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EUREKA PLANÈTE CONNECTÉE numéro 2 JANVIER 2015 Sommes-nous prêts pour la révolution qui s'annonce ?

ALTEN EUREKA 2

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Planète connectée : sommes-nous prêts pour la révolution qui s'annonce ? Parcourez ce 2e numéro d'EUREKA, la revue ALTEN consacrée à l'innovation technologique.

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EUREKAPLANÈTE CONNECTÉE

numéro 2

janvier 2015

Sommes-nous prêts pour la révolution qui s'annonce ?

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sommaire

p.7 smart citiesUn modèle urbain riche de promesses

p.8 smart buildingsDes bâtiments plus sobres et plus sûrs

p.10véhicule collaboratifLa voiture qui guide et qui protège

p.12 ces objets qui nous changent la vie

Publication éditée par ALTEN

Directrice de la publication : Sandrine ANTIGNAT-GAUTIER

responsable d’édition : Sylvie BREANT

conception, rédaction, réalisation :

76 bd du 11 Novembre69100 Villeurbanne www.pemaco.frwww.caracas.fr

illustrations : Shutterstock

ALTEN remercie toutes les personnes qui ont bien voulu participer à ce document.

ALTEN Direction de la Communication, 221 bis boulevard Jean-Jaurès, 92514 Boulogne-Billancourt cedexwww.alten.fr

p.14 industrie 4.0Un saut technologique moteur de croissance

enjeux

p.4 Sommes-nous prêts pour la révolution qui s'annonce ?

Planète connectée

conditions du succès

p.16 quels enjeux ? quel contrôle ?Déployer une imagination éthique éloignée des critères habituels

p.17 cybersécurité et confi anceRisques acceptables versus bénéfi ces attendus

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ALTEN acteur de l'industrie 4.0 et de l'internet des services

édito

Eurêka, revue éditée annuellement par la Direction de la Communication d’Alten, a pour ambition d’être un observatoire des tendances et des réalités de notre environnement technologique et industriel, et, en reprenant notre place d’utilisateur, de notre environnement au quotidien. Dans ce deuxième numéro, nous avons choisi d’aborder un thème devenu incontournable, l’Entreprise Connectée, une nouvelle donne qualifi ée par certains acteurs de « véritable révolution », grâce aux avancées déterminantes dans le domaine des services à valeur ajoutée pour l’industrie que promet, après l’avènement d’Internet, l’utilisation des objets intelligents. Bâtiment intelligent, véhicule collaboratif, dossier médical connecté, sont abordés dans notre revue comme autant d’exemples de ce que la compatibilité entre les cyber-objets peut créer en termes de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de comportements, ainsi que de limites nécessairement associées. Dans un marché lié à 70 % aux services, les objets connectés, qui se situent au carrefour de nos trois secteurs d'activité – conseil en technologies, réseaux, télécom & multimédia, et systèmes d'Information –, représentent un axe d’activité évidemment important pour Alten, qui est naturellement conseil et partenaire de tous les acteurs de cet écosystème de transformation. Nous espérons que cette nouvelle édition d’Eurêka contribuera, au travers des points de vue et expertises de spécialistes de ces domaines, à mettre en évidence les enjeux majeurs liés à cette nouvelle économie des usages.

DIRECTION DE LA COMMUNICATION

groupe Alten

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Planète connectée Sommes-nous prêts pour la révolution qui s'annonce ?

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INTRODUCTION

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l’avènement d’internet a révolutionné le monde. dans le domaine

de la communication bien sÛr, mais aussi du commerce, de la finance, de l’art,

et aujourd’hui de l’industrie. après l’internet des humains avec notamment

l’explosion des réseaux sociaux, s’ouvre à présent celui des objets,

des objets désormais intelligents.

« l’internet des oBjets vA vrAisemBlABlement nous faire passer D'une éConomie de la Consommation, fonDée sur lA possession Des oBJets, à une éConomie des usages, puis ultérieurement à une éConomie des saVoirs. »

« Une véritable révolution est en cours », explique Philippe Gautier(1), dirigeant de la société Business2Any, et auteur du livre L’Internet des objets : Internet, mais en mieux. « Aujourd’hui, on crée des applications, pour effectuer des tâches déterministes qui sollicitent encore beaucoup les humains. Pensez aux auto-mates, aux bras articulés dans l’industrie automobile ou sur les chaînes de production, pensez aux programmations possibles à distance du système de chauffage de votre habitation… Si survient une faille ou un bug dans la programmation, sans intervention humaine le système est en impasse. L’internet des objets – ou objets connectés –, ce ne sont pas des gadgets supplémentaires qui vont venir encombrer un peu plus notre environnement. Au contraire, ils devraient, en tant qu'acteurs, nous assister, car ils seront dotés non seulement de capteurs mais aussi d’une intelligence logicielle qui les rendra capables d’apprendre de leurs expériences, et ainsi d’adapter leurs comportements en fonction des événements et des buts poursuivis. Ils auront leur propre autonomie et l’homme sera là en tant qu’arbitre. Ainsi, dans l’industrie par exemple, grâce à ces objets connectés, vont se mettre en place des relais opérationnels capables de gérer des tâches complexes, permettant ainsi de valoriser le capital humain dans l'organisation. »

de nouVelles perspeCtiVes éConomiquesSelon l’Idate(2), il y avait déjà plus de 23 milliards de “choses” connectées en 2013 contre 4 milliards en 2010. En 2020, il devrait y en avoir 80 milliards. Ces cyber-objets qui existent déjà – voitures, lunettes, électroménager, thermostat, brace-lets fi tness – vont encore évoluer, et cela constituera une étape essentielle de cette révolution selon Philippe Gautier. Ces objets intelligents deviendront progressivement compatibles les uns avec les autres, ce qui leur permettra de s’auto-organiser entre eux, de gérer par eux-mêmes leur propre intégration dans un milieu donné. Des plateformes mutualisées d'administration des données cèderont progressivement la place à des intelligences autonomes et distribuées. « C’est là que réside le véritable enjeu, précise Philippe Gautier. D’un point de vue strictement économique, l’internet des objets va vraisemblablement nous faire passer d'une économie de la consommation, fondée sur la possession des objets, à une économie des usages, puis ulté-rieurement à une économie des savoirs. » La valeur écono-mique d’un bien se défi nissant par son utilité et par sa rareté, explique-t-il, nous l’achetons pour l’avoir à disposition, même si son usage est occasionnel. Si demain les objets sont intelligents et interconnectés, nous pourrons leur déléguer le pilotage de leurs

propres conditions d’accès et de partage (critère de rareté), et ainsi passer d’une logique de paiement pour la possession des objets à une logique de paiement pour leurs seuls usages. Les exemples précurseurs sont ceux du co-voiturage et des vélos en libre partage. Encore que… Rares sont les solutions existantes interopérables entre elles. On pourrait imaginer que, demain, dans un contexte d’internet généralisé, mon secrétariat virtuel qui gère entièrement mon planning, sachant que je pars en week-end, recherche automatiquement un véhicule à l’heure dite pour la destination requise en se connectant aux différents sites de co-voiturage ou d’auto-partage, échangeant avec eux, négociant des horaires, etc.« Adaptée au contexte des PME, cette réfl exion pose à court terme la question de savoir s’il est rentable d’investir dans des bureaux, de posséder des infrastructures téléphoniques dédiées, des fl ottes de véhicules propres, etc. Autant d'équipements qui sont généralement sous-utilisés et qui pourraient être mutualisés si les conditions d'accès et de partage étaient facilitées, reprend Philippe Gautier. Nous nous dirigeons, c’est certain, vers un yield management(3) généralisé, avec des objets autopartagés. Si au-jourd’hui nous produisons beaucoup, demain nous pouvons nous attendre à ce que l’on produise moins, et que se développe toute une économie de recyclage, de maintenance – pour des objets qui seront utilisés avec un maximum de rendement opérationnel. Nos modèles économiques vont donc énormément évoluer. La valeur des choses sera un peu plus déterminée par le critère d'utilité, alors que c'est celui de rareté qui prime aujourd'hui. »

