa carrière a participé à trois films de Bruce Lee comme cascadeur, assistant

chorégraphe et figurant (respectivement l'un des cousins dans The Big Boss, un japonais dans La

Fureur de vaincre et est aussi un des trois cascadeurs attrapant Bob Wall dans sa chute).

Bruce Lee meurt le 20 juillet 1973 avant de voir son film achevé et projeté sur les écrans. Le film sort

en première mondiale le 29 août 1973 sur Hollywood Boulevard.

Opération Dragon obtient un succès colossal planétaire. En même temps les gens apprennent le décès

de leur star. Bruce Lee devient alors un mythe, une légende dont tous les livres de cinéma

mentionneront le nom.

Le dragon entre en scène (attention, spoilers)

Après bien des déboires, Opération Dragon est achevé. Mais artistiquement, que vaut le film ? Tout

simplement une accumulation quasi ininterrompue de scènes d'anthologies que tout fan du cinéma

d'arts martiaux connaît par cœur (toutes les scènes de combat de Bruce Lee, la scène de bagarre avec

Angela Mao, Bolo Yeung contre les gardes, Jim Kelly contre Sek Kin). Ne dépassant le cadre du

cinéma d'exploitation, Opération Dragon reste un monstrueux objet de divertissement populaire, le

genre de films que l'on ne se lasse pas de revoir en boucle.

Malgré les énormes difficultés rencontrer au cours du tournage Robert Clouse et son directeur de la

photographie Gilbert Hubbs ont su donner un lustre inhabituel à Opération Dragon qui demeure un des

films de kung-fu les plus stylés jamais fait. Puis comment ne pas évoquer le thème de Lalo Schiffrin ?

Superbe, et tout simplement considéré comme LE thème musical du cinéma martial. Souvent utilisé

dans des documentaires de films ou lors des festivals d'arts martiaux (Bercy), cette musique ne peut

s'oublier une fois entendue et colle au film à la perfection.

Que dire de Bruce Lee lui-même ? Il est toujours aussi impressionnant et charismatique, superbement

Page 29: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 29

épaulé par un casting en or. D'ailleurs c'est tout le casting (une première pour un film de Bruce Lee)

qui est exploité comme il se doit.

Ils ont tout mis en œuvre pour proposer de fantastiques combats. Mis à part le court intermède martial

avec les quatre gardes (dont Bolo Yeung punira leurs incompétences lors d'une scène brutale), toutes

les scènes martiales sont des morceaux d'anthologie (Le combat de départ, l'affrontement contre Bob

Wall, la scène du tunnel, le final dans le labyrinthe aux miroirs). Bruce Lee a abandonné le style de

combat réaliste et basé essentiellement sur le Jeet Kune Do de La Fureur du dragon pour revenir à des

combats moins crédibles, plus violents comme dans La Fureur de vaincre mais pour un résultat

toujours aussi spectaculaire.

L'histoire du film n'est prétexte qu'à une accumulation d'affrontements dans un cadre fastueux et

exotique. Monsieur Han (Sek Kin) vit sur une île qui est en fait une base fortifiée pour son trafic

d'opium et la prostitution. Le seul contact qu'il a avec le monde extérieur est le tournoi d'arts martiaux

qu'il organise tous les trois ans et qui lui sert à repérer des professionnels qui seraient susceptibles de

faire partie de son organisation. Lee (Bruce Lee) fait partie d'un temple de Shaolin que Han a trahit. Il

reçoit la visite d'un dirigeant d'un service spécial lui demandant d'aller sur l'île pour participer au

tournoi et pour ramener des preuves de ces trafics.

Voyant l'occasion de se venger de Han mais aussi de son garde du corps (Bob Wall) responsable du

suicide de sa sœur (Angela Mao), Lee accepte et va croiser sur sa route deux participants au tournoi

(John Saxon et Jim Kelly) qui l'aideront à détruire l'organisation de Han.

Le seul gros défaut du film est qu’un 'affrontement entre Bruce Lee et Bolo Yeung n'a pas lieu.

D'ailleurs on peut croire que cette petite frustration a eut un violent impact chez les réalisateurs de

films de faux Bruce Lee qui ont utilisé Bolo Yeung à de nombreuses reprises dans ces films.

Dans une première scène Bruce Lee affronte Sammo Hung sur une plateforme de combat dans un

temple Shaolin. Dès le départ le ton est donné, ce film sera un monument de coups et blessures porté

par un casting des plus alléchants.

Jim Kelly, authentique pratiquant de karaté, deviendra à la suite du succès d’Opération Dragon une

star (de courte durée) du cinéma d’arts-martiaux aux USA, et se lancera dans tout un tas de films de

karaté assez médiocres parmi lesquelles il faut retenir La Ceinture Noire (Black Belt Jones) également

mis en scène par Robert Clouse. Son personnage de Williams dans Opération Dragon capte en effet

toute l’attention du spectateur à chacune de ses apparitions. John Saxon est limité sur le plan martial

Page 30: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 30

mais nous convainc sans problème dans l'interprétation de son personnage Ropers. La star Angela

Mao venue jouer la sœur de Bruce Lee nous offre un très bon combat où elle est poursuivi dans un

petit village par Bob Wall et ses hommes (parmi lesquels on compte Wilson Tong de même que Tai Bo,

le future comparse de Jackie Chan dans nombre de ses films).

Bruce Lee nous offrira un combat à un contre cent tout simplement ébouriffant. C’est la scène du

tunnel où le Petit Dragon affronte une trentaine d'adversaires à mains nues mais aussi à l'aide de

bâtons, matraques, nunchaku... A noter que Jackie Chan sera présent à deux reprises au cours de cette

scène. Une première fois en agrippant Bruce par derrière, puis en lui faisant face alors que le Petit

Dragon est armé d'un bâton et plus tard d'un nunchaku.

Que dire de la scène finale des miroirs, où l'image de Bruce blessé par les griffes de Sek Kin est

multipliée à l'infini (jolie fleur à son narcissisme) est plastiquement superbe.

Il faut noter toutefois que le critique et essayiste Stephan Teo remarque que Bruce Lee joue dans ce

film son personnage le plus impersonnel et stéréotypé. Il n'est plus le héros fier, rageur et tourmenté

ou le provincial martial si cher au public hongkongais comme dans ses films précédents. Non, il joue

ici le chinois impavide et mystérieux, une image qui colle à ce que s’imaginent les occidentaux d’un

héros chinois. Bruce Lee est d'ailleurs très soucieux de l'image qu'il projette dans le film, car il ne veut

pas passer pour un larbin aux services des occidentaux. Ces appréhensions sont justifiées puisque

Opération Dragon connut à Hong-Kong un succès moindre que ses deux films précédents. Le public

hongkongais est encore sous le choc de la mort subite du Petit Dragon mais aussi ils n'apprécient pas

le rôle qu'il lui est assigné.

Coupes sanglantes

La version intégrale est importante car elle montre que les notions d'apprentissage et de philosophie

n'étaient pas exclues du cinéma du Petit Dragon. Or le film est d’abord sorti au cinéma et en vidéo

mutilé et cette version ne fait pas honneur aux idées de Bruce Lee.

Après le premier combat du film (Bruce Lee-Sammo Hung), Lee discute avec son maître (Roy Chiao)

dans les jardins du temple Shaolin. C’est un dialogue très intéressant qui prépare la scène suivante

présente sur toutes les versions et où Bruce donne un court enseignement à un de ses élèves (joué par

le futur chorégraphe Stephen Tung Wai). Scène de dialogue très réussie portant sur la philosophie

martiale, elle est assez atypique chez Bruce Lee donc forcément intrigante. Coupée lors du montage

initiale d'Opération Dragon, cette scène sera récupérée dans le film Le Jeu de La Mort 2 (Game of

Death 2 / Tower of Death) mais sans son dialogue ou sa signification originale. Elle sera finalement

Page 31: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 31

réincorporée pour une version restaurée du film mais la bande sonore d'origine ayant été depuis

longtemps perdue les dialogues seront recréés. On dit que Roy Chiao se serait redoublé depuis Hong

Kong par téléphone satellite. Quant à de Bruce Lee, c'est son biographe John Little qui l’imita (avec

brio).

La scène de philosophie martiale ayant été coupée, on élimina aussi la voix off du moine/maître qui se

fait entendre lors du final dans la salle aux miroirs. Bruce Lee n'arrive pas à vaincre Sek Kin et se

rappelle de l'enseignement de son maître, ce qui lui permet de remporter la victoire. Ce passage

(depuis restauré) renforce celle du dialogue pour les deux notions évoquées plus haut.

Opération Dragon passe souvent pour le meilleur film de Bruce Lee et a même longtemps été

considéré par certains en occident comme le plus grand film d'arts martiaux jamais fait. C'est de

l'hyperbole. Grâce à la participation américaine, Opération Dragon est effectivement le film de Bruce

Lee le plus abouti techniquement, de même que le plus fastueux mais en même temps, c'est aussi le

plus surfait et dénaturé par rapport aux autres films chinois du Petit Dragon. Lee a dû adapter sa

personnalité pour souscrire aux critères du cinéma hollywoodien. Opération Dragon, plus grand public

que les autres films de Bruce, n'en demeure pas moins superbement efficace et plein de panache. Un

film phare qui aura marqué son époque et aura permis l'établissement d'un des plus grands acteurs

mythiques du cinéma.

