Aux rives des choses /2 forge du poète

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recueil de textes écrits en admirations de grands artistes africains et créoles , Césaire, Mustapha Dimé, Seydiou Boro et d'autres. Illustré de quelques une de mes encres

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  • FO

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    E

    L a m b e r t S a v i g n e u x

  • Nandi Le chemin que tu ouvres au cur de ce deuxime visage te tendre la main enfant qui nat dans ce cri

    waati au temps de se rejoindre reconqurir la terre

    r-irrigue de tous nos possibles

  • Ne pas se laisser suborner Le chant n'appartient qu' lui-mme Souvre dans le cri du vivant Brise le cadenas de son alination

    Librer l'enchantement des saveurs libertaires Prendre le maquis de l'me au vent marron

    Un chant de libert entonn au prix d'une fuite

  • Mais Toujours en cinquime colonne Et

    Faire le plus de dgts possible ce conventionnel reproductible Cloninge tourdissant Qui broie Se resserre sur le vivant Senrle de force dans nos vies Nous laisse exsangue En dploration de nous-mmes

  • !se brise le flux Sur le ressac Des artes De la marchandisation Reflet de cet tranglement du monde Conditionnement Colonisation De tous nos possibles

    Idologie de la con ... formation! Aux normes imposes la pense pirate de sa propre vie natre la mienne

  • Ayiti ici

  • Ici et moi par gout pour cette terre violente de pote marron et de renaissance, dont je me sens Hati ta voix se laisse entendre de loin, comme un tambour insistant dans le vacarme de la destruction.

    Hati, Ayiti,

    Autre nom pour ici

  • La mer immense traverser en lautre sens

    Tout a je le vois dans le regard noir, vide ou rveur que ce pcheur sur la plage ramne dans ses filets ou est-ce le dsespoir ? le surplus de lle, la couleur de son visage monte ses yeux, on ne sait pas ce quil pense, il regarde cette mer et se souvient

    Ayiti

    Un cri lanc travers la mer, la pauvret accable, lhomme assis l est seul, on ne sait pas ce quil pense

  • son pas dansant dira tous la joie paradoxale de pauvre, dans des chants et dans tous ses contes, le soir aux femmes la veille et aux enfant,

    La rvolte na pas germ pour rien la rvolte -germe chaque fois

    le cur ramen dAfrique le pousse chanter, sous la poussire crasante lesprit divague sil svade cest quil tourbillonne, de ces appels de la parole qui sont des ancrages, il faut entendre ces ancres lances bout de bras en riant, fort dans lair pour atteindre, violemment lautre, ici

  • Il y a comme une question arrache la terre dans ce mot, un mot sans appel, jeu, trois sons de marelle, cloche pied, tout a cest dans le rve, le rve quil y a dans les yeux qui vaguent, chante le crole, cette vitalit danse au del de la privation, semble la nier, linterrompt, elle en oublie le reste car elle a lessentiel dans ce jeu dyeux, cette extraordinaire insistance continue cette drive.

    Le soir cest un immense conte de fe, empli de mort, celle quil regarde travers la mer, la mort zombie est rsistance, cest Depestre qui le dit , le mat de cocagne est l pour tromper la mort, les cris qui dvalent interdisent le dsespoir , ils le mettent en relief, homme, comme un cri charnu qui ne dsespre pas, rouge, la terre, elle, est trangle, pas juste l dans la bance des tlviseurs, la terre est trangle, limage de cette lutte qui fuit dans les mots et la magie, les sorts et les chants, la terre est dserte, lesclavage continue,

  • dans les mains de ceux qui prennent, qui serrent,

    La vie semble un enfer

    Maisons de tle, routes ou dvale le poison, ou hante la violence, des guns couteaux le feux ou le sang, des hordes de ceux qui dfient lespoir et qui reviennent pour ltrangler, lgorger, alors le rire doit fuser, dsespr

    Car que faire quand mme la libert est zombie, que faire quand lesclavage s accroche, quand tout se mixe pour nier la vie, quand le bourreau a un accent crole et baise dans le lit du maitre, mort

