8
Bretagne 2015 Entreprendre pour gagner Bretagne Supplément à Ouest-France n° 19 280 du mardi 5 février 2008. 2 e cahier. Ne peut être vendu séparément OF Béatrice Le Grand David Adémas OF

Bretagne 2015 Ouest France

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Bretagne 2015 Ouest France

Bretagne 2015Entreprendre pour gagner

BretagneSupplément à Ouest-France n° 19 280

du mardi 5 février 2008.2e cahier.

Ne peut être vendu séparément

OF

atr

ice

Le

Gra

nd

Davi

dA

mas

OF

Page 2: Bretagne 2015 Ouest France

Le défi2 Mardi 5 février 2008

Pourquoi avez-vous lancé la réflexionprospective « Bretagne 2015 » ?

La CRCI et les CCI de Bretagne ont, au tra-

vers de Bretagne 2015, souhaité donner la

parole aux chefs d’entreprise. Dans un

contexte de fortes mutations marquées,

notamment, par la globalisation des mar-

chés, ces derniers ont ainsi pu exprimer

leurs interrogations, leurs visions et leurs

aspirations à propos de la Bretagne de de-

main. Porteurs de valeurs d’intérêt général

et inscrivant leurs actions dans une dyna-

mique de développement durable, les en-

trepreneurs entendent, par ailleurs, appor-

ter leur contribution aux politiques de dé-

veloppement économique et d’aménage-

ment du territoire.

Comment s’est déroulé Bretagne 2015 ?Nous avons initié cette démarche à l’été

2006 avec le soutien du cabinet de consul-

tants TMO Régions. Nous avons ainsi or-

ganisé vingt-et-une tables rondes dans les

vingt-et-un pays bretons, lesquelles ont per-

mis de recueillir les témoignages de plus

de deux cents chefs d’entreprise. Pour ap-

profondir les trois grands enjeux clairement

identifiés – les hommes qui font l’entre-

prise, l’adaptation des entreprises à leurs

concurrences et à leurs marchés et l’inser-

tion des entreprises dans leur territoire –

plusieurs groupes de travail, composés de

chefs d’entreprise et de techniciens, se

sont réunis en janvier 2007 pour échanger

sur six grands thèmes dont les enjeux du

management. Enfin, dernière étape d’une

consultation que nous avons souhaitée la

plus large possible, huit cents chefs d’en-

treprise ont pris part jusqu’en juillet 2007 à

un questionnaire devant permettre d’éla-

borer un dossier de synthèse. C’est la res-

titution de cette réflexion prospective qui

sera présentée à Pacé, le 12 février, à l’oc-

casion d’un colloque régional réunissant

plusieurs centaines de chefs d’entreprise

et des représentants des pouvoirs publics.

Quel enseignement majeur en avezvous retiré ?

La préoccupation centrale mise en exergue

par les chefs d’entreprise est liée au ma-

nagement des ressources humaines. Les

entrepreneurs soulignent, en effet, leurs dif-

ficultés à recruter et notamment en milieu

rural. Ils insistent aussi sur le problème que

constitue la fidélisation des salariés, le plus

souvent qualifiés. Les problèmes de for-

mation sont également montrés du doigt et

ce d’autant qu’il existe des milliers d’em-

plois non pourvus dans toutes les filières.

Les chefs d’entreprise militent donc pour

que le décalage entre l’offre de formations

professionnelles et les besoins des entre-

prises soit comblé.

Quels sont les atouts et les faiblessesde la Bretagne ?

Le but de cette réflexion prospective n’était

pas tant d’identifier les forces et les fai-

blesses des entreprises bretonnes mais de

mettre le doigt sur les enjeux principaux

comme les ressources humaines, l’inter-

nationalisation des systèmes de produc-

tion ou encore l’innovation. Mais je cons-

tate à nouveau par le biais de cette réflexion

que les Bretons sont capables de se réunir

et de se mettre tous d’accord pour la réali-

sation d’un projet commun. C’est ce qu’ils

ont fait dans le cadre de Bretagne 2015. Le

sous-titre de cette démarche assurément

volontariste parle, en effet, de lui-même :

« Propositions des chefs d’entreprise pour

une Bretagne entreprenante et perfor-

mante ».

Que manque-t-il à la Bretagne pours’inscrire dans une dynamique encoreplus poussée ?

