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ALCOOL ET SANTÉ ALCOOL ET SOMMEIL

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A L C O O L E T S A N T É

ALCOOL ET SOMMEIL

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TABLE DES MATIÈRESPrésentation 1

Le sommeil et ses phases 2

L’alcool et le sommeil 3

L’alcool et la physiologie du sommeil 4

Conclusion 8

ISBN 978-2-923548-62-3 (Imprimé, Éduc'alcool)ISBN 978-2-923548-63-0 (PDF, Éduc'alcool)

Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2014

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Le sommeil est intimement lié à notre qualité de viepersonnelle, familiale et professionnelle. La plupart desadultes ont besoin de dormir de 7 à 9 heures par nuitpour se sentir reposés1 et lorsqu’ils n’y parviennent pas,leurs comportements, leur productivité et leur santé ensont affectés.

C’est d’abord la vigilance, la concentration et la capacitéde réfléchir qui sont diminuées par le manque desommeil2. Un ralentissement des réflexes, des troublesde la mémoire, de la fatigue musculaire et mentale, dessautes d’humeur voire de l’agressivité, apparaissentensuite. En ce sens, la durée du sommeil a uneincidence sur notre capacité de bien nous entendreavec nos proches et de créer des liens avec les autres.Le manque de sommeil joue également un rôle dansnotre capacité à nous situer dans le temps ou l’espace.Cela peut aller jusqu’à des hallucinations qui,évidemment, peuvent être fatales lorsque nous devonsréaliser une tâche qui requiert toute notre attention. Enfait, il y a de nombreuses conséquences au manque desommeil, mais outre son effet sur la qualité de vie, lesplus importantes sont sur le plan de la vigilance, del’attention, de la concentration et de la mémoire. Lemanque de sommeil serait la cause cachée de lamajorité des « erreurs humaines » qui provoquent desaccidents au travail ou sur la route.��

À plus long terme, les chercheurs ont établi une relationentre la quantité et la qualité du sommeil et plusieursproblèmes de santé chroniques tels que l’obésité, lediabète et l’hypertension. Un sommeil inadéquat peutaussi perturber le système immunitaire et réduire lacapacité de combattre la maladie.

Le sommeil apporte bien plus que du repos, il régénèrel’esprit et le corps. Bref, pour être en bonne santé et lerester, il est important de dormir suffisamment.

Ce n’est donc pas sans raisons que les chercheurss’intéressent à la multitude de facteurs pouvant dégraderla qualité du sommeil, notamment aux habitudes de vieet à la consommation d’alcool.

Cette monographie a pour objectif de faire le point surla relation entre la consommation d’alcool et le sommeil.Elle explique d’abord quelles sont les différentes phasesdu sommeil, puis pourquoi l’alcool est un « faux ami »du sommeil. Elle expose ensuite brièvement la relationentre la consommation d’alcool et certains troubles dusommeil. De fait, elle met une fois de plus en lumièreque, même dans la relation entre la consommationd’alcool et le sommeil, la modération a bien meilleur goût.

Le conseil d’administration d’Éduc’alcool

PRÉSENTATION

1 Foster, J. (2013). « Alcohol and sleep » dans Preedy, V. R., Patel, V. B., et Le, L. A. (sous la dir. de).Handbook of Nutrition, Diet and Sleep no 3, Wageningen Academic Pub.

2 http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_11/d_11_p/d_11_p_cyc/d_11_p_cyc.html

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LE SOMMEIL ET SESPHASESLorsqu’une personne s’apprête à dormir, elle somnole ets’assoupit. C’est l’étape de l’endormissement. Une fois cetteétape complétée, deux phases bien précises suivent. Ce sontcelle du sommeil lent, qui lui-même se décompose en unsommeil léger et un sommeil profond, et celle du sommeilparadoxal, communément appelé le sommeil REM (RapideEye Movement).

La phase du sommeil lent se caractérise d’abord par uneactivité cérébrale ralentie durant laquelle le sommeil est léger,puis par une période de sommeil profond où nous nouscoupons carrément du monde extérieur. C’est une des phasesclés du sommeil qui agit sur la récupération de la fatiguephysique ou de la réparation physique. C’est durant cettephase que notre peau se répare, que nos os se renouvellent,que les toxines de nos systèmes respiratoire, cardiovasculaireet glandulaire s’éliminent et que diverses hormonescontribuent à enclencher la réparation des tissus et laformation de nos muscles.