Notes sur le film :

- Bruce Lee est mort à Hong Kong trois semaines avant la première mondiale du film.

- Le rôle de Jim Kelly devait être initialement tenu par Rockne Tarkington, héros du film de

blaxploitation Black Samson, réalisé par Charles Bail en 1974.

-Le tournage s'est interrompu brièvement après la découverte d'un cadavre de femme près du lieu de

tournage.

- Dans leur seule et unique scène ensemble, Bruce Lee frappa Jackie Chan en plein visage d'un coup

de nunchaku. Il s'excusa platement et lui promit qu'il travaillerait dorénavant sur tous ses films.

Malheureusement, le Petit Dragon mourut avant de pouvoir tenir sa promesse...

- Premier film de l'histoire du cinéma à l'occasion duquel une compagnie américaine et une compagnie

hongkongaise (et plus largement chinoise) ont travaillé ensemble.

- Le rôle de John Saxon devait être initialement tenu par William Smith, célèbre biker hollywoodien,

un des héros du film de blaxploitation Black Samson, réalisé par Charles Bail en 1974, et invité des

séries télé Kung Fu (The Chalice, 1973) et Longstreet (épisode The Shape of Nightmares, 1971) à

laquelle a participé Bruce Lee.

- Environ 8 000 miroirs ont été utilisés dans la scène finale de la galerie des glaces.

Page 32: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 32

- Un des deux films dans lesquels la voix de Bruce Lee n'est pas doublée pour la sortie du film sur le

sol américain, l'autre étant La Valse des truands.

- Bruce Lee s'est blessé plusieurs fois au cours du tournage. Parmi les accidents les plus connus, on

notera une véritable bouteille lancée par Robert Wall qui coupa sérieusement sa main et une morsure

du serpent sensé garder le laboratoire de Han (les glandes contenant le venin avait été vidées).

Sources & Références

Livres et magazines en français :

- La trilogie Tigres et Dragons de Christophe Champclaux.

- Le livre d'or de Bruce Lee de Pierre-Yves Benoliel

- La Légende du Petit dragon et Bruce Lee inédit publié par René Château.

- Karaté Bushido hors séries sur Bruce Lee (Bruce Lee Spécial 20ème anniversaire, Bruce Lee Spécial

25ème anniversaire, Bruce Lee les secrets du petit dragon, De Bruce Lee à Van Damme et Cinéma et

Arts martiaux).

- Ciné Kung Fu de François et Max Armanet.

- Mad Movies.

Livres et magazines en anglais

- Bruce Lee Fighting Dragon de Bruce Thomas.

-Hong Kong Action Cinema de Bey Logan.

-Hong-Kong The Extra Dimension de Stephan Teo.

-Bruce Lee the Untold Story de Grace Lee, Robert Lee et Agnes Lee.

Documentaires vidéo

- Bruce Lee Story (The Man and the Legend) de Russell Cawthorne.

- La Malédiction du Dragon / Curse of The Dragon, édité par Warner Bros.

-Warrior's Journey de John Little.

Page 33: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 33

Page 34: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 34

Quand le Dragon était petit :

Un regard sur Bruce Lee, l’enfant acteur.

Par Yves Gendron (publié en septembre 2005)

Avant d’être le roi du kung fu, Bruce Lee était connu à Hong Kong comme un enfant acteur. Nous

avons tenté d’apporter un éclairage sur cette partie méconnue de la carrière du Petit Dragon.

Introduction

Lorsqu'il commence à tourner son premier film de kung fu, The Big Boss, Bruce Lee entame en fait la

troisième période de sa carrière d'acteur. Sa première période fut celle où encore enfant (il commença

comme nourrisson avec une apparition dans Golden Gate Girl en 1941) puis adolescent il joua dans

une vingtaine de films, tous en langue cantonaise et réalisés à Hong-Kong de 1941 à 1960. Bien que

de nombreux occidentaux sachent que Bruce fut un enfant star, la carrière et les films datant de cette

époque demeurent encore à ce jour fort peu connus et mal estimés. C'est ainsi que Bruce Thomas

auteur de Fighting Spirit (probablement une des meilleures biographies du Petit Dragon), résume sa

première carrière en moins d'une page et qu'un autre spécialiste commente sommairement cette

période en relevant que le seul intérêt de ces films est la présence de Bruce Lee.

Il faut tout de même dire qu’étant donnée la nature de ces films, qui consistent pour la plupart en des

comédies ou des mélodrames en noir et blanc et très chinois dans l’esprit, le manque d'intérêt des fans

de Bruce Lee maître martial est plutôt compréhensible. Ajouté au fait que ces films sont durs à trouver,

de médiocre qualité filmique en plus d'être en piètre état de préservation de même que sans sous-titres

et l'on comprend pourquoi on n'y a pas porté beaucoup d'attention. Du moins en occident. Une des

seules choses que les nombreuses biographies et documentaires portant sur Bruce Lee semblent retenir

de ces films est comment les petits gestes typiques de Lee (tel le fameux pincement de nez) et la

personnalité furibonde de la star de kung fu se retrouvent déjà chez l'enfant acteur.

Page 35: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 35

Le gavroche de Hong Kong, Wealth is Like A Dream, The Kid

Selon Fighting Spirit la toute première apparition filmique de Bruce Lee serait dans une production

intituler Golden Gate Girl alors qu'il n'avait que trois mois. Tourné à San Francisco (ville de naissance

de Lee), le film voyait son père Lee Hoi Chuen, un acteur d'opéra et de film, porter dans ses bras une

petite fille !

Cependant la véritable introduction de Bruce au cinéma se fit bien des années plus tard. On raconte en

effet que c'est en rendant visite à son père sur un plateau de tournage qu'un réalisateur le remarqua et

lui donna un petit rôle dans un film. Le premier film de Bruce est Wealth is Like A Dream / The Birth

of Mankind datant de 1948 et réalisé par Yu Leung selon la HK Film Archive. Quoi qu'il en soit le

petit Bruce y apparaissait comme un gamin de rue qui se bat avec un jeune cireur de chaussure. Il était

alors âgé de six ans. À noter que le cireur de chaussure était joué par un autre enfant acteur Siu Kee

Lun, plus tard connu sous le nom d’Unicorn Chan. Il allait devenir un grand ami de Bruce. Celui-ci

chorégraphia le premier et unique film d’Unicorn par amitié, Fist of Unicorn.

On ne peut pas dire que Bruce commença vraiment sa carrière d'enfant acteur à ce moment-là, car

cette petite apparition n'étant après tout qu'un heureux incident de parcours. Son père était aussi au

casting. Tout de même, cette apparition dut répandre le mot que le fils de Lee Hoi Chuen était un peu

spécial. En 1950, Fung Fung un collègue comédien de Lee père, engagea Lee fils pour le rôle titre

dans The Kid / My Son A-Chang. C'est dans ce film qu'il est crédité pour la première fois sous le nom

de « Siu Lung » c'est-à-dire « Petit Dragon » en chinois, qui aurait été à l'origine un surnom affectueux

donné par sa sœur cadette Agnès. C'est un nom qui était bien mérité car dans le film. Bruce jouait le

rôle d'un gamin de rue aussi frondeur et espiègle qu'adorable. Un véritable gavroche chinois en somme.

C'est la partie comique du film. Mais les touches mélodramatiques ne manquent pas car derrière cette

façade turbulente de garnement se cache un orphelin en mal d'affection à la recherche d'un père et

d'une famille. Le film connu un grand succès à Hong Kong et c'est ainsi que le Petit Dragon conquit

pour la première fois le cœur des spectateurs hongkongais. Bien d'autres rôles d’orphelins aussi

truculents qu'en manque d'amour allaient suivre par la suite.

Enfant acteur du cinéma cantonais

Un acteur d’occasion

L'industrie filmique hongkongaise de l’époque produisait des films familiaux à la chaîne et les enfants

Page 36: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 36

acteurs étaient en grande demande. Certains étaient de véritables professionnels qui issus de milieux

défavorisés travaillaient à plein temps pour faire vivre leur propre famille avec leur cachet. Ce n'était

pas le cas de Bruce. Il ne semble avoir travaillé dans les films que de manière intermittente. En effet

s’il fut plus actif en 1953 et 55 (apparaissant respectivement dans 5 et 6 films ces années-là) sa

moyenne annuelle était tout de même que d'un ou deux films. Bruce Lee ne devait donc consacrer que

quelques semaines voire quelques jours seulement chaque année à ses activités d'acteur.

De plus si avec The Kid, le Petit Dragon s'est fait un nom il ne se semble pas par contre être devenu

une vraie vedette comme par exemple Petrina Fung Bo Bo plus tard (fille de Fung Fung et surnommée

à l'époque la « Shirley Temple du cinéma Hongkongais »).