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industrie 4.0, Cloud et Big dataPour l’industrie, l’internet des objets s’annonce comme un enjeu majeur. Le processus est déjà enclenché. 90 % des process en fabrication industrielle mettent en œuvre les technologies de l’information et de la communication, et 96 % des entreprises envisagent d’utiliser l’internet des objets d’ici trois ans (www.industrie-techno.com). Les cyberobjets disposant d’une double nature – physique, avec éventuellement de l’électronique embar-quée, et virtuelle avec une intelligence logicielle associée – vont pouvoir garantir une fiabilité et des performances accrues. Les chaînes de logistique et de production, de plus en plus connec-tées et robotisées, vont ainsi gagner en intelligence et donc en autonomie. « Emerge alors une nouvelle problématique : celle du traitement et du stockage de toutes ces données, constate Philippe Gautier. Celles-ci pourront, soit être déportées ailleurs, dans un Cloud, soit être embarquées dans l’objet, ou encore être centralisées dans un Big Data. Cependant, toutes les infor-mations n’auront pas besoin d’être centralisées. Par exemple, un problème sur une chaîne de production ne va pas impacter toute la stratégie de l’entreprise. Le bon traitement de l’informa-tion devra être le plus subsidiaire possible, être au plus près du contexte pour résoudre les problèmes s’il y en a, et ne remonter l’information au niveau central que si cela est utile aux objectifs généraux de l’entreprise. »

INTRODUCTIONINTRODUCTION

Vers une soCiété 4.0 ?La sécurité des données tant au niveau des entreprises que de la société en général dans le contexte d’interconnexions généralisées est une priorité. « Bien sûr cela va améliorer nos vies. Je prends l’exemple des smart cities dans lesquelles tout sera connecté : la circulation, le chauffage, les transports, les habitants, etc. Nous allons y gagner en efficacité, en sûreté, en confort, en compétitivité… Mais tous ces renseignements sur tout le monde peuvent aussi servir à d’autres fins, moins avouables. Le scandale de la NSA est toujours là », interpelle Michel Blay(4), directeur de recherche émérite au CNRS et auteur du livre L’existence au risque de l’innovation. « Il faut réfléchir à ce que l’on fait. Sait-on vraiment où vont toutes ces données, et qui les contrôle ? » La mise en place de solutions de protection est donc vitale. Mais au-delà de cet aspect, sommes-nous prêts globalement pour ces grandes mutations à venir, dans nos modes de vie, nos façons de travailler ? « Non, répond d’emblée Philippe Gautier. Tout d’abord parce que ce type de cyberobjets ne nous est pas encore proposé en grand nombre. Les modes de conception et de pro-duction de logiciels intelligents ne sont pas enseignés dans les écoles, on en est encore à produire un logiciel pour un besoin

(1) Philippe Gautier et Laurent Gonzalez. L’Internet des objets : Internet, mais en mieux. Ed Afnor 2011.(2) L’Idate est un bureau d'études et un think tank spécialisé dans l’économie numérique, les médias, l'internet et les télécommunications.(3) Le yield management est une technique marketing de tarification flexible utilisée dans les secteurs d’activités qui se caractérisent par une forte présence de coûts fixes d’une part, et une certaine inertie de l’offre proposée d’autre part. C’est le cas par exemple de l’hôtellerie, du transport aérien. Le yield management consiste à maximiser le chiffre d’affaires généré en jouant sur les variables prix et le coefficient d’occupation à l’aide d’une politique de tarification différenciée.(4) Michel Blay. L’existence au risque de l’innovation. CNRS Editions 2014.

fonctionnel donné, et non capable d’apprendre tout seul. Plus il y en aura, plus les services rendus se développeront, et plus nous les intégrerons dans nos modes de vie. » L’important n’est pas la multiplication de capteurs, mais la nécessité d’en extraire du sens. Avec l’internet des objets, la valeur se déplace dans le service. « Internet est un écosystème en constante évolution : il s'agit aujourd'hui du système socio-technico-économique le plus com-plexe qui soit, conclut Philippe Gautier. L'internet des objets apparaît comme une étape naturelle de l'informatisation de l'économie et de la société, du déploiement du numérique. »

ENJEUX

90 % des proCess en faBriCation industrielle mettent déjà en œuvre les technologies de l’information et de la communication, et 96 % des entreprises envisagent d’utiliser l’internet des objets d’ici trois ans.

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Smart cities Un modèle urbain riche de promesses

environnement, énergie, sécurité, transports, habitat… autant de domaines

stratégiques pour les villes qui voient dans le numérique et l’interconnexion

généralisée l’opportunité de révolutionner l’organisation urbaine. souvent

les technologies existent. restent à inventer les modèles économiques

qui vont avec.

La ville de demain sera intelligente (ou “smart”, terme qui couvre de façon plus générique un modèle urbain complexe) ou ne sera pas. D’ici 2050 en effet, selon les Nations unies, 75 % de la population mondiale vivra en ville, contre 50 % aujourd’hui. Or, se posent déjà de façon prégnante les questions du logement, de la pollution, de la mobilité, de la gestion de l’énergie, de l’ap-provisionnement sécurisé et garanti en eau potable... Le champ d’actions des villes couvre la plupart des domaines stratégiques, d’où l’urgence pour elles de devenir intelligentes afi n d’une part de satisfaire les besoins de leurs habitants, mais également de gagner en attractivité, en compétitivité, pour séduire les inves-tisseurs potentiels (entreprises, touristes, administrations, etc.) et accroître leur dynamisme. Le tout dans le cadre d’une enveloppe budgétaire non extensible.

