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CONCOURS D'ADMISSION - FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Lyon EPREUVE DE CULTURE GENERALE Mai 2015 Durée : 3 heures A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après. 1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria (L’art d’édifier), traduction du latin par CAYE, Pierre et CHOAY, Françoise, Éditions Seuil, Collection Sources du Savoir. 1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps, in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. 1-C - ZUMTHOR, Peter, 2008 : Athmosphères, Éditions Birkhauser. 1.1- Résumé de texte : Résumer l'extrait choisi, en 200 mots environ (équivalent de 20 à 25 lignes manuscrites). 1.2- Dissertation : A partir du texte choisi, développez une position critique personnelle sur les thèmes abordés par l'auteur. Sujet n°2 - CULTURE GENERALE ET CULTURE ARCHITECTURALE. Mettre en place de manière synthétique une histoire de l’architecture occidentale de la Renaissance à nos jours en 4-6 périodes temporelles. Pour se faire : Vous identifierez les idées clefs des grandes périodes, avec une description courte (2 phrases) pour chacune sur ces caractérisations, Pour chaque période mettre en avant trois/quatre œuvres architecturales pertinentes, Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres littéraire(s) clef(s), Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres d’art clefs (peinture, sculpture, média, …), Pour chaque période mettre en avant quatre/cinq mots clefs, Pour chaque période mettre en avant deux/cinq évènements historiques. La présentation se fera donc avec les entrées suivantes à compléter : Période 01 : « Renaissance italienne » Date : « 1800-1840 » Description : « kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. » Architecture 01 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Architecture 02 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Littérature 01 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Littérature 02 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Œuvre d’art 01 : « khdfjkhkjgrh » Œuvre d’art 02 : « khdfjkhkjgrh » Mots clefs : « industrialisation, émergence de l’état moderne, fonctionnalisme, ….. » Evènements historiques de la période : « Révolution industrielle, Guerres d’Italie, Contre-Réforme, … Mondialisation des marchés, Internet, …. » B- EVALUATION L'évaluation de ces épreuves se fera suivant le barème indicatif suivant: Sujet n°1 : 12 points. Sujet n°2: 8 points. C- CONSEIL(S) Le sujet n°1 s'effectue en 2 h environ. Le choix du texte qui vous intéresse doit être très rapide. Pour le sujet 1-1, il ne s'agit de rien d'autre que d'un résumé qui doit rendre compte du contenu du texte donné ci-après, sans aucun commentaire personnel. Cette épreuve demande environ 1 heure, et en effectuant le résumé vous pourrez préparer par vos notes l'épreuve suivante, la dissertation. Pour le sujet 1-2, il s'agit d'une dissertation d'ouverture, vous demandant une posture critique personnelle sur le/les sujet(s) qui vous auront inspiré une réflexion particulière, un avis, une mise en perspective de ce texte par rapport à d'autres lectures que vous auriez pu faire ou contextes différents, un positionnement ... Il s'agit donc de développer une réflexion personnelle, précise, argumentée, hiérarchisée, sans paraphraser le texte que vous avez résumé. Le sujet n°2 s'effectue en 0h45 maximum. Il ne s'agit pas de donner ici un long développement; il s'agit de ne donner qu'un aperçu rapide et très synthétique de vos connaissances; tout débordement dans la rédaction sera pénalisé. Sujet proposé par W. HAYET

A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. · Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après. 1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria

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Page 1: A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. · Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après. 1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria

CONCOURS D'ADMISSION - FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Lyon

EPREUVE DE CULTURE GENERALE

Mai 2015 Durée : 3 heures

A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après.

1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria (L’art d’édifier), traduction du latin par CAYE, Pierre et CHOAY, Françoise, Éditions Seuil, Collection Sources du Savoir. 1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps, in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. 1-C - ZUMTHOR, Peter, 2008 : Athmosphères, Éditions Birkhauser.

1.1- Résumé de texte : Résumer l'extrait choisi, en 200 mots environ (équivalent de 20 à 25 lignes manuscrites). 1.2- Dissertation : A partir du texte choisi, développez une position critique personnelle sur les thèmes abordés par l'auteur. Sujet n°2 - CULTURE GENERALE ET CULTURE ARCHITECTURALE. Mettre en place de manière synthétique une histoire de l’architecture occidentale de la Renaissance à nos jours en 4-6 périodes temporelles. Pour se faire :

• Vous identifierez les idées clefs des grandes périodes, avec une description courte (2 phrases) pour chacune sur ces caractérisations,

• Pour chaque période mettre en avant trois/quatre œuvres architecturales pertinentes, • Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres littéraire(s) clef(s), • Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres d’art clefs (peinture, sculpture, média, …), • Pour chaque période mettre en avant quatre/cinq mots clefs, • Pour chaque période mettre en avant deux/cinq évènements historiques.

La présentation se fera donc avec les entrées suivantes à compléter : Période 01 : « Renaissance italienne » Date : « 1800-1840 » Description : « kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. » Architecture 01 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Architecture 02 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Littérature 01 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Littérature 02 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Œuvre d’art 01 : « khdfjkhkjgrh » Œuvre d’art 02 : « khdfjkhkjgrh » Mots clefs : « industrialisation, émergence de l’état moderne, fonctionnalisme, ….. » Evènements historiques de la période : « Révolution industrielle, Guerres d’Italie, Contre-Réforme, … Mondialisation des marchés, Internet, …. » B- EVALUATION L'évaluation de ces épreuves se fera suivant le barème indicatif suivant: Sujet n°1 : 12 points. Sujet n°2: 8 points. C- CONSEIL(S) Le sujet n°1 s'effectue en 2 h environ. Le choix du texte qui vous intéresse doit être très rapide. Pour le sujet 1-1, il ne s'agit de rien d'autre que d'un résumé qui doit rendre compte du contenu du texte donné ci-après, sans aucun commentaire personnel. Cette épreuve demande environ 1 heure, et en effectuant le résumé vous pourrez préparer par vos notes l'épreuve suivante, la dissertation. Pour le sujet 1-2, il s'agit d'une dissertation d'ouverture, vous demandant une posture critique personnelle sur le/les sujet(s) qui vous auront inspiré une réflexion particulière, un avis, une mise en perspective de ce texte par rapport à d'autres lectures que vous auriez pu faire ou contextes différents, un positionnement ... Il s'agit donc de développer une réflexion personnelle, précise, argumentée, hiérarchisée, sans paraphraser le texte que vous avez résumé. Le sujet n°2 s'effectue en 0h45 maximum. Il ne s'agit pas de donner ici un long développement; il s'agit de ne donner qu'un aperçu rapide et très synthétique de vos connaissances; tout débordement dans la rédaction sera pénalisé.