S’il jouait souvent un rôle important ou mémorable dans un film, Bruce Lee n'en n'était pas le

personnage central. The Kid ne fut qu'une exception. La plupart de ses apparitions au cinéma

consistaient soit en de petits rôles ou au mieux à des personnages secondaires. Bruce n'en n'a pas

moins acquis une certaine reconnaissance populaire. Quand le grand maître de wing chun Yip Man

l'accepta comme élève, c'est en partie parce qu'il espérait que la notoriété du jeune garçon allait

générer quelques publicités et revenus pour son école de wing chung à Hong Kong.

Bruce doit son accès à l'industrie du cinéma à son père Lee Hoi Chuen. Il est vraisemblable de penser

qu'il a obtenu la plupart de ses rôles d'amis ou de relations de son père dans le milieu du cinéma. Il

n'était pas le seul enfant d'acteur à se faire une petite carrière grâce à des liens familiaux fortuits.

David Chiang, son frère Paul Chun, Connie Chan, Fung Bo Bo, son frère Fung Hak On et bien

d'autres encore, étaient tous des enfants de la balle qui se firent un nom au cinéma dans leurs jeunes

années.

Le cinéma hongkongais à la sauce cantonaise

Suite aux conflits entre nationalistes et communistes en Chine continentale puis à la prise de pouvoir

par les communistes, Hong Kong était devenu un véritable camp de réfugiés urbain au tournant des

années 50. Dans cette colonie britannique des centaines de milliers de gens, la plupart déracinés,

vivaient dans des conditions extrêmement précaires. C'est dans ce contexte que plusieurs genres se

développèrent de manière particulière à l'intérieur du cinéma de langue cantonaise de Hong Kong. Si

les films d'opéra ou d'arts martiaux se voulaient être des films d'évasions parfois ouvertement

nostalgiques, le cinéma cantonais avait aussi ses pieds fermement implantés dans la réalité

hongkongaise contemporaine à travers les genres du mélodrame et de la comédie (à la fois burlesque

et satirique) reflétant d'une manière souvent acerbe certaines réalités sociale de l'époque. C'est dans

ces genres que Bruce Lee apparaissait. Les productions cantonaises étaient la plupart du temps de

Page 37: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 37

médiocre facture filmique mais ces lacunes étaient compensées pas une verve populaire inspirée et des

acteurs au jeu expressif et bien senti, ce à quoi le Petit Dragon excellait.

Mis à part les films d'opéra et les mélodrames, le cinéma cantonais était aussi très accès sur le cinéma

d'art martiaux, qu’il s’agit de wuxiapian fantastiques, ou de récits tournant autour de héros martiaux

folkloriques tel Fong Sai-yuk et bien sûr Wong Fei-hong. Le Petit Dragon n'est jamais lui-même

apparu dans de tels films. Même s’il s'avéra être un adepte martial assidu et très doué, il garda cet

aspect de sa vie séparé de sa première carrière au cinéma. Si son personnage se battait dans des films,

ces batailles n'avaient rien de martial. Parce que son père était un acteur influent et parce qu'il

travaillait dans le même milieu, Bruce avait une certaine familiarité avec ce genre de cinéma et ceux

qui y jouaient. Lau Kar-leung par exemple a affirmé l'avoir très bien connu. Il lui aurait même

enseigné quelques notions de Hung Gar (sa spécialité). Les films martiaux les plus populaires étaient

bien sûr ceux de Wong Fei-hung mettant en vedette Kwan Tak Hing, une série qui insistait sur une

représentation réaliste et authentique des arts martiaux. Pas d'effets spéciaux ou de surnaturel dans ces

films. Même si la chorégraphie des combats tendait à être quelque peu théâtrale cette démarche pour

une certaine authenticité n'en était pas moins assez unique à l'époque. Cette série peut avoir influencé

Bruce Lee dans sa représentation plus authentique des arts martiaux à l'écran durant sa période kung

fu.

D'enfant espiègle à adolescent troublé

Le jeune Rebelle

En passant de l'enfance à l'adolescence la nature des rôles de Bruce Lee évolua en conséquence. C'est

ainsi que de petit gavroche il passa d'adolescent rebelle et incompris parfois même un peu voyou sur

les bords. L'ironie de la chose veut que Bruce Lee ait été lui-même un adolescent turbulent et

bagarreur qui forma son propre petit gang de jeunes batailleurs de rue. C'est probablement pour cela

que Bruce faisait si vrai au cinéma. Il y jouait un peu son propre rôle. Ceci dit, malgré quelques

changements apportés par la puberté, le personnage de Bruce adolescent demeura sensiblement le

même que celui de l'enfance : celui d'un orphelin qui derrière son côté fanfaron et son attitude rétive

recherche désespérément l'affection et la reconnaissance, surtout paternelle. Ceci lui conféra à l’écran

une dimension véritablement tourmentée et tragique.

Bruce Lee ne semble pas avoir eu de véritable formation d'acteur, aucune officielle en tout cas. Il

apprit à jouer en observant d'autres acteurs ou en étant conseillé par eux. Un puissant charisme naturel,

un jeu effervescent, un talent pour les mimiques expressives accrocheuses ajouté à un certain sens de

Page 38: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 38

l'humour et une pointe de vulnérabilité, tout ces éléments entraient en jeu pour créer ses personnages

souvent agressifs et déroutants mais très humains et sympathiques et souvent cocasse. Plus tard les

personnages des kung fu de Bruce joueront sur à peu près les mêmes bases.

A partir de 1954, Bruce s'initia à la danse chacha, participa à de nombreux concours et gagna plusieurs

prix. Cette notoriété particulière l'amena à jouer un petit rôle dans Darling Girl où on le voit faire une

petite démonstration de ses talents de danseurs. Dans le film, le personnage de Bruce s'esquive

lorsqu'une bagarre menace d'éclater, mais dans la vraie vie, il ne refusait aucun défi et ne reculait

devant aucune bagarre.

D’orphelin à exilé

Le dernier film cantonais de Bruce Lee fut The Orphan (1960, son 23ème

film). Dans celui-ci, il

reprenait une fois de plus son personnage troublé et incompris. Mais cette fois-ci le Petit Dragon

n'était plus un adolescent mais un jeune homme. Il ne jouait pas non plus un rôle secondaire mais un

rôle central comme dans The Kid et il y donna une superbe interprétation. The Orphan connut un vif

succès et plusieurs personnes croyaient que Bruce était à l’aube d'une grande carrière au cinéma. Un

certain Chang Cheh ayant vu le film recommanda à ses employeurs de la Shaw Brothers, déjà à

l'époque un des plus grosses compagnies de cinéma de Hong-Kong, de mettre le jeune Lee Siu Lung

sous contrat.

On peut difficilement imaginer comment l'histoire non seulement de Bruce Lee mais de tout le cinéma

de Hong-Kong aurait été différente si le Petit Dragon était devenu une star de la Shaw Brothers

découvert par Chang Cheh. Pas de Jeet Kune Do, par exemple, l'art martial que Bruce développa en

Amérique. Et un cinéma martial hongkongais qui aurait certainement évolué de manière fort différente.

Mais le sort aura voulu qu'au lieu de signer un contrat et de devenir une grande vedette de la Shaw,

Bruce s'exila de Hong Kong pour trouver sa destinée en Amérique. Il s'était attiré beaucoup d'ennuis

en se battant dans les rues. Jusqu'alors le fait qu'il soit mineur et la respectabilité de sa famille l'avaient

protégé des autorités. Approchant la majorité il ne bénéficierait plus de pareille protection. Si Bruce

aurait pu devenir une star à ce moment-là, il courait tout autant sinon davantage le risque de finir en

prison. En fait, Bruce voulait accepter l'offre des Shaw, mais sa mère le convainquit qu'il valait mieux

qu'il quitte Hong Kong et refasse sa vie ailleurs… aux États-Unis.

Né à San Francisco, Bruce pouvait légalement vivre en Amérique. Bruce Lee quitta donc Hong Kong

en avril 1959, laissant derrière sa vie d'acteur pour se concentrer une fois arrivé en Amérique à ses

études secondaires puis universitaires, de même qu’aux arts martiaux. Il développa ses capacités et

enseigna le kung fu à d'autres. Il ne revint devant les caméras que presque six années plus tard pour la

série télé Le Frelon Vert/The Green Hornet jouant un personnage tout à fait différent de celui qu'il

Page 39: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 39

avait joué dans le cinéma cantonais.

Le retour du Petit Dragon

Retour à HK

Quelques années plus tard, la série The Green Hornet fut exportée à Hong Kong sous un nouveau titre

« The Kato Show » du nom du personnage, Kato, joué par Bruce. Les spectateurs hongkongais eurent

alors la surprise de découvrir que le Petit Dragon, maintenant pleinement adulte, était devenu une star

en Amérique et qu'il faisait de l'excellent kung fu, ce qui ne leur avait jamais été révélé auparavant.