Les phases du sommeil lent sont entrecoupées par desmoments de rêves durant lesquels nous nous animons. Enfait, cette phase se caractérise à la fois par un sommeilprofond ainsi que par une respiration irrégulière, de nombreuxmouvements oculaires rapides sous les paupières closes etune activité cérébrale qui ressemble beaucoup à celle de

l’éveil. C’est pour cette raison que l’on nomme cette phase« sommeil paradoxal ». La caractéristique la plus fascinantede cette phase du sommeil est sans aucun doute que c’estla période de la nuit durant laquelle nous expérimentons nosrêves les plus détaillés et les plus étranges.

Par ailleurs, les périodes de sommeil paradoxal nouspermettent de nous adapter aux expériences émotionnellesquotidiennes. Elles servent de soupape aux trop-pleinsd’émotions. Les études indiquent qu’en nous permettant denous reposer du stress quotidien, le sommeil paradoxal estaussi celui qui nous permet d’être plus efficace lorsque noussommes éveillés3. Finalement, d’autres recherches ont montréque le sommeil paradoxal consolide et range toutes leschoses apprises, surtout les apprentissages intellectuels oules choses complexes qui exigent de nouveaux réflexes ouune nouvelle stratégie. Par conséquent, la mémoire est trèsaffectée par la privation du sommeil paradoxal.

Le sommeil lent représente chaque nuit de 75 % à 80 % dusommeil total, soit environ 6 heures de sommeil lent pour unenuit de 8 heures. Le reste de la nuit, soit 20 %, nous dormonsen sommeil paradoxal.

3 Roehrs, T., et Roth, T. (2001). « Sleep, sleepiness, and alcohol use », Alcohol Research and Health,vol. 25, no 2, p. 101-109.

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L’ALCOOL ET LE SOMMEILLa prise excessive d’alcool a un effet dépresseur sur le systèmenerveux central et cela influence le sommeil de plusieursmanières4.

La première recherche connue sur la consommation d’alcoolet le sommeil date de 1883 lorsque Mönninghof et Piesbergenont effectué une étude par observation sur la profondeur dusommeil en lien avec l’exercice physique et la consommationd’alcool. Depuis 1960, près de 150 études, répertoriées dansles bases de données médicales de langue anglaise, ont étéréalisées afin d’évaluer l’impact de la prise d’alcool sur la

quantité et la qualité du sommeil chez les adultes de lapopulation générale ne présentant pas de dépendance à l’alcool5.

Si bon nombre de buveurs ont l’impression que l’alcool facilitele sommeil, l’ensemble de ces études montrent que bien quel’alcool soit un sédatif, il dérègle le cycle du sommeil, exacerbecertains troubles du sommeil et, en retour, provoque desrépercussions sur les périodes d’éveil.

Analysons donc la physiologie du sommeil en lien avec laprise d’alcool.

5 Ebrahim, I. O., Shapiro, C. M., Williams, A. J., et Fenwick, P. B. (2013). « Alcohol and Sleep I: Effects on NormalSleep », Alcoholism: Clinical and Experimental Research.

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4 http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/articles_pdf/effets_alcool.pdf

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6 Roehrs, T., et Roth, T. (2001). « Sleep, sleepiness, and alcohol use », Alcohol Research and Health, vol. 25, no 2, p. 101-109.7 Ebrahim, I. O., Shapiro, C. M., Williams, A. J., et Fenwick, P. B. (2013). « Alcohol and Sleep I: Effects on Normal Sleep », Alcoholism: Clinical and Experimental Research.

L’ALCOOL ET LA PHYSIOLOGIE DU SOMMEIL

L’endormissementDepuis 1883, les études réalisées sur la consommation d’alcoolet le sommeil arrivent toutes à la même conclusion : aprèsavoir consommé de l’alcool, nous tombons endormisplus rapidement.