La Bretagne a cette chance de pouvoir

compter sur son essor démographique. Il

convient donc de mettre en place des ser-

vices de proximité pour limiter les pénuries

de main-d’œuvre. Il faut, dans le même

esprit, adapter en permanence les compé-

tences aux besoins des entreprises en rap-

prochant ces dernières des acteurs de la

formation. Il y a lieu également de dévelop-

per la culture de l’innovation et de la créati-

vité. L’accès des PME aux fonds d’investis-

sements régionaux et nationaux – Oséo*,

par exemple – doit ainsi être facilité. Mais

l’innovation passe aussi par des choses très

simples. L’amélioration du cadre de pro-

duction en est une, le renforcement des re-

lations entre les entreprises et le monde de

la recherche en est une autre. Les voies de

progrès concernent également la maîtrise

du foncier. Et sur ce point, les chefs d’en-

treprise appellent de leurs vœux la sanc-

tuarisation des espaces nécessaires à la

poursuite du développement industriel, y

compris les espaces logistiques. Il importe

enfin de garantir la connexion de la Breta-

gne à ses marchés – et le prolongement de

la ligne ferroviaire à grande vitesse va in-

contestablement dans ce sens – et sa des-

serte énergétique. A l’heure où notre région

ne couvre que 2 à 3 % de ses besoins, de

nouvelles opportunités de développement

pourraient donc éclore dans ce domaine

pour nos entreprises.

* Oséo est un établissement public qui fi-nance et accompagne les entrepreneursdans leurs projets de création, innovation,développement, reprise ou transmission.

Les entrepreneurs de Bretagne parlent d’avenir

Ma

rcO

lliv

ier

« Les bonnes performances économiques et sociales passées ne doivent pas faire oublier que les filières majeures

du système productif breton marquent aujourd’hui le pas », explique Jean-François Le Tallec, président de la CRCI.

Rédaction : Olivier CONSTANT.

Président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, Jean-François Le Tallecne l’ignore pas : « Les Bretons sont capables de se réunir et de se mettre tous d’accordpour la réalisation d’un projet commun. »

A l’initiative de la CRCI (Chambre régionale de commerce et d’industrie) et des CCIde Bretagne, un exercice de réflexion mené pour et avec les chefs d’entreprises adébouché sur la réalisation de « Bretagne 2015 ». Sous-titrée « Propositions deschefs d’entreprise pour une Bretagne entreprenante et performante », cette réflexionprospective a permis de recueillir les témoignages de plus de 200 chefs d’entrepriseimplantés dans les 21 pays bretons. Plusieurs groupes de travail ont, par ailleurs,approfondi les trois grands enjeux clairement identifiés : les hommes qui fontl’entreprise, l’adaptation des entreprises à leurs concurrences et à leurs marchéset l’insertion des entreprises dans leur territoire. Cette consultation de vaste ampleurs’est accompagnée de la remise à 800 chefs d’entreprise d’un questionnaire devantpermettre d’élaborer un dossier de synthèse. Présenté le 12 février, lors d’un colloquerégional à Pacé, ce document préfigure ce que pourrait être la Bretagne de demainsi les préconisations présentées par les chefs d’entreprises sont suivies d’effet.å L’étude est en ligne sur www.bretagne.cci.fr

Page 3: Bretagne 2015 Ouest France

Le territoire 3Mardi 5 février 2008

Incontestable atout pour les entreprises, lesimages positives et valorisantes véhiculéespar la Bretagne ne doivent cependant pasfaire oublier que la région est éloignée desmarchés. Et la récente entrée dans l’Unionde nouveaux pays n’a fait qu’accentuer ledéplacement vers l’Est du centre de gravitéeuropéen.

La Bretagne souffre également d’un tissuéconomique insuffisamment diversifié et àdes manques en matière de dessertes oud’infrastructures. Certaines entreprises quiparticipent pourtant, de par leur implanta-tion, à la résorption des déséquilibres terri-toriaux soulignent encore les difficultés derecrutement à la campagne. Celles-ci sont,en partie, liées à la faiblesse des servicesen milieu rural et à la difficulté à pourvoirun emploi pour les conjoints.

Le problème de concurrence accrue surl’occupation des sols n’est pas sans impactégalement sur les perspectives de déve-loppement des entreprises. Les chefs d’en-treprise ont, en effet, constaté que les col-lectivités locales avaient plutôt tendance àvaloriser l’attractivité résidentielle et touris-tique au détriment des activités écono-miques de production.