Lorsque Bruce Lee visita sa ville natale en 1970, se fut à son tour de découvrir que loin d'être oublié

après plus d'une décennie, il était devenu une célébrité locale. Il chercha à profiter de cet engouement

pour relancer sa carrière d'acteur en Asie en approchant le studio qui lui avait fait une offre dix années

plus tôt, la Shaw Brothers. Cette initiative s'étant avérée infructueuse, Bruce signa à la place avec la

Golden Harvest et commença à tourner The Big Boss en juillet 71.

En fait, le personnage que jouait Bruce dans ce film était assez similaire à ceux qu'il avait joués dans

son adolescence et incorporait même certains éléments de sa vie. Ainsi le Petit Dragon joue un

batailleur de rue qui doit s'exiler de sa terre natale pour refaire sa vie ailleurs. Nul doute que pour les

spectateurs hongkongais qui avaient vu la première période de la carrière filmique de Bruce Lee, le

film aurait tout aussi bien put s'appeler « le Retour de Petit Dragon », puisqu'il y incarnait un peu ce

même personnage de son adolescence, impétueux et troublé mais aussi vulnérable et sympathique.

Sauf que maintenant il faisait du kung fu et que ses problèmes, il les réglait avec les poings et avec un

panache qui n'avait jamais été vu auparavant dans le cinéma martial. Si les principaux attraits du film

sont Bruce et son kung-fu, le fait que celui-ci était déjà pour une partie du public une sorte de fils

prodigue revenant au pays a dû quand même beaucoup jouer en sa faveur.

Petit Dragon forever

Le deuxième et le troisième film de kung fu de Bruce Lee évoquèrent aussi ses anciens rôles du

cinéma cantonais mais chacun de façons différentes. Dans la Fureur de vaincre, le Petit Dragon pousse

son personnage furibond et tourmenté à son paroxysme, aboutissant dans le fameux dernier plan à une

apothéose suicidaire. Ce sera la dernière fois que Bruce Lee jouera vraiment ce type de personnages

qui dans ses ultimes retranchements poussaient ses limites.

Pour La Fureur du Dragon par contre, il renoue avec la verve frondeuse comique de son gavroche de

Hong Kong en jouant les fanfarons de province. En somme, on peut dire que s'il s'avère héroïque,

Page 40: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 40

tragique ou comique le personnage de Bruce Lee dans ses films de kung fu est en grande partie un

prolongement des rôles clés qu'il avait joué dans sa jeunesse. Bien sûr, maintenant il maîtrise les arts

martiaux.

Le héros kung fu de Bruce Lee qui n'a aucune ressemblance avec ses anciens personnages cantonais

est bien évidemment celui de son film américain Opération Dragon. Dans ce film il concède à la

perception occidentale des asiatiques et il joue les chinois inscrutables et mystérieux. Le public

hongkongais n'y a pas reconnu le Petit Dragon et a d'ailleurs un peu boudé le film qui a connu un

succès moindre que les précédents films de Lee.

Bruce Lee meurt en juillet 73. Neuf années plus tard Ng See Yuen, le Roger Corman de Hong Kong,

réalise Games of Death II en utilisant des chutes d’Opération Dragon. Une version du film montre

aussi quelques petits extraits des vieux films cantonais de Bruce Lee, en gavroche espiègle puis en

adolescent troublé. C'est le seul coup d'œil direct à la première période de la carrière de Bruce Lee au

cinéma jamais montré dans un film de kung fu.

Comme mentionner plus tôt, ce que les documentaires portant sur Bruce Lee retiennent surtout c'est

un gamin qui ressemble déjà à la future star de kung fu dans sa gestuelle et ses expressions. C'est une

façon de voir les choses. L'autre façon serait aussi de dire que son personnage de maître de kung fu est

en quelque sorte un prolongement de ses personnages de jeunesse. Retenons aussi que lorsque Bruce

Lee est devenu roi du kung fu, il était un illustre inconnu sorti de nulle part en occident. A Hong Kong,

il était déjà très connu et cette familiarité était autant au cœur de sa popularité que son éblouissante

maîtrise des arts martiaux.

Notes et Sources

Bien que la plupart des vieux films de Bruce Lee soit difficilement trouvables, certains même

probablement perdus, quelques uns ont été réédités en VCD, notamment In the Grace of Demolition,

Thunderstorm et A Myriad Home. Il existe même une édition intitulée The Naive Childhood

Memorizing Bruce Lee's Childhood In Movie qui réunit trois de ses films sur six VCD : The Kid,

Guiding Light et An Orphan Tragedy.

Sources et références :

Livres:

Bruce Lee Fighting Dragon de Bruce Thomas

Bruce Lee the Untold Story. (une publication de CFW Entreprise)

Page 41: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 41

Hong Kong Action Cinema de par Bey Logan.

Hong-Kong The Extra Dimension de Stephan Teo.

Vidéos :

The Curse of The Dragon / La Malédiction du Dragon (Warner Bros)

The Game of Death II (DVD Édition Hong Kong Legend).

Page 42: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 42

Page 43: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 43

Nostalgie d’une Légende, Bruce Lee a 70 ans,

au 34ème HKIFF en 2010

Par Arnaud Lanuque (publié en mai 2010)

Parmi les nombreux films proposés par le Festival International du Film de Hong Kong (HKIFF) en

mars 2010, on trouvait une rétrospective consacrée à Bruce Lee. Organisée pour son 70ème

anniversaire, elle était l’occasion de revoir dans les meilleures conditions les films qui ont fondé sa

légende et de réfléchir à l’influence de la star dans le contexte actuel.

Un nouveau regard sur Bruce Lee

Outre les incontournables longs métrages qui ont consacré l’acteur comme une star du Kung Fu, le

festival projetait quatre films de la première partie de carrière du Petit Dragon, quand celui-ci était

encore enfant. Une opportunité bienvenue non seulement parce que cette facette de sa filmographie est

mal connue mais aussi parce que les films cantonais de cette période sont difficiles à voir (excepté tard

le soir sur certaines chaines hongkongaises).

Les quatre titres en question étaient The Kid (1950) de Fung Fung (le père de Fung Hak On et Petrina

Fung Bo Bo), In the Face of Demolition (1953) de Lee Tit, The Thunderstorm (1957) de Ng Wui et

The Orphan (1960) de Lee Sun Fung.

D’un point de vue cinématographique, leur intérêt varie considérablement. The Kid présente ainsi une

mise en scène quasi inexistante (on est en face à du théâtre filmé) et un scénario extrêmement simple.

In the Face of Demolition et The Thunderstorm montrent de nets progrès dans ce dernier domaine

mais conservent des réalisations rudimentaires. L’intérêt principal est donc essentiellement historique.

Voir ces films permet de mieux saisir l’évolution qu’a connue le cinéma local et quelles étaient les

préoccupations de l’époque.

Et c’est également l’occasion de découvrir un Bruce Lee tout jeune, de ses 10 ans à ses 20 ans. Une

Page 44: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 44

période pendant laquelle le garçon aura travaillé sur pas moins de 17 productions ! Pour les amateurs

du Petit Dragon, ces films sont un peu le chaînon manquant de sa carrière. Ceux qui permettent de

mieux comprendre son succès futur. Car dès ses débuts, on est frappé par le charisme de l’enfant, son

naturel et par la présence de certaines des mimiques qui deviendront sa marque de fabrique (mâchoire

contractée, passage du pouce sur le nez). Tout était déjà là à l’époque. Ne manquait que le kung fu

pour que le fils de Lee Hoi Chuen devienne la star martiale que l’on connaîtra. On sent d’ailleurs déjà

une certaine propension à chercher la bagarre chez le jeune garçon… On peut se demander si ces

différents traits tenaient davantage aux rôles qu’on lui donnait ou bien correspondaient à la

personnalité profonde de Bruce Lee. La répétition de ces attitudes de films en films, les contraintes de

production de l’époque (les longs métrages étaient tournés en quelques jours et la direction d’acteur

limitée) laissent à penser qu’il s’agissait bien d’attitudes naturelles chez le futur maître de Jeet Kune

Do. Les découvrir ne pourra que fasciner les fans de l’acteur et leur permettra d’appréhender de

manière plus complète la personnalité de leur idole.

A noter que, pour ceux qui sont désespérés à l’idée de voir le jeune Lee Siu Lung/ Bruce Lee, des

extraits de ces films de jeunesse sont présents dans deux œuvres de Brucexploitation, The Real Bruce

Lee et Fist of Fear, Touch of Death. Dommage que pour ce dernier, les producteurs américains aient

redoublés les dialogues pour faire passer le mélodrame cantonais pour une histoire à la Karaté Kid.

On peut se reporter également au dossier d'Yves Gendron « Quand Le Dragon Etait Petit », pour un

regard historique sur les films du jeune Bruce Lee.

Lo Wei et Bruce Lee

Après s’être fait un nom dans le cinéma cantonais des années 50, Bruce Lee partit de la colonie

britannique pour s’installer aux Etats-Unis. Là, il perfectionna ses compétences martiales, rencontra sa

femme et tenta de faire carrière à Hollywood. Face aux nombreux obstacles qu’il rencontra dans

l’industrie du cinéma et de la télévision Américaine, il finit par repartir à Hong Kong et, après avoir

été en tractation avec les deux studios majeurs de la colonie, la Shaw Brothers de Run Run Shaw et la

Golden Harvest de Raymond Chow, il rejoint les rangs de la jeune firme de Chow.