Sujet proposé par W. HAYET

Page 2: A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. · Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après. 1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria

SUJET n°1-A - ALBERTI, Léon Battista, 2004 : De re aedificatoria (L’art d’édifier) , traduction du latin par CAYE, Pierre et CHOAY, Françoise, Éditions Seuil, Collection Sources du Savoir. (5000 signes environ) " Chapitre 9

Toute la puissance de l'esprit, tout l'art et toute la compétence d'édifier se concentrent dans la partition. Ce sont en effet les parties de l'édifice tout entier et, si je puis dire, l'état tout entier de chacune de ses parties, enfin l'accord et la cohérence de tous les angles et de toutes les lignes en une oeuvre unique que cette partition proportionne à la fois, en tenant compte de l'utilité, de la dignité et de l'agrément. Si, selon la maxime des philosophes, la cité est une très grande maison, et si inversement la maison elle-même est une toute petite cité, pourquoi ses membres ne seraient-ils pas à leur tour considérés comme de petits logis? Ainsi de l'atrium, du xyste, de la salle à manger, du portique et des autres parties de ce genre. Et pourra-t-on en quelque membre négliger quoi que ce soit, par incurie ou par indifférence, sans porter offense à la dignité et au mérite de l'oeuvre ? Il faut donc consacrer beaucoup de soin et de diligence à l'étude des parties qui font de l'ouvrage un tout, et veiller à ce que même les plus infimes apparaissent conformées par l'intelligence et par l'art. Tout ce qui a été dit plus haut sur la région et sur l'aire permet d'y parvenir de façon appropriée et commode. De même que dans un être vivant les membres répondent aux membres, de même dans un édifice il convient que les parties répondent aux parties. D'où le dicton : aux grands édifices, il faut de grands membres. Les Anciens ont respecté ce principe au point que dans les édifices publics de vastes dimensions ils faisaient tout, même les briques, plus grand que dans les édifices privés. En effet, il faut attribuer à chaque membre de l'édifice un quartier approprié et une place convenable, ni plus vaste que ne l'exige l'usage, ni plus petite que ne le réclame la dignité, en un lieu ni impropre ni inadéquat, mais si véritablement sien qu'on ne puisse nulle part ailleurs en trouver de plus commode. Aussi la partie la plus noble de la demeure ne se trouvera-t-elle pas située à l'écart, ni la partie publique dissimulée à la vue, ni davantage la partie privée exposée aux yeux de tous. De plus, il faut tenir compte des saisons, en attribuant des situations différentes aux pièces d'été et aux pièces d'hiver, qui appellent en effet des orientations et des dimensions différentes: il faut que les premières soient vastes, tandis qu'on ne s'opposera pas à ce que les secondes aient des dimensions réduites. En outre, l'ombre et une bonne ventilation conviendront aux pièces d'été, et les rayons du soleil aux pièces d'hiver. Il faut ici prendre garde à ce que les habitants ne soient pas contraints de passer sans transition tantôt d'un lieu frais à un lieu très chaud, tantôt d'un lieu tiède à un autre exposé aux gelées et aux vents. Car de telles conditions nuiraient grandement à la santé de tous. Il est nécessaire que les différents membres de l'édifice se cèdent mutuellement le pas si l'on veut obtenir une qualité et une grâce communes à l'ouvrage entier ; ainsi, au lieu de concentrer tous ses efforts pour embellir une seule partie au détriment des autres, on les accordera toutes entre elles, si bien

qu'elles paraîtront former un seul et même corps bien constitué, plutôt que des membres disjoints et dispersés. Au reste, pour conformer les membres des édifices, il faut imiter la modestie de la nature. Car, dans ce domaine comme dans les autres, nous louons moins la sobriété que nous ne blâmons le désir déréglé d'édifier. Il faut que ces membres aient une juste mesure et soient nécessaires pour le projet que tu vas entreprendre. En effet, si tu y as bien réfléchi, toute l'essence de l'édification découle de la nécessité ; la commodité l'a nourrie et l'usage l'a anoblie ; enfin on en vint à songer au plaisir, bien que le plaisir lui-même ait toujours eu en horreur les excès de tout genre. Que l'édifice ne laisse donc en rien désirer plus de membres qu'il n'en possède, et que rien de ce qu'il possède ne soit en quelque façon passible de critique. Je voudrais aussi que tous les membres ne soient pas figurés par un seul et même tracé qui supprimerait toute différence entre eux ; mais les uns donneront du plaisir s'ils sont grands, d'autres conviendront s'ils sont petits, d'autres recueilleront les suffrages parce qu'ils tiennent du juste milieu. C'est pourquoi nous apprécierons certains membres formés de lignes droites, d'autres de lignes courbes et d'autres encore dont le tracé associe l'une et l'autre espèce de lignes ; garde-toi toutefois, comme je le recommande souvent, de tomber dans le défaut qui te ferait apparaître comme l'auteur d'un monstre aux épaules ou aux flancs inégaux. La variété est en toutes choses le sel de la grâce, à condition d'être obtenue par la correspondance mutuelle de parties distantes entre elles ; mais si ces parties, dispersées et sans liens, se heurtent par leur disparité, la variété de l'ensemble sera alors tout à fait choquante. Car tous les arts qui contribuent à émouvoir et à retenir les âmes ressemblent à la lyre qui, en faisant harmonieusement répondre les voix graves aux aiguës et résonner les voix moyennes avec celles-ci, produit par leur variété une merveilleuse correspondance d'accords sonores qui nous charme et nous captive au plus haut point. Par ailleurs, ces opérations devront être réalisées selon le besoin et la commodité, mais aussi selon la tradition que louent les experts. En effet, dans la plupart des cas, contrevenir à la tradition supprime la grâce alors qu'y adhérer est profitable et heureux, comme semblent en témoigner les œuvres des architectes les plus confirmés, pour qui le meilleur choix d'organisation des parties était tantôt la division dorique, tantôt l'ionique, tantôt la corinthienne ou encore la toscane. Il n'y a pas lieu pour autant de nous évertuer à transposer leurs plans dans notre propre ouvrage comme si nous y étions contraints par des lois ; mais, avertis par leur exemple, nous devons plutôt mettre au point de nouvelles inventions pour tenter d'acquérir une gloire égale ou si possible supérieure à la leur. Nous poursuivrons ces questions avec plus de rigueur le moment venu, quand nous chercherons comment mettre en place la ville et ses membres, et quels usages conviennent à chacun de ceux-ci."