Résolument désireux, cependant, de sepositionner comme acteurs de la vie locale,les dirigeants d’entreprises militent doncpour que les entreprises d’un même bas-sin d’emploi travaillent ensemble. Celapasse par une meilleure gestion des res-sources humaines et de la formation et parun développement, en relation avec les col-lectivités, des services utiles aux salariéscomme les crèches, les transports ou en-core les logements temporaires.

Des chefs d’entreprise acteurs de leur région

OF

Olivie

rC

on

sta

nt

– Image positive véhiculée par la ré-gion Bretagne, 62 % des chefsd’entreprise estimant que la locali-

sation bretonne est un facteur positif pourrecruter des personnes extérieures à la ré-gion.– Un taux de chômage structurellement in-férieur d’un à deux points par rapport à lamoyenne métropolitaine.– Plus de 65 % des Bretons sont proprié-taires de leur logement contre 59,3 % pourla France entière.– Parc social de logements récent : 43 %des logements ont été construits après1981 contre 32 % toutes régions confon-dues.– La part des maisons individuelles dansla construction de logements neufs est plusélevée que sur l’ensemble de la France.– Les effectifs de l’enseignement supérieursont passés de 103 000 à 109 000 élèvesen dix ans.– Le taux de réussite au baccalauréat pro-fessionnel a été de 84 % lors de la session2005, neuf points de plus qu’au niveau na-tional.Sources : Étude CRCI

et Bretagne économique.

– Éloignement des marchés.– Manques en matière de desser-tes, d’infrastructures et d’approvi-

sionnement énergétique.– Difficultés de recrutement en milieu rural.– Ressources et services à la population in-suffisamment développés.– 32 places de crèches seule-ment pour 1 000 enfants contre 64 au plannational.

+

-

« De toutes les données qui composent l’Histoire,la géographie est la seule qui ne change jamais. »

Bismarck, homme d’État allemand.

« Spécialisée dans la maçonnerie, notre en-treprise connaît des problèmes de recrute-ment depuis une décennie, souligne AndréLe Corff, gérant de l’entreprise Jegat à Ré-guiny (Morbihan). Et ce d’autant que noussommes implantés dans un petit village dis-tant de plus de 45 kilomètres de Vannes.Nos difficultés pour embaucher de la main-d’œuvre en milieu rural proviennent doncessentiellement du vieillissement de la po-pulation, d’où moins de gens à recruter, etdu tarissement du recrutement dans le mi-lieu agricole. Ce dernier constituait, en ef-fet, un peu notre vivier jusqu’à présent.

Nous devons faire face également à laconcurrence des entreprises spécialiséesdans l’agroalimentaire. Pourtant, les salai-res que nous offrons sont supérieurs de 15à 20 % à ceux de cette filière. Nous don-nons, par ailleurs, à nos jeunes embauchésde réelles perspectives de carrière, un ap-prenti pouvant assez rapidement prétendreà un poste de chef de chantier. Mais il existetoujours un problème d’image dans notresecteur qui doit faire face, parallèlement, àde nombreux départs en retraite.

Nous rencontronségalementdegrossesdifficultés pour intégrer des jeunes au cen-

tre de formation des apprentis de Vannes.Nous le déplorons car notre carnet de com-mandes pourrait très bien nous permettrede recruter une dizaine de personnes sup-plémentaires immédiatement. En atten-dant, nous compensons en faisant travaillerune dizaine de travailleurs turcs en sous-traitance, lesquels nous donnent entière sa-tisfaction ».

Jegat a des difficultés pour recruter

André Le Corff, à gauche,discute avec deux ouvriers.