The Big Boss

En 1971, le retour du fils prodigue au pays se fait avec The Big Boss. Le film est confié à Lo Wei,

considéré comme un des grands talents du studio, et est produit conformément aux standards du

moment du studio (tournage en Thaïlande destiné à réduire les coûts). The Big Boss est un film au

Page 45: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 45

croisement de deux époques. D’un coté, on a Lo Wei, un metteur en scène qui a commencé sa carrière

derrière la caméra en 1953. Héritier de cette époque, il poursuit dans la même voie via une mise en

scène spartiate et des thèmes de lutte des classes (l’exploitation des ouvriers par le méchant patron).

De l’autre, on a Bruce Lee. Bien qu’il ait commencé sa carrière dans l’industrie autour de la même

période que Lo Wei, l’acteur martial est nettement plus jeune, obsédé par sa philosophie des arts

martiaux et sa vie aux USA. Les deux hommes ont également de gros égos. Lo, le traditionnel, et

Bruce, l’iconoclaste, ne pouvaient que s’opposer. Mais après avoir quitté l’industrie pendant plus de

10 ans et en dépit de son apparent succès aux USA (sa participation à la série TV Le Frelon Vert a fait

beaucoup parler de lui, en dépit de son rôle secondaire et des autres échecs qu’il a connus outre

Pacifique), Lee n’a pas le pouvoir nécessaire pour imposer ses idées au metteur en scène et à son

chorégraphe (Han Ying Chieh, lui aussi représentant de la vieille école de l’action). The Big Boss est

donc avant tout un film de Lo Wei. Le Petit Dragon sait toutefois utiliser son charisme naturel et son

incontestable habileté martiale pour ramener le film à sa personne. Et c’est bien sa présence, sa

fluidité dans l’action qui impressionnent, bien plus que le scénario (écrit par Lo) ou la mise en scène.

Le film est un énorme triomphe, engrangeant plus de 3 millions de dollars HK de recette dans la

colonie. Il confirme le statut de super star de Bruce Lee ainsi que la place proéminente des acteurs sur

les actrices, et l’attraction sur le public du kung fu sur le grand écran. Deux tendances nouvelles qui

avaient été amorcées par d’autres « rebelles » : Chang Cheh et Jimmy Wang Yu.

Fist of Fury

Logiquement, le duo Lo/Lee fut reformé pour un deuxième film. Fist of Fury est donc à nouveau une

œuvre bicéphale. Les thèmes nationalistes, le choix du lieu de l’action (Shanghai) rappelle un cinéma

d’une autre Chine et d’une autre époque. Mais malgré leur coté daté, Lo Wei, en vieux routier de

l’industrie sait qu’ils sont toujours de nature à séduire le public hongkongais. Ce nationalisme

deviendra d’ailleurs une partie intégrante de l’image du Petit Dragon, repris abondamment dans les

films de Brucexploitation qui suivront sa mort. Lee lui-même n’hésitera pas à en jouer en fonction du

public visé.

Grâce au succès de The Big Boss, Bruce Lee put imposer davantage ses idées sur ce second film.

L’acteur était particulièrement critique envers le cinéma hongkongais, aussi bien celui du passé (qu’il

avait connu de l’intérieur) que son contemporain. Lee appelait à davantage de subtilité chez les acteurs

et les scénarios ainsi qu’à plus de réalisme dans l’action. A revoir Fist of Fury, on sent bien une timide

tentative dans cette direction. La présence de séquences comiques participe de cette dynamique tout

comme le combat contre Robert Baker (authentique disciple de la star).

Pour autant, l’approche bien différente du metteur en scène et de sa star aboutit à d’importants conflits

Page 46: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 46

entre les deux hommes. Et si The Big Boss était 75 % Lo et 25% Lee, Fist of Fury est davantage une

(difficile) collaboration équilibrée.

Bruce Lee libéré

Le nouveau succès de Fist of Fury permit enfin à Bruce Lee d’obtenir le contrôle total sur la

production suivante. Way of the Dragon, réalisé par lui-même, est donc l’occasion de mettre en forme

ses ambitions. Le résultat n’est pourtant pas aussi novateur que ce que Lee semblait promettre… C’est

du côté de l’action que la star a le plus l’occasion de s’exprimer. Logiquement, il situe son film dans

un contexte contemporain, seul à même de lui donner la possibilité d’exprimer ses idées martiales

novatrices. Il se crée ainsi de nombreuses opportunités de mettre en valeur son style martial hybride

fait d’un mélange de différents arts (Wing Chun, Boxe Anglaise, Tae Kwon Do…). Le résultat est

indéniablement plus réaliste que la plupart des autres films hongkongais de la période (eux-même

souvent situés dans le passé) bien que la star conserve certaines figures spectaculaires à son répertoire

(abondance de coups de pieds). Ses chorégraphies font preuve de sobriété, privilégiant l’impact à

l’esthétique.

Mais son entreprise trahit également un autre dessein, celui de sa propre gloire. Déjà présent dans les

films de Lo Wei, cette volonté est partout dans Way of the Dragon. Lee occupe quasiment chaque plan,

tout tourne autour de lui et ses adversaires sont forcément très inférieurs. Même le rapport à Colt

(Chuck Norris) trahit cette ambition. Bien que le personnage soit traité comme un quasi égal, son

physique, son style de combat ne font à aucun moment de l’ombre au Petit Dragon.

La star aurait dû se concentrer davantage sur son scénario plutôt que sa propre personne. Car pour le

reste, Way of the Dragon n’a rien de si différent du tout venant de la production de l’époque. La

subtilité tant annoncée n’est certainement pas présente dans les nombreuses séquences comiques ou

dans le personnage homosexuel joué par Paul Wei Ping Ao. De même, le personnage de héros chinois

opposé aux étrangers (occidentaux ou asiatiques) est une figure classique du cinéma hongkongais de

l’époque.

Enter the Dragon

Il est difficile de dire si Lee était sincère dans ses intentions par rapport au cinéma qui l’avait consacré

star à deux reprises ou si il le voyait avant tout comme un tremplin pour Hollywood. La mise en

chantier d’Enter the Dragon / Opération Dragon en 1973 le rapprochait en tout cas un peu plus de ce

dernier objectif. Cette co-production Golden Harvest/Warner Brothers est un retour au compromis

Page 47: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 47

pour Lee. Cette fois, il doit composer avec Robert Clouse et les executifs du studio Américain.

A nouveau, le résultat est donc hybride. Le côté américain amène avec lui une intrigue à la James

Bond, la présence de deux héros susceptibles de convenir mieux à leur public (John Saxon pour les

blancs, Jim Kelly pour les noirs) et un savoir faire technique (surtout en matière de post production).

Le côté hongkongais prenait en charge une bonne partie de l’action, les lieux de tournage et le reste du

casting.

Eu égard à ces conditions de production inédites à Hong Kong, Enter the Dragon s’en sort bien en

atteignant ses objectifs principaux : Faire découvrir le kung ku et Bruce Lee à un public peu familier

du genre. Lee parvient à intégrer certaines de ses idées dans le film (la discussion avec le moine

Shaolin) et maintient une bonne qualité chorégraphique en dépit de la présence perturbante de Robert

Clouse. La scène finale qui voit Lee affronter Sek Kin, le spécialiste des rôles de méchants dans le

cinéma cantonais des années 50-60, dans une salle remplie de miroirs demeure une référence qui

inspirera d’autres cinéastes (voir Karate For Life avec Sonny Chiba entre autres). Ceux qui

connaissent bien la star et s’attendent à un film tout entier construit à sa gloire en seront toutefois pour

leurs frais. Devant partager le métrage avec ses deux co-stars, il ne peut imposer sa présence comme

dans les films précédents. Son charisme n’a cependant pas de difficulté à surpasser celui des acteurs

américains. Et un peu comme pour The Big Boss, ce sont bien les moments où il est à l’écran qui

s’avèrent les plus marquants.

Brucexploitation

La mort de Bruce Lee en 1973 n’interrompit pas la gloire naissante de la star à l’international. Au

contraire, elle la renforça. Il devint une légende. Nombreux furent les producteurs à profiter de ce

phénomène pour produire des films liés à la star (suite supposée de ses films de kung fu ou inspirés de

ses succès avec un acteur aussi ressemblant que possible). Cette authentique « Brucexploitation » ne

laissa pas indifférent la Golden Harvest. Et pour cause, le studio disposait dans ses coffres de plus de

40 minutes de combats que Bruce avait tournés pour les besoins de son Game of Death / Le Jeu de la

mort. Un véritable trésor que Raymond Chow et les siens ne pouvaient ignorer. Un nouveau film fut

donc mis en chantier, légitimant ainsi après coup la pratique de la Brucexploitation.