ENJEUX

Selon Philippe Baudouin, responsable de la Practice Schémas Directeurs Numériques à l’Idate, la réfl exion va encore plus loin. « Si, pour les acteurs industriels, l’engouement pour les objets connectés signifi e le déploiement d’un nouveau marché, pour les collectivités territoriales en revanche c’est plus compliqué. Il y a d’une part les coûts à ne pas négliger, mais aussi la question de la gestion et de la valorisation de cette masse de données, et enfi n le problème des standards. Car, pour les villes, l’inter-connexion doit être transversale entre les services. La ville de Montpellier, par exemple, est en train de développer avec IBM un projet de plateforme “cité intelligente” ; leur problématique actuelle consiste à défi nir, pour l’ensemble des données et dans un contexte de transversalité, la façon de les traiter, à qui elles appartiennent et qui les contrôle. »

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ENJEUX

la plupart des villes engagées dans

la transition vers la smart city se

mobilisent prioritairement sur deux

grands chantiers : la réduction des

consommations énergétiques et

la fluidification du trafic routier.

elles y sont encouragées par les

technologies mises à leur disposition

et par les résultats déjà enregistrés.

f Cusl’open data en questionLes perspectives de création de nouveaux services grâce à l’Open Data sont aujourd’hui fragilisées. La mise à disposition pour les usagers d’un service gratuit d’info trafic, par exemple, couplé aux disponibilités en temps réel des transports en commun, pose un problème de viabilité. « Les collectivités ont besoin de retours sur investissement, de plateformes qui ont un gain à offrir. Prenons le cas de Rennes, qui a été ville pionnière en matière d’appli-cations en lien avec la mobilité, elle ne porte plus de projets de développement dans ce domaine. Les capteurs et les structures de gestion représentent pour la ville un poids économique trop lourd. » Pour fluidifier le trafic en centre ville, la ville de Nice développe pour 2015 une application gratuite qui renseignera les automobilistes en temps réel sur les places de parking dis-ponibles en surface. Pour ce faire, elle a équipé 14 000 places de stationnement avec des capteurs. Coût de l’opération : entre 13 et 15 millions d’euros. L’impact sur le trafic se mesurera avec le temps sachant qu’aujourd’hui il faut en moyenne 30 minutes pour trouver une place, ce qui représente 20 % du trafic. Pour Philippe Baudouin, « c’est un marché qui s’ouvre. Concernant la mobilité, les collectivités doivent aussi trouver des solutions avec des acteurs privés, déjà détenteurs d’applications très fines de prédiction de trafic. Ce sont les débuts, mais on sent une réelle volonté d’aboutir. »

des éConomies d’énergie mieux maîtriséesLa maîtrise des consommations énergétiques représente un autre chantier majeur pour les villes. Ce sont dans les secteurs où elles sont directement décisionnaires, comme l’éclairage public ou l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments com-munaux, que les efforts s’orientent. De nouvelles infrastructures techniques sur la base d’objets connectés peuvent, là, contribuer à de réelles économies : par exemple, la mise en place de systèmes intelligents à base de capteurs, capables de moduler l’éclairage et le chauffage des bâtiments en fonction, d’une part, des apports extérieurs de lumière et de chaleur et, d’autre part, des heures et du taux d’occupation des bâtiments. Concernant l’éclairage public, la ville de Besançon a investi dans ce domaine, et table sur un retour d’investissement à trois ans, avec à la clé 42 à 50 % d’économie d’énergie, et des retombées directes sur sa facture. Outre le remplacement de toutes les ampoules, elle a mis en place des régulateurs électroniques de tension qui réduisent de 50 % l’éclairage public de 22h à 6h du matin. De plus, en période de grand froid, où le pic de consommation des ménages se situe vers 19h, l’éclairage public se met en veilleuse dès 18h et les habitants sont invités à reporter l’utilisation des machines (sèche-linge, lave-linge, etc.) après 21h.

Ces exemples en témoignent : la smart city n’est plus un concept virtuel mais une réalité en marche. L’enjeu consiste à organiser les nombreux et coûteux chantiers qu’il est indispensable d’initier en tirant le meilleur parti des technologies connectées disponibles et à venir. Ou comment déployer ce potentiel de services de façon structurée, efficace, et économiquement viable. La question vaut pour les villes comme pour tous les autres domaines.

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Le bâtiment représente à lui seul presque 40 % de la consomma-tion d’énergie finale de la France et près de 25 % des émissions de CO2. Améliorer son efficience énergétique est l’un des grands enjeux à venir. « Il existe déjà des systèmes qui permettent de pi-loter de façon active les bâtiments, explique Laurent Lebouchard, directeur régional Grand-Ouest Bouygues Energies et Services FM France. Avec Alten, nous avons développé la technologie Hypervision qui, couplée à une GTC – gestion technique centra-lisée –, assure un suivi et une optimisation de la consommation énergétique d’un bâtiment ».

des Capteurs intelligents pour améliorer la performanCe du BâtimentComment est-ce que ça fonctionne ? Le système récupère les données de consommation de l’éclairage, du chauffage, des ascen-seurs, etc. et, parallèlement, des capteurs intelligents analysent les paramètres d'influence de ces consommations, comme la météo ou encore le nombre de personnes présentes dans les pièces. Pouvoir détecter les activités au sein du bâtiment représente un gisement d’économie d’énergie potentielle. L’objectif visé consiste à améliorer la performance délivrée, à consommation énergétique égale ; ou à consommer moins tout en apportant un même niveau de service.Prenons l’exemple d’un bâtiment de bureaux : durant le week-end, en l’absence d’occupants, le chauffage est réduit au minimum. L’idée consiste à détecter le moment le plus opportun, dans la nuit du dimanche au lundi, pour relancer les installations afin qu’à l’ou-verture des bureaux, le lundi matin, le niveau de confort pour les occupants soit optimal. Trois millions de mètres carrés de bâtiments sont déjà gérés par la technologie Hypervision. « Gecina, l’une des plus importantes sociétés foncières d‘immobilier d’entreprises nous a confié le déploiement de ce service sur l’ensemble de son patrimoine tertiaire, poursuit Laurent Lebouchard. Le retour sur investissement est estimé à moins de deux ans. »

Smart buildings :des bâtiments plus sobres et plus sûrs

Alten et Bouygues energies & services

un pArtenAriAt r&D orienté

efficAcité énergétique

Le partenariat signé le 14 octobre dernier entre la Direction Innovation et Technologies de Bouygues Energies & Services et la Direction R&D d’Alten inscrit les deux sociétés dans une démarche de co-développement technologique orientée innovation et développement durable. Cette démarche originale est distincte mais néanmoins complémentaire des liens commerciaux existant déjà. En effet, les travaux de recherche, menés dans ce cadre par Alten sur fonds propres, lui permettent de développer de nouvelles compétences, tout en apportant à Bouygues Energies & Services des connaissances sur de nouvelles solutions. De cette collaboration, initialisée début 2014, les premiers projets engagés concernent l’instrumentation des bâtiments, l’analyse des usages, et la maîtrise des consommations.

Bouygues Energies & Services conçoit, met en œuvre, exploite et maintient des réseaux (infrastructures d’énergies, infrastructures numériques, génie électrique et thermique, éclairage public, etc.) et assure des services de proximité (facility management, maintenance industrielle, etc.). Avec 200 établissements en France, une présence dans plus de 20 pays, et un effectif de 12 000 personnes, Bouygues Energies & Services a réalisé 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2013. www.bouyguesenergiesservices.com

f Cus

D’autres axes de développement de ce service sont à l’étude. Ainsi, avec la loi de dérégulation du marché de l’énergie qui entrera en vigueur le 1er janvier 2016, les entreprises auront besoin d’un outil d’aide au choix de leur fournisseur d’énergie, en fonction de leur propre profil consommateur. De même, des recherches sur une maquette numérique du bâtiment, en construction ou déjà existant, permettront d’affiner encore son efficience énergé-tique. « L’important, conclut Laurent Lebouchard, n’est pas une course à la technologie pour la technologie. Le smart building n’a d’intérêt que dans l’usage – la sobriété qu’il atteint – et le confort qu’il apporte. »

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Véhicule collaboratif : la voiture qui guide et qui protège

ENJEUX

en cours de recherche au sein

de la direction r&d du groupe alten,

le véhicule collaboratif sera la voiture

intelligente de demain. objectif :

accroÎtre la sécurité sur les routes par

l’échange et le partage d’informations

entre véhicules.