30 km

Port de commerce

Réseau de gaz

Gazoduc

Aéroport

Les principales infrastructures

de Bretagne

2x2 voies

Voies uniques

Chemin de fer

Réseau électrique

Source : RFF - RTE - GrDF - DRE - UAF

225 kV

440 kV

Pontivy

Lorient

Quimperlé

Vannes

Ploërmel

Auray

Redon

Fougères

Vitré

Saint-BrieucArmor

Loudéac

Lamballe

Châteaulin

Morlaix Saint-Malo

Dinan

Quimper Rennes

BrestBretagne

Lannion

Carhaix

Pontivy

Lorient

Quimperlé

Vannes

Ploërmel

Auray

Redon

Fougères

Vitré

Saint-BrieucArmor

Loudéac

Lamballe

Châteaulin

Morlaix Saint-Malo

Dinan

Quimper Rennes

BrestBretagne

Lannion

Carhaix

Pontrieux

La Roche Jagu

Tréguier

LézardieuxRoscoff Bloscon

Lanildut

Landerneau

Douarnenez

Quimper Corniguel

Concarneau

Quimper

Pluguffan

Lorient Bretagne Sud

Lorient Bretagne Sud

Saint-Cast-le-Guildo

Dinard-Pleurtuit

Port du Légué

Rennes Saint-Jacques

Saint-Brieuc

Bréhat Port Clos

L'Arcouest

Page 4: Bretagne 2015 Ouest France

Les hommes et les femmes4 Mardi 5 février 2008

Les chefs d’entreprises vont être confrontésà d’immenses défis dans le secteur des res-sources humaines. Le nombre de jeunesentrant sur le marché du travail ne sera passuffisant pour remplacer les générationssortantes. Au regard de cette modificationde l’équilibre des générations, des mesuresspécifiques devront donc être prises pourrenforcer l’attractivité des entreprises au-près des jeunes et revaloriser l’emploi desseniors.

Ainsi, pour limiter le décalage existant en-tre l’offre de formations professionnelles etles besoins des entreprises, les dirigeantsd’entreprises militent-ils pour l’activationd’un travail de rapprochement entre lemonde économique et le système éducatif.Considérée par les sociétés comme un axestratégique de leur compétitivité et de leurdéveloppement, la formation continueconstitue également un axe de progrès.

Les tensions actuelles et à venir sur lemarché de l’emploi sont cependant relativi-sées par l’existence de plusieurs facteurspositifs : accélération de l’immigration d’ac-tifs en provenance d’autres régions, aug-mentation du taux d’activité des femmes etgisement de productivité au sein des firmes.

Mais le vieillissement de la populationpose aussi le problème de la transmission-reprise des entreprises. Ce ne sont pasmoins de 17 500 d’entre-elles qui devraientchanger de main au cours des dix annéesà venir.

Là encore et en support des dispositifsexistants, ce sont des actions de sensibili-sationquidevraientêtremenéesauprèsdesjeunes, non moins de 10 000 emplois étanten jeu chaque année.

L’enjeu primordial des ressources humaines

OF

Olivie

rC

on

sta

nt

– Gain de 25 000 habitants pour laBretagne chaque année, cettecroissance s’expliquant en grande

majorité par l’immigration d’actifs.– Qualité de la main-d’œuvre bretonne etde son engagement.– Progression de l’emploi salarié presquedeux fois plus importante que la moyennemétropolitaine ces quinze dernières an-nées.– Gains respectifs de 6 200 emplois et de3 800 emplois dans les activités tertiaireset la construction en 2005.– Baisse de 11 % du nombre de deman-deurs d’emploi en 2006.– Hausse de 67 % du nombre de contratsde professionnalisation en 2006.

– Tension de main-d’œuvre persis-tante dans l’hôtellerie-restaurationet dans certains métiers du BTP et

de l’industrie.– Perte de 2 200 emplois dans l’industrieen 2005, seul grand secteur d’activité enperte de vitesse en Bretagne.– Accès à la formation continue pour34,9 % des salariés bretons contre 46,6 %au plan national.– Taux de chômage des femmes supérieurde plus de deux points à celui des hom-mes.– Les plus de 60 ans représentent 22,8 %de la population en Bretagne contre 20,8 %en France métropolitaine.

+

-

« Il n’est de richesses que d’hommes. »Jean Bodin, philosophe du XVIe siècle.

« La féminisation des postes dans letransport routier ne date pas d’hier, ex-plique Patrick Lahaye, président desTransports Lahaye, à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine). Ma mère a été ainsi l’une despremières femmes en France à conduireun semi-remorque dans les années 60.Mais il a fallu attendre deux décennies sup-plémentaires pour que nous embauchionsnotre première femme chauffeur routier.