Alors que le plus logique eut été de reprendre le scénario original laissé par Lee (même si incomplet),

il fut décidé qu’une histoire complètement originale serait créée afin d’intégrer lesdites scènes. 18

mois de travail aboutirent à cet étrange résultat qui voit l’acteur Billy Lo feindre sa mort pour mieux

Page 48: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 48

pouvoir enquêter sur un syndicat du crime. Bien conscient que le film marchera à Hong Kong mais

aussi dans le monde entier, la Golden Harvest fait de son mieux pour donner un cachet international à

l’œuvre. Un domaine dans lequel elle n’était pas novice ayant déjà tenté l’expérience sur des longs

métrages comme Stoner. Mais le recours à Robert Clouse ou des acteurs comme Mel Novak n’aide

pas vraiment à hausser le niveau de l’œuvre. Pire encore, l’utilisation de doublures de toute sorte

destinées à nous faire croire qu’on est en présence du vrai Bruce Lee rend quasi impossible la prise au

sérieux de ce Game of Death. De ce marasme général, seuls surnagent la musique de John Barry, les

chorégraphies de Sammo Hung et les authentiques séquences tournées par le Petit Dragon. Mais

même là, le travail a été bâclé, lesdites séquences ayant été remontées et de nombreux moments de

qualité expurgés. Un travail qui résume bien l’esprit dans lequel ce Game of Death a été fait.

L’après Bruce Lee / influences

Partout à travers le monde, Bruce Lee est une personnalité connue et reconnue, une icône du cinéma et

des arts martiaux. Son image se retrouve sur un nombre incalculable d’objets et vêtements. Cette

gloire, il la doit aux films qu’il a faits à Hong Kong. Régulièrement diffusés sur les télévisions du

monde entier, faisant l’objet de nombreuses rétrospectives au cinéma et toujours attendus ardemment

par les fans quand ils sortent dans un nouveau format vidéo. Ces films assurent la continuation du

culte de la star à travers le monde. Hollywood réagit avec retard quand à l’utilisation de Bruce Lee

mais se rattrapa partiellement par la suite. Quelques films de Brucexploitation furent faits quand la

mode était au plus haut. En 1973, l’usine à rêves américaine sortit à grand renfort de promotion une

nouvelle biographie filmée de la vie de la star disparue, "Dragon a Bruce Lee Story" (le sujet avait

déjà été utilisé par quelques Brucexploitation des années 70). Bien que le film privilégie le mythe et

fasse quelques réécritures douteuses, le résultat fut suffisamment réussi pour contribuer à la

perpétuation du statut quasi légendaire de la star. Encore plus tragique, le décès accidentel de son fils

Brandon Lee sur le tournage de The Crow (dans les années 1990) ne manqua pas d’exciter les

imaginations quand à la « malédiction des Lee ».

Contrairement à beaucoup d’acteurs de films de kung fu de l’époque, Lee était également un

authentique maître d’arts martiaux. Formé au Wing Chun, il avait fondé son propre style à partir de la

fin des années 50, le Jun Fan Kung Fu, variation personnalisée du Wing Chun. Au milieu des années

60, il créa le Jeet Kune Do. Lee se basa sur ses connaissances en Wing Chun auquel il ajouta des

techniques tirés d’autres arts martiaux aussi variés que la boxe Anglaise et le judo dans un processus

destiné à valoriser l’efficacité et l’adaptabilité. A sa mort, plusieurs de ses disciples cherchèrent à

poursuivre son enseignement. Comme souvent dans le monde des arts martiaux, ils se déchirèrent

Page 49: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 49

quand aux méthodes à adopter et quels objectifs précis poursuivre. Le Jeet Kune Do moderne connaît

donc différentes branches en fonction de ses instructeurs. Quoiqu’il en soit, la popularité de son

créateur a garanti à l’art martial une énorme publicité et celui-ci est désormais bien implanté de

nombreux pays à travers le monde.

Un des récents développements qu’a connu le monde des arts martiaux est le Mixed Martial Arts

(MMA ou combat libre). Un style hybride mélangeant boxe pieds poings, lutte et techniques de

soumission. Originellement créé sous la forme de compétitions afin de voir quels styles étaient

vraiment les meilleurs dans des situations de combats réels (ou aussi proches que possibles), le MMA

a évolué pour devenir un style propre. La recherche d’efficacité, l’utilisation de techniques dérivées de

différents arts martiaux se rapproche des concepts développés par Bruce Lee. Dana White, le président

de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus grosse organisation de compétitions de MMA à

ce jour, ne se prive d’ailleurs pas de revendiquer cet héritage.

L’influence de Bruce Lee sur le cinéma de Hong Kong a été d’abord importante mais s’est diluée avec

le temps. Le second succès de Lee a entériné la popularité des films de kung fu et permis la production

de nombreux films de genre. Ces films ont du s’aligner sur les standards de qualité supérieurs en

matière d’action qu’avaient imposés le Petit Dragon. Mais réalisateurs et chorégraphes locaux les ont

bien vite dépassés. A ce titre, Lee a été un échelon important mais passager dans un processus évolutif

constant.

Son importance est nettement plus marquée du point de vue de l’impact international des productions

hongkongaises. Même si le cinéma de Hong Kong, et plus particulièrement le kung fu, se vendait à

l’étranger, c’est Bruce Lee qui l’a fait exploser à travers le monde. Les marchés hors Asie sont ainsi

devenus des sources de revenus non négligeables pour les studios de Hong Kong. La vague de

Brucexploitation qui suivit sa mort fit d’ailleurs bien plus recette hors de Hong Kong qu’au sein de la

colonie. Aujourd’hui encore, les œuvres estampillées « Bruce Lee » en provenance de Hong Kong ou

de Chine continuent à attirer l’attention des très nombreux fans étrangers de la star. Ainsi, la sortie de

l’intégralité (ou quasi intégralité) des séquences tournées par Lee pour son Game of Death a fait

beaucoup parler. De même, la récente série Chinoise racontant la vie de la star avec Danny Chan en

vedette (The Legend Of Bruce Lee, 2007) a suscité beaucoup d’intérêt chez un public pourtant bien

peu intéressé quand à ce type de medium (étrangement, ils sont complètement passés à coté d’une

autre série TV, hongkongaise cette fois, sur le même sujet avec David Ng et Lau Kar Leung).

Dans le cinéma hongkongais de ces dernières années, Bruce Lee demeure une présence récurrente.

Beaucoup de ses apparitions se font dans un cadre comique, que ce soit à titre de caméos rigolos

Page 50: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 50

(Boys Are Easy…) ou comme base de scénarios parodiques (Fist of Fury 1991 1 et 2, Legend of the

Dragon, Spirit of the Dragon…). L’autre domaine dans lequel son influence demeure importante, c’est

logiquement dans le cadre des films de kung fu. Chaque nouvelle star de l’action martiale est

inévitablement comparée au Petit Dragon. Si certains ont cherché à y échapper à tout prix (Jackie

Chan), d’autres ont accepté de se frotter directement au mythe. C’est le cas de Sammo Hung dans

Enter the Fat Dragon (une des Brucexploitation les plus réussies) et Skinny Tiger & Fatty Dragon (où

Sammo refait les chorégraphies d’Enter the Dragon), de Jet Li avec Born To Defend (aux thèmes et

chorégraphies proches de Fist of Fury et Way of the Dragon) et Fist of Legend (remake de Fist of Fury)

ou encore Donnie Yen avec sa série télé Fist of Fury. Preuve s’il en est que dans beaucoup d’esprits,

Lee demeure la référence en matière de talents martiaux et de films de kung fu. Le récent succès des

Ip Man avec Donnie Yen (le deuxième volet s’achève avec la rencontre entre un jeune Bruce Lee et le

maître de Wing Chun) semble appeler à ce que d’autres films tournant autour de la star ou inspiré par

son héritage soit toujours produits à Hong Kong et en Chine.

A Hong Kong même, dans les rues de la ville, le Petit Dragon est également une présence familière.

La star s’est transformée en une icône de la culture populaire. Les références à sa personne abondent à

travers la ville. La statue de cire du maître martial trône en bonne place à l’entrée du musée de Mme

Tussaud sur le Peak et attirent toujours de nombreuses personnes motivées à l’idée de prendre une

photo en compagnie de la légende. Sur l’avenue des stars de TsimShaTsui, c’est à nouveau une statue

en bronze de Lee qui domine l’endroit. Dans les nombreuses publicités qui inondent la cité, Bruce Lee

est une figure récurrente.

Pour autant, cette présence n’a pas donné naissance à de véritables endroits consacrés entièrement à la

star. Il y eut bien un temps un "Bruce Lee Café" dirigé par Jon Benn, le chef du crime de Way of the

Dragon, mais celui-ci a fini par fermer ses portes. L’exposition organisée par le festival HKIFF dans le

cadre de la rétrospective consacrée à Lee et à laquelle participaient sa veuve, Linda Lee, et sa fille,

Shannon Lee, a pourtant attiré un bon nombre de curieux, fascinés par le mythe Bruce Lee. Preuve s’il

en est que son nom est toujours susceptible d’appâter un large public. L’exposition permettait de

découvrir de nombreuses photos du Petit Dragon ainsi que certains objets personnels (casque de

protection pour le sparring, lunettes de soleil…).