« Nous développons actuellement trois grands axes de recherche autour du véhicule collaboratif, explique Stéphane Jeanty, directeur R&D adjoint du groupe Alten. Le premier s’intitule Le véhicule connecté. Il s’agit d’équiper la voiture de plusieurs capteurs, vidéo embarquée, détecteur de tempé-rature, etc., qui vont permettre de collecter des données locales. Celles-ci seront ensuite analysées par un logiciel, traduites pour être exploitables, puis envoyées sur un cloud. Imaginons que sur-vienne un brusque changement de temps avec orage et pluie abondante qui altèrent la visibilité. Le cloud recueillera simultanément les informa-tions émanant de tous les véhicules équipés du même système et nous pourrons vérifi er que toutes les informations collectées au même endroit coïn-cident. Pour les affi ner, nous ferons ensuite appel au Big Data, pour aller chercher des informations complémentaires sur un site de météo ou d’infos trafi c – historique météo de la veille, du mois pré-cédent, de l’année précédente – et vérifi er si la zone impactée est une zone connue de précipitations. L’information certifi ée, accompagnée de messages d’alerte le cas échéant, sera alors envoyée à tous les véhicules susceptibles de se rendre dans cette zone. » « Il existe déjà un logiciel de GPS colla-boratif, Waze, qui compte plus de deux millions d’utilisateurs en France, ajoute Stéphane Jeanty. Cependant, il fonctionne sur un principe déclara-tif : c’est l’utilisateur qui doit donner l’alerte. La nouveauté de notre système réside dans la col-lecte automatique des informations par un logiciel embarqué dans le véhicule. C’est plus fi able. »

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VeHiCle to VeHiCleAlten développe un autre axe de recherche concer-nant la communication entre véhicules mais, cette fois, sans passer par le cloud. Par exemple, lorsqu’un événement critique survient, l’automobiliste freine brusquement. Certaines voitures disposent déjà d’un système qui déclenche automatiquement les feux de détresse. Là, le programme enverra immé-diatement un signal aux autres véhicules “Attention freinage brutal“. Cette connexion inter véhicules permettra également aux conducteurs se trouvant dans une zone sans réseau de communiquer via une autre voiture située elle dans une zone couverte et faisant offi ce de relais.

l’aide À la Conduite dans le BrouillardPour sécuriser la conduite en cas de brouillard, Alten travaille sur la mise au point d’un logiciel qui pourra “nettoyer” l’image perçue par l’œil de l’automo-biliste et retransmise par un capteur vidéo, afi n de détecter des éléments potentiellement dange-reux. En enlevant le fl ou généré par le brouillard, des obstacles ou des consignes invisibles par l’œil humain seront ainsi identifi és – un objet sur la route, un panneau, un virage – et le conducteur en sera averti. Dans une deuxième phase, on peut même envisager que le système prenne temporairement le contrôle de la voiture – c’est-à-dire freine ou dirige le volant pour éviter un impact. Toutes les infor-mations relatives à la zone située dans le brouillard pourront ensuite être partagées automatiquement sur le cloud pour prévenir les autres véhicules.

le traitement de l’HYpoVigilanCeDes solutions, encore à l’état de recherche, existent pour prévenir l’endormissement au volant : elles identifi ent la fréquence des clignements d’yeux et enclenchent des systèmes pour réveiller le conduc-teur en cas de diminution de sa vigilance. La direc-tion R&D d’Alten réfl échit, elle, à un ensemble de capteurs non intrusifs qui vont permettre de collecter des constantes médicales du conducteur, d’identi-fi er des comportements et des pathologies, comme l’endormissement ou même la survenue d’une crise cardiaque, et d’envoyer ensuite ces informations sur le cloud pour avertir les secours, s’il y a lieu. L’endormissement se caractérisant par des constantes telles qu'une pression sanguine modifi ée et une res-piration symptomatique, le volant pourra être équipé d’électrodes pour mesurer la pression sanguine et un accéléromètre placé dans la ceinture de sécurité renseignera sur les fréquences respiratoires. « Nous travaillons également sur plusieurs types de cap-teurs, notamment des capteurs de pression dans les sièges capables d’identifi er la position de l’uti-lisateur, poursuit Stéphane Jeanty. Ou encore à la possibilité d’installer un micro dans la ceinture de sécurité pour écouter précisément les battements du cœur. L’important étant de recueillir au plus vite le maximum d’informations pour pouvoir réagir en cas de problème. » « Cependant, met en garde le directeur R&D adjoint d’Alten, ces solutions inno-vantes doivent s’accompagner obligatoirement d’une recherche sérieuse de solutions concernant la cybersécurité et le respect de l’éthique. Ces don-nées sur l’état de santé de l’automobiliste, son véhi-cule les connaît, on peut aussi considérer que son assureur peut y avoir accès, ou encore sa banque, ou même Google qui peut s’en emparer à des fi ns commerciales. Cybersécurité et éthique sont les grands chantiers de la recherche dans les années à venir, un enjeu essentiel du développement des objets connectés. »

c'est l'AutomoBile qui DevrAit enregistrer lA plus forte croissAnce D’oBJets connectés : 3,5 milliArDs en 2020, soit 19 fois plus qu’en 2014 (Source : Gartner)

Les secteurs tels que le Transport, l’Energie, la Santé, les Télécoms et l’IT perçoivent les objets connectés comme un vecteur d’innovation dans les services, une évolution des business models et de nouvelles opportunités au sein de leurs écosystèmes actuels. Autant de thèmes abordés dans le Livre blanc d'Alten sur l'Internet des Objets.

Pour recevoir ce Livre blanc, inscrivez-vous sur :www.alten.fr

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si 60 % du marché des objets connectés concernent aujourd’hui le secteur du fitness et de la e-santé, avec les bracelets high-tech ou

les podomètres 2.0, l’hôpital numérique, la maison intelligente pour tous, notamment pour les plus âgés, sont en train de

révolutionner nos habitudes.

Les appartements intelligents de Villeneuve d’Ascq Dans la région Nord-Pas-de-Calais, le bailleur social Habitat du Nord – 8 500 logements –, s’est lancé depuis juillet 2013 dans un projet d’habitat connecté. « Une nouvelle résidence de 38 loge-ments allait nous être livrée, nous avons décidé de tester gran-deur nature tous les aménagements possibles qui amélioreraient notre service au client, de voir ce qui fonctionne ou pas, ce qui est utile ou pas grâce à la concertation avec les habitants, pour ensuite étendre ces innovations à l’ensemble du parc », explique Stéphane Berriot, responsable des systèmes d’information chez Habitat du Nord.