Aujourd’hui, et alors que notre entrepriseemploie près de 1 000 salariés, nouscomptons vingt-deux femmes conduc-teurs au sein de notre effectif dont une

demi-douzaine est venue nous rejoindredurant la seule année 2007. D’ailleurs, surles seize conducteurs actuellement en for-mation, trois sont des femmes. Rémunéréà l’identique des hommes, c’est un métierqui reste dur pour une femme avec descontraintes en matière d’horaires, parexemple. Toutefois, certaines de nosconducteurs femmes assurent lestransports longues distances, ce qui im-plique des déplacements de plusieursjours. Dans nos métiers, où les élémentsféminins semblent faire preuve de plus deprudence au volant que les hommes, la fé-

minisation devrait se poursuivre à l’avenirmais pas dans des proportions extraordi-naires.

Les transports urbains connaissent, enrevanche, une véritable flambée sur le plandes effectifs féminins. Les femmes conduc-teurs de bus connaissent, en effet, leursplannings de travail longtemps à l’avanceet elles sont moins soumises à des horai-res aléatoires qui plus est. Cela facilite ainsileur vie de famille ».

Des femmes chauffeurs routiers aux Transports Lahaye

Les Transports Lahaye comptent vingt-

deux femmes conductrices de camion.

Services689 310

Construction88 938

Commerce168 909

Industrie203 555

Agriculture75 336

Part de la région dansl’ensemble nationaltoutes catégoriessocio-professionnellesconfondues 4,9 %

Répartition de l’emploi totalselon l’activité et en milliers

Ou

est-

Fra

nce

Source : INSEE - recensements 1999 et 2005

Page 5: Bretagne 2015 Ouest France

Les valeurs 5Mardi 5 février 2008

Supérieure à trois millions d’habitants, la po-pulation bretonne ne cesse de progresser.De nouvelles perspectives de création et dedéveloppement d’entreprises vont doncs’ouvrir pour couvrir les besoins de cette po-pulation dont la moyenne d’âge est, cepen-dant, supérieure à la moyenne nationale.

Ce sont les services aux particuliers quisont appelés à se développer largement.Parmi ceux-ci figurent les personnes âgées,lapetiteenfance, lehandicap, lesprestationsde bricolage et de jardinage et les couplesqui travaillent. Tout un éventail de services àdomicile – courses, traiteur, coiffure, infor-matique – est à développer en réponse auxattentes de personnalisation et d’exigencede rapidité de ces consommateurs. Demême, les contraintes liées à l’environne-ment et une perception plus aiguë de la po-pulation en matière de développement du-rable vont, là encore, favoriser la créationd’entreprises dans de nombreux secteursd’activité comme le logement, les produitsalimentaires, la distribution ou le recyclage.

Atout exceptionnel de la Bretagne, l’offretouristique est cependant sujette à laconcurrence de nombreuses autres desti-nations. La Bretagne est, par ailleurs, ins-crite dans une tendance à la sédentarisa-tion de ses touristes. Aussi, des efforts de-vront-ils être faits afin d’offrir un accueil tou-jours plus adapté aux normes internatio-nales et étendre la saisonnalité de l’offretouristique. Le tourisme d’affaires est, à cetégard, un des axes de développement im-portant pour le tourisme breton du fait del’augmentation des manifestations profes-sionnelles et des voyages d’affaires qu’el-les génèrent.

Bretagne d’aujourd’hui, Bretagne de demain

Th

ierr

yC

reu

x

Oliv

ier

Co

nsta

nt

– 37 800 naissances en 2006, plushaut niveau enregistré depuisvingt-cinq ans.

– 6 % : taux d’accroissement prévu de lapopulation bretonne entre 2005 et 2015.– La proportion élevée des plus de 60 ansdont une frange importante dispose de re-venus élevés créera des marchés spéci-fiques.– 53 % de magasins de bricolage, 18 % dejardineries et 17 % de magasins hard dis-count en plus en Bretagne depuis 2005.– Gain de 4 200 salariés dans les servicesen 2005, soit les deux tiers des créationsd’emplois dans le secteur tertiaire.

– Le taux de mortalité de la popu-lation bretonne est supérieur autaux national car la part des per-

sonnes âgées est plus importante qu’au ni-veau national.– Avec 2,35 personnes par ménage, lamoyenne bretonne est désormais infé-rieure à la moyenne nationale.– Le produit intérieur brut (PIB) breton paremploi se situe au quatorzième rang fran-çais. Cette place reflète en particulier lepoids des activités à faible valeur ajoutéeen Bretagne.– Une fréquentation touristique étale à6,887 millions de nuitées en 2006.