Quelques mois avant que l’exposition n’ait lieu, il avait d’ailleurs été annoncé la création d’un musée

consacré au Petit Dragon à HK [un musée en Chine Continentale serait en construction]. Une idée qui

avait fait l’objet de nombreuses discussions mais n’avait jamais abouti à quoi que ce soit de concret

jusque là. Le musée verrait le jour dans ce qui était la dernière résidence de Lee, devenu depuis un

hôtel de passe ! Un concours d’architecture a été organisé et des fonds en cours de constitution pour

Page 51: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 51

pouvoir mettre en œuvre le projet. Celui-ci, à l’heure où nous écrivons ces lignes, n’a toujours pas

commencé. Illustration de la double nationalité de la star disparue, aussi bien réelle que symbolique,

un musée est également en cours d’élaboration à Seattle aux Etats-Unis, ville où il fit ses études et

rencontra son épouse. La présence du Petit Dragon au sein de la ville de Hong Kong qui lui a donné la

gloire n’est pas près de disparaître.

Page 52: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 52

Page 53: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 53

Autres films de Bruce Lee

The Green Hornet / Le Frelon vert, 1966

Britt Reid (Van Williams), à la tête d'un journal et journaliste lui-même, combat le crime sous le

masque du Frelon vert, accompagné de son valet-chauffeur Kato (Bruce Lee) et de sa secrétaire

Lenore "Casey" Case (Wende Wagner). S'ils sont redoutés par les bandits, le public et la police les

considèrent eux-aussi comme des criminels...

Le 2 août 1964, Ed Parker, un des pionniers du karaté Américain qui avait pour élèves de grandes stars

telles qu’Elvis Presley, invite Bruce Lee pour effectuer une démonstration d’arts martiaux au tournoi

de Long Beach à Los Angeles. Lors de cette démo, Bruce a pour partenaire Robert Baker (qui sera

sept ans plus tard son adversaire dans La Fureur de vaincre). La démonstration de Bruce Lee est très

impressionnante. D’un coup de poing dans la poitrine, il projette violemment Robert Baker en arrière.

Ed Parker prend soin de filmer la scène qu’il confie à Say Sebring qui est à l’époque le coiffeur du

tout Hollywood. L’un de ses clients, William Dozier, producteur à qui l’on doit entre autre la célèbre

série Batman, découvre le film. Il est justement à la recherche d’un expert en arts martiaux pour jouer

le fils de Charlie Chan (héros asiatique de films et de séries télévisées américaines) dans le téléfilm

Number one son. Impressionné par Bruce Lee, il décide de lui proposer le rôle. Bruce Lee accepte et

en février 1965, peu à près la naissance de son fils Brandon, il s’installe avec sa famille à Los Angeles.

Pendant un mois, il suit des cours de comédie au sein du studio Fox. Mais le Petit Dragon ne tarde pas

à apprendre que le projet est annulé. William Dozier décide alors de créer une autre série télé, Le

Frelon vert (Green Hornet) qui, sur le même modèle que Batman ou Les Mystères de l’Ouest (Wild

Wild West), met en scène deux héros, deux justiciers (parfois masqués) qui combattent le crime.

Le tournage de la série débute en juin 1966 dans les studios de la Fox : Bruce Lee incarne Kato, le

chauffeur de Britt Reed, rédacteur en chef du journal Daily Sentinel. Durant la nuit, Britt Reed est le

Frelon vert, célèbre justicier qui accompagné de son chauffeur combat le crime. Ce dernier est un

expert en arts martiaux. La série est diffusée à partir de la mi-septembre 1966 mais c’est un échec

critique et public. Le tournage s'arrêtera donc au bout de 24 épisodes à la fin de la même année.

Il manque au Frelon vert la touche de folie et le second degré que l’on pouvait trouver dans des séries

comme Batman, et c’est ce qui fait son principal défaut. Les personnages sont trop lisses, sans saveur,

les intrigues trop primaires, sans la moindre originalité et les scènes de combats, pour la plupart,

manquent de punch. La série est complètement éclipsée par les autres feuilletons de l’époque.

Néanmoins, c’est dans Le Frelon vert que l’on peut voir, pour la première fois, Bruce Lee utiliser un

Page 54: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 54

nunchaku, et cette série sera cruciale pour sa carrière car elle fera un carton en Asie où elle sera diffusé

sous le titre « The Kato show ». Grâce à ce feuilleton, Raymond Chow découvrira le Petit Dragon et

décidera de travailler avec lui. Aujourd’hui, la série Le Frelon vert a (à juste titre) complètement

sombré dans l’oubli.

Denis Gueylard 11/16/2005

Notes sur la série :

- Deux longs métrages vidéo ont été réalisés à partir d'épisodes de la série :

-- Le Retour du Dragon (titre de l'édition en VHS) / Le Frelon Vert (titre de l'édition DVD) (Kato And

The Green Hornet), composé de trois épisodes.

-- La Revanche du Dragon / La Revanche du Frelon Vert (Fury Of The Dragon / Green Hornet 2),

composé de quatre épisodes.

- L’éditeur René Château, celui qui nous fera découvrir Bruce Lee en France, sortira sous le titre Le

Retour du dragon, trois épisodes de la série ainsi qu’un documentaire intéressant sur Bruce Lee.

Le troisième épisode sélectionné est l’un des meilleurs de la série car lors du final Bruce Lee affronte

Mako (acteur asiatique qui a joué dans un grand nombre de films Américains, Le Chinois, L’Arme

parfaite…).

- La série a été diffusée en France sur Canal +, M6 et Canal Jimmy.

- Le tournage de la série a débuté le 6 juin 1966 par l'épisode "Progammed For Death" et s'est achevé

le 19 janvier 1967.

The Game Of Death / Le Jeu de la mort, 1978

Dans le film, Bruce Lee refuse de collaborer avec les triades et fait croire à sa propre mort afin

d'enquêter librement...

Artistiquement, The Game Of Death est un film malade, un pur produit marketing destiné à capitaliser

un maximum sur l'image de Bruce Lee.

Un peu d'histoire : nous sommes en 1973, Bruce Lee prépare son quatrième film, une histoire de

chasse au trésor conservé dans une pagode gardée par de redoutables artistes martiaux qu'il devra

affronter un à un. Il en a écrit le scénario et a commencé à tourner quelques scènes de combat (celles

de la pagode, avec son ami intime Dan Inosanto, son ancien élève Kareem Abdul Jabaar et Chi Hon

Joy). Pendant ce temps, son rêve devient réalité : la Warner Brothers le contacte et lui propose de

tourner son premier film américain (une coproduction avec sa propre société, Concord, sous l'égide de

la Golden Harvest). Il abandonne tout et se rend aux Etats-Unis. Il décèdera avant d'avoir pu voir

Page 55: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 55

achevé Enter The Dragon et reprendre le tournage de The Game Of Death. L'engouement pour le

"Petit Dragon" est mondial, ses films deviennent des succès internationaux et Raymond Chow, cinq

ans après sa mort, décide d'utiliser les quelques 20 minutes de pellicule de The Game Of Death

tournées par Bruce Lee pour en faire un long métrage. Le scénario n'a plus rien à voir avec l'original

(même si Bruce Lee est toujours crédité en tant que scénariste) et il doit maintenant permettre à une

autre personne de reprendre le rôle du Petit Dragon sans que le spectateur ne s'en aperçoive (trop !).

Alors, le héros, Bruce Lee, traqué par des méchants, devra passer les quatre cinquièmes du film

affublé de postiches pour ne pas être reconu par ceux-ci. Le reste du temps, on pourra le voir de dos ou

dans des plans d'insert de ses autres films (superbes faux raccords où Bruce Lee a la chemise bleue de

The Way Of The Dragon de face puis, de dos, une chemise grise, ou où il est devant les murs d'une

pièce grise de face puis d'une pièce marron, de dos...). Raymond Chow a choisi Casanova Wong (un

bon artiste martial, du reste, The Iron Fisted Monk, Duel To The Death) pour prendre sa place et il

apparaît bien vite qu'il n'a pas la même rapidité que l'original et, surtout... le même profil !

Heureusement, durant les scènes de combat, il est assez difficile de bien voir les traits de son visage.

Yuen Biao a lui aussi joué le rôle de Bruce Lee dans quelques séquences.

The Game Of Death est donc un film mort-né, dès le départ de Bruce Lee pour les Etats-Unis.

Un peu de positif cependant : les scènes de la pagode, les vraies tournées par le Petit Dragon, sont

superbes et aujourd'hui mythiques. Regardez le nombre d'hommages rendus au cours d'autres films : la

séquence avec Kareem Abdul Jabaar dans City Hunter, avec Jacky Cheung dans High Risk et

dernièrement Uma Thurman dans Kill Bill Volume 1... Et puis les autres combats réglés par Sammo

Hung sont aussi intéressants.

Le générique n'est pas sans rappeler les génériques de James Bond, et il faut souligner qu'après Lalo

Shiffrin pour Enter The Dragon, c'est John Barry qui a écrit la partition musicale du film (lui donnant

un aspect encore plus "bondien").