  • Il faut rester froid et regarder cette folie vautour, rester accroch entre les murs et dfier lhistoire, regarder les puissants en face, ces faiseurs de mort, ces preneurs de vie, zombies, tortueux dans lesprit de lhomme qui dfie la folie, loiseau schizophone plane, menace dans les mandres des mots, dune image toujours comme un masque qui appelle, dun rve qui sourd dans les dchirements des gnes

    Ayiti comme vie,

    Nous on connait lenfant, ce quon en voit moi qui fut enfant je vois le regard, je ne sais pas bien ce quil dit, il connait tant de choses, de sous-couches de malheur, dans son noir de plomb la lave de lespoir, ce quon en voit, on lui tend la main, ceux l le font par amour, parce quil faut que le regard fonde, parce quil faut faire

  • chec, quand on ne prend pas pour prendre, rapt, abandon, je le sais jai t cet enfant, non , pas lui, mais un autre ce qui revient au mme, je vois lenfant, Ayiti, la vie doit frmir, et elle frmit car la joie est sans limite car il ny a plus de limites, il ny a pas de limites, elles ont t gommes, la force de croire comme une bonne blague que lon rit au soleil qui dcharne, lenfant va repeindre le monde ou va mourir, ou va tre tu, ou va tuer, on ne sait plus devant le regard noir de lenfant.

    Limportant cest la ronde, mais les morts nous tiennent la main, on en rit quand on ne sait plus de quelle face se tourner, pile face, noire blanche tout cela a perdu le sens, tout est rouge

    Semble ltre car quen sait on ?

  • Ayiti, jaimerai te comprendre, tu es drive, tes murs sombres dans les failles, les dchirures de terre avalent tes enfants, le tremblement sest fait tueur, ravage, dtruit, tue, inquite ceux qui sont au loin dans lexil qui aimeraient tre l, quand mme ;

    Un papillon tremble aussi

    Es tu danses, conte improbable du rapt de lamour , dlire de la posie quand la ralit entaille, on ne peut le concevoir ou avec peine, pourtant la violence quotidienne dpasse lorgie tellurique es tu rvolte, quand les vautours tournoient et piquent ton cadavre, un corps quand dans tes yeux se condensent linnarrable, lirrparable

  • Se peut il quaujourdhui la terre elle-mme resserre ltau, se peut il quune chanson rassemble ton pays qui craque, se peut il que tu vendes tes enfants, tait-ce notre crime que la terre montre de sa bance ou est elle aveugle et na-t-elle pas de piti,

    La colre couvre encore le pays qui naspire qu chanter. Comme le corps dune femme enflamme de dsir les coups assassins qui sabiment meurtris dans le mutisme,

    Il reste la voix de la douceur au moment ou lenfant sendort. Sil nest pas mort.

  • Forge du pote Hommage Aim Csaire

  • Vu le climat social o la situation ne peut qu'empirer, Vu le climat philosophique ou la vie est ramen une quation mathmatique, o le virtuel se noie dans l'horreur de l'actualit ; tout ceci n'aura qu' un sens restreint.

    Sauf que ce que dit Csaire, ce n'est pas rien, tout de mme, que savons nous de ce qui est essentiel l'homme et quel est le sens de l'histoire et des ides, de l'espoir, de la posie et de la libert, si ce n'est un long parcours pour clamer la dignit de homme, sans lequel il n'est point d'tre humain.

    Aim, tu as gris le monde comme on dit dgris la force de la terre et du fleuve t'accompagne, toi louvreur, la machette qui rompt l'entrave

  • je te dis bon vent vers toi, l'homme, bon vent vers l'autre rive, ton retour vers l'Afrique de toujours, la vague de tes veines, grand Ptre retourne les vents qui te font remonter la grande eau ancestrale.

    Je te vois dansant au gu des tambours royaux du retour, riant de se voir enfin runi, et nous, libr des entraves, de notre grotte, les mots ont fini par Aim

    L o souffle le vent .......