+

-

« Lauréate, en 2005, du concours Oseo, or-ganisé par le ministère de la Recherche, no-tre société aborde, cette année, la phasede commercialisation de ses produits in-novants, témoigne Fred Lherminier, prési-dent de Terra Nova (cinq salariés) à Plou-zané (Finistère). Nous proposons, en effet,des logiciels permettant aux industriels etaux collectivités de mieux maîtriser leursconsommations énergétiques.

Cette étape est cruciale pour nous car,contrairement à ce que l’on peut pensercommunément, le vrai défi de l’innovation,ce n’est pas de créer mais bel et bien de

vendre. Aussi, et en appui des structuresaccompagnant efficacement la démarchede création en Bretagne, nous souhaite-rions pouvoir disposer de structures toutaussi efficaces dans l’accompagnementcommercial.

Nous ne connaissons pas, en revanche,de problèmes en matière de recrutement.L’Afpa (Association pour la Formation pro-fessionnelle des adultes) de Brest nous en-voie chaque année l’un de ses meilleursstagiaires. Elle devrait donc constituer ànouveau une source pour nos futures em-bauches.

Nous prévoyons de tripler notre effectifd’ici à 2010 en recrutant notamment des in-génieurs énergéticiens.

Parallèlement à nos liens étroits avecdeux laboratoires de recherche dont celuidu Lysic à l’Université de Bretagne occi-dentale, nous avons scellé, par ailleurs, despartenariats stratégiques à caractère tech-nologique avec des fournisseurs situés enFrance, Suisse et Belgique. Ainsi, notre par-tenaire belge Ewon nous fournit le coffretnous permettant de surveiller à distance lescompteurs industriels de nos clients via

Internet ».

Terra Nova fait le pari de l’innovation

Fred Lherminier, président de Terra Nova.

Services60 325

0 salarié5 %

1 à 9 salariés48 % 10 à 19 salariés

42 %

20 salariés et +5 %Construction

17 957Commerce

16 831

Industrie14 060

Agriculture44 315

La Bretagne enregistre le plus fort taux de croissance annuel moyen duPIB par régions

(+ 4,6 % en moyenne enFrance)+ 6 %

Nombre d’entreprises

par grands secteurs d’activité

Répartition des établissements

selon la taille

Pêche maritime

1 537

Ou

est-

Fra

nc

e

Sources : INSEE, Coceb

« Plus le propriétaire de l’entrepriseet sa prospérité économique auront de l’importance,

plus les personnes qui y travaillent prendront de l’importance »Vaclav Havel, dramaturge tchèque.

Page 6: Bretagne 2015 Ouest France

L’environnement international6 Mardi 5 février 2008

Engagées dans une compétition mondiale,les sociétés bretonnes doivent s’adapter enpermanence pour saisir les opportunitésdécoulant de la globalisation des marchés.Ainsi sont-elles amenées à davantage ex-porter, à diversifier leurs sources d’approvi-sionnement dans le monde entier, à s’im-planter ou prendre des participations à l’in-ternational, voire même à délocaliserlorsque leur compétitivité est en jeu.

Dans ce contexte, les entrepreneurs sou-lignent que les PME doivent atteindre unetaille critique nécessaire à leur développe-ment international. Mais les besoins en lo-gistique sont tout aussi cruciaux, la logis-tique conditionnant une partie importantede la compétitivité des firmes, notammenten Bretagne occidentale. Aussi, afin de ré-sorber le déséquilibre, déjà constaté, desflux entrants et sortants de la région, les en-treprises insistent pour que le désenclave-ment de la Bretagne soit poursuivi.

Dans cette logique, la construction deplates-formes logistiques, associant diffé-rents modes de transport comme le rail etla route, est fortement souhaitée et ce d’au-tant que le renchérissement continuel desproduits pétroliers rend de plus en plus né-cessaire la mise en œuvre de solutions al-ternatives au tout routier. Le renforcementde la logistique s’accompagnera parallèle-ment de la création d’emplois dans les usi-nes ou chez les prestataires logistiques.

Secteur insuffisamment développé éga-lement, le développement des services auxentreprises figure comme l’une des priori-tés des managers, les entreprises se re-centrant progressivement sur leur cœur demétier.