Sujet proposé par W. HAYET

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SUJET n°1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps, in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. (10000 signes) " ROMAN SYSTEM, OU LE GÉNÉRIQUE À TOUS LES TEMPS Jean ATTALI 1 MÉTHODE GLOBALE L'urbanisme peut-il s'apprendre comme on apprend la lecture aux enfants, selon la « méthode globale » ? Selon ses partisans, l'enfant, dès l'âge de la maternelle, découvre le lien mot écrit/sens à partir de la physionomie globale du mot (comme un logo), d'après son contexte de présentation, puis éventuellement selon sa composition en lettres . ordre es lettres n'est pas une donnée pertinente. Sans doute, la faiblesse congénitale de la méthode (son dédain de l'articulation) est compensée dès lors qu'elle est, littéralement, mise en jeux. Les process d'acquisition sont alors en mouvement : c'est le couple objet/action des jeux vidéo, et le fascinant pouvoir d'apprentissage qu'excitent leur rapidité et leur interactivité. Pour les concepteurs ou software de « Roman System » (R/OS), la tendance à aller droit au but et le mépris du danger de l'approximation sont comme une seconde nature. La relecture de l'urbanisme romain, à partir de la trame de ses villes (le cardo et le decumanus comme échiquier) et de ses idéogrammes (les types de bâtiments, utilisés comme les pièces du jeu), se fait à la vitesse d'un jeu vidéo ou d'une simulation informatique. Generic City se conjugue à tous les temps passé, présent et futur. Elle commence avec Rome, du moins c'est aux images de Empire qu'elle revient rétrospectivement, comme à la matrice du jeu La combinaison du jeu et du programme informatique consacre le pouvoir heuristique de la simulation : le monde ancien, réinventé à partir d'une série de logos et reconstruit à la vitesse du processeur. 2. GLOBALISATION, HYBRIDATION Chez Saskia SASSEN, « Global » renvoie aux espaces qui gouvernent la mondialisation i e l'économie. Le centre de l'économie-mon e se trouve dans les territoires restreints des capitales financières, avec leur substrat social étendu. Chez Rem KOOLHAAS, « Globalisation » designe un schéma général d'hybridation de la pensée et de action. La diffusion planétaire des modèles urbanistiques a une signification quasi écologique ce qui a fleuri ici germera là-bas, beaucoup plus loin (dans t'espace ou dans le temps), dans un milieu plus propice. Les modèles (génériques) ne deviennent réels que sous les conditions (locales) d'un climat plus favorable et d'une liberté d'action débridée. La fécondité des plus beaux fleurons de la science et de l'art, sans les restrictions de la culture et de l'histoire. Ce découplage a une signification essentiellement pratique comme dans la première métamorphose nietzschéenne, si vous voulez avancer, commencez par vous décharger du fardeau de votre excès de savoir. 3. TABLE DE PEUTINGER Au XVIe siècle, un antiquaire d'AUGSBOURG, Konrad PEUTINGER, reçoit un parchemin représentant les itinéraires reliant toutes les villes de ROME Immense compilation cartographique, aux origines obscures (copiée par un moine au XIIIe siècle ? d'après un original du Ve siècle ? Inspiré lui-même d'une carte préparée par AGRIPPA, gendre d'AUGUSTE ?), de forme démesurément allongée (6,82 x 0,34 m), comprenant quelque 6000 noms propres et 550 vignettes dessinées, réparties elles-mêmes en trois types principaux comme les étoiles d'un guide Michelin ,a Table de Peutinger est à la fois carte, indicateur routier, guide de voyage. C'est la vision synthétique d'un réseau étendu jusqu'aux confins de l'Empire (de Bordeaux jusqu'à l'Inde...). Schématiquement exacte, bien qu'au