Premier volet : le programme Energy Coach consiste à doter chaque logement de 5 capteurs – sur le thermostat (mesure de température + degré d’hygrométrie), les compteurs d’eau, de gaz et d’électricité – avec comme objectif de permettre aux occupants de maîtriser leur consommation d’énergie, donc leurs factures. Un élément crucial dans le budget de nombreux habitants. Les capteurs sont reliés à la box centrale de la résidence, les don-nées transmises via internet au prestataire qui les dépose sur une

Ces objets qui nous changent la vie

plateforme dédiée et accessible aux locataires depuis leur ordi-nateur, tablette ou smartphone. Si survient une dérive dans les mesures en regard de la moyenne, une alarme prévient immédia-tement le locataire. Trois autres capteurs, placés sur l’ascenseur, la VMC et les poubelles (puces RFID avec calendrier de sortie), informent en cas de panne ou de non sortie des poubelles, via la box centrale, le bailleur sur sa plateforme GRC (gestionnaire de la relation client), plateforme qui prévient simultanément le prestataire concerné et les habitants par SMS ou mail.

Second volet : la mise en place de services à destination des personnes âgées ou vulnérables (handicapées ou isolées). Pour rompre l’isolement et faciliter les communications en cas d’ur-gence, les trois appartements occupés par ces personnes sont équipés du système Tély HD : une caméra branchée sur la télé-vision, qui fonctionne en visiophonie, avec télécommande et numéros préenregistrés, ceux des proches, du bailleur, du méde-cin traitant, des services sociaux. A terme, ce système pourrait également servir à la télémédecine. Chaque personne est égale-ment dotée d’une montre Vivago qui envoie un signal d’alerte à la famille et aux services d’urgence en cas de chute, de malaise, d’immobilité prolongée. Un appel via Tély HD permet de visualiser immédiatement ce qui se passe.

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ENJEUX

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mondossiermedical.ch Testé grandeur nature par les Hôpitaux Universitaires de Genève sur l’ensemble du canton depuis juin 2013, le dossier médical connecté a pour objectif de garantir une meilleure coordination entre les différents acteurs du réseau de soins et ainsi de faciliter la continuité des soins pour les patients. Partagé en ligne par les patients et l’ensemble des prestataires de soins, y compris les pharmaciens, le dossier médical apporte une vision globale de l’état de santé du patient, avec un historique de toutes les données (analyses, hospitalisations, etc.). Il favorise, aussi bien à l’hôpital que chez un médecin de ville, une prise en charge plus appropriée ; il permet au pharmacien de vérifier l’adéquation d’une prescription à la sortie de l’hôpital en tenant compte des antécédents du patient, à l’infirmière à domicile de consigner en temps réel dans le dossier de nouveaux paramètres. Pour les patients, cela signifie plus de transparence (l’accès à leur dossier est direct) et plus de sécurité. Selon Philippe Schaller, médecin généraliste, « un patient qui a adhéré à ce système bénéficie probablement d’un meilleur suivi, car je peux connaître son traitement antérieur, ses problèmes, ses antécédents. »

Home sweet digital home Commandes centralisées, caméras détecteurs de présence, capteurs d’analyse de la qualité de l’air... La maison devient communicante et programmable à l’infini, selon les souhaits de chacun, à l’aide de capteurs dédiés sur les appareils et objets sélectionnés. Il suffit d’une tablette ou d’un smartphone, asso-cié à un logiciel domotique ou à un serveur, et vous pilotez de chez vous ou à distance votre réveil (avec ouverture des volets, désactivation de l’alarme, mise en route de la télé sur votre programme habituel), le retour des enfants de l’école, la cuisson de votre dîner, etc. A la clé : davantage de confort, de sécurité, et des économies d’énergie. On pourrait même imaginer dans un futur pas si lointain que le serveur soit connecté à votre application e-santé Tracker d’activités ; à votre retour du bureau, fatigué, vous trouveriez une maison adaptée à votre forme du moment, avec lumières tamisées, douce chaleur et, en fond sonore, votre musique préférée…

Ces objets qui nous changent la vie

au niveau mondial, on estime à une cinquantaine de milliards le nombre d’objets qui vont être connectés à court terme, soit dix fois plus que le nombre de smartphones. cette évolution va transformer notre vie quotidienne en créant de nouveaux usages : dans le domaine de la santé, de l’éducation, du transport, de la sécurité des habitations, et dans de nombreux aspects de la vie quotidienne. la france peut compter sur un tissu dynamique de start-up qui se sont positionnées très tôt sur le sujet. qui sait qu’en 2012, sur les douze premiers objets connectés les plus vendus aux états-unis sur l’apple store, cinq étaient français ?(1)

le plan objets connectés, l’un des 34 plans de la nouvelle france industrielle (ministère de l’economie et des finances - http://www.economie.gouv.fr/nouvelle-france-industrielle), a l’ambition de développer la filière française pour en faire un leader mondial.

(1) Source : Proxima Mobile (portail de services aux citoyens sur terminaux mobiles – Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) http://www.proximamobile.fr/article/5-appareils-francais-parmi-les-12-objets-connectes-les-plus-vendus-sur-l-apple-store-america

aCquisition d’oBjets ConneCtés pour la santé et la maison en franCe : 150 millions d’euros en 2013, 500 millions estimés en 2016 (Source : cabinet d’études économiques Xerfi France)

les oBJets connectés

lA french touch s’impose à l’internAtionAl

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Ce bouleversement technologique majeur offre pour l’industrie à horizon 2020 un extraordinaire champ d’innovation, de progrès et de croissance. On parle même de quatrième révolution industrielle, d’où l’appellation Industrie 4.0. Comme toutes les autres révolutions industrielles, celle-ci est concomitante de progrès scientifi ques, techniques et organisation-nels, facteurs de profonds changements. Si la première révolution industrielle désigne la production mécanique avec la vapeur et l’hydraulique, la deuxième se caractérise par la produc-tion de masse avec l’arrivée de l’électricité. La troisième correspond à la production automatisée avec les automates et les robots. Aujourd’hui, ce sont l’informatique et les télécommunications associées qui sont les annonciateurs de la quatrième révolution industrielle. Mature au plus tôt vers 2020 – les spécialistes allemands à l’origine du concept estiment qu’il faudra à peu près dix ans pour disposer d’usines 100 % Industrie 4.0 –, la cyber-usine évoluera dans un système d’interconnexion généralisée, disposant d’unités fl exibles entièrement automatisées – ce qui existe déjà – mais aussi intelligentes et capables de communiquer entre elles. Et c’est bien là le point clé de cette révolution. Un système qui englo-bera tous les process de production, de la conception des produits à l’introduction de la matière à usiner, jusqu’à l’emballage et au stockage. Le système pourra programmer et piloter la fabrication des produits en fonction du client destinataire et sera capable de les personnaliser (taille, couleur). Même la chaîne logistique, en amont comme en aval du cycle du produit, pourra être prise en compte.

