BRIEFING DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL # 2Renforcer le secteur privé agroalimentaire des Caraïbes :

Compétitivité dans un contexte de mondialisation pour le développement ruralSemaine de l’agriculture des Caraïbes

Grenade18 octobre 2010

Deux facteurs majeurs ont une influence profonde sur le secteur mondial des entreprises :

1.La mondialisation et la dérégulation des marchés ;

2.La révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Résultat : concurrence renforcée

Pas seulement les entreprises, mais mise en

concurrence du système de production-

emballage-exportation d’un pays donné

avec le système entrepreneurial d’un autre

pays (Nitchke et O’Keefe, 1997).

L’évolution de l’environnement et la concurrence acharnée

engendrent une évolution significative de l’esprit

d’entreprise, des caractéristiques spécifiques des entreprises

et de la nature des interdépendances entre les entreprises.

Mais cette évolution encourage également de nouvelles formes

de coopération et de collaboration entre les petites et

moyennes entreprises (PME).

Le secteur agricole est l’un des plus affectés et les zones rurales et isolées sont confrontées à des problèmes significatifs d’ajustement aux exigences qu’amène l’évolution de l’environnement.

Dans le contexte des Caraïbes, les petites et moyennes unités ou entreprises (PME) constituent un type institutionnel prédominant.

Ces unités de petite taille ont beaucoup de mal à atteindre des économies d’échelle et à gérer efficacement toutes les activités sur leur chaîne d’approvisionnement. Elles sont souvent incapables de s’adapter et pas suffisamment flexibles pour relever ces défis. Elles deviennent donc de moins en moins compétitives.

En Europe, (où le CTA a son siège) les politiques de grappes sont considérées comme un outil très important pour la prospérité économique au niveau local, régional et national.

Les politiques de grappes sont soutenues par l’Union européenne (Commission européenne, 2002) et ont remplacé les approches traditionnelles par secteur. Elles sont en effet les plus adaptées au développement et à la compétitivité (DTI, 2001 ; OCDE, 2001).

Le concept de GRAPPE d’entreprises coopérant et collaborant avec divers types d’interdépendances n’est pas neuf (Piore et Sabel, 1984).

La notion de Porter (1990) de grappes industrielles a été introduite au début des années 1990.

Cependant, à cause des dimensions multiples et de l’imprécision des grappes, la plupart des documents sur le sujet pâtissent ou semblent pâtir de l’absence d’une série précise de principes de délimitation (Maskell, 2001).

Par conséquent, il est difficile d’établir une définition théorique et empirique.

Définition des grappes par Porter (1998) :

« Concentrations géographiques d’entreprises interconnectées, de fournisseurs spécialisés, d’entreprises d’industries liées et d’institutions associées (universités, agences de normalisation, associations commerciales, etc.) dans un domaine donné, reliées par leurs points communs et leur complémentarité. »

Le cadre conceptuel axé sur les théories de la géographie économique, de l’économie des coûts de transaction et des externalités marshalliennes classiques (Krugman, 1991 ; Dalum et al., 2002) se focalise sur les liens et les interdépendances entre les acteurs de la chaîne de valeur, au-delà des réseaux horizontaux traditionnels, composés d’entreprises différentes et complémentaires intersectorielles, spécialisées dans une étape donnée de la chaîne de valeur (Roelandt et al., 2000; Maskell, 2001).

La masse critique des entreprises ouvre davantage d’options de choix de fournisseurs d’intrants et de distributeurs et permet en outre aux entreprises de mener à bien la plupart des activités déjà assurées par des entreprises au niveau régional et national.

Ce modèle renforce la flexibilité et l’innovation en diffusant l’information et les connaissances sur l’organisation et les technologies.

Enfin, un élément important est l’établissement de liens entre les entreprises agroindustrielles locales et des universités, des institutions financières et d’autres associations telles que des institutions de recherche et de développement, des fournisseurs de services, etc.

L’élément de base est le rassemblement des agriculteurs et de la production.

Une grappe agroindustrielle peut être un réseau local ou régional d’agriculteurs, de fournisseurs d’intrants, de coopératives, de sites d’emballage, de fabricants, de transporteurs, etc. visant à mettre en commun la production, la transformation, la distribution, la logistique et de nombreuses autres activités afin de réduire le problème de l’existence de flux multiples de produits.

La grappe agroindustrielle peut également être composée de plusieurs organisations telles que des autorités locales, des institutions financières, des universités, des institutions de recherche et de développement et d’autres associations.

Les grappes sont :

Basées sur des relations systémiques entre les entreprises impliquées qui :

définissent leurs missions, leur rôle et leurs responsabilités,déterminent leurs priorités et utilisent les ressources de leur région.