prix d'un fourmillement d'erreurs, la Table est un diagramme éblouissant. Elle ne décrit pas une voie, elle ne décrit pas non plus toutes les voies, mais des tronçons successifs et des raccordements à l'intérieur du réseau total. Les flux à l'intérieur de l'Empire ne s'identifient pas à un tracé unique : une route est comme une corde qui vibre, elle se tend lorsque le trafic est intense (avec des rectifications et des raccourcissements), elle se relâche et sinue aux périodes creuses 1. La Table livre la clé de « Roman System » : la ville romaine est un système articulé de mouvements en tous sens, ses édifices répartis sur tout l'univers habité n'en sont que les « vaisseaux » ou les relais. Elle est comme une préfiguration des atlas du cyberespace. 4. « EN L'HONNEUR DE ROME » Tel est le nom d'un discours d'Aetius ARISTIDE, écrit en 144 ap J.-C, « le ras bel éloge littéraire de l'Empire » selon le philologue WILAMOWITZ. Il signe l adhésion du monde grec à la suprématie romaine 2. Aristide, le citoyen de SMYRNE, exprime non sa soumission de colonisé mais son privilège de citoyen de ROME. Selon lui, l'exploit de l'Empire est « d'avoir à la fois pris le dessus sur les barbares pour ce qui est des ressources et des forces, et dépassé les Grecs en sagesse et en modération » (§ 41). Rome a succédé, en les surpassant, aux empires mondiaux des Assyriens, des Mèdes, des Perses, des Macédoniens... En quoi consiste son prestige ? « Vous avez, dit Aristide à l'empereur, tendu le filet sur la totalité du monde habité » (§ 85).. «Vous avez organisé la totalité du monde habité comme une seule maison » (§ 1021. Vertige spatial : tes villes n'ont jamais été si nombreuses, au point que celui qui voyage les compte « d'après te nombre de jours, parfois même en traversant deux ou trois le même jour, comme si c'étaient des rues » (§ 931 Vertige politique : le gouvernement de Rome est « comme un mélange de tous tes régimes », à la fois tyrannie et oligarchie, royauté et aristocratie plus la démocratie, qu'elle soit bien ou mal administrée... (§ 90) Vertige urbanistique : « Tout est plein de gymnases, de fontaines, de propylées, de temples, d'ateliers, d'écoles... » (§ 97). 5. RHÉTORIQUE ANCIENNE ET THÉORIE DES 200 % A peine programmée, une ville de synthèse est destinée à proliférer, à interagir avec toutes tes autres, selon les conditions locales d'application du modèle. Il n'y a donc plus d'original ni de copie, le centre de ROME est partout et son périmètre nulle part. Comme l'écrit ARISTIDE, il faut voyager des mois et des années avant d'en atteindre les remparts (§ 80). il interaction est un principe de variation, elle tend '1 annuler (ou à renverser) le rapport du centre et des colonies. Telle ville devient-elle plus belle, plus richement parée que ROME ? Du moins la compétition de toutes est devenue la règle pour chacune. La rivalité n'est que l'expression d'une tension auto-organisatrice, et le principe qui définit l'émergence d'une qualité double chaque ville est 100 % générique et 100 % spécifique. Elle n'assume ni ne dépasse les contradictions du « global » et du « local », elle intègre en revanche ses propres variations continues (elle est toute la ville, en chaque lieu où elle se bâtit, parce qu'elle naît du rapport de tous les flux qui la traversent avec sa propre « armature générique ») : c'est la ville à 200 %, la ville en fuite... Vous êtes un enfant qui Joue, mais vous n'en êtes pas mo ns un maître d'éloquence. Votre réussite au jeu dépend de votre ardeur persuasive autant que de votre agilité. Les positions et figures dans l'espace sont sous le pouvoir de la rhétorique. Cela est vrai pour le novice comme pour l'expert. Telle est la leçon de Ménandre de

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Laodicée, dit le Rhéteur (IIIe siècle ap. J.-C.), dans ses exhortations à prononcer l'éloge des villes 3... 6. RÉPERTOIRE Le texte de « Roman System » (R/OS( est composé comme un Reader d'études urbaines : un manuel, un répertoire, un mode d'emploi, un dictionnaire, un recueil de citations - un compromis entre un traité (voire un manifeste) et un livre de procédures. La séparation volontaire entre production et critique aménage ici un niveau intermédiaire : les patterns de la Ville générique. La Ville générique est facile « Il est possible de la reconstruire à partir de la plus petite entité, à partir d'un ordinateur de bureau, peut-être même d'une simple disquette » (Generic City, § 3.3).

1 Voir R. Chevalier, « Table de Peutinger et recherche de voies antiques », Gaule, Bulletin de la Société d'histoire, d'archéologie et de tradition gauloise, Paris, 1995. 2 Aelius Aristides, Éloges grecs de Rome, traduits et commentés par Laurent Pernot, Paris Les Belles Lettres, 1997 3 Menander Rhetor. « Laus Urbis », Treatise II Oxford, Clarendon Press, 1932. Extrait de: ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps , in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR.

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SUJET n°1-C – ZUMTHOR, Peter (2008) : Atmosphères, Éditions Birkhauser.. (11000 signes environ) " ATHMOSPHERES Le titre « Atmosphères » vient d'une question qui m'intéresse depuis longtemps — intérêt qui, évidemment, constitue un préalable: qu'est-ce, au fond, que la qualité architecturale ? Pour moi, c'est relativement simple. La qualité architecturale, ce n'est pas avoir sa place dans un guide d'architecture ou dans l'histoire de l'architecture ou encore être cité ici ou là. Pour moi, il ne peut s'agir de qualité architecturale que si le bâtiment me touche. Mais qu'est-ce qui peut bien me toucher dans ces bâtiments ? Et comment puis-je le concevoir ? Comment puis-je concevoir quelque chose comme l'espace qui est représenté sur cette photographie ? C'est pour moi une icône, je n'ai jamais vu l'édifice, je crois qu'il n'existe plus, et je le regarde avec un immense plaisir. Comment est-il possible de concevoir des choses qui ont une présence si belle, si évidente, et qui me touche toujours ? Il y a une notion qui exprime cela, c'est celle d'atmosphère. C'est quelque chose que nous connaissons tous. La première impression que nous avons d'une personne en la voyant. J'ai appris qu'il ne faut pas s'y fier, qu'il faut lui laisser une chance. Aujourd'hui, je suis un peu plus âgé et je dois dire que j'en suis revenu à dette première impression. C'est un peu la même chose en architecture. J'entre dans un bâtiment, je vois un espace, je perçois l'atmosphère et, en une fraction de seconde, j'ai la sensation de ce qui est là. L'atmosphère agit sur notre perception émotionnelle. C'est une perception d'une rapidité inouïe et qui nous sert, à nous autres êtres humains, apparemment pour survivre. Toutes les situations ne nous laissent en effet pas le temps de réfléchir longtemps si elles nous plaisent ou non, si nous devons prendre la fuite ou non Il y a quelque chose en nous qui nous dit instantanément beaucoup de choses. Une compréhension immédiate, une émotion immédiate, un rejet immédiat, Quelque chose d'autre que cette pensée linéaire que nous possédons aussi, et que j'aime aussi, qui nous permet de penser intégralement le chemin de A à B. Nous connaissons bien sûr la perception émotionnelle grâce à la musique. Le premier mouvement de cette sonate pour alto de Brahms, l'entrée de l'alto —et en quelques secondes, l'émotion est là ! (Sonate op, 120 0° 2 en mi bémol majeur pour alto et piano). Et je ne sais pas pourquoi C'est un peu aussi la même chose pour l'architecture. Pas aussi fort que dans la musique, le plus grand des arts, mais c'est là. Je vais vous lire quelque chose que j'ai écrit à ce propos dans mon carnet de notes. Pour vous donner une idée de ce que j'entends. Jeudi saint 2003. Je suis là, assis, une place au soleil, une grande arcade, longue, haute, bien au soleil. La place — le front de maisons, l'église, les monuments — comme un panorama devant moi. Le mur du café dans mon dos. Il y a du monde, juste ce qu'il faut. Un marché aux fleurs. Soleil Onze heures. La façade de l'autre côté de la place dans une ombre agréablement bleutée, Des bruits enchanteurs discussions proches, pas sur le dallage de la place, oiseaux, légers murmures de la foule, pas de voiture, pas de bruit de moteur, par moments des bruits de chantier au loin Je m'imagine que les jours fériés qui s'annoncent ont déjà ralenti le pas des gens. Deux religieuses — c'est de nouveau la réalité, sans imagination — deux religieuses traversent d'un pied léger la place en gesticulant, leurs coiffes agitées par le vent, chacune porte un sac en plastique. Température agréablement fraîche,