  • La tourmente Csaire me frappe, moi, Aim sur la rive ; mais le monde qu'il chante, la vision de l'homme qu'il appelle/interpelle est peut tre moribonde, morte, pour ainsi dire,

    et l'oppresseur, lui bien gras et bien portant, kosar rengat qui rend visite heureux d'en avoir fini, clown d'un revers de manche qui fait s'envoler les squelettes des colombes, plumes atomises et pines au bec portant bout de bras notre mort .... Ngre tu reviens en brume danser le pays natal comme une promesse de remonter le fleuve, au beau son d'une flute qui fleurte avec le diable

    chante les amours face face des deux rives, rebelle le charnier des rves, mots-monde de notre fiert.

  • Oui, soutenir Aim Csaire, qui soutient, lui, contre le grand chef blanc que sa posie n'taient pas des sornettes, qu'elle tait forge. Que l'histoire est faite de sang, celui des hommes, de leur souffrance, de leur meurtre radical. Je ne veux pas consentir votre vision de l'histoire, je ne sais si la France est mon pays et si j 'ai un pays, mais ce n'est pas celui l ,qui se btit sur le dni de l'autre, se glorifie de la violence, de la ngation et de l'asservissement, avec en filigrane le soupon d'une supriorit barbare, un pays qui n'admire pas ce sursaut de l'homme enchain clamer son existence, reconstruire son identit et rejaillir des pousses de l'humanit reconquise.

  • Je suis de ce pays-ci, me reconnais dans les blesss, les humilis, les clops des ravages du plus fort qui broie l'enfant dans son poing, je me relve chaque fois que la violence arrache la graine porteuse de l'espoir, de la vie , de la diffrence.

    Je veux tendre la main le laisser naitre, Monde inique qui voudrait qu'on lui tende un miroir se voir nymphe et qui est harpie, Le pote des Carabes nous dit la rvolte de l'Homme et sa rage d'tre, je suis de ce monde l et non de celui qui nous rogne, nous dnie notre humanit sempiternelle, la posie est faite du sang de celui qui veut transformer sa condition, muer et devenir ce qu' il pressent, ce qu'il sait tre au del de ses chaines.

  • Vive cette fougue se retrouver, recrer, renouer la dchirure de ses charmilles, aujourd'hui plus que jamais le monde a besoin de ses prophtes et Csaire en est un,

    c'est pour ces raisons et parce que" la posia es una arma cargada de futuro ", et la non violence une autre, que je me crois sur le mme bateau, pas galre mais plutt boutre ou radeau, car marronner c'est chapper la haine, car l'heure est dire sa prfrence et se rclamer de vive ligne,

    Je veux tre ce lambi l'oreille de la musique de l'immensit.

  • Le grand vivant Hommage Seydou Boro

  • G geste oracle extra-oridinaire Thatre danse chantant parlant sa vie d'homme ses ailleurs ses pleurs ses colres ses paysages son eau sa rivire ses poissons de sa vague

    homme-rivire

    homme-ciel

    homme-soleil

    qui rit qui saute qui a faim qui fait les yeux rond sa petite fille qui les yeux srieux lui demande :papa ...., lui se questionne se raconte va d'un bout l'autre son corps dans l'espace le traverse, fulgurance, dverse son T-shirt se perd dans sa nudit et chappe son corps se voit en miroir et bouillonne de toute la vie vue

    se roule et droule

    Le corps ses muscles en lui luisants si vivant se rythment gazelle rebondissent lastique si naturel en homme.