Cela est aussi vrai pour les gens ayant consommé une dose légère(de 0,15 à 0,49 mg/kg, soit environ 1 ou 2 consommations), unedose modérée (de 0,5 à 0,74 mg/kg, soit de 2 à 4 consommations)ou une dose élevée d’alcool (plus de 0,74 mg/kg, soit plus de4 consommations). De manière générale, les chercheurs ontaussi constaté que cet effet sédatif de l’alcool se poursuit toutau long de la première partie de la nuit. En effet, les personnesayant consommé de l’alcool se réveillent moins souventet moins longtemps au cours des premières heures aprèsêtre tombées endormies. Cela est aussi vrai pour les femmes quepour les hommes, pour les jeunes que pour les personnes âgées.

Cependant, il faut souligner que les buveurs tendent àdévelopper une tolérance à cet effet « assommoir » del’alcool. Selon les études, on observe qu’après 3 à 7 joursconsécutifs de consommation, les buveurs ne ressentent plusles effets sédatifs de l’alcool6.

Une autre nuance à l’effet sans équivoque de l’alcool sur laphase de l’endormissement renvoie à l’heure à laquelle l’alcoolest consommé. Selon Foster, pendant que le taux d’alcoolémies’élève, l’alcool agit paradoxalement comme un stimulant plutôtque comme un sédatif7. Ainsi, une petite quantité d’alcoolconsommée juste avant d’aller au lit tend à retarder lemoment de l’endormissement.

À première vue, prendre un verre ou même en prendre plusieurssemble être bénéfique pour le sommeil. Or, si l’alcool aidehabituellement à s’endormir et à ne pas se réveiller durant lespremières heures du sommeil, il bouleverse le restant de lanuit, qui est alors caractérisé par un sommeil plus fragmenté,des éveils nocturnes et peut-être même un réveil matinalprécoce avec incapacité de se rendormir. Ces conséquencesseraient principalement dues à un minisyndrome de sevrage quise produit au cours de cette seconde période de la nuit.

C’est pourquoi on dit souvent que l’alcool est un « faux ami »du sommeil.

Le sommeil lent (NREM)Une synthèse des recherches produites au cours des 50 dernièresannées permet de conclure que, durant la première partie dela nuit, la consommation d’alcool accroît la quantité de sommeillent, et ce, pour les femmes comme pour les hommes, peuimporte leur âge ou le nombre de verres d’alcool consommés.Il n’en demeure pas moins que c’est bel et bien chez ceux ayantpris une dose élevée d’alcool que les études montrent la plusforte hausse de sommeil lent. Les enregistrements depolysomnographie révèlent que les personnes qui consommentplus de 4 verres d’alcool avant d’aller au lit ont une proportionde sommeil lent qui soit de 1 % à 11 % supérieure à celle quiest enregistrée lorsqu’ils dorment sans avoir consommé d’alcool.Lorsque les personnes ont pris une faible dose ou une dosemodérée d’alcool, ces proportions varient de 0,5 % à 7,5 %.Par ailleurs, il est important de préciser que ces effetss’estompent rapidement avec la tolérance qui se développe parune utilisation répétée de l’alcool.

Lorsque la totalité de la nuit est prise en compte, on constateque l’impact de l’alcool sur la quantité de sommeil lent estdirectement lié à la dose d’alcool consommée. Selon Ebrahimet ses collègues, aucune tendance claire n’a été observée parmiceux ayant pris une faible dose d’alcool.

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À dose modérée, on observe une tendance à l’augmentationde la quantité du sommeil lent. À dose élevée, l’alcoolaugmente significativement la quantité de sommeillent profond.

Ainsi, peu importe la quantité consommée, les individus quiparticipent à des études en laboratoire et à qui on donne unverre avant une nuit de sommeil rapportent une plus grandequantité de sommeil lent durant la première partie de la nuit.En ce qui a trait à la nuit dans son ensemble, seules lespersonnes ayant consommé de manière excessive (au moins4 verres) enregistrent une plus grande quantité de sommeillent. Mais il faut préciser que hors laboratoire, les dormeurs nesont pas toujours conscients de ces changements.

Par ailleurs, les chercheurs constatent généralement quecomparativement à ce qui est enregistré chez les individus quivont au lit sobres, ceux qui consomment de l’alcool seréveillent significativement plus souvent, et ce, peu importela quantité consommée. Cela fait dire que l’alcool diminue laqualité du sommeil enregistré, surtout dans la deuxième moitiéde la nuit.