chaude. Je suis assis sous l'arcade, sur un canapé capitonné vert clair, devant moi la statue de bronze sur son socle élevé au milieu de la place me tourne le clos et regarde comme moi vers l'église à deux tours. Leurs flèches sont inégales. Elles sont semblables à la base puis s'individualisent progressivement vers le haut. L'une est plus haute et porte une couronne d'or autour de son sommet. B ne va pas tarder à arriver en traversant la place en biais depuis la droite. Qu'est-ce qui m'a touché alors ? Tout. Tout, les choses, les gens, l'air, les bruits, le son, les couleurs, les présences matérielles, les textures, les formes aussi. Des formes que je peux comprendre, que je peux essayer de lire, que je trouve belles. Et quoi encore ? Mon état d'âme, mes sentiments, mon attente d'alors, lorsque j'étais assis là. Et je pense à cette célèbre phrase en anglais renvoyant à Platon : « Beauty is in the eye of the beholder » Cela signifie que tout est seulement en moi. Mais je fais alors l'expérience suivante j'élimine la place et je n'éprouve plus les mêmes impressions Une expérience simple — vous excuserez la simplicité de ma pensée. Mais j'élimine la place — et mes impressions disparaissent. Je ne les aurai jamais eues sans son atmosphère. C'est logique. Il existe une interaction entre les êtres humains et les choses. C'est à quoi je suis confronté comme architecte C'est ma passion. Il existe une magie du réel. Je connais bien sûr la magie de la pensée. La passion de la belle pensée Mais je parle ici de ce que je trouve souvent encore plus incroyable , la magie des faits, la magie du réel. LA MAGIE DU REEL En tant qu'architecte, je me demande qu'est-ce que « La magie du réel » — un café dans une maison d'étudiants, une photographie d'Hans Baumgartner datant des années trente. Ces hommes sont assis là et cela leur plaît. Je nie demande si je pourrais concevoir comme architecte de pareilles atmosphères, une telle intensité, une telle ambiance. Et si oui, comment ? En ai-je le pouvoir ou non ? Je crois que oui, car s'il y a des bonnes choses, d'autres sont moins bonnes J'aimerais encore citer une phrase écrite par un musicologue dans une encyclopédie de musique. Je l'ai agrandie et accrochée au mur du bureau en disant voilà comment nous devons travailler ! Ce musicologue écrit à propos du compositeur dont vous devinerez tout de suite le nom « Diatonique radicale, scansion rythmique forte et différenciée, précision de la ligne mélodique, clarté et rigueur des harmonies, rayonnement tranchant des sonorités, et, enfin, la simplicité et la transparence du tissu musical et la solidité de la structure formelle » (André Boucourechliev à propos du « véritable esprit russe de la grammaire musicale d'Igor Stravinsky »). Cette citation est maintenant accrochée pour tout le monde dans le bureau. Elle parle d'atmosphères, car la musique de ce compositeur a aussi cette propriété de nous toucher dès la première seconde. Mais ce que je note aussi, dans cette description, c'est le travail, et c'est une consolation. Il y a donc un savoir-faire dans cette tâche qui consiste à créer des atmosphères architecturales. Il y a des procédés, des intérêts, des instruments et des outils qui sont partie intégrante de mon travail. Je m'observe et je vais vous rapporter en neuf chapitres brefs ce que j'ai trouvé, ce qui me préoccupe quand j'essaie de créer une certaine atmosphère dans une de mes maisons Ce sont des réponses très personnelles, très sensibles, individuelles. Je n'en ai pas d'autres. Ce sont des sensibilités,