Le nouveau challenge de la compétition mondiale

atr

ice

Le

Gra

nd

– La Bretagne est la septième ré-gion économique française et lacinquième pour l’importance de

son industrie.– Ses exportations ont progressé de 19 %contre 8,9 % pour la France entière en2006.– 3 500 entreprises bretonnes, soit environle tiers des entreprises de plus de dix sala-riés, ont exporté au cours de l’année 2004.– Création de 12 734 entreprises en Breta-gne en 2006, en augmentation de 2,6 %par rapport à 2005.– Progression de 3,3 % du PIB (produit in-térieur brut) breton en 2005.

– La Bretagne n’apparaît qu’au trei-zième rang des régions exportatri-ces françaises.

– Les filières majeures du système pro-ductif breton – agroalimentaire, technolo-gies de l’information et de la communica-tion, construction automobile et navale ettourisme – marquent le pas après quaranteannées de consolidation.– 8,2 % seulement des entreprises breton-nes emploient au moins dix salariés.– Augmentation des défaillances d’entre-prises de 9,6 % en 2006.– 86 % des chefs d’entreprise de l’industrieinterrogés jugent leur entreprise handica-pée, voire menacée par le renchérissementdu coût de leur approvisionnement.– Les services aux entreprises sont sous-représentés en Bretagne par rapport à lamoyenne nationale.

+

-

« En période de mobilité économique,la souplesse est une condition vitale du plein-emploi »

Alfred Sauvy, économiste et sociologue français.

Olivie

rC

on

sta

nt

« Notre entreprise est peu présente à l’ex-port car nous produisons et commerciali-sons des produits traiteur – de l’entrée audessert – à dates limites de conservationcourtes, raconte Franck Meuriot, directeurgénéral du groupe Stalaven, à Yffiniac (Cô-tes-d’Armor). Nos filières d’approvisionne-ment se sont, en revanche, internationali-sées. Ainsi, nous faisons venir des matiè-res premières – produits de la mer, légu-mes surgelés, fruits – de différents conti-nents comme l’Asie ou le Bassin méditer-ranéen.

Certaines filières se sont, en effet, spé-

cialisées géographiquement dans le cadrede la globalisation des marchés. Si la qua-lité de l’infrastructure routière bretonne estbonne, nous sommes cependant éloignésdes centres de fret européens.

C’est notamment le cas de Rotterdam etd’Anvers pour le transport maritime. Nouspensons, en outre, qu’il y aura lieu d’enta-mer une réflexion sur l’élaboration d’unschéma directeur de logistique régionaleintégrant bien les spécificités géogra-phiques, ces problématiques ainsi que cel-les des typologies de flux étant très diffé-rentes entre Vitré et Quimper, par exemple.

L’investissement privé doit, à notre avis,être privilégié dans cette réflexion avec unappui apporté toutefois par les pouvoirs pu-blics et les instances territoriales.

Outre le problème du foncier disponiblepour des activités industrielles, nous cons-tatons également que peu d’entreprisesbretonnes disposent de marques à noto-riété nationale ou internationale. Le tissuéconomique agroalimentaire breton est,par ailleurs, encore insuffisamment créa-teur de valeur ajoutée ».

« L’agroalimentaire pas assez créateur de valeur ajoutée »

Franck Meuriot dirige le groupe Stalaven.

Page 7: Bretagne 2015 Ouest France

L’avenir 7Mardi 5 février 2008

Au travers de Bretagne 2015, les chefs d’en-treprise bretons entendent aussi faireconnaître leurs propositions pour que lespolitiques régionales initient les conditionsfavorables à la création, à la pérennité et audéveloppement des entreprises.

Et l’une des premières actions à conduireest, selon eux, de rapprocher l’entreprisede l’opinion publique. Ainsi, la mise enplace de passerelles entre le monde édu-catif et celui de l’entreprise est-elle à mêmede pallier, en partie, les difficultés de re-crutement rencontrées dans certains sec-teurs.

Déjà, et à titre d’exemple, l’organisationpar les Chambres de commerce et d’in-dustrie et les branches professionnellesdes Journées des métiers donne l’occa-sion à des élèves en situation d’orientationprofessionnelle de découvrir les métiers decertaines filières en manque de brascomme l’agroalimentaire.