Le sommeil paradoxal (REM)Une idée bien établie est que la consommation d’alcool est liéeà une réduction du sommeil paradoxal. En effet, dès 1960, deschercheurs ont mentionné qu’en présence d’alcool, le sommeilparadoxal semblait être « remplacé » par le sommeil lent etcette conclusion semble toujours être d’actualité. Par ailleurs,l’avancement des connaissances permet de préciser ce résultat.En effet, lorsque l’impact de l’alcool est analysé en fonction dunombre de verres consommés, des résultats beaucoup plusnuancés ressortent.

Durant la première partie de la nuit, chez les personnes qui ontconsommé une faible dose ou une dose modérée d’alcool, lesétudes n’indiquent pas de changements dans la quantité desommeil paradoxal enregistré. Par contre, parmi ceux ayant prisune dose élevée d’alcool, les recherches indiquent une réductionsignificative de la quantité de sommeil paradoxal durant lapremière moitié de la nuit.

Lorsque la nuit au complet est analysée (pas seulement lespremières heures de sommeil), il ressort qu’une dose modéréeet une dose élevée d’alcool réduisent la proportion totale desommeil paradoxal. Cet effet n’est pas observé chez les buveursqui ont pris une petite dose d’alcool, soit moins de 2 verres.Ainsi, la réduction de la quantité de sommeil paradoxal ne seraitpas liée à la prise d’alcool en soi, mais bien à la quantité d’alcoolconsommée.

Au final, on comprend que la consommation d’alcool favorisel’endormissement et modifie le cycle naturel du sommeil. Lesommeil paradoxal n’alterne pas correctement avec le sommeillent. Par ailleurs, la plus récente mise à jour des connaissancessur le sujet révèle que la modification du cycle du sommeil estreliée à la dose.

Plus précisément, s’il est vrai que peu importe la quantitéd’alcool consommée, boire augmente la quantité de sommeillent durant les premières heures de la nuit, c’est uniquementchez ceux qui ont pris une dose élevée d’alcool que la quantitétotale de sommeil lent augmente. De plus, c’est seulement chezceux qui ont pris une dose élevée que la proportion de la nuitdormie en sommeil paradoxal est réduite. Finalement, aprèsavoir bu, que ce soit de manière légère, modérée ou excessive,les dormeurs se réveilleront plus souvent au cours d’une nuitque lorsqu’ils ne prennent pas d’alcool. Autrement dit, la qualitédu sommeil est affectée par la consommation d’alcool.

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8 Morin, C. M., LeBlanc, M., Daley, M., Grégoire, J. P., et Mérette, C. (2006). « Epidemiology of insomnia: prevalence, self-helptreatments, consultations, and determinants of help-seeking behaviors », Sleep medicine, vol. 7, no 2, p. 123-130.

L’alcool et les troubles du sommeilLa consommation d’alcool peut exacerber certainstroubles du sommeil, notamment l’insomnie, l’apnée dusommeil et les ronflements.

De récentes données sur l’utilisation de l’alcool au Québecrévèlent que 4 % de la population générale et 10 % des gensqui souffrent d’insomnie ont recours à l’alcool pour soulagerdes problèmes de sommeil8. Malheureusement, même sur unebase ponctuelle, cela est une bien mauvaise idée.

Insomnie

L’insomnie se reconnaît aux signes suivants : de la difficulté às’endormir, des réveils fréquents pendant la nuit, de la difficultéà se rendormir, un réveil trop matinal et une sensation de fatigueau réveil.

Les facteurs associés à l’insomnie sont très variés, mais l’alcoolfait assurément partie des causes possibles. De fait, laconsommation d’alcool provoque de multiples réveils, denombreux changements de phases et une réduction de laquantité de sommeil paradoxal lorsque plusieurs verres ont étébus. Comme les insomniaques ont de la difficulté à se rendormirlorsqu’ils se réveillent durant la nuit, on comprendra queconsommer de l’alcool, et de ce fait stimuler le nombre d’éveils,risque grandement d’exacerber les problèmes d’insomnie.

Après avoir pris quelques verres, les personnes ont tendanceà augmenter leur temps total passé au lit pour se sentirreposées, car le sommeil qui suit un épisode de consommationd’alcool est léger et fragmenté. Malheureusement, cette tactiqueperturbe le cycle veille-sommeil, ce qui, en retour, risque decauser de la somnolence excessive durant le jour et un mauvaissommeil durant la nuit suivante.