Les relations peuvent s’appuyer sur des produits et des services communs ou complémentaires, des processus de production et de distribution, des technologies de base, des exigences de ressources, une logistique, une éducation, une formation et des services de soutien externes.

(Asheim et Ιsaksen, 2000 ; Competitiveness Group, 2002):

Flexibilité et réaction rapide du fait de leur spécialisation extrêmeAccès aisé à des fournisseurs spécialisés et des ressources humainesRetombées d’informationCapacité d’innovation plus grande grâce à la diffusion des connaissances organisationnelles et technologiquesFormation de nouvelles entreprises, les employés devenant entrepreneurs dans des activités dérivées

L’obstacle majeur au développement des grappes agroindustrielles est l’absence de mentalité de coopération au sein des entités.

Durant de nombreuses années, les entreprises agricoles des zones rurales ont pratiqué leurs activités de manière autonome et indépendante.

Face à l’évolution de la concurrence, la plupart de ces entités ont été incapables de faire confiance à d’autres et à coopérer. Elles n’avaient pas de mentalité de coopération.

Plusieurs autres facteurs limitent le développement de grappes compétitives.

La Banque asiatique de développement (2001) et Rosenfeld (2002) estiment qu’il s’agit de déficits d’infrastructures physiques et techniques (routes, télécommunications, etc.)

Cette faiblesse infrastructurelle est due à des infrastructures physiques qui entravent les futurs investissements potentiels en capital. Les infrastructures technologiques permettent de développer des actions basées sur les grappes et leur absence est un handicap sérieux pour les grappes en pleine expansion.

L’absence de canaux d’information limitant l’utilisation des nouvelles technologies est l’un des problèmes majeurs auquel les entités rurales sont confrontées.

De plus, les membres des grappes peuvent être confrontés à la difficulté de trouver un équilibre entre besoins internes des divers systèmes organisationnels et technologiques et les besoins externes de connectivité et de partage des messages, des données, des applications et des processus (Vlachopoulou et Manthou, 2002).

Accès insuffisant au capital et à la main-d’œuvre qualifiée.

Le manque partiel ou total d’accès au capital est également une entrave majeure. Il influence l’adoption et la mise en œuvre de nouvelles technologies, absolument nécessaires au développement d’économies basées sur les grappes. Son absence est un handicap sérieux pour les grappes en expansion. Absence de structures organisationnelles.

Rosenfeld (1997) a souligné la nécessité pour les acteurs de la grappe de disposer de canaux actifs de transaction, de dialogue et d’échange d’informations.

L’introduction et la mise en œuvre d’applications TIC pourrait encourager la formation de grappes, les transactions et l’échange d’informations étant facilités et améliorés.

L’aspect géographique des grappes demeure important mais ne limite pas toute une série d’activités telles que l’échange d’informations, de données et de connaissances parmi les membres de la grappe (Gillespie et al., 2001).

L’utilisation d’applications de TIC telles que l’e-business et l’e-commerce peut renforcer les structures organisationnelles déjà existantes mais avant tout pour les adapter aux actions de grappe adaptées aux régions et créer de la valeur ajoutée.

1. Bien que la formation de grappes présente des avantages et des bienfaits, leur développement n’est pas aisé.

2. On peut affirmer que pour les Caraïbes, des bénéfices à court terme peuvent être obtenus et des grappes peuvent être développées à partir d’une approche de chaîne de valeur plutôt que de grappe.

FORMATION/FACTEUR

CHAÎNES DE VALEUR

GRAPPES

Membre Fermées, principalement stables

Pas nécessaires

Relation Séquentielle Coopératives et compétitives

Base d’accord Accords mutuels, contractuels ou non

Normes sociales et réciprocité

Base d’économies externes

Fonctions et ressources coordonnées

Localisation/proximité

Principaux résultats Augmentation des ventes, profits et réduction des coûts

Information et partage des connaissances

3. Le développement des grappes est multidimensionnel et diachronique.

Multidimensionnel : justifié par diverses raisons

Diachronique : la formation d’une grappe répond à une approche de long terme, les sous-investissements pouvant entraver la formation future de grappes dans une région.

4. Les communautés rurales des Caraïbes sont confrontées à des problèmes de taille, tout en s’efforçant de s’ajuster aux demandes de la nouvelle économie. Ces problèmes sont complexes mais pas inextricables.

5. Même si les avantages des grappes sont significatifs, les producteurs, les négociants, les exportateurs, les transformateurs, les institutions de services, etc. sont souvent incapables de participer activement à de telles formations professionnelles, à cause de dysfonctionnements internes ou d’une absence de mentalité de grappe.

6. Dans les deux cas, on constate la nécessité d’un cadre institutionnel d’éducation, de formation, de soutien technique, promu par les autorités locales, régionales ou nationales, avec une focalisation explicite sur le développement de l’agro-industrie.