Sujet proposé par W. HAYET

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des sensibilités personnelles qui me conduisent à faire les choses d'une certaine manière. LE CORPS DE L'ARCHITECTURE Première réponse Titre « Le corps de l'architecture ». La présence matérielle des choses d'une architecture, d'une structure. Nous sommes assis dans cette grange, il y a ces séries de poutres, elles-mêmes recouvertes, et ainsi de suite. J'en ai une perception sensorielle. Il me semble que c'est le premier et le plus grand mystère de l'architecture, qu'elle réunisse des matériaux, des choses du monde pour créer cet espace. C'est une sorte d'anatomie. Je prends vraiment la notion de corps presque à la lettre. De la même manière que nous possédons un corps avec une anatomie, une peau et des choses que l'on ne voit pas, etc., c'est ainsi que l'architecture agit sur moi, et c'est ainsi que j'essaie de la penser. Corporellement, comme une masse, une membrane, une matière ou une enveloppe, un drap, du velours, de la soie, tout ce qui m'entoure. Le corps ! Pas l'idée du corps — le corps lui-même ! Qui peut me toucher. L'HARMONIE DES MATERIAUX Deuxième réponse— un grand mystère, une grande passion, toujours une grande joie. « L'harmonie des matériaux ». Je prends une certaine quantité de chêne et une autre quantité de tuf et j'ajoute encore quelque chose, trois grammes d'argent, une clé — qu'aimeriez-vous encore ? J'aurais besoin de vous comme maître d'ouvrage pour faire cela avec vous. Nous considérerions les choses concrètement, d'abord seulement en esprit, mais très vite réellement Puis nous regarderions comment elles réagiraient les unes avec les autres. Nous connaissons tous ce phénomène! Les matériaux s'accordent entre eux et se mettent à chanter, et cette composition matérielle donne naissance à quelque chose d'unique. Les matériaux sont infinis. Prenez une pierre, vous pouvez la scier, la poncer, la percer, la fendre et la polir, elle aura toujours un aspect différent. Considérez ensuite la quantité, petite ou grande, et elle changera de nouveau. Et quand vous la placez dans la lumière, elle change encore. Un seul matériau offre déjà des milliers de possibilités. J'aime ce travail, et plus je le fais, plus il gagne en mystère. On a toujours des idées, on s'imagine comment une chose sera. Et quand elle est là - je viens d'en faire l'expérience la semaine dernière - j'étais persuadé de ne pas pouvoir utiliser un bois de cèdre tendre pour le revêtement d'une grande pièce de séjour dans un bâtiment en béton apparent, il est trop tendre, j'avais besoin d'un bois plus dur, presque comme l'ébène, qui ait une masse et une densité à opposer à ce béton apparent et qui possède cet éclat incroyable Nous avons alors apporté des échantillons de ce bois sur le chantier. C'était incroyable ! Le cèdre allait mieux ! Il m'est apparu tout d'un coup que ce cèdre pourtant si tendre s'affirmait sans problème dans cet environnement. J'ai donc éliminé le palissandre, l'acajou. Une année plus tard, des bois précieux, sombres, durs, richement veinés, étaient de nouveau là, à côté de bois plus tendres, plus clairs. Finalement, le cèdre avait une structure trop linéaire, il était trop sec ; on ne l'a pas utilisé. C'est un exemple de ces clystères qui surgissent à chaque occasion. Et il y a encore un autre facteur. Cette distance, cette proximité critique des matériaux entre eux, qui

dépend du matériau lui-même et de son poids. Dans un ouvrage, vous pouvez assembler des matériaux, et il y a alors un point où ils sont trop éloignés et où ils ne vibrent pas ensemble, et il y a aussi un point où ils deviennent trop proches, ce qui les tue. Cela veut dire que l'assemblage dans l'ouvrage a donc beaucoup affaire avec... — vous voyez ce que je veux dire ! J'aimerais encore citer Palladio, chez qui je sens cela, chez qui j'ai chaque fois senti cela. Cette énergie de l'atmosphère chez Palladio — j'ai toujours eu le sentiment que cet architecte devait avoir eu un sens incroyable de la présence et du poids des matériaux, de ces choses dont je viens d'essayer de parler. LE SON DE L'ESPACE Troisièmement. « Le son de l'espace ». Écoutez ! Chaque espace fonctionne comme un grand instrument, il rassemble les sons, les amplifie, les retransmet. Ce processus dépend de la forme et de la surface des matériaux et de la manière dont ils sont fixés. Exemple imaginez un magnifique sol en épicéa semblable à la table d'harmonie d'un violon posé sur les poutres en bois de votre logement. Ou bien collé directement sur une dalle de béton ! Ressentez-vous la différence de son ? Oui. Malheureusement, aujourd'hui, beaucoup de gens ne perçoivent pas le son de l'espace. Le son de l'espace — personnellement, ce qui me vient à l'esprit en premier, ce sont les bruits de ma mère dans la cuisine lorsque j'étais gamin. Ils m'ont toujours rendu heureux. Je pouvais être dans une autre pièce et je savais toujours que ma mère était là, derrière, en train de faire du bruit en utilisant les poêles et les ustensiles de cuisine. Mais vous entendez aussi les pas dans une grande halle, vous entendez les bruits dans un hall de gare, vous entendez les bruits de la ville, etc. Si je vais encore plus loin — cela devient peut-être un peu mystique — et que je m'imagine que nous éliminions tous les bruits étrangers à un bâtiment, qu'il n'y ait plus rien qui puisse toucher quoi que ce soit. On peut alors se demander s'il aura malgré tout un son Faites vous-mêmes l'expérience. Je crois que les bâtiments produisent toujours un son. Ils produisent un son par eux-mêmes. Je ne sais pas ce que c'est. C'est peut-être le vent, ou quelque chose d'analogue Mais c'est seulement lorsqu'on va dans une chambre sourde qu'on sent que quelque chose est différent. Je trouve ça beau ! Je trouve magnifique de construire un bâtiment en le pensant à partir du silence. Il faudra beaucoup pour le rendre silencieux, car notre monde est si bruyant. Ici, chez vous, il l'est moins. Mais je connais des endroits qui sont plus bruyants, où il faut faire beaucoup de choses pour que les espaces deviennent calmes et pour, à partir du silence, s'imaginer alors quel son donneront telles proportions et tels matériaux. Cela sonne un peu comme un sermon dominical Mais en plus simple, plus pragmatique peut-être. Quel son rendra vraiment la pièce quand nous la traverserons ? Quand nous parlerons, quand nous discuterons ? Quand je veux discuter et lire au salon avec trois bons amis un dimanche après-midi ? J'ai noté ici : la fermeture de la porte II y a des bâtiments qui ont un son magnifique, qui me disent : je suis à la maison, je ne suis pas seul. C'est probablement cette image maternelle dont je ne me défais pas et dont, à vrai dire, je ne veux pas me défaire."