a quoi ressemBlera l’industrie 4.0 ?Il ne s’agit pas de tout réinventer. Le passage de l’industrie 3.0 à l’industrie 4.0 ne remet pas en cause les investissements engagés et les principales briques technologiques qui permettront cette transi-tion existent déjà. Cette révolution ne sera pas tant technologique qu’organisationnelle : la nature du travail et les modes de production vont changer radicalement. L’accent sera mis sur des systèmes cyber-physiques (CPS) complets. La fabrication s’opèrera sans intervention humaine en interaction entre les produits et les machines, et entre les machines elles-mêmes, en intégration horizontale, et non plus ver-ticale comme aujourd’hui. Règles et paramètres de production une fois déterminés par l’homme, c’est le CPS qui simulera et comparera les options de production et proposera au fi nal la solution optimale.Technologies intelligentes et connectivité étendue, généralisation de produits communicants, d’objets connectés, d’automates et de robots de plus en plus autonomes, présence prépondérante de logiciels de simulation, de gestion de production et de sites, avec en parallèle une véritable stratégie de gestion de l’énergie : ainsi se profi lent les composants de l’usine de demain. Ces mutations offrent de nouvelles perspectives pour l’industrie : la modélisation 3D, le prototypage grâce à l’impression 3D, ou encore le concept d’usine virtuelle pour opti-miser l'implantation des postes d’usinage/assemblage, simuler leur fonctionnement global et dans le détail, puis concevoir les systèmes de contrôle/commande, et ainsi éviter les aléas souvent coûteux qui surviennent lors de la mise en route d’une ligne de production. En deve-nant de plus en plus intelligents, les capteurs gagneront en pertinence, en précision et en autonomie décisionnelle. Ils permettront par exemple de renseigner plus fi nement sur les problèmes de maintenance et ne solliciteront une intervention que lorsque ce sera réellement nécessaire : c’est ce que l’on nomme déjà la maintenance conditionnelle.

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ENJEUX

cyber-usine, usine digitale, smart industries, usine du futur… quel que soit

le vocable, il désigne les profondes mutations qui bouleversent actuellement

l’ensemble du secteur industriel, et que l’on peut résumer par l’intégration

des technologies de l’internet dans les processus de production.

Industrie 4.0 Un saut technologique moteur de croissance

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de nouVelles perspeCtiVes éConomiques« La crise a accéléré la chute de la compétitivité et du déclin industriel européen, explique Antonio Tajani, actuel vice-Président du Parlement européen, et jusqu’en juillet 2014 Commissaire européen en charge de l’Industrie et de l’Entrepreneuriat. Telles sont les principales causes du chômage, qui est déjà supérieur à 12 %. Malheureusement, pendant la crise, le PIB pour la production est passé de 20 % à 15,2 %, et devrait revenir à 20 % en 2020. Comment pouvons-nous atteindre cet objec-tif ? Nous pensons que des formes d’industries, comme l’Advanced Manufacturing, les Smart Industries et l’Industrie 4.0 aideront à franchir le cap. La compétitivité industrielle joue un rôle clé dans la relance de la croissance et de l'emploi. » A l’heure de la globalisation, où la concurrence économique et celle des marchés se jouent à l’échelle mondiale, il importe pour rester dans la course de privilégier l’innovation et d’offrir des produits qui s’adaptent aux marchés à croissance rapide et à forte valeur ajoutée, où qu’ils soient

dans le monde. Pour ce faire, l’intégration et l’exploitation des technolo-gies du logiciel et du numérique dans les processus de production vont permettre de s’adapter en souplesse et en temps réel aux demandes les plus diverses. « En France, avec la crise, le poids de l’industrie est passé de 18 % à 12 % du PIB. Il est impossible de se satisfaire d’un tel résultat, nous devons nous battre contre la désindustrialisation, estime Vincent Jauneau, Président du Comité de Marché Industrie du Gimélec. Nous arrivons à une étape clé technologique, Industrie 4.0, et c’est lors de sauts technologiques qu’il est possible de retrouver de la compétitivité. Sachons en profiter. » Cette prise de conscience a été entendue par les pouvoirs publics. Après l'Industrie 4.0 initiée par l'Allemagne en 2011, a été lancé en 2013 en France le plan Usine du Futur (voir encadré). Pour réussir ce défi, trois critères ont été jugés primordiaux : la culture d'investissement, le bond technologique et le support à amener aux entreprises pour réaliser ces mutations.

l’usine Du futur

l’un Des 34 plAns

De lA nouvelle frAnce inDustrielle

Pour retrouver son rang dans la bataille mondiale, gagner en compétitivité, maintenir de l’emploi industriel et améliorer la place de l’homme dans l’usine, la France doit relever le double défi de moderniser son outil productif et de concevoir et de développer les processus et les outils de production de l’avenir. L’usine de demain devra être plus écologique et sobre en ressources, plus intelligente, avec des modes de production toujours plus adaptés à des productions personnalisées ou en petite série. Elle devra remettre l’humain au cœur de la relation homme-machine et être plus proche de son écosystème local (clients, sous-traitants et fournisseurs). Pour mettre en place cette usine d’excellence, le plan a identifié les facteurs clés de succès pour nos filières industrielles dans l’avenir et veut faire émerger une offre française de technologies et d’accompagnement du changement. Il se donne pour objectif de coordonner les briques technologiques existantes et de développer celles qui manquent encore à notre écosystème grâce à des projets de R&D financés par l’État. Il prévoit, d’autre part, la mise en place de lignes de production pilotes dans des entreprises emblématiques qui seront les vitrines du savoir-faire français. Pour le déploiement national des technologies et méthodes d’excellence de ces lignes pilotes, le cœur du plan consiste en un programme d’accompagnement méthodologique et financier des PME et des ETI sous le co-pilotage des Régions qui financeront des diagnostics industriels pour 2 000 à 3 000 d’entre elles. Le financement des projets de modernisation de ces entreprises et des autres pourra se faire dans des délais très courts par une gamme de prêts de Bpifrance labellisés “usine du futur” cumulables jusqu’à 12 M€ par entreprise et par le biais d’un amortissement accéléré.

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CONDITIONS DU SUCCÈS

une imagination éloignée du "Business as usual"Réfléchir à des situations inédites : toute la difficulté de l’exercice est là. « Cela demande une imagination éthique bien éloignée du business as usual, relève Alexei Grinbaum. Nous devons aller au-delà de notre réaction spontanée qui, souvent, est trop naïve. Certes, on ne peut pas attribuer aux seuls chercheurs la responsabilité de l’impact potentiel de leurs travaux, mais ils doivent être conscients qu’ils sont partie prenante d’une responsabilité collective. » C’est tout le sens des trois préconisa-tions majeures de la CERNA : que les établissements ou institutions de recherche se dotent de comités opérationnels d’éthique en sciences et technologies du numérique, traitant au cas par cas les questions opéra-tionnelles, à l’instar des sciences de la vie ; que des actions de sensibi-lisation et d’accompagnement soient menées auprès des chercheurs ; que les réflexions éthiques relatives aux projets susceptibles d’avoir un impact direct sur la société impliquent tous les acteurs concernés. « Le monde de la recherche doit mieux organiser en son sein la prise en compte de la dimension éthique, conclut Alexei Grinbaum. Il faut aller plus loin, par exemple en rapprochant l’expertise juridique de la connaissance des questions scientifiques et techniques. L’interaction entre juristes et chercheurs reste encore à construire. Pourtant, pour prévoir en amont les situations qui exigeront à l’avenir des changements normatifs, nous avons besoin de juristes compétents et formés, capables d’interagir et de comprendre la science et la technique. »

Quel cadre ? Quel contrôle ? Déployer une imagination éthique éloignée des critères habituelsle numérique débouche sur de multiples usages aux déploiements parfois aussi massifs qu’inattendus. dans ce contexte évolutif, les experts sont de plus en plus nombreux à plaider, au nom du principe de précaution, pour que la dimension éthique devienne indissociable de l’activité de recherche.