Apnée du sommeil

L’apnée du sommeil est une pathologie sérieuse qui provoquedes arrêts répétitifs du flux respiratoire durant le sommeil. Cesarrêts respiratoires, ou apnées, durent généralement de 10 à30 secondes. Ils peuvent survenir à plusieurs reprises au coursde la nuit et se produisent lorsque les voies aériennessupérieures s’obstruent durant le sommeil. Souvent, l’obstructionsurvient durant la nuit lorsque les tissus mous du fond de lagorge s’affaissent et bloquent les voies respiratoires. Desmuscles de la gorge relâchés, des voies respiratoires étroites,une langue épaisse ou un surplus de tissus adipeux dans lagorge peuvent également contribuer à l’obstruction.

Les personnes qui souffrent d’apnée du sommeil devraientréduire considérablement leur consommation, voire éviter deboire de l’alcool. En effet, l’alcool peut occasionner unrelâchement anormal des muscles de la gorge qui, lui, risqued’entraîner une obstruction des voies respiratoires9. L’alcoolpeut également réduire la capacité du cerveau à se réveiller età déceler un manque d’oxygène dans l’organisme. Cetteréduction de capacité peut entraîner des arrêts respiratoiresplus longs et dangereux10.

9 http://pubs.niaaa.nih.gov/publications/aa41.htm. Page consultée le 5 novembre 2013. 10 http://www.phac-aspc.gc.ca/cd-mc/sleepapnea-apneesommeil/index-fra.php. Page consultée le 5 novembre 2013.

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L’alcool et le fonctionnement hormonal nocturneDans le corps humain, la sécrétion de plusieurs hormones(dont la mélatonine, communément appelée l’hormone dusommeil) par la glande pinéale, qui se situe au milieu ducerveau, se produit selon un rythme circadien. En général, lespointes de sécrétions se produisent durant la période desommeil. C’est notamment le cas de l’hormone de croissance,dont la sécrétion est à son maximum au début des phases desommeil lent. Or, des études ont montré que chez les individusqui ont consommé de l’alcool avant de dormir, la sécrétion del’hormone de croissance est moins élevée, et ce, malgré le faitque la prise d’alcool provoque une hausse de la quantité desommeil lent. En fait, les chercheurs ont observé que plus ladose d’alcool consommée est élevée, plus la sécrétion estcompromise. Au surplus, une étude a montré que cephénomène persiste après 3 nuits et donc, même après qu’unetolérance à l’effet soporifique de l’alcool s’est développée11.

11 Roehrs, T., et Roth, T. (2001). « Sleep, sleepiness, and alcohol use », Alcohol Research and Health, vol. 25, no 2, p. 101-109.

… et ronflements

De manière beaucoup moins grave, le relâchement de lamusculature des voies respiratoires explique aussi pourquoiles personnes qui ont bu de l’alcool avant d’aller se coucherronflent plus fréquemment. L’air inspiré a plus de difficultés àse frayer un chemin vers les poumons, l’inspiration devient pluspénible et les ronflements augmentent. Si les ronflements nesont pas dangereux en soi, il faut préciser qu’ils sont associésà un risque accru d’hypertension et ils sont une nuisancecertaine… surtout pour les partenaires qui sont souvent lespremières personnes à souffrir des ronflements.

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La relation indirecte de l’alcool sur la vigilanceou le fonctionnement le jour suivantIl convient de rappeler ici que la gueule de bois, qui suit uneconsommation excessive, influence le sommeil en ce qu’ellediminue le temps de sommeil général et paradoxal et, àl’inverse, augmente le sommeil à ondes lentes. Des chercheursont démontré que le lendemain d’une cuite, une des principalesraisons au fait que les gens se sentent mal est le manque desommeil causé par la consommation abusive d’alcool (Prat,Adan, Pérez-Pãmies et Sãnchez-Turet, 2008 ; Verster etRoehrs, 2007). Cela explique pourquoi, le lendemain d’uneconsommation excessive d’alcool, il y a risque de se sentirfatigué et de ne pas être en pleine possession de ses capacitéscognitives. Il n’y a pas de bon sommeil après une cuite.