A noter qu'une "suite" a été donnée à The Game Of Death, Tower Of Death (ou Game Of Death II aux

Etats-Unis), avec des inserts des anciens films de Bruce Lee ainsi que des scènes alors inédites tirées

de Enter The Dragon (elles ne le sont plus puisqu'elles sont présentes dans l'édition du 25ème

anniversaire éditée par la Warner Brothers). Ce film, encore produit par Raymond Chow, devait

inaugurer une série de films "avec" le Petit Dragon, réalisés à partir de rushes ou de plans repiqués

dans ses précédents films. Tower Of Death a été un bide et ce "grand" projet est heureusement tombé à

l'eau.

En conclusion, un film réservé exclusivement aux passionnés de Bruce Lee. Les autres risquent de

trouver l'expérience ridicule et déplaisante...

David-Olivier Vidouze 3/1/2001

Notes sur le film :

Page 56: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 56

- Cette idée de la pagode gardée par un maître à chaque étage remonte à un projet qu’avaient projeté

de réaliser Bruce Lee et son ami et élève James Coburn en 1969 : La Flûte silencieuse (The Silent

Flute). C’est lors de repérages au Népal et en Inde que Bruce Lee découvrit ces pagodes. Le tournage

débuta en 1972 mais fut interrompu en novembre de la même année (à cause du tournage d’Opération

Dragon) pour n’être hélas jamais repris, avec Bruce Lee.

- Dernier film de l'acteur américain Gig Young.

-George Lazenby a participé au tournage avant le départ de Bruce Lee pour les Etats-Unis en

novembre 1972 (pour prendre le rôle principal de Enter The Dragon). Malheureusement pour lui, ses

séquences n'ont pas été retenues dans le montage de Game Of Death sorti en 1978.

Tower Of Death / Le Jeu de la mort 2, 1981

Lee Chun-Keung (Bruce Lee), expert en arts martiaux, est assassiné lors des funérailles d’un de ses

amis, Jim Koo, alors qu’il tentait d’empêcher des hommes en hélicoptère de ravir son cercueil. Chun-

Kwok (Kim Tai Jung), son frère, décide de découvrir qui l’a tué et se rend au Japon chez un curieux

américain, Louis, plutôt louche et ami intime de feu Koo. Il pénètre alors dans sa forteresse dédiée aux

arts martiaux.

Tower Of Death peut être appréhendé de deux manières différentes. Si vous vous attendez à un film de

Bruce Lee, vous serez forcément déçus. Encore pire que The Game Of Death, Tower Of Death - ou

Game Of Death 2 - exploite le phénomène Bruce Lee jusqu'à la corde. Les images du comédien-artiste

martial, que d’aucuns trouvent génial, sont piochées ici et là dans ses précédents films et dans les

séquences inédites (jusqu'à la superbe édition anniversaire et intégrale de Warner Bros) de Enter The

Dragon, redoublée et intercalées dans de nouvelles prises ; ainsi, dans le même plan, vous verrez

Bruce Lee une fois de face avec une veste bleue foncée, une fois de dos avec une veste bleue claire et

une nouvelle fois de face dans une veste noire... Et vous ne pourrez que vous amuser à dénicher les

faux raccords et incohérences, ou féliciter le travail d’un monteur qui a dû s’arracher les cheveux par

poignées !

En revanche, si vous aimez les films d’arts martiaux «vieille école», vous prendrez du plaisir à

découvrir les remarquables chorégraphies de Yuen Woo Ping filmées en cinémascope. Quant au

scénario, il est minimaliste : une histoire de vengeance on ne peut plus banale...

A noter la présence d’une femme entièrement nue, recrutée pour séduire et assassiner Chun-Kwow,

phénomène plutôt rare dans le cinéma hongkongais de cette époque et bassement racoleur. Le

réalisateur, Ng See Yuen, est un vieux routier, à qui on doit notamment le lancement de Jackie Chan et

Tsui Hark (il a produit Snake In The Eagle’s Shadow, Butterfly Murders, We're Going To Eat You, la

série des Once Upon A Time In China, Green Snake, etc.).

Page 57: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 57

Au final, un film conseillé exclusivement aux amateurs de films d’arts martiaux.

David-Olivier Vidouze 1/9/2000

Notes sur le film :

- Tower Of Death a été rebaptisé Game Of Death 2 suite aux événements américains du 11 septembre

2001. Les distributeurs ont estimé plus convenable d'enlever toute mention de « tour de la mort » !

-Corey Yuen, bien que non crédité pour le poste, a joué le rôle d'assistant réalisateur.

-Le film a été réalisé en réponse à la popularité persistante de Bruce Lee au Japon. Les spectateurs

demandant sans cesse de nouvelles images de leur héros. C'est pourquoi une grande partie de l'histoire

se déroule au pays du soleil levant.

Page 58: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 58

Page 59: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 59

Trois films qui rendent hommage à Bruce Lee

Enter The Fat Dragon (1978) de Sammo Hung

Sammo Hung joue ici un fermier fan de Bruce Lee qui vient d’arriver à Hong Kong pour travailler

dans le café de son cousin. Il lui arrivera un série d’aventures avec la faune locale.

Même s'il est impossible aujourd'hui de visionner ce film dans une copie en bon état, il est

indispensable de (re)découvrir ce joyau de la kung-fu comédie des années 70. Sammo Hung se paye le

luxe d'y rendre un hommage parodique à son idole Bruce Lee (avec lequel il travailla en tant que

cascadeur mais aussi acteur dans Enter The Dragon et The Game Of Death), sans jamais tomber dans

le ridicule et en étant plus convaincant que les dizaines de faux Bruce Lee ayant fleuri à Hong Kong

après la mort du Petit Dragon. Il faut le voir mimer son modèle alors qu'il se bat contre des porcs,

combattre des ennemis originaires du monde entier comme dans le Jeu de la mort (le méchant, le

Professeur Pai, à trois gardes du corps : un Chinois, un Occidental caucasien et un Afro-américain - un

Hongkongais avec du fond de teint noir -, chacun représentant un art du combat différent) et se frotter

le nez avant chaque affrontement martial. Même si physiquement Sammo et Bruce Lee sont aux

antipodes l'un de l'autre, c'est la plus fidèle imitation et, surtout, le plus bel hommage qui lui a été

rendu.

L'histoire est une sorte de remake de The Way Of The Dragon (comme Tang Lung, Sammo est un

"garçon de ferme" qui se rend à la ville pour aider un ami restaurateur ; comme lui, il devra lutter

contre la mafia locale), simple prétexte à une succession de combats magistralement chorégraphiés et

fort bien filmés et de gags, ma foi, très sympathiques.

Enter The Fat Dragon est seulement la deuxième réalisation de Sammo Hung et il est indiscutable que

le travail effectué est de premier ordre. On retrouve d'ailleurs tous ses acolytes d'alors au générique

(exception faite de Jackie Chan).

A noter que le scénario a été écrit par le vieux routier de la Shaw Brothers, Ni Kuang, un des

collaborateurs attitrés de Chang Cheh.

David-Olivier Vidouze 2/5/2001

Fist Of Legend (1994) de Gordon Chan

Chen Zhen est un étudiant chinois, parti faire ses études au Japon. Ayant appris la mort de son maître

Page 60: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 60

lors d'un duel entre ce dernier et Akulagawa, maître de la Nijiguchi School, une école japonaise sur le

territoire chinois, il décide de rentrer au pays et de l'affronter. Il gagne facilement le duel et soupçonne

le combat entre Akulagawa et son maître de n'avoir pas été loyal. En effet, après analyse du corps, il

s'avère qu'il a été empoisonné juste avant le combat.

Remake de la Fureur de vaincre, Jet Li y incarne un as des arts martiaux au sein d'une Chine sous

domination japonaise.

Notes sur le film :

Billy Chow s'est déchiré un muscle pendant le combat final. Personne ne l'a su puisqu'il n'en a parlé à

personne, mais des membres de l'équipe se sont aperçus que sa cuisse saignait. Gordon Chan

constatant la gravité de sa blessure a insisté pour l'envoyer à l'hôpital, et ce malgré la volonté de Billy

de finir le combat final dans les temps.

Fist Of Fury 1991 (1991) de Joh Chung Sing

Pastiche du célèbre film de Bruce Lee dans lequel des étudiants japonais en arts martiaux affrontent

les élèves de l'école de maître Fok. Dans le tournoi final, Stephen Chow met en œuvre des techniques

de combat farfelues mais efficaces, comme son « fist of fury » aux effets dévastateurs.

Un film particulier dans la carrière de Stephen Chow car développant peu son côté comique (ou tout

au moins pas autant que dans ses productions habituelles) mais lui permettant de payer un tribut à son

modèle, Bruce Lee.

Les scènes d’action sont nombreuses, plaisantes et chorégraphiées par des maîtres, Corey Yuen et

Yuen Tak. C’est leur violence qui a valu à Fist Of Fury 1991 son classement en catégorie III.

David-Olivier Vidouze 8/31/2006 ▌▌▌

Page 61: Bruce Lee Articles CopiePDF2

P a g e | 61

Bruce Lee, Le Petit Dragon

Série : Les Films d’Arts Martiaux