  • L'homme moi toi lui moi,

    Et mon corps si pauvre l qui boit au projecteur de lui l'homme qui parle,

    son art qu'il a forg de toute sa vie qui transpire qui coule comme une source tant pis si ce soir elle est de plastique

    et rsurgence par le rouge des yeux

    immense fleuve

    vievue

    qui bouge

    vi ue

    provoque

    vie

  • Prend l'Afrique bout de corps danse tord roulade eau arabesque qui s'envole oiseau et nous laisse si plat ras de terre -linolum chaise mal o cul plat plat

    O alors s'envoler avec lui prendre une de ses plumes qui lui poussent sur la peau qui frisottent vibre de l'air si libre nous si ras de terre qui

    Oui j'ai un corps si lourd qui veut voler

    voler

    mon corps se transforme le voir si homme si lion si tout

    c'est la forge, lui, tape tape le fer

  • Des jours des nuits des mois des corps des temps des tristesses des dsespoirs

    le travail

    Alors les doutes fuient en hynes

    Je m'prouve marchant riant papa tincelant de rouge des pieds tapent le sol taque taque mes yeux ma faim ma soif gazelle je court je court

    Ce corps cet espace les deux rivent ensembles l'espace du dedans l'espace du dehors les muscles colorent la peau si fine infimes si puissant

    couleur noir

    mais je reprends ....

  • Au dbut tout prs de nous assis sur une chaise de dos un homme

    Noir

    grand dos courb un homme parle sa guitare, il chante une mlope peut tre mandingue, comme dans la chaleur sourde d'un ennui qui coule, une dsesprance douce,

    la voix dense boueuse comme le fleuve qu'il regarde, oui le fleuve le 'eau qui court fluide, s'chappe en espace vide, devant moi dans la transparence sombre de la scne de la lumire carre anguleuse qui s'tend perte de vue se fond dans les briques les tles peut tre de mon quartier, du sous-sol, sol d'ailleurs ,

  • c'est dire.... dire cest dire, c'est,

  • c'est dire il nous attendant, il chantait, il se grattait il se gratte,

    Il bondit panthre et fait le geste de leau, moi j'y vois le fleuve mais c'est lair, c'est la plante qui serpente, c'est le serpent qui ondule c'est lui l'homme qui plonge dans son corps y ramne ce sang ce mouvement qui pour moi est eau, ondule, la plante des pieds qui dansent glissent l'homme l

    Il revient il chante la mlope se poursuit il se gratte, il ondule il gratte il ondule il se gratte mouche il chante , il parcourt les quatre coins ,

    il nous dit : merci,

    quoi , merci , ... il dit ... je suis venu pour la chose

  • et puis la danse se met en mouvement le corps se met vivre le corps parler, la parole couler, et ... il s'arrte il dit il parle il sourit ironique de toute ses dents de tout son dos l'histoire de ce corps que je sens si plein rebondissements histoires bonds courbe d'aller et de retours hsitations rompues vivacit travail, joie, oui d'amour, de vie de geste quotidien dclat, d'impatience dhumeur ,

    mais mais il dit mais ce corps est nu ; en Afrique le corps est nu , ah oui en Afrique non, non on ne me l'a fait pas non ce n'est pas a il y a une tte la dedans rase on en voit le squelette non mais a bouge c'est vivant c'est muscle c'est rouge cest yeux c'est pieds qui glissent au lieu de marcher c'est, mais c'est nu nu, nu c'est art, travail travail forge de ce corps qui,

  • C'est l'art, la parole corps c'est le chemin cailloux le long de la roche o creuse C'est l'art je le sais bien c'est nu parce que c'est l'art, parce que ce n'est pas la petite fille non c'est la jambe qui vole hauteur de petite fille, c'est les yeux qui voient qui deviennent torsade colre corde Afrique, homme enfer homme amour rire ! Terre vie

    comment te dire comment te dire cette danse dans cet homme ce corps cette parole ce tu ce regard qui transperce qui te perce parle parole qui est moi qui est toi peut tre je te croiserai demain peut tre je serai panthre peut tre je serai art,

    Oui c'est une question qui se rue en corps hommage vivant,

  • Non ne pas mourir

    voir, danser, danser rallumer les lumires, lumires ! Lampadaires panthre griffes vivre danser le corps qui se dploie qui dit que la mort non,