En novembre 2014, la Commission de réflexion sur l’éthique de la recherche en sciences et technologies du numérique (CERNA) d’Allistene(1) rendait public un avis consacré à l’éthique de la recherche en robotique. Le premier du genre. « Ce problème n’avait pas été posé au niveau de la recherche en amont, confirme l’un de ses membres, Alexei Grinbaum, chercheur au CEA-Saclay. Or nous considérons qu’une réflexion continue est nécessaire bien avant l’arrivée d’une technologie sur le marché. Il ne faut pas se limiter à la réglementation juridique car les garde-fous ne s’appliqueraient alors qu’à des produits déjà développés. C’est au moment de la conception d’un nouvel objet connecté qu’on doit poser la question de ses effets futurs sur l’homme et sur la société. La voiture autonome crée, certes, des risques pour les piétons, mais comment va-t-elle changer notre mobilité ? Quelle nouvelle forme de responsabilité s’appliquera en cas d’accident ? Ce sont des questions éthiques aux-quelles le scientifique doit s’intéresser, mais dont la réponse appartient à la société tout entière. » Pour autant, il serait vain d’énoncer de nouvelles normes éthiques qui pourraient vite se révéler inadéquates. De ce point de vue, le timing est un élément essentiel. Des recommandations émises trop en amont de la recherche seraient prématurées alors que la technologie est en pleine éclosion, donc encore incertaine. A contrario, une fois disponible, il est trop tard pour s’interroger sur ses dangers réels ou supposés. « Le niveau d’exposition lié à l’utilisation des téléphones portables est typiquement une réflexion engagée tardivement, commente Alexei Grinbaum. Cette question n’a pas été posée au moment de la conception initiale de l’objet. En conséquence, c’est la société qui se l’est appropriée. »

« c’est Au moment De lA conception D’un nouvel oBJet connecté qu’on Doit poser lA question De ses effets futurs sur l’homme et sur lA société. »

(1) Alliance des sciences et technologies du numérique.

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Cybersécurité et confi ance Risques acceptables versus bénéfi ces attendusle Développement De l’internet nomADe, Avec les smArtphones et les tABlettes, entrAÎne un véritABle Déluge De Données numériques que renforce encore l’Arrivée DAns notre quotiDien Des oBJets connectés. ces Données, qui Deviennent le cArBurAnt De l’économie numérique, Doivent Être stocKées, exploitées et protégées.

pour répondre aux nouvelles problématiques des industriels et grands comptes en matière de cybersécurité

2014 a marqué la recrudescence d’attaques informatiques et une plus forte médiatisation du cyber risque en france. afi n de proposer une réponse adaptée en cybersécurité, au plus près des besoins de ces clients, alten et akerva, fi liale du groupe total device, ont créé la joint-venture alten sir global security services. ce rapprochement marque l’aboutissement d’une volonté commune de démultiplier la collaboration construite entre les deux groupes autour de projets de sécurité. alten et akerva mettent en commun leur expertise : pour akerva, de nombreuses années d’expérience dans la sécurité des systèmes d’information dans des environnements complexes et déportés (saas, virtualisation, cloud computing) et la gestion des identités et des accès (iam) et, pour alten, ses compétences et réalisations en systèmes d’informations technologiques et en réseaux et télécoms, associées à son approche industrielle, sa présence internationale et sa solidité d’acteur majeur du conseil en technologies. « L’union de nos expertises, commente laurent delaporte, président d’akerva, apporte à nos clients une approche industrielle et globale sur la gestion du risque d’un système d’information ». pour cédric thellier, directeur technique akerva, l’offre de compétences alten sir gss passe par une défi nition des risques et leur traitement, par une démarche de sécurisation sur les chaînes métiers à tous les niveaux du système d’information, pour fi nir sur la donnée sensible. « Dans la logique d’Alten d’accompagnement de ses clients en mode projet, conclut renaud montagne, directeur des opérations au sein du groupe, Alten SIR GSS est la composante sécurité dans les systèmes d’information et de gestion. Déjà fortement présent au travers des projets de réalisation IT (notamment dans les télécommunications, les secteurs bancaire et de l’assurance), Alten SIR GSS va renforcer nos partenariats grâce à cette offre d’expertise et répondre ainsi à l’enjeu stratégique que constitue le domaine de la sécurité. »

Alten et AKervA

créent Alten sir gss

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l’aCCès et le partage simplifié des données informatiquesC’est tout l’enjeu du puissant écosystème qu’est le cloud com-puting, qui consiste à pouvoir accéder, grâce à un réseau de télécommunications, à des ressources informatiques distantes, réparties et modulables en fonction du besoin, plutôt que de recourir à une infrastructure locale de serveurs et de logiciels. Facilitant un accès mobile aux services numériques, en tous lieux et indépendamment de l’appareil utilisé, le cloud computing permet d’accroître, à la demande, l’efficacité du stockage et du traitement de l’information tout en réduisant significativement les dépenses des consommateurs de ressources informatiques. Selon la feuille de route confiée à Thierry Breton, P.-D.G. d’Atos, et à Octave Klaba, fondateur et directeur général d’OVH, le plan cloud computing vise en premier lieu « à accroître la confiance envers ses solutions, grâce notamment à la création d’un label “Secure cloud” et à la promotion d’une réglementation euro-péenne plus protectrice ». Ce faisant, il encourage le développe-ment d’une filière du cloud français et européen « pour renforcer notre souveraineté numérique sur les données personnelles, tout en dynamisant la compétitivité de nos entreprises ». En 2013, plus des trois quarts des serveurs étaient en effet nord-américains. La France possède quelques atouts. Elle dispose d’un tissu actif de PME innovantes dans ce domaine comme OVH, Gandi ou encore Numergy. De nombreuses grandes entreprises sont, de plus, actrices de l’économie numérique : c’est notamment le cas de Cap Gemini, Orange, Atos ou Thales. Dans ce cadre, « le renforcement de l’offre française en matière de cloud consistera à soutenir l’innovation des acteurs et à accompagner les éditeurs de logiciels dans le passage de leur offre en SaaS (Software as a Service) ». Dans le même temps, « l’appropriation du cloud par les utilisateurs sera renforcée par la conception d’un guide de bonnes pratiques pour l’usage du cloud et par une commande publique exemplaire ». Enfin, « la structuration des acteurs de la filière sera effectuée autour de thèmes importants pour le développement du cloud, notamment la normalisation et la sécurisation des données ».La révolution technologique du cloud computing, qui est à la base d’autres révolutions comme le Big Data, représente une fantas-tique opportunité : son économie enregistre actuellement des taux de croissance de 20 à 30 % par an dans le monde, avec un marché qui représentait déjà un chiffre d’affaires de plus de deux milliards d’euros en France en 2012. Les actions du plan quant à elles représentent un potentiel de création et de consolidation de plus de 100 000 emplois d’ici 2020.