Sujet proposé par W. HAYET

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ENSAL FPC / Examen d’entrée 2015-2016 Epreuve Maths-Géométrie Durée de l’épreuve : 2h Préambule : Réaliser les dessins sur des feuilles A4 blanches, non quadrillées, au crayon de papier et gomme. Matériels autorisés : décimètres, équerres, compas et machine à calculer. Matériels non autorisés : Ordinateur, tablette, téléphone portable. Nota : Le correcteur appréciera tout autant la justesse des réponses que les explications (rédigées et graphiques) qui expliciteront la démarche et le raisonnement. LOGIQUE :

1) L’escargot en escalade (2 pt) Un escargot décide un matin d’atteindre le sommet d’un mur faisant 10 m de haut. Comme il est très lent, il ne grimpe que de 3 m le jour. La nuit, il s’endort et glisse vers le bas de 2 m. Combien de temps lui faudra-t-il pour parvenir au sommet ? (énigme issue du site « logique.chez.com)

2) La tour la plus haute (2 pt) La tour n°10 est la plus haute du quartier. Elle est 1,5 fois plus élevée que la moyenne des tours du quartier. Calculez la hauteur de la plus haute tour à l’aide du tableau de données suivant :

GEOMETRIE :

1) Le dessinateur (1 pt)

Lorsqu’un dessinateur utilise la technique du bras tendu portant un objet (crayon ou autre) pour évaluer les dimensions d’un modèle, quel dispositif géométrique emploie-t-il ? Nommez le théorème à la base de cette technique et explicitez la méthode.

N° Tour Hauteur

1 25

2 35

3 20

4 30

5 40

6 35

7 22

8 28

9 38

10 ?

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2) La perspective frontale (2 pt) Connaissant la vue de face d’un bâtiment ainsi que sa projection, déterminer le point de fuite et dessiner la perspective avec les arêtes cachées.

h

x

x

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3) La perspective à plusieurs points de fuite (3 pt) Connaissant la vue de face d’un bâtiment ainsi que sa projection, déterminer les points de fuite et dessiner la perspective.

Total : 10 points

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Sujet proposé et corrigé par Benjamin Chavardés, enseignant TPCAU. 1  

Ecole Nationale Supérieure dʼArchitecture de Lyon

3 rue Maurice Audin – BP 170 – 69512 VAULX-EN-VELIN

FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE (F.P.C.)

CONCOURS DʼADMISSION

EPREUVE DʼAPTITUDE AU PROJET DʼARCHITECTURE

Vendredi 22 mai 2015

Durée : 8 heures

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Sujet proposé et corrigé par Benjamin Chavardés, enseignant TPCAU. 2  

OBJECTIF

Cette épreuve a pour but dʼévaluer votre niveau et vos potentialités à la conception architecturale. A partir de vos savoir-faire professionnels ainsi quʼavec votre créativité, il sʼagit de répondre aux trois exercices proposés.

SUJET

Le sujet comporte trois exercices à traiter obligatoirement. Chacun dʼentre eux est indépendant des deux autres. Le premier exercice consiste à concevoir des dispositifs de protection dʼun volume donné. Le second exercice consiste à aménager un espace selon un principe dʼinclusion. Enfin, le troisième exercice propose de concevoir une structure de communication verticale, autrement dit, un escalier.

RENDU

Le rendu sʼeffectue sur les trois formats A3 fournis avec le sujet. Lʼensemble du rendu est à effectuer à lʼencre, à lʼexception des tracés constructifs qui resteront au crayon à papier et des surfaces colorés aux crayons de couleurs.

EVALUATION

Lʼexercice n°1 est noté sur 5 points, lʼexercice n°2 sur 10 points et lʼexercice n°3 sur 5 points. Les critères dʼévaluation sont la qualité, la précision, la propreté du rendu, la cohérence de la conception avec la demande, la qualité et la créativité des propositions.

CONSEILS

Lʼexercice n°1 sʼeffectue en 2h environ, lʼexercice n°2 en 4h environ et lʼexercice n°3 en 2h environ.

MATERIEL MIS A DISPOSITION

Feuilles de calques A3, papier brouillon A4, feuilles de rendu A3 et sujet.

MATERIEL NECESSAIRE APPORTE PAR LE CANDIDAT

Règle, équerre, compas, rapporteur. Crayon à papier. Crayons de couleur vert, bleu, orange, jaune, rouge. Feutres fins noir mines 0.2, 0.4, 0.7. Feutres fins vert, bleu, orange et gris. Si besoin : table à dessin A3, calculatrice.

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Sujet proposé et corrigé par Benjamin Chavardés, enseignant TPCAU. 3  

1 – Protéger (5 points)

Concevez un dispositif de principe pour la protection de la pluie, composée de vent, du soleil et de la vue dʼun volume carré de 5 m de côté et dʼune hauteur de 2,5 m. Les valeurs des angles de chute de la pluie, de la course solaire (azimut et hauteur) sont données, et il sʼagit de proposer une réponse minimale. Dans cet exercice, on ne prendra pas en compte lʼaspect structural ; autrement dit, il ne vous est pas demandé de mettre en place une ossature. Le parapluie est opaque, le parasol est transparent et le pare-vue est opaque.

DETAIL ET METHODE

Mettre en place (tracer) les trois protections une à une dans lʼordre donné sur les quatre vues. Les constructions se font toutes en plan en utilisant les donnés de la géométrie descriptive (recherche de vraies grandeurs de mesures et dʼangles par rabattements de plans verticaux et relevés).

PLUIE

La protection est assurée par un bac en tôle pliée dʼune hauteur de 50 cm, terminé par une gargouille au droit du centre du bassin (croquis ci-dessous). La gargouille a la forme dʼun triangle isocèle dʼune ouverture de 25 cm et dʼune hauteur de 50 cm.

tg. 75° = 3,732

tg. 70° = 2,747

tg. 65° = 2,146

tg. 60° = 1,732

tg. 55° = 1,428

tg. 50° = 1,192

tg. 45° = 1

En plan, sur lʼangle supérieur droit du carré, tracer la direction de la pluie et rabattre la valeur de son angle de chute. A la hauteur de 3 m, on trouve le recul nécessaire à la protection de 2 faces du cube directement soumises à la pluie et, à la hauteur de 50 cm, celui des 2 autres. Terminer par la gargouille et reporter le tout en élévation. Ce tracé est définitif (en bleu).