    Non

    la mort

    Oui je sais

    la mort

    si oui je sais

    non, pas celle de la mort d'un enfant non,

    vivre danser vanter le mouvement inarrt

    Parce que la mort non,

    Noir

  • et moi d'applaudir, d'applaudir rompre quoi le noir, l'autre pas pas pas les yeux rouge le corps si vivant le noir

    puis plus rien rien

    Me remplir les poumons air des mouvements de cette danse dsesprment vive car cette eau cette corde ces briques, ciment que j'ai vu dans ce sous-sol , j'inspire , je respire vivant de tout a ,

    une perf, perfusion, performance

    un fait dun non

    fuse

  • !Fusion

    c'est a vivre c'est art, travail rencontre sortir voir jaillir la parole un tremblement roue libre essentielle vite vite libre surprenante, il te parle te parle non c'est art il te parle oui il te parle c'est art le corps en majuscule le corps mme si multiple mais si fort qu'il est l l ce poing question rpond comment ignorer ce corps dans la danse qui te donne tout.

  • Bamako la cour Hommage Abderrahmane Sissako

  • Quatre vrits assenes la logique occidentale, divertissement genre star AC , la photo le ferait croire : en guest star : l'Afrique, la dette, la pauvret et lincurie, de quoi se tordre de rire...

    Bamako, un procs o les accuss sont les grandes instances internationales, le FMI, la banque mondiale....lhypocrisie est la barre.

    Le procs se tient dans l'intimit sociale dune arrire cour, l'Afrique se tient domicile va, vient, la vie quotidienne se tient dans les visages, est au cur des dbats, comme une peau, le grand vcu sur les traits et les postures, des vies qu'une mince paroi ni un contrle policier ne parviennent dissimuler

  • Le temps est le grand invit, la sagesse ancestrale et le chapelet des vies, le va et vient de l'tre humain cette prsence immobile tmoigne la barre, semble figer les dbats dans une voix muette, cette voix qui prendra de plus en plus d'ampleur parce qu'elle est tout simplement au cur de tout.

    Et si la robe de loi est occidentale, l'africain ne peut se voiler longtemps, la banque mondiale retournement de ltranger est condamne, la dcision se lit dans les vies comme une rparation ncessaire pour que reprenne le cours et drive la violence, les sacrifices des gnrations, les guerres ou lmigration assassines.

  • Le futur est mand la barre et avec lui l'utopie donne le lieu de la parole.

    Les juges et les avocats, les tmoins, une Aminata Traore ramne la culture au centre, l'Afrique loin d'tre pauvre est trop riche de sa culture, dnonce l'tau dun monde sans frontires, les instances internationales se dfendent, des tmoins refuseront de parler et la grande parole africaine antique, invoque la prsance, vritable personnage, issu du moment du silence n'est ce pas l'Afrique elle mme l'existence surnaturelle.

    l'Afrique , chez elle dans sa cour, amuse ou courrouce de se travestir prend la parole , contre celle impose de la mondialisation, dfie la pense occidentale, lUniversit dit que non il nest pas besoin de banque, Aminata parle de pauprisation plutt que de pauvret,

  • Une pouse exhorte un mari quitter cet habit cravate quil ne fait quusurper, une femme si belle se drape dans le noir d'un silence inflexible, femme africaine de la nuit et des temps.

    Un avocat blanc nous dit l'invitable, l'histoire ne peut que condamner le pouvoir rgnant et coupable, qu'il cesse d'tre le matre!

    La femme de tous ces attributs fire de ses gestes pleure la mort qui rode.

  • Tmoins de laveuglement occidental, dans la rue ceux dAfrique attendent, vivent, indiffrents, meurent , travaillent ou se prparent l'exil , ces visages, ces corps s'imposent comme tant irrmdiablement la matire de lexistence, au del des discours et des concepts, des jugements de la cour, ces hommes et ces femmes sont lenracinement du temps.

    Le reste est mascarade.