Cette nouvelle image d’acteurs de la so-ciété que souhaitent acquérir les entrepri-ses doit également apporter des solutionsà l’épineux problème du manque de fon-cier pour les activités économiques. Aussiles chefs d’entreprise prônent-ils un ren-forcement des politiques d’accueil des en-treprises par le biais, notamment, de nou-velles zones d’activité implantées sur desaxes de transport.

Des pôles de compétitivité

L’innovation sous toutes ses formes estun autre cheval de bataille des entrepre-neurs. Cinquième région française pour le

dépôt de brevets, la Bretagne peut s’ap-puyer sur quatre pôles de compétitivitédont deux à vocation mondiale (mer, ima-ges et réseaux).

Mais compte tenu de la taille des entre-prises bretonnes – 91,8 % ont moins de dixsalariés –, il apparaît nécessaire de déve-lopper les transferts de technologies entreentreprises bretonnes, notamment desgrandes vers les plus petites, et de renfor-cer l’accompagnement individuel et col-lectif des chefs d’entreprise de cette der-nière catégorie au cours du processus d’in-novation.

Très réactives mais handicapées parleurs tailles lorsqu’il s’agit d’aller chercherdes marchés à l’export, les PME entendentdonc faire de la mutualisation l’un des le-viers de leur croissance future. Leurs chefsd’entreprises sont convaincus, sur ce point,de la nécessité de renforcer la diffusion desexpériences, innovations et bonnes pra-tiques par le biais de dispositifs existantscomme Plato (partage d’expérience entredirigeants de PME-PMI).

Ce travail en réseau peut, en particulier,permettre l’accès partagé à des compé-tences qu’isolément chaque entreprise nepeut recruter à temps plein et de pérenni-ser des emplois saisonniers par mutuali-sation des salariés entre activités touris-tiques, commerciales et de services.

Une véritable culture export

Prendre à bras-le-corps les défis de laglobalisation constitue un autre temps fortde la réflexion des chefs d’entreprise. Ilsrappellent, en effet, que « c’est le maintiend’une activité industrielle forte, innovanteet internationale qui portera le rayonne-

ment régional et sa dynamique écono-mique ». 20 % des emplois industriels bre-tons dépendent d’un établissement à par-ticipation étrangère. C’est deux fois moinsque la moyenne nationale.

Outre l’acquisition d’une véritable cultureexport, les dirigeants militent donc pourune meilleure intégration de l’internationa-lisation dans les parcours éducatifs et pourune sensibilisation renforcée des salariés àl’acquisition de compétences internationa-les (langues étrangères, connaissance desmarchés, par exemple) et à la mobilité.

Secteur stratégique et fortement créa-teur d’emplois, la logistique doit égalementêtre développée pour justement s’inscriredans le développement ininterrompu de

l’internationalisation des échanges. Et surce plan, la Bretagne est handicapée parson incapacité à concentrer ses flux de pro-duction compte tenu de sa situation géo-graphique à l’écart des grands courants decirculation et de transit.

Les chefs d’entreprise jugent donc prio-ritaires les interconnexions extérieures à laBretagne, l’achèvement de la mise à 2 x 2voies de la route de Bretagne centrale (RN164), la réalisation d’une nouvelle plate-forme logistique à proximité de Château-bourg à l’horizon 2012 et le renforcementdes sites portuaires. La couverture numé-rique des territoires doit, par ailleurs, êtrerenforcée.

Qui fait quoi ?

Les chefs d’entreprise demandent enfinune clarification des compétences éco-nomiques respectives des collectivités etune accélération de la mise en œuvre d’unepolitique économique, synonyme de dyna-misme pour la Bretagne. Et sur ce plan, lesattentes sont fortes.

Les entrepreneurs souhaitent, de fait, as-sister à l’émergence d’un projet industrielrégional, lequel témoignerait ainsi de l’inté-rêt que portent les collectivités locales pourle maintien et le développement des activi-tés industrielles. Ce projet pourrait notam-ment s’appuyer sur la dynamique des pô-les de compétitivité précités et sur de nou-velles filières innovantes en attente destructuration comme les éco-activités.

Quelles actions pour la réussite de la Bretagne ?

Rapprocher l’entreprise de l’opinion.

OF

Relever le défi de la mondialisation.

Clarifier les compétences.Développer les pôles de compétitivité.

Améliorer la logistique.

Vin

ce

nt

Mo

uch

el

atr

ice

Le

Gra

nd

OF

OF

Page 8: Bretagne 2015 Ouest France

Publicité