l’un des enjeux majeurs de la ville durable et connectée sera d’assurer la sécurité des systèmes intelligents qui sont déployés. « C’est en travaillant sur des exemples concrets que nous avons saisi l’ampleur du problème et cherché à apporter des réponses » explique jean-claude baudet, directeur r&d du groupe alten. le premier de ces exemples concerne le programme home doc bot qui vise à développer un système robotisé d’aide au maintien à domicile des personnes âgées. cette “table de nuit mécanisée”, qui permet à la personne âgée de transporter des petits objets du quotidien, intègre une plateforme multimédia qui, grâce à des capteurs, va proposer d’autres services comme la surveillance médicale de la personne en s'appuyant sur des bio data (rythme cardiaque, température, etc.) « Cela contribue à sécuriser la personne et son entourage reliés à des dispositifs d’alerte, mais toutes ces données concernent la vie privée. Leur utilisation pose donc la question de la confidentialité » constate jean-claude baudet.

les programmes d’efficacité énergétique déployés dans les bâtiments soulèvent également nombre de questions. avec ici aussi des capteurs, on va pouvoir piloter les systèmes d’éclairage, de chauffage, de climatisation. mais la technologie n’entre pas seule en ligne de compte : « les comportements sont déterminants. Combien y-a-t-il de personnes dans une pièce ? Qui entre ou qui sort ? Si ces informations sont nominatives ou couplées à de la reconnaissance faciale, leur exploitation peut être détournée » prévient jean-claude baudet. idem pour les programmes de mobilité urbaine avec le développement de véhicules intelligents. « Face à ces constats nous avons engagé depuis quelques mois un important programme visant à sécuriser ces systèmes de plus en plus intelligents. Des équipes pluridisciplinaires planchent sur trois problématiques : les capteurs intelligents, l’intelligence artificielle et la cybersécurité pour lutter contre les intrusions. Nous cherchons à associer à nos travaux des experts extérieurs dans un esprit de mutualisation » précise jean-claude baudet.

en tous cas, pour le directeur r&d d’alten, il n’existe pas de réponse universelle. même si les technologies avancent très vite, il demeurera toujours des failles. remédier à ces insuffisances reste une priorité mais ne supprime pas la nécessité d’une réflexion globale, qui relève à la fois de l’éthique et de la philosophie. quels risques acceptons-nous de prendre face aux bénéfices que l’on peut tirer de ces nouvelles technologies ?

CONDITIONS DU SUCCÈS

lA cyBersécurité

Au cœur Des enJeux De lA ville intelligente Un an après son lancement, en septembre 2013, « La nouvelle France industrielle » se dessine. Le potentiel est considérable. Les 34 plans industriels devraient concerner 480 000 emplois à dix ans et représentent 45,5 milliards d’euros de valeur ajoutée, dont près de 40 % à l’export. Parmi ces plans de reconquête industrielle figurent trois outils interdépendants à mobiliser et à maîtriser : le cloud computing, le Big Data et la cybersécurité.

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Dans la construction de la France numérique, le développement d’une industrie performante en matière de cybersécurité est une nécessité, un enjeu de souveraineté et une opportunité. « Une nécessité car nous devons sécuriser nos infrastructures les plus vitales pour assurer la défense comme la sécurité de notre pays et protéger la vie quotidienne des Français ; un enjeu de souveraineté car, pour protéger nos secrets numériques les plus importants, nous ne pouvons dépendre que de nous ; une opportunité car elle est une formidable source de création d’emplois ». Le plan, dont le chef de projet est Guillaume Poupard, directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI), poursuit quatre objectifs : • accroître signifi cativement la demande en solutions de cybersécurité ; • développer pour les besoins de la France des offres de confi ance ; • organiser la conquête des marchés à l’étranger ; • renforcer les entreprises nationales dans le domaine.

Ce plan répond à un constat : aujourd’hui, les systèmes industriels utilisent abondamment les technologies de l’information alors qu’ils n’ont pas été conçus pour faire face aux menaces qu’elles introduisent. Dans un guide consacré au sujet(1), l’ANSSI distingue plusieurs types d’attaques : les attaques ciblées, à objectif par exemple idéologique ou vénal, les attaques “challenge”, dont l’objectif est de démontrer une capacité technique à s’introduire dans des systèmes réputés sécurisés, et les attaques non ciblées qui cherchent à impacter le plus de monde possible. Sans compter les négligences humaines. « Comme l’ensemble de la société, relèvent les experts de l’ANSSI, les industries ont bien souvent intégré le numérique au fi l de l’eau et sans stratégie initiale, des systèmes hétérogènes s’interconnectant avec, comme soucis majeurs, la productivité, l’effi cacité et la sûreté, mais rarement la sécurité… [Or] les industries ont un atout pour la sécurité de leurs systèmes d’information : elles ont une forte culture de la sûreté de fonctionnement de leurs installations et disposent le plus souvent en interne de compétences en matière de cybersécurité pour leurs systèmes bureautiques. Il faut désormais que ces deux cultures se rencontrent et que les forces s’unissent pour protéger convenablement les systèmes industriels ». Si le niveau de technicité des attaquants augmente, il n’en demeure pas moins qu’une part importante des vulnérabilités informatiques exploitées relève d’un manque d’application de règles d’hygiène informatique élémentaires. Souvent peu coûteuses et simples à mettre en place, ces bonnes pratiques, décrites dans le guide de l’ANSSI, améliorent sensiblement le niveau de sécurité des installations. La cybersécurité commence par là.

(1) la cybersécurité des systèmes industriels – publication consultable sur le site internet de l’anssi.

la souVeraineté numériqueLe développement des services de l’internet, des ordinateurs, smart-phones, tablettes et objets connectés engendre la production, le trai-tement et l’utilisation de quantités inédites de données numériques. Le Big Data regroupe à la fois le traitement de ces grandes masses de données, leur collecte, leur stockage, jusqu’à leur visualisation et leur analyse. Comment mettre en relation toutes ces données ? Comment les faire parler ? Comment les mettre en valeur au service des consommateurs, de nos concitoyens ? Là encore, les enjeux sont énormes, d’abord sur un plan économique. On évalue à 8 % du PIB européen la création de valeur liée aux Big Data à l’horizon 2020 ; en France, le marché devrait atteindre neuf milliards d’euros avec 137 000 emplois à la clé. Mais les enjeux sont aussi stratégiques, car ils incluent la question de la protection des données pour garantir un espace numérique protecteur de la vie privée et des libertés fondamentales. La France dispose de belles ressources : ses talents en mathéma-tiques et en informatique, son tissu d’entreprises numériques et l’ensemble des entreprises dans les secteurs transformés par le numérique, représentent près de 80 % du PIB.Les deux chefs de fi le du plan Big Data, Paul Hermelin, P.-D.G. de Cap Gemini, et François Bourdoncle, président de FB&Cie, ont reçu la mission de « faire de la France la référence mondiale en ce domaine » en associant à la fois des fournisseurs de tech-nologies – essentiellement des PME et des start-up –, de grands groupes utilisateurs, mais également des instituts d’enseignement supérieur. Tout le spectre des verrous à lever est ainsi couvert : formation de “data scientists”, ouverture d’un centre de ressources technologiques pour accélérer la croissance des start-up, soutien à la R&D, organisation de la rencontre entre technologies et mar-chés verticaux (énergie, villes intelligentes, commerce, sécurité) et fi nancement de fonds d’amorçage dédiés.

lA sécurité

et lA confiAnce

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