  • Quest ce donc l'"Afrique"? Dans ce mot le dessin danse la ligne, sculpte la forme, un mot rsonne de parfums, de couleurs qui finalement incarne, lidentit ! je me souviens d'Alphonse Tirou, du nom africain, de waati et du masque deuxime visage, mensuration de ltre, Ce nom port comme l'empreinte d'une mre, peut tre si vieille qu'elle en parait impotente, out of date, dpasse, mais qui inlassable rappelle l'vidence au cordon, terre du monde, terres des homme, la dette est impayable, "l'unpagable" d'Amriqe latine, la dette est remettre la mater-terre, l'humain-mre, impayable respect du l'existence que nous bafouons, sous des mots-dcharge, mots-poubelle, loubli de la parole,

  • Quel est-il ce mot ? Que dois-je dfendre en l'entendant, et pourquoi ma peau blanche frmit elle ? De ne pas se retrouver blanche, d'un ton de blanc inattendu qu'il en parait noir, si beau fleur de terre !

    l'Afrique est en nous : Je me souviens des mots de Biga, comme pour me convaincre de la force de ce procs, calmer cette angoisse qui me place de l'autre cot de la barre. : Mais cette parole est aussi la mienne, ce visage, la fiert et la beaut est aussi la mienne, je dfie les instances, l'Afrique est en moi, Aim Csaire me parle dans mon sommeil, rpond ma question d'homme dante-Occident, doutre-France.

  • Csaire comme dans une journe sur terre plane sur les dbats, d'une phrase, d'une ddicace, ramne l'homme, la femme , l'enfant en point de mire, fiert reconqurir, latrite de cette terre d'rosion, l'humain n'apparait nulle part aussi prsent ni dtermin ne pas abdiquer, une exigence qui nous rappelle la condition d'homme, au pralable incontournable.

    On ne voit que la vie sous les fards de la destruction. Ce grand changement indispensable, est-ce une rvolution ? Est-ce ne guerre, un changement de cap vers l'immensit du respect, souche de l'identit, miroir potique, la beaut, comme le tatouage, est le miroir du monde.

  • Nom parole, humanit en droute, sagesse antique donne le droit de dtrner la tyrannie,

    le temps long fleur de vie est implacablement enracins dans les rides,

    Prsence et larmes magnifiques, l'humain et la mort en attente ;

    et c'est l'homme, la femme qui veut reprendre vie, de ses larmes qui coulent et abreuvent sans bruit

    invisible

  • NEVERMORE NEVERMORE

  • Et en ronde insatiable on a vu danser les mots mots farandole mots blessures, mots fatigues, mots joies, mots rvoltes

    Mots dont les tres sont la tte dont les mains se rejoignent

    Mots en toucher frntique apaisement de l'crasement

    et des mains qui se joignent en boucles d'obstination ferment les plaies de la laideur

    murmure en mlopes comme autant de lettres cette phrase les mots dans les mots

    osent le mot

  • des mots qui scandent sans relche tournant tournant se tourneboulant

    osent Le mot

    faire le tour de l'humanit noire blanche rouge jaune

    raye zbre triangule quadrature exaspre

    bout de bras et de jambe vie dchane soupir intense vive clameur bouche de la fatigue

    De la terre du ciel du vent et de la pluie martelant ce chant casser la chaine de fer

  • haine de mtal qui entravent nos voyelles nos esprits alourdis

    qui ne rvent que de laisser l'esprit courir loin au del des murs de ciment ferraills infranchissables douves de sacs plastique et chimie d'pines

    Cases de joncs ondulation vgtale maison vent

    Harmattan rouge brun de terre

    farouche

    Ces mots ces mots ces mots on les entend des quatre mains de l'homme des cinq hanches de la femme rsonner gmir chanter triompher envahir le ciel l'arbre l'eau la poussire

  • s'envoler aux dents des fleuves et transmettre l'oiseau qui approuve au poisson ravitailleur de la rive trache d'eau

    Lune

    chant bariol

    berceuse des couleurs

    crpuscule au sourire de l'enfance crie et sourit

    ces mots

    NEVERMORE,

    NEVERMORE ,

    NEVERMORE