D’autres études ont porté sur la performance et la vigilancede personnes en bonne santé qui avaient consommé del’alcool avant le coucher. Ces études ont montré que la journéesuivant un épisode de consommation excessive, la capacitédes participants à accomplir des tâches d’attention partagéeétait affectée et qu’ils réussissaient moins bien les tests deperformance12. Les chercheurs sont donc généralement d’avisqu’en raison de ses effets perturbateurs sur le cycle dusommeil, la consommation excessive d’alcool affecteindirectement la vigilance ou le fonctionnement le jour suivant.Il faut noter que bien que les réductions observées par leschercheurs soient dans l’ensemble mineures, celles-ci peuventavoir un effet significatif lorsque les tâches à accomplir sontcomplexes ou dangereuses.

Néanmoins, le nombre d’accidents de véhicules routiers auQuébec étant toujours préoccupant, surtout chez les jeunes,il est capital de rappeler que plusieurs études ont aussi biendocumenté l’effet « potentiateur » de l’alcool et du manque desommeil sur la vigilance, le jugement et les fonctions motrices– et, par conséquent, sur les risques d’endormissement auvolant et d’accidents de la route13. Également, une étude adémontré qu’un éveil prolongé et continu de 21 heuresconsécutives affectait la capacité de conduire de façonéquivalente à un taux d’alcool de .0814. Donc si, en matièrede conduite automobile, le manque de sommeil et laconsommation d’alcool sont dangereux, la combinaison desdeux produit un impact doublement important pour les usagersdu réseau routier.

12 MSLT Multiple Sleep Latency Test (Test des latences multiples d’endormissement).13 Taylor, D. J., et Bramoweth, A. D. (2010). « Patterns and consequences of inadequate sleep in college students: substance use and motor vehicle accidents », Journal of Adolescent Health, vol. 46, no 6, p. 610-612.Volna, J., et Sonka, K. (2006). « Medical factors of falling asleep behind the wheel », Prague Medical Report, vol. 107, no 3, p. 290-296.

14 Arnedt, J. T., Wilde, G. J., Munt, P. W., et MacLean, A. W. (2001). « How do prolonged wakefulness and alcohol compare in the decrements they produce on a simulated driving task? », Accident; Analysis and Prevention, vol. 33, no 3, p. 337-344.

CONCLUSIONComme c’est souvent le cas lorsqu’il est questiond’alcool, cette publication sur les effets de l’alcoolsur le sommeil nous rappelle que c’est la dose quifait le poison.

Lorsque les personnes consomment de l’alcool avantde dormir, les données indiquent qu’une faible dosea généralement peu ou pas d’effets sur les différentesphases du sommeil. Mais une dose élevée sembleavoir des effets plus prononcés sur l’ensemble dusommeil, ainsi que sur certains troubles liés ausommeil, et même sur le fonctionnement despersonnes le jour suivant.

Il n’en demeure pas moins, par ailleurs, que l’alcoolest un piètre substitut au somnifère. Cela estparticulièrement vrai pour les personnes qui sontvulnérables à divers troubles du sommeil. Cespersonnes ont tout intérêt à consommer avecmodération, voire à s’abstenir de consommer del’alcool avant de se coucher.�

En un mot, cette publication nous rappelle une foisde plus, que, quel que soit le sujet que l’on aborde etl’angle sous lequel il est abordé, la modération a bienmeilleur goût.

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Éduc’alcool est un organisme indépendant sans but lucratif dontla seule mission est d’améliorer la relation des Québécois àl’alcool. À cette fin, il met sur pied des programmes de prévention,d’éducation et d’information pour aider jeunes et adultes àprendre des décisions responsables et éclairées face à laconsommation d’alcool. Le slogan d’Éduc’alcool résume biencet engagement : La modération a bien meilleur goût.

Éduc’alcool remercie Mme Catherine Paradis, Ph. D., chercheuseprincipale d’Éduc’alcool et professionnelle de recherche auLaboratoire de recherche sur les habitudes de vie et lesdépendances de l’Université Concordia, de la rigueur aveclaquelle elle a travaillé et de l’effort de simplification des donnéesauquel elle s’est livrée.

Un grand merci également à M. Charles M. Morin Ph.D.professeur de psychologie clinique à l’École de psychologie del’Université Laval et grand spécialiste du sommeil, pour saprécieuse collaboration dans la révision de la version définitivede cette publication.

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