SOLEIL

La protection est assurée par une résille horizontale à 2,50 m de hauteur, en complément de la protection assurée par la couverture déjà mise en place. En plan, sur lʼangle inférieur droit du carré, tracer les 4 azimuts retenus pour lʼexercice : 10h30, 12h00, 13h30, 15h00 (au compas, multiples de 22°30ʼ). Porter les valeurs respectives des hauteurs solaires sur les rabattements de ces quatre plans verticaux et tracez la position de la résille. Vous avez la mesure des reculs successifs à observer. Relever et tracez un à un au crayon les contours des surfaces de protection. Prendre la surface résultante et la tracer (crayon). Enlever la surface déjà protégée par la tôle pliée : cʼest sa projection sur la résille dans le même cas de figure. Reporter ces données en élévation et tracez à lʼencre orange.

VUE

Mettre en place des plaques verticales dʼépaisseur 5 cm, de hauteur 1,60 m à 20 cm du sol. La largeur des plaques et leur orientation sont fonctions de lʼangle de protection par rapport à la vue donnée. On devra laisser un passage minimum de 70 cm entre ces plaques. Il faut travailler en plan. Ensuite, reportez ces données en élévation (encre verte). Ce problème est indépendant des deux autres.

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Sujet proposé et corrigé par Benjamin Chavardés, enseignant TPCAU. 4  

2 – Composer (10 points)

PROGRAMME

Concevez lʼaménagement dʼun appartement dʼenviron 50 m2 dans un immeuble collectif, pour une personne ou un couple. Lʼimmeuble est conçu avec des plans libres. Le sol est sans dénivellation et la hauteur sous dalle est uniforme à 2,80 m. Vous ne disposez pas de précisions sur les enveloppes verticales limitrophes (indépendantes ou mitoyennes, transparentes ou opaques, porteuses ou remplissages). Vous ne considèrerez donc que les mitoyennetés supérieure et intérieure, sachant que les dalles sont en béton armé. Pour des raisons dʼensoleillement, vous privilégierez lʼorientation sud. Les dimensions, lʼemplacement de lʼentrée et lʼorientation sont précisés.

Vous « découperez » cette surface en zones servies (jour, nuit) et zones de services (préparation repas, sanitaires) par les seules positions et définitions de blocs et/ou barres mono ou plurifonctionnels. Ces blocs seront de forme parallépipèdique, de surface et hauteur variables. Ils pourront être seulement du mobilier intégré (placards, plans de travail), ou des espaces aménagés (dressing, sanitaires). Dans tous les cas, ils seront désolidarisés de lʼenveloppe limitrophe pour permettre au moins le passage (70, 80 ou 90 cm). Ils seront disposés parallèlement aux directions des côtés de la surface et devront être utiles sur leurs 4 faces (leur emprise représente 12 m2 environ).

Ces blocs seront construits en bois. Les parois principales, dʼune épaisseur de 10 cm, comporteront une ossature en panneaux menuisés, des cadres et des parements. Les parois secondaires en bois auront une épaisseur de 2 cm.

Vous localiserez lʼentrée par un triangle noir de 1 cm de côté.

DETAILS

Zone jour :

- entrée : vestiaire 0,60 x 0,60 x 2,30 m ou équivalent ; - séjour : canapé 1,40 x 0,90 + 2 fauteuils 0,90 x 0,90 + table basse ≈ 0,35 m2 +

bibliothèque et divers (minimum 0,90 x 0,30) ; la surface pour le canapé et les deux fauteuils doit faire au minimum 15 m2 ;

- préparation repas : linéaire 3,00 x 0,60 m (évier + plaque + colonne réfrigérateur, four + plan de travail sur le reste) ; rangements hauts largeur 0,35 m (en pointillés) ;

- repas : table mini 1,20 x 0,60 m (ou 0,70 m), éventuellement composée avec le plan de travail + 4 tabourets.

Zone nuit :

- 1 lit de 1,40 x 2,00 m (tête de lit à 5 cm dʼune paroi ; les autres côtés dégagés sur 50 cm au moins à lʼexception du passage) + rangements (0,60 x 0,90 m minimum) + bibliothèque et divers (0,90 x 0,30 m).

Quelque part :

- plan de travail (« bureau ») 0,60 x 0,90 m + tabouret + rangement - rangements divers : produits dʼentretiens (0,60 x 0,60 x 2,30 m), …

Autres fonctions :

- toilette : récepteur de douche + vasque + rangements - WC : cuvette + lave mains (vasque ø 30 cm dans plan), ou cuvette incluse dans le

cabinet de toilette

A prévoir :

- place de la réserve dʼeau chaude (0,60 x 0,60 x 1,20 m), accessible - gaine(s) technique(s) section 0,2 m2 au total (passage de conduites diverses)

Code couleur :

- blocs : épaisseur en gris clair - sanitaires + réserve dʼeau chaude en bleu - rangements : orange (meuble) ; jaune (espace) - plan de travail préparation et repas en vert - gaine(s) technique(s) en rouge

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Sujet proposé et corrigé par Benjamin Chavardés, enseignant TPCAU. 5  

3 – Structurer (5 points)

Construire un escalier en acier pour franchir une hauteur de 2,50 m, du sol à une dalle pleine en béton de 20 cm dʼépaisseur. On respectera les normes concernant les dimensions des marches et des garde-corps. Les marches sont solidaires dʼun limon décentré. Le garde-corps est solidaire de lʼossature des marches.

Marches, limons et garde-corps sont soumis à des forces verticales et horizontales et à des moments qui occasionnent des contraintes variables du fait des flexions et torsions. Il sʼagit dans cet exercice de définir la forme idéale des composants afin de solliciter la matière de manière égale à tout endroit.

Les liaisons seront des appuis simples, articulations et encastrements, en essayant dʼavoir le moins de liaisons sur abondantes. La forme du nez de dalle à la réception de lʼescalier est à définir. On ne représentera pas le retour horizontal du garde-corps.

Les 5 cm contre le mur représentent le recul nécessaire des marches. Le détail représentera une marche vue de dessous.

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